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27 juillet 2025
Par Moussa SARR
ISRAËL, USA, IRAN, ET LA FIN DU MULTILATERALISME
La guerre contemporaine qui oppose indirectement les États-Unis et Israël à la République islamique d’Iran ne peut se comprendre sans un cadre théorique rigoureux qui dépasse les interprétations médiatiques ou géopolitiques immédiates.
La guerre contemporaine qui oppose indirectement les États-Unis et Israël à la République islamique d’Iran ne peut se comprendre sans un cadre théorique rigoureux qui dépasse les interprétations médiatiques ou géopolitiques immédiates. Pour cela, la théorie du régime, enrichie par les critiques réalistes et les observations empiriques récentes, offre une lentille particulièrement efficace. Elle permet de saisir comment des formes d’ordre international, bien qu’opérantes dans un environnement anarchique, organisent, structurent ou déstabilisent les comportements étatiques.
Le conflit en cours entre les puissances occidentales alliées à Israël, et l’Iran soutenu par un réseau d’acteurs non-étatiques et d’alliés stratégiques, se joue moins dans une opposition binaire que dans un entrelacement d’espaces normatifs, de régimes concurrents et de ruptures institutionnelles. C’est dans cet entrelacement que se loge la dynamique conflictuelle actuelle : non pas une guerre de civilisations, ni même un affrontement entre deux blocs idéologiques, mais une guerre de régimes – au sens théorique du terme – où chaque acteur tente d’imposer, de maintenir ou de contourner un ensemble de règles, de normes, et de procédures qui encadrent les rapports de puissance. Stephen Krasner, dans sa définition désormais canonique, a qualifié les régimes comme des institutions dotées de normes, de principes, de règles et de procédures décisionnelles autour desquelles convergent les attentes des acteurs internationaux dans un domaine donné. Cette définition a le mérite de dépasser la forme institutionnelle stricte. Un régime ne se réduit pas à une organisation comme l’ONU ou l’AIEA. Il peut être informel, fragmenté, bilatéral, multilatéral ou même occulte. Ce qui importe, c’est qu’il crée une certaine prévisibilité dans les comportements.Or, c’est précisément cette prévisibilité qui est aujourd’hui menacée dans les rapports entre les États-Unis, Israël et l’Iran. L’architecture normative qui permettait un minimum de coopération, de retenue ou de diplomatie – notamment autour du programme nucléaire iranien – a été méthodiquement détruite ou dégradée.
Le retrait des États-Unis du Plan d’Action Global Conjoint (JCPOA) en 2018, sous la présidence de Donald Trump, marque un moment de bascule majeur. Il signe la fin d’un régime de coopération nucléaire qui, bien qu’imparfait, avait permis un encadrement strict des ambitions nucléaires iraniennes, en échange d’une levée partielle des sanctions économiques. Il s’agissait là d’un régime typique tel que l’entend la théorie : des règles définies (interdiction de l’enrichissement au-delà d’un certain seuil), des procédures de vérification (inspections de l’AIEA), des sanctions prévues en cas de manquement, et un mécanisme de réversibilité. Mais un régime n’est pas un contrat moral ; il est un équilibre fragile entre intérêts nationaux et normes partagées. Lorsqu’un des piliers du régime se retire unilatéralement – comme ce fut le cas des États-Unis – l’ensemble du système s’effondre ou mute. La réaction iranienne à la sortie américaine fut progressive mais déterminée : enrichissement au-delà des seuils autorisés, réduction des marges de coopération avec l’AIEA, déclarations offensives sur la capacité nucléaire potentielle.
Le régime du JCPOA, pourtant soutenu par les autres signataires (Chine, Russie, Europe), était vidé de sa substance. Le conflit ne surgit donc pas dans un vide normatif, mais dans un moment de vacillement des régimes existants. C’est là que l’apport du réalisme est essentiel. Les régimes ne sont jamais absolus ; ils sont toujours conditionnés par des rapports de puissance, des intérêts nationaux, et la confiance – ou la méfiance – des acteurs.
Joseph Grieco, représentant du réalisme néoclassique, a bien montré que la coopération entre États ne dépend pas seulement des gains absolus que chacun pourrait tirer, mais aussi des gains relatifs : un État hésitera à coopérer s’il craint que l’autre en tire un avantage stratégique supérieur.
Le comportement israélien s’explique largement par cette logique. Même si l’Iran restait dans les limites de l’accord, Israël considère que l’existence même d’un programme nucléaire civil robuste constitue une menace stratégique à moyen terme. L’opposition israélienne au JCPOA n’était pas conjoncturelle ; elle était doctrinale. Il n’y a pas, pour l’État hébreu, de régime acceptable qui permettrait à l’Iran d’avoir une quelconque capacité d’enrichissement ou d’indépendance nucléaire. Dès lors, Israël mène une stratégie de sabotage constant de toute coopération normative, appuyée par des opérations militaires ciblées, des assassinats de scientifiques, des cyberattaques, et une guerre informationnelle permanente. Cette posture, cohérente avec une lecture réaliste du système international, réduit l’espace des régimes à peau de chagrin.
