L'économiste Amath Ndiaye dénonce l'attitude de l'institution financière qui, selon lui, fait délibérément traîner le dossier sénégalais alors que le régime actuel "n'est pas à 100% responsable" de la situation héritée
L'économiste Amath Ndiaye, spécialisé en macroéconomie à la Faculté des sciences économiques et de gestion (Faseg) de l'Université Cheikh Anta Diop de Dakar, a exprimé ses préoccupations concernant la gestion du dossier de la dette sénégalaise. Dans une interview accordée à TFM ce lundi 7 juillet, le professeur a particulièrement critiqué ce qu'il considère comme une remise en cause implicite du rapport de la Cour des comptes.
Pour Amath Ndiaye, le recours au cabinet international Mazars pour un nouvel audit de la dette constitue "une remise en cause du rapport de la Cour des comptes en quelque sorte". L'économiste rappelle que "quand la Cour des comptes émet un avis, c'est même pas un avis, c'était un jugement. Quand la cour dit son rapport, pour moi ça, j'ai dit c'est la loi".
L'invité de Chérif Diop souligne que cette situation était initialement acceptée par tous les acteurs, y compris le FMI qui "attendait la Cour des comptes" pour certifier les chiffres après le rapport gouvernemental. "Maintenant on attend un autre rapport, c'est vraiment... comment l'expliquez-vous ?", s'interroge-t-il.
Selon l'économiste, le Fonds monétaire international "doute de la fiabilité" des chiffres, même s'il ne remet pas explicitement en cause le rapport de la Cour des comptes. "Le directeur du département Afrique à Londres a dit que nous attendons toujours les chiffres exacts du Sénégal", rapporte Amath Ndiaye.
Cette situation place le Sénégal dans une position délicate, alors que le pays a besoin d'un accord avec le FMI pour obtenir des financements moins chers et rassurer les marchés financiers.
Au-delà des questions institutionnelles, l'économiste confirme que la situation d'endettement du Sénégal est "très préoccupante". Avec 26% des recettes fiscales consacrées au paiement des intérêts de la dette, soit plus de 1000 milliards de francs CFA, le pays dépasse largement les normes du FMI fixées entre 20 et 22%.
"Imaginez un père de famille qui gagne 100.000 francs et 25.000 à 26.000 francs, il les consacre à payer des intérêts. Qu'est-ce qu'il va faire pour la nourriture, pour le reste ? C'est pareil pour l'État", illustre le professeur.
Un appel à l'urgence
Malgré cette situation complexe, Amath Ndiaye plaide pour une accélération du processus. Il déplore "la lenteur avec laquelle le FMI traite le dossier" et estime que l'institution financière internationale "doit faire preuve de tolérance et de compréhension".
"Le FMI moralement n'a pas le droit de faire traîner la chose parce que le régime actuel n'est pas à 100% responsable", argumente-t-il, soulignant que l'actuel gouvernement "a hérité d'une situation inattendue".
L'économiste suggère qu'un programme d'accord avec le FMI pourrait être mis en place "tout en essayant de rectifier les choses", sans attendre la finalisation de l'audit Mazars.
Tout en reconnaissant la nécessité de transparence réclamée par le nouveau régime, le professeur Ndiaye met en garde contre les délais que pourrait engendrer cette approche. "Prendre un arbitre international" permettra peut-être d'éviter "une lecture politique", mais "il faut aller vite" car "cela ne devrait pas être un obstacle pour démarrer un accord avec le FMI".
PAR Birane Diop
L’INDIGNATION À GÉOMÉTRIE VARIABLE
EXCLUSIF SENEPLUS - J’interpelle l’élite universitaire pétitionnaire d’hier : les voix dissidentes sont menacées et mises au cachot. La liberté d’expression, la démocratie que vous invoquiez, seraient-elles devenues des principes à géométrie variable ?
Dans son émission Chroniques d’un temps politique, lancée en juin 2023 sur YouTube, Felwine Sarr, avec pour premier invité Sidy Alpha Ndiaye, professeur agrégé de droit public et actuel ministre conseiller juridique et directeur de cabinet adjoint de Bassirou Faye, prononçait les mots suivants en guise d’introduction au ressentiment antidémocratique et à la crise de l’Etat de droit au Sénégal : « Nous vivons actuellement au Sénégal une profonde crise politique. C’est une crise de la démocratie, de la République, des institutions, de ce qui fait lien et tient le corps social… »
L’économiste ajoutait, devant le silence de son hôte et à l’attention du public, à propos de la mission sociale de l’intellectuel universitaire : « L’université fait profession de vérité ; elle se doit de comprendre la réalité et de l’éclairer, son éthique lui commande de ne pas mentir sur ce qu’elle sait. » Sur ce point précis, Sarr a raison à bien des égards. Pour le dire autrement, dans un registre plus simple : je suis d’accord avec lui sur la mission sociale de l’université et de celles et ceux qui la nourrissent, à savoir les enseignants-chercheurs. Dire la vérité, rien que la vérité, même celle qui fâche, sans basculer dans le dogmatisme.
