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8 juin 2025
L'AMBITION DE DIAS TROP GRANDE POUR TAXAWU
Les échecs électoraux de 2024 ont révélé les limites de l'alliance entre Barthélémy Dias et Khalifa Sall. "L'affection naturelle qu'il éprouve pour Khalifa a pu lui nuire", confie un collaborateur du maire de Dakar
(SenePlus) - C'est une séparation qui couvait depuis plusieurs mois. Barthélémy Dias, maire de Dakar, quitte le mouvement Taxawu Sénégal pour poursuivre sa propre voie politique, a annoncé Khalifa Sall lors d'une réunion au Centre international du commerce extérieur du Sénégal (Cices) le week-end dernier. D'après les informations recueillies par Jeune Afrique, plusieurs facteurs expliquent cette rupture politique, aussi discrète que significative.
"L'affection naturelle qu'il éprouve pour Khalifa Sall a pu lui nuire", confie à A un collaborateur du maire de Dakar. Selon cette même source, Barthélémy Dias aurait "tout fait pour permettre à ce dernier d'obtenir la consécration d'une première candidature à la présidentielle, quitte à en payer le prix." Une abnégation qui n'aurait pas porté ses fruits, Khalifa Sall n'ayant récolté qu'un score de 1,56% lors de la dernière élection présidentielle.
Le départ de Barthélémy Dias serait également motivé par des divergences profondes sur le fonctionnement interne du mouvement. Toujours selon les témoignages recueillis par l'hebdomadaire panafricain, le maire de Dakar aurait fait les frais de "l'inorganisation interne" et de "certains choix stratégiques" de Taxawu Sénégal. Ces dysfonctionnements auraient limité sa capacité d'action et freiné ses ambitions politiques personnelles.
"Barthélémy Dias songe à quitter Taxawu Sénégal, il espère peser davantage en étant seul", confiait déjà il y a quelques mois à Jeune Afrique une source dans son entourage. Cette volonté d'indépendance politique traduirait l'ambition du maire de Dakar de développer son propre projet, sans être constamment associé à la figure de Khalifa Sall.
Cette séparation s'inscrit dans un contexte plus large des tensions générationnelles qui traversent la politique sénégalaise. Comme le souligne Jeune Afrique, le pays connaît régulièrement des situations où "les dauphins pressentis quittent la maison mère pour s'en aller voler de leurs propres ailes, confrontés à un plafond de verre." À 69 ans, Khalifa Sall reste fermement à la tête de Taxawu Sénégal, limitant potentiellement les perspectives d'évolution de son ancien numéro deux.
Malgré cette séparation, l'ancien leader de Barthélémy Dias a tenu à lui rendre hommage. "Il l'a fait avec respect, en saluant l'engagement passé de Barthélémy et en lui souhaitant bonne chance pour la suite", indique à Jeune Afrique Mamadou Léopold Mbaye, président de la commission scientifique de Taxawu Sénégal. Ce dernier ajoute : "Barthélémy Dias a été un acteur important de notre plateforme, dont il occupait la place de numéro deux. S'il estime aujourd'hui être assez grand pour aller défendre son projet en dehors de Taxawu Sénégal, c'est une décision que nous respectons, même si ce n'était pas notre souhait."
Cette rupture intervient dans un moment particulièrement délicat pour l'opposition sénégalaise, déjà considérablement affaiblie après les échecs électoraux de 2024, qualifiée d'"année zéro" par Jeune Afrique. Face à la domination écrasante du parti Pastef, Barthélémy Dias se retrouve désormais dans une position précaire, "sans tutelle, face à une page blanche", après être également "entré en disgrâce auprès de ses anciens alliés de Pastef, qui cherchent aujourd'hui à l'écarter de l'hôtel de ville de la capitale après l'avoir éjecté sans ménagement de l'Assemblée nationale", conclut l'hebdomadaire panafricain.
LES ALTERNATIVES À LA PUNITION PHYSIQUE À L'ÉCOLE
Faut-il recourir à la punition pour exhorter les enfants à la discipline et à la rigueur ? Si cette question suscite des réactions diverses, elle dégage une position commune chez les éducateurs ...
Faut-il recourir à la punition pour exhorter les enfants à la discipline et à la rigueur ? Si cette question suscite des réactions diverses, elle dégage une position commune chez les éducateurs : les punitions physiques n’ont jamais produit les effets escomptés. Ils reconnaissent les limites de la violence éducative et proposent des alternatives pour façonner un citoyen modèle.
L’avènement des nouvelles technologies de l’information pousse de plus en plus les parents à s’interroger sur le type d’éducation à choisir pour bâtir un citoyen modèle. Nombreux sont ceux qui craignent rater le coche avec une perte en vitesse de l’éducation dite traditionnelle. Celle-ci se fondait généralement sur la violence dite éducative. Elle est présentée, par les experts, comme cette violence physique et ou verbale, partie intégrante de l’éducation à la maison et dans tous les lieux de vie de l’enfant. Mais pour des éducateurs que nous avons contactés, les mutations sociales imposent de nouvelles règles aux parents. Ibrahima Samba, professeur de français au lycée d’excellence, le Prytanée militaire de Saint-Louis (Pms), confirme cet état de fait. « Il est clair qu’aujourd’hui, le système éducatif interdit cela parce que la relation pédagogique ne doit pas aller jusqu’à toucher le corps de l’enfant ; que ce soit dans le sens d’une caresse sur la joue ou sur toute autre partie du corps ; que ce soit dans le sens d’une gifle ou bien d’un pincement sur le corps de l’enfant qui est sacralisé par les nouvelles lois et les nouvelles règles », explique-t-il.
La pédagogie, fait-il savoir, doit se faire dans une façon de conduire l’enfant vers le savoir, le savoir-faire, savoir-être et non de manière violente. « Évidemment, le pédagogue a les moyens, comme le parent, d’user de certaines formes de privation, certaines formes de menace, etc. Mais, il ne peut plus en tout cas utiliser la violence contre l’enfant, même si c’est pour l’amener vers des situations meilleures », note M. Samba. Sa position est partagée par Amy Cissé, coach de vie, par ailleurs militante des droits des enfants. Elle précise d’emblée qu’il n’y a pas d’éducation standard. « Nous devons accepter notre imperfection en tant que parents et revoir notre copie. Nous voulons tous des enfants parfaits, mais ce n’est pas possible, cela n’existe pas. Il faut s’atteler à développer le sens de l’écoute et à créer des liens avec eux pour une communication fluide.
