MAD, une plateforme technologique basée à Dakar, transforme la chaîne d'approvisionnement des petits commerçants en supprimant les intermédiaires traditionnels.
En éliminant deux à trois intermédiaires entre les producteurs et les boutiquiers, MAD permet aux petits commerçants d'accéder à des prix beaucoup plus avantageux. Au lieu de passer par plusieurs grossistes, les détaillants commandent directement via la plateforme.
La startup peut livrer jusqu'à 16 000 boutiques à Dakar en moins de 24 heures. Le mois dernier, 8 000 commandes fermes ont été traitées et livrées avec succès.
MAD mise sur la digitalisation avec des applications dédiées pour les préparateurs de commandes, livreurs et commerciaux. L'analyse de données permet aux distributeurs de mieux connaître leur clientèle et de cibler leurs campagnes marketing.
Cette initiative illustre comment la technologie peut moderniser les circuits commerciaux traditionnels au Sénégal, en rendant le marché plus efficace pour tous les acteurs de la chaîne.
L'ÉPREUVE DU DROIT ET DU POUVOIR
Pour la première fois, un Premier ministre en exercice réclame la révision de ses affaires judiciaires. L'initiative qui succède aux tentatives infructueuses de Karim et Khalifa, ouvre un précédent aux implications incertaines
Malgré les observations du ministre de la Justice, le Premier Ousmane Sonko tient à faire réviser tous les dossiers le concernant. Cette entreprise, au-delà des risques politiques, soulève de nombreuses équations juridiques.
“L'un des plus grands problèmes de ce pays c'est la Justice. Si vous croyez que parce qu'il y a un changement de régime, tout est rentré dans l'ordre, vous vous trompez lourdement….” Ces propos d’Ousmane Sonko tenus en début de semaine ont secoué l’espace politico-médiatique, alimentant un débat passionnant ces derniers jours sur la lancinante question de l’indépendance de la Justice. La nouveauté: c’est que la critique n’émane plus que des opposants; elle est aussi l’oeuvre de la majorité, du régime en place.
La Justice est ainsi accablée de toutes parts. Ceux qui l’incarnent sont jusque-là les plus grands absents. Beaucoup s’étonnent en effet du silence de l’Union des magistrats sénégalais (UMS). EnQuête a essayé de joindre son président qui a déclaré: “Nous ne voulons pas faire de commentaires isolés. L'UMS va vers une Assemblée générale, ce sera l'occasion d'aborder toutes ces questions. Nous allons ratisser large, nous nous prononcerons sur tous ces sujets, mais on ne peut et on ne veut faire de commentaires isolés”, rétorque Ousmane Chimères Diouf.
Ladite Assemblée, a-t-il souligné, est prévue début aout.
Ousmane Chimères Diouf : « Nous attendons notre AG (début août) pour revenir sur tous les sujets »
Au-delà des graves accusations contre la Justice, le Premier ministre a soulevé la question de la révision de tous les dossiers le concernant. Dans sa dernière sortie, il a révélé avoir donné mandat à ses avocats pour introduire une demande dans ce sens. “...Que la Justice prenne ses responsabilités sur tous les dossiers me concernant. Nous n'oublierons jamais ce qui s'est passé dans ce pays. Parce que simplement des magistrats ont accepté d'être corrompus avec des terrains, avec de l'argent, avec des promesses de toutes sortes. On a mobilisé tout un appareil, pour empêcher ma modeste personne d'être candidat…. Ça, on ne peut le laisser passer, parce que les conséquences ont été désastreuses : avec des pertes en vies humaines, des personnes privées de liberté. Si on laisse passer, cela va se reproduire tôt ou tard.”
Si ces déclarations sont suivies d’effet, devraient être rejugées : les affaires Adji Sarr, Mame Mbaye Niang…. Mais en attendant, il convient de souligner qu’une telle procédure est jalonnée d’obstacles non négligeables. Et à en croire Ousmane Sonko lui-même, le ministre de la Justice aurait attiré son attention sur quelques réserves, en essayant de lui faire comprendre qu’une telle procédure n’est pas aussi simple.
