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9 juin 2025
LIRE POUR EXISTER
Ally Coulibaly, parrain du 15ème du Salon International du Livre d'Abidjan, a partagé sa "merveilleuse pathologie" - l'amour incurable de la lecture - et appelé à faire du livre "une vraie cause nationale" dans son discours d'ouverture
(SenePlus) - La cérémonie officielle d'ouverture du 15ème Salon International du Livre d'Abidjan (SILA) s'est tenue le 6 mai 2024 au Parc des Expositions d'Abidjan, sous le thème évocateur "Le Dialogue des Cultures". Cet événement majeur de la vie culturelle ivoirienne et africaine a été marqué par un discours profond et inspirant du Grand Chancelier de l'Ordre National, Monsieur Ally Coulibaly, parrain de cette édition pour la deuxième année consécutive.
Dans son allocution empreinte d'humilité et de passion, M. Coulibaly a d'emblée partagé ses hésitations initiales à accepter ce rôle pour une seconde fois, craignant de contrevenir à sa vision de la responsabilité publique : "Ne jamais rechercher la gloriole, le prestige personnel, la surexposition médiatique, mais plutôt ce qui élève l'esprit ou valorise l'action."
Se définissant comme "un lecteur compulsif, éclectique parce que curieux de tout", le Grand Chancelier a qualifié son amour des livres de "merveilleuse pathologie dont on ne guérit jamais". Il a souligné l'importance vitale de la lecture dans sa construction personnelle : "Je me suis construit grâce à vous, et me suis débarbouillé de toutes les sottises dans lesquelles nous baignons."
Fort de son expérience comme étudiant à l'Université de Dakar puis comme journaliste, M. Coulibaly a évoqué sa sensibilisation précoce à l'importance de la diversité culturelle, "pour tout être humain, pour toute nation, comme pour le monde entier". Il s'est réjoui de constater que cette idée "a gagné en force et en audience" et qu'elle "tend à devenir l'une des composantes du développement durable".
Le Grand Chancelier a rappelé l'engagement constant de la Côte d'Ivoire en faveur de cette diversité, notant que le pays "s'inscrit parfaitement dans la fidélité aux valeurs humanistes qui fondent son vivre ensemble" en accueillant cette "République des lettres en miniature" que constitue le SILA.
Un passage particulièrement marquant du discours a concerné la récente restitution d'objets d'art ivoiriens détenus en France, notamment le célèbre Tambour Parleur Djidji Ayôkwé. "Quelle plus belle symbolique que le Salon International du Livre d'Abidjan pour accueillir ce moment historique ?" s'est interrogé M. Coulibaly.
Il a souligné la signification profonde de cette restitution : "Rendre des objets pillés, c'est rendre le monde au monde. C'est reconnaître, en restituant, que toutes les parties du monde ont le pouvoir de faire monde." Le Grand Chancelier a invité à voir dans ce retour du tambour un symbole de rassemblement, capable de "résonner par-delà les frontières, jusqu'aux oreilles de nos concitoyens africains, de notre diaspora, et du monde entier."
Les défis contemporains et l'avenir du livre
Abordant les enjeux actuels, M. Coulibaly a évoqué l'intelligence artificielle comme "un nouvel enjeu d'une nature particulière" qui pourrait "bouleverser toutes les hiérarchies du savoir, affecter les droits des auteurs, ébrécher les processus créatifs." Face à ce défi, il a appelé à "éviter la panique et l'affolement", préférant "utiliser l'intelligence naturelle pour dompter, soumettre l'intelligence artificielle et à terme, d'en faire une alliée."
Le Grand Chancelier a également lancé un plaidoyer pour faire du livre "une vraie cause nationale", soulignant que "la question de la disponibilité des livres accessibles à tous dans notre pays reste cruciale." Il a salué diverses initiatives, comme celle de la Première Dame qui "a acquis des autobus remplis de livres qu'elle fait circuler dans les quartiers" ou celle du musicien Alpha Blondy avec son émission "Radio Livre" sur la 97.9 FM.
Dans la dernière partie de son discours, M. Coulibaly a abordé la question de l'identité africaine, notant que "le débat sur l'acculturation de l'Afrique est loin de connaître son épilogue." Il a invité à "porter un nouveau regard sur nous-même et sur l'Afrique en général. Un regard plus lucide, moins complaisant et moins sombre."
Évoquant la "génération consciente" qui "manifeste son impatience à participer pleinement et sans complexe à la construction d'une société mondiale où les Afriques auront leur mot à dire", il a conclu sur une note d'optimisme, citant le philosophe Alain : "Le pessimisme est d'humeur, l'optimisme est de volonté."
Cette 15ème édition du SILA, qui se déroule du 6 au 10 mai 2024, met également à l'honneur l'auteure Marguerite Abouet et accueille comme régions invitées d'honneur les Caraïbes, représentées notamment par une délégation de la Guadeloupe. En présence de nombreuses personnalités, dont la Ministre de la Culture et de la Francophonie, Présidente du SILA, et l'ancienne Garde des Sceaux française Christiane Taubira, cette ouverture a donné le ton d'un salon qui s'annonce riche en échanges et en découvertes.
Le Salon International du Livre d'Abidjan confirme ainsi son statut d'événement culturel majeur de l'Afrique de l'Ouest, participant activement à la promotion de la lecture et au dialogue entre les cultures.
POUR UNE VÉRITABLE SOUVERAINETÉ ÉDUCATIVE
Derrière les critiques du programme éducatif de Touba se cachent des tensions confessionnelles, selon "Diwânul Mahârif". La plateforme indique que ce projet s'inscrit dans le cadre légal, intégrant des contenus locaux tout en préparant aux examens
La Plateforme de Recherche "Diwânul Mahârif" analyse dans le texte ci-après, le projet éducatif de Touba, fruit d'une alliance entre le Khalifat et l'État. Face aux critiques, elle défend ce modèle qui respecte les cadres légaux tout en intégrant les valeurs locales.
"Dans une lettre ouverte, datée du 27 avril dernier, un groupe dénommé « Cadre de Réflexion et d’Actions Tijaani – wàttu sunu diine » (CRAT) a interpellé publiquement le Ministre de l’éducation nationale sur la mise en œuvre du programme éducatif adapté aux populations de Touba, envisagé par l’Etat du Sénégal.
Au vu de la nature des arguments avancés dans ladite lettre, il nous a semblé opportun et d'un certain intérêt, afin que nul n'en ignore, d'élever un peu plus le niveau du débat. En invoquant, quitte même à être un peu long, un certain nombre d'éléments factuels et historiques, omis ou ignorés par les auteurs de cette sortie. Eléments qui s'avèrent pourtant, à nos yeux, d'une importance capitale pour comprendre et encourager l’initiative prise par le Khalife des mourides et l'approche innovante, courageuse et bénéfique pour toute la nation, adoptée par l'autorité publique sur cette question. Ceci, sans verser dans la polémique stérile ou tomber dans le piège facile des divisions confrériques, tendu par ce genre de sorties solitaires, qui n’engagent, en réalité, que leurs seuls auteurs et qui s’opposent à l’esprit de fraternité et de concorde qui a toujours animé nos illustres guides. Cette solide œuvre d’unité et d’entente, consolidée depuis plusieurs générations (par Mame Abdoul Aziz Sy Dabakh, Serigne Sidy Moukhtar Mbacké et tous les autres Khalifes de Tivaouane et de Touba), renforcée par les liens de la foi et du sang, ne saurait, en aucun cas, être remise en cause par un quelconque activisme maladroit de « snipers » inconnus et isolés.
La demande éducative à Touba
Il conviendra ainsi, tout d'abord, de reposer la problématique de l'éducation à Touba en des termes moins subjectifs et passionnés (ou moins « confréristes ») ; biais dû certainement à son statut de « cité religieuse », qui peut, souvent, déranger. Mais, plus simplement, de la poser sous l'angle de son rang de seconde ville du Sénégal, en termes d’urbanisation, d’économie, etc. et, désormais, de première métropole du pays, en termes de démographie. En effet, selon les données issues du dernier Recensement général de la Population et de l’Habitat, publiées par l’Agence Nationale de la Statistique et de la Démographie (ANSD), le département de Mbacké (dont Touba est la principale agglomération) est désormais le plus peuplé du pays, avec 1 359 757 habitants, devant Dakar, la capitale, et toutes les autres grandes villes du pays (une nouveauté qui porte désormais le taux d’urbanisation du Sénégal à plus de 50 %).
Ces données statistiques démontrent incidemment, à nos yeux, une réalité très simple, qu'il conviendra de plus en plus de se rappeler dans toute analyse sérieuse. Les habitants de la ville la plus peuplée du Sénégal ne bénéficient pas encore d'un accès convenable à l'école publique. Alors que celui-ci constitue un droit constitutionnel, théoriquement garanti à tous les citoyens du Sénégal (Articles 21 et 2, Loi n° 2004-37 du 15 décembre 2004, Objectif N°4 des ODD).
Quelles en sont les causes ? Là aussi, les raisons en sont très simples et, d’ailleurs, assez largement connues. Historiquement, les populations de Touba (la communauté mouride, en général), ont toujours eu un problème, jusqu'ici, à se reconnaître dans l'offre éducative proposée par l'Etat post-colonial du Sénégal. Pour un certain nombre de raisons évidentes, dont celles-ci :
- La persistance de la méfiance et du soupçon envers la « mission civilisatrice » historiquement dévolue à l'école coloniale, dont une grande partie de cette communauté percevait l'héritage comme antinomique à la résistance culturelle contre le « Blanc » menée par le fondateur de la ville sainte ;
- La perpétuation, dans une certaine conception de l'école « laïque et républicaine » au Sénégal, de valeurs idéologiques antinomique ou en déphasage avec les principes fondateurs de Touba ;
- Le refus, jusqu'ici, de cette offre publique officielle d'intégrer, de façon sérieuse et inclusive (à part quelques tentatives timides et non décisives), les contenus éducatifs et les valeurs spirituelles fortes auxquels s'identifie une grande partie de ces populations ;
- Le fait de retrouver ces dites valeurs dans le système traditionnel, quoique informel et précaire, des daaras et des autres modèles éducatifs alternatifs (écoles franco-arabes, franco-islamiques, etc.) avait jusqu'ici constitué un palliatif justifiant la préférence de l'écrasante majorité des habitants de Touba pour ce système local endogène, etc.