La violence est une atteinte à la dignité de l’autre, elle est contreproductive. Nous avons la fâcheuse habitude de nous déverser sur nos enfants quand on a des soucis ailleurs », soutient-elle. Enseignant de formation et ancien secrétaire exécutif du bureau Afrique de la Fédération internationale des syndicats de l’enseignement (Fise), Djibril Gningue préconise des solutions adaptées aux temps actuels. « Je pense que c’est passé de mode de frapper les enfants, il faut miser sur le sens de l’écoute, la bienveillance, l’éducation par les valeurs familiale et sociale, en l’absence de l’éducation morale et de l’éducation civique à l’école, qui existait jusqu’à une période récente », relève Djibril Gningue. Au niveau des familles, soutient-il, il y avait une éducation morale qui faisait appel aux différentes valeurs, la violence était brandie comme une sorte de mise en garde, mais elle n’était pas systématique. Celle-ci, précise M. Gningue, est devenue une alternative quand il y a eu défaillance à ces niveaux. « Cela n’a jamais donné les résultats attendus d’autant plus que la rue et les réseaux sociaux ont pris le relais », estime M Gningue.
Pour lui, comme pour le Dr Massamba Guèye, la violence a toujours constitué l’ultime recours dans les sociétés africaines. « Nous ne sommes pas une société violente avec les enfants, nous sommes une société de correction (douma en wolof) est différent de (dor ou frapper). On passe toujours par toutes les étapes avant de frapper légèrement l’enfant. On utilise généralement les brindilles de balai à la place du bâton ou de la cravache pour ne pas faire mal. Il est même interdit, dans notre culture, de gifler l’enfant. Notre société est faite de sorte que les punitions corporelles sont interdites. Elles se font exceptionnellement ». Il propose, dans ce sillage, les techniques du défunt guide des mourides, le vénéré Serigne Saliou Mbacké. Il disait : « si on doit frapper un seul enfant pour lui enseigner quelque chose, je préfère fermer tous les daaras ». Et le Dr Massamba Guèye d’ajouter : « il avait su créer un environnement bienveillant mais normé, ce qu’il faut faire pour que l’enfant soit conscient de ses limites ».
Par Samba Oumar FALL
HABITUDES TOXIQUES
Dieu a créé la femme et lui a donné la forme, la couleur et le teint qu’Il a voulus. Celles qui sont belles veulent l’être davantage. Les autres veulent avoir un teint encore plus éclatant, une peau blanche et en font même une obsession.
Dieu a créé la femme et lui a donné la forme, la couleur et le teint qu’Il a voulus. Certaines sont nées belles comme Psyché, Néfertiti, Cléopâtre, Aphrodite, Pénélope, Daphné, Eurydice, Vénus ou encore Lakshmi, d’autres assez belles et le reste, pas belles du tout. En langage clair, cela veut dire que la beauté ne se décrète pas, c’est un don. Mais aujourd’hui, nombreuses sont ces femmes qui se sentent très mal dans leur peau.
Celles qui sont belles veulent l’être davantage. Les autres veulent avoir un teint encore plus éclatant, une peau blanche et en font même une obsession. C’est la course à l’éternelle beauté. Dans ce monde où l’apparence physique joue un rôle très important, la chirurgie esthétique, réservée aux bourses bien garnies, est devenue un moyen pour toujours rester belle. Dans de nombreux pays, les femmes, au nom du progrès, sont de plus en plus enclines à s’offrir un corps à la commande. C’est même devenu chez elles un véritable fantasme. Normal, car aujourd’hui, la beauté est considérée comme une clef sociale. Et comme le disait si bien Aristote, « la beauté est une meilleure recommandation que n’importe quelle lettre ».
Si dans les pays développés de plus en plus de femmes font recours à la chirurgie esthétique pour atteindre l’idéal, au Sénégal, ces interventions ne sont pas à la portée de toutes les bourses. Les moins nanties se tournent alors vers la dépigmentation cutanée volontaire (Dcv) ; une pratique de blanchissement de la peau banalisée dans notre société. Pour paraître toujours belles, elles n’hésitent pas à renier leur couleur, à faire souffrir leur épiderme en utilisant des produits pharmaceutiques à base de corticoïdes, hydroquinone et dérivés mercuriels détournés de leur indication initiale. Ce qui était, au départ, considéré comme un simple phénomène de mode et esthétique est aujourd’hui devenu un problème de société et de santé publique. En effet, les adeptes s’exposent à des maladies comme l’hypertension artérielle, le diabète, les complications rénales et neurologiques, le cancer.
Selon certains spécialistes, les corticoïdes contenus dans les produits éclaircissants ont non seulement des effets dévastateurs sur la peau, mais aussi, une fois dans le sang, augmentent les risques d’hypertension, de diabète, d’ulcère ou de troubles psychiatriques. Jadis, la dépigmentation se limitait à l’application de crèmes et lotion corporelles sur la peau. Aujourd’hui, la tendance a complètement évolué. Pour altérer leur teint en un temps record, les adeptes de la dépigmentation ont recours à des injections à base de glutathion, un antioxydant prescrit, selon les experts, aux patients atteints de cancer ou de la maladie de Parkinson, avec des risques de mort subite de plus en plus élevés. Tous ces risques, vous dira-t-on, pour plaire aux hommes qui, souvent, semblent avoir un penchant pour les teints plus clairs. Effet de mode ou complexe, certaines femmes, à force de vouloir être coquettes en arrivent à perdre totalement leur identité.
Et il n’est pas rare de croiser des dames à plusieurs couleurs, parfois même avec un visage complètement cramé. Cela n’est rien à côté des tâches et points noirs sur leurs corps, les vergetures inesthétiques au niveau de leurs poitrines, leurs seins et leurs cuisses… La 3e édition du congrès international de la Société sénégalaise de dermatologie organisé récemment à Dakar et qui a vu la participation de centaines d’experts issus de 14 pays d’Afrique (300). Ces spécialistes qui ont planché sur le thème « La dermatologie au carrefour des spécialités médico-chirurgicales » ont plaidé pour la règlementation de l’importation et de la vente des produits destinés à la dépigmentation pour en réduire ses effets dévastateurs. Un combat qui risque de ne pas être gagné de sitôt, surtout dans une société où le complexe face à la peau claire ne cesse de s’accentuer. Le hic est qu’une fois qu’on commence à s’adonner à la dépigmentation, ça devient comme une drogue. Il devient très difficile de s’extirper du piège de cette habitude toxique. Et la plupart des femmes préfèrent poursuivre, en catimini, leur rêve de se blanchir la peau, quel qu’en soit le prix. Mais être belle vaut-il ce suicide esthétique ? Absolument pas. En attendant, la dépigmentation a de beaux jours devant elle et ce sont les industriels de la filière cosmétique qui se frotteront les mains.
