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8 juin 2025
LE PRESIDENT DIOMAYE FAYE EN PHASE AVEC LA BANQUE MONDIALE
Bassirou Diomaye Diakhar Faye salue la démarche novatrice du Groupe de la Banque mondiale, qui mise sur une plus grande synergie entre ses différentes entités et une approche centrée sur les résultats concrets.
Hier, vendredi 9 mai 2025, à Dakar, le Président de la République du Sénégal, Bassirou Diomaye Diakhar Faye, a procédé à l’inauguration officielle du nouveau bureau régional du Groupe de la Banque mondiale, en présence de Makhtar Diop, Vice-Président exécutif de la Société Financière Internationale (IFC), filiale du Groupe dédiée au secteur privé.
Cet événement revêt une portée à la fois symbolique et stratégique, non seulement pour le Sénégal, mais également pour l’Afrique de l’Ouest dans son ensemble. Il illustre la volonté partagée de rapprocher les institutions internationales des réalités locales et de renforcer l'efficacité des actions menées en faveur d’un développement durable, inclusif et résilient. Dans son allocution, le Président Diomaye Faye a salué la démarche novatrice du Groupe de la Banque mondiale, qui mise sur une plus grande synergie entre ses différentes entités – notamment l’IFC – et une approche centrée sur les résultats concrets. Il a souligné la pertinence de cette orientation, qui répond de manière tangible aux aspirations des peuples africains en matière de croissance, de justice sociale et d’opportunités économiques.
« Cette nouvelle représentation régionale à Dakar, a-t-il déclaré, est un levier de proximité, de dialogue renforcé et de coopération efficace. Elle permettra d’amplifier l’impact des projets structurants, d’accélérer les réformes et de soutenir l’initiative privée, véritable moteur de transformation. »
Makhtar Diop, en sa qualité de premier Africain à diriger l’IFC, a pour sa part réaffirmé l’engagement de l’institution à accompagner les économies africaines, notamment à travers « l’accès au financement, la promotion des investissements privés et la création d’emplois durables, en particulier pour la jeunesse du continent ».
Cette rencontre entre le leadership national et les plus hautes instances de la finance mondiale traduit une convergence de vues sur les enjeux cruciaux de notre époque : transition énergétique, transformation digitale, sécurité alimentaire, formation professionnelle et résilience face aux chocs globaux. Le Président de la République a conclu en réitérant la pleine disposition du Sénégal à approfondir ce partenariat stratégique, dans le cadre d’un dialogue continu, au service d’un avenir plus prospère, plus équitable et plus stable pour l’ensemble du continent africain.
MULTIPLE PHOTOS
REVUE DE PRESSE DU SAMEDI 10 MAI 2025
Les unes des quotidiens du jour reflètent un climat national traversé par la crispation politique, les incertitudes sociales et les ambitions sportives.
(SenePlus)L’actualité sénégalaise de ce vendredi est dominée par une effervescence politique autour du dialogue national, sur fond de tensions internes à l’Alliance pour la République (APR), et d’alertes dans les secteurs sanitaire et économique. Les unes des quotidiens du jour reflètent un climat national traversé par la crispation politique, les incertitudes sociales et les ambitions sportives.
LE DIALOGUE NATIONAL PLOMBE PAR LE BOYCOTT DE L’APR
L’un des sujets les plus largement commentés ce matin est sans conteste la crise autour du dialogue national. Plusieurs titres se focalisent sur le refus de l’APR de participer à ce processus censé rassembler les forces vives de la nation. Le journal L’As titre sans détour : « L’APR boycotte Diomaye », révélant les lignes de fracture entre le parti présidentiel et le pouvoir actuel dirigé par Bassirou Diomaye Faye. Le quotidien Source A enfonce le clou avec ce titre évocateur : « L’APR refuse de dialoguer avec une arme sur la tempe », dénonçant une posture de fermeté assumée face à ce qu’elle perçoit comme des manœuvres d’intimidation politique.
Sud Quotidien parle d’une opposition stratégique et d’un rejet clair du cadre de concertation proposé, tandis que Les Échos relaient des propos du ministre de la Justice Lat Diop, qui n’hésite pas à pointer du doigt une instrumentalisation politique : « Lat Diop fait condamner l’État du Sénégal », écrit le journal en soulignant les accusations d’acharnement contre des cadres de l’ancien régime.