Ces considérations ont été jusqu'ici, pour l'essentiel, à la base des réticences ou même du rejet dans ce milieu de la forme d'école laïque proposée par l'Etat postcolonial à Touba, aussi bien au niveau d’une partie de sa hiérarchie que des populations (en dehors de certains cas isolés biens connus, comme les écoles franco-arabes érigées par S. Cheikh Gaïndé Fatma, dans les années 60). Elles expliquent également le supposé faible taux brut de scolarisation (TBS) à Touba dont, vraisemblablement, plus de 90% de ces supposés « analphabètes » étudient en réalité dans les 2 339 daaras recensés au niveau de la zone et ont, pour la plupart, mémorisé totalement le Coran et appris les sciences religieuses. L’excellente œuvre réalisée, d’ailleurs, par ces daaras de Touba, dans des conditions souvent précaires, qui se manifeste, entre autres, par les nombreux prix internationaux obtenus, mérite plus que jamais une assistance plus décisive de la part de l’éducation nationale et de tous les acteurs.
Toutefois, les évolutions du monde moderne et un certain nombre de facteurs ont fait évoluer une partie des habitants de Touba sur la question du rejet de l' « école française ». Facteurs ayant pour noms : les nouveaux enjeux socio-économiques de la globalisation, l'urbanisation galopante de la ville sainte (désormais habitée par une population cosmopolite, provenant d'autres centres urbains du pays), les nombreux modèles rassurants de mourides sortis de l' « école toubab » mais nullement acculturés, l'intégration (bien qu'imparfaite) de l'éducation religieuse dans l’élémentaire, l'évolution et la diversité des offres éducatives locales qui intègrent les matières et le curriculum de l’école publique, etc. Une mutation intéressante à noter, en ce sens, est la greffe, dans de plus en plus de daaras et « internats » de Touba, de classes proposant à leurs pensionnaires ayant mémorisé le Coran le programme de l’école publique, avec des curricula spécifiques et raccourcis (3 ans pour le cycle primaire + 4 ans pour le moyen/secondaire) qui permettent de rattraper la durée initiale d’apprentissage du Coran. Les excellentes performances de ce système hybride (avoisinant souvent les 100% de réussite aux examens nationaux) démontrent d’ailleurs l’intérêt, pour l’Etat, de mieux le formaliser et même, pourquoi pas ?, de s’en inspirer pour en bâtir un nouveau, qui permette de raccourcir les cycles actuels, en tirant surtout profit des compétences cognitives offertes par une mémorisation précoce du Saint Coran. Ainsi, quoique toujours attachés à leurs valeurs socioreligieuses de base et à leur identité, de plus en plus de résidents de Touba optent désormais, de façon directe ou indirecte, pour l'inscription de leurs enfants dans l'école publique.
Cette nouvelle tendance se manifeste par une demande éducative croissante, dans un contexte d'insuffisance criarde d'offre d'écoles publiques pour satisfaire cette demande. Les meilleures offres actuelles en la matière consistant essentiellement en structures privées (auxquelles une grande partie des populations locales, aux revenus modestes, ne peuvent prétendre) ou situées en dehors ou aux confins de la ville sainte (Mbacké-Baol, Kéré Mbaye, etc.). Un état de fait qui pose des problèmes de coûts de transport et de restauration scolaire intenables pour la plupart des ménages, en plus d'autres problématiques lancinantes pour les élèves (insécurité, accidents routiers, fatigue due à l'éloignement et aux horaires, décrochage scolaire...). [Voir le film réalisé sur la problématique de l’éducation publique à Touba par le ministère :
Pour mieux illustrer les dysfonctionnements et déficits en écoles publiques créés par cette nouvelle donne, il conviendra de reprendre ici les données statistiques récemment publiées par l'Inspection d'Académie (IA) de Diourbel (cf. « Rapport sur la situation de l'éducation et de la formation dans la Commune de Touba », IA Diourbel, avril 2025). Des chiffres assez édifiants dont ne semblait vraisemblablement pas disposer le CRAT, au moment de sa sortie.
- Sur les 125.604 enfants de la commune de Touba en âge d'aller au préscolaire, seulement 3.230 sont préscolarisés, soit 2,57% (alors que la moyenne de la région tourne autour de 10,4%), soit 7 fois moins que la moyenne nationale (18,2 %) ;
- Sur les 56 structures préscolaires de la zone, seule 1 est publique et 6 communautaires, soit un taux de 87,5% pour le privé ;
- Pour ce qui est de l'élémentaire, la population scolarisable (de 6 à 11 ans) est estimée à 218.600, alors que celle effectivement scolarisée dans les écoles publiques est de 44.587. Soit un Taux Brut de Scolarisation (TBS) de 20,4% (alors que celui de la région est de 54,6%), soit 4 fois moins que la moyenne nationale (81 %) ;
- Sur les 155 écoles élémentaires de la zone, seulement 29 sont publiques et les 126 restantes toutes privées (soit un taux de 18,7% seulement pour les écoles à accès gratuit) ;
- Relativement au niveau moyen/secondaire, sur la population scolarisable (de 12 à 18 ans), estimée à 209.784, celle effectivement scolarisée dans les écoles publiques est de 12.154. Soit un Taux Brut de Scolarisation (TBS) de 5,8% (alors que celui de la région est de 24,32% pour le moyen et 14,86% pour le secondaire, et qu’au niveau national on a 50,6 % pour le moyen et 30,3% pour le cycle secondaire) ;
- Sur les 60 écoles moyen/secondaires de la zone, seulement 5 sont publiques et les 55 restantes toutes privées (soit un taux de 8,4% seulement pour les écoles à accès gratuit) ;
- Les demandes d'ouverture de daaras modernes, déposées entre juin 2021 et avril 2025 au niveau de l’IA de Diourbel, correspondent à 691, dont plus de 90% proviennent de l'IEF de Mbacké (donc, principalement, de Touba). Avec un décompte de 2.339 daaras recensés à l'IEF de Mbacké, dont la majeure partie est implantée à Touba, la ville sainte est vraisemblablement la commune du Sénégal qui compte le plus de daaras.
- L'analyse de ces données statistiques, rapportée aux standards en matière de scolarisation, fait ressortir un déficit de 332 écoles publiques à combler, pour donner aux enfants de Touba accès à l'éducation nationale (déficit correspondant à un budget de 111,2 milliards sur 5 ans).
Genèse d’un projet éducatif adapté à Touba
C'est dans ce contexte assez particulier, pour ne pas dire inédit, depuis quelques décennies, de l'expression d'une nouvelle demande face à une insuffisance persistante de l'offre publique, que deux dynamiques conjointes et complémentaires - l'une communautaire, l'autre étatique - sont venues proposer un ambitieux et complet programme éducatif destiné à résoudre durablement ce problème.
La première de ces dynamiques est l'initiative majeure, mise en œuvre depuis quelques années par l’actuel Khalife général des mourides, Serigne Mountakha Mbacké, d'édifier le Complexe Cheikh Ahmadoul Khadim pour l'Education et la Formation (CCAK). Une structure qui comprend l'Université (avec plusieurs facultés religieuses, scientifiques, technologiques, sciences sociales, langues, santé, etc.) et d'autres composantes éducatives (centre d'enseignement du Coran, un « Majalis », un centre de formation aux métiers, un institut/musée du Coran, des Qasidas, etc.). Cet ambitieux projet, d'une valeur initiale estimée à près de 37 milliards CFA, entièrement financé sur fonds propres, devait, dès sa conception, s'adosser et être le point d'arrivée d'un système éducatif complet, couvrant toutes les étapes de progression de l'enfant de Touba, allant du préscolaire, en passant par l'élémentaire, le secondaire, jusqu'aux études universitaires les plus poussées. Raison pour laquelle le Comité mis en place par le Khalife, dès le début du projet, fut subdivisé en différentes commissions, selon les différents cycles et formats : enseignement du Coran, Majalis, enseignement franco-arabe, niveau universitaire, etc. L'idée était, pour ces mandataires du Khalife, d'étudier tous les formats éducatifs existants dans la ville sainte (daaras, écoles franco-arabes, etc.), d'en évaluer les forces et insuffisances. Puis de proposer des contenus et curricula harmonisés et adaptés à même de combler les gaps constatés chez chacun d'entre eux et de satisfaire les aspirations des populations locales, en matière d'éducation religieuse et d'enseignement « profane ». Ainsi, après la matérialisation de la partie supérieure (universitaire) de la pyramide éducative entamée par Serigne Mountakha, le Khalife entreprit, récemment, d'en faire de même pour les maillons inférieurs, à travers les programmes déjà élaborés et mis à disposition par les commissions qui en étaient chargées. L'une des premières initiatives (et effets bénéfiques) de ce projet est le processus de mise à niveau et d'harmonisation des programmes, actuellement en cours au niveau de tous les établissements scolaires recensés à Touba.
L'autre dynamique, qui vint en confluence avec la volonté du Khalife, fut l'avènement d'un nouveau paradigme de l'Etat du Sénégal. Paradigme articulé autour des concepts de « Société éducative » et de NITHÉ (Nouvelle Initiative pour la Transformation Humaniste de l’Education). Ces concepts, qui s’inscrivent dans son Agenda national de transformation systémique, dénommé Sénégal Vision 2050, ont pour vocation de créer « une nation souveraine, juste, prospère et ancrée dans des valeurs fortes ». Une vision assez ambitieuse et souverainiste de l'éducation des futures générations de sénégalais, portée par le Ministère de l'éducation nationale, qui a exprimé sa forte conviction que « seule une transformation systémique nous permettra d’évoluer, en passant d’un « Système éducatif » à une véritable « Société éducative »». Le Ministre Moustapha Mamba Guirassy entend ainsi impliquer, dans cette nouvelle vision volontariste, l’ensemble de « nos communautés traditionnelles et religieuses », et en faire de véritables « lieux de savoirs fertilisants » (selon ses propres mots). De sorte à ce que celles-ci puissent reconquérir pleinement la dignité dont elles étaient jadis investies en la matière et que beaucoup d’entre elles semblaient avoir cédé à l’école officielle. C’est en ce sens que la nouvelle approche du MEN s’oriente plus que jamais vers « une endogénéisation du système », qui sera harmonieusement alliée à d’autres impératifs et à une prise en compte optimale des problématiques contemporaines, utiles au Sénégal et au monde (Intelligence Artificielle et enjeux du numérique, problématiques environnementales, civisme, etc.). C'est en ce sens également qu'elle s’inscrit dans la nouvelle politique d’éducation et de formation de l’État du Sénégal. A savoir une école du futur, de la réussite et de qualité, adossée, en dehors de tout complexe ou aliénation, à nos valeurs socio-culturelles et religieuses de base. Tel que rappelé, lors du Conseil des ministres du 31 Juillet 2024, par le président de la République, Bassirou Diomaye Faye, en ces termes : « (...) Notre souveraineté repose notamment sur le renforcement de l’éducation civique, le développement de nos langues nationales, la connaissance véritable de notre histoire et de nos valeurs de civilisation ainsi que la valorisation de notre culture dans le système éducatif. (...) [Le Président de la République] a indiqué au ministre de l’Education nationale l’impératif de renforcer, avec toutes les parties prenantes, l’éducation religieuse dans le système scolaire et d’accentuer la mise en œuvre du programme de modernisation des Daaras. », « [Reconnaissant que] les programmes [actuels] sont en inadéquation avec les réalités nationales. » (Conseil du mercredi 5 juin 2024) Des orientations qui font écho à la conviction récemment exprimée par le Président Diomaye, lors de la 5ᵉ Assemblée générale de la Conférence épiscopale régionale de l’Afrique de l’Ouest (CERAO) : « La religion structure nos valeurs, oriente nos comportements, guide nos activités et façonne nos relations humaines. Elle n’est pas en dehors des politiques publiques : elle en est un pilier essentiel ».