Le 24 mars 2024, après le temps de la jacquerie et les nombreuses pétitions au nom de la sauvegarde de la démocratie, un nouveau régime est arrivé aux affaires sérieuses. Mais, comme le rappelait Laurence Schifano, spécialiste du cinéma italien et biographe de Visconti : « Il faut que tout change pour que rien ne change. »
En seulement quelques mois de pratiques étatiques, le pouvoir en place s’inscrit dans ce que le talentueux journaliste Ousmane Ndiaye appelle le « déni démocratique ».
Depuis son arrivée au pouvoir, Ousmane Sonko a ouvertement étalé, devant le peuple sur qui s’exerce le pouvoir, ses fortes tentations illibérales, même si l’on en percevait déjà les contours lorsqu’il était dans l’opposition.
Le 27 février 2025, dans l’antre du Grand Théâtre national de Dakar, lors d’une rencontre avec les corps intermédiaires, Ousmane Sonko a tenu des propos que je considère comme d’une extrême gravité : « Les pays qui ont décollé ces dernières années sont les pays où les libertés ont été réduites, pour ne pas dire complètement annulées ».
Le 14 avril 2025, dans la même veine, au sein de l’Assemblée nationale, le Premier ministre sénégalais déclare sans ambages ni retenue : « On va effacer tous les chroniqueurs… »
Face à ces propos qui frisent l’autoritarisme dans toute sa splendeur, les pétitionnaires en puissance et gardiens de la démocratie n’ont, au moment où j’écris ces lignes, publié aucune tribune pour rappeler à Ousmane Sonko que le Sénégal a adopté les infrastructures de la démocratie — fût-elle procédurale.
Les défenseurs des libertés individuelles et publiques, qui rivalisaient de tribunes et de harangues, se sont tus. Que dit Sidy Alpha Ndiaye, jadis pétitionnaire, face aux fariboles du chef du gouvernement, qui remet en cause l’une des conditions de la démocratie et du vivre-ensemble, à savoir l’Etat de droit ?
Pour le moment, le premier client de l’émission Chroniques d’un temps politique s’est calfeutré dans le silence. Les privilèges fugaces que confère le pouvoir ont-ils pris le dessus sur l’un des plus fervents protecteurs de l’Etat de droit dans un passé récent ?
En guise de rappel : c’est à la suite de la déclaration tirée du vocabulaire et de la grammaire du IIIᵉ Reich, mentionnée plus haut, que des chroniqueurs, considérés comme des ennemis, sont jetés dans les geôles. Le cas de Moustapha Diakhaté en est un exemple édifiant.
Les pétitionnaires ont-ils réagi par une tribune ou une prise de parole face à ces arrestations arbitraires ? À ma connaissance, non.
Quand le zélé ministre de la Communication, des Télécommunications et du Numérique (MCTN) a pris un arrêté extrêmement grave, car illégal au regard des lois de la République pour suspendre le média Public SN, dirigé par la journaliste Aissatou Diop Fall, où étaient nos pétitionnaires ? Encore une fois, un chut éloquent !
Heureusement, la Cour suprême a dit le droit en cassant cette décision liberticide et illibérale.
Pourtant, il y a moins de deux ans, ces mêmes pétitionnaires étaient en première ligne, au nom de la démocratie, des libertés, de la dignité, de l’Etat de droit. Même celles et ceux qui insultaient, diffamaient, cassaient ou incendiaient des biens publics et privés étaient défendus.
Hier, lorsque le journaliste Pape Alé Niang a été arrêté pour recel de documents administratifs et militaires, ainsi que pour diffusion de fausses nouvelles susceptibles de jeter le discrédit sur les institutions publiques, le penseur décolonial et partenaire de l’Agence française de développement (AFD), Felwine Sarr, écrivait : « Depuis un certain temps, les digues cèdent une à une dans ce pays, avec, entre autres, une multiplication des prisonniers d’opinion. Ils doivent tous être libérés. Le recul démocratique est réel. Ce n’est pas le type de démocratie dont nous voulons. »
Je rappelle à Sarr, dont j’ai lu les livres, que je respecte, au demeurant, que des personnes sont envoyées au bagne sous l’actuel régime pour des délits d’opinion et de diffusion de fausses nouvelles. Peut-être le théoricien de l’injonction suivante : « L’Afrique n’a personne à rattraper », n’est-il pas au courant de ces arrestations. Peut-être…
Au-delà de lui, j’interpelle toute l’élite universitaire pétitionnaire d’hier : les voix dissidentes sont menacées, humiliées et mises au cachot.