Le journal Tribune, de son côté, rapporte que « Macky et l’APR ignorent Diomaye », accentuant la fracture entre l’ancien président et son successeur. Dans le même sillage, WalfQuotidien titre : « L’APR dénonce un projet funeste de vengeance et boude le dialogue », et Le Témoin annonce tout simplement : « L’APR boude ». Un consensus se dégage : la rupture est consommée entre l’APR et le pouvoir en place, et les perspectives de dialogue s’assombrissent.
TENSIONS SOCIALES ET CRISE SANITAIRE : DES SECTEURS SOUS PRESSION
En dehors du tumulte politique, l’alerte est donnée dans le secteur de la santé. Direct News s’inquiète du sort réservé aux malades : « Les hémodialysés et les cancéreux en danger », titre le journal, dénonçant un manque criard de moyens dans les centres spécialisés. L’accès aux soins devient ainsi un enjeu humanitaire d’urgence.
L’Observateur choisit un ton tout aussi grave avec un dossier sur la situation économique : « Autopsie d’un cancer économique ». Le journal met à nu une économie asphyxiée par les dettes, l’inflation et la pression fiscale. Il évoque un climat délétère pour les PME et les citoyens déjà affaiblis par la crise mondiale.
NOUVELLES TECHNOLOGIES, SOCIETE ET FAITS DIVERS
Le Soleil apporte une note plus optimiste en mettant en lumière les avancées numériques du pays. Le quotidien national salue « Les bons points vers la souveraineté numérique », un secteur en plein essor, notamment grâce à des partenariats publics-privés et au renforcement de la cybersécurité.
Sur le plan judiciaire, Libération revient sur une affaire très médiatisée : « Ce que Khady Thiam de “Dabish Pro” a dit à la DSC », révélant des détails sur un scandale économique en cours. Lii Quotidien complète la rubrique faits divers en rapportant un accident dramatique : « Le livreur Aliou Diop filme et traite des policiers de “clikamas” », dans un contexte de méfiance croissante entre citoyens et forces de l’ordre.
SPORT : L’HEURE DES GRANDS RENDEZ-VOUS
Le sport n’est pas en reste. Le quotidien Record lance un cri de ralliement en faveur des Lions de la Téranga avec ce mot d’ordre enthousiaste : « Emmenez-nous en finale ! » L’espoir est grand autour de l’équipe nationale de football, tandis que Stades fait sa une sur une annonce majeure : « Xabi Alonso annonce son départ du Bayer Leverkusen ». Une nouvelle qui passionne les amateurs de football international.
Dans un autre registre, Rewmi Sports s’intéresse au basket-ball et annonce les couleurs de l’Afrobasket 2025 : « Le Sénégal connaît ses adversaires ». Une compétition attendue, qui pourrait être une nouvelle occasion de briller pour les Lions du parquet.
CULTURE ET CONSOMMATION
Enfin, le journal WalfQuotidien mêle humour et critique de société en s’attaquant à la consommation moderne : « Le cuisinier 2.0, chef étoilé », un clin d’œil à l’explosion des appareils électroménagers et à la transformation des habitudes alimentaires dans les foyers sénégalais.
RÉVOLTE OU RÉVOLUTION ? LE PIÈGE DU CHANGEMENT SANS PROJET AU SÉNÉGAL
Le récent changement de régime au Sénégal a été largement salué comme une victoire du peuple. Il est indéniable que la mobilisation populaire a joué un rôle central dans la chute d’un système perçu comme usé, verrouillé, clientéliste.
Le récent changement de régime au Sénégal a été largement salué comme une victoire du peuple. Il est indéniable que la mobilisation populaire a joué un rôle central dans la chute d’un système perçu comme usé, verrouillé, clientéliste. Mais au-delà de l’émotion collective, une interrogation sociologique s’impose : s’agissait-il d’une révolution ou d’une simple révolte ?
Quand la rue impose le tempo
Ces dernières années, la rue sénégalaise s’est imposée comme une force politique majeure. Les mouvements de jeunes, les collectifs citoyens et les foules spontanées ont exprimé une colère profonde face à l’injustice sociale, au népotisme, à la répression politique et à la précarité généralisée. La rue a haussé le ton, crié son ras-le-bol, et fini par imposer un changement.
Mais ce changement, aussi salutaire soit-il, n’a pas été préparé par un projet de société clair, structuré, porté par une avant-garde intellectuelle ou politique solidement ancrée dans les masses. Ce vide stratégique nous oblige à poser cette question : avons-nous cassé un système sans savoir ce que nous voulons vraiment construire à la place ?
La différence entre révolte et révolution
Il est crucial ici de distinguer la révolte de la révolution :
La révolte est une explosion, un soulèvement ponctuel contre une situation vécue comme insupportable. Elle est souvent spontanée, émotionnelle, destructrice. Elle veut la chute, pas toujours le renouveau.