Mais le Premier ministre a répondu: “Monsieur le garde des sceaux, d'abord il faut faire la différence entre le citoyen et le Premier ministre. C'est le citoyen Ousmane Sonko qui vous a demandé, à travers ses avocats, de revoir ses dossiers, sans exception. Je lui ai aussi fait savoir que c'est mon avocat qui lui a écrit, en tant qu'avocat qui défend son client. Il faut donc répondre à mon avocat, pas au Premier ministre”, rapporte-t-il non sans invoquer des éléments nouveaux susceptibles de justifier la révision de ses dossiers, en particulier dans l’affaire Mame Mbaye Niang.
Le Premier ministre est-il prêt à démissionner comme Mamadou Seck, comme Ousmane Seck… pour mettre à l’aise la Justice et le gouvernement ?
Il convient de noter que ce n'est pas la première fois qu'un homme politique réclame la révision de son procès. Même si Ousmane Sonko sera le premier Premier ministre à le faire. Depuis 2016, le leader du Parti démocratique sénégalais, Karim Wade, demande à la Justice la révision de son procès. Par la suite, Khalifa Ababacar Sall avait aussi clamé son innocence, convaincu qu’il a été mal jugé par une justice instrumentalisée. Des demandes jusque-là restées lettres mortes.
Le citoyen Sonko aura-t-il plus de baraka ? Va-t-il accepter de se soumettre à toutes les formalités juridiques et politiques que requiert une telle entreprise? Les questions taraudent bien des esprits.
Dans de nombreux pays, quand un membre du gouvernement doit répondre devant la Justice comme prévenu, il commence par démissionner pour mettre totalement à l’aise ses juges. Au Sénégal, nos recherches n’ont pas permis de trouver un seul Gouvernant -de Senghor à Diomaye- répondre devant la Justice comme prévenu. Dans la plupart des cas, les membres du Gouvernement qui ont souhaité laver leur honneur suite à des poursuites judiciaires, ont d’abord démissionné de leurs postes.
L’un des cas les plus emblématiques est celui de Mamadou Seck (ancien président de l’Assemblée nationale). Nommé ministre au début du régime de Wade, il avait démissionné pour mettre à l’aise la Justice et le gouvernent, suite à des accusations de blanchiment qui remontaient à plusieurs années avant leur accession au pouvoir. Ce doyen de la presse se rappelle aussi le cas Ousmane Seck, ancien ministre des Finances de Diouf, qui avait démissionné de son poste pour répondre devant la Justice. Idem pour Youssouph Sakho et Youba Sambou dont les responsabilités étaient indexées dans l’affaire du naufrage du bateau Le joola.
Aujourd’hui, Ousmane Sonko est d’abord et avant tout confronté à cette exigence éthique.
Dans l’affaire Adji Sarr, on ne peut en principe comparaître libre
En sus de cette question éthique et morale, les risques politiques sont énormes. D’abord, il faut relever qu’aujourd’hui Ousmane Sonko ne fait face à aucune menace sur son éligibilité. Sa participation aux dernières élections législatives constitue une jurisprudence qui le mettrait à l’abri de toutes déconvenues. Reste à voir quelle incidence la dernière décision rendue par la Cour suprême sur sa requête pourrait avoir sur son éligibilité. La même question se poserait en cas de révision. Quels risques encourt-il en cas de nouvelle condamnation?
S’y ajoute, perdre à nouveau un procès devant des juges nommés par son régime, confirmerait à jamais les accusations contre sa personne. L’on ne pourrait plus alléguer de l’instrumentalisation par ses adversaires…. Mais à n’en pas douter, l’un des risques les plus redoutables c’est de devoir faire face à ses accusateurs, dans l’affaire Adji Sarr. Ce, d’autant plus que la partie civile (Adji Sarr) n’a aucune obligation d’être présente. En revanche, lui le Premier ministre, il a non seulement l’obligation d’être présent, mais aussi il ne devrait, en principe, pas comparaître libre.
Les conditions de la révision
Mais pour le moment, nous en sommes encore très loin. Il faudrait d’abord remplir les conditions pour la réouverture des dossiers. Selon la loi organique 2017-09 sur la Cour suprême, la révision peut être demandée dans les conditions et modalités ci-après : lorsqu’après une condamnation pour homicide, il apparait des indices suffisants de nature à montrer que la supposée victime serait vivante ; lorsqu’après condamnation, un autre jugement vient en contradiction de ce premier jugement ; en cas de faux témoignage prouvé ; lorsque des faits nouveaux de nature à poser de sérieux doutes sur le premier jugement apparaissent a posteriori (Article 92 de la loi sur la Cour suprême).
