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27 juillet 2025
VIOLENCES À CAMBÉRÈNE, DES ENQUÊTES ANNONCÉES POUR SITUER LES RESPONSABILITÉS
En déplacement sur les lieux, le ministre de l’Intérieur, Jean Baptiste Tine, a présenté les condoléances de l’État et réaffirmé la volonté du gouvernement de faire toute la lumière sur cette affaire.
Le ministre de l’Intérieur et de la Sécurité publique, Jean Baptiste Tine, a réaffirmé, vendredi, que des “enquêtes impartiales” seront menées afin de situer d’éventuelles responsabilités relativement à une intervention des forces de l’ordre qui a occasionné deux morts à Cambérène, dans la proche banlieue dakaroise.
“Le Premier ministre vient de me dire au téléphone qu’il sera là demain. Et il tient à venir personnellement présenter les condoléances du gouvernement aux familles éplorées”, a d’abord expliqué Jean Baptiste Tine.
Ousmane Sonko était annoncé ce vendredi à Cambérène.
Le général Tine effectuait une visite auprès des notables de la commune de Cambérène, en compagnie notamment du ministre du Travail, de l’Emploi et des Relations avec les Institutions, Abass Fall, du préfet de Dakar, du maire de la localité.
“Le chef de l’Etat, le Premier ministre et l’ensemble du gouvernement partagent la douleur avec les familles des victimes”, a-t-il dit, avant d’assurer que des “enquêtes impartiales” seront menées afin de situer d’éventuelles responsabilités dans cette affaire.
Le ministre de l’Intérieur a réitéré son appel à “calmer les esprits”, notant que “ce pays est notre pays à tous. C’est le pays de Téranga (hospitalité) et de paix. Les policiers et les gendarmes aussi font partie de nous, de nos familles”.
Le porte-parole des familles endeuillées a salué la “diligence” des autorités, insistant toutefois sur la nécessité de faire toute la lumière sur cette affaire.
Le président de la République avait déclaré, mercredi, avoir demandé à plusieurs personnalités, dont le ministre de l’Intérieur et de la Sécurité publique, Jean Baptiste Tine, et le directeur général de la Police nationale, Mame Seydou Ndour, de mener des enquêtes “avec diligence”, afin de “situer les responsabilités” et de “soumettre un rapport circonstancié” aux autorités judiciaires, concernant les décès en question.
“Si des sanctions s’imposent”, elles doivent être prises “avec toute la fermeté” nécessaire, avait dit M. Faye, à son retour d’une conférence internationale sur le financement du développement, à Séville, en Espagne
GRÈVE DE 72 HEURES DANS LA JUSTICE
L’Entente SYTJUST–UNTJ a décrété une grève de 72 heures à partir du 7 juillet pour exiger la finalisation de réformes attendues dans le secteur judiciaire. Les syndicats réclament notamment l’alignement des greffiers à la hiérarchie A2.
L’Entente SYTJUST–UNTJ a annoncé, ce vendredi 4 juillet 2025, un mot d’ordre de grève de 72 heures qui sera observé les lundi 7, mardi 8 et mercredi 9 juillet prochains. Ce mouvement, qui paralysera une partie du fonctionnement des juridictions à travers le pays, vise à contraindre les autorités à finaliser des réformes attendues dans le secteur de la justice.
Les deux syndicats exigent la poursuite sans interruption du processus engagé par le Ministre de la Justice, notamment la réforme de deux décrets jugés bloquants. Le premier concerne l’alignement des greffiers à la hiérarchie A2, conformément aux engagements précédemment pris par l’État. Le second porte sur la mise en place effective du corps des Assistants des Greffes et Parquets (AGP), dans les conditions prévues par les textes.
L’Entente rejette fermement toute tentative de revirement, de report ou de désengagement de la part des autorités. Elle affirme rester pleinement mobilisée pour obtenir le respect des engagements pris et une reconnaissance sans équivoque des droits statutaires des personnels de justice.
À travers ce mot d’ordre, les syndicats veulent rappeler que la réforme du système judiciaire passe aussi par la valorisation et la considération des femmes et des hommes qui y travaillent au quotidien.
Le mot d’ordre est clair : sans actes concrets de la part de l’exécutif, la mobilisation se poursuivra.
APRÈS LES PROMESSES, L'HEURE DES SACRIFICES ?
