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9 juin 2025
AÏSSATA TALL SALL MET EN GARDE SUR LES DÉRIVES DE LA MISE EN ACCUSATION D'ANCIENS MINISTRES
Lors du débat en plénière sur la mise en accusation de cinq anciens ministres, la députée a rappelé la gravité de la procédure, soulignant le caractère exceptionnel et irréversible des décisions rendues par la Haute Cour de justice.
Lors du débat en séance plénière sur la mise en accusation de cinq anciens ministres devant la Haute Cour de justice, la députée Aïssata Tall Sall a livré une intervention empreinte de solennité et de mise en garde. Elle a rappelé à ses collègues la portée exceptionnelle de la procédure engagée, insistant sur les caractéristiques singulières de la juridiction concernée.
« La Haute Cour de justice est une juridiction d’exception. Elle statue en premier et dernier ressort. Il n’y a ni appel, ni cassation, sauf révision. Cela signifie que nous devons réfléchir avec rigueur avant d’envoyer quelqu’un devant cette cour », a-t-elle déclaré, soulignant que les conséquences d’une telle décision sont irréversibles.
Mais plus encore, l’ancienne ministre a insisté sur le rôle que joue l’Assemblée nationale dans ce processus, allant jusqu’à affirmer que, dans ce contexte, les députés « font office de procureur de la République », puisque c’est eux qui initient la mise en accusation, ouvrant ainsi la voie à une procédure judiciaire formelle.
« J’entends dire que nous ne sommes pas la justice. Mais aujourd’hui, nous le sommes. Nous prenons la place du procureur en décidant de qui doit être poursuivi. Il n’y a plus de séparation des pouvoirs à cet instant précis », a averti la députée.
Face à cette responsabilité, elle a rappelé un principe fondamental du droit pénal : la présomption d’innocence. Pour Aïssata Tall Sall, ce principe est trop souvent mal interprété. « La présomption d’innocence, ce n’est pas juste dire que quelqu’un est innocent jusqu’à jugement. C’est surtout refuser de briser cette présomption sans preuves tangibles. »
Elle a exprimé des réserves sur les éléments soumis à l’appréciation des députés, notamment le fait que les accusations reposent en grande partie sur des déclarations de Directeurs administratifs et financiers (DAGE), sans corroboration formelle. « Il n’y a pas eu d’enquête contradictoire sérieuse à ce stade. Ce sont des déclarations contre des déclarations. »
« Nous devons savoir ce qu’on nous demande de faire avant de prendre une décision aussi lourde de conséquences », a-t-elle conclu, appelant à la responsabilité, à l’équité et à la conscience du droit dans le traitement de cette affaire.
MATAM SE POSITIONNE COMME HUB DU PHOSPHATE ET DE L’AGROBUSINESS
Le ministre du Commerce et de l’Industrie, Serigne Guèye Diop, a annoncé la création d’une usine d’engrais à Danthiady, d’un pôle intégré d’extraction et de transformation, ainsi qu’une université dédiée aux phosphates.
Le ministre du Commerce et de l’Industrie, Serigne Guèye Diop, a annoncé, jeudi, la création de plusieurs projets liés à l’exploitation du phosphate, dont une université et une usine de transformation.
“A partir de cette année et de celle prochaine, nous allons créer ici une usine de transformation d’engrais à Danthiady. Le Premier ministre viendra en personne poser la première pierre” de cette infrastructure, a-t-il dit.
M. Guèye intervenait lors de la cérémonie d’ouverture d’un forum portant sur le thème “Matam plateforme pour l’avenir industriel et agricole”, en présence du gouverneur de cette région et de plusieurs autorités administratives et politiques.
Le ministre a aussi annoncé la création d’un pôle unique d’extraction, de transformation et de valorisation des phosphates de Matam.
Un troisième projet annoncé concerne la fabrication d’engrais phosphatés, très importants pour l’agriculture, selon le ministre, en association avec ceux qui seront produits à partir de Saint-Louis avec le gaz naturel.
“Avec tout cela, Matam va devenir un pôle unique dans ce pays en matière de phosphates”, a soutenu Serigne Guèye Diop, qui a aussi annoncé la création d’une université dédiée au phosphate et à l’agrobusiness.
Cet établissement va permettre aux jeunes de la région d’avoir “une formation cyclée sur la transformation du phosphate et son industrialisation”, a-t-il indiqué.
Serigne Guèye Diop considère que c’est l’avenir de tous les jeunes et de toutes les femmes de Matam qui est en train de se construire à travers ces différents projets.
“Ce pôle universitaire va être accompagné d’un autre consacré à la recherche et au développement pour transformer les dérivés du phosphate en brut et en haute valeur industrielle. Cette université va travailler avec l’Institut supérieur d’enseignement professionnel (ISEP) de Matam et toutes les autres universités du Sénégal”, a indiqué M. Guèye.
Elle va concentrer ses activités sur la recherche industrielle, les engrais du phosphate, l’agriculture et la production du semences, a-t-il précisé.
L’ASSEMBLÉE NATIONALE ENVOIE CINQ ANCIENS MINISTRES DEVANT LA HAUTE COUR DE JUSTICE
À la suite d’un vote majoritaire, l'hémicycle a validé la mise en accusation de Moustapha Diop, Amadou Mansour Faye, Salimata Diop, Aïssatou Sophie Gladima – pour leur gestion des fonds Covid-19 – ainsi qu’Ismaila Madior Fall pour corruption.
L’Assemblée nationale qui a adopté à la majorité les cinq projets de résolution portant sur la mise en accusation devant la Haute Cour de justice des anciens ministres Moustapha Diop, Amadou Mansour Faye, Salimata Diop, Aïssatou Sophie Gladima pour comparaître sur la gestion des fonds Covid-19 et Ismaëla Madior Fall pour corruption.
“Il y a que l’assemblée qui est habilitée à prendre cette résolution de mise en accusation. On n’a pas cherché à charger. C’est l’Assemblée nationale qui qualifie les faits. Ce n’est pas la police, ce n’est pas le procureur de la République”, déclaré Abdoulaye Tall, président de la Commission des lois.
Il a signalé que la Haute Cour de justice n’est pas une juridiction politique même si elle est composée de députés.
Me Tall rappelle que “la Haute Cour de justice n’est pas une juridiction permanente parce qu’elle est installée à chaque début de législature”.
Il a ensuite précisé que cette juridiction n’a pas de voie de recours puisque ces décisions sont rendues en dernier ressort. “La seule voie de recours c’est la révision”, a expliqué le député.
