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27 juillet 2025
8 109,3 MILLIARDS DE FINANCEMENTS ACCORDES PAR LA BCEAO EN MAI 2025
Sur le marché monétaire régional, le montant moyen des financements accordés par la Bceao s’est contracté de 2,8 %, passant de 8.344,2 milliards en avril 2025 à 8 109,3 milliards en mai 2025.
Le montant moyen des financements accordés par la Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (Bceao) passe de 8 344,2 milliards en avril 2025 à 8 109,3 milliards en mai 2025. C’est ce qui ressort du bulletin mensuel des statistiques de mai 2025 publié le 2 juillet par l’institution.
Sur le marché monétaire régional, le montant moyen des financements accordés par la Bceao s’est contracté de 2,8 %, passant de 8.344,2 milliards en avril 2025 à 8 109,3 milliards en mai 2025. « Le taux moyen pondéré des adjudications hebdomadaires de liquidités s’est également réduit, se situant à 4,74% au cours du mois sous revue, contre 4,87% le mois précédent », explique la Bceao.
Au niveau du marché interbancaire de l’Uemoa, une augmentation du volume des échanges a été enregistrée en mai 2025. Toutes maturités confondues, le volume moyen hebdomadaire des opérations est ressorti à 875,0 milliards en mai 2025 contre 737,4 milliards en avril 2025, soit une hausse de 18,7 %.
Le taux d’intérêt moyen de référence, calculé sur le compartiment à une semaine, s’est élevé à 5,34% en mai 2025 contre 5,52% le mois précédent.
CES MAIRES EMPORTÉS PAR LE FONDS COVID-19
À travers la vaccination et la sensibilisation, le monde est parvenu à prendre le dessus sur le Covid-19, mais au Sénégal, la pandémie continue de faire des victimes avec l’emprisonnement de plusieurs responsables de l’ancien régime
À travers la vaccination et la sensibilisation, le monde est parvenu à prendre le dessus sur le Covid-19, mais au Sénégal, la pandémie continue de faire des victimes avec l’emprisonnement de plusieurs responsables de l’ancien régime.
Mansour Faye, Moustapha Diop et Sophie Gladima, respectivement maires de Saint-Louis, Louga et Joal, sont actuellement sous le coup d’inculpations pour détournement de deniers publics. Il leur est reproché d’avoir mal géré le fonds Force Covid-19.
« Nous avons fait une offre de cautionnement, mais elle n’a pas été respectée. » C’est par ces mots que Me Amadou Sall, l’un des avocats d’Amadou Mansour Faye, ancien ministre du Développement communautaire, de l’Équité sociale et territoriale, a révélé à la presse le placement sous mandat de dépôt de son client.
Le maire de Saint-Louis envoyé à la Mac de Rebeuss
Lundi 26 mai dernier, après sa comparution devant la Haute Cour de justice récemment mise en place, l’actuel maire de Saint-Louis a été envoyé à la Mac de Rebeuss. Il est accusé de plusieurs délits, notamment « d’association de malfaiteurs, de concussion, de corruption, de prise illégale d’intérêts, de faux et usage de faux en écritures privées de commerce ou de banque, de détournement de deniers publics, de blanchiment de capitaux », ainsi que de « complicité ».
Il lui est reproché de présumées « infractions financières » liées à sa gestion des fonds Force Covid-19 alloués à son ministère dans le cadre du Programme de résilience économique et sociale de 2,7 milliards de FCfa. Il est le cinquième ministre de l’ancien régime à faire l’objet de poursuites devant la Haute Cour de justice.
Moustapha Diop, en détention préventive
Son ancien collègue au gouvernement, Moustapha Diop, est lui aussi en détention préventive après son face-à-face avec la commission d’instruction de la Haute Cour de justice. Il est reproché au maire de Louga un détournement présumé de plusieurs centaines de millions de Fcfa dans le cadre de la gestion des fonds destinés à la lutte contre le Covid-19.
Il rejoint ainsi en prison son ancienne Directrice de l’administration générale et de l’équipement (Dage), Ndèye Aminata Loum, inculpée quelques semaines plus tôt pour les mêmes faits par le juge du 2ᵉ cabinet du tribunal de Dakar. Le ministère du Développement industriel et des Petites et moyennes entreprises, dirigé par Moustapha Diop, avait reçu 2,5 milliards de FCfa pour l’acquisition de masques, lors de la pandémie de Covid-19.
Un montant initialement versé sur le compte de dépôt intitulé « Fonds d’appui à la promotion des Petites et moyennes entreprises » à la Trésorerie générale, puis transféré sur un compte ouvert à la Bank of Africa (Boa) par le ministère.
Des retraits de chèques à la Boa, variant entre 50 et 100 millions de FCfa
Interrogé par la commission d’instruction, Mouhamadou Bamba Amar, présenté comme aide-comptable mais qui est en réalité un mécanicien, confirme avoir effectué plusieurs retraits de chèques à la Boa, variant entre 50 millions et 100 millions de FCfa, jusqu’à atteindre la somme totale de 2,5 milliards de FCfa.