La révolution, quant à elle, est un projet de refondation. Elle s’appuie sur une idéologie, une vision, une planification, un leadership structuré et une volonté de construire un ordre nouveau.
Dans le cas du Sénégal, ce que nous avons vu relève davantage d’une révolte populaire, certes courageuse, mais encore orpheline de cadres, de doctrines et de perspectives à long terme.
Changer un régime, ce n’est pas changer un système
C’est là le risque de toute transition fondée uniquement sur l’émotion collective. Si elle n’est pas suivie d’un travail d’intellectualisation du changement, de reconstruction institutionnelle et de refondation du contrat social, le danger est grand de revenir à un système semblable, avec de nouveaux visages mais les mêmes logiques.
La colère seule ne fait pas un projet. Le sentiment d’injustice, aussi légitime soit-il, ne suffit pas à produire de nouveaux modèles. Il faut de la pensée, de la patience, de la stratégie et surtout, des leaders capables de transformer l’élan de la rue en agenda de transformation sociale.
Quelles leçons tirer ?
Le défi post-révolte est immense :
Éviter la récupération de la colère par de nouvelles élites sans vision.
Transformer l’énergie populaire en pouvoir d’organisation et de construction.
Inscrire la jeunesse dans une trajectoire de conscientisation politique durable, au-delà des mobilisations ponctuelles.
Appuyer la transition par un effort intellectuel de refondation sociale, en réhabilitant le rôle des chercheurs, des penseurs, des éducateurs et des médiateurs sociaux.
Conclusion
La rue a réveillé le pays. Mais réveiller ne veut pas dire reconstruire. Pour que le Sénégal vive une véritable révolution — au sens noble du terme — il faudra aller au-delà de la colère. Il faudra un projet, une vision, un leadership ancré dans les réalités du peuple et tourné vers l’avenir. Sinon, le risque est de retomber dans le cercle infernal des alternances sans alternative.
AFROBASKET 2025, LE SÉNÉGAL DANS UN GROUPE RELEVÉ
Le tirage au sort de l’Afrobasket masculin 2025 a eu lieu ce vendredi, plaçant les Lions dans un groupe difficile (poule D) aux côtés du Mali, de l’Égypte et de l’Ouganda. La compétition se déroulera en Angola du 12 au 24 août.
Le tirage au sort de l’Afrobasket masculin 2025 a été effectué ce vendredi soir. Le Sénégal croisera le fer avec le Mali et l’Egypte notamment. La compétition aura lieu en Angola du 12 au 24 août, dans les villes de Luanda et Namibe.
On connait désormais les groupes pour l’Afrobasket 2025. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que le Sénégal n’a pas été épargné, loin de là. Logés dans la poule D, les Lions seront opposés au voisin malien, mais aussi à l’Egypte. L’autre adversaire du groupe sera l’Ouganda. Les hommes de DeSagana Diop, troisièmes lors de la dernière édition au Rwanda, essaieront de mettre enfin un terme à la disette du pays de la Teranga qui n’a plus remporté la coupe depuis 1997, soit 28 ans.
Pour les autres groupes de cet Afrobasket, notons que l’Angola, pays hôte, sera avec le Soudan du Sud, alors que la Tunisie, championne en titre, est dans la poule C avec le Nigeria notamment. Enfin, la Côte d’Ivoire, finaliste en 2021, sera dans le groupe A avec le Cap-Vert.
Concernant le format, le tournoi regroupe 16 équipes. Chaque nation affrontera ses trois adversaires de groupe. Les premiers de chaque poule seront directement qualifiés pour les quarts, tandis que les deuxièmes et troisièmes disputeront des barrages pour y accéder.
Les groupes de l’Afrobasket 2025
Poule A : Côte d’Ivoire (finaliste 2021) / RD Congo / Cap-Vert / Rwanda ;
Poule B : Tunisie (championne 2021) / Madagascar / Nigeria / Cameroun ;
Poule C : Angola (pays hôte) / Soudan du Sud / Guinée / Libye ;
Poule D : Sénégal (3ème 2021) / Mali / Egypte / Ouganda ;
PAR SIDY DIOP
ENFANT PROGRAMMÉ, ADULTE FORMATÉ
Imaginons un jeune élève. Il n’a pas encore dix ans, mais il porte déjà sur ses épaules plus qu’un cartable. Il porte un héritage. On lui a dit qu’il était musulman, sans jamais lui expliquer ce que cela voulait dire.