LE COMBAT QUOTIDIEN DE ROKHAYA NIANG ET KHADIATOU DIALLO POUR L’AMOUR DE LEURS FILS
Ces deux femmes parlent presque le même langage : l’amour, le handicap, la souffrance et l’isolement ponctuent leur discours. Nous les avons contactées dans le cadre de la célébration du mois dédié à l’autisme.
Rokhaya Niang et Khadiatou Diallo partagent un dénominateur commun : être mères d’enfants atteints de troubles du spectre de l’autisme (Tsa). Ces deux femmes parlent presque le même langage : l’amour, le handicap, la souffrance et l’isolement ponctuent leur discours. Nous les avons contactées dans le cadre de la célébration du mois dédié à l’autisme.
Rokhaya Niang, directrice d’école, est la mère d’Assane Niang, un jeune autiste âgé de 17 ans. Sa fibre maternelle l’a aidé à détecter une anomalie dont souffrait son fils. «Quand il avait deux ans, j’ai remarqué qu’il ne parlait pas et j’ai pensé à un retard de langage », raconte-t-elle. Ce n’est que quatre ans après la naissance de leur fils, plus précisément au retour de son mari d’Espagne, qu’ils se sont rendus compte de l’évidence : leur enfant peinait à communiquer et à interagir avec les autres. Ils prennent rendez-vous à l’hôpital de Fann où il bénéficie des premiers soins. Armée de sa foi religieuse, Rokhaya s’engage à soutenir son fils avec le même amour qu’elle porterait à un enfant. « J’ai essayé de l’inscrire à l’école, mais c’était très difficile. Aucun établissement ne voulait l’accueillir », regrette-t-elle avec tristesse. En 2017, l’école Thianar Ndoye de Rufisque ouvre ses portes à Assane. Des chances de réussite lui sont offertes, mais il ne parvient pas, après trois ans d’études, à passer en classe supérieure. Elle est contrainte de le retirer de l’école. « Maintenant, il reste à la maison», dit-elle, le cœur lourd. Sa chance, dit-elle, est qu’Assane est un enfant de bon cœur. Il est non violent et très attentionné.
La colère de son fils atteint d’autisme crée le déluge chez elle « Il est spécial. Il ne parle toujours pas, mais je l’implique dans les tâches ménagères. Je l’envoie à la boutique et à la boulangerie, et il ouvre la porte lorsque quelqu’un sonne. Je fais tout pour qu’il ne s’isole pas, je le considère comme un enfant normal », explique-t-elle. Elle invite les autorités à aider les parents d’enfants autistes, car la prise en charge est coûteuse. « Les prix des médicaments sont élevés, et les séances avec les spécialistes coûtent 25.000 FCfa chacun. Pour un parent qui ne travaille pas, c’est dur comme épreuve », souligne-t-elle. Rokhaya plaide également pour la construction de centres de formation professionnelle et l’octroi de bourses d’études pour les enfants autistes, ainsi que la création d’écoles publiques spécialisées. Elle déplore que les écoles dites inclusives ne le soient que de nom. Khadidiatou Diallo, résidente à Fann-Amitié, est la mère de Mouhamed Noel Diaw, un enfant autiste âgé de 12 ans. C’est son fils unique. Au début de sa scolarité, ce dernier avait des « comportements bizarres en classe ».
Le médecin de l’établissement l’a convoquée pour l’informer de l’état de santé de son fils : il souffrait de troubles autistiques. Il lui a suggéré de l’encadrer correctement. Car, sans cela, il risquait de sombrer. Elle a été orientée vers l’hôpital de Fann pour sa prise en charge, mais faute de moyens, elle n’a pas pu assurer le suivi. « Mon époux est à la retraite et malade. J’ai donc décidé de canaliser mon fils, de l’aider à évoluer dans un environnement bienveillant et à développer certaines habiletés », explique-t-elle. A l’école primaire, Mouhamed s’en sortait tant bien que mal, bénéficiant de l’écoute et du soutien de sa maîtresse. Cependant, en classe de 6e, au lycée Seydou Nourou Tall de Dakar, il néglige ses études. « Il ne se concentre plus et préfère dessiner ou faire autre chose au lieu de suivre les explications des professeurs », déplore-t-elle.
Un autre défi est son comportement d’isolement. Il n’aime pas être en compagnie d’autres personnes et, lorsqu’il est en colère, cela peut devenir chaotique à la maison. « Lorsqu’il est aux prises à des crises, il met la maison sens dessus dessous, détruit ses affaires personnelles et devient très violent», précise-t-elle. En revanche, elle a constaté des progrès en matière d’autonomie. « Mouhamed gère maintenant ses besoins tout seul. Il se lave les dents et il est très réceptif à mes messages », raconte Khadidiatou. Elle privilégie le dialogue et lui parle avec douceur pour éviter de le mettre en colère. « Ma seule crainte est qu’il pique une crise sur le chemin de l’école où qu’il se mette en colère en plein cours. J’ai été voir ses professeurs pour leur expliquer sa maladie », dit-elle. Comme toutes les mamans vivant avec un enfant ayant un handicap, Khadidiatou demande à l’État de leur donner un coup de pouce dans la prise en charge. *
Par Seckou SAGNA
POUR QUE NUL N’IGNORE
Il serait méthodologiquement hasardeux de réduire l’effondrement de cet immeuble à une simple conséquence de l’excavation voisine ou d’un éboulement isolé.
Il serait méthodologiquement hasardeux de réduire l’effondrement de cet immeuble à une simple conséquence de l’excavation voisine ou d’un éboulement isolé. Un tel sinistre est généralement le résultat d’une combinaison de facteurs géotechniques, structurels et décisionnels, que seule une analyse approfondie peut révéler.