Un autre ministre de Macky Sall à être emprisonné dans le cadre de la gestion du fonds Force Covid-19, c’est la mairesse de Joal, Aïssatou Sophie Gladima. Cette dernière a plusieurs fois clamé son innocence devant la Haute Cour, mais elle a été mise sous mandat de dépôt le 21 mai dernier. Elle est accusée de détournement présumé de deniers publics, portant sur la somme d’un milliard allouée à la construction d’un centre de gravimétrie à Kédougou, qui n’a jamais vu le jour. Ceci, malgré un décaissement partiel…
« Nous allons nous battre… »
Ainsi, la mairesse de Joal, tout comme ses collègues de Saint-Louis et Louga, a passé la Tabaski à la prison de Liberté 6, où elle est incarcérée. Avant eux, c’est leur collègue député-maire des Agnam, Mouhamadou Ngom, dit Farba, qui est passé à la trappe. Homme de confiance de l’ancien président Macky Sall, M. Ngom est soupçonné d’être impliqué dans l’affaire portant sur des transactions suspectes estimées à 125 milliards de FCfa et révélée par un rapport de la Cellule nationale de traitement des informations financières (Centif).
Son pool d’avocats, composé de ténors du barreau de Dakar, notamment Mes Doudou Ndoye, Baboucar Cissé, Alassane Cissé, El Hadj Diouf et Ousmane Thiam, n’a pu empêcher son inculpation par le Pôle financier judiciaire (Pfj) pour escroquerie sur des deniers publics portant sur 31 milliards de Fcfa, de blanchiment de capitaux et d’association de malfaiteurs.
« Nous allons nous battre pour montrer au monde les grandes irrégularités qui ont gouverné cette procédure jusqu’à l’emprisonnement de Farba Ngom », avait réagi Me Doudou Ndoye après avoir pris connaissance du sort réservé à son client.
JOTA DÉCÉDÉ À 28 ANS, MANÉ PERD BIEN PLUS QU’UN EX-COEQUIPIER
Le 3 juillet 2025 restera comme un jour noir pour le football. Diogo Jota, attaquant portugais de Liverpool, a trouvé la mort dans un terrible accident de voiture survenu près de Cernadilla, en Espagne
Le 3 juillet 2025 restera comme un jour noir pour le football. Diogo Jota, attaquant portugais de Liverpool, a trouvé la mort dans un terrible accident de voiture survenu près de Cernadilla, en Espagne. Son jeune frère, André Filipe Teixeira da Silva, milieu offensif du FC Penafiel en D2 portugaise, a également perdu la vie.
Selon les premières informations relayées par les médias locaux, leur véhicule a quitté la route aux environs de 1h30 du matin, au kilomètre 65 de l’autoroute A-52, à la frontière entre l’Espagne et le Portugal. La voiture a dérapé avant de s’embraser. À l’arrivée des secours, les deux frères étaient déjà dans un état critique. Ils ont été déclarés morts peu après leur transfert à l’hôpital. Ironie tragique du destin : dix jours plus tôt, Jota célébrait encore son mariage avec sa compagne de toujours, Rute, mère de leurs trois enfants.
Une amitié née dans l’effort
Diogo Jota avait rejoint Liverpool en septembre 2020. Très vite, il s’était intégré au trio d’attaque composé de Mohamed Salah, Roberto Firmino et Sadio Mané. Avec ce dernier, une véritable alchimie s’était créée, au-delà de toute rivalité sportive. “Diogo confronte sans hésitation”, confiait Pep Lijnders, entraîneur adjoint des Reds, à propos de sa complicité avec Mané, surtout lors des rumeurs d’un départ de ce dernier vers le Bayern.
Le 15 mars 2021, après un but décisif de Jota face à son ancien club Wolverhampton, Mané publiait sur X (ex-Twitter) : « @diogoj_18 well done Jogoal ». Un jeu de mots devenu viral, repris ensuite par les supporters comme surnom affectueux. Pour Anfield, ce n’est plus Jota mais Jogoal à chaque but marqué.
Une complicité sincère
L’attaquant portugais n’a jamais caché son admiration pour l’attaquant d’Al Sadd (Saudi Pro League), qu’il décrivait comme un modèle de travail et de pressing. Les deux hommes se respectaient profondément. En dehors des matchs, ils plaisantaient souvent ensemble, échangeaient des passes et des sourires, renforçant ce lien rare entre coéquipiers. Sur le terrain, ils formaient un duo complémentaire, partageant les mêmes valeurs : intensité, humilité, combativité.
Le décès tragique de Diogo Jota à seulement 28 ans est un choc pour le monde du football. Mais pour Sadio Mané, c’est certainement la perte d’un ami, d’un frère, d’un partenaire de combat, bien au-delà des terrains.