Pourtant, la guerre actuelle ne se joue pas seulement dans le vide d’un régime déchu, mais aussi dans la prolifération de régimes informels et concurrents. Les États-Unis et Israël, en dépit de leur hostilité ouverte envers l’Iran, coopèrent dans un régime de sécurité bilatéral extrêmement structuré. Ce régime n’est pas codifié par un traité formel, mais il repose sur une communauté de normes (l’Iran est une menace existentielle), de pratiques (partage de renseignement, coordination militaire, aide sécuritaire), et de règles implicites (soutien automatique en cas d’escalade). Ce régime a une résilience remarquable, malgré les divergences entre administrations américaines. Il opère de manière autonome par rapport au droit international classique, ettend même à se substituer aux régimes collectifs défaillants comme le Conseil de sécurité de l’ONU.
À l’inverse, l’Iran développe lui aussi des régimes informels de sécurité et d’influence. Son alliance stratégique avec la Russie dans le cadre de la guerre en Syrie, ses liens logistiques avec le Hezbollah au Liban, ses relations tactiques avec les Houthis au Yémen ou les milices chiites en Irak, constituent un écosystème de coopération hybride. Là encore, il ne s’agit pas d’une alliance formelle, mais d’un régime souple, fondé sur des affinités idéologiques (antiimpérialisme), des convergences d’intérêt (résister à Israël ou à l’Arabie saoudite), et des mécanismes de coordination (livraison d’armes, formation, renseignement). Ces régimes non officiels sont particulièrement résistants, car ils ne reposent pas sur une architecture bureaucratique, mais sur des réseaux, des loyautés et des interdépendances militaires ou identitaires. C’est donc dans un monde de régimes pluriels, concurrents et souvent conflictuels que s’inscrit la guerre actuelle.
L’anarchie du système international n’a pas disparu, mais elle est structurée par des régimes antagonistes. D’un côté, le régime occidental de sécurité centré autour d’Israël, des États-Unis, de certains pays du Golfe, et d’un ordre économique dominé par le dollar, SWIFT et les sanctions extraterritoriales.
De l’autre, un contrerégime iranien qui s’appuie sur une économie de contournement, des circuits alternatifs (crypto, troc, corridors sinorusses), et une diplomatie antihégémonique active. Les régimes ici ne sont pas seulement techniques : ils sont profondément politiques. Ils reflètent des visions du monde irréconciliables, non seulement sur la sécurité nucléaire, mais aussi sur la légitimité des normes internationales, le rôle de la souveraineté, et la justice globale.
Cette guerre des régimes se joue aussi sur le terrain juridique et moral. Tandis qu’Israël se présente comme un État en légitime défense, protégé par le droit à l’auto-préservation, l’Iran invoque la souveraineté nationale, la résistance à l’impérialisme, et le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes. Chacun mobilise une rhétorique normative pour justifier la rupture ou la manipulation des régimes existants. Or, cette fragmentation du régime international ne signifie pas l’absence de règles, mais plutôt leur multiplication concurrente. Le droit devient un champ de bataille. La sanction devient un outil de guerre. La norme devient une arme.
Dans ce contexte, les grandes organisations internationales –ONU,AIEA, Conseil des droits de l’homme – apparaissent marginalisées ou instrumentalisées. L’incapacité du Conseil de sécurité à agir face aux frappes israéliennes en Syrie, aux violations du droit international par les uns ou les autres, ou à la prolifération des armes dans la région, révèle l’usure de l’ordre multilatéral classique. Celui-ci n’est pas aboli ; il est contourné, discrédité, puis recyclé dans des coalitions ad hoc. Ce phénomène n’est pas propre au Moyen-Orient. Il touche aussi l’Europe (guerre en Ukraine), l’Afrique (Sahel), et l’Asie (mer de Chine). Mais le conflitIsraël-USA/Iran en est une manifestation paradigmatique, car il condense tous les éléments d’une guerre normative post-institutionnelle : déclin des régimes universels, montée des coalitions opportunistes, prolifération des normes asymétriques, légitimation des actions unilatérales. Il serait toutefois erroné de conclure que les régimes ont échoué. Ce qui échoue, ce sont certains régimes dominants, incapables d’intégrer la pluralité des intérêts émergents. Le régime de non-prolifération, par exemple, ne peut fonctionner durablement si certains États conservent leur arsenal nucléaire tout en interdisant aux autres d’en développer un, même à des fins civiles.
Le régime des droits de l’homme ne peut prospérer s’il est appliqué de manière sélective, selon l’alliance stratégique des victimes. Le régime du commerce ne peut produire de stabilité s’il sert avant tout les intérêts des grandes puissances financières. Ainsi, ce n’est pas l’idée de régime qui est obsolète, mais la manière dont certains régimes sont conçus, exclusifs, non inclusifs, et donc perçus comme illégitimes. L’Iran, dans sa politique étrangère, ne rejette pas l’ordre international par principe. Il rejette un ordre où il n’a pas voix au chapitre, où les régimes sont utilisés pour punir et non pour négocier, où les sanctions sont permanentes et les garanties absentes.
De même, les États-Unis et Israël ne rejettent pas tous les régimes, mais uniquement ceux qui entravent leur capacité d’action ou favorisent un adversaire stratégique. C’est cette instrumentalisation des régimes qui nourrit la conflictualité. La théorie du régime ne suppose pas une harmonie globale. Elle permet de comprendre comment les normes sont produites, appliquées, contournées ou détruites en fonction des intérêts et des rapports de force. En ce sens, la guerre actuelle entre les États-Unis, Israël et l’Iran n’est pas une exception tragique à une règle pacifique. Elle est une expression tragiquement cohérente d’un monde où les régimes existent, mais ne reposent plus sur une confiance minimale entre acteurs. Sans confiance, il n’y a pas de coopération durable, et sans coopération, les régimes deviennent des coquilles vides ou des instruments de domination.