Les investisseurs saluent la transparence du nouveau pouvoir sur l'état réel des finances, mais s'inquiètent de la lenteur des réformes. Suppressions de subventions, réforme fiscale "ambitieuse"... le plan de redressement promis par Sonko se dessine
(SenePlus) - Alors que le Sénégal traverse sa pire crise financière depuis des décennies, l'annonce par le premier ministre Ousmane Sonko d'un "plan de redressement" économique suscite autant d'espoir que d'inquiétude. Six mois après les révélations explosives sur l'état réel des finances publiques, les contours de ce plan restent flous, alimentant les craintes d'une cure d'austérité à venir.
Depuis février et la publication du rapport de la Cour des comptes révélant une dette cachée de 7 milliards de dollars, les nouvelles autorités sénégalaises multiplient les annonces sans pour autant dévoiler leur stratégie concrète. "La démarche de transparence des nouvelles autorités autour de la dette est globalement saluée par les investisseurs. Néanmoins, beaucoup s'inquiètent du fait que cela traîne en longueur", confie au Monde un responsable du FMI.
Cette lenteur dans la mise en œuvre inquiète d'autant plus que la situation financière du pays continue de se dégrader. Le dernier rapport de la banque britannique Barclays, publié le 30 juin, réévalue la dette publique sénégalaise à 119% du PIB pour 2024, faisant du Sénégal "le pays le plus endetté d'Afrique", selon Le Monde.
Face à cette dégradation continue, Ousmane Sonko a tenté de rassurer lors d'une allocution télévisée de 45 minutes diffusée le 1er juillet. "Nous avons hérité d'un pays malade. Le régime précédent a hypothéqué le pays et les générations à venir", a-t-il déclaré, promettant qu'un "plan de redressement" serait présenté "sous peu". Mais là encore, aucun détail concret n'a été fourni.
Malgré le silence officiel, plusieurs sources permettent d'entrevoir ce que pourrait contenir ce fameux plan de redressement. D'après Le Monde, "le ministère des finances a communiqué à plusieurs reprises ces derniers mois sur la nécessité d'une réforme fiscale, ambitieuse et structurelle".
Un haut fonctionnaire proche du dossier, interrogé par le quotidien français, dévoile les grandes lignes envisagées : "Il est question de supprimer un certain nombre de subventions à l'énergie, des exonérations fiscales, mais aussi d'élargir l'assiette d'imposition". Une approche que le premier ministre avait déjà esquissée lors de sa déclaration de politique générale fin 2024 : "Il faut faire payer moins les Sénégalais, mais tous les Sénégalais", avait-il énoncé.
Des négociations au point mort avec le FMI
Cette philosophie fiscale s'inscrit dans un contexte budgétaire particulièrement contraint. Selon la loi de finances rectificative votée le 28 juin, près de 39,7% des dépenses du budget général sont déjà absorbées par les salaires de la fonction publique et le remboursement de la dette. "Presque tout l'argent du pays est consacré à la dette", a confirmé Ousmane Sonko lors de son intervention télévisée.
L'urgence de la situation est d'autant plus criante que les négociations avec les bailleurs internationaux piétinent. Les discussions avec le Fonds monétaire international n'ont toujours pas permis de lever la suspension du prêt d'1,8 milliard de dollars accordé au Sénégal.
"Nous avançons sur la question du misreporting [fausse déclaration] de la dette par les anciennes autorités mais, pour l'instant, il n'y a pas de négociation à proprement parler pour un nouveau programme avec les autorités", indique une source du FMI citée par Le Monde.
Cette situation complique davantage l'accès du Sénégal aux marchés financiers internationaux. Les obligations d'État sénégalaises en dollars ont perdu de leur valeur : -15% pour celles à échéance 2033, -32,8% pour celles de 2048, révèle le quotidien français.
Pour compenser, Dakar s'est tournée vers le marché régional de l'UEMOA, récoltant 400 milliards de francs CFA en avril et près de 300 milliards fin juin, avec des taux d'intérêt entre 6% et 7%. Le pays prépare également le lancement de "diaspora bonds" pour 1 500 milliards de francs CFA, un emprunt obligataire réservé aux ressortissants de la diaspora.
Malgré l'annonce de l'installation d'une usine Mercedes d'assemblage de camions au Sénégal, censée prouver l'attractivité du pays, les observateurs restent sceptiques. "Ce serait un non-événement si nous n'étions pas en période de crise", tempère Elimane Haby Kane, directeur exécutif du groupe de réflexion LEGS Africa, cité par Le Monde.
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LA SOCIÉTÉ CIVILE SÉNÉGALAISE ET LA DIASPORA TOGOLAISE DÉNONCENT LA RÉPRESSION AU TOGO
Réunis ce vendredi au siège du FRAPP à Dakar, ils ont alerté sur la dégradation des libertés publiques et appelé à une solidarité régionale. Une marche pacifique a été annoncée pour le 5 juillet en soutien au peuple togolais.