Votre silence signifie-t-il que la liberté d’expression, la démocratie que vous invoquiez, seraient devenues des principes à géométrie variable ?
Post-scriptum : « L’université fait profession de vérité ; elle se doit de comprendre la réalité et de l’éclairer, son éthique lui commande de ne pas mentir sur ce qu’elle sait. »
GRANDE MURAILLE VERTE, LES CAUSES D’UN ÉCHEC
Lancée en 2007 pour freiner l’avancée du désert à travers onze pays du Sahel, l’Initiative est aujourd’hui à l’arrêt au Sénégal. Malgré les milliards investis, les arbres tombent, les populations s’enfoncent dans la précarité, et le désert progresse.
Lancé en 2007, le projet de la Grande Muraille Verte avait pour ambition de reverdir la bande sahélienne de Dakar à Djibouti. Près de vingt ans après, Le Soleil est retourné à Widou Thiengoly, dans le département de Linguère, au cœur du projet. Malgré les sommes énormes investies, le projet est aujourd’hui à l’arrêt, et le désert ne cesse de progresser. Sur place, le drame est à la fois économique et environnemental pour les populations exposées aux effets du changement climatique dans cette zone aride. Cette enquête révèle les responsabilités de chacun dans l’échec du projet panafricain de la Grande Muraille Verte, qui concerne 11 pays. Elle a été réalisée avec le soutien de la Cenozo, dans le cadre de la phase 3 du projet Ocri (Open Climate Reporting Initiative).
L’air chaud et sec claque sur les visages. Depuis deux heures, à partir de Dahra, commune située à 253 km au nord de Dakar, le véhicule lancé à vive allure se bat délicatement contre les dunes de sable, dans une chaleur accablante. Dans cette partie de la région de Louga, département de Linguère, il fait 41 degrés à l’ombre, ce vendredi 11 avril 2025. Il est midi, et le soleil, avec ses rayons corrosifs, martyrise les corps ruisselants de sueur. À notre passage, les renards du désert se roulent en boule, tandis que bœufs, moutons et chèvres détalent, sans doute effrayés par les vrombissements de la voiture. C’est dans cet endroit du Sahel, où la bande désertique malmène la végétation, qu’en 2007 l’Initiative de la Grande Muraille Verte a été mise sur pied. Elle visait à planter une bande d’arbres de 15 km de large, de Dakar à Djibouti, pour faire face à l’avancée du désert. Le projet fut porté par les présidents du Sénégal, Abdoulaye Wade, et du Nigeria, Olusegun Obasanjo, avec le soutien de l’Union africaine, afin de lutter contre la désertification et les effets du changement climatique dans 11 pays : Sénégal, Mauritanie, Mali, Burkina Faso, Niger, Nigeria, Tchad, Soudan, Éthiopie, Érythrée et Djibouti.
Près de vingt ans plus tard, Le Soleil, en collaboration avec la Cellule Norbert Zongo de journalisme d’investigation en Afrique de l’Ouest, est retourné à Widou Thiengoly, commune de Tessékéré, au cœur de la Grande Muraille Verte. Dans ce village, la pauvreté est visible partout. Perdu au bout d’une piste sablonneuse, Widou semble figé dans le temps. Quelques cases en banco aux toits de chaume bordent un chemin poussiéreux où traînent des enfants pieds nus. Quelques arbres d’espèces locales tiennent encore debout : l’acacia Sénégal, le dattier du désert, le jujubier et le moringa oleifera. Ils ont été plantés pour restaurer la biodiversité en vue de freiner l’avancée du désert. Mais ils tombent par centaines chaque année, selon les témoignages sur place. « Nous n’avons pas beaucoup reboisé ces dernières années, comme ce fut le cas lors du démarrage du projet. Nous avons pu reboiser, mais dans des proportions très minimes », regrette le sergent-chef Amadou Badji, agent technique des eaux et forêts, responsable de la base de Widou Thiengoly, l’un des sites sur le tracé de la Gmv.