“Il y a que l’assemblée qui est habilitée à prendre cette résolution de mise en accusation. On n’a pas cherché à charger. C’est l’Assemblée nationale qui qualifie les faits. Ce n’est pas la police, ce n’est pas le procureur de la République”, a indiqué Abdoulaye Tall.
Aïssata Tall Sall a déploré l’absence de voie de recours de la cour de justice qui est une juridiction d’exception.
“Ce sont des députés qui posent l’acte de la justice. On a pris la place du procureur de la République”, a avancé l’avocate.
Elle estime que cette mise en accusation contre les cinq anciens ministres de la République “ne peut pas être voté parce qu’elle est illégale”.
Le député non-inscrit de l’opposition, Cheikh Tidiane Youm estime que les cinq ministres qui font l’objet de mise en accusation devant la Haute Cour de justice sont présumés innocents.
Il signale que c’est l’ancien chef de l’État, Macky Sall qui avait demandé l’audit de la gestion des fonds force Covid-19.
Il est d’avis que les gens doivent “garder à l’esprit que la reddition des comptes est un pilier fondamental”.
Pour lui, cette Haute Cour de justice constitue “un signal très fort contre l’impunité”.
Babacar Ndiaye lui considère que la Haute Cour de justice joue un rôle essentiel dans la consolidation de l’état de droit.
“Au delà de son aspect symbolique c’est un rempart contre l’impunité”, a souligné le député de la majorité parlementaire.
Il n’a pas manqué de dénoncer le fait que des gens ont profité de la pandémie pour s’enrichir.
Tafsir Thioye a invité ses collègues députés membres de la Haute Cour de justice “à rester objectifs et [à] éviter les passions”. Il les a appelé “à la sagesse, à l’impartialité”.
Il a déploré la requalification des faits en ce qui concerne le dossier de corruption contre l’ancien ministre de la Justice, Garde des Sceaux, Ismaëla Madior Fall.
Fodé Mané lui considère que toutes étapes de la procédure ont été respectées dans ce dossier hérité de l’ancien régime.
“Le peuple a envie de connaître la vérité, donc il est nécessaire de donner les moyens à la justice de dire la vérité mais aussi donner la possibilité aux cinq majeurs” de prouver leur innocence.
La députée Amy Dia a plaidé pour la mise en place d’un tribunal populaire si la culpabilité de ces anciens ministres est établie.
Elle estime que cela se fait dans les autres pays pour permettre à la population de savoir ce qui se passe.
PAR Khaïra Thiam
À L’OMBRE D’UNE ICÔNE FÉMINISTE, FATOU SOW
EXCLUSIF SENEPLUS - L'idée d'une soumission des femmes à des valeurs sans fondement autochtones relève des narratifs importés arabo-musulmans et occidentaux. Nous ne considérons pas toutes les femmes comme nos sœurs
La nouvelle orientation du quotidien Le Soleil surfe-t-elle sur la bonne vague, en épousant les valeurs du fascisme idéologique et politique sénégalais d’aujourd’hui ?
De manière fortuite, je suis tombée sur un article du Soleil sur le féminisme. Quelle ne fut pas ma déception de voir que Le Soleil, ce monument, à son tour, dégringole des sommets. Le 6 mai 2025, il nous a servi une soupe grumeleuse qui vise sans doute à tromper l’ennui. J’ai été stupéfaite que Le Soleil laisse passer un article aussi peu soutenu par de la rigueur intellectuelle ni même par une connaissance du contexte ou de l’histoire du féminisme sénégalais et des luttes de résistance. Ce qui l’est davantage, c’est le refus du débat contradictoire avec l’argument de l’opinion d’une chroniqueuse. Cela à la veille du Symposium international en hommage à Madame la Professeure Fatou Sow, qui aura lieu du 14 au 17 mai 2025 dans la capitale et promu par la Fondation pour la démocratie. On peut dès lors valablement s’interroger sur cette volonté délibérée de promouvoir des opinions en lieu et place d’un savoir reposant sur des éléments historiques et scientifiques factuels, dans un pays qui se prétend encore démocratique.
Au Sénégal, plusieurs courants féministes radicaux et/ou intersectionnels et/ou décoloniaux s’affrontent vertement sur la conduite à tenir vis-à-vis des femmes qui s’en prennent aux féministes. Certaines influencées par les penseuses nord-américaines (Audre Lorde, bell Hooks etc) ou sud-américaines (Ribeiro) et parfois françaises (Colette Guillaumin, Amandine Gay), pensent qu’il ne faut pas répondre à une femme, soit-elle promotrice du système patriarcal et gardienne jalouse des miettes qu’il lui jette de temps en temps. Cette posture repose sur l’idée que les femmes sont socialisées dans un système patriarcal qui les pousse, entre autres chose, à se détruire entre elles. Dans ce sens, il faut prendre ces attaques comme symptomatiques du patriarcat internalisé qu’il n’y a pas lieu d’alimenter. Les penseuses noires américaines, traversées par les idéologies et postures militantes des mouvements pour les droits civiques, insistent sur l’idée d’une sororité aconflictuelle comme stratégie politique. Ainsi choisissent elles le silence, la mise à distance ou la réponse non violente.
Toutefois, tout aussi féministes que les premières, les féministes radicales farouchement enracinées dans leurs cultures ou d’ascendances africaines (Françoise Vergés, Assa Traoré, Rokaya Diallo, Chimamanda Ngozi Adichi, Fatou Sow, Khaïra Thiam…) considèrent que la réponse à la critique est un outil politique légitime. C’est sans doute l’une des significations du terme « pank » souvent décerné à celles qui répondent vivement aux critiques au Sénégal. C’est que nous ne considérons pas toutes les femmes comme nos sœurs et certainement pas lorsqu’elles tiennent des position racistes, sexistes, ou réactionnaires et qu’elles nous portent atteinte volontairement. Oublier que les femmes sont également capables de violences, c’est d’abord reproduire cette image stéréotypée et essentialisée de la femme, incarnation de la douceur aconflictuelle fabriquée par l’idéologie patriarcale et c’est reconduire également la posture de passivité attendue en conséquence.