Dans le quatrième cas qui semble être le cas du Premier ministre, l’article 93 prévoit à son alinéa 2: “Dans le quatrième cas, le droit de demander la révision appartient au Garde des sceaux, qui statue, après avoir pris l’avis d’une commission composée des directeurs de son ministère, du procureur général près la Cour suprême et d’un magistrat du siège de la Cour suprême désigné par le premier président.”
PAR DAOUDA MANÉ
VISA : LE TEMPS DE LA RÉCIPROCITÉ
Alors qu’au Sénégal, on n’a pas fini de se poser des questions sur le refus de visa par les États-Unis à nos basketteuses, on apprend que le consulat de France à Dakar, souvent très critiqué par les peuples africains, vient encore de s’illustrer.
Alors qu’au Sénégal, on n’a pas fini de se poser des questions sur le refus de visa par les États-Unis à nos basketteuses, on apprend que le consulat de France à Dakar, souvent très critiqué par les peuples africains dans ce domaine, vient encore de s’illustrer.
Il a refusé le visa à un académicien de renom : le Dr Moctar Touré, président de l’Académie nationale des sciences et techniques du Sénégal (Ansts). Ce refus, selon son collègue, le Dr Pape Abdoulaye Seck, également membre de cette académie, et de cinq autres (soit six au total), intervient alors que le Dr Touré était invité à faire une communication scientifique dans le cadre d’une rencontre internationale. Dans un groupe que nous partageons, le Dr Seck, visiblement très outré, n’a pas manqué de publier la lettre de protestation qu’il a adressée au consul général de France. Il a qualifié cette décision « d’humiliation inacceptable pour la science et pour le Sénégal, difficilement excusable ». Il n’y voit rien d’autre qu’un « geste d’un autre âge, empreint d’une condescendance qu’on croyait disparue ».
Cela, eu égard à l’envergure scientifique du Dr Moctar Touré, qui fut ancien directeur général de l’Isra, ancien haut fonctionnaire à la Banque mondiale. Dès lors, l’empêcher d’accomplir sa mission intellectuelle revient, pour lui, à « s’attaquer à l’idée même de la coopération scientifique, mais aussi à envoyer un signal désastreux à tous les scientifiques africains : vos voix, vos idées, vos expertises ne valent pas le déplacement ». Faut-il le rappeler ? En Afrique, les taux de refus de visas français et des autres pays de l’espace Schengen sont inquiétants. Ils sont souvent plus élevés pour les demandeurs africains que pour d’autres nationalités. Un rapport de Henley & Partners souligne que les demandeurs africains subissent des taux de refus bien plus élevés que leurs homologues asiatiques ou d’autres régions.
En 2023, bien qu’ils aient formulé deux fois moins de demandes que les pays asiatiques, les Africains étaient deux fois plus susceptibles de se voir refuser un visa, avec un écart moyen de 14 points de pourcentage. En 2024, les statistiques montrent que, parmi les dix pays enregistrant les plus hauts taux de refus de visas Schengen, six sont africains. Les Comores affichent un taux alarmant de 61,3 %, suivies par la Guinée-Bissau (51 %), le Ghana (47,5 %), le Mali (46,1 %), le Soudan (42,3 %) et le Sénégal (41,2 %) (cf. africanews.fr). Les chiffres officiels du ministère français de l’Intérieur confirment cette tendance haussière des refus de visas : 578 687 en 2024, contre 506 611 en 2023, et 194 181 en 2021. Durant la période 2017–2019, on comptait en moyenne 4,3 millions de demandes par an, avec entre 537 000 et 686 000 refus. Parallèlement, le tarif des visas de court séjour (type C) n’a cessé d’augmenter : passé de 60 à 80 € en 2020, puis à 90 € en 2024. Résultat : les pertes financières pour les demandeurs se creusent, sans aucun remboursement possible en cas de rejet. (SENE.NEWS, le 05/05/2025).