La situation politique et sécuritaire au Togo continue de susciter l’indignation bien au-delà de ses frontières. Ce vendredi matin, une conférence de presse s’est tenue au siège du Front pour une Révolution Anti-impérialiste Populaire et Panafricaine (FRAPP) à Dakar. Elle a rassemblé des figures de la société civile sénégalaise ainsi que des membres de la diaspora togolaise vivant au Sénégal, unis pour dénoncer la dérive autoritaire en cours dans le pays.
À l’unisson, les intervenants ont dénoncé une dégradation inquiétante des droits fondamentaux au Togo, marquée par une répression systématique des voix dissidentes, un verrouillage des libertés publiques et une militarisation accrue du régime.
Alioune Tine, fondateur d'Afrikajom Center, a pointé du doigt le silence complice des institutions régionales. « Le mutisme de la CEDEAO et de l’Union africaine sur le cas togolais risque de consacrer l’impunité des régimes autoritaires », a-t-il averti, appelant à une mobilisation régionale pour la démocratie et les droits humains.
Des ressortissants togolais présents ont dressé un tableau sombre de la situation sur le terrain : arrestations arbitraires, intimidations, coupures d’Internet, un climat de peur généralisée et au moins sept morts recensés à l’approche de l’élection présidentielle.
Parmi les voix togolaises, Madame Emenefa Eklou, représentante de la diaspora au Sénégal, a lancé un appel vibrant à la mobilisation. Elle a annoncé l’organisation d’une marche pacifique ce samedi 5 juillet à Dakar, déclarant : « Ne restez pas indifférents à la souffrance du peuple togolais. »
Pour Mamadou Mbodj, du mouvement F24, les événements au Togo s’inscrivent dans une dynamique régionale préoccupante. Il a souligné les parallèles avec la situation au Niger ou en Guinée, estimant qu’« il est temps que les peuples d’Afrique de l’Ouest reprennent leur destin en main ».
Dans le même esprit, Guy Marius Sagna, porte-voix du FRAPP, a insisté sur l’importance d’une solidarité panafricaine active. « L’Afrique ne se libérera pas en silence. Ce qui se passe au Togo nous concerne tous », a-t-il affirmé avec force.
En conclusion, les participants ont exhorté les États africains, les institutions régionales et la communauté internationale à s’impliquer de manière plus ferme dans la résolution pacifique de la crise togolaise. Pour eux, il ne s’agit pas seulement d’un enjeu national, mais d’un combat pour la démocratie et la dignité sur tout le continent africain.
SOULEYMANE BACHIR DIAGNE, LAURÉAT DU GRAND PRIX HERVÉ DELUEN
Le philosophe sénégalais a été distingué par l’Académie française qui récompense son apport majeur au rayonnement de la langue et de la pensée françaises à l’échelle mondiale.
Le philosophe sénégalais Souleymane Bachir Diagne a été distingué par l’Académie française qui lui a décerné le prestigieux Grand Prix Hervé Deluen, récompensant son apport majeur au rayonnement de la langue et de la pensée françaises à l’échelle mondiale.
L’annonce a été faite par les éditions Albin Michel, fières de voir quatre de leurs auteurs couronnés lors de cette édition 2025 des Prix de l’Académie. Mais c’est bien le nom de Souleymane Bachir Diagne qui a particulièrement retenu l’attention, tant au Sénégal qu’au sein de la communauté intellectuelle internationale.
Une reconnaissance d’une œuvre tournée vers le dialogue des cultures
Le Grand Prix Hervé Deluen, attribué chaque année à une personnalité étrangère ou une institution œuvrant pour la promotion de la langue française, consacre une carrière intellectuelle exceptionnelle. Professeur, essayiste et penseur reconnu, Diagne s’est imposé comme une voix essentielle du dialogue interculturel, apportant un éclairage unique sur la philosophie africaine et sa place dans le monde contemporain.
Son style clair, sa pensée exigeante mais accessible, et son engagement en faveur d’une éthique du dialogue ont contribué à faire entendre une parole africaine libre, lucide et profondément humaniste dans l’espace francophone et au-delà.
Une fierté pour le Sénégal et l’Afrique intellectuelle
Ce prix symbolise non seulement la reconnaissance d’un homme, mais aussi celle d’un pays et d’un continent. En saluant l’œuvre de Souleymane Bachir Diagne, l’Académie française met à l’honneur le Sénégal, souvent considéré comme l’un des bastions de la pensée humaniste africaine, et plus largement la vitalité des intelligences africaines dans le débat mondial.
