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9 juin 2025
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LES DÉTAILS QUI ACCUSENT GLADIMA
Le projet de centre gravimétrique pour les orpailleurs de Kédougou s'avère être une coquille vide. Le rapport présenté ce 8 mai à l'Assemblée nationale révèle comment 73,2 millions ont été déboursés pour des travaux inexistants
Ce jeudi 8 mai 2025, l'Assemblée nationale a examiné un projet de résolution portant mise en accusation de l'ancienne ministre des Mines et de la Géologie, Aissatou Sophie Gladima, devant la Haute Cour de Justice.
Selon le rapport présenté en séance plénière, Mme Gladima est accusée de malversations dans la gestion d'une enveloppe d'un milliard de francs CFA issue du fonds Force Covid-19. Ces fonds étaient destinés à la construction d'un centre gravimétrique à Kédougou pour soutenir les orpailleurs impactés par la pandémie.
L'enquête a révélé que la ministre aurait autorisé le versement de 73,2 millions de francs CFA à la société commerciale du groupe ISA (SCGI) pour des travaux qui n'avaient pas encore démarré, en violation flagrante des règles de la comptabilité publique. De plus, une transaction de 80 millions destinée à l'achat de matériel aurait été effectuée de manière informelle via un opérateur de transfert aux allées Papa Guèye Fall à Dakar, plutôt que par virement international.
Le préjudice total est provisoirement évalué à 193,1 millions de francs CFA. La commission des lois de l'Assemblée nationale a adopté à la majorité le projet de résolution, estimant que les faits révèlent des indices graves d'association de malfaiteurs, détournement de deniers publics, escroquerie et blanchiment de capitaux.
Conformément à l'article 101 de la Constitution, les membres du gouvernement sont pénalement responsables des actes accomplis pendant l'exercice de leurs fonctions, et c'est donc devant la Haute Cour de Justice que Mme Gladima devra répondre de ces accusations.
Par Ramatoulaye SECK
DES MILLIONS DANS LES COFFRES DE L’ETAT, MAIS OU SONT LES BENEFICES POUR LES SENEGALAIS ?
Exploitation pétrolière au Sénégal, Février 2025 symbolise une étape décisive : le Sénégal raffine pour la première fois son propre pétrole.
Les premières traces d’hydrocarbures au Sénégal remontent à 1917, avec la découverte de bitume dans des formations calcaires. En 1932, des indices de gaz et de pétrole sont également détectés lors d’un forage d’eau aux environs de Dakar. Ces signaux précoces marquent le point de départ d’une aventure énergétique de long terme.
C’est en 1952 que débute officiellement la recherche structurée, sous l’égide du Bureau de recherches pétrolières (Brp). Entre 1952 et 1977, 122 puits d’exploration sont forés en onshore par la Société africaine des pétroles (Sap) et la Compagnie des pétroles Total Afrique de l’Ouest (Copetao). Une relance des activités entre 1966 et 1979 permet le forage de 29 puits supplémentaires, majoritairement en offshore. Puis, face au ralentissement causé par le second choc pétrolier de 1979, l’Etat met sur pied la Société des pétroles du Sénégal (Petrosen) en 1981, redonnant ainsi un nouvel élan à la dynamique de recherche. Depuis, 53 puits ont été forés en offshore comme en onshore.
Les découvertes majeures réalisées entre 2014 et 2018 dans les blocs de Sangomar, Saint-Louis et Cayar marquent un tournant historique. Dans la zone de Gadiaga/Sadiaratou, le gaz est même exploité depuis 1997.
Février 2025 symbolise une étape décisive : le Sénégal raffine pour la première fois son propre pétrole. Dans un communiqué en date du 13 février, la Société africaine de raffinage (Sar) annonce avoir traité 650 000 barils de pétrole brut issus du champ de Sangomar, générant 90 000 tonnes de produits tels que gasoil, kérosène, essence et gaz butane. Ce raffinage national représente une avancée significative vers la souveraineté énergétique, avec l’ambition de réduire le coût de l’électricité et de créer une valeur ajoutée locale.
Dans ce même élan, l’Initiative pour la transparence dans les industries extractives (Itie) a publié son rapport pour le premier semestre 2024. Elle révèle que le secteur extractif a généré 236 milliards de francs Cfa dont 225 milliards ont été versés au budget de l’Etat. Si ce chiffre témoigne d’une contribution réelle à l’économie nationale, il soulève toutefois une question cruciale : comment ces ressources seront-elles redistribuées pour bénéficier directement à la population, notamment à la jeunesse ?
Car le défi est immense. Selon les données du cinquième Recensement général réalisé par l’Ansd, la moitié de la population sénégalaise a moins de 19 ans et les moins de 15 ans représentent 39% de l’ensemble des résidents. Plus largement, les moins de 35 ans constituent 75% de la population en 2023. En parallèle, le taux de chômage s’élève à 20, 3%, et l’inflation persiste, grignotant le pouvoir d’achat des ménages et accentuant la précarité.
Dès lors, l’enjeu n’est plus uniquement économique ou technique, il est politique et social. Il s’agit de faire des ressources naturelles un véritable levier de développement inclusif, à travers des choix stratégiques orientés vers la création d’emplois durables, l’amélioration des systèmes de santé et d’éducation, la stabilisation des prix et la modernisation des infrastructures.
Le Sénégal se trouve à un tournant historique. L’avenir dépendra de la capacité des décideurs à traduire les promesses énergétiques en résultats concrets pour la population. Transparence, équité, efficacité : telles doivent être les pierres angulaires d’une gouvernance responsable des ressources extractives.
Sources : Site officiel de Petrosen, Bbc News Afrique, Rapport Itie 2024, Ansd – Recensement général 2023.