ALAIN KABO, UNE FIGURE DU SPORT À TAMBACOUNDA EST DÉCÉDÉE
Le monde du football et des sports en général de Tambacounda est en deuil. L’un de ses fils, Alain Kabou, une grande figure, un modèle d’engagement, de détermination et d’humilité, s’en est allé à tout jamais
Le monde du football et des sports en général de Tambacounda est en deuil. L’un de ses fils, Alain Kabou, une grande figure, un modèle d’engagement, de détermination et d’humilité, s’en est allé à tout jamais. Le furie du sport est décédé la nuit du mercredi au jeudi aux environs de 1 heure du matin, à la suite d’un malaise. Par son amour du sport, sa discipline, son engagement, il avait su marquer les esprits au-delà des terrains de jeu.
Manager général de l’équipe fanion de la capitale orientale, Don Bosco Fc, en Nationale 1, il est aussi le vice-président de la ligue régionale de football de Tambacounda dont il assurait l’intérim. Candidat en lice pour le prochain renouvellement du bureau prévu le 5 juillet prochain, il était un prétendant sérieux de ce poste qu’il convoitait pour la deuxième fois consécutive.
Professeur d’EPS au collège Gouye, sa disparition laisse dans le cœur de ses proches, de ses amis et de tous ceux qui l’ont côtoyé et qu’il a formé un immense vide. Néanmoins, son héritage reste intact. Son nom restera gravé dans l’histoire du sport et son souvenir continuera d’inspirer des générations.
L’ÉTAT PROMET UNE RÉFORME APRES LA GRÈVE DES GREFFIERS
Face à la grève entamée par les syndicats du secteur de la Justice, notamment le SYTJUST et l’UNTJ, le ministère de la Justice a tenu à clarifier sa position et annoncer des mesures concrètes
Face à la grève entamée par les syndicats du secteur de la Justice, notamment le SYTJUST et l’UNTJ, le ministère de la Justice a tenu à clarifier sa position et annoncer des mesures concrètes. Dans un communiqué publié ce 3 juillet 2025, le ministre Ousmane Diagne s’exprime sur les revendications syndicales et les solutions envisagées.
Depuis le 18 juin 2025, une grève perturbe le fonctionnement des juridictions. Les syndicats exigent notamment « l’alignement de l’ensemble des greffiers de la hiérarchie B2 à la hiérarchie A2, ainsi que le reclassement des agents des hiérarchies B et C », selon leur ancienneté.
Mais le ministère rappelle que la gestion des carrières des agents publics relève des compétences du ministère de la Fonction publique. « Conformément aux dispositions réglementaires en vigueur, et sous l’autorité du Premier ministre, le Ministre de la Fonction publique (…) est compétent pour l’administration de l’ensemble des agents publics », précise le communiqué.
Une réforme appuyée par la concertation
Conscient des frustrations exprimées par les syndicats, le ministère de la Justice se veut conciliant et annonce un plan d’action. « À l’issue des concertations menées (…) il a été convenu de mettre en place un dispositif de formation spécifique », indique le document. Ce programme sera élaboré avec le Centre de Formation judiciaire, et tiendra compte de l’expérience acquise par les agents, dans une logique de valorisation des parcours professionnels.
Le ton du communiqué est apaisant. L’autorité judiciaire réaffirme son engagement à poursuivre les réformes dans un esprit de dialogue, tout en respectant les droits légitimes des agents de l’État. « le Ministère de la Justice s’engage à conduire cette réforme dans le respect des droits (…) et dans l’intérêt supérieur du service public de la Justice. », indique le communiqué.
Une sortie destinée à calmer les tensions et à rouvrir la voie du dialogue avec les syndicats grévistes, sans céder à la pression mais en reconnaissant la nécessité de moderniser la gestion des carrières dans la Justice.
SARA DIOUF, L’ÉTOILE QUI ILLUMINE LES LOOKS DE BEYONCE
Pour la première soirée de sa tournée Cowboy Carter à Houston, Beyoncé a illuminé la scène dans une création de la marque Tongoro (un nom qui signifie « étoile » en sango, langue de la République centrafricaine), ornée de 444 cauris dorés et de 44 cristau
La tenue a fait le tour des réseaux sociaux. Pour la première soirée de sa tournée Cowboy Carter à Houston, Beyoncé a illuminé la scène dans une création de la marque Tongoro (un nom qui signifie « étoile » en sango, langue de la République centrafricaine), ornée de 444 cauris dorés et de 44 cristaux, faits main à Dakar. Et derrière cette pièce unique, un nom résonne comme un éloge au made in Sénégal : Sara Diouf.