La question centrale n’est donc pas de savoir si les régimes peuvent survivre, mais s’ils peuvent être refondés sur des bases pluralistes, équitables et robustes. Faute de quoi, la logique réaliste reprendra toujours le dessus, et les régimes ne seront que des interludes entre deux conflits.
Dr. Moussa Sarr est un chercheur en sociologie (politique entre autres) et en relations internationales, spécialiste des conflits asymétriques, des régimes internationaux et des recompositions géopolitiques.Il a participé à plusieurs symposiums internationaux sur la guerre et la paix, portant notamment sur les régimes de sécurité collective, la résilience normative en temps de guerre, et les tensions entre unilatéralisme stratégique et multilatéralisme juridique. Ancien collaborateur au cabinet fédéral canadien àOttawa, il a été impliqué dans les relations diplomatiques bilatérales et multilatérales, notamment sur des dossiers sensibles liés aux droits humains, à la paix internationale et à la coopération régionale. Cette double expérience, théorique et pratique, alimente une analyse lucide des failles systémiques de l’ordre international contemporain.
PAR IBRAHIMA ANNE
SONKO ET LES MAGISTRATS, PAR-DELÀ L’ÉTERNELLE THÉORIE DU "COMPLOT"
Ousmane au pouvoir a du mal à se défaire de la tenue de combat de Sonko. Ne manquent que ses slogans guerriers comme «mortal kombat» ou autres «gatsa-gatsa». La rhétorique contre les magistrats est restée la même. Rien de nouveau sous le ciel de Dakar.
Mardi 1er juillet. A une heure un peu tardive, tout de blanc vêtu, un bonnet de même couleur sur le chef, «le citoyen» Ousmane Sonko s’adresse à ses fidèles. Le moment est solennel. Le canal choisi grand public. Le drapeau «vert-jaune-rouge» posté sur sa droite rappelle, cependant, qu’il est aussi le Premier ministre du Sénégal. Un petit compte-rendu -vite expédié- de sa tournée en Chine, sert de préambule à cette adresse nocturne. Puis, à brûle-pourpoint, il embraie sur la véritable raison de ce live (les comptes-rendus des visites officielles, c’est quand-même en conseil des ministres, non ?) : le rejet, le même jour, du rabat d’arrêt introduit par ses avocats devant la Cour suprême.
Un rejet qui confirme, par voie de conséquence, sa condamnation, au pénal, pour diffamation à une peine de six mois avec sursis et 200 millions Cfa à payer à la partie civile, l’ancien ministre, sous Macky Sall, Mame Mbaye Niang et qui le rendit inéligible. Entre-temps, l’opposant qu’il était est devenu Premier ministre, chef du gouvernement et donc patron du ministre de la Justice et de tous ceux dont ce dernier est, lui-même, le patron. Il n’en fallait pas davantage pour froisser l’amour-propre du Premier ministre qui, utilisant ses armes favorites d’opposant, cogne, bille en tête, sur la magistrature. Ses réserves sur des «magistrats intègres» qu’il oppose aux autres, qualifiés, eux, de «corrompus», n’y font rien. Chassez le naturel, il revient au galop ! Ousmane au pouvoir a du mal à se défaire de la tenue de combat de Sonko. Ne manquent que ses slogans guerriers comme «mortal kombat» ou autres «gatsa-gatsa». La rhétorique contre les magistrats est restée la même. Rien de nouveau sous le ciel étoilé de Dakar.
Flash-back !
Dans l’opposition, Ousmane Sonko a constamment cherché à convaincre son public sur une conspiration orchestrée contre sa personne. On ne change quand-même pas une stratégie qui gagne. Rappelez-vous que Sonko a, de manière régulière, dénoncé un «complot d’Etat» visant à neutraliser son ambition politique, arguant que les accusations portées contre lui, en particulier dans l’affaire Adji Sarr, sont une «commande politique» de Macky Sall et de son régime. Ses avocats, comme Me Ciré Clédor Ly, assurant le SAV, ont qualifié ces procédures de «complot mal ficelé» destiné à éliminer, au-delà de Sonko, l’opposition démocratique.
Ousmane Sonko est allé jusqu’à pointer du doigt des figures de l’Etat que sont Macky Sall himself, le procureur de la République, Serigne Bassirou Guèye, le juge d’instruction, Oumar Maham Diallo, ainsi que d’autres acteurs comme le ministre de l’Intérieur, Antoine Diome, et Mamour Diallo, comme ayant trempé dans ce «complot». Lequel passe de national à «international». Argument relayé par son fidèle allié Guy Marius Sagna. Panafricaniste et volontiers «France dégagiste», le leader de Frapp détecte la main invisible de puissances étrangères comme la France qui, selon Sonko et Sagna, ferait tout pour contrecarrer sa marche vers le Palais.