Ramatoulaye SECK
Journaliste
Par El Hadji SAMB
EMPLOI ET EMPLOYABILITE DES JEUNES : UN PROBLEME STRUCTUREL AUX MULTIPLES REPONSES CONJONCTURELLES
Le prisme de la politique d’emploi et/ou de l’employabilité n’est pas inféodé aux réalités des contrées locales et ne tiennent souvent pas compte des vérités endogènes.
La question de l’emploi et de l’employabilité des jeunes au Sénégal reste une sempiternelle question qui transcende les différents gouvernements qui se sont succédé depuis la première alternance en 2000. On est en droit de penser que ce problème social rappelle les contours d’une action sisyphienne à laquelle on est incapable de trouver une solution. Maintes politiques publiques sont, parfois, mort-nées avant même leur mise en œuvre, car en analysant leurs soubassements, on se rend compte que la plupart de ces politiques sont pensées soit en référence à des modèles exogènes souvent dictés par les partenaires au développement, soit par un groupe d’experts ou de cabinets, dans leurs bureaux feutrés, en parfaite déphasage avec les attentes des jeunes.
Le prisme de la politique d’emploi et/ou de l’employabilité n’est pas inféodé aux réalités des contrées locales et ne tiennent souvent pas compte des vérités endogènes. Une approche plus holistique s’impose à tous les niveaux, depuis les contrées les plus reculées. Il s’agit de prendre globalement la problématique de l’emploi et de l’employabilité comme une résultante d’une analyse «bottum up» pour construire la charpente faîtière qui soutient la stratégie nationale. Ainsi, le schéma inverse nous renvoie-til à d’éternelles répétitions qui restent chronophages et énergétivores, et ne bénéficient qu’aux concepteurs et penseurs très déconnectés des réalités des cibles. En optant un peu pour une vision panoramique, l’on se rend compte que le problème n’est pas celui de l’offre de formation (il y en a en abondance) ou de structures pouvant en offrir, mais c’est plutôt le pilotage qui constitue le talon d’Achille. D’abord au niveau central, les structures en charge de l’emploi et de l’employabilité font florès et promeuvent plusieurs mécanismes de capacitation des demandeurs de formation ou des primo demandeurs qui intègrent le marché de l’emploi. Cependant, l’absence de synergie d’actions et la querelle de leadership transgressent les compétences des unes et des autres. Chaque démembrement, quand bien même avec des missions très claires, change de posture et de trajectoire vis-à-vis de la lettre d’organisation de leurs ministères. Des bras techniques (projets ou programmes) s’érigent en directions de plein exercice et maintiennent le flou sur l’organisation hiérarchique.
Pour une meilleure cohérence et une plus grande coordination dans la gestion de l’employabilité et de l’emploi des jeunes, il faudrait procéder à une restructuration et une fusion de certaines directions (Direction de l’orientation professionnelle et Direction de l’insertion), à une centralisation des données sur les formés, les insérés -quel qu’en soit le type- à travers un fichier central dédié et logé dans une agence qui sera le trait d’union entre les entreprises et les demandeurs d’emploi, mais aussi qui centralise toutes les informations sur les opportunités que peuvent avoir les formés qui veulent se lancer dans l’auto-emploi afin de maintenir le continuum pour une meilleure socialisation des jeunes par ces dits concepts.
Enfin, il faut décentrer les offres de formation en fonction des spécificités des communautés locales et développer des initiatives qui favorisent leur participation dans la mise en œuvre des politiques en matière d’emploi (mise à disposition de terres pour la mise en place de micro-unités de production), identification des niches de formation, d’emploi ou toute autre opportunité adjuvante.
Certes la contribution du Fonds de financement de la formation professionnelle et technique (3Fpt) -comme tant d’autres- participe grandement à la formation et au relèvement du niveau d’employabilité des jeunes, mais cette contribution va paraître dérisoire sans l’apport du secteur privé qui doit prendre des «risques» pour investir, en amont, sur les apprenants durant leur parcours scolaire, universitaire ou professionnel. Aussi, les structures de financement étatiques et non étatiques doivent-elles s’aligner en simplifiant les mécanismes d’octroi de fonds qui -de facto- tuent l’initiative par des exigences de garantie non accessibles aux jeunes.
D’autres facteurs bloquant la volonté des autorités de généraliser la formation, maillon indispensable dans la chaîne de l’employabilité, reste l’aberration du critère d’âge qui empêche sérieusement l’accès au plus grand nombre de jeunes à la formation professionnelle ou à un métier (le Brevet de technicien). Et un point non moins important qui verrouille aussi l’accès à la formation, et donc à l’employabilité, témoigne de la désuétude des textes réglementaires qui régissent les examens et concours, avec des dispositions très anachroniques (textes désuets datant des années 70) au regard des nouveaux enjeux de développement très inféodés au digital.
En somme, l’emploi et l’employabilité ne sauraient s’imposer à leurs destinataires, mais ils doivent demeurer un construit social muable qui s’adapte à chaque instant, face à de nouvelles problématiques très changeantes et à des cibles de plus en plus exigeantes sur leur devenir avec une forte envie de s’autonomiser pour intégrer le tissu économique. Par conséquent, vouloir extirper les jeunes de la chaîne de décision revient à poser simultanément les prémices de l’échec ou de la désillusion. L’adage dit : «Tout ce qui se fait pour moi sans moi est contre moi.»