C'est donc, fort de ces nouvelles orientations de l'Etat du Sénégal vers l'édification d'une véritable « école sénégalaise », qui « nous rassemble et nous ressemble », vers un système plus complet qui prend mieux en charge, en dehors de tout complexe ou laïcisme démodé, les préoccupations matérielles, culturelles et spirituelles des citoyens sénégalais, que le Ministère a décidé d'appuyer Touba dans la matérialisation de cette ambition partagée. D'où l'initiative prise, avec la bénédiction du Khalife, qui a délégué le Président du CCAK, S. Ahmad Badawi, pour accompagner l’autorité publique, de procéder à la validation technique et institutionnelle du programme, puis de mettre en place un Comité de suivi, composé des démembrements administratifs concernés (directions, IA, IEF, etc.), des spécialistes et membres de la commission du Khalife ayant réfléchi sur les programmes, des autres acteurs éducatifs de Touba (Institution Al Azhar, Touba Ca Kanam, Hizbut Tarqiya, Ecoles Serigne Cheikh Gaïndé Fatma, écoles privées, etc.) et toute la communauté éducative (députés, syndicats des enseignants, société civile, maîtres coraniques, partenaires techniques et financiers, etc.). Un Comité multidisciplinaire qui s'est récemment réuni (ce 26 avril) autour d'un « Atelier de partage et d'échange sur la mise en œuvre du programme d'éducation de Touba », ayant permis de présenter les problématiques de l'éducation publique à Touba et de dégager des axes pertinents et chiffrés appelés à les solutionner, d'ici l'horizon 2030. Une telle expérience « pilote » devrait permettre, à terme, à l'Etat du Sénégal, en cas de réussite, d'envisager progressivement sa mise à l'échelle sur l'ensemble du territoire national, notamment en faveur des régions et populations jugées prioritaires (notamment les villes religieuses ou zones culturelles ayant des problématiques de résistance similaires à celles de Touba).
Un point important qu'il convient, ici, de mieux préciser est que ce que nous nommons (un peu abusivement) « Programme éducatif de Touba » n'est, à l'analyse, rien de plus qu'une mise en œuvre de dispositions préexistantes dans les textes officiels et orientations régissant l'intégration de « contenus locaux » dans l'école publique. Cette ouverture envers les contenus provenant du milieu d'implantation des écoles a été déjà actée, il faut le dire, depuis l'avènement du PAQUET-EF (Programme d’Amélioration de la Qualité, de l’Équité et de la Transparence, dans le secteur de l'éducation et de la formation), qui privilégiait désormais la demande éducative sur l'offre. Ce qui signifie que le programme prévu pour Touba n'est point en réalité un « programme entièrement à part », élaboré en dehors des dispositifs législatifs et réglementaires du pays. Mais plutôt le programme officiel du Sénégal, réformé, réadapté au contexte local et renforcé par des ajouts portant sur les valeurs et traditions locales (apprentissage du Coran, ouvrages de Cheikh A. Bamba, etc.) comme le prévoit les dispositifs étatiques. L'on en peut prendre pour preuve le fait que les élèves formés à travers ce système passeront exactement les mêmes examens nationaux que tous les autres jeunes sénégalais, à travers les 14 régions.
Pour rappel, parmi les dispositifs déjà mis en place par le système éducatif sénégalais pour encourager l'intégration des contenus locaux dans les programmes scolaires, l’on peut citer :
- La Loi n° 91-22 du 16 février 1991, portant orientation de l'Éducation nationale, qui stipule que l'éducation doit prendre en compte les réalités culturelles et sociales du Sénégal et valoriser le patrimoine culturel national dans l'enseignement ;
- Dans le cadre de la réforme des curricula (à partir de 2012), le Curriculum de l’Éducation de Base (CEB) et le PAQUET-EF avaient introduit des approches pédagogiques valorisant les langues nationales et les savoirs locaux ;
- L’approche par compétences de vie courante (CVC) intégrait déjà les thématiques locales (culture, environnement, traditions) ;
- Dans le cadre de la « valorisation des savoirs endogènes », certains projets éducatifs (comme ceux soutenus par l’UNESCO) encourageaient l’inclusion des connaissances traditionnelles et des partenariats avec les communautés et chefs traditionnels pour transmettre les savoirs endogènes, avec des « projets pédagogiques locaux » permettant aux élèves d’explorer leur héritage local.
- Du moment où latitude a été donnée aux enseignants et formateurs de proposer eux-mêmes, dans certaines matières, comme les modules religieux, les contenus (en adéquation avec les orientations du Ministère) qu’ils jugent pertinents pour renforcer leurs enseignements, la critique, dans une précédente lettre ouverte du CRAT, sur la proposition d’intégrer une œuvre de Cheikh A. Bamba (« Kun Kâtiman ») dans les programmes paraîtra même, dans un sens, sans objet.
Termes du débat, entre rivalités, équité et souveraineté
Après avoir rappelé, ci-dessus, le long processus et les enjeux ayant mené à ces importants résultats, que semble étrangement déplorer le CRAT (dans sa méconnaissance, peut-être, des vrais enjeux), nous pouvons à présent répondre aux questionnements soulevés dans sa lettre ouverte précitée et rappeler, ce faisant, un certain nombre de principes nous semblant importants dans ce débat :
1. Le vieux réflexe de la « rivalité confrérique », qui a souvent constitué un poison puissant (sournoisement inoculé, depuis toujours, par les colons, dans leur stratégie du « diviser (l’islam) pour mieux régner (sur les musulmans) ») et inhibé un grand nombre d'avancées décisives dans notre pays, semble être la principale motivation de ce « groupe de réflexion ». Rien d’autre. Nullement un souci d'équité républicaine. Ce même venin funeste de la zizanie inter-confrérique et des futiles querelles de clochers entre sénégalais que théorisait cyniquement un perfide Paul Marty (en 1912), à travers ces mots terribles et machiavéliques : « Où sera le mal, quand, dans un demi-siècle, les islamisés du Sénégal seront partagés en cinq ou six sectes différentes, très divisées entre elles, d’autant plus divisées que chaque secte sera un produit national, et que ces rivalités religieuses viendront se greffer sur des animosités de race ? ». Au moment où les hiérarchies des communautés soufies du pays (Serigne Mbaye Sy Mansour, Serigne Mountakha, etc. à la suite de leurs nobles prédécesseurs). Au moment où les disciples de celles-ci œuvrent de plus en plus pour éviter les pièges de la division et renforcer leurs fondamentaux communs, surtout contre les menaces et défis qu'elles partagent (velléités anti-soufies de prétendus mouvements « réformistes » ou « wahabites », œuvrant, jours et nuits, pour la destruction des turûq ; risques d’instabilité pour le pays, dont le modèle de stabilité tant chanté est, en grande partie, fondé sur le « check and balance » ou « contrat social » entre État et confréries, etc.), il est plus que malheureux que des entités obscures s'échinent encore à attiser des « animosités sectaires » et à miner cette dynamique de fraternité et de solidarité cimentée par des liens profonds de foi et de parenté séculaires. D’ailleurs, une question que l’on serait tenté de se poser est, qui sont exactement les membres de cet obscur « cadre de réflexion » ? Qui sont-ils réellement et pourquoi ne consentent-ils point à dévoiler leur véritable identité et à assumer publiquement et courageusement leurs opinions ? Et comment se fait-il qu’ils demeurent parfaitement inconnus au niveau de la hiérarchie de Tivaouane qui a désavoué toute relation avec eux ? Que veulent-ils réellement et de quoi ont-ils peur ?
2. L'erreur commune envers les questions et débats portant sur Touba, commise par la plupart de nos analystes (de bonne ou de mauvaise foi), est de se contenter uniquement de l'angle de sa dimension de « cité religieuse ». Quoique importante et représentant une donne essentielle pour expliquer ses spécificités, il n'en demeure pas moins, et beaucoup ont étrangement tendance à l'oublier dans leurs analyses et postures, que Touba est également une partie du Sénégal, où résident des citoyens et contribuables Sénégalais, qui pèsent lourd sur la balance électorale et démocratique du Sénégal, ayant des besoins (en santé, éducation, bien-être socio-économique, etc.) que doit satisfaire l'Etat du Sénégal. Un Etat qui ne se prive nullement, estèil besoin de le rappeler, de collecter leurs impôts et autres ressources locales générées par les activités de cette première ville Sénégalaise (consommation, évènements religieux, comme le Magal de Touba, qui génère un boom de centaines de milliards pour l’économie nationale, avec un afflux de plus de 6 millions de visiteurs, etc.). Oublier ou faire semblant d'oublier cet état de fait, pourtant trivial, pour des considérations partisanes ou sectaires, est tout simplement inique ou, pis, profondément démagogique.