Mais le féminisme, sans doute parce qu’il est exclusivement féminin, est, dans son anatomie, structuré comme une ouverture et admet qu’existe en son sein une diversité de positions. C’est du reste ce qui fait sa vitalité. Le totalitarisme idéologique ou le jugement hâtif ou l’excommunication ne peuvent y exister en principe. Mais comme partout lorsque des êtres humains se regroupent, et cela même en féminisme, il peut exister des personnalités tyranniques qui embolisent la pensée et font fonctionner des idéaux comme des dogmes religieux qui ne supportent pas la remise en question. Fort heureusement, elles sont minoritaires. Pour autant, la fluidité de la pensée féministe permet à d’autres de passer d’un idéal à l’autre en fonction des circonstances. Comme me le disait il y a peu Fatou Sow : « certaines personnes poussent à se salir les mains, mais il faut parfois accepter de le faire pour leur faire fermer la bouche. Cela même s’il faut comprendre les scrupules de certaines féministes. » Il se trouve que je partage parfaitement son point de vue et que je suis de celles qui ne considèrent pas toutes les femmes comme mes sœurs et aucun homme comme mon frère pour l’éternité. Je considère que la méfiance à leur égard est mère de sureté et que par contrat tacite, nous admettons de nous traiter chacun avec une égale dignité ni plus ni moins. En cas contraire, nous emploierons les mêmes armes : la violence n’est pas l’apanage des seuls hommes. Je n’ai donc aucun scrupule à évaluer l’écrit d’une pick me et au besoin le lui démonter pièce par pièce surtout si certaines féministes et Fatou Sow, au premier chef, en ont été offensées, sous couvert de grossière flagornerie et de tentative de clivage entre anciennes gardes et nouvelles gardes. Cette bipartition n’existe pas chez nous car les relations sont horizontales et non verticales comme l’anatomie turgescente du patriarcat le suggère.
La posture de docile servitude tranche également fondamentalement avec l’histoire politique des résistances des femmes africaines en contexte africain. Ces dernières ne sont pas connues historiquement pour leur passivité ou leur soumission. Depuis Lala Kahina qui luttait au Nord de l’Afrique contre l’implantation des arabo-musulmans et de la religion musulmane, jusqu’à Winnie Mandela, dans le sud, contre l’apartheid, ou encore plus récemment, Black Diamond qui s’est érigée une armée de femmes face à Charles Taylor ; des femmes se sont battues contre l’enfermement idéologique du racisme et de la négation sexiste patriarcale de leurs vies. Au Sénégal, rappelons Yacine Boubou et ses alliances politiques, Ndatté Yalla tenant la dragée haute à Faidherbe, Aline Sitoe Diatta prônant la désobéissance civile dans le sud du Sénégal, les Mamans de l’indépendance (Adja Rose Basse, Arame Tchoumbé Samb, etc. ressuscitées par Diabou Bessane) ou encore notre très regrettée Eugénie Rokhaya Aw qui a bravé, au risque de la prison, l’imposition d’un parti unique par Senghor, pour défendre ses idées révolutionnaires.
Cette idée de la soumission des femmes à des valeurs sans fondement autochtones est un produit des narratifs importés arabo-musulmans et occidentaux. Il y a lieu dès lors d’en décoloniser les scories dans la pensée, y compris de celles qui, sans nettoyer devant leur porte les idéologies qu’elles servent, contribuent à nous vendre cette image contre-façonnée des femmes. Laquelle sert effectivement à nous opposer en bonnes ou mauvaises femmes ou féministes et donc la propagande patriarcale de certains groupuscules. De ce fait, l’autrice de l’écrit incriminé, hors sol et totalement hors sujet, pour rester dans les pratiques universitaires, peut être considérée comme une servante obséquieuse de ses maitres. Grand bien lui fasse !
Par ailleurs, cela tranche également avec la position de refus des féministes de la première heure au Sénégal et la position de Fatou Sow à laquelle elle prétend participer à rendre hommage. En effet, les féministes sénégalaises des années 80 n’étaient pas moins radicales, voire elles l’étaient bien plus que celles d’aujourd’hui. Il n’y a qu’à lire les articles de la revue Fippu pour se prendre une bonne claque et réviser ses velléités de militantes proprettes actuelles. Et pour cause, elles ont traité de sujets-bombes que les féministes actuelles n’osent pas aborder dans l’espace public : la critique du religieux ou l’homosexualité entre autres. Ces féministes nous ont introduit à la réflexion sur les systèmes patriarcaux enchâssés les uns dans les autres au Sénégal du fait des différentes colonisations. Elles nous ont introduit à la réflexion critique sur ces « valeurs » qui sont si chères aux panafricains de gauche et à leurs harpies qu’ils ont lâché dans la nature dès leur accession au pouvoir et qui, se faisant, ont pris la voie de l’extrême droite fascisante manifestement.
Un des indicateurs du fascisme est la fabrication de bouc émissaires. Au Sénégal, ceux qui mobilisent la panique morale en ce moment sont les féministes et/ou les homosexuels accusés d’être un phénomène conjoncturel importé de l’Occident. Cela dans le contexte sénégalais, c’est soit ne rien connaitre à son histoire, son anthropologie culturelle, sa sociologie (gen xet) ou faire preuve d’une mauvaise foi patentée (fen). Mais les sophistes sénégalais n’en manquent pas. C’est également ravaler la démocratie et l’ouverture aux divers droits humains et libertés fondamentales au rang de péril identitaire. C’est parler de cultures ou de valeurs ataviques reifiantes que l’on souhaiterait voir imposer unilatéralement dans un pays structuré originellement par une créolisation forcée dont les identités rhizomes sont une des signatures de la muliere senegalensis. C’est oublié que ce discours sur la pureté raciale est un discours colonial et totalitaire dont l’Afrique, en particulier le Sénégal, ont été le laboratoire avant que cela ne vienne frapper l’Europe. C’est opposer à la vitalité des identités rhizomes, une pensée totalitaire inerte et plombante nivelant vers le bas les diverses perspectives culturelles, sociales ou psychologiques empruntées par les sénégalaises d’aujourd’hui. Le fascisme, c’est encore le mépris de l’État de droit, de ses institutions et donc de son pluralisme politique consacré, du reste, par la Constitution sénégalaise. Les féminismes comme outils politiques ou comme philosophies y sont en principe reconnus à celles qui s’en réclament au même titre que les croyances ou que les lignes politiques de partis etc. La liberté d’expression y est aussi consacrée même si nous constatons toutes et tous des atteintes répétées de celles-ci notamment en ciblant exclusivement les artistes féminines. En ce moment Mia Guissé en fait les frais. Mais également les féministes radicales ou non convoquées devant les juridictions pour s’expliquer de leur rhétorique politique provocatrice. Une première au Sénégal ! Nos tribunaux sclérosés par la somme de travail journalier à abattre n’ont vraiment que cela à faire, alors que pas loin d’une centaine de magistrats attendent, depuis six mois, leur affectation au bénéfice des justiciables et des collègues siégeant. Du reste le médiateur de la République a, très récemment, souligné dans son rapport l’incongruité de telles restrictions dans un Etat de droit.