Un ingénieur compétent, sollicité en amont, aurait préconisé des dispositifs adaptés -tels qu’un radier général ou des longrines de redressement dimensionnées selon les sollicitations attendues- pour prémunir la structure contre des instabilités aussi prévisibles. En effet, lorsqu’on parle d’effondrement d’un bâtiment dû à un éboulement provoqué par une excavation voisine, on incrimine souvent la cause externe sans toujours analyser les vulnérabilités intrinsèques du bâtiment lui-même. Explorons cela techniquement :
1. COMPRENDRE LE PHENOMENE : TASSEMENT DIFFERENTIEL
Le tassement différentiel se produit lorsque différentes parties des fondations s’enfoncent à des vitesses différentes dans le sol. Cela peut créer des efforts internes importants sur la structure (fissuration, rotations, flambement local, etc.) jusqu’à la ruine partielle ou totale.
Dans un cas d’excavation à proximité :
Le sol de fondation peut être «déchargé» ou «déconfiné», provoquant une perte de portance localisée.
Le bâtiment voisin subit alors un affaissement partiel ou un basculement si sa fondation n’est pas capable de répartir les efforts correctement.
2. LE RADIER GENERAL COMME SOLUTION
Un radier général est une fondation plate couvrant toute l’empreinte du bâtiment, répartissant les charges de manière uniforme. Ses avantages dans ce cas :
Il agit comme une «nappe rigide» solidaire qui maintient la cohésion du bâtiment, même si une partie du sol est affaiblie
Il répartit les charges sur une plus grande surface, limitant les concentrations de contraintes qui favorisent le tassement différentiel.
Si bien armé et conçu, il peut travailler en flexion pour absorber les déformations du sol et rester fonctionnel.
3. ALTERNATIVE : FONDATIONS FILANTES + LONGRINES DE REDRESSEMENT
Les semelles filantes peuvent être suffisantes dans un sol homogène, mais en cas de risque d’excavation ou de déstabilisation locale, elles doivent être liées entre elles.
Des longrines de redressement, rigides et bien dimensionnées, peuvent compenser les efforts différentiels.
Elles assurent la solidarité entre points d’appui.
Elles peuvent travailler en traction, compression ou flexion selon le cas, stabilisant les semelles même en cas de perte localisée de portance.
4. CONCLUSION TECHNIQUE
Un bâtiment bien fondé ne s’effondre pas pour un simple éboulement latéral, s’il est correctement dimensionné pour redistribuer les efforts.
Un radier général ou des fondations interconnectées par longrines de redressement forment une sorte de «plateforme solidaire» qui évite les tassements différentiels excessifs, réduit les déséquilibres internes et permet au bâtiment de réagir globalement, pas localement.
Seckou SAGNA
Ingénieur en génie civil,
Directeur des études à Diligence Immo
Par Ngor DIENG
AMADY ALY DIENG, SOUVENIRS D’UN ETERNEL ETUDIANT AFRICAIN !
En définitive, le livre est un instrument efficace pour lutter contre la mort. Les écrivains continuaient à vivre parmi les vivants.»
«Le livre constitue une victoire des hommes sur le temps et sur l’espace. Le livre peut être transmis des anciennes aux nouvelles générations. C’est un combat de gagner sur le temps destructeur […] En définitive, le livre est un instrument efficace pour lutter contre la mort. Les écrivains continuaient à vivre parmi les vivants.»
Amady Aly Dieng, «Don de ma bibliothèque personnelle à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar», Codesria, Bulletin n°1 & 2, 2007, p.42.
Il y a dix ans, nous quittait Amady Aly Dieng, décédé le 13 mai 2015 à Dakar, à l’âge de 83 ans. Né le 22 février 1932 à Tivaouane, au Sénégal, il fut un ancien fonctionnaire de la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Bceao). Dans ses Mémoires d’un étudiant africain, il rappelle : «Je suis né le 22 février 1932 à Tivaouane, la septième gare du chemin de fer Dakar-Saint Louis (Dsl) construit en 1885.» (Volume 1, De l’école régionale de Diourbel à l’université de Paris, p.3). Docteur ès sciences économiques, il a enseigné à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar. Il a été parmi les dirigeants de l’Association générale des étudiants de Dakar (Aged), créée en 1950 et devenue en 1956 l’Union générale des étudiants d’Afrique occidentale (Ugeao). Il fut aussi président de la Fédération des étudiants d’Afrique noire en France (Feanf) pendant deux ans (en 1961 et en 1962).
Amady Aly Dieng est auteur de plusieurs ouvrages sur des thématiques diverses et variées (philosophie, sociologie, économie, histoire, etc.). Il avait une vaste culture scientifique et littéraire. Il était un ami des livres. Son rapport étroit avec le savoir n’était plus à démontrer. Dans le bulletin Codesria n°1 & 2, 2007, p.41, il écrivait : «Dans ma vie militante estudiantine, j’ai appris à accorder beaucoup d’importance à la fréquentation et à la lecture des livres qui pouvaient nous aider à retrouver les véritables chemins susceptibles de mener nos pays à l’indépendance et à l’unité. Ces livres, à beaucoup d’égards, nous fournissaient les munitions qui nous permettaient de détruire le système colonial. Ils étaient les «armes miraculeuses», pour parler comme Césaire, dont ma génération avait besoin pour vaincre nos oppresseurs.»
Le doyen Amady Aly Dieng était un grand intellectuel. Il n’avait pas peur de la solitude et de la singularité. Car pour lui, un intellectuel doit être singulier. Il doit aimer la marginalité et l’individualité pour produire. Ce qui ne va pas de pair avec la culture sénégalaise : «… en Afrique, rappelle-t-il, la société est franchement anti-intellectuelle, car elle est hostile à l’expression de l’individualité. Les Africains sont soumis aux pesanteurs sociales comme les multiples cérémonies familiales, coutumières ou religieuses.» (Codesria n°1 & 2, 2007, p.42)
Amady Aly Dieng ne pavanait pas dans les couloirs des universités, quoiqu’il ait installé son quartier général sur le campus universitaire de l’Ucad de Dakar, sa seconde demeure. Pour Amady Aly Dieng, l’importance du savoir met en relief la centralité du livre et de la lecture dans une société où la tradition de l’oralité domine encore. Il ne lisait pas en diagonale. Il abordait les livres avec rigueur et entrait dans les textes avec profondeur. Pour lui, «la lecture littérale des textes écrits, qui est très pratiquée dans les sociétés africaines, est stérile. Elle est prisonnière des textes, trop fidèle à la lettre des textes. Cette excessive fidélité au texte est une source d’infécondité» (Codesria n°1 & 2, 2007, p.43).