3. Chaque région ou localité du Sénégal a, certes, des besoins qu'elle partage avec les autres parties du pays. Mais il peut arriver que telle zone particulière ait des manquements et déficits spécifiques plus criards dans certains domaines, par rapport aux autres localités (exemple de la Casamance, avec sa crise, des zones frontalières ou éloignées de la capitale, des zones touristiques, minières, halieutiques, etc.). Des carences pouvant avoir des origines multiples et variées (environnementales, sécuritaires, historiques, culturelles, religieuses, enclavement, etc.). Le rôle d'un Etat équitable consiste, en la matière, tout en se préoccupant de toujours préserver une démarche et un esprit égalitaire envers tous, de chercher les solutions adaptées et culturellement viables pour résorber, à terme, les carences et retards constatés dans cette zone par rapport au reste du pays. Quitte même, quelques fois, à mettre en œuvre une stratégie de « préférence géographique » contextuelle, un « plan d’urgence » localisé ou une sorte de « discrimination positive » pour tenter de rattraper ces retards préjudiciables à l'équité territoriale. Ne pas reconnaître ce principe régalien, pourtant élémentaire, sous prétexte d'une prétendue iniquité jacobine, revient, pour donner un exemple parlant (et ironique), à interdire aux parents d'un enfant malade, la prise en charge du traitement médical de ce dernier, tant qu’ils ne consentiraient pas à en faire de même pour leurs autres enfants pourtant en parfaite santé ! Le régime alimentaire prescrit à un diabétique, à un asthmatique ou au patient sujet à une allergie ou à l’obésité, devrait-il, pour des raisons de « justice » et d’ « égalitarisme » absurde, être étendu à tous les membres d’une fratrie épargnés par ces pathologies !? A défaut de pouvoir le faire, devrait-on en arriver à en priver ce patient exposé ? Devrait-on, pour prendre un autre exemple, imposer à un époux l'obligation d'acheter exactement les mêmes marques, tailles de chaussures, dimensions, pour toutes ses épouses pourtant de tailles, de corpulences et de besoins différents ! S'il est ainsi avéré que Touba se retrouve en déficit d'écoles publiques par rapport aux autres localités du pays et que le contexte est enfin devenu favorable pour remédier à ce déficit, l'Etat sénégalais devrait-il y renoncer par simple crainte de « représailles inter-communautaristes » infondées et autres tentatives de chantages médiatiques ?
4. Objectivement, et en dehors de toute autre considération subjective, les caractéristiques (démographiques, urbaines, spatiales, économiques, socio-culturelles, religieuses, organisationnelles, etc.) de la ville de Touba ne peuvent être assimilées, avec le même degré d'acuité et de prégnance, à celles des autres métropoles de notre pays. Certes, l’on pourrait, sous un certain rapport, en dire de même de toute autre région ou localité, reconnue comme « religieuse » ou non, du pays ; chacune ayant ses atouts, spécificités et désavantages par rapport au reste du Sénégal. C'est cela, serait-on même tentés de dire, la belle diversité de notre pays. Mais quoi que l'on en dise, Touba, c'est Touba. Et aucune pseudo-analyse ou incantation rhétorique ne pourra gommer cette réalité. En ce sens, la meilleure démarche aurait été, nous semble-t-il, de tenter d'analyser sereinement les besoins spécifiques les plus urgents et les plus prioritaires de chaque localité sénégalaise et de proposer des solutions adaptées aux réalités de ladite localité, pour le bien-être de ses populations. C'est cela, probablement, l'esprit des axes clés de l'équité territoriale, tels que déclinés dans l'Agenda Sénégal Vision 2050, dont le quatrième (Accès équitable aux services sociaux) comporte un volet « Éducation et santé de qualité dans toutes les régions ». Avec comme objectifs à long terme (2050) : (a) Réduire les écarts de développement entre Dakar et les autres régions, (b) Favoriser l’émergence de villes intermédiaires comme pôles économiques, (c) Assurer une cohésion sociale et spatiale pour une croissance inclusive.
5. A-t-on jamais entendu un dignitaire ou « cadre de réflexion mouride » dénoncer les somptueuses résidences d'hôtes et autres centres de conférences construits par l'ancien régime dans presque toutes les cités religieuses du Sénégal, sauf Touba ? Jamais ! Pour la simple et raisonnable raison que Touba n'en avait point besoin, ayant depuis longtemps édifié, sur fonds propres, plusieurs résidences et centres du genre à Touba (et ailleurs dans le monde). Réclamer cette sorte d'équité inéquitable, au détriment de l'argent public, sur fonds de « wujje (rivalité) entre tariqa », comme le fait aujourd'hui le CRAT, aurait été, de la part des mourides, démagogique, contre-productif et contraire à l'esprit de fraternité et de solidarité qui doit unir les croyants. Peut-être aurons-nous besoin de le rappeler. Tout ce qui est fait en faveur de Tivaouane, de Ndiassane, de Yoff, de Thiénaba, de Médina Baye, de Médina Gounass ou ailleurs, à travers le Sénégal, est fait pour Touba, pour Serigne Touba, pour le Khalife de Touba et pour tous les autres Khalifes de l'Islam. Pour le Sénégal et pour les Sénégalais. Et vice-versa. Le récent joyau architectural que constitue la mosquée de Tivaouane n'est-il pas un patrimoine spirituel et culturel commun, appartenant à tous les sénégalais, Tidianes, Mourides, Khadre, Layènes, etc. ? Les services médicaux du futur hôpital de niveau 3, envisagé par l'Etat du Sénégal à Tivaouane, bénéficieront-ils exclusivement aux condisciples Tidianes du CRAT ? Les Niassènes ou Layènes, ou même nos frères Chrétiens, devraient-ils s’opposer à sa réalisation, sous le facile prétexte que leurs foyers religieux devraient également bénéficier exactement de la même infrastructure, même si les données démographiques desdits foyers ne le justifient pas ? Ou même, pourquoi pas ?, pendant qu’on y est, les Mourides, du simple fait que cette infrastructure a coûté à l’État du Sénégal 7 milliards de plus que l’hôpital de Touba, pourtant de même taille (300 lits) et de même architecture, quoiqu’avec une population de loin inférieure (le département de Mbacké étant deux fois plus peuplé que celui de Tivaouane, qui compte 649 187 habitants) ? Ne savent-ils pas que le Complexe Cheikh Ahmadoul Khadim (mis en place par le Khalife des mourides) et l’Université Cheikh A. Bamba (fondée par S. Mamor Mbacké Mourtada), tous deux financés sur fonds propres par la communauté mouride, comptent des étudiants de toutes obédiences et d'appartenance (Tidianes, Khadres, Layènes, etc.), sans discrimination d’aucune sorte ?
Par conséquent, à chaque fois que Seydi El Hadj Malick Sy, Serigne Touba, Cheikh Bou Kounta, Cheikh Ibrahima Niasse, Seydina Limamou, ou l'un quelconque de nos vaillants « Pères Fondateurs » sera enseigné à l'école publique, à chaque fois qu'un de leurs précieux ouvrages ou enseignements remplacera « Les Précieuses ridicules » de Molière, « Le Cahier d'un retour au pays natal » de Césaire ou un « Candide » de Voltaire, souvenons-nous que c'est un pas de plus vers la réappropriation de notre propre projet de société et de notre imaginaire collectif. Commencer par l'un ou certains d'entre eux, en attendant d'intégrer progressivement les autres, est donc un progrès à saluer, surtout au bout de plus d'un siècle de négation « obscurantiste » envers ce remarquable patrimoine par notre école publique, brave héritière des Lumières et du fardeau colonial de civiliser les Nègres indigènes. En ce sens, une question que l'on serait même tenté de se poser est pourquoi un « cadre de réflexion » qui se réclame des valeurs et enseignements de notre saint Maître Cheikh Ahmad Tijânî et du vénéré Seydi Elhadj Malick Sy, ne consente point à dénoncer ces héritages diffus du paradigme idéologique colonial dans notre système éducatif. Sans hésiter, le moins du monde, à bondir hors de ses gonds lorsqu'il s'agit de rep(a)enser ledit système, à l'aune des valeurs enseignées par l'un de leurs éminents Pairs ? Les idéologues du CRAT trouvent-ils donc moins insidieux ce passé dont notre peuple peine toujours à se dépêtrer ?
6. Pour rappel, l’école coloniale, dont la nôtre est subtilement héritière (et à laquelle Touba s’opposait), constitua, aux mains des missionnaires et d'autres précepteurs coloniaux, un formidable outil d'aliénation intellectuelle et culturelle au service de cette prétendue « mission civilisatrice, fardeau de l'Occident ». Car l'Histoire a souvent montré que, là où échoua le fusil, ont souvent triomphé sur les esprits la craie et la plume. C'est cette vision assez subversive de l'école française que démontrent ces aveux de Marie François Joseph Clozel, gouverneur général de l'AOF de 1905 à 1908 : « C'est de la formation intellectuelle et morale de nos indigènes que dépend en majeure partie l'avenir de notre œuvre coloniale. » Démarche que confirmaient d'autres propos non moins fourbes tenus par George Hardy, l'un des plus grands idéologues et artisans de l'école coloniale en Afrique Occidentale française : « Une mise en valeur du pays, un attachement raisonné de l'indigène à notre œuvre, tel est donc l'objet de la nouvelle conquête. Conquête moins rapide, moins brillante que la première, mais aussi féconde et méritoire et dont l'instrument ne peut être que l'école. Joie de donner à la France des domaines heureux et des enfants dévoués, d'étendre au cœur du continent noir le rayonnement de l'âme nationale...» Denise Bouche, dans une de ses études sur les politiques coloniales de la France, a repris une lettre dans laquelle un administrateur a mentionné ceci : « Nous sommes en présence d’une population dont, après la conquête militaire, la conquête intellectuelle et morale est notre objectif. Il faut donc tenter de la rapprocher de nous, de la modeler successivement, de nous emparer de son esprit, de lui imposer notre marque, notre empreinte. ». Ainsi, l’administration coloniale a créé des écoles ayant la principale mission de « répandre notre civilisation, d'amener tous les indigènes au respect et à l’amour de notre belle patrie française » (Circulaire 140, 19 avril 1897) L’éducation que donnait l’école française « constitue le moyen primordial et élitiste de l’assimilation culturelle » (François Zuccarelli, op. cit., p. 103) et devait former un type d’élève qui, à sa sortie de l’école, devait être replacé « dans son milieu indigène et dans son pays d’origine, afin qu’il devienne fatalement, de plein gré ou à son insu, un véritable propagateur de nos idées et de notre influence ». Faut-il rappeler, ici, l’impact pernicieux de cette forme d’école sur le complexe d’infériorité et d’admiration d'une grande partie de nos élites politiques et intellectuelles envers leurs « mère patrie » et « ancêtres gaulois », qui n’a d’égal que l’ignorance de leur propre patrimoine culturel et spirituel, pour ne pas dire leur indifférence condescendante envers le devenir de leur propre peuple ?