Par ailleurs, l’Islam comme outil politique ne date pas de l’écrit de notre actuelle mise en cause. S’il a existé du vivant du Prophète (Psl), dès sa mort, les guerres fratricides et intestines ont vu le jour pour assurer sa succession. Aicha Bint Abu Bakr, l’une de ses veuves, a participé en 656, à l’une des plus célèbres guerres civiles du monde musulman. Du haut du promontoire que constituait la litière posée sur son chameau, elle dirigeait les troupes armées réclamant justice pour l’assassinat d’Utman. Ce moment de fragilité de la concorde de la Ummah islamique a fait l’objet de plusieurs interprétations. Pour les féministes islamiques, preuve est faite de la puissance morale, économique et militaire, des femmes musulmanes les autorisant à participer à la vie politique civile et militaire en plus d’être mécènes du projet islamique (Khadidja). Par sa revendication de justice, Aicha a remis en cause la légitimité du pouvoir de Ali Ibn Abou Taleb. Elle a ainsi ouvert dans le monde musulman une tradition des débats politiques, juridiques et théologiques sur des questions telles que l’autorité, la rébellion, et la place de l’opinion dans la gouvernance islamique. Aussi y-a-t-il lieu parfois de ne pas être plus royaliste que le Roi surtout à l’heure de la démocratisation du savoir et de son accès sans limite de jour comme de nuit. Ces traditions islamiques de la controverse politique se complètent de trois injonctions contenues non pas dans l’histoire de l’Islam mais dans le texte sacré lui-même qu’il serait bon de relire parfois. La première est que si le croyant ne compromet sa foi sous aucun prétexte, il n’en reste pas moins que la séparation doctrinale radicale entre les kafirs et les gens du livre se clos sur le droit pour chacun de suivre sa voie (Sourate Al Kafiroun). C’est du reste sur cela que repose la doctrine soufie, bien adoptée au Sénégal, du vivre ensemble. La deuxième c’est d’apprendre. L’Islam est fondamentalement attaché au développement de la science islamique ou non et cela dans tous les domaines. C’est un devoir spirituel et une responsabilité morale qui permet de ne pas nuire et d’être juste envers autrui en recherchant le bien commun. La troisième donc découle de la seconde et est la pierre angulaire la plus importe de l’éthique musulmane : ne pas nuire (yé fitna).
Les féministes islamiques restent attachées à l’Islam et elles invitent à repenser son interprétation dans une perspective, espèrent-elles, plus inclusives. De plus, elles invitent leurs consœurs à chercher à savoir et au respect de leurs croyances. Mais sont-elles prêtes elles aussi à respecter l’incroyance d’autrui ou la séparation de la croyance religieuse de la démarche politique que suppose certains féminismes ? Pas sûr ! Notre scribouillarde comptemteuse en est la preuve vivante. Toutefois, chez les féministes radicales africaines, l’ambivalence est de mise alors que les radicales d’autres zones géographiques ont clairement tranché. Ici, certaines tendent vers ce féminisme mâtiné de religiosité quand d’autres estiment que la croyance est une affaire privée et qu’elle n’a pas sa place dans le débat républicain. Fatou Sow est de celles-là. J’y souscris également, encore que j’estime que le droit à l’outrage devrait être toléré comme est toléré, par les non-croyants, le renvoie permanent aux croyances des autres. Je parle de l’attitude de certains croyants en période de Ramadan qui en sont presqu’agressifs lorsqu’ils constatent que d’autres ne jeunent pas. Je parle également de l’intempestif et ostentatoire Jummah Mubarak du vendredi, dans les divers groupes WhatsApp sénégalais qui indispose également certains croyants. Je parle encore de toutes ces personnes poursuivies au Sénégal pour avoir donné un avis jugé outrageant ou blasphématoire. En toute logique et relativement aux textes fondamentaux qui régissent la République laïque du Sénégal, la posture rigoriste ne devrait pas trouver d’écho dans notre système judiciaire. Pas plus que pour ce qui concerne les règlements de comptes entre représentants d’un groupe ou d’un autre qui s’écharpent sur leur niveau de croyance ou leur illusoire sainteté ou les outrages réels ou supposés faits à leurs personnes. Dès lors, il ne s’agit plus véritablement d’adorer Dieu mais de s’adorer soi en se plaçant à sa hauteur ou en parlant à sa place. Dans ce cas c’est le problème de la psychiatrie pas celui de la justice ou de l’exécutif.