Sur cet immense espace désertique, quelques arbres tiennent encore debout. Il s’agit d’une zone pastorale qui concentre plus de la moitié du cheptel national, mais où la bande sahélienne dicte peu à peu sa loi à la nature et freine la végétation. « Il y a un ralentissement en ce qui concerne les investissements. La reforestation attirait beaucoup de monde. Des étudiants, des chercheurs et même des étrangers venaient participer aux activités de reboisement parce qu’il y avait de grandes parcelles. Donc, il y avait de la main-d’œuvre pour la plantation. Maintenant qu’on n’a plus ces grandes parcelles, cela se ressent au niveau de la population », déplore M. Badji.
« Depuis 2022, il n’y a plus d’actions de reboisement d’envergure », renchérit Pape Diop, agent à la Grande Muraille Verte. Mais pour Aliou Bocar Wellé, chauffeur à la Grande Muraille Verte depuis 2008, le problème vient du suivi. Il souligne : « Après le reboisement, il faut regarnir, car la saison des pluies est très courte. Il faut regarnir deux mois après pour permettre à la plante de germer. Malheureusement, les gens reboisent puis s’en vont ».
Mort de 70 à 80 % des plantations
En matière de couverture arboricole, un rapport publié en 2021 par l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (Fao) fait état de 1,2 milliard d’arbres dans la zone de la Grande Muraille Verte – Sahel. D’après le document, la densité moyenne est très faible : environ 5 arbres par hectare. La même source précise que le Sénégal a la densité la plus élevée avec 15 arbres/ha, tandis que le Tchad en compte moins de 2/ha. Malgré la production et les plantations massives rapportées par les agences nationales, la Fao note que « le taux de mortalité est assez varié et quelquefois élevé selon les espèces et les zones, allant jusqu’à 70 à 80 %, entraînant une faible progression de la couverture végétale de cette zone sahélo-saharienne ». Dans les concessions en paille, recouvertes pour la plupart de fils de fer faute de murs de clôture, l’on commence à ressentir les effets de l’avancée vertigineuse de la bande sahélienne. La vue vers les châteaux d’eau est obstruée par un brouillard de sable. Secrétaire général de la Fédération des groupements féminins de Widou, Oumar Ka lie cette situation aux changements climatiques : « Le nombre d’arbres a diminué drastiquement. Certaines espèces ne sont plus visibles dans ce terroir. On a remarqué que chaque année, la température augmente de plus en plus. Il pleut de moins en moins. Autrefois, on pouvait avoir deux à trois mois de pluie. Maintenant, on n’en a plus qu’un, parfois moins », regrette Oumar Ka, dit Hubert, dont l’entité regroupe 430 membres.
En effet, l’Agence nationale de l’aviation civile et de la météorologie (Anacim) du Sénégal confirme ces faits. Selon le prévisionniste Diabel Ndiaye, cette partie du territoire reçoit moins de 300 millimètres de pluie par an. Une donnée qui accentue la chaleur au grand dam des populations de Widou Thiengoly, village reculé dans le département de Linguère, à 400 km de Dakar.
L’ÉTAT ANNONCE LE TRANSFERT DE 13 COMPÉTENCES AUX COLLECTIVITÉS TERRITORIALES
L’objectif : corriger les déséquilibres territoriaux historiques et promouvoir un développement économique plus inclusif à travers la mise en place de pôles territoriaux viables.
L’Etat va transférer 13 domaines de compétence aux collectivités territoriales dans le cadre des réformes en cours de l’acte 4 de la décentralisation, a annoncé, lundi à Dakar, le directeur de la promotion du développement territorial, Sékou Oumar Diédhiou.
”Dans un souci de viabilité économique, l’Etat va transférer au-delà de neuf domaines de compétences aux collectivités territoriales. On va aller jusqu’à 13 domaines de compétence dans le cadre des réformes en cours”, a dit M. Diédhiou, lors d’un entretien accordé à l’APS.
Il a précisé que cette réforme en cours prend en compte toutes les thématiques de développement des terroirs ainsi que les points de vus de tous les acteurs territoriaux, y compris de la société civile.
”Nous écoutons les avis des acteurs des territoires ainsi que ceux des départements ministériels sectoriels avant toute validation de cette réforme entrant dans le cadre de l’acte 4 de la décentralisation’’, a-t-il assuré.
Evoquant la mise en place des pôles-territoires, Sékou Oumar Diédhiou a expliqué que l’objectif est de corriger les déséquilibres territoriaux qui sont là depuis 1960, pour aller vers un développement endogène des territoires.