El Hadji SAMB
Formateur scout Responsable de l’insertion au Cfpc Delafosse
«MARAM KAIRE», UN APPEL A LA JEUNESSE SENEGALAISE
Diama Amadou Badji, plus connu de son d’artiste Anaké, a rendu un vibrant hommage à Maram Kairé. L’artiste reggae natif de la Casamance a dédié un single à l’astronome sénégalais Maram Kairé dont le nom brille désormais dans le ciel avec l’astéroïde 35462
Pour rendre un vibrant hommage à l’astronome sénégalais dont le nom a été donné à un astéroïde, l’artiste reggae Anaké a sorti, le 2 avril dernier, son dernier single «Maram Kairé». Un single hommage, mais surtout un appel à l’action, une exhortation à chaque Sénégalais à contribuer à l’essor du pays par le savoir, l’innovation et l’engagement citoyen.
Diama Amadou Badji, plus connu de son d’artiste Anaké, a rendu un vibrant hommage à Maram Kairé. L’artiste reggae natif de la Casamance a dédié un single à l’astronome sénégalais Maram Kairé dont le nom brille désormais dans le ciel avec l’astéroïde (35462). Ce dernier single, Maram Kairé, est sorti sur toutes les plateformes depuis le 2 avril 2025. Une manière pour Anaké de rappeler que la réussite africaine ne se limite pas à la scène ou au sport, mais elle peut aussi briller dans le ciel. «Maram Kairé, un single inspirant, porteur d’un message universel d’ambition et de persévérance. Et avec ce dernier single, Anaké met en lumière l’exploit d’un compatriote tout en portant un message fort : la réussite est possible en Afrique», lit-on dans un communiqué qui nous est parvenu. Ce titre est autant une célébration qu’un manifeste. «Ce single est un hommage, mais surtout un appel à l’action, une exhortation à chaque Sénégalais à contribuer à l’essor du pays par le savoir, l’innovation et l’engagement citoyen», est-il encore précisé dans le document. Ce nouveau titre, fusion envoûtante de reggae, afro, drill, mbalax et rythmes sénégalais, s’inscrit dans la trajectoire musicale d’un artiste engagé, polyglotte et panafricaniste.
Anaké, qui est né et a grandi en Casamance, a d’abord exploré le hip-hop avant de faire du reggae son terrain d’expression en 2015, y intégrant des sonorités de sa région natale. «Son style singulier fusionne les rythmes traditionnels de sa région natale avec l’essence du reggae, créant une musique riche et profondément ancrée dans son héritage culturel. Polyglotte, il chante en wolof, diola, mandingue, français et anglais, illustrant ainsi la diversité linguistique et culturelle du Sénégal», ajoute le communiqué. Cette musicalité hybride, portée par la production originale du beatmaker Ziggy Beatz, donne à Maram Kairé une profondeur sonore unique, entre enracinement et modernité.
Dans Maram Kairé, cette volonté d’élever les consciences rencontre un écho particulier. Car, en choisissant de mettre à l’honneur un scientifique, l’artiste reggae Anaké fait un geste politique fort. Il renverse les projecteurs et s’adresse à la jeunesse sénégalaise. «Maram Kairé s’adresse directement à la jeunesse sénégalaise, l’invitant à croire en ses rêves et à poursuivre l’excellence, notamment dans les sciences, un domaine encore sous-exploité sur le continent», insiste le communiqué. Un message que Lamine Ba, journaliste culturel et rédacteur en chef au bureau Afrique de l’Ouest de la plateforme Music in Africa, résume en ces mots : «Avec Maram Kairé, son dernier single sorti le 2 avril 2025, l’artiste trace une nouvelle orbite dans le ciel de la musique sénégalaise, dédiée à un homme d’exception : le Dr Maram Kairé, astronome dont le nom brille désormais sur l’astéroïde (35462). Et à travers lui, Anaké rend hommage à une Afrique savante, digne et debout.»
Qui est Anaké ?
Engagé en faveur du panafricanisme, Anaké utilise sa musique comme un moyen de sensibilisation et de revendication. Ses chansons, précise le document, «abordent des thèmes sociaux et politiques cruciaux tels que la préservation des traditions africaines, la lutte contre la corruption et la promotion de l’équité et des droits des femmes». Au fil des années, Anaké a conquis le public sénégalais et gambien, se produisant sur diverses scènes à Dakar et au-delà. «Ses collaborations avec d’autres artistes, notamment Ombre Zion, ont contribué à enrichir son répertoire musical et à élargir son influence», lit-on dans le document. Toutefois, des titres comme Un monde meilleur, paru en juillet 2024, Burn dem all, Beautiful women et Casa Moussol «témoignent de son engagement indéfectible», note le document.
MOUSTAPHA DIOP FACE A UN ORAGE JUDICIAIRE
Après la double levée de son immunité parlementaire, Moustapha Diop, en compagnie de Mansour Faye, Ndèye Saly Diop Dieng, Ismaïla Madior Fall et Sophie Gladima, sera traduit devant la Haute cour de justice, si les députés votent sa mise en accusation
Moustapha Diop, ainsi que 4 autres anciens ministres, sera aujourd’hui fixé sur son sort : sera-t-il traduit devant la Haute cour de justice avec le vote, ce matin, de sa mise en accusation dans le cadre de la gestion des fonds Covid19, en plus de l’affaire Tabaski Ngom ? Si l’issue ne fait aucun doute, le maire de Louga se retrouve au cœur d’un ouragan judiciaire. Alors qu’il a toujours voulu rester dans l’ombre durant son passage dans les différents ministères.
Avant la fin de la journée, son destin sera scellé. Après la double levée de son immunité parlementaire, Moustapha Diop, en compagnie de Mansour Faye, Ndèye Saly Diop Dieng, Ismaïla Madior Fall et Sophie Gladima, sera traduit devant la Haute cour de justice, si les députés votent ce matin sa mise en accusation. C’est un faux suspense si l’on sait que la majorité de Pastef va valider la demande comme lettre à la poste. D’aussi longtemps que l’on se souvienne, c’est la première fois que l’on retrouve un ministre sous le coup d’une double traduction devant la Haute cour de justice.