En 2018, s’interrogeant sur le retour au sacré et son impact sur les femmes et les rapports sociaux de sexe au Sénégal, Fatou Sow, en montrait la dimension purement politique. Elle affirmait par ailleurs que « le religieux et le politique dans les États actuels reposent sur des valeurs du patriarcat ». Position strictement partagée par les féministes radicales du monde entier. Elles ont du reste démontré l’existence d’un système d’oppression fondé sur ces deux piliers qu’elles ont théorisé et nommé d’un vocable aujourd’hui repris à tort et à travers : le patriarcat. Fatou Sow poursuivait : « La situation est d’autant plus critique que de très nombreuses femmes ont à se plier à des projets de société d’ordre culturel et religieux, servis pour faire face aux crises contemporaines, même lorsque ceux-ci manifestent clairement des dérives fondamentalistes. (…) les mouvements religieux pénètrent de plus en plus les allées d’un pouvoir, qui n’est plus seulement spirituel, et jouent sur les opinions, d’où une progression des fondamentalismes ordinaires. (…) Il existe bien sûr des interprétations variées de la ou des cultures, mais on convient que celles-ci sont vivantes et dynamiques et que les changements sociaux sont également un domaine extrêmement important de réflexion scientifique. Toutes les analyses, qu’elles soient historiques, sociologiques ou politiques, s’accordent sur le fait que les cultures vivent et meurent, perdurent et végètent, mais se renouvellent en permanence. Elles sont l’objet de mutations propres à toute société et l’Afrique, l’ancienne comme la contemporaine, n’a pas échappé à ces « dynamiques » ». Fatou Sow reprenait également les propos de son cher époux, notre regretté Pathé Diagne qui estimait que les cultures Africaines étaient des « modèles en mouvement ». Dans ce sens rappelait-il : « Sa conception du monde traduite par les jubilés qui ponctuent la succession des générations reproduit une philosophie du temps et du changement. Dans ces systèmes d’idées, les nouvelles générations qui, chaque 50 ou 60 ans, organisent les rites de passage d’une époque révolue vers l’avenir, inventent de nouveaux masques, de nouvelles musiques, de nouveaux instruments, quand elles ne changent les us et coutumes les valeurs et les institutions »
Pathé Diagne s’exprimait en 1984, nous sommes en 2025 au Sénégal. Un autre monument de la pensée africaine, et neveu de notre éminente mentor Fatou Sow disait : « l’identité de la tradition ne peut être une identité de répétition » (Souleymane Bachir Diagne, 1992). Ainsi, le Sénégal pris dans un tourbillon dynamique invente ses nouvelles identités et les féministes y participent largement par leurs provocations à la réflexion répétées mais les incultes prospèrent également. Si l’inculture n’est pas un crime dans le monde laïc, même s’il l’est dans le monde musulman, participer à en faire une vérité, en relayant de fausses informations questionne l’éthique journalistique. De plus dans une période de discours souverainistes, il serait peut-être opportun de bien vouloir rappeler les aboyeurs publics à la niche et œuvrer durablement pour un contrat social dans lequel toutes et tous soient reconnus d’égal dignité et d’égale importance à contribuer à l’évolution de notre société. Comme le disait un panafricaniste, un vrai pour le coup, ou peut-être que par les temps qui courent on le ravalera au rang de goorou mbootay : « L’esclave qui n’est pas capable d’assumer sa révolte ne mérite pas que l’on s’apitoie sur son sort. Cet esclave répondra seul de son malheur s’il se fait des illusions sur la condescendance suspecte d’un maître qui prétend l’affranchir. Seule la lutte libère. » (Thomas Sankara)
Khaïra Thiam est féministe radicale.
par l'éditorialiste de seneplus, alymana bathily
VOUS PERMETTEZ, PAPE SAMBA KANE ?
EXCLUSIF SENEPLUS - Je réfute ici directement (comme dirait Schopenhauer) votre argumentation et déclare votre logique et ses conclusions sur la régulation des médias en cours au Sénégal, fallacieuses
Alymana Bathily de SenePlus |
Publication 08/05/2025
Je réfute ici directement (comme dirait Schopenhauer) votre argumentation et déclare votre logique et ses conclusions fallacieuses.
Voici pourquoi :
Commençons par votre argumentation, l’éthos.
Pourquoi remontez-vous au XVIIème siècle et à l’Angleterre pour trouver un exemple de régulation des médias à comparer avec celui en vigueur aujourd’hui au Sénégal ? Alors que la régulation des médias a encore cours en ce XXIème siècle, en Grande Bretagne (pour ne pas dire en Angleterre), en France, en Afrique et à travers le monde entier. Pourquoi n’avez-vous pas évoqué des exemples plus proches de nous, par l’histoire et la géographie ? Pas par coquetterie intellectuelle, pour nous impressionner avec votre érudition.
Les citations apparemment érudites n’impressionnent plus personne car tout le monde sait que de nos jours elles se trouvent à peu de frais grâce à l’IA. Je crois plutôt que vous cherchez tout simplement à impressionner vos lecteurs pour asseoir votre crédibilité et imposer l’autorité morale de votre argument.
Vous cherchez à impressionner le lecteur et lui faire accepter d’avance votre conclusion selon laquelle l’arrêté du ministère de la communication faisant « obligation aux médias non conformes au Code de la presse de cesser toute diffusion » n’a pas d’équivalent dans l’histoire du monde depuis…500 ans et est donc rétrograde et de ce fait inacceptable.
Or votre prémisse est fausse : vous assimilez l’arrêté à une forme de censure qui ne se pratique plus nulle part dans le monde moderne. Observons ce qui se passe autour nous !
D’abord ici, en Afrique est de l’Ouest, chez nos voisins du Ghana et du Nigeria par exemple.
Au Ghana, les entreprises de presse écrite qui, comme ici ne sont pourtant pas soumises à autorisation préalable, tout comme les radios, télévisions et médias en ligne, doivent « s’enregistrer », pour un coût de 100.000 cedis par an, auprès de la National Media Commission et adhérer formellement au Code d’éthique de l’association professionnelle des journalistes, la Ghana Journalists Association (GJA). En cas de manquement à cette obligation, l’entreprise encourt des amendes, la suspension ou même l’interdiction.
Au Nigeria, l’entreprise de presse écrite qui n’est pas soumise non plus à autorisation préalable, doit « s’enregistrer » pourtant auprès du Newspaper Registration Board en vertu d’une loi spécifique le Nigerian Press Council Bill révisé en 2018. Publier un journal sans l’avoir ‘’enregistré’’ au préalable est une infraction punissable d’une lourde amende (N250,000) ou même d’une peine de prison de 3 ans si ce n’est des deux peines.
Les médias audiovisuels au Ghana comme au Nigeria doivent évidemment obtenir une autorisation d’émettre après avoir obtenu une fréquence attribuée sur la base d’un dossier détaillé, signé un cahier de charge avec des obligations spécifiques et payé des redevances.
Ils doivent au préalable « s’enregistrer » auprès du régulateur : la National Communications Authority au Ghana et la National Broadcasting Corporation (NBC) au Nigeria. Dans ce pays, ils doivent aussi s’inscrire auprès d’une autorité de régulation de la publicité, le Advertising Practionners Council of Nigeria (APCON) ou le Advertising Regulatory Council of Nigeria (ARCOM).
Ne pas renouveler son inscription ou ne pas payer sa redevance est passible du retrait de la fréquence voire de la fermeture de l’entreprise.
En France où la presse écrite n’est plus sujette à une régulation spécifique, la loi N° 2021 1382 du 25 Octobre 2021 qui a crée l’Autorité de Régulation de la Communication (ARCOM) place les entreprises de radio, de télévision et du numérique sous le contrôle de cette autorité. Elle peut les fermer éventuellement pour contenus non conformes comme on l’a vu avec la chaine russe RT.
Votre argumentation et votre raisonnement logique s’écroulent donc !
Examinons votre pathos, votre appel émotionnel.
Pourquoi faites d’abord appel à des figures « amies » : Ibou Fall, Henriette Niang Kandé, Parti de l'Indépendance et du Travail (PIT) ? Pour nous faire comprendre que vous n’êtes pas un sniper mais que vous avez tout un bataillon de chevaliers mobilisés sous l’étendard de la liberté d’expression. Comme M. Mandiambal Diagne et son équipe du Quotidien, Madame Maimouna Ndour Faye, les patrons du CDEPS et bien d’autres encore dans la corporation journalistique et en dehors.