Ce rejet de visa Schengen, selon Rfi, « a coûté près de 54 millions d’euros aux demandeurs africains en 2023 » (cf. www.rfi.fr, le 16/06/2024). Ces refus entravent également les échanges économiques, intellectuels, etc. C’est cela que le Dr Pape Abdoulaye Seck, comme tant d’autres intellectuels sénégalais – voire africains – dénonce avec véhémence. Légitimement, d’ailleurs. Car, finalement, aucun corps de métier n’échappe à la politique désastreuse d’octroi de visas des pays occidentaux. Parfois, cela frôle non seulement la condescendance, mais surtout le mépris. En réalité, plusieurs Sénégalais sont victimes de cette politique occidentale depuis fort longtemps.
Que l’on soit homme d’affaires, artiste, étudiant, homme politique, etc., personne n’y échappe. Les consulats font la pluie et le beau temps dans nos pays. Pourtant, ces Occidentaux se rendent facilement dans nos États. Et lorsque vous parlez de principe de réciprocité, c’est toute une armada de mesures répressives, parfois très sournoises, qui s’abat sur le pays. Qu’à cela ne tienne ! Les gens ont une dignité à défendre. Qui peut penser un instant que le Dr Touré souhaite rester en France ? Lui refuser un visa n’est rien d’autre qu’un affront. La seule façon de remédier à ce manque de respect, c’est d’appliquer le principe de réciprocité.
LE PSG ÉCARTE LE BAYERN ET FILE EN DEMI-FINALE DE LA COUPE DU MONDE DES CLUBS
Malgré une nette domination bavaroise en première période et deux cartons rouges en fin de match, le Paris Saint-Germain s’est imposé 2-0 face au Bayern Munich, ce 5 juillet 2025, en quart de finale.
En quart de finale de la Coupe du monde des clubs, le Paris Saint-Germain a battu le Bayern 2-0 au terme d’un match âprement disputé, marqué par la grave blessure de Jamal Musiala et les deux cartons rouges reçus par le PSG.
Le PSG sera au rendez-vous des demi-finales de la Coupe du monde des clubs. Pour ce faire, les champions d’Europe ont battu le Bayern Munich 2-0 ce 05 juillet 2025. Les Allemands ont pourtant longtemps dominé la partie, butant sur un Donnarumma héroïque. L’Italien et son homologue allemand, Manuel Neuer, ont d’ailleurs été les deux artisans de la première mi-temps, conclue sur un 0-0.
Le fait marquant de cette première période a toutefois été la grave blessure de Jamal Musiala. Le joueur de 22 ans s’est fracturé la cheville sur un contact avec le portier parisien.
En deuxième mi-temps, le PSG va faire la différence grâce à Désiré Doué qui marque d’un magnifique tir du gauche (78e). Quatre minutes plus tard, Pacho reçoit un carton rouge direct pour une grosse semelle.
Puis, quelques instants après, son remplaçant Lucas Hernandez a lui aussi été exclu pour un coup de coude volontaire. Malgré cela, les Parisiens vont corser l’addition grâce à Dembélé (90+6), après un travail monumental d’Achraf Hakimi. En demi-finale, le PSG affrontera le vainqueur de Real Madrid-Dortmund.
PAR CHEIKH TIDIANE MBAYE
SAVOIR ACADÉMIQUE OU SAS VERS LE CHÔMAGE ?
Si le baccalauréat symbolise traditionnellement l’entrée dans le monde des études supérieures, il semble de plus en plus, pour beaucoup, n’être que le début d’un long tunnel d’attente, de précarité et de désillusion.
Alors que des milliers de jeunes Sénégalais planchent sur les épreuves du baccalauréat, il est devenu nécessaire de jeter un regard lucide sur l’avenir qui les attend à l’université. Car si le baccalauréat symbolise traditionnellement l’entrée dans le monde des études supérieures, il semble de plus en plus, pour beaucoup, n’être que le début d’un long tunnel d’attente, de précarité et de désillusion. Le paradoxe est flagrant : l’université, lieu supposé d’émancipation intellectuelle et sociale, tend à devenir un sas vers le chômage ou le sous-emploi déguisé.