Parmi les autres lauréats de cette année figurent Frère François Cassingena-Trévedy (Grand Prix Moron), Thierry Thomas (Prix Roland de Jouvenel) et Ruben Barrouk (Prix Mottart).
Avec cette nouvelle distinction, Souleymane Bachir Diagne rejoint le cercle restreint des grands artisans de la pensée francophone. Son œuvre contribue non seulement à enrichir le patrimoine intellectuel mondial, mais aussi à démontrer, s’il en était encore besoin, que la langue française peut être un espace de dialogue, de pensée critique et de rencontre des cultures.
par Thierno Alassane Sall
LA CÔTE D’ALERTE EST ATTEINTE
Les groupes dits jihadistes sont à nos portes. Ce qui m’inquiète, c’est la vulnérabilité de notre société, minée par une pauvreté endémique, notamment dans les zones frontalières les plus exposées
Les nouvelles à nos frontières confirment une dynamique contre laquelle nous alertent depuis des mois tous les connaisseurs : les groupes dits jihadistes sont à nos portes. Kayes est l’objectif déclaré du JNIM malien. On peut bien se douter que ces groupes préparent déjà les coups d’après.
Je n’ai aucune raison de douter que les hauts gradés de nos FDS suivent leurs agissements depuis une décennie et ne sont pas restés les bras croisés.
Ce qui m’inquiète, c’est la vulnérabilité de notre société, minée par une pauvreté endémique, notamment dans les zones frontalières les plus exposées. Notre pays fait déjà difficilement face aux narco-groupes et autres mafias spécialisées dans les faux billets, comme l’attestent les saisies de plus en plus fréquentes. Comme le Ministre des Finances l’a affirmé : « la pirogue est trouée de toutes parts », nous sommes même au « quatrième sous-sol » selon le Premier ministre, c’est-à-dire en naufrage. Donc hyper-vulnérables.
Ajoutez-y que les récentes sorties de nos autorités, qui tendent à discréditer nos institutions comme la Justice, sont du pain béni pour les propagandistes contre des États illégitimes. En ajoutant la faillite politique à la faillite économique, Ousmane Sonko ne contribue pas à arranger les choses. En ces heures graves, il ne donne pas l’impression de penser à la Patrie mais à lui-même.
UN FLÉAU QUI DURE
De Senghor à Diomaye, les bavures policières traversent les époques et les régimes. Soixante ans après l'indépendance, les mêmes drames se répètent : Balla Gaye en 2001, Fallou Sène en 2018, et aujourd'hui Talla Keïta, Thierno Ba ou Mor Seck
La scène sénégalaise est secouée par une série d’affaires dramatiques mettant en cause la brutalité policière. En quelques semaines, trois cas distincts – à Rosso Sénégal, Cambérène et Yeumbeul – ont remis sur la table une question lancinante : les forces de sécurité sénégalaises sont-elles suffisamment encadrées, formées et contrôlées pour garantir une intervention respectueuse des droits humains ? Alors que les réseaux sociaux bruissent d’indignation et que des familles endeuillées réclament justice, le président de la République, Bassirou Diomaye Faye, a choisi de s’exprimer publiquement avec une gravité inédite.
Dans une déclaration diffusée sur la RTS, le chef de l’État n’a pas mâché ses mots. Il a exprimé son indignation face à l’usage de citoyens interpellés comme boucliers humains lors d’échauffourées entre la police et la population. ‘’Se servir d’un citoyen interpellé, cela ne ressort pas des règles d’engagement des forces de défense et de sécurité sur le terrain’’, a-t-il martelé, qualifiant les images de certaines interventions policières de ‘’scènes insoutenables et inacceptables’’.
‘’Un message de rupture’’ salué
Fermeté dans le ton, exigence dans l’action : le président a demandé au ministre de l’Intérieur et au directeur général de la Police nationale de diligenter des enquêtes et de produire un rapport détaillé, avec à la clé d’éventuelles sanctions exemplaires. ‘’Plus jamais la mort dans les commissariats ou à l’occasion d’interventions qui peuvent être maîtrisées ne pourra être acceptée comme relevant de la normalité’’.
Seydi Gassama, directeur exécutif d’Amnesty International Sénégal, n’a pas tardé à réagir. Sur X, il a salué ‘’un message fort’’ qui, s’il est suivi d’effets, pourrait ‘’réconcilier les citoyens et les communautés avec les forces de défense et de sécurité’’.
Mais au-delà du discours présidentiel, c’est toute une mécanique institutionnelle et sociale qui est aujourd’hui mise à l’épreuve. Car ces dernières semaines, les cas tragiques se sont multipliés, chacun apportant son lot de douleurs, de colère et d’interrogations.