Pour le maire de Louga, c’est une chevauchée vers l’inconnu après avoir incarné la toutepuissance durant les 12 ans du régime Sall. Du ministère de la Microfinance à l’Industrialisation, Moustapha Diop a cultivé une forme de discrétion qui n’a jamais collé à son pouvoir politique. Il n’était pas bavard et avait réussi à «s’invisibiliser», tout en restant un acteur majeur de la vie politique. Pas d’interview ni de sorties fracassantes, même si ses opinions arrivaient à ses destinataires grâce à d’autres courroies de transmission informationnelle.
Lors de la première levée de son immunité parlementaire, on découvrait presque le timbre de sa voix dans les travées d’une Assemblée nationale tombée sous le charme de sa décision de se battre pour laver son «honneur» après les accusations de Tabaski Ngom. C’était le 21 mars. Devant ses collègues députés, Moustapha Diop, tel un avocat, a demandé à ce que son immunité parlementaire soit levée, avant que les députés ne procèdent au vote de celle-ci. «Je n’ai rien à craindre, je ne crois qu’en Dieu. Je suis un talibé de Serigne Touba. Je vous demande, vous députés du pouvoir et de l’opposition, de lever, à l’unanimité, l’immunité parlementaire que le Peuple et la loi m’ont conférée», a ainsi déclaré le député Moustapha Diop.
Il avait invité ses collègues à «se ressaisir» en dénonçant un «précédent dangereux», assurant qu’il n’avait rien à se reprocher : «jusqu’à l’extinction du soleil, personne ne pourra sortir un papier signé par moi ou un audio demandant à Tabaski Ngom de me prêter de l’argent», défie Moustapha Diop. Ce dernier soutient que son chauffeur, cité dans cette affaire, «a réfuté» avoir reçu de l’argent de Tabaski Ngom devant les enquêteurs, tout en demandant qu’une confrontation se fasse. Mieux, Moustapha Diop a indiqué que les autres personnes citées également dans cette affaire ont nié avoir reçu de l’argent de son accusatrice qu’il dit avoir connue en 2022. «Il a été demandé à Tabaski Ngom : «Combien avez-vous prêté à Moustapha Diop ?» Elle a répondu en laissant les 700 millions de francs Cfa pour dire que je lui dois 300 millions de francs Cfa. On lui a demandé d’apporter ses preuves, elle répond que je l’ai maraboutée», raconte le député Moustapha Diop. Tout est parti d’un soutien que son accusatrice a tenu à lui apporter en disant lui rendre l’ascenseur après l’avoir aidée, dit-il, à se sortir d’une difficulté qu’elle avait connue dans le passé, tout en soulignant que son accusatrice a vanté sa générosité pour le soutien qu’il apporte aux autres, selon lui. C’est sous ce rapport que Tabaski Ngom l’a informé avoir dépensé de l’argent pour l’appuyer dans le cadre politique, en lui faisant savoir qu’elle a déboursé 20 millions de francs Cfa durant la campagne électorale des Législatives.
Passé/Présent
Sans doute, le maire de Louga pensait que c’était le seul dossier qui le rattraperait. Mais, l’affaire des fonds Covid19 a explosé avec la même soudaineté que la pandémie qui avait ravagé le monde. Ce vendredi 2 mai 2025, l’Assemblée nationale du Sénégal a voté la levée de l’immunité parlementaire de Moustapha Diop, ancien ministre du Développement industriel et députémaire de Louga, dans le cadre de l’enquête sur la gestion des fonds Covid-19. Il est soupçonné de détournement de deniers publics portant sur 2, 5 milliards de francs Cfa. Devant les députés, le ministre de la Justice, Ousmane Diagne, note que «les procès-verbaux transmis par le Procureur général près la Cour d’appel de Dakar et le rapport de la Cour des comptes révèlent des irrégularités». D’après le Garde des sceaux, il a bénéficié de 2, 5 milliards F Cfa pour acheter 6, 2 millions de masques. Les paiements effectués en espèces rendent la traçabilité difficile. «Le gestionnaire du compte a admis avoir retiré les fonds via des chèques à des tiers pour payer les fournisseurs en liquide, sur instruction de Diop, violant l’article 104 du décret n°2020-2978 du 23 avril 2020 exigeant chèques ou virements. Le Secrétaire général a confirmé que Diop a choisi les fournisseurs et mandaté le directeur de l’Administration générale pour les contrats», ajoute l’ex-procureur de la République.
Toutefois, Moustapha Diop tente de minimiser les accusations portées contre lui : «Cet argent, ce n’est qu’une somme modique. Les 2, 5 milliards, c’est 0, 025% des fonds. C’est comme prendre une tasse d’eau de la mer. Où sont ceux qui avaient 500 milliards, 400, 300 milliards. Pourquoi moi ?» Cette déclaration jurait avec celle de la première fois où il avait affiché un détachement et une certaine sérénité, supplantés par la fragilité de se retrouver avec deux accusations qui pourraient plomber sa carrière politique en solo après sa rupture avec l’Apr depuis la Présidentielle de mars 2024.
Evidemment, la vie étant un long fleuve pas du tout tranquille, le maire de Louga est rattrapé par un rapport de la Cour des comptes dont les auditeurs avaient buté sur sa toute-puissance du temps du régime de Benno. A l’époque, il les avait éconduits et avait refusé de se soumettre à des vérifications sur sa gestion de la Microfinance en 2015. Il l’avait toujours démenti… Maintenant, c’est un rapport de l’institution de contrôle qui est à l’origine de ses déboires judiciaires. Le karma ?