Chômage des jeunes et des diplômés : des chiffres officiels... mais incomplets
Selon les dernières données publiées par l’ANSD, le taux de chômage élargi au 3ᵉ trimestre 2024 s’élève à 20,3 %, en hausse par rapport à 19,5 % en 2023. Si l’on se limite à la définition stricte du Bureau International du Travail (BIT), ce taux tombe à 5,3 %. Mais ces chiffres doivent être interprétés avec précaution : le chômage réel dépasse largement les statistiques officielles, car une large part des jeunes en situation de précarité active ou d’inactivité "non déclarée" échappe à la comptabilisation.
La catégorie des jeunes de 15 à 24 ans est particulièrement touchée. Ils sont 34,1 % à être classés NEET (ni en éducation, ni en emploi, ni en formation), avec un pic inquiétant de 42,7 % en zones rurales. Paradoxalement, un diplômé sur cinq dispose aujourd’hui d’un niveau supérieur à bac +2, mais ce capital scolaire ne garantit plus une insertion socioprofessionnelle réelle.
Diplômé ≠ inséré : la précarité invisible des vacataires
Ce que révèlent moins les statistiques, mais que vivent intensément les jeunes diplômés, c’est la prégnance du sous-emploi diplômé, notamment dans l’enseignement supérieur. Au Sénégal, plus de 70 % des enseignants du supérieur sont des vacataires, souvent titulaires d’un doctorat, mais sans contrat permanent, sans sécurité sociale, sans statut clair.
Ces hommes et femmes, qui reçoivent chaque année les nouveaux bacheliers, enseignent dans des conditions souvent indignes de leur qualification. Pourtant, parce qu’ils ont travaillé une ou deux heures pendant la semaine de référence de l’enquête, ils ne sont pas considérés comme chômeurs. Leur précarité est statistiquement invisible.
Massification sans anticipation : une fabrique d’inadaptés sociaux ?
Chaque année, des dizaines de milliers de nouveaux bacheliers intègrent l’université. Ce phénomène de massification n’est pas en soi problématique. Il devient inquiétant lorsqu’il se fait sans planification, sans vision d’ensemble, ni articulation avec le tissu économique. Les filières dites « générales » restent les plus attractives, malgré leur faible potentiel d’employabilité directe. L’enseignement y est très théorique, peu professionnalisant, et rarement connecté aux réalités du marché du travail.
De plus, l’université peine à fournir aux étudiants les compétences transférables ou les outils de créativité, d’initiative, et de savoir-être exigés par l’économie contemporaine. Le résultat : une jeunesse diplômée, mais démunie, à qui l’on a remis un papier, mais pas toujours une perspective.
Une crise de vision, plus qu’une crise de diplôme
La crise actuelle de l’université n’est pas tant une crise de quantité que de finalité. On forme, mais pour quoi ? On diplôme, mais à quel prix ? L’université semble souvent répondre à une logique d’« inflation scolaire », où l’on valorise l’accès pour l’accès, sans lien clair avec le développement national, les besoins socioéconomiques ou les aspirations des jeunes eux-mêmes.
Plus on est diplômé, plus on risque de se retrouver en décalage avec son environnement, en attente d’un emploi qui n’existe pas ou d’une reconnaissance qui ne vient jamais. Cette situation produit des inadaptés sociaux — non pas parce qu’ils sont incapables, mais parce que le système les forme hors sol.
Pour un nouveau contrat social éducatif
Ce diagnostic n’a pas pour but de décourager les jeunes, ni de jeter l’opprobre sur l’université. Au contraire. Il s’agit de poser les bonnes questions au bon moment, alors que de nouvelles générations s’apprêtent à franchir le seuil de l’enseignement supérieur.
Il est temps d’engager :
une réforme en profondeur de l’orientation post-bac ;
une refonte des programmes universitaires centrée sur les compétences utiles ;
une revalorisation du statut des enseignants vacataires et des docteurs sans postes ;
une véritable stratégie nationale d’insertion des diplômés.
Car sans cela, l’université continuera à produire ce que la société ne peut absorber : des diplômés sans avenir, et une jeunesse en panne d’espoir.