Fort bien ! Et alors ? Nous sommes en démocratie, n’est-ce pas ? Mais pourquoi faites appel à votre « consœur Aïssatou Diop Fall, journaliste sortie du Cesti, et qui a fait ses premières armes dans l’un des plus grands et plus anciens groupes de presse du pays » ?
Pour la racoler après qu’elle ait introduit un recours auprès de la Cour suprême contestant la fermeture de ses médias suite à l’arrêté du ministère de la Communication ? Sa démarche est pourtant normale, républicaine et vous, ainsi que le patronat et la profession dans son ensemble, devrez simplement attendre le jugement de la Cour suprême pour en tirer les conclusions qui s’imposent.
Mais vous allez un peu trop loin quand vous annexez les morts, les pionniers et les véritables héros de la liberté de la presse, les Abdourahmane Cissé, Mame Less Dia, Moussa Paye, Babacar Touré, Sidy Lamine Niasse et Mame Less Camara.
Que dire quand vous flétrissez le régime Sonko Diomaye comme dites pour lui opposer ….Abdou Diouf qui serait le père de l’ouverture démocratique et du pluralisme médiatique ? Vous avez pourtant été témoin et même acteur des luttes politiques épiques et des publications « clandestines » corrosives ainsi que des plaidoyers documentés qui ont sapé l’autorité morale et l’hégémonie politique et culturelle du régime UPS/PS et fini par imposer « l’ouverture démocratique » au successeur de Senghor.
Vous savez bien pourtant que ce sont le dévouement et les sacrifices de plusieurs générations de jeunes Sénégalais membres de partis politiques « clandestins », au moyen de publications interdites, qui ont forcé la main du président Abdou Diouf. Mais passons.
L’Histoire est têtue, comme on sait, elle ne se laisse pas travestir encore moins effacer comme on le ferait d’un tableau de salle de classe.
Une dernière chose, M. Papa Samba Kane : l’appel à la « résistance » en conclusion de votre papier participe à entretenir un climat délétère qui ne profite ni à votre corporation ni au pays dans son ensemble.
Comme si l’ADPME n’était pas une agence du gouvernement du Sénégal. C’est comme si les patrons de presse et vos amis n’avaient aucune envie de dépasser ce conflit entre la presse et le gouvernement du président Bassirou Diomaye Faye, créé à la suite du refus du gouvernement, en octobre 2024, d’effacer les arriérés d’impôts et de taxes des entreprises de presse d’un montant de 38 milliards FCFA ordonné par l’ex-président Macky Sall, à quelques jours de l’élection présidentielle. Quel agenda poursuivez-vous donc véritablement, vous et vos amis ?
Que répondez-vous au président de la République qui, selon le communiqué du Conseil des ministres de ce 7 mai 2025, « a demandé au ministre de la Communication, des Télécommunications et du Numérique d’examiner en relation avec les autorités de régulation (CNRA et ARTP), les voies et moyens de mettre en œuvre, selon un agenda consensuel, les recommandations et propositions des organisations d’ acteurs des médias concernant le Code de la presse et la transformation systémique et durable du secteur… » ?
Ne vous y trompez pas pourtant : ceci n’est pas un appel pour un retour en arrière pour réinstaurer les pratiques de l’ancien régime. C’est plutôt un appel au dialogue pour un nouveau départ. Un New Deal comme qui dirait.
UN AMÉRICAIN AU VATICAN
Le cardinal Robert Francis Prevost a été élu ce jeudi pape de l'Église catholique, devenant le premier pontife américain de l'histoire. Sous le nom de Léon XIV, il s'est présenté à la foule place Saint-Pierre en lançant un message de paix
(SenePlus) - Dans un événement historique qui restera gravé dans les annales de l'Église catholique, le Cardinal Robert Francis Prevost a été élu pontife ce jeudi, devenant ainsi le premier pape américain de l'histoire. Selon les informations rapportées par Bloomberg, le nouveau souverain pontife a choisi de régner sous le nom de Léon XIV, une référence significative à Léon XIII, figure progressiste qui avait contribué à moderniser l'Église.
"Que la paix soit avec vous," a déclaré le nouveau pape à la foule enthousiaste rassemblée place Saint-Pierre, agitant des drapeaux pour l'accueillir, comme le rapporte l'agence de presse américaine.
À 69 ans, Léon XIV hérite d'une Église en proie à des tensions internes entre progressistes et conservateurs sur des questions comme le divorce et les droits LGBTQ+, tout en devant naviguer dans un environnement géopolitique tendu, marqué par la guerre en Ukraine et le conflit au Moyen-Orient.
Le conclave n'a nécessité que deux jours pour atteindre un consensus, ce qui suggère, selon Bloomberg, que le pape François, décédé le mois dernier, aurait pu influencer cette décision. En effet, François avait nommé son futur successeur à la Congrégation pour le Clergé en 2019 et l'avait fait membre de la Congrégation pour les Évêques en 2020.
Un profil international malgré ses origines américaines
Né à Chicago, Robert Francis Prevost a passé une grande partie de sa vie hors des États-Unis, principalement au Pérou et à Rome. En 2018, il est devenu second vice-président de la Conférence épiscopale péruvienne. Ce parcours international pourrait s'avérer précieux pour diriger une Église universelle.
D'après Bloomberg, il est "reconnu pour son expérience de gouvernance, son pragmatisme, et sa connaissance du fonctionnement du Vatican." Ces qualités pourraient faire de lui "un interlocuteur potentiel avec Trump, bien qu'il puisse entrer en conflit avec lui sur les politiques migratoires."
L'élection d'un pape américain pourrait créer une nouvelle dynamique dans les relations entre le Saint-Siège et Washington. Le président américain Donald Trump a d'ailleurs rapidement réagi à cette élection : "Quelle excitation, et quel grand honneur pour notre pays," a-t-il écrit dans un message sur les réseaux sociaux. "J'ai hâte de rencontrer le pape Léon XIV. Ce sera un moment très significatif !"
L'héritage de François
Le nouveau pontife succède à François, qui avait souhaité mener "une Église pauvre pour les pauvres" et avait ouvert des discussions sur des sujets généralement considérés comme tabous, notamment le rôle des femmes et la possibilité pour les divorcés remariés de recevoir la communion.