La styliste n’en est pas à sa première collaboration avec Queen B. Si beaucoup de Sénégalais l’ont découverte à travers les photos de la chanteuse américaine en Tongoro, Sara Diouf, elle, a su, au fil du temps, tisser un lien solide avec la reine de la pop. Cette dernière s’est affichée pour la première fois en Tongoro en 2018, lors de vacances en Italie. Rebelote fin juillet 2020 ! Lors de son long-métrage musical Black Is King, Beyoncé y apparaît vêtue d’un ensemble pantalon noir et blanc, signé Tongoro, au milieu de flamants roses. Vu plus de 11 millions de fois en deux jours, le film, diffusé sur Disney+, booste davantage la notoriété de la marque, entraînant une envolée des commandes et du chiffre d’affaires. Depuis lors, la star planétaire est devenue une cliente régulière de Sara Diouf.
Tongoro a aussi acquis une renommée internationale en habillant d’autres célébrités telles que Naomi Campbell, Alicia Keys, Iman ou encore Burna Boy. Lancée en 2016, la marque 100 % made in Africa est conçue et produite à Dakar, au Sénégal. « Notre marque s’attache à comprendre les attentes de nos clients en matière de mode et propose des vêtements originaux et uniques », lit-on sur son site. Tongoro s’approvisionne en matières premières sur le continent et collabore avec des tailleurs locaux. « Elle promeut la production artisanale locale et le made in Africa », a souligné Sara Diouf. Sa marque fonctionne selon un modèle direct-to-consumer, entièrement numérique : les clients commandent en ligne, et la marque est expédiée dans le monde entier en cinq jours ouvrables. Soixante-dix pour cent des ventes proviennent des États-Unis. La marque gère tout en local, de l’approvisionnement en tissus jusqu’à la finition. Une fierté pour Sara Diouf, qui veut montrer à travers ses créations « une Afrique en marche ».
Une passion au bout du fil
Née à Paris d’une mère sénégalo-centrafricaine et d’un père sénégalo-congolais, puis élevée en Côte d’Ivoire, celle qui se définit comme « enfant de l’Afrique » tisse son premier lien avec cet univers en 2009. Elle lance Ghubar, un magazine numérique qui met en lumière la créativité africaine et arabe. Elle fonde ensuite Noir, une plateforme de style de vie pour les femmes de couleur, en 2015. Le magazine célèbre la beauté et le stylisme africains. Cela suffit à propulser la spécialiste en communication dans le monde de la mode. Ces entreprises ont approfondi sa compréhension de la narration numérique et de la construction communautaire — des éléments qui façonneront plus tard la stratégie mondiale de Tongoro.
De fil en aiguille, la titulaire d’un master en gestion du marketing et de la communication obtenu à Paris songe à créer une marque made in Africa, qu’elle imagine comme un vecteur du savoir-faire du continent. C’est en 2016 que le projet se concrétise, lors d’un séjour au pays de la Teranga. Sara Diouf s’inspire du talent brut des tailleurs de rue qu’elle mobilise au service de sa griffe. Très vite, elle s’entoure de quatre tailleurs au sein de son atelier, soutenus par huit autres à l’extérieur, qui produisent entre cent et deux cents pièces par mois. En sortent des robes aux manches amples et aux épaules démesurées, des combinaisons aux jambes larges — modèles phares de son vestiaire. Des pièces nobles, travaillées pour valoriser le mouvement et respecter la liberté de bouger. Tongoro, un nom qui signifie « étoile » en sango, voit ainsi le jour avec pour ambition de sublimer le savoir-faire africain de bout en bout.
Par Lt-Colonel Elhadj Abass FALL
LE VISAGE GLOBAL DU TERRORISME
Si le terrorisme peut être vu comme la dissémination de la peur, de la terreur, l’intimidation aux fins d’influencer les comportements des populations et de forcer les décisions politiques, il n’est pas exagéré de dire qu’il est global
Lt-Colonel Elhadj Abass FALL |
Publication 03/07/2025
Si le terrorisme peut être vu comme la dissémination de la peur, de la terreur, l’intimidation aux fins d’influencer les comportements des populations et de forcer les décisions politiques, il n’est pas exagéré de dire qu’il est global. En fait une action sur le World Trade Center à New York connaît des répercussions à l’échelle mondiale et de façon multidimensionnelle.
En transposant à une échelle plus réduite, le problème devient plus complexe. Une attaque au Mali, à la frontière avec le Sénégal, fait logiquement effet sur tous les pays environnants, à commencer par ceux qui partagent une frontière.
En effet, le terroriste utilise la violence pour terroriser, faire peur, envoyer un message, pas aux morts mais en utilisant les cadavres et les ruines comme “aides pédagogique”. Ce sont les survivants qui sont attaqués en réalité.
Pour revenir à l’actualité régionale, je ne serais point surpris que les mouvements entre Diboli et Kidira connaissent des perturbations, affectant ainsi les échanges commerciaux et les mouvements de populations, de parents, entre les deux pays imbriqués historiquement, culturellement et économiquement. L’alerte générale et quasi permanente des structures de veille et de lutte contre le terrorisme est, sans aucun doute, élevée de quelques degrés au-dessus.
Tout cela est normale, la peur comme l’état de préparation également. Par contre il n’est pas excusable d’avoir une peur institutionnelle pour soulager celle du citoyen individuel.