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PLACE JEAN-PAUL II, CŒUR BATTANT DE ZIGUINCHOR
Ce rond-point emblématique, surmonté d'une colombe symbole de paix, raconte l'histoire d'une ville cosmopolite où convergent touristes et habitants
Au cœur de Ziguinchor, la Place Jean-Paul II s'impose comme l'un des sites les plus visités de la capitale casamançaise. Ce rond-point emblématique tire son nom de la visite historique du Pape Jean-Paul II en 1992, qui s'était rendu en Casamance en tant que "pèlerin de la paix" pour prôner le dialogue et la réconciliation.
Avant cette date mémorable, l'endroit était connu sous diverses appellations : rond-point Galiao, rond-point de l'escale ou encore rond-point de la pharmacie Ngardo. C'est en 2010 que le maire Abdouah Bald, en concertation avec les autorités ecclésiastiques locales, a fait ériger le monument actuel - une colombe prenant son envol, symbole universel de la paix.
Stratégiquement situé à l'entrée du quartier escale et adjacent à la cathédrale Saint-Antoine de Padou, ce carrefour constitue un passage obligé pour tous les déplacements dans la ville. Point de convergence vers le marché de Boucotte, l'aéroport ou le port, il incarne parfaitement le caractère cosmopolite de Ziguinchor.
Aujourd'hui, cette place attire non seulement les touristes désireux de découvrir l'histoire casamançaise, mais aussi les habitants qui s'y rassemblent chaque 31 décembre pour célébrer le nouvel an. Véritable patrimoine urbain, la Place Jean-Paul II demeure un symbole vivant de paix et de cohésion sociale dans cette cité du vivre-ensemble.
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COUSCOUS À GOGO POUR LA TAMKHARITE
Comme chaque année, l'Achoura réveille les traditions culinaires à Ziginchor. Au marché Boucotte, les préparatifs du couscous traditionnel mobilisent toute la famille autour des marmites fumantes
Les préparatifs de la Tamkharite battent leur plein au marché Boucotte de Ziginchor. Cette fête d'Achora, qui marque le 10e jour du calendrier musulman, génère une forte demande pour le couscous traditionnel.
Yassine Touré, vendeuse expérimentée du quartier Boucotte, multiplie sa production avec l'aide de ses filles. "Toutes mes petites filles savent préparer du couscous pour le repas du soir de Tamkharite", explique-t-elle en supervisant la préparation minutieuse qui sépare mil et maïs.
Au marché aux légumes, les prix chutent drastiquement pour l'occasion : des produits vendus habituellement 2000 francs sont proposés à 500-750 francs. "Cette année, il y a beaucoup de légumes par rapport à l'année dernière", se réjouissent les commerçants, malgré quelques pertes dues aux pluies.
Les habitants affluent pour acheter choux, carottes, poireaux et tomates nécessaires à la préparation de la sauce d'accompagnement. Le marché de Ziginchor vit ainsi au rythme de cette fête religieuse rythmée par les prières.
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QUAND LE DÉBAT POLITIQUE TOURNE AU RÈGLEMENT DE COMPTES SUR JAKAARLO BI
Faux diplômes, corruption, affaires judiciaires... L'échange du vendredi entre le chroniqueur et le député de Pastef a révélé des accusations graves qui ont mis l'animateur dans l'embarras, et les téléspectateurs sans doute mal à l'aise
Un échange particulièrement tendu a opposé le chroniqueur Badara Gadiaga et le député du Pastef Amadou Ba lors de l'émission Jakaarlo Bi vendredi 4 juillet, contraignant l'animateur à intervenir à plusieurs reprises pour tenter de maintenir un semblant d'ordre sur le plateau.
Le ton du débat s'est rapidement durci lorsque l'un des intervenants a accusé son vis-à-vis de falsifier des diplômes légaux. "Dans un pays normal, quelqu'un qui falsifie ses diplômes", a-t-il lancé, suggérant que de telles pratiques devraient avoir des conséquences judiciaires. Cette accusation a déclenché une escalade verbale, l'accusé étant également pointé du doigt pour avoir prétendument exercé une profession pendant des années sur la base de faux documents.
La discussion a également porté sur l'indépendance de l'institution judiciaire, avec des échanges sur l'autorité administrative, la garde à vue et le rôle des magistrats. L'un des débatteurs a accusé l'autre d'avoir "jeté le discrédit sur l'institution judiciaire", alimentant davantage les tensions sur le plateau.