Quand les bavures deviennent répétitives : les cas de Rosso, Cambérène et Yeumbeul
À Rosso Sénégal, petite localité du nord du pays bordant la frontière mauritanienne, le climat est lourd depuis la mort de Talla Keïta, 18 ans, décédé dans des circonstances troubles, le 29 juin 2025. Le jeune homme, arrêté pour outrage à agent, est mort à l’hôpital onze jours après son interpellation. Selon sa famille, il aurait été victime de sévices corporels au cours de sa détention. Le décès de Talla a immédiatement ravivé les tensions avec la population, notamment les jeunes du quartier, qui se sont mobilisés dès le lendemain pour exiger justice.
La situation a dégénéré le jeudi 3 juillet, lors d’une manifestation organisée pour exiger des explications sur les conditions de sa mort. La foule, essentiellement composée de jeunes, a été dispersée violemment par les forces de sécurité. C’est lors de ces échauffourées qu’une adolescente a été grièvement blessée à la joue, touchée, selon des témoins, par un projectile tiré par la police. Transportée en urgence au district sanitaire, puis à l’hôpital régional, son cas a relancé les accusations de répression disproportionnée.
Les autorités, tout en annonçant l’ouverture d’une enquête, peinent à apaiser les esprits. Le fait que deux policiers aient été placés en garde à vue constitue, pour certains, un pas vers la justice. Mais pour d’autres, ce n’est qu’un pansement sur une plaie plus profonde : celle de l’impunité chronique dont bénéficieraient certains agents de sécurité.
Cambérène : deux jeunes retrouvés morts, une version officielle contestée
À Dakar, c’est le quartier populaire de Cambérène qui a vibré de colère fin juin. Les corps sans vie de deux jeunes, Thierno Ba (26 ans) et Lamine Dieng (29 ans), ont été retrouvés sur la plage, après une opération policière survenue dans la nuit du 21 au 22 juin. La version livrée par la police nationale est limpide : les deux jeunes se seraient jetés à la mer pour fuir une patrouille, alors que l’un d’eux était soupçonné d’avoir agressé un agent.
Mais les familles des victimes n’avaient pas cette version. Dans un communiqué cinglant, la famille de Thierno Ba a dénoncé une tentative d'instrumentalisation et une tentative de salir l'honneur d’un jeune plombier bien connu dans le quartier. ‘’Il n’a jamais été mêlé à des affaires de délinquance. Il a été pris, violenté et laissé pour mort’’, martèle un membre de la famille. Le communiqué souligne aussi que le témoignage de l’agent agressé, qui dit avoir reconnu un profil similaire à celui de Thierno Ba, est trop flou pour établir une quelconque responsabilité.
La colère a explosé lorsque les jeunes du quartier ont appris que les corps de leurs camarades avaient été retrouvés sans que cela soit immédiatement signalé. Des barricades ont été dressées, des pneus brûlés et la VDN3 paralysée par des manifestations. La police est intervenue rapidement, mais la tension n’est pas retombée.
À ce jour, aucune preuve formelle n’est venue étayer la version policière, tandis que le silence autour des conditions exactes du décès de ces jeunes continue de faire monter la pression.
Yeumbeul : un téléphone, une arrestation, une mort suspecte
Le 11 juin, Mor Seck, réparateur de téléphones, est décédé à l’hôpital de Pikine, dix-huit jours après une interpellation violente à Yeumbeul-Nord. Selon sa famille, Mor a été passé à tabac par des policiers en civil qui l’ont arrêté sans mandat apparent, l’ont menotté puis conduit au poste. Il aurait été libéré huit heures plus tard, affaibli, défiguré et souffrant visiblement de douleurs abdominales.
Les résultats de l’autopsie, rendus publics le 16 juin, confortent la thèse d’une violence physique extrême. Ils font état de lésions internes graves : perforation gastrique, hémorragies internes, hydrotorax, hématome crânien. Le document médical évoque une ‘’péritonite aiguë généralisée consécutive à un traumatisme violent de l’abdomen’’.
Pourtant, les autorités policières contestent même l’existence d’une interpellation. Le commissariat de Yeumbeul-Nord affirme qu’aucune personne du nom de Mor Seck n’a été enregistrée dans ses fichiers. Une déclaration qui a sidéré sa famille. ‘’C’est une double humiliation : non seulement on nous enlève notre fils, mais on nie même l’avoir arrêté’’, accuse le père du défunt.