Cette rhétorique du complot est, hélas, renforcée par le contexte politique, marqué par des soupçons d’instrumentalisation de la justice contre les opposants. Les affaires Karim Wade et Khalifa Sall, éliminés de la course à la présidentielle par des décisions de justice, plaident en faveur du leader de Pastef et enfoncent la défense de Macky. Ses partisans soulignent que les procédures judiciaires, comme son inculpation pour «corruption de jeunesse» en 2023 (plutôt que pour viol, chef d’accusation initial), ont pour effet de compromettre son éligibilité à l’élection présidentielle, tout comme Khalifa et Karim. Ou, à défaut, l’envoyer pour un séjour longue durée en prison.
Pile et face
Passons sur les accusations d’ «appels répétés à l’insurrection». Lesquelles le conduisirent finalement en prison. Pour Sonko et ses soutiens, tout cela rentre dans un même et unique objectif : le rendre inéligible. Vrai ou faux, la Cour suprême, au mois de janvier 2024, confirme sa condamnation en appel. Ousmane Sonko perd ses droits civiques et donc celui d’être candidat à la Présidentielle de 2024. Hors-jeu, il appelle à voter Bassirou Diomaye Faye au nom d’un slogan qui fait mouche : «Diomaye mooy Sonko» (Voter Diomaye, c’est voter Sonko, Ndlr». 54% des électeurs portent leur suffrage sur son poulain qui, par un tour de magie institutionnelle, devient son mentor en tant que président de la République, lui, Premier ministre.
Aujourd’hui au pouvoir, Ousmane Sonko, pas satisfait du verdict de la Cour suprême sur son recours en rabat d’arrêt, sort la vieille artillerie contre les «magistrats du système», brandit un «élément nouveau», le rapport de l’Inspection générale des finances en l’occurrence. Il demande la réouverture de tous les procès le concernant. Parce que, selon lui, ce sont des magistrats au service de Macky Sall qui les avaient conduits et qui continuent toujours à «comploter» contre lui dans les travers des cours et tribunaux.
Donc, la posture institutionnelle de Ousmane Sonko a, certes, changé. Mais, pas sa perception des magistrats qui, tant qu’ils rendront des ordonnances, jugements et arrêts qui lui seront défavorables, seront perçus comme des «ennemis du Projet» et désignés à la vindicte. La «charrette» de juges qui ont eu la malchance de tremper dans ses dossiers et qui se sont retrouvés à Tamba, à plus de 400 km de Dakar, ne démentiront pas cette thèse. Voilà pour le côté pile.
Côté face, il faut juste retenir que, en définitive, le leader du Pastef est resté constant dans sa stratégie. La théorie du complot qu’il avance a toujours été un élément central de sa défense et de sa communication politique. Elle reflète à la fois une méfiance généralisée envers les institutions judiciaires et une stratégie pour galvaniser ses troupes. Et elle doit être lue comme telle. Parce que, pour paraphraser l’autre, 2029, c’est maintenant !
LES BANQUES TRADITIONNELLES FACE AU DEFI DE LA CONFIANCE
Face à une société de plus en connectée, les FinTechs bousculent le paysage financier sénégalais, forçant les banques traditionnelles à revoir leurs certitudes.
Alors que les FinTechs séduisent de plus en plus de clients par leur réactivité et leur simplicité d’accès,les banques traditionnelles sont invitées à se réinventer. Face à cette montée en puissance des Fintechs et l’avènement du mobile money, les banques doivent restaurer la confiance avec une clientèle devenue exigeante, mobile, et connectée.
Face à une société de plus en connectée, les FinTechs bousculent le paysage financier sénégalais, forçant les banques traditionnelles à revoir leurs certitudes. Offrant des services rapides, personnalisés et entièrement numériques, ces nouveaux acteurs gagnent du terrain auprès d’une clientèle jeune, connectée, en quête d’efficacité. Pour faire face, la banque de demain devra se réinventer, non seulement sur le plan technologique, mais aussi en profondeur, en renouant avec la confiance de ses clients.
C’est dans cet esprit qu’a été lancé officiellement à Dakar le Young Bankers Awards Sénégal, une initiative du Young Bankers Club. Un concours qui ambitionne de valoriser les jeunes talents du secteur financier, à travers une réflexion stratégique sur l’avenir de la banque africaine. Pour Mame Modio Siby, présidente du club et commissaire générale de l’événement, il s’agit de sortir les jeunes professionnels de l’ombre des institutions. Permettre à «chaque candidat de représenter sa propre personne, pas sa banque».
En effet, le concours invite les participants à proposer des idées autour du thème «la banque africaine de demain», dans des domaines aussi variés que la gouvernance, l’éthique, le capital humain ou la relation client. Il est ouvert aux jeunes professionnels du secteur bancaire, mais aussi à ceux des assurances, des FinTechs et des services financiers numériques, dans toutes les régions du Sénégal. L’objectif est clair: imaginer une finance plus inclusive, plus éthique et mieux connectée aux réalités sociales. Selon Mme Siby, les banques doivent cesser de percevoir les FinTechs comme des rivales, et plutôt les considérer comme des partenaires stratégiques : «Il ne faut pas voir la FinTech comme une menace mais comme une opportunité», plaide-t-elle.»
Dans sa vision, la banque de demain devra réussir une double transformation : technologique, pour s’adapter à l’ère numérique, mais aussi humaine, pour renouer avec sa mission de confiance et de proximité. «Pour faire tourner l’économie, il faut la population. C’est elle qui nous confie son argent», rappelle Mme Siby. Une vérité que les banques ne peuvent plus ignorer.