Tout au long du débat, les accusations de "corruption de la jeunesse" sont revenues de manière insistante, avec des références à des condamnations et des procédures judiciaires en cours. Les intervenants ont évoqué des affaires complexes impliquant des accusations de viol, de sodomie et d'usage d'armes, suggérant des manipulations dans la construction de certains dossiers.
Face à l'intensité des échanges, l'animateur a dû intervenir à plusieurs reprises, menaçant même de couper les micros. "S'il te plaît, s'il te plaît, on peut faire l'économie de ça", a-t-il supplié, tentant de ramener le calme. Le malaise était palpable sur le plateau, l'animateur confiant même : "On est trop mal à l'aise. On a des gens qui nous regardent, les gens sont mal à l'aise."
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SONKO REJETTE LES ACCUSATIONS DE NÉOCOLONIALISME CHINOIS
"La Chine ne nous a jamais colonisés", martèle le Premier ministre. Dans une interview accordée à CCTV, le dirigeant sénégalais oppose le respect chinois à l'attitude "infantilisante" de l'Occident envers l'Afrique
En marge de sa visite officielle en République populaire de Chine du 20 au 27 juin 2025, le Premier ministre Ousmane Sonko a accordé une interview franche à la télévision chinoise CCTV, dans laquelle il rejette catégoriquement les accusations de néocolonialisme portées contre la Chine et formule de vives critiques envers l'attitude occidentale.
Face aux accusations récurrentes selon lesquelles la coopération sino-africaine constituerait une forme de "néocolonialisme" ou de "piège de la dette", Ousmane Sonko se montre catégorique : "L'Afrique peut au moins affirmer une chose de manière claire. L'Afrique n'a pas de passif avec la Chine. La Chine ne nous a jamais colonisés, ne nous a jamais mené une guerre, ne nous a jamais causé de problèmes."
Le chef du gouvernement va plus loin, qualifiant ce débat de "faux" et d'approche "infantilisante pour l'Afrique". Il dénonce une rhétorique occidentale qui refuse de reconnaître la capacité des dirigeants africains à prendre leurs propres décisions : "Croyez-vous que nous n'avons pas le bagage intellectuel, les capacités de réfléchir par nous-mêmes et de défendre nos intérêts pour que nous soyons sous l'influence de la Chine ou de la Russie ?"
Sonko n'épargne pas l'Occident dans ses critiques, dénonçant ce qu'il considère comme une hypocrisie flagrante. Il fustige les "doubles standards" de pays qui "pensent que si l'Afrique tourne le regard vers quelqu'un d'autre, c'est parce qu'elle a été influencée ou dominée".
La Chine comme modèle de partenariat respectueux
Le Premier ministre pointe du doigt l'attitude contradictoire des puissances occidentales : "Ceux qui aujourd'hui condamnent des régimes considérés comme militaires ou dictatoriaux sont pourtant enclins à aller dans d'autres pays qui ne sont pas démocratiques lorsque leur intérêt s'y trouve pour négocier du pétrole."
Cette critique fait écho aux tensions récentes entre le Sénégal et la France, Sonko ayant précédemment accusé Emmanuel Macron d'avoir soutenu la répression sous l'ancien président Macky Sall.
Contrairement aux relations avec les anciennes puissances coloniales, Sonko présente la Chine comme un partenaire exemplaire. Il salue "l'esprit d'un partenariat mutuellement gagnant dans le respect mutuel", soulignant que la Chine considère ses partenaires "quelle que soit la taille du pays, quel que soit son niveau de développement" comme des égaux.
Cette visite, la première du Premier ministre hors du continent africain depuis sa prise de fonctions, témoigne de l'importance accordée par le nouveau gouvernement sénégalais au partenariat avec Pékin.
Durant son séjour, Sonko a visité plusieurs entreprises chinoises dans les secteurs de pointe, exprimant son émerveillement face aux innovations dans l'intelligence artificielle et les nouvelles technologies. Il voit dans la montée du "Sud global", tirée notamment par la Chine, le nouveau moteur de la croissance mondiale.