Une plainte a été déposée. Le parquet de Pikine-Guédiawaye a confié l’enquête à la Division des investigations criminelles (Dic), mais la lenteur de la procédure et le mutisme officiel font craindre un nouvel enterrement judiciaire.
Un mal systémique au-delà des régimes : des bavures récurrentes, des réponses insuffisantes
Il serait illusoire — et politiquement réducteur — de penser que les bavures policières au Sénégal sont l’apanage d’un seul régime. De Léopold Sédar Senghor à Bassirou Diomaye Faye, en passant par Abdou Diouf, Abdoulaye Wade et Macky Sall, chaque époque a été jalonnée de drames impliquant les forces de défense et de sécurité. Si le style répressif varie, les constantes restent inquiétantes : impunité, défaut de formation, absence de reddition des comptes et politisation à outrance des drames.
Les noms de Balla Gaye, Malick Ba ou Fallou Sène sont devenus des symboles d’une douleur collective. Certains étaient étudiants, tous sont morts dans le contexte de revendications sociales ou universitaires, tués par balle ou dans des circonstances impliquant les forces de l’ordre.
Le 31 janvier 2001, Balla Gaye tombait sous les balles, dans l’enceinte de l’université Cheikh Anta Diop de Dakar, après une grève estudiantine. En 2011, Malick Ba est tué au cours d’une manifestation contre la destitution du Conseil rural de Sangalkam. En 2018, Fallou Sène, encore à l’UGB, est abattu lors d’une intervention policière sur le campus.
Chaque fois, les autorités promettent une enquête. Mais dans la mémoire collective, les résultats se font rares et les sanctions quasiment invisibles.
Une répression politique documentée et létale
Entre mars 2021 et février 2024, le Sénégal a connu des tensions politiques particulièrement violentes, marquées par une série d’émeutes et de répressions sanglantes. À l’occasion du premier anniversaire des manifestations de mars 2021 — déclenchées par l’arrestation d’Ousmane Sonko — Amnesty International/Sénégal, la Raddho et la LSDH ont rappelé que ‘’le besoin de vérité et de justice reste urgent pour les familles des 14 personnes tuées, dont 12 par balles’’. Mais ces chiffres sont largement sous-estimés.
Un collectif indépendant de journalistes, de cartographes et de data scientists, dans un rapport publié en février 2024, a révélé un décompte effarant : 65 morts, dont 51 par balles, tous tués par les forces de sécurité. Ce sont, pour l’essentiel, de jeunes hommes issus des quartiers populaires de Dakar, Ziguinchor, Bignona ou Kaolack. Ces morts ne font pas seulement figure de victimes collatérales : elles illustrent une mécanique sécuritaire devenue létale, sans que les chaînes de commandement n’en soient jamais inquiétées.
Même la ministre de la Famille, Maïmouna Dièye, pourtant membre de l’exécutif, reconnaissait, début 2024, un bilan de 79 morts lors des violences politiques. Une annonce accompagnée d’un geste humanitaire — une compensation de 10 millions de francs CFA par famille — mais qui n’a pas empêché l’indignation : aucune enquête n’a abouti, aucune responsabilité n’a été publiquement établie.
Quand la justice brise l’omerta : le cas Mouhamed Diop Taya
Il a fallu attendre mars 2025 pour qu’une décision judiciaire reconnaisse la responsabilité directe de policiers dans la mort d’un jeune homme. Le tribunal correctionnel de Pikine-Guédiawaye a rendu un verdict inédit : six policiers ont été condamnés à trois ans de prison ferme pour ‘’coups et blessures volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner’’, assortis d’une amende de 50 millions F CFA à verser à la famille de la victime.
Mouhamed Diop Taya, arrêté à Pikine le 19 mars 2024, aurait été violemment battu avant d’être transféré dans un état critique à l’hôpital Principal de Dakar, où il est mort cinq jours plus tard.
Si ce jugement a été salué comme un tournant par certains, la famille du défunt, elle, a jugé la peine insuffisante et a annoncé faire appel.
Ce cas montre à quel point l’exception judiciaire confirme la règle de l’impunité, tant il est rare que des agents en uniforme soient traduits en justice, encore moins condamnés.
Ce que révèle cette longue série noire, c’est une banalisation des bavures, souvent traitées comme des accidents ou des actes isolés. Or, les exemples abondent, qu’ils soient liés à des opérations de maintien de l’ordre ou à des interpellations routinières.
Les mauvais comportements, les abus de pouvoir et la brutalité ne se limitent pas aux contextes politiques : ils s’observent dans des commissariats, lors de simples contrôles d’identité ou dans la gestion des marchés, des plages ou des gares routières.