Par Ibou FALL
MACKY A BERLIN, DIOMAYE A LIBREVILLE, MABOUBA A NOUAKCHOTT
Ça fait les gros titres de la presse et ne doit certainement pas faire plaisir aux nouvelles autorités sénégalaises : Macky Sall invité d’honneur du Global Solutions Summit à Berlin, pour parler de l’avenir de la planète, et qui casse la baraque en posant comme l’avocat de l’Afrique -excusez du peu ! La seule ombre au tableau cette semaine : son fils, Amadou Sall, reçoit également une invitation du… Parquet judiciaire financier qui souhaite le cuisiner sur des imbroglios à milliards de nos misérables Cfa. Y’a des invitations qu’on ne se presse pas d’honorer, n’est-ce pas ?
Rien à voir avec le p’tit saut de puce du chef de l’Etat, Bassirou Diomaye Faye, invité à l’investiture du nouveau Président gabonais, Brice Clotaire Oligui Ngéma, tombeur du clan Bongo avec lequel il a des liens de famille, qu’il aura servi pendant longtemps.
L’hôte de Bassirou Diomaye Faye est un militaire, putschiste reconverti en démocrate, qui vient de se faire élire par 90% des votes. A la belle époque des régimes totalitaires, ça qualifie de «soviétique» ce genre de score.
Je serais Président sénégalais, je me garderais de poser le moindre orteil à cette sorte de sacre. J’y enverrais pour faire joli quelque gros calibre avec une recommandation : rester muette comme une carpe, répondre par des sourires aux questions des journalistes et être dans un coin reculé de la tribune où ni photo ni caméra ne peuvent immortaliser sa présence au moment de l’instant fatidique de la photo-souvenir. D’abord, et surtout, pour ce que la démocratie sénégalaise représente sur le continent et même dans le monde..
Ensuite, pour une raison pratique, bassement matérielle : qu’est-ce que le Gabon actuel peut-il bien apporter au Sénégal ? Le pays de Brice Clotaire Nguéma n’est plus l’émirat pétrolier de Omar Bongo.
Omar Bongo, de son vivant, pèse lourd sur l’échiquier françafricain, faisant et défaisant des carrières à Paris où alors tout se décide pour ce qui est des anciennes colonies françaises. Albert Bernard Bongo, ancien employé des Postes, est un agent des renseignements français à ses heures perdues : c’est le marchepied dans sa drôle de trajectoire qui le conduit au cœur du pouvoir gabonais avant qu’il ne s’en empare avec la bénédiction de son mentor, Jacques Foccart. Dans quelle case faut-il ranger ce païen reconverti au catholicisme juste avant de rencontrer le Pape dans les années soixante-dix, qui devient le musulman Omar pour se sentir plus en famille à l’Opep ? Le vieux briscard poussera le bouchon jusqu’à faire de Libreville la capitale politique française où toute la politicaille se bouscule pour ramener des mallettes remplies de cash.
Vous l’aurez compris, Bongo, le père, du haut de son mètre cinquante, est un sacré personnage, et pas seulement à cause de sa trentaine d’épouses et concubines, qui lui donnent sa cinquantaine de lardons.
Il n’est donc pas très judicieux, en Afrique francophone, au temps de sa splendeur, de le vexer… Certes, la chasse aux biens mal acquis ternira son aura et il sera quasiment indésirable sur le sol français. C’est en Espagne qu’il finit ses jours, les hôpitaux parisiens lui étant inaccessibles.
Son fils, Ali, sera installé quasiment au forceps, au grand dam de sa sœur, Pascaline, qui serait, du vivant de leur paternel, l’éminence grise, l’âme damnée du pouvoir à Libreville. Ali Bongo remportera des élections si controversées que Libé, le quotidien français, en raillera les résultats depuis sa «Une» : «Ali Bongo et les quarante pour cent…» A la mort de Omar Bongo, l’influence gabonaise perd de sa superbe. C’est un impotent qui gouverne, s’accroche au fauteuil présidentiel avec ce qui lui reste d’énergie, c’est-à-dire pas grand-chose. Lorsque les soldats de sa garde prétorienne le déposent en douceur, il est cuit, en dépit de ses appels à «faire du bruit».
Le président de la Transition, Brice Clotaire Oligui Nguéma, est du même fief que les Bongo, et sa mère serait une cousine plus ou moins proche du clan. Ça aurait pu être plus sanglant, en effet.
De fil en aiguille, à force de manœuvres, le nouveau maître du pays se retrouve candidat à la Présidentielle qu’il remporte les doigts dans le nez.
C’est ainsi que Bassirou Diomaye Faye se retrouve à une cérémonie d’investiture durant laquelle, selon les journaux sénégalais reconnus par le ministre de la Communication, il aurait volé la vedette aux invités en se faisant applaudir à tout rompre par les badauds. C’est sûr, la communauté sénégalaise du Gabon a dû s’en rengorger, surtout qu’il l’a rencontrée.
Oui, mais après, quels avantages le Sénégal peut-il bien tirer de ce voyage ?
Ce n’est pas comme celui du ministre de l’Elevage qui, comme ses prédécesseurs depuis plusieurs décennies, à l’approche de la Tabaski, prend sur sa petite personne la responsabilité de faire en sorte qu’il y ait des moutons sur tout le territoire
Je ne sais pas si je suis seul dans mon cas, mais ça me fait bizarre de savoir qu’un ministre de la République se charge de ces questions avec autant de dévouement. Mabouba Diagne que le Premier ministre mauritanien reçoit, entouré de ses collaborateurs dont l’homologue chargé de l’Elevage, est-il vraiment obligé de s’en charger ?
Les chevillards, les éleveurs, les investisseurs privés qui cherchent à «réussir un coup» durant les sempiternelles «Opérations Tabaski» n’y suffisent-ils pas ? Y’a un truc qui m’échappe…
Mais, surtout, de grâce : la scène du Président qui va marchander ses deux moutons de Tabaski, on pourrait s’en passer cette année ?