‘’Le but recherché est d’avoir des pôles territoires clairement définis grâce à un aménagement inclusif et viable’’, a-t-il lancé
Il a indiqué qu’entre 2025 et 2026, il y aura probablement le lancement, avec les plus hautes autorités, des pôles tests. ‘’On mettra en œuvre ces pôles progressivement. Nous avons pratiquement fait toutes les concertations à ce sujet à ce niveau’’, a-t-il dit.
Le plan stratégique de développement économique du Sénégal Vision 2050 est articulé autour de huit pôles de développement à travers le territoire national.
Il s’agit des pôles territoires de Dakar, de Thiès, du Centre, de Diourbel-Louga, du Nord, du Sud, du Nord-Est, et du Sud-Est.
Le directeur de la promotion du développement territorial a rappelé que le but des pôles territoires est de corriger la concentration des richesses du pays dont 57% se trouve sur l’axe Mbour-Thiès-Dakar.
‘’Avec les pôles territoires, l’idée c’est de booster le développement harmonieux et équilibré des territoires et de les accompagner à décoller économiquement’’, a-t-il déclaré.
Sékou Oumar Diédhiou est d’avis que le développement du pays se fera à partir du développement des territoires. ‘’Ce sont les territoires qui vont tirer le PIB du pays vers le haut’’, a-t-il dit.
TAKKU WALLU DÉNONCE UNE MAINMISE DE L’EXÉCUTIF SUR L’ASSEMBLÉE NATIONALE
Lors d’une conférence de presse tenue ce 7 juillet, le groupe parlementaire a dressé un bilan critique de la session ordinaire 2024-2025. Il alerte sur des violations répétées du règlement intérieur.
Ce lundi 7 juillet 2025, le groupe parlementaire Takku Wallu Sénégal a organisé une conférence de presse au siège de l’Alliance pour la République (APR), afin de présenter un bilan de la session ordinaire 2024-2025 de l’Assemblée nationale, qui s’est achevée le 30 juin.
Dans une déclaration lue par Djimo Souaré, vice-président du groupe, Takku Wallu a dénoncé plusieurs irrégularités constatées durant la session.
Le groupe soutient que l’exécutif domine l’Assemblée nationale, en citant des exemples tels que la suppression d’institutions constitutionnelles, la révocation de l’immunité parlementaire pour quelques députés, le blocage d’initiatives législatives et l’infraction au règlement intérieur.
Takku Wallu exprime aussi son mécontentement concernant la transgression de l’article 74 du règlement intérieur, qui concerne le droit de l’auteur d’une question préalable à intervenir à nouveau, ainsi que sur la présence du président de l’Assemblée lors des débats, ce qui constitue une infraction à l’article 69.
« Le groupe fait part de sa vive préoccupation face aux violations graves et répétées du règlement intérieur par son président », soutient Djimo Souaré.
VIDEO
AÏSSATA TALL SALL MET EN GARDE SONKO APRÈS SES PIQUES CONTRE LA JUSTICE
L'ancienne ministre de la Justice s’inquiète des récentes déclarations du Premier ministre à l’encontre de la magistrature. Pour elle, ces attaques risquent d’éroder la confiance dans l’institution judiciaire, socle de la République.
Lors de sa dernière sortie, Ousmane Sonko n’a pas fait de cadeau à la magistrature. Il a lourdement chargé la justice, ce qui suscite débat depuis quelques jours. Face à la presse ce lundi, Me Aïssata Tall Sall, cheffe de file de l'opposition parlementaire, s’est prononcée sur la question.
“Il y a un malaise général qui gagne le pays avec les déclarations du premier ministre, surtout celles sur la Justice”, a signbalé ce lundi, Me Aïssata Tall Sall, présidente du groupe parlementaire Takku-Wallu.
“Je suis un acteur de la justice, jamais de ma mémoire d’avocat je n’ai vu un gouvernant tenir des propos comme ça, contre la Justice”, jure-t-elle.
L’avocate a tenu à envoyer un message au premier ministre : “On lui demande de s’arrêter pendant qu’il est encore temps”, indique-t-il à Sonko, lui demandant de ne pas détricoter le fil de la justice.
Un fil très solide, mais en même temps très fin, dit-elle, parce que tout tient en la confiance à la Justice. “Si nous rompons le fil de la confiance c’en est terminé pour notre République”, avertit-elle.
LE CNRA MET EN DEMEURE LE GROUPE FUTURS MÉDIAS
L’autorité de régulation dénonce des propos jugés grossiers et injurieux à l’encontre du député Amadou Ba, tenus par un chroniqueur lors de l’émission “Jakaarlo” diffusée le 4 juillet.