En définitive, n'est-ce point, justement, ce même réflexe grégaire, nous ayant depuis toujours poussé, nous Africains, à nous entre-déchirer et à auto-neutraliser nos potentiels, ce réflexe nous incitant, nous Sénégalais, à ne pas faire de nos différences des richesses, mais à plutôt nourrir de la jalousie envers tout progrès de l’un d’entre nous, ce réflexe qui a jusqu'ici affaibli l'Homo-Africanus et permis à d'autres peuples de le dominer facilement, qui anime, aujourd’hui, les activistes anonymes du « CRATÈRE » ? On peut, assez raisonnablement, le conjecturer…
Au vu de tous ces arguments factuels et des principes rappelés ci-dessus, nous réaffirmons, pour finir, notre soutien entier et indéfectible à l’endroit de l’Etat du Sénégal et, en particulier, au ministre de l’Education nationale, dans leur volonté de traduire leur vision souverainiste en une réalité bénéfique, au-delà de Touba, à toute la nation sénégalaise. Nous invitons, ce faisant, l’Etat du Sénégal à ne pas céder aux pressions infondées et tentatives de chantage communautaristes ou partisanes qui, dans le passé, ont très souvent empêché notre pays d’emprunter résolument la voie du progrès, de l’autonomie et de la véritable liberté de pensée et d’action.
La véritable souveraineté éducative est à ce prix."
LE COMMUNIQUÉ DU CONSEIL DES MINISTRES DU MERCREDI 7 MAI 2025
Le chef de l'Etat a indiqué au gouvernement la nécessité de poursuivre les efforts de soutien à la restructuration et au financement des entreprises de presse notamment dans le contexte du développement fulgurant du numérique et de l’IA.
Le Chef de l’Etat, Son Excellence, Monsieur Bassirou Diomaye Diakhar FAYE a présidé, ce mercredi 07 mai 2025, la réunion hebdomadaire du Conseil des Ministres, au Palais de la République.
A l’entame de sa communication, le Président de la République a présenté ses condoléances les plus attristées et celles des membres du Conseil, au Premier Ministre Ousmane SONKO, suite au décès de son Aide de Camp, le Commandant Pape Mignane NDONG. Il a ensuite adressé ses chaleureuses félicitations et souhaité la bienvenue à Monsieur Boubacar CAMARA nommé Ministre, Secrétaire général du Gouvernement, nouveau Secrétaire du Conseil des Ministres, en remplacement de Monsieur Ahmadou Alhaminou Mohamed LO promu Ministre auprès du Président de la République, chargé du Suivi du Pilotage et de l’Evaluation de l’Agenda national de Transformation « Sénégal 2050 » avec rang de Ministre d’Etat.
Le Chef de l’Etat est revenu sur le Daaka annuel de Médina Gounass. Il a adressé ses chaleureuses félicitations au Khalife Thierno Amadou Tidiane BA et à tous les fidèles, mais également au Gouvernement sous la direction du Premier Ministre qui l’a représenté, pour toutes les dispositions prises ayant permis une excellente organisation de cet évènement religieux d’une envergure internationale. Par ailleurs, il a salué l’organisation, à Dakar, de la 5ème Assemblée générale des Evêques de l’Afrique de l’Ouest dont il a présidé la cérémonie d’ouverture. Il a réitéré ses félicitations et le soutien de l’Etat dans sa mission, à Monseigneur André GUEYE, nouvel Archevêque de Dakar, installé samedi 03 mai 2025.
La communauté internationale a célébré, le 1er mai 2025, la fête du Travail. Outre la cérémonie traditionnelle de remise des Cahiers de doléances au Chef de l’Etat, cet événement a été marqué, au Sénégal, par le renouveau et le renforcement du dialogue social tripartite avec la signature du Pacte de stabilité sociale pour une croissance inclusive et durable dans la lancée de la 4ème édition de la Conférence sociale tenue les 24 et 25 avril 2025. Le Président de la République a magnifié ce consensus social remarquable basé sur la vérité, la transparence et le sens des responsabilités des parties prenantes (Gouvernement, Patronat, Syndicats). A l’évidence, l’ensemble des contributions ainsi que les efforts consentis depuis plusieurs mois ont permis de parvenir, dans la confiance réciproque, à la conclusion de cet accord collectif stratégique nécessaire pour assurer la stabilité sociale, le redressement, l’impulsion et l’accélération de la relance économique du pays.
Par ailleurs, le Président de la République a rappelé aux différentes parties prenantes l’impératif de respecter et de faire respecter les engagements consignés et de procéder à la finalisation des plans d’action y afférents, ainsi qu’à l’évaluation périodique conjointe de l’état de leur application globale et sectorielle. Il a également souligné la nécessité de veiller à la revitalisation des comités de dialogue social, de même qu’au suivi des négociations sectorielles avec les organisations professionnelles. En outre, il a demandé au Gouvernement de procéder à la revue des conventions collectives nationales et d’assurer la protection de la liberté syndicale dans toutes les entreprises conformément aux lois et règlements. Il a instruit le Premier Ministre d’accorder une attention particulière à la situation des entreprises publiques et privées en difficulté et de veiller à la préservation des emplois et à la continuité des activités selon des modalités de restructuration adaptées.
Le Chef de l’Etat a également demandé au Premier Ministre de veiller avec tous les Ministres à la gestion, par le dialogue et la concertation régulières avec les acteurs, des doléances des syndicats de travailleurs relevant de l’Etat et de ses démembrements afin d’asseoir la continuité et la qualité du service public. Par ailleurs, il a souligné l’importance d’améliorer les moyens d’intervention et l’implication du Haut Conseil du Dialogue social dans la prévention et la gestion des contentieux et différends dans le monde du travail. Face aux défis et enjeux liés à la mise en œuvre de l’Agenda national de Transformation, il a demandé au Ministre chargé du Travail et de l’Emploi de placer la prochaine édition de la Conférence sociale sous le thème de la « Productivité au travail ».
Le secteur de la presse occupe une place primordiale dans la vie de la Nation. Ainsi, le Président de la République a demandé au Gouvernement d’accentuer les concertations avec les différents acteurs du secteur en vue de mieux accompagner et de soutenir davantage sa professionnalisation et sa transformation à la hauteur du rayonnement démocratique du Sénégal, dans le respect du régime de liberté encadré par les lois et règlements en vigueur. A cet effet, il a indiqué au Gouvernement la nécessité de poursuivre les efforts de soutien à la restructuration et au financement des entreprises de presse notamment dans le contexte du développement fulgurant du numérique et de l’intelligence artificielle, avec la nécessaire régulation des réseaux sociaux.
Dans une dynamique de co-construction d’un modèle économique viable pour une presse libre, professionnelle et responsable, il a demandé au Ministre de la Communication, des Télécommunications et du Numérique d’examiner, en relation avec les autorités de régulation (CNRA et ARTP), les voies et moyens de mettre en œuvre, selon un agenda consensuel, les recommandations et propositions des organisations d’acteurs des médias concernant le Code de la presse et la transformation systémique et durable du secteur. Enfin, il a demandé au Premier Ministre, au Ministre en charge de la Communication et au Ministre des Finances et du Budget de définir un cadre rénové de financement et de suivi de l’exécution des Plans de développement des entreprises de presse publiques (RTS, SSPP « Le SOLEIL », SN APS et TDS SA).
La continuité du service public de l’eau potable en milieu rural demeure une préoccupation majeure des populations. Le Chef de l’Etat a, à ce sujet, invité le Gouvernement 3 à prendre toutes les dispositions urgentes et les mesures nécessaires en relation avec l’Office des Forages ruraux (OFOR) et les concessionnaires du service public désignés dans chaque zone afin d’améliorer le système de distribution de l’eau potable en milieu rural. Il a demandé au Ministre en charge de l’Hydraulique de rendre compte régulièrement en Conseil des Ministres de l’état et de la situation d’exploitation des ouvrages hydrauliques (forages, châteaux d’eau et réseaux), de la tarification retenue, ainsi que des populations impactées dans chaque concession du service public d’eau potable accordée sur le territoire national. Il a aussi demandé au Gouvernement d’accélérer la mise en œuvre des recommandations des Concertations nationales sur l’Eau et l’Assainissement tenues en novembre 2024 à Kaolack.
Au titre de son agenda diplomatique, le Président de la République réitère ses félicitations à son frère Son Excellence Brice Clotaire Oligui NGUEMA Président de la République gabonaise suite à son investiture le samedi 3 mai 2025 à Libreville. Il adresse également ses vifs remerciements au peuple gabonais pour l’accueil chaleureux qui lui a été réservé marquant ainsi l’excellence des relations d’amitié et de coopération entre le Sénégal et le Gabon. Enfin, il a informé qu’il prendra part, les 12 et 13 mai 2025 à Abidjan, à l’édition 2025 de l’Africa CEO Forum.
Dans sa communication, le Premier Ministre a mis en exergue, conformément aux directives du Chef de l’Etat, les actions envisagées par le Gouvernement pour la mise en œuvre effective, dans les délais convenus, du nouveau Pacte national de stabilité sociale pour une croissance inclusive et durable, conclu le 1er mai 2025 avec les partenaires sociaux. À cet égard, il a demandé au Ministre chargé du Travail, en relation avec le Ministre, Secrétaire général du Gouvernement, d’assurer un pilotage et un suivi performants de la mise en œuvre du Pacte.
Dans ce cadre, le Premier Ministre a souligné l’urgence attachée au lancement du processus d’élaboration inclusive du plan de mise en œuvre du Pacte et à l’adoption, avant la fin du mois de mai 2025, des textes fixant les règles de fonctionnement des organes de mise en œuvre. Il a également insisté sur le suivi étroit, par les ministères sectoriels, de l’application des accords signés, l’identification des engagements pouvant être pris en compte dans la Loi de Finances rectificative 2025, la soumission au Conseil des Ministres des projets de décret modifiant les décrets numéro 74-347 du 12 avril 1974 et numéro 2006-392 du 27 avril 2006 relatifs aux enseignants décisionnaires. Il a aussi relevé l’exigence attachée à la finalisation, au cours de l’année 2025, de la digitalisation intégrale des actes et procédures administratives, notamment la gestion des carrières, l’accélération du processus de réforme du cadre juridique du secteur de la santé et de l’action sociale ainsi que la ratification de la Convention de l’Organisation internationale du Travail (OIT) sur la violence et le harcèlement.
Abordant le second point de sa communication, le Premier Ministre a souligné l’importance et la priorité attachées à l’élaboration et l’adoption rapide des orientations relatives à la mise en œuvre de la nouvelle approche du service civique national et du 4 volontariat, au regard des défis et opportunités que représente la structure très jeune de la population sénégalaise. Dans ce contexte, il a rappelé le rôle de la Direction générale du Service civique national et du Volontariat, notamment en matière de renforcement des valeurs civiques au sein de la société, d’orientation des jeunes vers des missions d’intérêt général et leur participation active au développement durable. Le Premier Ministre a, en outre, insisté sur la facilitation de l’insertion socio-professionnelle des jeunes par le développement personnel et professionnel et l’amélioration de leur employabilité par le biais du volontariat.