En 2007, il a fait don de 1500 livres de sa bibliothèque personnelle à la Bibliothèque universitaire de Dakar. C’est exceptionnel et symbolique comme geste vis-à-vis de la postérité. A ce propos, il disait : «J’ai choisi de faire don de ma bibliothèque personnelle aux jeunes générations parce que je veux contribuer à ma manière à l’ancrage, ici, d’une tradition universitaire qui veut que les professeurs, dans tous les pays développés, lèguent leurs ouvrages à leur mort à des bibliothèques ou à des institutions de recherches.» (Codesria n°1 & 2, 2007, p.41) A l’ère d’une civilisation marquée par l’écran, le livre demeure toujours encore un moyen non négligeable pour la formation de l’esprit et la transformation sociale.
Avant de mourir, le doyen Amady Aly Dieng se désolait de la situation de désintéressement de notre Peuple vis-à-vis du savoir, du livre et de la lecture au détriment des activités festives : «Les livres sont aujourd’hui lacérés, déchirés, passés à la lame de rasoir ou volés. Les criminels culturels se multiplient sans qu’on puisse les aligner devant des poteaux d’exécution.» (Codesria n°1 & 2, 2007, p.43) Il termine son texte en rappelant qu’«en Côte d’Ivoire, les fonctionnaires et employés ne bénéficient pas d’avance Tabaski, mais d’avance scolarité. C’est une chose qui doit nous faire réfléchir. Car au Sénégal, on privilégie les activités festives. On privilégie le tube digestif au détriment des activités de l’esprit.» (Codesria n°1 & 2, 2007, p.43)
Il n’a jamais cherché à côtoyer aucun pouvoir, depuis l’indépendance du Sénégal jusqu’à sa mort. Il a su rester libre : libre de ses idées, libre de ses convictions et libre de ses positions, parfois très critiques. C’est dire qu’il est resté égal à lui-même toute sa vie durant.
Il a marqué plusieurs générations d’étudiants et d’intellectuels sénégalais et africains ; et son héritage intellectuel et syndical continue toujours d’inspirer ceux qui voudraient bien s’abreuver aux valeurs cardinales de dignité, de liberté, de désintéressement dans la quête du savoir, de constance et de fidélité à soi-même dans un écosystème idéologique et intellectuel où la carrière a pris le déçu sur la carrure, les grades et les titres sur la vaste culture générale, l’avoir sur le savoir fondamental.
Le 13 mai 2016, lors du premier anniversaire de son décès, la salle de conférence de la maison d’édition L’Harmattan Sénégal fut baptisée du nom de Amady Aly Dieng ; c’était en présence de membres de sa famille, de ses amis, de ses collègues, d’universitaires et de nombreux intellectuels. Une manière d’immortaliser et de rendre hommage à la mémoire de cet éternel étudiant africain.
Le Festival de Cannes 2025, qui se tiendra du 13 au 24 mai, mettra en lumière, parmi les 110 films présents dans les différentes sélections, 4 films qui résonnent avec l’actualité internationale.
Le Festival de Cannes 2025, qui se tiendra du 13 au 24 mai, mettra en lumière, parmi les 110 films présents dans les différentes sélections, 4 films qui résonnent avec l’actualité internationale. Ces quatre longs métrages racontent à leur manière les troubles de notre époque.
PUT YOUR SOUL ON YOUR HAND AND WALK, UN TEMOIGNAGE POIGNANT DE LA VIE A GAZA
Le documentaire Put Your Soul on Your Hand and Walk de Sepideh Farsi, sélectionné dans la section «Acid», est l’un des films qui a faitle plus parler de lui avant l’ouverture du festival. Il est un témoignage poignant de la vie à Gaza depuis le début de la guerre, à travers les yeux de la photojournaliste Fatima Hassouna. Cette dernière ainsi que dix membres de sa famille ont été tués dans une frappe aérienne israélienne sur leur maison à Gaza, le 16 avril 2025, un jour après l’annonce de la sélection du film. Seule sa mère a survécu. Cet événement a suscité une vague de condoléances et de critiques contre la violence en cours à Gaza. Le festival a publié une déclaration officielle exprimant ses condoléances et critiquant la violence continue dans la région. La projection du film sera «une manière d’honorer la mémoire [de la photographe], victime comme tant d’autres de la guerre», a souligné le Festival de Cannes. Le documentaire de Sepideh Farsi, à travers les conversations vidéo avec Hassouna, offre un aperçu intime des réalités de la guerre et de la résilience humaine, mettant en lumière les défis etles espoirs des habitants de Gaza.
OUI, L’APRES-7 OCTOBRE EN ISRAËL SELON NADAV LAPID
Après un Prix du jury en 2021 pour Le Genou d’Ahed, Nadav Lapid est de retour avec Oui (Yes), mais cette fois dans la sélection parallèle de la Quinzaine des cinéastes. Le réalisateur israélien, aux antipodes des idées deNetanyahou, raconte l’histoire d’un musicien de jazz précaire devant créer une musique pour un nouvel hymne national juste après l’attaque du 7 octobre. Très critique d’Israël, le réalisateur pose, pour son cinquième long métrage, encore un regard hautement politique sur la société et l’identité israéliennes.
IL ETAIT UNE FOIS A GAZA, UNE FENETRE SUR LE GAZA D’AVANT LE 7 OCTOBRE
Il était une fois à Gaza (Once Upon a Time in Gaza), des frères Tarzan et Arab Nasser, présenté dans la section «Un Certain Regard», revient sur la vie à Gaza avant les destructions et les milliers de morts. Ce film suit la vie de trois Gazaouis : Yahya et Osama qui tentent de monter une affaire illégale sous l’œil d’un policier corrompu dans le Gaza de 2007. Il offre une perspective humaine, avec une touche d’humour noir, sur les réalités de la survie dans l’enclave. Les frères jumeaux Nasser, nés dans l’enclave et déjà acclamés pour leur film Gaza Mon Amour, continuent ainsi de mettre en lumière les récits des jeunes Palestiniens enfermés dans la bande de Gaza. Le duo de réalisateurs fait son retour à Cannes après avoir été sélectionné en 2015 dans la Semaine de la Critique avec Dégradé.