Le Conseil national de régulation de l’audiovisuel (CNRA) a mis en demeure le Groupe Futurs Médias (GFM), suite à la diffusion, vendredi passé, de l’émission ‘’JAKAARLO’’, sur la Télévision Futurs Médias (TFM), au cours de laquelle, ‘’l’un des chroniqueurs s’était montré particulièrement véhément, virulent et discourtois à l’endroit d’un invité’’.
Dans un communiqué parvenu, lundi, à l’APS, le CNRA estime que le chroniqueur en question a cherché, lors de l’émission précitée, à ”porter atteinte publiquement à la dignité, au respect, à l’honneur, à l’image et à la réputation” de l’invité (le député Amadou Ba, pouvoir) en ”utilisant des termes grossiers, dégradants, dévalorisants et injurieux à son égard”.
Ce qui constitue une violation grave de la réglementation, signale le CNRA.
Ainsi, il invite le GFM à prendre les mesures appropriées pour mettre un terme définitif à de pareils manquements et à observer une application stricte de la réglementation dans l’émission ‘’JAKAARLO’’.
‘’Le non-respect de cette mise en demeure expose le Groupe Futurs Médias aux sanctions prévues par la loi, notamment la suspension de la diffusion de l’émission ‘’JAKAARLO’’ ou la suspension de la diffusion d’une partie ou de la totalité des programmes de la TFM’’, a averti l’organe national de régulation de l’audiovisuel.
Il rappelle, par ailleurs, que malgré des mises en garde qui lui ont été faites, le Groupe Futurs Médias, à travers la TFM, a persisté dans la violation de la réglementation, notamment dans l’émission ‘’JAKAARLO’’ du 04 juillet 2025.
EXPRESSO ET YAS PERDENT LEUR 5G
Décrets signés à quelques jours de l'élection présidentielle, prix bradés, procédures contournées : l'État dénonce un "traitement de faveur" accordé aux deux opérateurs dans des conditions "incompréhensibles"
C’est dans la plus grande discrétion que l’État du Sénégal a retiré les décrets portant exploitation des fréquences 5G à Expresso et à Yas. L’autorité remet aussi en cause le renouvellement de la licence d’Expresso, qui arrive à terme en 2027.
Le président Diomaye n’a pas fini avec l’inventaire de certains actes pris par son prédécesseur Macky Sall. Les dernières victimes en date sont les opérateurs téléphoniques titulaires des marques Yas et Expresso.
En effet, dans un décret signé le 18 avril dernier, le président de la République avait, en toute discrétion, retiré le décret portant approbation de l’avenant à la convention de concession et du cahier des charges de l’opérateur Expresso Sénégal. Par un acte similaire signé le 28 mai dernier, il en fit de même avec l’exploitant de la marque Yas (ex-Free). Ces mesures surprenantes risquent de secouer l’écosystème des télécommunications.
Avant de prendre cette mesure, le gouvernement a mené un certain nombre de diligences pour étudier les conditions d’attribution de la 5G aux deux opérateurs. Plusieurs manquements ont ainsi été signalés à l’issue de ces investigations.
Dans un document intitulé “Note sur l’iniquité de traitement dans l’attribution des fréquences 5G aux opérateurs”, l’État liste ces griefs. Il s’agit, principalement, de “violations du Code des télécommunications et de “distorsions des règles de concurrence”, lesquels griefs ont entrainé “un préjudice financier important pour l’État du Sénégal”.
Retour sur les faits
Les faits remontent à 2023, avec l’appel à candidatures lancé par l’Autorité de régulation des télécommunications et des postes (ARTP), pour l’attribution de la 5G aux opérateurs locaux. À la suite de l’examen des dossiers, le Comité d’évaluation des offres techniques et financières avait proposé à la commission de sélection de retenir Sonatel SA, seul candidat à avoir rempli les conditions fixées. L’offre de Free a été rejetée parce que ne remplissant pas les conditions. Expresso, en revanche, n’avait pas soumissionné.
L’ARTP, selon le rapport d’évaluation, avait fixé un prix de réserve comme condition d’éligibilité pour l’acquisition des fréquences 5G, chaque candidat devant souscrire à une offre de base minimale de dix-neuf milliards cinq cents millions de francs CFA, comprenant un lot indivisible de 10 MHz dans la bande 700 MHz et 70 MHz dans la bande 3,5 GHz.