Imaginons un jeune élève. Il n’a pas encore dix ans, mais il porte déjà sur ses épaules plus qu’un cartable. Il porte un héritage. On lui a dit qu’il était musulman, sans jamais lui expliquer ce que cela voulait dire.
On lui a parlé de confréries, d’origines ethniques, de traditions sacrées. Il a tout noté. Pas sur un cahier, mais dans sa tête. Avec sérieux. Avec respect. À cet âge-là, on ne doute pas. On absorbe. Les jours passent, les années aussi. L’enfant devient adolescent, puis adulte. Il ne se souvient pas d’un moment où il aurait pu choisir qui il était. Tout était écrit d’avance. Identité religieuse, appartenance confrérique, loyauté communautaire. C’était la norme. Et il ne faut pas discuter la norme. C’est un mot trop grand, trop intimidant. À l’école, il a retrouvé ce même discours, amplifié, institutionnalisé. Non pas une école qui éclaire, mais une école qui enchaîne. Une école qui prépare à la soumission plus qu’à l’émancipation. Une école qui enseigne à ne pas faire de vagues. Qui apprend à suivre, à répéter, à respecter l’ordre établi. Questionner ? C’est déjà contester. Douter ? C’est offenser. Rêver d’autre chose ? Impensable. Et pourtant, il rêve. Il le fait en secret, comme on cache un objet dangereux. Il rêve de liberté, sans savoir comment l’atteindre. Il ne met pas de mots sur ses envies.
Il ne veut pas se faire remarquer. La discrétion est une forme de survie. Son père, lui, n’a jamais douté. Il lui a enseigné le respect des anciens, la foi dans la tradition, la crainte du désordre. « Ne cherche pas à comprendre », lui disait-il. « Fais comme tout le monde. » Et il a obéi. Non par conviction, mais par habitude. Aujourd’hui, il est adulte. Mais un adulte inachevé. Un adulte qui ne s’est jamais choisi. Il vit dans un pays où les diplômes sont nombreux, mais les perspectives rares. Il a essayé. Il a frappé à quelques portes. Elles ne se sont pas ouvertes. Il s’est adapté. Il vend du hasch, parfois des Cd piratés. Rien de grandiose, rien de dramatique. Juste ce qu’il faut pour survivre. On appelle cela le système D. D pour débrouille, dérive, désillusion. Ce système-là, il ne l’a pas découvert dans la rue, mais à l’école. Là où il a vu, très tôt, que tricher était plus efficace que travailler. Que la réussite dépendait moins du mérite que des relations. Il s’en est accommodé. Comme tant d’autres. Comme son ancien camarade de classe, aujourd’hui prospère homme d’affaires, dont la fortune repose sur des fondations incertaines. Il ne l’envie pas. Il ne juge pas. Il se dit simplement : chacun son sort. Est-il fataliste ? Peut-être. Résigné ? Sans doute. Mais surtout, il est fatigué. Fatigué d’un combat qu’il n’a jamais vraiment engagé. Il avance, sans réfléchir. « Penser, c’est douloureux », lui répète souvent son ami. Alors il évite.
Il s’éloigne de tout ce qui pourrait troubler sa routine. Il fuit les débats, les livres, les idées. Il n’a pas été formé à cela. Et pourtant, il n’est pas bête. Il n’est pas paresseux. Il n’est pas irrécupérable. Il est seulement le produit d’un système qui a renoncé à éduquer pour mieux formater. D’une société qui confond l’identité avec la répétition, la tradition avec l’immobilisme. Il a été conditionné à croire, pas à comprendre. À suivre, pas à inventer. Il ne sait pas qu’il a perdu le sens de la rigueur. Il ne sait même pas qu’il l’avait un jour entrevu. Il croit que sa vie est normale. Que tout le monde vit comme lui. Que c’est le destin. Mot magique, mot fourre-tout. Mot qui dispense de chercher des réponses. Mais la vraie question est ailleurs. Elle ne concerne pas seulement cet homme, devenu adulte sans être libre. Elle nous concerne tous. Car une société qui forme des êtres obéissants mais impuissants, qui préfère la fidélité à la lucidité, prépare son propre affaiblissement.
Il ne suffit pas de répéter que la jeunesse est l’avenir. Encore faut-il lui donner les moyens de construire cet avenir. Et cela passe par l’école. Une école qui ne récite pas, mais qui interroge. Une école qui ne fabrique pas des croyants, mais des citoyens. Une école qui n’a pas peur du doute, qui valorise l’effort, qui refuse la médiocrité. Il est peut-être trop tard pour notre personnage. Il est déjà prisonnier de ses certitudes et de ses renoncements. Mais il n’est pas trop tard pour ceux qui viennent. À condition de ne plus enseigner la résignation comme une vertu. À condition de croire, vraiment, qu’un élève a le droit – et le devoir – de penser par lui-même. Parfois, tout commence par une phrase. Une phrase qu’on ose écrire, malgré les consignes. Une phrase qui dit « et si c’était autrement ? ». Une phrase qui ouvre une brèche. C’est dans cette brèche que naît la liberté.