François avait également promu des réformes financières visant à mettre la Banque du Vatican en conformité avec les normes financières internationales. Il s'était fait le défenseur des victimes de scandales sexuels et de la protection de la planète, notamment avec l'encyclique Laudato Si'.
Ces réformes avaient été critiquées par la frange la plus orthodoxe de l'Église, mais aussi, dans certains cas, par des voix plus libérales qui attendaient des changements plus radicaux et une position plus ferme concernant les abus commis par le clergé.
Reste à savoir si Léon XIV poursuivra dans la même voie que son prédécesseur, qui avait notamment refusé les appartements pontificaux luxueux au profit de la résidence d'hôtes du Vatican. "Le nouveau pontife suivra-t-il ses pas ? Cela reste à voir," note Bloomberg.
Dans les semaines et mois à venir, tous les regards seront tournés vers le premier pape américain de l'histoire, dont les décisions et orientations façonneront l'avenir de l'Église catholique dans un monde en constante évolution et marqué par de profonds défis sociaux, moraux et géopolitiques.
L'ÉGLISE CATHOLIQUE A UN NOUVEAU PAPE
Après moins de 24 heures de conclave, la fumée blanche s'est élevée au-dessus de la chapelle Sixtine. Les cloches de Rome ont retenti pour annoncer l'élection du 267e pape, successeur de François, décédé le 21 avril dernier
(SenePlus) - Des milliers de fidèles ont explosé de joie jeudi sur la place Saint-Pierre lorsque la fumée blanche a jailli de la cheminée de la chapelle Sixtine peu après 18h00, heure locale. Cette apparition tant attendue signale la fin du conclave et l'élection d'un nouveau pape, successeur de François décédé le 21 avril dernier à l'âge de 88 ans.
"Des milliers de fidèles et touristes massés sur la place Saint-Pierre ont salué avec des acclamations de joie et des applaudissements l'apparition des volutes s'échappant de la mince cheminée plantée sur le toit de la chapelle Sixtine", rapporte l'AFP, dont les journalistes ont assisté à la scène. Beaucoup immortalisaient l'instant historique avec leurs téléphones portables tandis que les cloches de la basilique Saint-Pierre et d'autres églises romaines se mettaient à sonner à toute volée.
Le 267e souverain pontife a été élu par un collège cardinalice particulièrement diversifié. En effet, un nombre record de 133 cardinaux issus de 70 pays différents s'étaient réunis dans le secret absolu de la chapelle Sixtine depuis mercredi soir. Cette assemblée reflétait la volonté du pape François de renouveler l'Église : environ 80% des cardinaux présents avaient été nommés durant son pontificat, avec une attention particulière pour les "périphéries", ces régions éloignées de l'Europe traditionnellement moins représentées.
Le nouveau pape a obtenu la majorité requise des deux tiers, soit au moins 89 voix, mais les détails du scrutin resteront secrets, conformément à la tradition vaticane. Son identité et son nom de règne seront annoncés par le cardinal "protodiacre" qui prononcera depuis le balcon de la basilique la célèbre formule "Habemus papam" ("nous avons un pape"). Lors de l'élection de François en 2013, l'attente entre la fumée blanche et cette annonce avait duré "un peu plus d'une heure", précise l'AFP.
Le nouveau pontife prend les rênes d'une Église confrontée à de multiples défis. Lors d'une messe célébrée avant le conclave, le doyen du collège cardinalice, l'Italien Giovanni Battista Re, avait appelé ses pairs à choisir le pape "dont l'Église et l'humanité ont besoin en ce tournant si difficile, complexe et tourmenté de l'Histoire", insistant particulièrement sur "le maintien de l'unité de l'Église".
Cette préoccupation n'est pas anodine. Le pontificat de François, marqué par des réformes audacieuses et des prises de position tranchées, a parfois divisé l'institution. Le nouveau pape devra composer avec "des sensibilités culturelles très diverses, entre une Europe sécularisée et des 'périphéries' en croissance", souligne l'AFP.
Parmi les dossiers urgents qui attendent le successeur de François figurent "les finances, la lutte contre la pédocriminalité, la baisse des vocations" dans une institution "en perte de vitesse en Europe". Plusieurs figures étaient citées parmi les favoris, notamment "les Italiens Pietro Parolin et Pierbattista Pizzaballa, le Maltais Mario Grech, le Français Jean-Marc Aveline, ou le Philippin Luis Antonio Tagle", selon les informations recueillies par l'AFP.
La procédure d'élection du pape, avec son rituel immuable, contraste fortement avec l'effervescence médiatique qui l'entoure. Les cardinaux avaient été coupés du monde extérieur pendant toute la durée du conclave : "aucun téléphone portable n'était autorisé, et les réseaux de télécommunication étaient coupés entre les murs de la Cité du Vatican".
Après l'annonce de son identité, le nouveau souverain pontife devrait apparaître sur le balcon de Saint-Pierre pour sa première bénédiction "urbi et orbi" (à la ville et au monde), s'adressant symboliquement aux "plus de 1,4 milliard de catholiques dans le monde". Ce geste inaugural marquera le début d'un nouveau chapitre pour l'Église catholique, douze ans après l'élection de Jorge Mario Bergoglio, devenu le pape François.
Ce conclave s'est déroulé remarquablement vite. Commencé mercredi soir, il s'est achevé dès le lendemain après-midi, signe possible d'un consensus rapide parmi les cardinaux sur la personne capable de relever les défis considérables qui attendent l'Église catholique dans les années à venir.
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NDEYE SALY DIOP, LE LUXE PRIVÉ AUX FRAIS DU CONTRIBUABLE
Des climatiseurs livrés chez elle, des signatures imitées et des millions destinés aux enfants de la rue évaporés. Le scandale qui éclabousse l'ex-ministre prend de l'ampleur après la lecture du rapport accablant de la Commission des lois
L'Assemblée nationale a levé le voile ce jeudi sur les graves accusations portées contre Ndeye Saly Diop, ancienne ministre de la Femme, de la Famille, du Genre et de la Protection des Enfants. Selon le rapport présenté en séance plénière, l'ex-ministre fait face à des charges de complicité de détournement de deniers publics s'élevant à 5.762.000 francs CFA.
Les investigations menées suite au rapport de la Cour des comptes ont révélé des irrégularités flagrantes dans la gestion des fonds Covid-19 attribués à son ministère. Une enveloppe de 150 millions de francs CFA aurait été détournée de son objectif initial, notamment des sommes destinées au retrait des enfants de la rue.