DEUX PROCUREURS, PLONGEE DANS LES PURGES SOVIETIQUES
Premier film ukrainien à être dans la compétition officielle depuis le début de la guerre en Ukraine en 2022, Deux Procureurs (Dva Prokourora) est réalisé par Sergueï Loznitsa. Ce dernier est un habitué de Cannes, il y a présenté autant ses films de fiction (My Joy, Donbass) que ses documentaires (Maïdan, Babi Yar. Contexte). Son nouveau long métrage Two Prosecutors nous transporte dans l’Urss des années 1930, au cœur des purges staliniennes. Ce film évoque la justice et la répression, des sujets au cœur de l’actualité dans un monde où les régimes autoritaires et les violations des droits humains augmentent sans cesse. Cette réflexion poignante sur les mécanismes du pouvoir et de la peur prend une résonance particulière dans le contexte de la guerre en Ukraine, rappelant les luttes pour la liberté et la démocratie qui continuent de se jouer dans cette région. Si le film ne parle pas directement de la situation en Ukraine et en Russie, les parallèles sont nombreux avec l’époque des purges staliniennes. Les dirigeants du Festival de Cannes ont annoncé d’ailleurs dédier la première journée du festival, mardi, à l’Ukraine, avec la projection de trois documentaires, «afin de raconter ce conflit au cœur de l’Europe qui affecte le Peuple ukrainien et le monde depuis déjà trois ans».
Rfi
LA SOCIÉTÉ CIVILE MOBILISÉE POUR LA LIBÉRATION DU MILITAIRE DISPARU
Henry Ndécky, coordonnateur de la Cospac, a multiplié les démarches sur le terrain jusqu'au 2 mai et sollicité l'appui de l'Armée pour faciliter cette libération
La Société civile réclame la libération du militaire disparu dans la zone des palmiers lors du ratissage par l’armée de cette zone. aussi, les acteurs pour la paix en Casamance réitèrent leur demande aux réfractaires de rejoindre la table de négociation pour une paix définitive en Casamance.
La Société civile appelle à la libération du militaire kidnappé le 14 avril dernier dans la Zone des palmiers, alors que l’Armée menait une opération de ratissage suite à l’attaque perpétrée à Djinaky par une bande armée non identifiée.
«La personne qui est entre leurs mains, c’est leur frère, c’est leur ami, qu’il faut libérer. Nous avons été vers l’Armée du Sénégal pour demander de nous laisser aller sur le terrain pour solliciter la libération du frère qui est entre leurs mains. Le dialogue à cet effet est en cours», a soutenu Henry Ndécky en marge d’un symposium sur la paix en Casamance. Le coordonnateur de la Coordination sous-régionale des organisations de la société civile pour la paix en Casamance (Cospac) poursuit : «L’incident s’est produit les 14 et 15 mai. Nous avons été sur le terrain jusqu’au 2 pour demander à ce qu’ils nous aident à le libérer. C’est une demande des populations.» Aussi, la Société civile demande à l’Etat du Sénégal de libérer, s’il y en a, des détenus du Mfdc qui seraient dans les prisons. «Egalement qu’ils puissent eux aussi faire preuve de clémence pour favoriser ce dialogue. Aujourd’hui, les différentes factions au front ont besoin de rentrer à la maison», a insisté M. Ndécky.
«Qu’il soit entre les mains des différentes factions du Mfdc, d’un front ou d’une faction, ou de groupes armés, notre demande, c’est de le libérer afin qu’il rejoigne sa famille, mais également qu’on facilite les négociations avec les autres factions et fronts pour le bonheur de la Casamance. Parce qu’aujourd’hui, nous avons tous les programmes. Le Plan Diomaye pour la Casamance, pour qu’il se concrétise, il va falloir de la stabilité», a développé Henry Ndéky.
Mongone, un cas d’école
La paix en Casamance, contrairement au conflit, est la préoccupation la mieux partagée par les acteurs et populations du Sud du pays. Pour les acteurs de la paix, Mongone est un cas d’école qui mérite réflexion. D’après eux, il faut être courageux pour prendre les armes, mais il faut l’être beaucoup plus encore pour les déposer. Et c’est ce que la faction de Diakaye a fait le 13 mai 2023 à Mongone, après plus de 40 années de conflit. «Nous avons fait ce qu’il y avait à faire pour le développement de la Casamance. Personne ne viendra la développer à notre place», a dit Fatoma Coly. L’ex-commandant de la faction de Diakaye s’exprimait hier au symposium organisé sur le thème : «La paix : enjeux et perspectives.» «Nous sommes ici non seulement pour commémorer cet acte courageux, mais aussi pour réfléchir aux enjeux et perspectives afin de consolider les actes et ouvrir de nouvelles voies vers une stabilité durable», a indiqué M. Ndéky. La Société civile invite les dissidents à aller à la table de négociation pour une paix définitive en Casamance. «Seules les négociations ont leur place, après 42 ans», a affirmé le coordonnateur de la Coordination sous-régionale des organisations de la société civile pour la paix en Casamance.
L’adjoint au Gouverneur chargé du développement appelle lui aussi toutes les autres factions encore actives à la table de négociation. «La main de l’Etat reste encore tendue, le dialogue est ouvert, il n’y a pas de chemin plus noble que celui qui mène vers la paix», a dit Alsény Bangoura.
Par Mohamed GUEYE
EFFICACITÉ VS RÉALISME
Le Conseil national à la sécurité alimentaire tourne à vide depuis le limogeage de son dernier Directeur exécutif. Le personnel du Secrétariat exécutif, depuis lors, court après des arriérés de salaires qui remontent à la fin du mois de février
Le Conseil national à la sécurité alimentaire (Cnsa) tourne à vide depuis le limogeage de son dernier Directeur exécutif. Le personnel du Secrétariat exécutif, depuis lors, court après des arriérés de salaires qui remontent à la fin du mois de février. Pour corser les choses, tous les bureaux régionaux sont paralysés, faute de directives et, surtout, de ressources pour leur fonctionnement. Le Secrétaire général du gouvernement dont dépend ce service, a vu l’arrivée à sa tête d’un nouveau responsable, qui ne semble pas pressé de se pencher sur ce dossier. Ce qui bloque tout son travail et plonge les employés dans l’angoisse. Plus aucune enquête n’a été opérée depuis la dernière en date, au mois de novembre. En ce début d’hivernage, quelle structure de l’Etat peut informer les autorités sur la situation alimentaire dans le monde rural, ou sur les prévisions de production et de consommation des populations, surtout dans les zones rurales, si l’une des plus dynamiques à ce jour est privée de moyens ?