JUBBANTI, UNE PROMESSE DE TRANSPARENCE ET D’INCLUSION SELON CHEIKH GUÈYE
Lancée ce 9 mai en amont de la Journée du dialogue national prévue le 28 mai, la plateforme numérique ambitionne d’impliquer l’ensemble des citoyens, y compris la diaspora, dans la refonte du système démocratique sénégalais.
La plateforme numérique « JUBBANTI » a été officiellement lancée ce vendredi 9 mai, en amont de la Journée du dialogue national sur le système politique prévue le 28 mai prochain. Cet outil digital vise à garantir une participation large, inclusive et transparente des citoyens, y compris ceux de la diaspora, dans les réflexions sur la refonte du système démocratique sénégalais.
Présent lors du lancement, le facilitateur du dialogue, Cheikh Guèye, a souligné l’importance stratégique de cette innovation. « Le lancement officiel de cette plateforme numérique est une pierre angulaire de notre ambition collective de refonder le système politique sénégalais », a-t-il déclaré. Pour lui, JUBBANTI dépasse le simple cadre technologique : « C’est une promesse de transparence, d’inclusion, de participation et d’appropriation du processus du dialogue ».
Pensée pour être accessible à tous les Sénégalais, la plateforme permettra à chacun d’apporter sa contribution aux débats, quels que soient sa localisation ou son statut. « Une démocratie moderne ne peut se construire sans une infrastructure numérique ouverte, accessible », a insisté Cheikh Guèye, qui a par ailleurs assuré que toutes les propositions recueillies seront prises en compte.
Le facilitateur a également exprimé sa gratitude envers le président de la République pour la confiance qui lui a été accordée : « Je mesure la confiance placée en ma modeste personne parmi des millions de Sénégalais et d’avoir sublimé à travers ce choix le caractère transparent du dialogue », a-t-il confié.
Enfin, Cheikh Guèye a lancé un appel solennel à l’ensemble des citoyens : « Partageons nos idées, relevons ensemble le défi de la refondation et écrivons une nouvelle page de notre histoire démocratique ». Le rendez-vous est donc pris pour le 28 mai, avec un processus désormais ouvert à toutes les voix.
LE MIRAGE PERSISTANT DE LA SOUVERAINETÉ ALIMENTAIRE
Malgré des investissements colossaux de 120 milliards de FCFA dans le secteur agricole, le Sénégal peine à améliorer ses rendements, notamment pour la culture arachidière
Malgré les milliards injectés dans le secteur depuis plusieurs années, le Sénégal, qui s'apprête à accueillir la plus grande plateforme africaine sur les systèmes alimentaires, fait presque du surplace en matière agricole. Des experts reviennent, de manière non exhaustive, sur les causes de l'échec.
À quelques jours des délais fixés par le Premier ministre, il y a quelques semaines, en Conseil des ministres, l'heure est au grand déploiement chez les services de l'État. Objectif : faire mieux que la campagne précédente, décevante dans l'ensemble, malgré les moyens énormes déployés par le gouvernement, pour un cout global estimé à 120 milliards F CFA. Tout en saluant une “dynamique positive”, le PM constatait, pour le déplorer, des défis structurels. Il relevait, dans ce cadre, “la persistance de la faiblesse des rendements de la culture arachidière, particulièrement lors de la précédente campagne de production agricole’’.
Selon lui, les causes de cette contreperformance particulière de l’année précédente méritent d’être analysées.
Pourtant, sur l'enveloppe de 120 milliards injectée par le gouvernement qui venait d'être installée, une bonne partie était destinée à la campagne arachidière. Mais ce problème de la baisse des rendements, d'après plusieurs acteurs, ne concerne pas que l'arachide. C'est une problématique qui touche globalement les sols, surtout dans certaines zones comme le bassin arachidier, au centre du pays. Elle explique en grande partie les raisons des multiples échecs des politiques publiques agricoles.
La question a été abordée, hier, lors d'une rencontre organisée par l’AFSF (Forum africain sur les systèmes alimentaires), en prélude au sommet qui va se tenir du 29 aout au 5 septembre prochain à Dakar.