Avec l’essor des FinTechs, des outils de paiement mobile et des solutions de crédit instantané, les clients n’attendent plus. Ils exigent des réponses rapides, des interfaces intuitives et des services personnalisés. La banque traditionnelle doit donc non seulement s’aligner sur ces standards, mais aussi offrir une valeur ajoutée humaine, fondée sur l’écoute, l’accompagnement et la transparence.
En stimulant la créativité et l’engagement des jeunes professionnels, les Young Bankers Awards Sénégal s’inscrivent dans cette dynamique de renouveau. Un concours qui, au-delà des prix, entend tracer les contours d’un nouveau contrat social entre les banques et les citoyens.
SOPHIE GLADIMA OBTIENT UNE LIBERTÉ PROVISOIRE SOUS BRACELET ÉLECTRONIQUE
Entendue dans l’affaire du centre de gravimétrie de Kédougou, financé par le fonds Force Covid-19, l’ancienne ministre de l’Énergie nie toute implication dans le détournement présumé de 73 millions de francs CFA.
La Haute Cour de Justice a accordé, ce lundi, une liberté provisoire à l’ancienne ministre Aïssatou Sophie Gladima, qui a été placée sous bracelet électronique à l’issue de sa seconde audition par la commission d’instruction.
Poursuivie pour des faits présumés de détournement de deniers publics, blanchiment de capitaux et complicité, l’ex-ministre de l’Énergie a une nouvelle fois nié en bloc les accusations portées contre elle. Elle était entendue dans le cadre de l’enquête portant sur la construction d’un centre de gravimétrie à Kédougou, projet financé par le fonds Force Covid-19.
Détenue depuis le 21 mai dernier, Sophie Gladima est soupçonnée d’avoir détourné près de 73 millions de francs CFA initialement destinés à la réalisation de cette infrastructure censée bénéficier aux orpailleurs impactés par la pandémie. Selon un rapport de la Cour des comptes, le chantier n’a jamais démarré, bien que le prestataire ait perçu la totalité des fonds.
Ce second interrogatoire au fond, après une première audition tenue le 11 juin, marque une étape clé dans une affaire à fort retentissement, mettant en lumière la gestion controversée des ressources publiques en pleine crise sanitaire.
RENCONTRE AVEC TRUMP, GADIO DÉNONCE UNE DIPLOMATIE AFRICAINE FRAGMENTÉE
Cheikh Tidiane Gadio met en garde contre le format de la prochaine rencontre entre les États-Unis et cinq pays africains. Loin d’un sommet continental, il y voit une initiative géopolitique ciblée, risquant d’affaiblir la voix de l’Afrique.
Cheikh Tidiane Gadio a exprimé ses réserves quant à la rencontre prochaine entre les États-Unis et cinq pays africains, dont le Sénégal. Pour l’ancien ministre des Affaires étrangères, il est trompeur de qualifier cette réunion de “sommet Afrique–États-Unis”, car seuls cinq États sur 54 y sont conviés : Sénégal, Mauritanie, Guinée-Bissau, Sierra Leone et Gabon.
« Ce n’est pas un sommet africain. C’est un cercle restreint de pays atlantiques, choisis selon des logiques géopolitiques spécifiques », analyse-t-il.
Gadio alerte sur le risque d’un dialogue bilatéral éclaté, où chaque chef d’État serait reçu séparément par le président américain Donald Trump, ce qui affaiblirait la portée stratégique de la rencontre.
« L’Afrique ne peut plus continuer à avancer en ordre dispersé. Ce réflexe de la chevauchée solitaire nous rend vulnérables », déplore-t-il.
Il critique aussi une certaine forme de condescendance dans l’organisation de ce type de réunions, où les chefs d’État africains sont parfois interrogés en public, comme des élèves devant un professeur.
Pour lui, il est impératif que les dirigeants africains coordonnent leur position en amont et exigent des termes clairs sur les objectifs et les conditions de la rencontre.
« Face à un partenaire aussi imprévisible et transactionnel que Trump, il faut une ligne commune, réfléchie et solide. »
Gadio plaide ainsi pour une diplomatie africaine plus structurée, capable de défendre collectivement les intérêts du continent dans un monde dominé par les rapports de force.
GADIO APPELLE À UNE RIPOSTE RÉGIONALE COORDONNÉE CONTRE LE TERRORISME AU SAHEL
L’ancien ministre sénégalais des Affaires étrangères tire la sonnette d’alarme, avertissant que l’État islamique cherche désormais un accès à la mer et menace directement des pays jusque-là épargnés, comme le Sénégal.
Face à l’expansion du terrorisme dans la région sahélienne, Cheikh Tidiane Gadio lance un cri d’alarme. Selon lui, le califat islamique du Sahel est en train de prendre forme, et les États de la région risquent un effondrement s’ils ne réagissent pas rapidement et collectivement.
Pour l’ancien ministre des Affaires étrangères, la CEDEAO, même réduite à 370 millions d’habitants après les départs du Mali, du Burkina et du Niger, reste une puissance régionale avec un potentiel stratégique énorme. Il appelle à intégrer des pays comme le Maroc, la Mauritanie ou le Tchad dans une stratégie sécuritaire élargie, capable de faire face à une menace désormais continentale.
« L’État islamique cherche un accès à la mer. Il avance vers le Bénin. Le Sénégal ne peut plus se permettre l’illusion de l’éloignement », avertit-il.