Mais moins de 45 jours après la publication du décret attribuant des fréquences 5G à la Sonatel, l’organe de régulation avait annoncé l’attribution de fréquences 5G à l’opérateur Saga Africa Holding Limited (Free) à un montant inférieur au prix de réserve de l’appel d’offres, selon le rapport. Ce, en dehors de toute procédure d’appel d’offres.
Des conditions encore plus scandaleuses sont dénoncées dans l’attribution des fréquences à Expresso.
Alors que la Sonatel avait payé 34,5 milliards F CFA, Free avait déboursé 13,5 milliards F CFA, Expresso seulement 5 milliards F CFA.
Dans le rapport d’évaluation, l’autorité revient sur les manquements techniques et financiers.
En ce qui concerne les conditions financières, soutient la note, Free a acquis les fréquences 5G pour 13,5 milliards F CFA, un prix nettement inférieur au prix de réserve de l’appel d’offres (19,5 milliards F CFA). Expresso, en revanche, a obtenu sa licence pour seulement 5 milliards F CFA avec 30 MHz dans la bande 3,5 MHz et 10 MHz dans la bande 700 MHz, assortie d’un prolongement de 10 ans de sa concession et de l’intégration de la licence 4G.
Un traitement de faveur par rapport à la Sonatel qui avait payé bien plus. “Pour l’attribution de la 5G, la Sonatel a payé un montant de 34 milliards F CFA sur la base de l’appel à candidatures lancé par l’ARTP. Elle a payé le Mégahertz sur la bande 3,5 GHz 40 % plus cher que Free”, indique la source, qui explique : “Dans sa déclaration du 18 décembre 2023, l’ARTP avait indiqué que le prix du Mégahertz dans la bande 3,5 GHz est de 150 millions F CFA pour Free et que le prix des 10 MHz dans la bande 700 MHz est de 9 milliards F CFA. “Sachant que la Sonatel a acquis 10 MHz dans la bande 700 MHz (évalués par l’ARTP à 9 milliards F CFA) et 120 MHz dans la bande 3,5 GHz, le tout pour 34,5 milliards, les 120 MHz dans la bande 3,5 GHz ont couté à la Sonatel 25,5 milliards F CFA (= 34,5 – 9), soit 212,5 millions F CFA par Mégahertz dans la bande 3,5 GHz pour la Sonatel”, informe le rapport.
Selon le document, sur la base du prix d’acquisition des fréquences par Free, la Sonatel aurait dû payer 27 milliards F CFA au lieu de 34,5 milliards F CFA. “Pour un traitement équitable entre les opérateurs, Saga Africa Holding Limited (Free) devrait payer 25,5 milliards de F CFA : 19,5 milliards correspondant au prix de réserve du lot de base (10 MHz dans la bande 700 MHz et 70 MHz dans la bande 3,5 GHz) et 6 milliards correspondant au prix des deux lots supplémentaires de 10 MHz chacun dans la bande 3,5 GHz sur la base des exigences de l’appel à candidatures 5G”, a ajouté la source.
Le cas du renouvellement de la licence Expresso qui doit arriver à terme en 2027
Dans le même sillage, il est reproché à l’autorité d’avoir procédé à ces attributions sans appel d’offres. “L’ARTP et l’État du Sénégal ne peuvent considérer que l’attribution de la 5G doit nécessairement passer par un appel à candidatures comme prévu à l’article 51 du Code des communications électroniques et quelques mois plus tard violer eux-mêmes cette procédure pour procéder à des attributions à Saga Africa Holding Limited et Expresso sans passer par cette procédure”. Procéder de la sorte, selon le rapport, revient à vider de sa substance la procédure de l’appel à candidatures, en favorisant ceux qui recourent “illégalement” à l’entente directe.
Si globalement le rapport relève des irrégularités, c’est dans le dossier Expresso que le préjudice est plus important. Un bref rappel des précédents renouvellements de licence des opérateurs suffit à mettre en exergue le caractère incompréhensible du montant dérisoire payé par Expresso, soutiennent les auteurs du rapport.
En effet, en 2012, Sentel (aujourd’hui Saga Holding Africa Limited) avait payé un montant de 53 milliards F CFA pour le renouvellement et l’extension de sa licence pour une durée de 10 ans. En 2016, lors du renouvellement de sa licence incluant l’extension à la 4G pour une durée de 17 ans, la Sonatel avait payé un montant de 100 milliards F CFA (dont 32 milliards pour la 4G).