Il ne s’agit pas de dire ce que tout le monde dit ou de faire ce qui se fait “naturellement”. Le terrorisme est plus intelligent que cela et mérite une approche tout aussi responsable.
1- Un coup de feu isolé à nos frontières avec le Mali ou une escapade de terroristes de la Mauritanie jusqu’en Guinée Bissau en traversant tout le Sénégal, en décembre 2007, ou des arrestations de personnes supposées “en lien avec une entreprise terroriste” en 2017, ne constituent pas des indicateurs suffisants pour faire du Sénégal une cible prioritaire. Tout au plus, cela démontre la vulnérabilité du pays au même que la majeure partie des états du monde, même les plus puissants.
2– si la possibilité d’un raid ou de l’activation d’un réseau dormant est possible, l’attitude responsable et professionnelle veut que l’on réfléchisse en dehors des sentiers battus, “ outside the box” et avec un esprit détaché du “commun parler”. Laissez-moi vous dire que le terroriste s’appuie essentiellement sur la population pour obtenir des informations, de la sympathie et, in fine, les opportunités d’agir… À condition que l’Etat visé ne soit pas en mesure d’obtenir l’assentiment de cette population le premier. C’est une compétition pour gagner les cœurs et les esprits. L’Etat y parvient facilement par l’application de la justice, les actions de développent et la satisfaction des besoins de base. À contrario, stigmatiser une partie de la population dessert la cause gouvernementale.
D’ailleurs, le terroriste ne se différencie de la population qu’au moment de l’action ou à travers des images et films de propagande. Sinon, on ne verra jamais un agent de la terreur faire de la surveillance avec une barbe effilée et un pantalon court, ou encore en scandant de façon provocatrice le nom de Dieu. Ils ressemblent à tout le monde. Ceux qui ont piloté les avions d’air le WTC étaient des pilotes “occidentalisés”, au Bataclan, les trois criminels étaient des jaunes “comme tout le monde” avec de petits boulots, envie d’intégrer les forces armées nationales … À Mogadishu, c’est une jeune et belle étudiante en médecine qui explose son oncle ministre après des années de surveillance sous les allures d’une fille moderne, aimant la vie et son protecteur. Si on voit un terroriste en tenue “Ibadou”, c’est dans des images de propagande où le jour de l’attaque car la tenue fait partie du message et celui-ci est essentiel dans leur lutte.
3- considérant que le terrorisme se fixe des buts économiques et politiques, avec une envergure mondiale à actions décentralisées, il est du ressort de tout pays, de tout ensemble de pays, de maintenir un état de préparation qui allie tous les éléments de la puissance nationale.
TEX BRISE LE TABOU DES MARIAGES QUI ECHOUENT
Parfois, une chanson vaut tous les cris. Et avec Seuyou Djolof, sorti depuis le 2 avril dernier, Tex LBK ne chante pas pour faire joli. Il déplie les douleurs ordinaires, celles des femmes trop souvent abandonnées après la fête.
Dans son nouveau single «Seuyou Djolof», l’artiste sénégalais Tex LBK ouvre une brèche dans le mur du silence conjugal. Epaulé par le chanteur et compositeur Ndary Diouf, il transforme ses années derrière l’objectif en une charge musicale douce, mais implacable contre les illusions du mariage.
Parfois, une chanson vaut tous les cris. Et avec Seuyou Djolof, sorti depuis le 2 avril dernier, Tex LBK ne chante pas pour faire joli. Il déplie les douleurs ordinaires, celles des femmes trop souvent abandonnées après la fête. «Que reste-t-il des rêves partagés une fois la cérémonie passée ?», interroge l’artiste. Une question lancée comme un coup de poing dans un espace social où les désillusions conjugales se vivent en silence. Pendant sept ans, entre 2015 et 2022, Tex a été photographe de mariage. Plus de 300 unions immortalisées, des sourires figés dans l’éternité numérique. Et puis, un jour, il voit l’envers du décor : des femmes qui reviennent, discrètes, presque gênées, pour lui demander de supprimer les images de leur mariage de sa page Facebook. «Trop de mariages s’effondrent et trop souvent, ce sont les femmes qui ramassent les morceaux», raconte-t-il.
Sans doute, ce constat, glaçant de banalité, l’a poussé à écouter, à noter, à écrire. Non pas pour juger ou accuser. Mais pour témoigner. «Après un divorce, c’est la femme qui assume seule les enfants. Elle gère tout. Et pourtant, personne ne dit rien», dit-il. Et c’est à partir de ce silence social qu’est née Seuyou Djolof, une chanson qui refuse la complaisance et qui dénonce avec tendresse et lucidité, renseigne le communiqué de presse. Il invite alors Ndary Diouf à le rejoindre sur ce titre. Avec Seuyou Djolof, il veut réveiller. Avec tendresse, mais sans détours. L’alchimie s’est faite presque par hasard. Ce jour-là, Ndary Diouf, musicien au lyrisme reconnu, passe chez Tex. Il écoute le morceau en cours de gestation. Coup de foudre artistique. «Ndary, c’est un artiste qui te transporte», raconte Tex, admiratif.