Faute de réponse à cette question, plusieurs employés du Se-Cnsa déclarent en être réduits, par la force des choses, à faire du télétravail. Ce qui ne résout absolument aucune question, surtout pour ceux qui se rappellent les dernières prévisions qui avaient été présentées lors de l’atelier d’analyse et d’identification des zones à risque, et des populations en insécurité alimentaire et nutritionnelle. Le 17 mars dernier, lors de l’atelier de présentation du Cadre harmonisé d’analyse et d’identification des zones à risque et des populations affectées, qui s’est tenu à Saly Portudal, il a été mis l’accent sur la situation de précarité menaçant plus d’1, 2 million de personnes vivant dans 9 départements, essentiellement de l’Est et du Sud-est du pays.
Avec l’hivernage qui pointe son nez, face à l’urgence de la situation, le gouvernement, qui a mis en suspens les paiements des Bourses de sécurité familiale -ce projet phare de la gouvernance de Macky que le nouveau pouvoir aimerait beaucoup voir disparaître-, a été contraint de reprendre le décaissement des subventions dues au titre du Projet de résilience agricole aux familles rurales inscrites au Registre national unique (Rnu). Ce projet de résilience agricole, toujours un legs de Macky Sall, vise à permettre aux ménages d’agriculteurs de pouvoir acquérir des semences et intrants de qualité à bon prix. C’est entre 150 mille et 200 mille francs Cfa dont vont disposer chacun de ces ménages ruraux sélectionnés. L’argent, provenant d’un financement de la Banque mondiale, n’est pas destiné à remplacer la Bourse de sécurité alimentaire, mais à permettre, à plus ou moins brève échéance, à ces ménages de vivre décemment de leur métier, en se passant de l’aide de l’Etat. Tout cela, bien sûr, en théorie.
Car il faudrait aussi pour que les ruraux pauvres puissent vivre décemment de leur travail, que les conditions d’une bonne campagne agricole soient réunies pour tout le monde. Or, à ce jour, les beaux et doctes discours du ministre de l’Agriculture et de la souveraineté alimentaire ne parviennent pas à occulter ce qui ressemble déjà à une chronique d’un nouvel échec annoncé. Fier des 130 milliards de Cfa de budget qu’il a pu débloquer pour la campagne agricole à venir, M. Diagne n’hésite déjà plus à faire des annonces tapageuses sur les niveaux de production attendus dans plusieurs spéculations. Il lui faudrait sans doute se rappeler ses déclarations lors de la campagne écoulée, où il nous annonçait non seulement une autosuffisance dans beaucoup de récoltes, mais mieux, une surproduction concernant certaines spéculations. Les revers connus ne l’ont pas poussé à changer de discours, et c’est le problème de ses supérieurs.
Ces derniers estiment peut-être que l’abondance de pluie annoncée pour l’hivernage ne pourrait logiquement pas conduire à un naufrage agricole. Mais ils savent aussi qu’il leur serait difficile de justifier une autre déroute dans la campagne agricole. Surtout après tous les beaux discours qu’ils ont tenus. Mais la vraie question est de savoir s’ils ont fini de prendre des vessies pour des lanternes.
La même question a été posée aux services du ministre du Travail, de l’emploi et des relations avec les institutions. M. Abass Fall a publié, à la fin du mois d’avril, une grille révisée des salaires des domestiques et des gens de maison. On a pu relever que le salaire de base pour une bonne à tout faire varie entre 64 223 et 76 996 francs Cfa, selon les catégories, qui vont de 1 à 7. Beaucoup de jeunes dames qui vendent leur force de travail dans les familles sénégalaises ou établies dans ce pays ont dû sursauter. Pour la plupart de ces gens, la rémunération des bonnes se fait dans le cadre d’une négociation entre la «patronne» qui gère la maison et la postulante.
Il n’y a aucun contrat écrit ni d’heures de travail déterminées, dans la plupart des cas. Pour la plupart de ces dames - ainsi que pour leurs employeurs-, ce barème est une bonne indication. Mais il confirme également que le salaire ne rémunère pas le travail au Sénégal.
Si l’on se fie à la grille salariale en question, peu de ménages sénégalais devraient embaucher des bonnes -à moins de se «dégotter» des personnes taillables et corvéables à merci. Car si une bonne ne peut percevoir moins de 64 223 F Cfa, un «smicard» qui, au Sénégal, n’émarge pas à plus de 89 730 francs Cfa pour certaines catégories socioprofessionnelles les mieux loties, ne pourrait pas être en mesure de l’embaucher.
Ce salaire permet déjà difficilement à son bénéficiaire de vivre décemment, sinon de vivre tout court. Et l’on sait que, malgré les vicissitudes de la vie moderne, dans la majorité des ménages sénégalais, une seule personne pourvoit aux besoins de toute la maisonnée.
Quel était l’objectif de l’arrêté ministériel sur les salaires des gens de maison ? Est-ce pour le futur ? N’y aurait-il pas alors risque d’obsolescence ? Par ailleurs, ce document a dû frustrer certaines d’entre les concernées.
On sait que les ménages d’expatriés ont l’habitude d’offrir un meilleur traitement salarial à leurs employés de maison, allant même, pour certains, à les enregistrer à l’Inspection du travail et à la sécurité sociale. Certaines bonnes perçoivent ainsi, parfois, jusqu’à 100 mille francs Cfa, sinon plus, par mois. On peut imaginer leur réaction quand leur patron leur rétorquerait à la moindre revendication, qu’elles doivent s’estimer heureuses d’être privilégiées, et ne devraient pas avoir leur droit de protester ou revendiquer quoi que ce soit. Cela, en prenant pour référence le document publié par leur ministère. On a le sentiment, sur beaucoup de points, que les décisions de nos politiques, souvent, ne brillent pas par leur réalisme.
Il suffit de voir que le cadre général de la Vision stratégique Sénégal 2050 se détache très peu de celui du Plan Sénégal émergent de Macky Sall. Même les changements de nom, à usage très cosmétique à ce jour, ne cachent pas le manque d’imagination de nos dirigeants. Et quand ils veulent nettoyer les «écuries d’Augias» de l’Administration centrale et des agences de l’Etat, ce n’est pas dans l’idée de faire des économies dans une conjoncture jugée difficile, mais tout simplement pour mettre des proches à la place de ceux qui avaient été nommés par leurs prédécesseurs. Et il arrive le plus souvent que les remplaçants ne produisent pas plus que ceux dont ils ont pris la place.