Pour l'ingénieur des travaux agricoles El Hadj Malick Sagne, l'État a intérêt à prendre à bras le corps cette problématique. “J'ai l'habitude de le dire. Cela ne sert à rien d'injecter des dizaines de milliards à coups de subventions, sans mettre en place les prérequis. Tant que le gouvernement continuera dans cette logique, beaucoup de milliards seront injectés, mais les résultats seront minimes. C'est comme si on jetait les milliards par la fenêtre”, lance-t-il, impuissant.
EL Hadj Malick Sagne, ingénieur des travaux agricoles : “Cela ne sert à rien d'injecter des dizaines de milliards sans les prérequis.”
Parmi ces prérequis, il y a effectivement, selon lui, le problème de rendement des sols. La solution, pense-t-il, se trouve en grande partie dans la recherche et l'État devrait davantage accompagner les chercheurs pour prendre en charge ce défi comme tant d'autres. “Je dois dire que beaucoup de travaux ont déjà été réalisés sur cette thématique due notamment aux mauvaises pratiques agricoles, à la salinisation dans certaines contrées. Sur toutes ces questions, il y a des travaux hyper-importants. Mais souvent, ils dorment dans les tiroirs. Il y a un vrai problème par rapport à la valorisation des recherches. Parfois, c'est d'autres qui viennent en profiter et c'est regrettable”, regrette M. Sagne, qui invite ses collègues jeunes chercheurs à aussi oser. “Je pense que les techniciens doivent orienter leurs recherches sur les problèmes auxquels nous sommes confrontés. Malheureusement, souvent, ce sont des organisations étrangères qui viennent financer les projets de recherche et naturellement, c'est par rapport à leur vision, à leurs besoins, pas forcément les nôtres. C'est une tendance que nous devrons renverser, si nous voulons aller vers plus de souveraineté”, préconise le fondateur de Cactus Innovation.
Le défi de la formation, du rendement et de la valorisation des recherches
Mais pourquoi donc cet échec récurrent des différents régimes successifs, malgré les sommes importantes injectées dans l'agriculture ?
De l'avis d’’Amath Pathé Sène, directeur général du Forum AFS -même s'il ne veut pas entendre parler d'échec - il faut plus miser sur la science, être plus méthodique, pour prendre en charge efficacement les problèmes. Sur le rendement, par exemple, il explique : “Tout le monde constate que c'est une réalité. Il faudrait donc voir ce qu'on doit faire pour augmenter le rendement. Quand tu ne le fais pas correctement, il sera difficile d'avoir les résultats escomptés. Il faut aussi prendre tous les maillons de la chaine, si l’on veut réussir à atteindre notre objectif d'autosuffisance. S’il y a un maillon qui manque, tu peux ne pas avoir les résultats.”
Très optimiste, le directeur exécutif du Forum estime qu'il n'y a aucune raison que le Sénégal ne puisse matérialiser cette ambition, d'autant plus que des pays comme l'Ethiopie l'ont réussi.
Parlant des autres maillons de la chaine, les experts ont beaucoup insisté également sur la formation des paysans. Selon El Hadj Malick Sagne, l'État seul ne saurait réussir le pari. C'est la conjugaison de politiques publiques bien articulée et l'engagement des producteurs qui font le travail sur le terrain qui pourrait aider à relever le défi. Ce qui rassure avec les nouveaux gouvernants, selon lui, c’est l’approche coopérative. “Cela vient à son heure. Parce que, quoi qu'on puisse dire, à la fin de la journée, ce sont ces producteurs qui pourront faire cette autosuffisance alimentaire. Pas les agrobusinessmans. Maintenant, il faut les accompagner par rapport à la formation, leur faire comprendre que l'agriculture, ce n'est pas seulement un moyen de subsistance de dernier niveau comme beaucoup le pensent”, plaide-t-il non sans souligner la réticence à toute innovation non éprouvée dans le monde rural.
El Hadj Malick d'inviter ses collègues à investir la terre pour donner l'exemple, au lieu de rester dans les bureaux.
CAMPAGNE AGRICOLE 2025-2026
Les opérateurs attendent toujours le paiement de la dette
Après une première campagne 2024-2025 mitigée, le gouvernement, qui va vers sa deuxième campagne, n'aura cette fois aucune excuse. Et il semble en être bien conscient. Déjà, au mois d'avril, le Premier ministre a tenu un conseil interministériel et avait donné des instructions fermes. “J’engage le ministre de l’Agriculture, de la Souveraineté alimentaire et de l’Élevage, en relation avec le ministre des Forces armées, le ministre de l’Intérieur et de la Sécurité publique, le ministre des Finances et du Budget, à prendre toutes les dispositions requises pour le démarrage effectif de la distribution des intrants en quantités et en qualité à partir du 25 avril 2025'', avait-il lancé.