Ensemble, ils tissent un dialogue musical où l’un raconte et l’autre enveloppe. «La voix chaude de Ndary répond aux mots de Tex avec justesse», précise le communiqué. Et en effet, la fusion est vibrante. Le refrain, porté par l’expression «Sarap li », sonne comme un avertissement. Tex en fait une injonction aux hommes. «Avant de te marier, comprends ce que représente réellement une femme. Elle ne doit pas régresser à tes côtés. Si elle était à six sur dix avant le mariage, fais en sorte qu’elle atteigne neuf, pas cinq», insiste-t-il.
La métaphore, brutale, traduit un ras-le-bol féminin trop peu relayé. Tex ne prêche pas. Il parle aux hommes comme à ses frères. Il rappelle que le rôle d’un mari dépasse largement les charges financières. Il faut rassurer, protéger, encourager. Pour lui, la musique n’est pas un prêche, mais un miroir. «Entre hommes, parfois, le message passe mieux. La musique permet ça. Elle soigne. Elle éveille», confie-t-il.
Depuis la sortie du titre, renseigne le document, «les retours pleuvent. Les femmes s’y reconnaissent. Certains hommes, eux, se sentent bousculés. Et c’est voulu. Car c’est dans l’inconfort que naît parfois la remise en question. Plusieurs hommes ont d’ailleurs écrit à Tex pour lui dire qu’ils n’avaient jamais vu les choses sous cet angle». Tant mieux. D’autres s’interrogent sur le mot «Sarap li», le trouvent brutal. «Il l’est. Mais il fallait ça», répond Tex. Car pour lui, «les femmes sont fatiguées. La société les fatigue. Le mariage les fatigue. Il faut que nous, les hommes, en prenons conscience». Ce morceau, ajoute le document, «est aussi une main tendue, un appel à la solidarité masculine envers celles qui, chaque jour, tiennent debout pour deux».
Par Khaly-Moustapha LEYE
MISSIONS DIPLOMATIQUES CROISEES, TRAJECTOIRES GEOPOLITIQUES EN MIROIR
Deux figures politiques, deux capitales stratégiques, deux visions du monde : la visite du président malien Assimi Goïta à Moscou et celle du Premier ministre Ousmane Sonko à Pékin
Bamako-Moscou-Dakar-Pékin. Juin 2025 restera gravé dans les annales comme le théâtre d’un ballet diplomatique africain d’une intensité rare. Deux figures politiques, deux capitales stratégiques, deux visions du monde : la visite du Président malien Assimi Goïta à Moscou et celle du Premier ministre sénégalais Ousmane Sonko à Pékin. Au-delà des apparences, une dynamique commune se dessine : la réaffirmation de la souveraineté, la diversification des alliances et un repositionnement audacieux de l’Afrique sur l’échiquier mondial.
Deux trajectoires, une même quête de dignité
Comme le disait si justement Patrice Lumumba : «Sans dignité, il n’y a pas de liberté ; sans justice, il n’y a pas de dignité ; et sans indépendance, il n’y a pas d’hommes libres.» Cela voulant dire que le Mali et le Sénégal, malgré leurs approches différentes, partagent cette même posture diplomatique et les logiques d’engagement qui en découlent. En effet, si le Mali a choisi la voie d’une rupture stratégique franche, assumant un désalignement géopolitique qui a secoué les capitales occidentales, le Sénégal, lui, opte pour une reconfiguration progressive, élargissant ses marges de manœuvre sans pour autant rompre brutalement avec ses partenaires historiques. Ces choix, loin d’être contradictoires, reflètent deux styles, mais une intuition commune : la souveraineté ne se décrète plus par des discours enflammés, elle se construit méthodiquement et concrètement.
Le Général d’Armée Assimi Goïta ne s’y trompe pas quand il affirme: «L’indépendance ne se proclame pas dans les discours. Elle se construit dans la logistique, dans l’expertise.» Pour Ousmane Sonko, si la démarche est plus nuancée, elle n’en est pas moins significative lorsqu’il déclare : «Nous avons eu l’occasion de sensibiliser nos interlocuteurs sur les réalités africaines et les priorités spécifiques du Sénégal.»