Après avoir relevé les actions pilotes déjà mises en œuvre en 2024, notamment leur immersion dans les 27 fermes agricoles, le Premier Ministre a invité toutes les parties prenantes, sous la coordination de la Direction générale du Service civique national et du Volontariat, à mettre en place un cadre de concertation pour proposer au Gouvernement les orientations à adopter autour du civisme et du volontariat, adossées à la Vision Sénégal 2050. Les propositions en la matière devront englober le civisme, le volontariat et la citoyenneté active, avec l’objectif ultime de faire de chaque volontaire un citoyen-sentinelle imbibé de la culture de la performance et du résultat.
Le Premier Ministre a relevé l’opportunité offerte par les prochaines vacances scolaires pour s’approprier ces valeurs, en recourant aux ressorts du cadre associatif, en général, et du mouvement Navétanes en particulier, sous le concept de vacances citoyennes au niveau de tous les compartiments de la vie socio-économique nationale. Dans ce sillage, le Premier Ministre a informé le Conseil du prochain lancement du nouveau format du programme « Sétal Sunu Rèew » qui sera désormais dénommé « Sétal Sunu Rèew ak Koom Koom ». Il s’agit d’améliorer l’efficacité et la pérennité du programme afin d’obtenir un effet transformateur permanent notamment par la maximisation de l’impact économique et social, la promotion de l’économie verte, l’intégration d’une approche éducative solide, la diversification des sources de financement ainsi que la mise en place d’un mécanisme de coordination entre l’Etat, les Collectivités territoriales, le secteur privé et la société civile.
AU TITRE DES COMMUNICATIONS DES MINISTRES :
– le Ministre de l’Energie, du Pétrole et des Mines a fait une communication sur la tarification à la pompe des carburants automobiles et les tensions sur l’approvisionnement des quais de pêche en essence de pirogue ;
– le Ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation a fait une communication sur la situation des Universités.
AU TITRE DES TEXTES LEGISLATIFS ET REGLEMENTAIRES, le Conseil a examiné et adopté :
– le projet de décret fixant les modalités d’exercice de la fonction d’assistant de justice spécialisé ; 5 – le projet de décret portant création et fixant les règles d’organisation et de fonctionnement du Comité national de Coordination de la Sécurité des Jeux olympiques de la Jeunesse de Dakar (CNS-JOJ) ;
– le projet de loi portant loi d’orientation sur les entreprises de sécurité privée ;
AU TITRES DES MESURES INDIVIDUELLES, le Président de la République a pris les décisions suivantes :
Au titre du Ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation :
– Monsieur Boubacar DIOP dit Bouba, Professeur titulaire des universités à la retraite, est nommé Président du Comité d’appui au pilotage de l’Agenda national de Transformation de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation (ANTESRI)
Au titre du Ministère de l’Agriculture, de la Souveraineté alimentaire et de l’Elevage :
– Monsieur Kémo BADJI, Ingénieur agronome, titulaire d’un doctorat en Entomologie, précédemment Conseiller technique à la Primature est nommé Directeur de la Protection des Végétaux (DPV) au Ministère de l’Agriculture, de la Souveraineté alimentaire et de l’Elevage, en remplacement de Monsieur Saliou NGOM appelé à d’autres fonctions.
Le Ministre de la Formation professionnelle et technique, Porte-parole du Gouvernement Amadou Moustapha Njekk SARRE
LES FUSIBLES DU SYSTÈME FINANCIER SÉNÉGALAIS
Pris en étau entre leurs supérieurs politiques et leur mission de service public, les directeurs administratifs et financiers (Dage) et les comptables publics sénégalais se retrouvent souvent les premiers sacrifiés lors des scandales financiers
Tenaillés entre la pression des décideurs politiques maîtres de leur carrière, l'insuffisance des textes et l'impérieuse nécessité de trouver des réponses aux imprévus qui peuvent compromettre l'intérêt général, les Dage et les comptables sont souvent ceux qui paient les premiers, en cas de poursuites. À côté de ces limites objectives, certains de ces fonctionnaires se rendent également coupables de compromis et de compromissions injustifiables avec leurs supérieurs.
Les affaires liées aux crimes économiques et financiers défraient la chronique depuis quelque temps. Au cœur de la plupart de ces affaires d'argent, il y a des fonctionnaires et des hommes politiques. À l'occasion d'un atelier de formation des journalistes sur la problématique de la criminalité organisée, l'ancien président de la Cellule nationale de traitement des informations financières (Centif), Ngouda Fall Kane, a été interpellé sur la question. Pour lui, il est temps que tous les acteurs se mobilisent pour mettre définitivement un terme à ce fléau. “Nos pays ont trop souffert des crimes économiques et financiers. Il faut y mettre un terme et travailler pour qu'il n'y ait plus jamais ça”, s'émeut l'ancien inspecteur général d'État, président de l'Alliance contre le crime organisé en Afrique (ACCA).
À son avis, pour vaincre le fléau, il faut davantage miser sur la prévention. “Le contrôle doit être proactif. Il ne faut pas attendre la commission de l'infraction pour contrôler. Il est temps, aujourd'hui, d'intégrer le dispositif de gestion de la finance privée au niveau de la finance publique. Aussi, les contrôleurs doivent être indépendants des directeurs généraux et des ministres. Il faut contrôler, procéder à des audits internes et externes, mettre davantage l'accent sur l'approche préventive”, insiste le spécialiste.
Dans la plupart des cas qui défraient la chronique, il y a des fonctionnaires qui, parfois seuls, parfois en relation présumée avec des politiques, accomplissent la sale besogne. Un phénomène loin d'être nouveau.
L'on se rappelle qu’en 1981, le président Abdou Diouf, qui venait d'arriver au pouvoir, mettait en place une juridiction spécialisée, la Cour de répression de l'enrichissement illicite (Crei), pour lutter contre certaines formes de crimes financiers. On sait que la plupart des personnes épinglées à l'époque étaient des fonctionnaires.
Durant son magistère, Macky Sall avait aussi initié pas mal de procédures ayant emporté des fonctionnaires. Pour illustration, on peut citer l'affaire Tahibou Ndiaye et l'affaire de la caisse d'avance de la mairie de Dakar dans laquelle la responsabilité des comptables publics était au cœur des débats. En tant que dépositaires des deniers publics, ces derniers sont parmi les plus exposés. “Comme on dit très souvent dans notre milieu, dans ce métier, on n'est jamais assez prudent, jamais suffisamment précautionneux. Tous les jours que Dieu fait, on peut trébucher”, confie un agent du Trésor.
Le comptable public : un agent sous haute exposition
La réglementation, selon le comptable public, est faite de sorte qu'il est très difficile, pour ne pas dire impossible, de faire zéro faute. “Si on vérifie bien, on peut toujours trouver des griefs dans les comptes. ‘Ku yala suturaal rek mofi nekk’”, renchérit-il presque fataliste, pour inviter les gens à faire la différence entre les faits constitutifs de malversations et ceux qui sont juste dus à de l'imperfection humaine et à celle des textes.
“Il faut savoir que ce n'est pas forcément des malversations, comme on a tendance à le faire croire. Souvent, c'est juste des erreurs sans aucune intention délictuelle, sans aucun enrichissement personnel. C'est des erreurs comme il en existe dans tous les secteurs. Chez vous les journalistes, il y a des erreurs ; chez les médecins, il y a des erreurs. Chez nous aussi, il peut y avoir des erreurs et les gens doivent le savoir. Parfois aussi, il peut s'agir d'un problème d'interprétation des textes. Dans certains cas, l'agent peut avoir conscience de ce qu'il fait, mais il ne veut pas pénaliser ou retarder l'administration et l'intérêt général. Tout ça, le vérificateur ne le prend pas en considération. Il ne se met pas à la place du comptable au moment où il exécute la dépense par exemple”.
Cela dit, notre interlocuteur reconnait qu'il y a aussi de réels cas de malversation qu'il ne faut pas occulter. Il invite juste à ne pas généraliser et à éviter les suspicions, d'autant plus que ces cas de malversation restent marginaux.
Le droit de vie et de mort des politiques sur les fonctionnaires
Outre le souci de l'efficacité et le désir de trouver des solutions pour un bon fonctionnement du service public, il y a aussi l'influence du décideur politique qui a souvent droit de vie et de mort sur les agents. ‘’Ça aussi, c'est vrai. Quand tu es très dur, on t'enlève, on t'affecte ailleurs ; tu risques de ne pas avancer. De plus, ce que tu refuses de faire, il y a toujours à côté quelqu'un qui va accepter de le faire. Et c'est lui qu'on va promouvoir dans les postes importants. Finalement, tu vois tes collègues avancer et toi tu stagnes. C'est aussi cela le problème”, confie notre interlocuteur.
Il cite son propre exemple : “J'ai pratiqué un DG qui, quand j'ai refusé de faire quelque chose d'irrégulier, il a appelé directement le ministre pour lui en faire part. Et le ministre m'a appelé. Tout le monde ne peut pas faire face à ce genre de pression. Et puis, tout le monde veut avancer, parce que les gens ont aussi des ambitions, des familles, des besoins à couvrir.”
Le contrôle et la sanction comme remède
S'il y avait des sanctions effectives contre certaines formes de complaisance, les choses se passeraient certainement autrement, s'accordent à dire plusieurs praticiens qui insistent également sur la nécessité de mettre en avant le critère de compétence.
En ce qui concerne le comptable, le dispositif législatif est déjà suffisamment contraignant. Ce qui fait peut-être défaut, c'est l'effectivité. “La législation prévoit des sanctions très lourdes pour le comptable qui faillit à ses devoirs. Ce dernier engage aussi bien sa responsabilité pécuniaire que personnelle. Dites-vous qu'à chaque fois que le comptable règle une dépense, c'est sa responsabilité qu'il met en jeu. C'est une responsabilité énorme”, explique l'agent du Trésor.
Malheureusement, selon lui, la rémunération n'est pas à la hauteur de cette responsabilité, quoi que objet de tous les fantasmes. “Vous pouvez peut-être voir un agent de hiérarchie C qui fait entrer au quotidien 300 à 400 millions de francs dans les caisses de l'État, chaque jour que Dieu fait. Si vous ne le mettez pas à l'abri, vous l'exposez. Je pense que c'est aussi un aspect à prendre en considération, au lieu de se focaliser sur les avantages. C'est pourquoi non seulement nous prêtons serment, mais nous mettons tous nos biens en garantie”.