À ce jour, on n'a pas encore connaissance du lancement effectif de cette campagne de distribution, même si des sources confient que les semences sont déjà disponibles. “Il ne resterait que la circulaire qui fixe les modalités”, précise Aly Diaw, responsable CNCR dans la région de Kaffrine. Pour l'engrais, la circulaire fixant les prix a été prise en fin avril, mais là aussi, il faudrait attendre pour la distribution effective. L'urgence, selon M. Diaw, c'est surtout de prendre en charge la dette due aux opérateurs pour leur permettre d'engager la nouvelle campagne sous de bons auspices. “Le Premier ministre avait pris l'engagement ferme de solder la dette de 2024-2025, avant le lancement de la campagne 2025-2026. Ce serait une bonne chose, parce que si la dette n’est pas épongée, les opérateurs pourront difficilement travailler. Parce que l’opérateur contracte un prêt au niveau de la banque et finance la campagne. S'il ne rembourse pas la banque, non seulement il paie des pénalités, mais aussi il ne peut pas engager une autre opération”, avertit-il.
Par ailleurs, souligne Aly Diaw, également président du Réseau national des coopératives de producteurs de semences certifiés, la plus grande inquiétude, c'est l'absence de moyens pour le producteur. “Il faut savoir que l'État ne fournit que 10 % environ des besoins du paysan. Le reste, il l'achetait. Mais vu les contreperformances de l'année dernière, beaucoup de producteurs auront du mal à acheter des intrants. C'est ma plus grande préoccupation pour cette campagne”, prévient l'opérateur qui souligne également les quantités très faibles de semences certifiées.
Rappelons qu'en ce qui concerne l'engrais, le PM avait instruit à ses ministres de tout faire pour le rendre disponible avant le 15 mai. Relativement à la dette, il demandait au gouvernement de “procéder au règlement des arriérés dus aux opérateurs privés sur les subventions entre avril et mai 2025”. Il sollicitait également l'organisation de concertations entre, d’une part, l’État et les opérateurs, et, d’autre part, les banques et l’administration fiscale, en vue de trouver des solutions à l’impact des retards de paiement de la dette de l’État aux opérateurs, en termes d’intérêts de retard imputés par les banques et de pénalités sur le recouvrement des impôts et taxes dus''.
SYSTÈME ALIMENTAIRE EN AFRIQUE
Dakar accueille la crème de l'écosystème alimentaire mondial
Cette année, le Sénégal va accueillir, pour la première fois de son histoire, le Forum des systèmes alimentaires africains, qui réunit chaque année des milliers d'acteurs : industriels, producteurs, organisations non gouvernementales, décideurs... D'ailleurs, les organisateurs ont annoncé que la cérémonie de lancement, qui aura lieu demain, sera présidée par le Premier ministre, en attendant le sommet qui aura lieu du 29 aout au 5 septembre.
Revenant sur ce sommet, le directeur exécutif de l’AFS basé à Kigali explique : “Il faut savoir que c'est l'un des plus grands événements sur les systèmes alimentaires organisés sur le continent. Notre ambition est de réfléchir sur comment nourrir l'Afrique, mais aussi créer de l'emploi pour les jeunes et les femmes à travers le système alimentaire qui intègre tous les segments, du champ jusqu'à la table. C'est énormément d'opportunités à saisir et notre but est de mobiliser toutes les parties prenantes autour de cette ambition de nourrir l'Afrique à partir de l'Afrique.”
Pour lui, avec toutes les potentialités dont elle regorge, il n'est pas concevable que les pays du continent continuent de dépendre des importations ou de ne pas tirer pleinement profit de ces matières premières. Monsieur Sène a insisté sur le rôle important que doivent jouer les médias. “Nous devons donner une image positive de notre système alimentaire. C'est très important. Vous savez : les investisseurs ne vont jamais dans un pays où l'image est négative.
L'investisseur regarde d'abord le risque. Les médias jouent un rôle très important dans la définition d'une image positive. Nous devons montrer que c'est possible, qu'il y a des gens qui sont là et qui font d'excellentes choses. Et je pense que dans tous nos pays, il y a des jeunes qui font des merveilles et qui ont besoin d'être mis en exergue”, soutient le directeur exécutif du Forum.