Une souveraineté à géométrie variable : leçons croisées pour l’Afrique
Il est fascinant d’observer cette variante comparative : le Mali affirme sa souveraineté par la sécurisation du territoire et une doctrine militaire assumée ; le Sénégal, lui, par l’industrialisation et une diplomatie économique offensive. Le premier désaligne pour exister pleinement sur la scène internationale ; le second élargit son champ d’action pour peser davantage. Ces deux trajectoires, loin d’être des cas isolés, traduisent une même prise de conscience collective : la souveraineté ne sera plus un vain slogan, mais une architecture fonctionnelle et résiliente. Ces initiatives réactivent une diplomatie d’audace, fondée sur une intelligence stratégique aiguisée et une volonté d’interaction horizontale, d’égal à égal. Le Mali, par ses choix radicaux, devient un acteur disruptif dans le Sahel, bousculant les équilibres établis. Le Sénégal, quant à lui, continue de jouer son rôle de médiateur régional, cherchant la stabilisation. Cette dialectique est essentielle et soulève une question fondamentale pour l’avenir du continent : l’Afrique peut-elle enfin inventer ses propres scripts, affranchie des modèles dominants, ou doit-elle se contenter d’incarner la prudence au détriment d’une innovation stratégique pourtant vitale ?
Vers une pensée souveraine : l’éclairage de nos intellectuels
Pour comprendre la profondeur de ces dynamiques, il est crucial de les inscrire dans une perspective théorique plus large, celle de nos penseurs africains. Achille Mbembe, dans sa Critique de la raison nègre, appelle à une «décolonisation épistémique» et à une souveraineté du sens, nous rappelant : «L’Afrique ne doit plus être pensée comme un ailleurs du monde, mais comme son centre de gravité possible.» Felwine Sarr, avec son Afrotopia, plaide pour une «projection endogène du futur», où l’Afrique cesse de courir après des modèles importés pour inventer ses propres horizons, affirmant avec force: «L’Afrique n’est pas en retard. Elle est ailleurs.» Enfin, Samir Amin a longuement théorisé la «déconnexion stratégique» comme condition sine qua non de la souveraineté économique. Pour lui, une intégration bénéfique dans le système mondial ne peut se faire que si elle est maîtrisée, négociée, et jamais subie. Ces figures intellectuelles nous rappellent inlassablement que la souveraineté ne se limite pas aux seuls rapports diplomatiques : elle est aussi épistémique, culturelle, économique et symbolique. Elle implique une capacité intrinsèque à produire du sens, à nommer le monde depuis notre propre réalité, et à inscrire l’action politique dans une vision historique panafricaine.
Du constat à la conscience collective : un appel à l’intelligence stratégique
Ce récit diplomatique, bien au-delà des cas du Mali et du Sénégal, résonne pour toute l’Afrique. Il nous pousse à interroger notre capacité collective à définir le monde au lieu de le subir passivement. A l’heure où le Sahel, en particulier, vit une recomposition identitaire et stratégique profonde, il est impératif de comparer, de s’inspirer mutuellement sans jamais se soumettre, et de bâtir une conscience panafricaine stratégique. Comme l’a si bien formulé Kwame Nkrumah : «Le socialisme est nécessaire pour rendre à l’Afrique ses principes sociaux humanistes et égalitaires.» Et Patrice Lumumba de renchérir : «L’Afrique ne sera jamais libre et indépendante si une partie d’elle reste sous domination étrangère.» Ce que nous observons n’est pas un simple tournant conjoncturel ; c’est l’amorce d’une souveraineté intellectuelle, logistique et symbolique en gestation. Ce n’est pas un tournant idéologique au sens strict, mais plutôt un appel vibrant à l’intelligence stratégique partagée pour l’avenir de notre continent.
Quelles seront les prochaines étapes dans la voie concrète de co-construction collective de l’entité Aes ou de resetting de l’organisation communautaire Cedeao pour consolider cette nouvelle architecture de la souveraineté africaine dans la dynamique de renaissance culturelle et scientifique -souhaitée de tous ses vœux par le professeur Cheikh Anta Diop ? Restaurer la conscience historique africaine est une première étape pour «faire basculer l’Afrique sur la pente de son destin fédéral». Car, «pour survivre, les peuples africains feront leur jonction. Un jour ou l’autre, la soupape sautera. Pourquoi ne pas conduire le mouvement au lieu de le subir ?».
Khaly-Moustapha LEYE
Politologue, analyste géopolitique
Bamako (Mali-AES) W.A. (West Africa land)
Email : mfdafdaoras21@gmail.com
Par Mamadou Yakham KEÏTA
QUAND LE JUGE DEVIENT JUSTICIABLE DEVANT LE PARLEMENT
Le projet de nouveau Règlement intérieur de l’Assemblée nationale du Sénégal introduit des innovations importantes, notamment en matière de commissions d’enquête parlementaire.
Le projet de nouveau Règlement intérieur de l’Assemblée nationale du Sénégal introduit des innovations importantes, notamment en matière de commissions d’enquête parlementaire. L’intention affichée est louable : renforcer le pouvoir de contrôle des députés sur la vie publique. Mais un article en particulier mérite une attention aiguë, tant il fait peser un risque réel sur l’équilibre des pouvoirs : l’article 56, qui prévoit que les commissions d’enquête pourront convoquer des magistrats en exercice, sous autorisation du ministre de la Justice.