À propos du dispositif coercitif, l’inspecteur Ngouda se réjouissait de la mise en place du Pool judiciaire financier, qui peut jouer un grand rôle. “J'applaudis vraiment la mise en place du Pool judiciaire financier. Nous l'avons réclamé depuis plusieurs années, parce qu'il en va la célérité dans le traitement des dossiers transmis aussi bien par les organes de contrôle que par les organismes d'enquête administrative. Avec l'arrivée du pool, vous voyez ce qui a été fait en un laps de temps. Je pense qu'il faut s'en féliciter”, se réjouit le président Ngouda Fall Kane qui prône l'effectivité des sanctions contre les fautifs, mais dans le respect de la présomption d'innocence et en évitant les risques de conflits d'intérêts.
GOOGLE VA APPLIQUER UNE TVA DE 18 % SUR SES SERVICES NUMÉRIQUES AU SÉNÉGAL
Cette mesure, applicable dès le 1er juin 2025, s’inscrit dans la stratégie de l’État visant à mieux encadrer l’économie numérique et à faire contribuer les géants technologiques aux recettes fiscales nationales.
À compter du 1er juin 2025, Google appliquera une taxe sur la valeur ajoutée (TVA) de 18 % à tous les services numériques fournis aux utilisateurs situés au Sénégal. Cette décision s’inscrit dans la politique fiscale du gouvernement sénégalais visant à mieux encadrer l’économie numérique en croissance rapide.
Concrètement, les utilisateurs professionnels des services Google, assujettis à la TVA, devront renseigner leurs informations fiscales locales, notamment le NINEA ou le numéro du registre de commerce. Ces données permettront au géant américain de générer des factures conformes à la législation sénégalaise.
Cette mise en conformité fait suite à l’entrée en vigueur, en juillet 2024, de la taxe sur la valeur ajoutée applicable aux prestations de services numériques. Selon la Direction générale des impôts et des domaines (DGID), le Sénégal a déjà encaissé un milliard de francs CFA au cours des cinq premiers mois d’application de cette taxe.
Sont concernés par cette imposition, les services immatériels fournis de manière automatisée via des réseaux informatiques ou électroniques, tels que les abonnements à des plateformes numériques, les services de publicité en ligne, les téléchargements de contenus, ou encore les services cloud.
Les entreprises technologiques étrangères, comme Google, qui proposent des prestations numériques au Sénégal sans y être physiquement implantées, sont tenues de collecter et de reverser la TVA à l’État sénégalais. Ce dispositif s’applique également aux commissions perçues par des intermédiaires étrangers lors de ventes de services numériques sur le territoire national.
Avec cette réforme, l’État sénégalais cherche à moderniser son système fiscal et à élargir l’assiette fiscale du numérique, tout en assurant une concurrence plus équitable entre entreprises locales et multinationales opérant en ligne.
par Bassirou Sakho
INTER – BARÇA, QUAND LE FOOTBALL TRIOMPHE DES RÉSULTATS
EXCLUSIF SENEPLUS - Des matchs comme celui-ci nous rappellent pourquoi ce sport est une passion mondiale, pourquoi il nous fait vibrer, nous fait rêver. Chaque minute semblait peser une éternité et chaque décision pouvait changer le cours de l'histoire
Hier soir, nous avons assisté à un spectacle extraordinaire, le genre de match qui rappelle pourquoi nous aimons tant le football. Depuis cette nuit légendaire de 2005 à Istanbul, lorsque Liverpool a renversé le Milan AC en finale de la Ligue des champions, je n'avais pas ressenti un tel ascenseur émotionnel.
Nous sommes passés par toutes les émotions : l'angoisse des occasions manquées, l'euphorie des buts inattendus, la tension des duels acharnés, et enfin, le soulagement – ou la déception – du coup de sifflet final. Ce choc entre l'Inter de Milan et le FC Barcelone a été une véritable montagne russe, un condensé de tout ce que le football a de plus beau et de plus cruel.
Ce qui restera sans doute dans les mémoires, c'est la qualité et la jeunesse des joueurs du Barça. Des talents comme Lamine Yamal, à seulement 17 ans, ont montré que le futur du football est déjà en marche. Leur technique, leur audace et leur créativité rappellent l'essence même du jeu : un spectacle, une danse orchestrée sur un terrain de 105 mètres par 68.
Et malgré la défaite du Barça, c'est bien le football qui en sort vainqueur. Des matchs comme celui-ci nous rappellent pourquoi ce sport est une passion mondiale, pourquoi il nous fait vibrer, nous fait crier, nous fait rêver. Nous préférons mille fois ce genre de spectacle, où l'engagement et la beauté du jeu priment, plutôt que la violence et les provocations vues lors du dernier Clásico.
Revenons sur cette soirée mémorable, où chaque minute semblait peser une éternité et chaque décision pouvait changer le cours de l'histoire.
Bassirou Sakho est Conseiller Sortif, playmaker Sport Agency, London.
LE FESTIVAL DE JAZZ DE SAINT-LOUIS ACCUEILLE DES ARTISTES DE RENOM POUR SA 33E ÉDITION
Du 28 mai au 1er juin, cet événement phare réunira des artistes venus des quatre coins du monde sur la grande scène de la place Baya Ndar. Une programmation éclectique qui confirme la ville historique comme un haut lieu culturel du continent.
Des artistes de renommée internationale se produiront à Saint-Louis à partir du 28 mai, sur la grande scène In de la place Baya Ndar (ex-place Faidherbe), dans le cadre de la 33e édition du Festival international de Jazz, a annoncé le président de l’association Saint-Louis Jazz, Idriss Benjelloun.
S’exprimant lors d’un point de presse, M. Benjelloun a fait état d’”une programmation riche et diversifiée” attirant artistes et spectateurs venus du monde entier, renforçant ainsi ”la position de Saint-Louis comme destination culturelle de premier plan”.
Le groupe Saïko Nata, soutenu par le festival des 5 continents de Marseille, et le chanteur portugais Salvador Sobral, avec l’appui de l’ambassade du Portugal et de l’Institut Camões, figurent parmi les têtes d’affiche annoncées.
La programmation inclut également Marco Mezquida & Tornado Trio (Espagne), la Metz Foundation (Luxembourg), Rosa Brunello (Italie) et Arnold Dolmen (France), grâce au soutien des représentations diplomatiques et instituts culturels respectifs.
”Nous aurons également le plaisir d’accueillir le bassiste sénégalais Alune Wade avec son projet New African Orléans, ainsi que le mythique groupe Sixun”, a ajouté M. Benjelloun
Il a par ailleurs invité le Premier ministre ainsi que la ministre de la Jeunesse, des Sports et de la Culture à prendre part à cet événement ”qui fait la fierté de notre nation.
Le budget prévisionnel de cette 33e édition, prévue du 28 mai au 1er juin, est estimé à 150 millions de francs CFA, selon les organisateurs, qui sollicitent encore des appuis pour en assurer la pleine réussite.
LA FRAUDE SUR L’ÉLECTRICITÉ FAIT PERDRE JUSQU’À 90 MILLIARDS FCFA À LA SENELEC
Un fléau dénoncé par le directeur général de la société, Papa Toby Gaye, lors d’un atelier sur la transparence des ressources extractives. L’État, qui vise l’accès universel à l’électricité d’ici 2029, appelle à une mobilisation citoyenne.
La fraude sur l’électricité engendre des pertes annuelles d’environ 60 à 90 milliards de francs CFA pour la Société nationale d’électricité du Sénégal (SENELEC), a déclaré Papa Toby Gaye, son directeur général, mardi, à Somone, dans le département de Mbour (ouest).
‘’Il y a énormément de fraude au Sénégal. Celle opérée sur l’électricité est un véritable fléau, qui cause des pertes estimées entre 60 et 90 milliards de francs CFA par an. C’est une activité criminelle qu’il faut combattre, parce qu’elle impacte négativement la production et la distribution de la SENELEC’’, a soutenu M. Gaye lors d’un atelier de l’Association des journalistes pour la transparence dans les ressources extractives et la préservation de l’environnement (AJTREPE).
Les travaux de l’atelier portent sur la transparence et la gouvernance des ressources extractives.
‘’Il y a un travail de sensibilisation à faire avec la SENELEC, pour demander à tous les citoyens d’agir en toute transparence’’, a dit le ministre de l’Énergie, du Pétrole et des Mines, Birame Souleye Diop, en prenant part à l’atelier.
Selon lui, l’État a besoin de 411 milliards de francs CFA pour faire en sorte que tous les Sénégalais accèdent à l’électricité d’ici à 2029.
La SENELEC compte ‘’booster’’ le taux d’accès à l’électricité par la prise en charge gratuite des installations électriques intérieures et des branchements de 334 429 ménages à faible revenu au réseau, selon le ministre de l’Énergie, du Pétrole et des Mines.
La Société nationale d’électricité du Sénégal est en train de dérouler un programme de sécurisation des installations électriques de 20 000 boutiques situées dans 20 marchés, selon son directeur général.
Le taux d’accès à l’électricité à l’Est et au Sud du Sénégal est de 30%
Le ministre de l’Energie, du Pétrole et des Mines a, en marge de la 22e édition du salon international de l’Energie et du Pétrole en Afrique, magnifié les efforts significatifs de l’Etat du Sénégal en termes d’amélioration du taux d’accès à l’électricité. Il est de 98,2% en milieu urbain et de 65,58% en milieu rural soit un taux moyen de 84,3%. Mais il faudrait en toute objectivité souligner, relève Birame Soulèye Diop, qu’il y a des zones du Sénégal notamment l’Est et du Sud où le taux d’accès avoisine les 30%. C’est pourquoi, il pense que des efforts supplémentaires devront être consentis pour accélérer le taux de couverture en électricité dans ces zones.
Lutte contre le trafic de drogue
La Gendarmerie nationale intensifie les interventions sur l'ensemble du territoire national dans le cadre de la lutte contre le trafic de stupéfiants. Les éléments de la Section de Recherches de Dakar ont interpellé un individu à Ngor pour détention et trafic de drogue dure suite à l’exploitation d’un renseignement. Les pandores ont saisi 04 boulettes de cocaïne ainsi que 130 000 francs CFA. Dans le même sillage, samedi dernier, les pandores de la brigade de Koki, lors d'une intervention à Thiamène (département de Louga,Ndlr), ont saisi 03 sacs de chanvre indien d'un poids total de 103 kg, dissimulés à l’intérieur d’un véhicule. Ils ont interpellé un individu.