"Ce qui se fait aujourd'hui en Chine émerveille le monde entier", a-t-il déclaré, félicitant la capacité de la Chine à "adapter à ses réalités, à garder son originalité culturelle" tout en se modernisant.
Avec des échanges commerciaux estimés à plus de 647 milliards de FCFA en 2023, la coopération économique entre les deux pays se porte bien. Le Sénégal, premier pays d'Afrique de l'Ouest à adhérer à l'initiative "Ceinture et Route", entend approfondir ce partenariat stratégique.
POURQUOI VOLER COÛTE SI CHER DEPUIS DAKAR
Le Sénégal figure au 7e rang des pays africains les plus chers en matière de taxes aéroportuaires, avec 122,6 dollars par passager pour les vols internationaux. Un fardeau fiscal qui pèse lourdement sur la compétitivité du secteur aérien national
(SenePlus) - Le secteur aérien africain continue de souffrir du poids des taxes et redevances imposées aux passagers, avec des disparités importantes entre les pays du continent. Selon l'étude 2024 de l'Association des compagnies aériennes africaines (AFRAA), le Sénégal figure parmi les destinations les plus chères en matière de fiscalité aéroportuaire.
L'étude AFRAA révèle que les passagers aériens paient en moyenne 68 dollars de taxes, redevances et frais divers pour les départs internationaux depuis l'Afrique, soit une augmentation par rapport aux 66 dollars enregistrés en 2022. Dans ce contexte, le Sénégal se positionne défavorablement avec 122,6 dollars de taxes par passager pour les vols internationaux, le plaçant au 7e rang des pays les plus chers du continent.
Pour les vols régionaux, la situation sénégalaise reste préoccupante avec 116,5 dollars de taxes par passager, positionnant le pays au 7e rang des destinations les plus onéreuses pour les liaisons intra-africaines.
Ces montants placent le Sénégal bien au-dessus de la moyenne continentale et dans une position délicate comparativement à ses voisins ouest-africains. Selon l'AFRAA, "l'Afrique de l'Ouest est la région la plus chère, avec un montant moyen de 109,5 dollars de taxes, redevances et frais payés pour les départs internationaux."
L'impact de cette fiscalité élevée dépasse le simple coût pour le voyageur. Comme le souligne l'étude AFRAA, "les taxes et frais représentent généralement plus de 55% des tarifs de base les plus abordables des compagnies aériennes, et plus de 35% du prix total du billet."
Cette situation est particulièrement problématique dans un contexte où, selon l'Organisation mondiale du tourisme (UNWTO), "66,3 millions de touristes internationaux ont visité l'Afrique, apportant un total de 38 milliards de dollars." Le transport aérien contribue à hauteur de 75 milliards de dollars au PIB africain et soutient 8,1 millions d'emplois, selon les données citées par l'AFRAA.
Des écarts considérables entre régions
L'étude met en évidence des disparités flagrantes entre les sous-régions africaines. Alors que l'Afrique du Nord affiche des taxes moyennes de seulement 25,27 dollars, l'Afrique de l'Ouest et centrale imposent respectivement 109,49 et 106,62 dollars par passager pour les vols internationaux.
Cette situation contraste fortement avec les régions voisines. Selon l'AFRAA, "tandis que le montant moyen des taxes, redevances et frais payés par les passagers pour les départs régionaux en Afrique est de 68 dollars, les passagers paient 32 dollars en Europe et 34 dollars au Moyen-Orient, malgré le fait que le trafic soit beaucoup plus important dans ces régions."
Face à ces constats, l'AFRAA plaide pour une réforme urgente. L'organisation souligne que "compte tenu du faible pouvoir d'achat en Afrique, il est urgent d'évaluer la question des taxes élevées, pour stimuler la demande et rendre le transport aérien abordable aux citoyens africains."
L'association recommande notamment l'harmonisation des structures fiscales, la réduction des charges excessives et la recherche de méthodes de financement alternatives pour les infrastructures aéronautiques. Elle insiste sur le respect des principes de l'Organisation de l'aviation civile internationale (OACI), qui prônent la non-discrimination, la relation coût-efficacité, la transparence et la consultation avec les usagers.
Pour le Sénégal, pays qui ambitionne de devenir un hub aérien régional, cette situation représente un défi majeur pour sa compétitivité et son attractivité touristique et économique.