LA PROCÉDURE IMPLACABLE DE LA HAUTE COUR
Une démarche exceptionnelle et sans appel pourrait s'enclencher dès aujourd'hui contre cinq anciens ministres. Si l'Assemblée nationale vote leur mise en accusation devant la Haute Cour de justice, le processus devrait s'accélérer drastiquement
Cinq anciens ministres du régime précédant — Mansour Faye, Aïssatou Sophie Gladima, Ismaïla Madior Fall, Moustapha Diop et Salimata Diop — seront fixés sur leur sort ce jeudi. Les députés de la 15ᵉ législature examineront, en séance plénière, la résolution portant leur mise en accusation devant la Haute cour de justice. Que se passera-t-il après cette étape ?
La 15ᵉ législature doit se prononcer ce 8 mai sur leur comparution éventuelle devant cette juridiction d’exception, seule compétente pour juger les membres du Gouvernement pour des actes commis dans l’exercice de leurs fonctions, conformément à la Loi n° 2002-10, modifiée par les lois de 2008 et 2012. Les accusations portent principalement sur la gestion du Fonds Force Covid-19, à l’exception de l’ancien Garde des Sceaux. Tous sont cités dans une correspondance officielle du ministre actuel de la Justice, Ousmane Diagne, adressée à l’Assemblée nationale.
Si la mise en accusation est adoptée, la résolution est immédiatement transmise par le président de l’Assemblée nationale au procureur général. Celui-ci dispose alors de 24 heures pour en notifier le président de la Haute Cour de justice et celui de la Commission d’instruction.
La Commission est convoquée sans délai. Chaque personne mise en cause est invitée à choisir un avocat, à défaut de quoi un défenseur est désigné d’office, assurant le respect du droit à une défense effective dès l’ouverture de la procédure.
Le président de la Commission peut, avant même sa première réunion, accomplir des actes d’information (comme délivrer des mandats), qui devront ensuite être confirmés en séance plénière. Il est également possible de déléguer certaines missions à d’autres magistrats, agissant avec voix consultative — un compromis entre efficacité procédurale et respect de l’indépendance judiciaire.
L’article 23 de la loi organique prévoit que la Commission agit selon les règles du Code de procédure pénale, notamment celles relatives aux droits de la défense. Toutefois, ses actes ne peuvent faire l’objet d’aucun recours, conférant à cette instance une autorité renforcée par l’irrévocabilité des nullités non soulevées avant la décision de renvoi.
La Commission ne peut pas requalifier les faits mentionnés dans la résolution de mise en accusation. En cas d’apparition de faits nouveaux, elle doit transmettre le dossier au procureur général, qui peut saisir à nouveau l’Assemblée nationale pour étendre la procédure. Cette rigidité vise à préserver le contrôle parlementaire sur toute évolution de la mise en cause.
Le ministère public et la défense disposent d’un droit d’initiative dans l’enquête : convocation de témoins, confrontations, participation aux actes d’instruction.
En revanche, la loi exclut toute constitution de partie civile devant la Haute cour : les victimes éventuelles doivent se tourner vers les juridictions de droit commun pour faire valoir leurs droits à réparation.
Ce cloisonnement illustre la séparation stricte entre la fonction répressive et la fonction indemnitaire.
LES LIONCEAUX ABATTENT LEURS DERNIERES CARTES
Le Sénégal affronte ce jeudi 8 mai au stade de Suez en Egypte, la RD Congo dans le cadre de la 3e et ultime journée du groupe C de la CAN U20.
L’équipe du Sénégal des moins de 20 ans joue, ce jeudi 8 mai sa qualification avec le duel qui l’opposera à la RD Congo pour le compte de la troisième journée de la poule C. Accrochés d’entrée par le RCA (1-1) et surpris par le Ghana (10), les tenants du titre sénégalais n’ont d’autres options que la victoire pour espérer décrocher l’un des deux places qualificatives en quart de finale.
Le Sénégal affronte ce jeudi 8 mai au stade de Suez en Egypte, la RD Congo dans le cadre de la 3e et ultime journée du groupe C de la CAN U20. Neutralisés d’entrée (1-1) par la République centrafricaine (RCA) puis surpris par les Blacks satellites du Ghana (1-0), les Lionceaux ont sérieusement compromis leur chance de qualification. Seule une victoire face aux juniors congolais combinée à celle de la RCA devant le Ghana, leur permettrait d’atteindre les quarts de finale et poursuivre la quête d’une nouvelle étoile continentale. La tâche est pour le moins compliquée pour le tenant du titre sénégalais face au leader du groupe. Avec un nul et un large succès face à la Centrafrique (3-1), les Léopardeaux de la RDC ont 4 points.
GAGNER OU RENTRER À LA MAISON
« Maintenant, c’est une finale qui nous attend contre la RDC. Il n’y a pas d’autre solution : soit on gagne, soit on rentre à la maison. Je pense qu’on donnera le meilleur de nous-mêmes pour aller chercher cette victoire », avait prévenu Serigne Saliou Dia, après la défaite face au Ghana. Le coach des champions d’Afrique aura certainement une bonne idée de ce qui l’attend devant un adversaire qu’il a croisé lors de la phase de préparation en mars dernier. C’était à travers deux matchs amicaux disputés au stade Lat Dior de Thiès. Les Lionceaux avaient remporté le premier match en s’imposant sur la marque de (2-0), avant de concéder le nul lors de la deuxième rencontre. L’autre match de la poule C va opposer le Ghana à la RCA. Les Blacks Satellites occupent la deuxième place de la poule, avec 4 points.
LES «LIONS» FACE AU DEFI TRANSALPIN
Le Sénégal affrontera ce jeudi 8 mai, l’Italie en quart de finale de la Coupe du monde de Beach soccer qui se déroule au Seychelles.