Ce que dénoncent de nombreux observateurs, c’est l’absence d’enquêtes systématiques après chaque mort suspecte liée aux forces de l’ordre. Trop souvent, les familles des victimes doivent mener un combat judiciaire solitaire, sans soutien de l’État, sans protection des témoins, dans un système où les procédures traînent, les rapports d’autopsie sont contestés ou classés et les agents mis en cause sont mutés ou blanchis sans autre forme de procès.
Une police mal formée, mal équipée, mal encadrée ?
Face à ce constat, plusieurs questions reviennent avec insistance : le problème est-il structurel ? S’agit-il d’un déficit de formation ? D’une culture de l’impunité ? Ou encore d’un défaut d’encadrement ?
Les experts en sécurité pointent un triple déséquilibre : formation insuffisante à la gestion non violente des foules. Peu de policiers reçoivent une formation complète en désescalade, médiation ou Droits de l’homme. Équipement obsolète ou inadapté : face à des manifestations parfois violentes, les forces de l’ordre réagissent avec des moyens excessifs, souvent par panique ou par réflexe d’autoprotection.
Commandement politique flou : dans plusieurs cas documentés, les instructions viennent directement d’en haut, sans directives claires sur les limites d’usage de la force.
Ce n’est donc ni un régime, ni un seul corps de métier, ni une circonstance isolée qui expliquent cette violence récurrente. C’est un écosystème sécuritaire en souffrance, coincé entre des attentes de fermeté, une absence de redevabilité et un laxisme institutionnel sur la formation, la discipline et la transparence.
AFROBASKET 2025, NGAGNE DIOP DÉVOILE SA PRÉSÉLECTION AVEC TACKO FALL
En vue du tournoi prévu du 12 au 24 août en Angola, le sélectionneur national a publié une liste de 15 joueurs mêlant cadres confirmés et jeunes espoirs.
En préparation pour l’Afrobasket masculin 2025, qui se tiendra du 12 au 24 août en Angola, le sélectionneur national Ngagne Desagana Diop a publié ce jeudi une liste de 15 joueurs présélectionnés. Une sélection équilibrée entre cadres expérimentés et jeunes talents prometteurs, avec quelques surprises notables.
Parmi les têtes d’affiche figurent des piliers de l’équipe nationale comme le capitaine Youssou Ndoye, Brancou Badio, Jean Jacques Boissy élu MVP de la dernière saison de la Basketball Africa League (BAL) ainsi que l’intérieur Pape Moustapha Diop. Le technicien sénégalais a ainsi choisi de maintenir la colonne vertébrale de son groupe, en y injectant néanmoins du sang neuf.
Grande attraction de cette liste : la convocation de Tacko Fall. Le géant sénégalais, dont l’intégration aux Lions était anticipée par les observateurs, rejoint officiellement l’aventure et pourrait être un atout de taille, au sens propre comme au figuré, dans la raquette sénégalaise.
Deux jeunes pépites U18 font également leur entrée dans le groupe : Max Ndiaye et Kara Sène. Leur présence illustre la volonté de préparer la relève tout en les immergeant dans l’environnement de haut niveau.
Le programme de préparation des Lions prévoit un match amical de prestige face à la France le 28 juillet, avant un tournoi international à Trente, en Italie, du 29 juillet au 5 août, où l’équipe pourra tester ses automatismes et jauger son niveau face à des adversaires de calibre.
Avec cette présélection ambitieuse, le Sénégal affiche clairement ses intentions pour l’Afrobasket 2025 : viser le sacre continental.
LE PRÉFET DE DAKAR ORDONNE L’ÉVACUATION DES EMPRISES AUTOUR DE LA BAIE DE HANN
Les tabliers, mareyeurs, propriétaires de camions frigorifiques et de pirogues installés le long du tronçon Hann Bel-Air – Hann Marinas sont appelés à libérer les lieux d’ici samedi, afin de faciliter le lancement des travaux d’assainissement.
Le Préfet de Dakar, Chérif Mouhamadou Blondin Ndiaye invite, les occupants du tronçon reliant le quai de pêche de la commune de Hann Bel air au quartier Hann Marinas, à libérer, d’ici samedi, les emprises pour faciliter le démarrage imminent des travaux de pose de l’intercepteur des eaux usées du Projet de dépollution de la baie de Hann (PDBH).
”Le préfet de Dakar invite les occupants de ce tronçon à savoir les tabliers, mareyeurs, propriétaires de camions frigorifiques et propriétaires de pirogues, à libérer les emprises le 05 juillet au plus tard’’, indique un communiqué de l’Office national de l’assainissement du Sénégal (ONAS) transmis à l’APS.