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L'APR BOYCOTTE LE DIALOGUE
Le parti de l'ancien président Macky Sall, qui s'exprimait ce vendredi à Dakar, accuse le nouveau régime de vouloir « décapiter » l'opposition à travers des poursuites judiciaires ciblées contre ses dignitaires
Lors d'une conférence de presse tenue ce vendredi 9 mai 2025 à Dakar, l'Alliance pour la République (APR), parti de l'ancien président Macky Sall, a catégoriquement refusé de participer au dialogue national convoqué par le président Bassirou Diomaye Faye pour le 28 mai prochain.
Dans une déclaration virulente, le porte-parole du parti a dénoncé ce qu'il qualifie de "politique de vengeance" orchestrée par le nouveau régime contre les anciens responsables gouvernementaux. "L'APR ne peut pas et ne participera pas à ce dialogue", a-t-il martelé, tout en rappelant paradoxalement que le dialogue politique avait été instauré comme tradition nationale par Macky Sall lui-même depuis 2016.
Le parti s'insurge particulièrement contre la récente mise en accusation par l'Assemblée nationale de cinq anciens ministres du régime Sall, à savoir Mansour Faye, Ismaïla Madior Fall, Mustapha Diop, Ndèye Saly Diop et Sophie Glamida. Cette procédure est qualifiée de "cabale orchestrée" visant à "humilier" les anciens ministres et à "prononcer la sentence de leur culpabilité définitive avant l'étape judiciaire".
"L'APR refuse que ses serviteurs de l'État soient érigés en trophée de guerre par un pouvoir qui n'a rien d'autre à offrir au grand peuple du Sénégal", a déclaré Seydou Gueye, exprimant sa solidarité avec les anciens ministres mis en cause ainsi qu'avec d'autres personnalités détenues, comme le député Farba Ngom et le ministre Lat Diop.
Le parti accuse également le nouveau régime de porter atteinte aux libertés démocratiques, d'interdire illégalement des sorties du territoire, et de procéder à des licenciements massifs dans les sociétés nationales et agences publiques pour des motifs politiques. Il dénonce un climat où "parler, critiquer, s'opposer sont des délits" et où la presse indépendante et les magistrats seraient "systématiquement agressés".
Tout en saluant certaines décisions de justice récentes, notamment celle de la Cour de justice de la CEDEAO condamnant l'État du Sénégal à verser 5 millions de francs à "un détenu politique", l'APR a appelé la justice à "faire preuve davantage d'objectivité, de neutralité, d'impartialité".
Malgré cette position ferme de non-participation au dialogue, le parti a tenu à préciser que cette décision ne l'éloignerait pas "du reste de l'opposition qui pourrait en toute souveraineté participer au dialogue", rappelant son "attachement à toute recherche de pacification de l'espace politique et à la paix sociale".
En conclusion, le porte-parole a réaffirmé que l'APR continuait de "travailler à l'avènement d'un Sénégal de paix, stable et mobilisé pour le progrès économique et social de son peuple", malgré ce qu'il considère comme une tentative de "décapitation" du parti avant "toute dissolution finale".
PAR SALLA GUEYE
GLISSADE VERBALE !
L’actualité récente — entre un journaliste reconnaissant avoir mandaté un influenceur pour insulter à sa place, et un activiste tenant des propos outrageants à l’encontre d’un ancien chef d’État — illustre bien cette tendance préoccupante.
Dans un pays où la parole a longtemps été un levier de construction démocratique, l’espace public sénégalais semble désormais livré à une inquiétante dérive verbale. L’actualité récente — entre un journaliste reconnaissant avoir mandaté un influenceur pour insulter à sa place, et un activiste tenant des propos outrageants à l’encontre d’un ancien chef d’État — illustre bien cette tendance préoccupante.
La parole politique, autrefois vectrice d’idées, glisse peu à peu vers l’invective, devenue un outil de visibilité plus qu’un acte d’engagement. L’insulte n’est plus un cri de révolte contre un système figé ; elle devient une stratégie, une posture de conquête. Chez nous, on ne défie plus le pouvoir, on le parodie dans l’espoir de l’incarner.
Et sur les réseaux sociaux, tout le monde parle, personne n’écoute au point que même les émojis semblent fatigués. Dans une déclaration ferme devant la représentation nationale, le Premier ministre a rappelé la nécessité de réguler cet espace devenu un champ d’affrontements.
La « tolérance zéro » qu’il a décrétée traduit une volonté claire : celle de rétablir un cadre à un débat démocratique trop souvent réduit à un vacarme incontrôlé. Il est temps que l’insulte cesse de servir de raccourci à ceux qui n’ont pas pris le temps de forger un véritable discours.