Dr. Gadio rappelle que les groupes jihadistes sont aujourd’hui présents du nord du Mali jusqu’au Mozambique, en passant par le Nigeria, le Cameroun et le Burkina Faso. Le Sénégal, frontalier du Mali, est directement menacé, notamment dans les zones de Kidira et Bakel, proches de Kayes, où des attaques ont déjà été recensées.
« Nous sommes un pays convoité, envié, infiltré. La menace est aux portes. Et pourtant, le sujet reste absent du débat politique national », déplore-t-il.
Il salue la compétence et l’engagement des forces de défense et de sécurité sénégalaises, qu’il considère parmi les meilleures au monde, mais insiste : la lutte contre le terrorisme ne peut pas être nationale. Elle doit être mutualisée à l’échelle régionale, seule condition pour stopper l’expansion des groupes armés.
« Notre armée est brave, mais elle ne peut pas tout. Il faut une réponse globale, une stratégie commune à l’échelle de la sous-région ».
Cheikh Tidiane Gadio conclut sur un appel à l’unité, à la coordination des États africains, et à une prise de conscience urgente : sans cela, l’Afrique restera vulnérable face à une menace qui, selon lui, est déjà en train de remporter des batailles importantes.
LA PRIMATURE DÉMENT AVOIR SOLLICITÉ UNE AUDIENCE AVEC L’UMS
«La Primature n’a jamais demandé à rencontrer l’Ums. Il peut y avoir des initiatives individuelles, mais officiellement il n’a jamais été question», a confié notre interlocuteur très proche du Premier ministre
Très porté sur l’équilibre de l’information, L’As s’est approché d’une source à la Primature pour en savoir plus sur cette audience. «La Primature n’a jamais demandé à rencontrer l’Ums. Il peut y avoir des initiatives individuelles, mais officiellement il n’a jamais été question», a confié notre interlocuteur très proche du Premier ministre.
Lorsque nous avons relancé nos sources de l’Ums, elles nous ont fait parvenir le message suivant: «Pour restaurer un climat de confiance mutuelle indispensable au bon fonctionnement démocratique de nos institutions, le Premier Ministre Ousmane Sonko a proposé de rencontrer l’UMS le mercredi 9 juillet 2025. Cette rencontre préfigure une série d’audiences que le PM va initier avec les différents acteurs de la Justice dans les prochaines semaines. Ces dialogues directs permettront d’échanger sur les préoccupations du secteur».
Pour elles, la Primature veut simplement éviter qu’on parle de camouflet, mais le message provient bien du conseiller du Premier ministre donc du camp de Sonko adressé au président de l’Association.
En tout état de cause, L’As est formelle, les groupes WhatsApp de l’Ums ont bien vibré ces derniers jours au sujet de cette audience. La base composée des magistrats des différents ressorts a été saisie et s’est opposée à toute rencontre avec le Premier ministre. Certains ont indiqué qu’avant toute rencontre avec lui, il faudrait que l’Ums fasse soit un communiqué soit une sortie po
LE COUP DE GUEULE DE «RACINES SOCIALISTES»
La gestion transitoire du Parti socialiste (PS) devait aboutir à la tenue d’un congrès, pour l’élection d’une nouvelle direction du parti. C’est l’avis du mouvement dénommé Racines socialistes qui estime que depuis 2019, le parti vit ce paradoxe
La gestion transitoire du Parti socialiste (PS) devait aboutir à la tenue d’un congrès, pour l’élection d’une nouvelle direction du parti. C’est l’avis du mouvement dénommé Racines socialistes qui estime que depuis 2019, le parti vit ce paradoxe, qui l’a plongé dans un profond malaise. Pour Moustapha Diaw, président du mouvement, l’urgence est d’aller sans aucun délai vers « un congrès extraordinaire, non pas pour opposer des camps, mais pour remettre en ordre leurs institutions»
C’est un véritable cri du cœur que Moustapha Diaw, Secrétaire général de la coordination B du Parti Socialiste (PS) de la commune de Thiès-Ouest, vient d’adresser aux socialistes et à l’opinion publique, surtout en tant que président fondateur du courant politique Racines socialistes. C’est suite au malaise profond qui sévit dans le parti. «Ce cri du cœur n’est ni un réquisitoire, ni une posture. C’est une alerte. Une alerte face à la paralysie interne que traverse notre cher Parti Socialiste, et un appel au respect des règles fondamentales qui font vivre toute organisation politique digne de ce nom», a-t-il indiqué. Sur les raisons d’une telle situation, il note que le PS vit depuis juillet 2019, année de rappel à Dieu du Président Ousmane Tanor Dieng, sous la direction intérimaire d’Aminata Mbengue Ndiaye. Et cela devrait se traduire par l’organisation, dans les meilleurs délais, d’un congrès pour l’élection démocratique d’une nouvelle direction. Mais hélas, se désole-t-il, «six ans après, ce congrès n’a toujours pas eu lieu, malgré plusieurs promesses non tenues. Et aujourd’hui, le malaise est profond. L’impatience est réelle. Et l’usure de la base militante, le désengagement de plusieurs responsables deviennent inquiétants».