Parmi les preuves accablantes figurent des justificatifs dupliqués, des paiements effectués à des bénéficiaires fictifs partageant des numéros d'identité similaires, et même la livraison de climatiseurs au domicile personnel de la ministre.
Le Directeur de l'Administration Générale et de l'Équipement (DAGE) du ministère a reconnu avoir produit de fausses décharges sur instruction de Ndeye Saly Diop. Plusieurs témoins, dont des responsables d'organisations partenaires, ont affirmé n'avoir signé qu'une seule décharge, ignorant la provenance des autres documents portant leur nom.
La Commission des lois a adopté à la majorité le projet de résolution portant mise en accusation devant la Haute Cour de Justice. Conformément à l'article 101 de la Constitution, l'ancienne ministre devra répondre de ses actes pour association de malfaiteurs, faux et usage de faux, et détournement de deniers publics.
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LES DÉTAILS QUI ACCUSENT GLADIMA
Le projet de centre gravimétrique pour les orpailleurs de Kédougou s'avère être une coquille vide. Le rapport présenté ce 8 mai à l'Assemblée nationale révèle comment 73,2 millions ont été déboursés pour des travaux inexistants
Ce jeudi 8 mai 2025, l'Assemblée nationale a examiné un projet de résolution portant mise en accusation de l'ancienne ministre des Mines et de la Géologie, Aissatou Sophie Gladima, devant la Haute Cour de Justice.
Selon le rapport présenté en séance plénière, Mme Gladima est accusée de malversations dans la gestion d'une enveloppe d'un milliard de francs CFA issue du fonds Force Covid-19. Ces fonds étaient destinés à la construction d'un centre gravimétrique à Kédougou pour soutenir les orpailleurs impactés par la pandémie.
L'enquête a révélé que la ministre aurait autorisé le versement de 73,2 millions de francs CFA à la société commerciale du groupe ISA (SCGI) pour des travaux qui n'avaient pas encore démarré, en violation flagrante des règles de la comptabilité publique. De plus, une transaction de 80 millions destinée à l'achat de matériel aurait été effectuée de manière informelle via un opérateur de transfert aux allées Papa Guèye Fall à Dakar, plutôt que par virement international.
Le préjudice total est provisoirement évalué à 193,1 millions de francs CFA. La commission des lois de l'Assemblée nationale a adopté à la majorité le projet de résolution, estimant que les faits révèlent des indices graves d'association de malfaiteurs, détournement de deniers publics, escroquerie et blanchiment de capitaux.
Conformément à l'article 101 de la Constitution, les membres du gouvernement sont pénalement responsables des actes accomplis pendant l'exercice de leurs fonctions, et c'est donc devant la Haute Cour de Justice que Mme Gladima devra répondre de ces accusations.
Par Ramatoulaye SECK
DES MILLIONS DANS LES COFFRES DE L’ETAT, MAIS OU SONT LES BENEFICES POUR LES SENEGALAIS ?
Exploitation pétrolière au Sénégal, Février 2025 symbolise une étape décisive : le Sénégal raffine pour la première fois son propre pétrole.
Les premières traces d’hydrocarbures au Sénégal remontent à 1917, avec la découverte de bitume dans des formations calcaires. En 1932, des indices de gaz et de pétrole sont également détectés lors d’un forage d’eau aux environs de Dakar. Ces signaux précoces marquent le point de départ d’une aventure énergétique de long terme.
C’est en 1952 que débute officiellement la recherche structurée, sous l’égide du Bureau de recherches pétrolières (Brp). Entre 1952 et 1977, 122 puits d’exploration sont forés en onshore par la Société africaine des pétroles (Sap) et la Compagnie des pétroles Total Afrique de l’Ouest (Copetao). Une relance des activités entre 1966 et 1979 permet le forage de 29 puits supplémentaires, majoritairement en offshore. Puis, face au ralentissement causé par le second choc pétrolier de 1979, l’Etat met sur pied la Société des pétroles du Sénégal (Petrosen) en 1981, redonnant ainsi un nouvel élan à la dynamique de recherche. Depuis, 53 puits ont été forés en offshore comme en onshore.
Les découvertes majeures réalisées entre 2014 et 2018 dans les blocs de Sangomar, Saint-Louis et Cayar marquent un tournant historique. Dans la zone de Gadiaga/Sadiaratou, le gaz est même exploité depuis 1997.
Février 2025 symbolise une étape décisive : le Sénégal raffine pour la première fois son propre pétrole. Dans un communiqué en date du 13 février, la Société africaine de raffinage (Sar) annonce avoir traité 650 000 barils de pétrole brut issus du champ de Sangomar, générant 90 000 tonnes de produits tels que gasoil, kérosène, essence et gaz butane. Ce raffinage national représente une avancée significative vers la souveraineté énergétique, avec l’ambition de réduire le coût de l’électricité et de créer une valeur ajoutée locale.
Dans ce même élan, l’Initiative pour la transparence dans les industries extractives (Itie) a publié son rapport pour le premier semestre 2024. Elle révèle que le secteur extractif a généré 236 milliards de francs Cfa dont 225 milliards ont été versés au budget de l’Etat. Si ce chiffre témoigne d’une contribution réelle à l’économie nationale, il soulève toutefois une question cruciale : comment ces ressources seront-elles redistribuées pour bénéficier directement à la population, notamment à la jeunesse ?
Car le défi est immense. Selon les données du cinquième Recensement général réalisé par l’Ansd, la moitié de la population sénégalaise a moins de 19 ans et les moins de 15 ans représentent 39% de l’ensemble des résidents. Plus largement, les moins de 35 ans constituent 75% de la population en 2023. En parallèle, le taux de chômage s’élève à 20, 3%, et l’inflation persiste, grignotant le pouvoir d’achat des ménages et accentuant la précarité.
Dès lors, l’enjeu n’est plus uniquement économique ou technique, il est politique et social. Il s’agit de faire des ressources naturelles un véritable levier de développement inclusif, à travers des choix stratégiques orientés vers la création d’emplois durables, l’amélioration des systèmes de santé et d’éducation, la stabilisation des prix et la modernisation des infrastructures.
Le Sénégal se trouve à un tournant historique. L’avenir dépendra de la capacité des décideurs à traduire les promesses énergétiques en résultats concrets pour la population. Transparence, équité, efficacité : telles doivent être les pierres angulaires d’une gouvernance responsable des ressources extractives.
Sources : Site officiel de Petrosen, Bbc News Afrique, Rapport Itie 2024, Ansd – Recensement général 2023.