Le Sénégal affrontera ce jeudi 8 mai, l’Italie en quart de finale de la Coupe du monde de Beach soccer qui se déroule au Seychelles. Après trois probants succès en phases de poule, les Lions du football de plage ont une belle occasion d’écrire une nouvelle page d’histoire en se hissant pour la deuxième fois dans le dernier carrée et de poursuivre leur quête du titre mondial qui leur échappe jusqu’ici.
L ’équipe du Sénégal va chercher ce jeudi 8 mai à partir de 15h, son ticket pour le dernier carré de la Coupe du monde de Beach Soccer qui se joue aux Seychelles. Après avoir survolé la poule avec de larges succès devant l’Espagne, Tahiti et Chili, les Lions du football de plage affrontent en quart de finale l’Italie, une équipe qui a terminé deuxième de son groupe D derrière le Brésil. Pour la première fois en neuf participations au Mondial, les champions d’Afrique sont parvenus à inscrire neuf points sur neuf possibles en phase de groupes. Avec cette historique performance, ils avaient fini de laisser un message dans le tournoi. Les coéquipiers de Al Seyni Ndiaye, de Seydina Mandione Diagne et autres Ninou Diatta ont aujourd’hui tous les atouts en main leur permettant de franchir un nouveau cap dans l’échiquier mondial. Mais la tâche ne s’annonce pas simple devant un adversaire connu. Le coach Ngalla Sylla a sans doute pris la bonne mesure de l’équipe transalpine que ses protégés ont déjà affronté en préparation avec au bout, une nette victoire (4-2).
«Le Sénégal a été éliminé l’année dernière au premier tour. Il fallait montrer que c’était une erreur. Après, il fallait tourner la page et travailler davantage. Aujourd’hui, on a confirmé que le Sénégal, est une grande nation de Beach soccer Alhamdoulilah. Maintenant, il faut se concentrer parce qu’on a un grand Italie devant nous, des vices champions du monde. Donc, on n’a pas le choix », a prévenu le technicien sénégalais. Le Sénégal aura également l’occasion de solder ses comptes et de prendre une revanche sur cet adversaire qui avait réussi à le surclasser en quart de finale (5-1) et lui ravir le ticket des demifinale du Mondial 2017.
En cas de qualification les Lions devrait croiser en demi-finales, le Portugal ou le Japon. Les Lions ont l’ambition d’écrire une nouvelle page glorieuse de leur histoire dans cette Coupe du Monde de football de plage qui leur échappe jusqu’ici. Il y a deux ans, lors de la dernière édition de la Coupe du monde organisée par la Russie, les Lions avaient réussi un véritable exploit en éliminant en quarts de finale le Brésil, quintuple champion du monde avant de s’incliner devant le Japon en demifinale (5-1). Ils avaient ensuite échoué au pied du podium en s’inclinant devant Suisse (9-7) lors du match pour la troisième place. Lors de la précédente édition, les Lions ont été éliminés au premier tour.
BÉNIN, POURQUOI LES DJIHADISTES CIBLENT LES PARCS NATIONAUX
Des attaques djihadistes coordonnées ont visé des positions militaires béninoises dans le parc national du W, le 17 avril 2025, au nord du pays. Le dernier bilan officiel fait état de 54 soldats tués, ce qui en fait l'attaque la plus meurtrière
Des attaques djihadistes coordonnées ont visé des positions militaires béninoises dans le parc national du W, le 17 avril 2025, au nord du pays. Le dernier bilan officiel fait état de 54 soldats tués, ce qui en fait l'attaque la plus meurtrière jamais enregistrée contre l'armée béninoise. Quelques semaines auparavant, le 8 janvier, une attaque près de Karimama, dans la même zone, a coûté la vie à une trentaine de militaires. Ces attaques illustrent la menace grandissante qui pèse sur la partie nord du pays et en particulier sur cette aire protégée. Depuis 2019, en effet, le Parc national de la Pendjari, dans le nord du Bénin, est la cible privilégiée de groupes armés, notamment affiliés au Groupe de soutien à l'islam et aux musulmans (JNIM). Le chercheur Papa Sow, spécialiste des politiques environnementales, analyse pour The Conversation Africa les motivations de ces attaques.
Pourquoi le parc de la Pendjari et ses environs sont-ils spécifiquement ciblés par les groupes terroristes ?
Située au nord du Bénin, la Réserve de biosphère de la Pendjari (RBP), également connue sous le nom de Parc national de la Pendjari, est la cible récurrente de groupes armés depuis 2019, tout comme ses environs. Plus de 120 militaires ont été tués tués entre 2021 et 2024. Sans compter les civils et le carnage sur la faune et la flore. Depuis 2018, les groupes Ansar-ul Islam, Serma, Sékou muslimou et Abou Hanifa opérant au Burkina Faso – assimilés à des djihadistes – agissent pour la plupart sous l’égide du JNIM, la branche d’Al Qaïda au Sahel. Des luttes sanglantes sont engagées pour conquérir des territoires forestiers spéciaux, ce que j’ai appelé le « djihadisme des aires protégées ».
Dans le cadre d’une étude longitudinale sur les causes des migrations dans et depuis les départements du nord du Bénin – Atacora et Alibori –, j'ai analysé l'impact que ces groupes armés exercent aujourd’hui sur les populations locales et les aires protégées qu’ils transforment en sanctuaires. Le parc de la Pendjari fait partie des cinq aires protégées au Bénin. Il est l’un des principaux réservoirs de conservation de la biodiversité en Afrique de l’Ouest. En 2024, il employait 337 agents forestiers, dont 6 expatriés. L’avancée des terres agricoles, le braconnage, la perte de services écosystémiques (disparition de certaines espèces rares), la baisse du potentiel de séquestration du carbone avec la réduction de la biomasse et la présence des groupes armés sont des problèmes récurrents qui menacent ce parc.