La même source précise que ces travaux s’inscrivent dans le cadre du Projet de dépollution de la baie de Hann financé par l’Etat du Sénégal avec l’appui de l’Agence française de développement, l’Union européenne, Invest international et la China Development Bank.
Le communiqué ajoute que ”l’ONAS, à travers ce projet, vise à améliorer de façon significative la qualité des eaux de la baie et assurer une meilleure condition de vie aux populations riveraines’’.
LE FMI N’A ACCORDE AUCUN ALLEGEMENT DE LA DETTE AUX 8 PAYS MEMBRES EN 2024
L’annonce est de la Banque centrale des Etats de l’Ouest(BCEAO) qui a rendu public hier son rapport 2024.
La Banque centrale des états de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) vient de publier son rapport annuel au titre de l’année 2024. analysant les relations entre le Fonds monétaire international (FMi) et les 8 pays membres de l’UEMOA, la BCEAO révèle que l’institution monétaire n’a accordé aucun allégement de la dette aux pays de l’Union en 2024.
Durant l’année 2024, le Fonds monétaire international (FMI) n’a accordé aucun allégement de la dette aux 8 pays membres de l’UEMOA. L’annonce est de la Banque centrale des Etats de l’Ouest(BCEAO) qui a rendu public hier son rapport 2024. Le document révèle qu’au cours de l'année 2024, les opérations effectuées par la Banque Centrale avec le FMI, pour le compte des États membres de l'UEMOA se sont soldées par des entrées nettes de ressources de 655,74 millions de droits de tirages spéciaux (DTS) (540,59 milliards de FCFA) contre 1 085,44 millions de DTS (878,78 milliards de FCFA) un an plus tôt. Une diminution que l’institution bancaire impute à la baisse du volume des tirages combinée à une hausse des remboursements.
En effet, les décaissements des États de l’Union ont reculé de 12,29% pour ressortir à 1 356,86 millions de DTS (1 118,25 milliards de FCFA), tandis que les remboursements ont progressé de 205,16 millions de DTS, passant de 389,46 millions de DTS (314,43 milliards de FCFA) à 594,62 millions de DTS (490,44 milliards de FCFA).
Au cours de l’année 2024, sept pays de l’UEMOA à savoir, le Bénin, le Burkina, la Côte d'Ivoire, la Guinée-Bissau, le Niger, le Sénégal et le Togo, ont poursuivi la mise en œuvre des accords conclus avec le Fonds Monétaire International (FMI). Le Togo, qui n'était plus en programme avec le Fonds depuis 2020, a renoué en mars 2024 avec un programme économique et financier appuyé par la Facilité Élargie de Crédit (FEC). Ce programme a pour objectif de renforcer la stabilité macroéconomique et d’assurer la viabilité de la dette, tout en soutenant les initiatives de lutte contre la pauvreté.
PLUS DE 162 MILLIARDS DE FCFA DE CHARGES SUPPORTEES PAR LA BCEAO ET LES ETATS MEMBRES
Par ailleurs, les charges supportées par la BCEAO et les États membres en 2024 se sont chiffrées à 196,47 millions de DTS (162 milliards de FCFA) contre 175,04 millions de DTS (141,29 milliards de FCFA) l’année précédente. Elles concernent les commissions versées par la BCEAO et les charges d'intérêt au titre du Mécanisme Élargi de Crédit (MEDC), de l'Instrument de Financement Rapide (IFR) et de l’Accord de confirmation. En 2024, la rémunération versée par le FMI aux États membres de l'UEMOA, correspondant aux intérêts sur les avoirs et à la rémunération de la position de réserve, a enregistré une baisse de 13,01 millions de DTS, ressortant à 89,97 millions de DTS (74,14 milliards de FCFA) contre 102,98 millions de DTS (83,22 milliards de FCFA) l'année précédente.
COOPERATION MONETAIRE AU SEIN DE LA CEDEAO
Dans le domaine de l’intégration régionale, l’évaluation des performances macroéconomiques des États membres, conformément aux dispositions du Pacte de convergence de la CEDEAO adopté en juin 2021, révèle qu'en 2024, les pays membres de l'UEMOA n'ont pas respecté l'ensemble des critères de convergence de premier rang. Dans la plupart des États membres, la faiblesse des performances macroéconomiques est essentiellement liée à la persistance de déficits budgétaires élevés. Au titre du Programme de la monnaie unique de la CEDEAO, il a été noté l'accélération de la mise en œuvre des activités identifiées dans la feuille de route pour le lancement de l'ÉCO.