Pour toutes ces raisons, il est impératif à ses yeux «de convoquer, dans les plus brefs délais, un congrès extraordinaire, non pas pour opposer des camps, mais pour remettre en ordre leurs institutions, rétablir la légitimité de la direction du parti et restaurer la confiance des militants». Il a cependant exprimé son total désaccord total avec tout recours à la justice, pour régler les différends internes. «Ce choix affaiblit notre image et trahit nos valeurs. Un parti politique n’est pas une affaire judiciaire ; c’est une communauté politique régie par le dialogue, le débat et la discipline», a-t-il fait savoir.
Et de souligner que les ‘Racines Socialistes ont toujours prôné une résolution endogène des crises, par les militants et pour les militants. Il est d’avis qu’un parti qui ne respecte pas ses lois internes ne peut prétendre incarner le progrès dans le pays. «Nous devons apprendre à nous parler, à nous confronter dans le respect, mais à rester dans le cadre que nous nous sommes librement donnés. Je refuse que notre parti soit transformé en scène de règlement de comptes personnels, ou en affaire d’appareil verrouillé. Le PS appartient à sa base. Il est temps de remettre la militance au centre et d’arrêter de suspendre l’avenir du parti aux calculs d’un petit nombre», a-t-il plaidé. Il rappelle que le recours systématique aux tribunaux, pour arbitrer les différends internes, n’est jamais anodin et entraîne de lourdes conséquences pour le parti. Mieux, il renseigne qu’une telle démarche expose la vie interne du parti à la sphère publique, offrant le spectacle des divisions à tous «et porte gravement atteinte à leur image, tout en diminuant la confiance de la base et de l’électorat. Cette judiciarisation finit par fragiliser leur capacité à gérer leurs propres affaires et alimente la méfiance parmi les militantes, les militants et l’ensemble de la société».
Dans ce cadre toujours, il note pour s’en désoler, que le recours à la justice, revient à priver les militantes et militants, de leur pouvoir d’arbitrage et de délibération. Et de ce point de vue, «le parti perd alors sa souveraineté, sa capacité à se régénérer par le débat démocratique et le compromis. À terme, cela risque d’éroder leur identité, de les transformer en simple acteur procédurier, déconnecté de leurs racines populaires et de leur vocation de mouvement politique vivant». Au regard de toutes ces considérations, il relève : «au nom de l’engagement socialiste, au nom du Courant Racines Socialistes, et par fidélité à l’histoire de notre parti, je demande la tenue urgente d’un congrès extraordinaire, inclusif, transparent et apaisé, pour une reconstruction de nos valeurs de gauche, mais surtout pour notre réconciliation avec l’électorat sénégalais. Un congrès qui tranchera démocratiquement et qui nous permettra de repartir sur de nouvelles bases ».
À PROPOS DE LA RENCONTRE SONKO-UMS
Les révélations sur les "réactions violentes" des magistrats face à une possible rencontre avec le Premier ministre font grand bruit dans la presse. Mais la Primature insiste : l'initiative relevait d'une démarche personnelle de son conseiller juridique
(SenePlus) - Après les révélations du Quotidien et d'une bonne partie de la presse ce lundi 7 juillet 2025 sur les tensions au sein de l'Union des magistrats du Sénégal (UMS) et les "réactions très violentes" des magistrats face à une possible rencontre avec le Premier ministre Ousmane Sonko, la Primature a tenu à apporter des clarifications cruciales sur les véritables circonstances de cette initiative, révèle Le Soleil.
Selon les informations rapportées par Le Quotidien et reprises par plusieurs médias, les déclarations d'Ousmane Sonko du 1er juillet dernier avaient provoqué un tollé au sein de la magistrature. Le Premier ministre avait notamment affirmé que "la Justice est l'un des plus gros problèmes du Sénégal" et que "tous les moyens de la Justice avaient été mobilisés pour l'empêcher d'être candidat à la dernière présidentielle".
Ces propos avaient "soulevé tellement de ressentiment au sein de la magistrature" que le magistrat Alassane Ndiaye, membre du cabinet du Premier ministre et de l'UMS, avait pris l'initiative de proposer une rencontre d'explication, selon les informations du Quotidien.
La presse avait révélé que lorsque la proposition de rencontre fut soumise à la base de l'UMS via leur groupe WhatsApp, "les réactions ont été très violentes". Le Quotidien rapportait que "la base, de manière générale, a été très hostile à l'idée d'une rencontre de l'UMS avec le Premier ministre".
Certains magistrats avaient même exigé, "en préalable à toute rencontre, des excuses publiques de Ousmane Sonko", tandis que d'autres évoquaient un possible "coup fourré" de la part du leader de Pastef, selon les informations circulant dans les médias.
Les clarifications de la Primature : une initiative personnelle
Face à ces révélations médiatiques, la Primature a tenu à rétablir la vérité auprès du Soleil. "D'emblée, il convient de souligner que le Premier ministre n'a pas été demandeur d'une telle rencontre", explique un interlocuteur de la Primature au quotidien.
Contrairement aux interprétations qui avaient circulé, "il ne s'agissait pas d'une demande formelle du chef du gouvernement, ni d'une sollicitation de l'UMS, mais d'une démarche personnelle de son conseiller juridique", précise la Primature selon Le Soleil.
La Primature a expliqué au Soleil que cette initiative "est née d'une proposition personnelle de son conseiller juridique à la Primature, magistrat et membre de l'UMS, qui, de son propre chef, a estimé qu'il serait utile, dans une dynamique républicaine, que le chef du gouvernement et chef de l'administration puisse rencontrer les acteurs du secteur de la justice".