Comment expliquez-vous la prolifération des groupes armés dans le parc ?
Les raisons en sont multiples : la configuration géographique rendant le parc difficilement prenable et les « batailles » pour le contrôle des pâturages et des plans d’eau. Les groupes armés travaillent avec les trafiquants d’essence frelatée en provenance du Nigéria, appelée au Benin le “Kpayo”. Ils achètent chez eux, chaque semaine, des milliers de litre d’essence à des prix exorbitants. Les raisons politiques sont liées à l’absence de l’État, malgré l’opération anti-terroriste Mirador lancée en 2021 avec un déploiement de plus de 3000 soldats. Depuis la première attaque de 2019, plus de 120 millions de dollars ont été alloués pour la sécurité du pays. Or le nombre d’attaques et d’enlèvements a augmenté, malgré l’existence d’une unité spéciale pour lutter contre les insurgés dans la région Nord du Bénin. C’est dans le secteur de Porga, vers le Burkina Faso, que les Forces armées béninoises (FAB) maitrisent le plus les incursions meurtrières.
Quels sont les liens entre ces attaques et l'expansion des groupes armes au Sahel ?
Les attaques récentes sont préoccupantes pour l’État béninois et la sous-région. Les véritables liens entre ces attaques et l'expansion du djihadisme dans le Sahel sont à rechercher dans la fragilité de la sécurisation des zones frontalières. Les groupes armés ont leurs propres points de passage qu’ils contrôlent avec des complicités locales. Les collaborations sousrégionales entre États sont presque inexistantes. L’Initiative d'Accra, composée de 5 pays – Bénin, Burkina Faso, Ghana, Côte d’ivoire et Togo – lancée depuis 2017, semble stagner depuis la désintégration de certains États de la Cedeao. Une véritable force régionale capable de contrecarrer les activités de ces groupes armés est nécessaire. Le Bénin développe certes un partenariat militaire avec la France. Mais les querelles diplomatiques entre le Bénin et ses voisins – Niger et Burkina – et la politique ambivalente du Togo qui « menace » de rejoindre l’Alliance des Etats du Sahel (AES) – ne sont pas des facteurs favorisant une coopération régionale militaire efficace.
Quel est l'impact des attaques sur l'économie locale et le tourisme dans la région ?
Dotée d’une biodiversité complexe, le parc dépend, en partie, des financements générés par le tourisme et des partenaires extérieurs. La conservation est gérée, depuis 2020, par les Rangers African Parks Network (APN). Ces éco-gardes, en première ligne face aux groupes armés, sont également des victimes comme durant l’attaque des 24-25 juillet 2024. Leur travail de collecte d’informations liées à la menace est important pour les FAB. Les activités des riverains du parc, les réseaux et systèmes de transport et les services de trekking sont les plus durement touchés. Les mouvements de populations et le travail des ONG qui soutenaient les populations locales dans la région de l’Atacora (nord-ouest du pays) ont ainsi été réduits.
Dans les aires de Matéri, Gouandé et vers la frontière avec le Togo, beaucoup d’ONG se sont désengagées de leurs activités. Le petit commerce est menacé. Mais le secteur le plus durement touché est le tourisme. Il y a une baisse significative du nombre de touristes qui ne se rendent presque plus par route au parc. Cet impact touche directement les communautés locales dont les activités touristiques demeuraient un vivier important d'emplois.
Les cascades de Tanougou non loin du parc, les plus prisées par les touristes, sont pratiquement fermées au public. Tanguiéta, une ville située à 70 km de la frontière avec le Burkina Faso et non loin du parc de la Pendjari, a été le plus impacté du fait de la diminution des revenus liés aux activités d’hébergement et de restauration. Les migrants venant de la sous-région – guides, artisans – et qui s’étaient spécialisés dans l’entreprenariat touristique – se sont tournés vers d’autres activités ou quitté la ville.
Avec l’aide des APN et des FAB, la sécurité du parc a été immensément renforcée car fortement militarisée – avec un « camp avancé » – à l’intérieur même du parc. Une piste d’atterrissage, sans impact sur la valeur universelle exceptionnelle, a été construite dans le parc depuis 2019. C’est d’ailleurs sur cette piste qu’atterrissent les aéronefs des rares touristes qui visitent le Pendjari aujourd’hui. Plus de 110 kilomètres de pistes de passages ont été aménagés dans le parc. Les activités avec les populations riveraines sont diversifiées par des actions de donations.
Comment peut-on renforcer la sécurité du parc et protéger les populations locales ?
Les mesures suivantes pourraient aider à davantage protéger le parc et la population locale : • Renforcer les capacités de communication et de surveillance : plus de kits de connexion internet et les pylônes VFH afin d’assurer une couverture à 100 % de réseau du système LoRa (Long Range, une technologie sans fil). Augmenter le nombre d’ aéronefs, d'hélicoptères et de drones de surveillance afin de mieux gérer la sécurité à distance du parc.
• Former les FAB dans plus de pratiques de conservation.
• Multiplier les soutiens aux projets de développement communautaire de renforcement des aires protégées, de l’écotourisme.
• Diversifier les activités pour réduire la dépendance au tourisme.
Il n'est pas trop tard pour contrecarrer la montée du djihadisme dans cette zone. L'espoir est toujours permis si la Cedeao s’investit davantage dans la coopération militaire avec le Benin. A l'état actuel des choses dans le Sahel, il est quasi impossible pour un État de lutter seul contre les groupes armés qui sont souvent plus informés et maitrisent mieux les terrains d’opération que les États. Il faudrait une synergie politique et une volonté de coopération commune.