Cette disposition ne tombe pas du ciel. Elle fait écho à une actualité encore récente, où des soupçons graves avaient visé des membres de l’autorité judiciaire.
L’idée d’une audition parlementaire avait alors été évoquée, puis abandonnée, car elle ne reposait sur aucune base légale. L’article 56 semble vouloir combler ce vide pour l’avenir.
Mais ce qui est en jeu dépasse de loin un simple correctif technique. Car cette disposition -jointe à la procédure prévue à l’alinéa 2 de l’article 62, qui permet le recours à la force publique en cas de refus de comparution- crée un brouillage institutionnel d’une gravité inédite.
La force publique -police ou gendarmerie-, placée sous l’autorité du juge, pourrait-elle être requise pour contraindre ce même juge à se présenter devant une instance politique ?
Que resterait-il alors de l’autorité symbolique et fonctionnelle du magistrat ? Comment pourrait-il exercer son office avec la sérénité et l’impartialité requises, après avoir été publiquement convoqué, voire physiquement contraint, à répondre à une instance législative ?
L’argument selon lequel la procédure parlementaire ne serait pas pénale pourrait être avancé. Mais cette distinction ne résiste pas à l’analyse. L’article 56 impose la comparution, le serment obligatoire, prévoit des sanctions pénales (articles 355 et suivants du Code pénal), autorise le recours à la forcepublique (article 62, alinéa 2) et permet de saisir le procureur de la République en cas d’infractions (article 57).
Ces éléments traduisent une dynamique quasi juridictionnelle. Or, selon l’article 25 de la loi organique n°201710 portant statut des magistrats, un magistrat ne peut être auditionné, même à titre préliminaire, que par le Procureur général près la Cour suprême ou par un pair habilité, et uniquement avec l’autorisation expresse du ministre de la Justice. Ce niveau élevé de protection procède d’un souci de préservationde l’indépendance fonctionnelle de la Magistrature.
L’article 57 du projet de règlement, en confiant la transmission des faits au procureur de la République, semble ignorer cette architecture statutaire. Il introduit ainsi une confusion regrettable entre mécanisme politique d’enquête et cadre judiciaire réservé, pourtant strictement balisé par une loi organique.
Il en résulte un conflit normatif entre deux textes organiques que seul le Conseil constitutionnel pourra trancher.
Mais il y a plus fondamental encore : la commission d’enquête parlementaire est un outil de contrôle de l’Exécutif, pas un instrument d’investigation sur le pouvoir judiciaire. Les magistrats ne relèvent pas du gouvernement. Ils ne sont pas comptables de leur action devant l’Assemblée nationale. Les convoquer, c’est confondre la transparence avec l’ingérence, et le contrôle démocratique avec l’empiétement sur une sphère institutionnelle indépendante.
Et sur ce point, le Droit comparé est limpide.
En France, les magistrats en fonction ne sont jamais convoqués par les commissions d’enquête. Leur contribution éventuelle se faitpar écrit, via le ministère de la Justice ou le Conseil supérieur de la Magistrature.
Au Royaume-Uni, les select committees n’ont aucun pouvoir contraignant sur les juges en exercice. Lorsqu’un point de vue judiciaire est requis, il passe par des rapports ou des institutions spécialisées, mais jamais par des auditions directes.
En Allemagne, les commissions d’enquête n’entendent que des experts extérieurs ou d’anciens magistrats. Aucun juge en service n’a à justifier son action devant le Bundestag.
Même aux Etats-Unis, où les commissions du Congrès disposent de pouvoirs étendus, les juges fédéraux bénéficient d’une immunité fonctionnelle stricte. Le Department of Justice peut être saisi, mais les magistrats eux-mêmes restent hors de portée des convocations politiques.
Ces exemples ne sont pas des exceptions. Ils sont la norme dans toutes les démocraties respectueuses de la séparation des pouvoirs.
Or, l’article 56, en l’état, fait du Sénégal une anomalie démocratique en devenir : le seul pays, à notre connaissance, à prévoir formellement la convocation, et potentiellement la contrainte physique, d’un magistrat par une commission d’enquête parlementaire.
Ce n’est pas ici une réaction corporatiste. C’est une alerte institutionnelle. La Justice ne peut rester sereine et impartiale si elle est exposée, même ponctuellement, à une mise en cause politique directe.
Renforcer le contrôle parlementaire, oui. Mais en respectant la ligne rouge de l’indépendance judiciaire. Car le contrôle n’est pas la subordination, et la transparence ne doit jamais servir de prétexte à l’affaiblissement des contre-pouvoirs.
D’autant plus que ce texte, adopté sous forme de loi organique, devra, avant toute promulgation, être soumis au contrôle de constitutionnalité, conformément à l’article 78 de la Constitution. C’est une étape décisive. Car une démocratie forte ne se mesure pas à l’étendue des pouvoirs, mais à leur équilibre.
Mamadou Yakham KEÏTA
Juge au Pool financier et judiciaire
Auteur de Teg Teggi Tekki