Cette version officielle confirme partiellement les informations du Quotidien sur le rôle d'Alassane Ndiaye, mais nuance fortement l'interprétation d'une demande institutionnelle.
Selon les clarifications rapportées par Le Soleil, la rencontre devait se tenir le mercredi 9 juillet. "Le conseiller juridique a présenté sa proposition au Premier ministre, qui a marqué son accord de principe, dans l'esprit d'un dialogue ouvert avec toutes les composantes de la justice".
"Dans la foulée, il a contacté le président de l'UMS, qui a également donné son accord de principe, sous réserve d'échanger avec ses collègues", détaille la Primature au quotidien.
La confirmation du rejet par l'UMS
Les clarifications de la Primature confirment les informations précédemment rapportées par la presse sur le rejet de la rencontre. "Lorsque cet accord du président de l'UMS a été soumis à l'ensemble des membres du bureau de l'UMS, une bonne partie a estimé que le moment n'était pas opportun", selon Le Soleil.
Les membres avaient invoqué "la fin de mandat du bureau actuel" et jugé préférable "d'attendre la prochaine assemblée générale de l'UMS prévue d'ici septembre", confirmant ainsi les informations du Quotidien sur la résolution finale du bureau exécutif.
La presse avait révélé qu'Alassane Ndiaye était intervenu dans le groupe WhatsApp de l'UMS pour "recadrer les choses et assumer la responsabilité de la rencontre", estimant qu'il fallait "mettre fin à ce climat délétère entre l'Exécutif et le Judiciaire".
Malgré son plaidoyer selon lequel une rencontre aurait "plus d'effets positifs que des échanges par presse interposée", le bureau exécutif de l'UMS avait maintenu sa position, estimant que "l'inopportunité (de la rencontre avec le PM) dans un contexte que nous n'avons pas créé est indiscutable".
Concluant ses clarifications, la Primature a insisté auprès du Soleil sur le caractère libre de cette démarche. "Ni le Premier ministre, ni l'UMS n'ont formulé une quelconque demande" pour une rencontre. L'initiative était "strictement personnelle, et elle a été portée de manière républicaine, sans pression ni obligation".
"Si l'UMS estime qu'il convient d'attendre la mise en place de sa nouvelle équipe dirigeante, cela relève de sa pleine autonomie", a conclu la Primature, selon Le Soleil.
LES MAGISTRATS DISENT NIET À SONKO
Entre le Premier ministre et l’Union des Magistrats du Sénégal (UMS), c’est la guerre larvée. En cause, la dernière sortie du Premier ministre “traitant certains magistrats de corrompus”
Entre Ousmane Sonko et l’Union des Magistrats du Sénégal (UMS), c’est la guerre larvée. En cause, la dernière sortie du Premier ministre “traitant certains magistrats de corrompus”. Des propos qui ont eu l’effet tellurique dans les chaumières de l’Union des Magistrats du Sénégal qui exigent des excuses publiques. L’As a appris, de sources dignes de foi, que l’audience que le chef du gouvernement a sollicitée pour ce mercredi à la Primature n’a pas trouvé un écho favorable. La quasi-totalité des magistrats l’ont rejeté avec véhémence malgré le souhait de la hiérarchie judiciaire consistant à se plaindre auprès du président de la République.
Les Magistrats sénégalais sont fâchés contre le Premier ministre pour ses commentaires «outrageants» sur le pouvoir judiciaire au lendemain du rejet de sa demande de rabat d’arrêt dans sa condamnation pour diffamation dans le procès l’opposant à Mame Mbaye Niang, rejetée par les Juges de la Cour suprême. Un silence lourd règne depuis lors dans les arcanes de dame justice. Jadis très prompte à sortir des communiqués à chaque fois qu’un juge est mis en épingle ou qu’une décision de justice était fort contestée, l’Ums était devenue curieusement aphone. L’omerta avait intrigué, puisque c’est la deuxième fois que le Premier ministre vilipende la justice ou ceux qui l’incarnent en moins de deux ans de règne. Feu Badio Camara en avait pris pour son grade.
Pour beaucoup de sources, le garde des Sceaux Ousmane Diagne avait donné des gages et exprimé la grogne dans les chaumières avec la promesse que cela ne se reproduira plus. Voilà qu’Ousmane Sonko récidive. La coupe est donc pleine. Dans les juridictions, ça gronde de colère. La majorité veut que l’Ums croise le fer et rejette la demande d’audience formulée par le Premier ministre via son conseiller en communication pour la rencontre du mercredi prochain. Qui plus est, l’Union des Magistrats n’est ni demandeuse ni intéressée par une rencontre avec leur «insulteur». Mieux ou pire, les Magistrats ne souhaitent pas y aller au risque de se faire rabrouer, sans possibilité de répliquer.
Naturellement la hiérarchie et quelques anciens, quoique courroucés, tentent de jouer aux pompiers en proposant de rencontrer le président de la République Bassirou Diomaye Faye pour lui exprimer leur colère et les contradictions de son Premier ministre. Une proposition dont l’écrasante majorité se démarque la considérant comme étant une délation ou une manœuvre malicieuse pour opposer les deux têtes de l’exécutif. En tout état de cause, il y a une véritable crise entre le Premier ministre et les magistrats, une menace réelle pour la République, l'Etat de droit et la Démocratie.