Pour bien moins que ces montants, Expresso a donc non seulement obtenu la 5G, mais aussi s’est payé un renouvellement de son bail de 10 ans. Ce qui irrite les nouvelles autorités. “La licence d’Expresso expirant en 2027, les discussions pour le renouvellement devaient être l’apanage des nouvelles autorités à compter de 2026. Mais ce ne sera pas le cas, vu qu’à quelques jours de l’élection présidentielle, le 20 mars 2024, un décret a été pris, anticipant ce renouvellement et en le prolongeant pour 10 ans supplémentaires. Il s’agit là d’une démarche incompréhensible et que rien ne justifie”, dénonce vigoureusement la source.
Cela montre qu’au-delà de la violation des règles de concurrence, l’État a été gravement lésé, en particulier dans le dossier Expresso. “Au vu des montants payés par les opérateurs lors des précédents renouvellements de licence, le montant payé par Expresso est tout simplement incompréhensible”, souligne le rapport.
Ce que disait l’ARTP pour expliquer la différence
Sur la différence de prix, l’Autorité de régulation des télécommunications et des postes l’avait expliqué à l’époque par le fait que Free, par exemple, n’avait pris que 90 MHz dans la bande des 3500 et non point la bande des 700 MHz qui coute plus cher et où la Sonatel avait pris 10 MHz.
De même, la Sonatel avait pris cinq blocs supplémentaires pour un montant total de 15 milliards F CFA complémentaires, en sus du prix de réserve. “C’est la raison pour laquelle la Sonatel avait payé le bloc de base pour 19,5 milliards F CFA en associant les 10 MHz de la bande 700 MHz et 15 milliards F CFA pour les blocs supplémentaires, avait expliqué l’autorité.
Le directeur général de l’ARTP, Abdou Karim Sall, avait pour sa part estimé que les prix mis en jeu sont fonction d’abord des quantités et ensuite de la qualité des fréquences.
En attendant de trouver un terrain d’entente avec l’État, cette décision constitue un sérieux coup pour les opérateurs.
Nos tentatives d’entrer en contact avec ces entreprises sont restées vaines. Du côté de Yas, un responsable que nous avons pu joindre confie qu’ils n’ont pas eu officiellement de notification de cette décision portant retrait des décrets de 2024.
POURQUOI KHADIM BA RESTE DÉTENU
Le magistrat estime que les soupçons pesant sur le patron de Locafrique justifiaient encore sa détention préventive, au grand dam de ses avocats
Malgré un rapport d’expertise qui lui est favorable, Khadim Ba, patron de Locafrique, reste maintenu en prison. Le juge financier a rejeté la requête de ses avocats demandant l’annulation de la procédure ainsi que la mainlevée du mandat de dépôt.
Après l’audition au fond de leur client, les avocats de Khadim Ba ont introduit une demande d’annulation, arguant des vices de procédure dans le déroulement de l’enquête douanière ayant conduit à son arrestation. Ils ont notamment mis en avant les conclusions d’un rapport d’expertise commandité par le juge lui-même.
Ce rapport, dont les détails ont été largement relayés par la presse et son avocat, Me Djiby Diallo, indique que Khadim Ba n’est ni importateur, ni transitaire, ni établissement financier. Il ne pouvait donc être tenu responsable des opérations d’importation ayant motivé les poursuites.
Selon l’expert, les bateaux incriminés ont été importés, déclarés et payés par la Société africaine de raffinage (Sar).
Face au juge, Khadim Ba a soutenu que si une infraction devait être retenue, elle ne relèverait ni de sa société Dermond Oil ni de Locafrique, mais de la Sar, seul importateur officiel dans cette affaire.
Forts de ces éléments, ses avocats ont déposé, le 16 juin, une demande de mainlevée du mandat de dépôt, en dénonçant des irrégularités dans les procès-verbaux dressés par la douane et en soulignant que leur client subit une détention préventive depuis neuf mois sur la base d’accusations infondées.
Dans leur requête, ils ont remis en cause la validité des accusations et plaidé pour une libération immédiate, estimant que cela constituerait un acte de justice.
Mais le procureur financier a rendu un avis défavorable à cette demande et le juge a suivi cette position en rejetant la requête, estimant les arguments insuffisants pour justifier la libération de l’homme d’affaires.
Selon des sources proches du dossier, les avocats de Khadim Ba ‘’ne comptent pas lâcher l’affaire’’ et se disent déterminés à poursuivre le combat jusqu’à ce que ‘’la vérité éclate’’ et que leur client soit libéré, convaincus de son innocence. Toutefois, ils n’ont pas encore dévoilé leur prochaine stratégie.