Décès de l’aide de camp d’Ousmane Sonko
Le Premier ministre a perdu son aide de camp hier. Le Commandant Pape Mignane Ndong est décédé hier. Ousmane Sonko dit perdre un homme exceptionnel de rigueur et de professionnalisme; de vigilance et d’attention, beaucoup d'affection à son endroit et à l’endroit de sa famille et d’humilité et de générosité dont « votre éternel sourire était le symbole figé ». Sonko regrette que leur compagnonnage s’arrête à 13 mois. « Commandant Pape Mignane Ndong, vous laissez à toute l’équipe et à moi, un vide immense»,témoigne le chef du gouvernement qui présente ses condoléances à sa famille et aux Forces armées nationales. Il révèle que le Commandant Pape Mignane Ndong devait effectuer le pèlerinage de la Mecque cette année.
Condoléances de Diomaye à la famille du Commandant Ndong
Restons sur le décès de l’aide de camp du Premier ministre pour dire que le chef de l’Etat, Bassirou Diomaye Faye, a présenté ses condoléances à la famille Ndong. C’est avec une profonde tristesse qu’il dit apprendre le décès du Commandant Pape Mignane Ndong, aide de camp du Premier Ministre Ousmane Sonko. À sa famille éplorée, au Premier Ministre ainsi qu’à toute la famille militaire, il présente ses condoléances les plus attristées.
Conseils de la police contre l’escroquerie en ligne
Face à la montée de l'escroquerie en ligne, la police prodigue des conseils aux populations. Selon la police nationale, l’escroquerie en ligne met en lumière la vulnérabilité des transactions effectuées via les réseaux sociaux, en particulier lors des ventes en direct (live) sur des plateformes comme TikTok. D’après la note, les escrocs tirent parti de la confiance entre vendeurs et clients et exploitent la rapidité des transferts d’argent mobile pour détourner des fonds en quelques minutes. Ils se présentent comme des livreurs ou des agents de service, usurpent des identités et utilisent des numéros frauduleusement enregistrés, renseigne la police. Ce que tout citoyen doit retenir, ajoutent les limiers, il faut toujours vérifier avec le vendeur officiel à travers le numéro ou la plateforme utilisée initialement ; ne jamais annuler un transfert pour le renvoyer sur un autre numéro, même si votre interlocuteur prétend appartenir à la boutique ; ne donnez jamais suite à des instructions de personnes non identifiées clairement par la boutique ; évitez de faire des paiements à la hâte pendant un live ou sous pression et prenez toujours un moment pour confirmer. La police conseille de signaler tout comportement suspect aux autorités ou à la plateforme de paiement concernée.
Saisie de drogue à Ziguinchor
Restons avec la police dont les éléments de Yamatogne, un quartier de Ziguinchor, ont interpellé trois (03) individus pour offre et cession de drogue lors d’un contrôle menée par les éléments de la Brigade de recherches à l’entrée de la ville, au pont Tobor. Dans un premier temps, renseigne la police, les investigations menées par les éléments ont abouti à la découverte dans la malle arrière d’un véhicule transportant des passagers en provenance de Bignona, un sac contenant 03 kg de chanvre indien, enveloppé dans un sachet en ciment. Interpellé sur le propriétaire, le chauffeur a indexé l’un de ses clients qui, après avoir été interrogé sommairement, a fini par avouer sans difficultés les faits et dénoncer son complice à qui il devait livrer la drogue. La poursuite de cette opération le lendemain a permis aux limiers de mettre la main sur un conducteur de moto Jakarta en provenance de Bignona en possession d’un sachet en plastique contenant 03 kg de chanvre indien. Les trois mis en cause ont été placés en position de garde à vue pour détention en vue d'offre et cession de chanvre indien.
Marche des populations de Tivaouane Diacksao
Les populations du quartier Samba Dramé plus connu sous le nom de « Diamaguène » de la Commune de Tivaouane Diacksao comptent investir les rues ce vendredi pour alerter les autorités sur les risques de spoliation de plus d’une centaine de maisons dans ce quartier qui date de 1962. A cause de litiges des familles des occupants, des maisons sont vendues. C’est pourquoi ces familles, inquiètes de leur devenir, se mobilisent pour sensibiliser les autorités étatiques sur leur triste sort.
Rebondissement dans un litige foncier à Keur Massar
Restons sur les litiges fonciers pour dire que le département de Keur Massar est toujours secoué par le contentieux sur le 1451/R qui vient de connaître un nouveau rebondissement judiciaire. Ce litige foncier qui oppose un promoteur immobilier et des personnes ayant acquis leurs parcelles à usage d’habitation auprès de la Sn Hlm a été, selon nos sources, vidé par la Cour suprême. Dans son délibéré du 02 avril 2025, la Cour suprême a cassé l’arrêt 184 de la Cour d’appel du 24 novembre 2022 qui avait tranché en faveur du promoteur. Ainsi, le terrain litigieux revient à la Sn Hlm qui a déjà vendu les parcelles à des ayants droit regroupés en Collectif.
Près de 1 000 élèves capacités par la plateforme 100% campus
Le salon du campus s'est ouvert depuis hier, à Dakar. Cette 3e édition placée sous le thème général «Éducation et Insertion : défis et perspectives pour la jeunesse africaine», a pour objectif de former 1 000 élèves en classe de terminale sur les enjeux actuels de l’éducation, de l’entrepreneuriat, du numérique, de l’environnement, et de la santé. D'après la directrice générale de la plateforme «100% campus», Salimata Zaïa Diallo, cet événement va offrir aux élèves un cadre d’orientation et d’accompagnement pour des choix académiques et professionnels éclairés. Il sera également une occasion de les mettre en relation avec les institutions, entreprises, formateurs dans une logique de partage de savoirs et d’opportunités. A l'en croire, la rencontre permet surtout de sensibiliser les élèves sur les opportunités et les dangers de l'intelligence artificielle.
Cause palestinienne
Mécontents des exactions perpétrées contre le peuple palestinien par l’État hébreu, le mouvement des «doomu daara» patriotes du département de Keur Massar veut tenir une marche pacifique à Malika ce vendredi. Selon nos sources, la marche qui aura comme point de départ le terminus de Malika aura comme point de chute le rond-point de la plage Malika
BIRAME SOULEYE DIOP MENACE DE SEVIR
Au moment où il salue la réhabilitation des terres par Gco (Grande Côte opérations), Birame Soulèye Diop, ministre de l’Energie, du pétrole et des mines, menace de sévir contre les Industries chimiques du Sénégal (Ics), qui continuent d’enterrer le silex
Au moment où il salue la réhabilitation des terres par Gco (Grande Côte opérations), Birame Soulèye Diop, ministre de l’Energie, du pétrole et des mines, menace de sévir contre les Industries chimiques du Sénégal (Ics), qui continuent d’enterrer le silex qui est un rejet minier appartenant à l’Etat.
Les Industries chimiques du Sénégal, quand elles exploitent le phosphate qui se trouve dans le sous-sol, il en découle de grosses pierres appelées silex. La roche est donc un déchet qui appartient à l’Etat et non aux Ics. Mais pendant des années, dénonce le ministre de l’Energie, du pétrole et des mines, les Ics vendaient ces pierres à 1500 le mètre cube brut transporté. «On leur avait demandé d’arrêter de vendre ce silex qui est un matériau de construction. Depuis un moment, elles l’enterrent. Quand je suis parti en visite sur place, je leur ai dit que le silex appartient à l’Etat, de ne plus l’enterrer, mais ils ont continué à le faire. Nous avons envoyé des équipes sur place pour leur demander d’arrêter d’enterrer ce matériau. Je leur ai envoyé un courrier pour leur interdire de remblayer avec le silex. Malgré tout, elles persistent. J’ai fait venir un huissier pour faire les constations et on fera les procédures nécessaires pour cela, parce qu’il faut qu’on apprenne à respecter la loi. On fera ce que la loi nous permet de faire», a déclaré le ministre de l’Energie, du pétrole et des mines, qui procédait à la clôture d’un atelier sur la gouvernance du secteur extractif organisé par son département en partenariat avec l’Association des journalistes pour la transparence dans les ressources extractives et la préservation de l’environnement (Ajtrepe).
Parallèlement, Birame Soulèye Diop a réagi par rapport aux accusations contre Grande côte opérations (Gco). Interpellé sur la réhabilitation des sites miniers lors de cette rencontre, le ministre de l’Energie, du pétrole et des mines a salué le travail qu’effectue cette société d’exploitation minière spécialisée dans l’extraction du zircon, du rutile et de l’ilménite. «L’eau utilisée par Gco n’est pas tirée de la nappe phréatique, mais de la nappe maastrichtienne. Gco est la seule entreprise au Sénégal qui fait de la réhabilitation permanente. Elle utilise une drague qui ne cape que 2% du sable décapé. Tout le reste est rejeté automatiquement.
Cette information est confirmée par le ministère de l’Environnement. Elle a fait de la réhabilitation et a replanté des arbres. Ils m’ont montré des arbres qui poussaient sur place.
Une étude a démontré que l’eau n’a pas été infectée. Lorsqu’il y a la clameur, le président de la Commission de l’énergie et des ressources minérales à l’Assemblée nationale, le député Babacar Ndiaye, a fait le déplacement. Il a fait les mêmes constatations, idem pour le Comité national Itie», a déclaré le ministre à la clôture d’un atelier sur la gouvernance du secteur extractif organisé par son département en partenariat avec l’Association des journalistes pour la transparence dans les ressources extractives et la préservation de l’environnement (Ajetrepe).
Dans le cadre de ses activités, Gco est accusée d’avoir porté atteinte à l’environnement et à la nappe phréatique.
«Nous avons visité les villages impactés pour échanger avec tout le monde. On ne s’en est pas limités là. On a envoyé une mission conduite par le Directeur général des mines et de la géologie pour s’enquérir de l’évolution, mais le constat est le même. Ils ont fait des efforts, mais nous allons continuer le suivi», assure Birame Soulèye Diop. Pour lui, les efforts de transparence qui sont en train d’être faits dans le domaine du pétrole seront poursuivis et élargis aux autres sous-secteurs, notamment l’énergie et les mines, sans occulter les impacts environnementaux des projets qu’ils ont la responsabilité de suivre de très près pour en assurer la gouvernance responsable. «L’exploitation des hydrocarbures, la richesse de notre sous-sol et notre potentiel en énergies renouvelables nous placent devant une immense opportunité. Mais cette richesse naturelle ne vaut que par la manière dont elle est gouvernée. Car si les ressources sont un don, la bonne gouvernance, elle, est un choix. Et ce choix, nous l’avons fait : celui de la transparence, de la responsabilité et du dialogue citoyen», a dit le ministre lors de son discours d’ouverture de l’atelier, lundi.