TF 1451/R, UN VRAI TITRE FLUCTUANT
La célèbre affaire du Tf 1451/R, dans la commune de Jaxaay, revient en scène avec l’annulation de la condamnation du Conservateur de Rufisque et la remise sur la sellette de la Sn Hlm sur 121 hectares.
La célèbre affaire du Tf 1451/R, dans la commune de Jaxaay, revient en scène avec l’annulation de la condamnation du Conservateur de Rufisque et la remise sur la sellette de la Sn Hlm sur 121 hectares. Les héritiers, qui se croyaient à la fin de l’histoire avec la restitution de l’intégralité du site, pointent une «erreur administrative grave», tout en promettant de faire face par tous les moyens nécessaires.
A quand la fin du feuilleton autour du 1451/R ? Alors que les héritiers, armés de leur titre de propriété sur l’entièreté des 258 hectares, entrapercevaient le bout du tunnel après plus d’une décennie de lutte, deux faits nouveaux viennent parasiter leur attente. D’abord, la 1èreChambre civile et commerciale de la Cour suprême a prononcé, le 2 avril, la cassation de l’arrêt de la Cour d’appel de Dakar de novembre 2022 ; lequel arrêt ordonnait au Conservateur, sous astreinte (100 mille francs/jour), de remettre le site à l’état où il était avant l’acte notarié d’avant-1980 (les 258 hectares au nom de la famille), ce qui a été fait au bout de quelques mois. Dans un second temps, le Conservateur de Rufisque - ragaillardi sans doute par la décision de la Cour suprême- a acté, le 18 avril, la réinscription de la Sn Hlm sur une superficie de 121 hectares 17 ares 07 centiares à distraire du Tf 1451/R.
Les héritiers de Mbeugour Diagne n’ont pas tardé à réagir suite à ces dernières mesures. Ils ont, en effet, tenu un point de presse, dimanche sur le site, pour alerter les autorités et l’opinion sur les conséquences potentielles, non sans dénoncer fermement de «supposées manipulations» de l’opinion au détriment des héritiers. «Ce jugement ne concerne pas Mbeugour Diagne, il ne concerne pas le Jaxaay, mais plutôt une personne citée qui avait été condamnée (…) Donc le document (arrêt de la Cour suprême) rendu pour dégager la responsabilité d’un agent commis (le Conservateur) ne peut amener aucunement la nullité de la propriété intégrale de Mbeugour Diagne sur le Tf 1451/R. Il est regrettable de voir certaines personnes détourner le sens d’une décision judiciaire pour servir leurs intérêts personnels», a noté Mamadou Diop Thioune, dignitaire lébou parlant au nom des héritiers. «Rien ne peut détourner l’Etat à nous rendre nos terres, parce que la communauté a tous les arguments pour que ces terres lui reviennent de droit», a-t-il assuré, avec la conviction qu’«une inscription de la Sn Hlm sur ces 121 hectares ne peut découler que d’un état de concussion». «Comment arriver à prouver qu’un titre foncier puisse avoir trois droits réels différents, transcrits dans un même service ?», a-t-il brandi en cela. «Notre état de droit réel est là, ce sont 258 hectares, et ça nous revient de droit. La Sn Hlm, on leur a sorti dernièrement une surface de 121 hectares, ce qui est une erreur administrative grave et nous allons l’attaquer à notre manière. Comme ils ont fait une erreur, c’est à eux d’assumer leur responsabilité. Il n’y a aucune ordonnance qui l’oblige à inscrire la Sn Hlm sur notre titre de propriété, c’est illégal et inacceptable», a pesté, pour sa part, Demba Anta Dia, détenteur d’un mandat de surveillance de la famille. «Ça ne passera pas. La Sn Hlm fait de la surenchère et de la manipulation, ils n’ont aucun droit», a-t-il encore insisté.
CESSION TOUS AZIMUTS DE PARCELLES, TENDON D’ACHILLE DES HERITIERS ?
Avec l’avènement du nouveau régime, l’optimisme était de mise pour l’issue de ce fameux dossier rendu célèbre par l’actuel Pm Ousmane Sonko. Les héritiers avaient ainsi saisi, le 25 avril 2024 par correspondance, le président de la République à des fins d’indemnisation. «Le chef de l’Etat magnifie votre démarche et vous en félicite vivement. Aussi voudrais-je vous informer que votre requête a été transmise au ministre de la Justice, Garde des sceaux pour étude et suite appropriée», lit-on dans la lettre réponse de juillet signée par le ministre directeur de Cabinet Mary Teuw Niane. Comment un dossier déjà jugé en première instance en appel, puis en cassation peut-il à nouveau être transmis à la Justice ?, s’interrogent ainsi plus d’un. «L’Etat est bien informé de ce qui se passe sur le site», avance à ce propos un fin connaisseur des questions foncières, pointant la désorganisation sur le site avec «des ventes de parcelles à un rythme effréné». Lors du point de presse, Demba Anta Dia en a assumé la responsabilité. «Le fait de vendre des parcelles n’a aucun impact sur cela, car ça nous appartient. C’est la nécessité qui fait loi, et c’est par nécessité qu’on vend, on l’a fait malgré nous», a-t-il précisé, notant aussi des ventes illégales opérées par des personnes étrangères au Tf.
C’est à travers son entreprise immobilière Thiossane Immo que M. Dia disposant, selon son propos, d’un mandat de la famille, établit des actes de cession sur le titre ; ce qui ouvre assez souvent des litiges. «Il y a trop de laxisme au nom de la famille.
Laisser une personne qui n’en fait pas partie vendre des parcelles comme il veut est une chose incompréhensible. Pire encore, c’est cette personne et un cercle restreint qui en tirent profit, alors que la majorité des héritiers sont dans le besoin», a pesté O. G, un des héritiers. «Aucune vente ne nous est opposable et vous ne verrez jamais un acte avec la signature des six mandataires de la famille. A ceux qui vendent maintenant d’en porter la responsabilité», a avisé Djibril Dial, un des mandataires, affirmant que leur seule attente demeure une indemnisation à la hauteur du préjudice subi.