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15 août 2025
DEMANDE D'EXPLICATION AU PRÉFET DE DAKAR
Comment se fait-il que dans la soirée du 13 juin des radios sachent avant nous, organisatrice, que notre manifestation était interdite ? Cette attitude est scandaleuse et inacceptable en République - NOTE DE LA PLATEFORME AAR LI NU BOKK
SenePlus publie ci-dessous, la demande d'explication adressée au préfet de Dakar par la plateforme de lutte pour la transparensce dans la gestion des ressources naturelles du pays, le 19 juin 2019.
"Monsieur le préfet,
La plateforme AAR LI NU BOKK dénonce énergiquement votre posture anti-démocratique dans le traitement des demandes de manifestation des citoyens sénégalais.
Vous avez attendu jusqu’au 14 juin à 09h30 pour nous donner l’arrêté d’interdiction alors que notre manifestation était prévue pour 15h soit 05h30 avant.
Cette attitude est scandaleuse et inacceptable en République. Le préfet que vous êtes, payé par le contribuable sénégalais se doit de respecter et de faire respecter la loi fondamentale avec la hauteur qui sied à la fonction.
Monsieur le préfet, comment se fait-il que dans la soirée du 13 juin des radios sachent avant AAR LI NU BOKK, organisatrice, que notre manifestation était interdite ? Comment la presse écrite sortie le lendemain a pu être informée de cette interdiction avant la plateforme ?
Monsieur le préfet, pour notre manifestation prévue le vendredi 21 juin, AAR LI NU BOKK vous a adressé, depuis le 17 juin une lettre d’information. Jusqu’au moment où les citoyens sénégalais lisent ces lignes, en même temps que vous, nos camarades signataires de la déclaration de manifestation n’ont pas été convoqués par la police pour les formalités d’usage. Pourquoi ?
Pourtant, M. le préfet depuis le 17 janvier 2017, vous le savez sans doute, toute interdiction d’une manifestation qui ne permet pas au juge de se prononcer dans les délais de 48 heures, est une violation de la loi.
AAR LI NU BOKK vous invite à respecter la loi et la Constitution du Sénégal pour une fois, en prenant toutes les dispositions requises pour encadrer la manifestation pacifique prévue le 21 juin, comme la loi vous l’impose. Au cas contraire, l’opinion nationale et internationale vous tiendra responsable d’éventuels troubles à l’ordre public.
Le comité d'initiative de la plateforme citoyenne "AAR LI NU BOKK"
L’affaire Petro-Tim est revenue sur le devant de la scène médiatique nationale. Cette entité détenue par un homme d’affaires roumain ne possédait aucune expérience avérée dans l’exploration pétrolière, ni de capacités techniques et financières lui permettant de respecter ses engagements de travaux dans les deux blocs de recherche qui lui ont été octroyés par décret en juin 2012. De fortes suspicions et interrogations portent sur le rôle joué par M. Aliou Sall, frère du Président de la République, dans ce processus. La justice, qui s’est saisie de cette affaire, devra édifier les Sénégalais propriétaires de ces ressources naturelles et devra, le cas échéant, sanctionner tout acte illégal.
Le Sénégal n’en est toutefois qu’au début d’une aventure pétrolière qui durera des décennies et doit donc se donner les moyens d’éviter que de tels cas ne se reproduisent. Dans cette optique et afin de préserver les intérêts économiques des Sénégalais ainsi que la paix sociale durement acquise au cours de notre histoire, nous ne pourrons pas faire l’économie d’une loi forte sur les conflits d’intérêts pouvant être liés à la parenté dans les ressources naturelles. En adoptant une telle loi, avant même le début de sa production de pétrole et de gaz, le Sénégal ferait à nouveau exception en Afrique.
Sur l’affaire Petro-Tim stricto sensu
Au vu de la chronologie des évènements (création de l’entité Petro-Tim post-signature du contrat et de Petro-Asia, supposée maison-mère de Petro-Tim après cette dernière, disparition précipitée de Petro-Tim après le transfert de ses titres) et des éléments apportés par le rapport de l’Inspection générale d’Etat en circulation (violation de la procédure initiale d’octroi par M. Karim Wade, rapport précipité et inexact de M. Aly Ngouille Ndiaye), il apparaît que Petro-Tim n’aurait jamais dû se voir octroyer les blocs de Cayar Offshore Profond et de Saint-Louis Offshore profond car cette entité n’en avait pas les capacités techniques et financières, conditions fixées par notre législation pétrolière. Or, suite aux découvertes de gaz dans ces blocs entre 2015 et 2017 grâce aux travaux de Kosmos Energy, M. Frank Timis, l’homme d’affaires qui détenait directement ou indirectement Petro-Tim et Timis Corp, par ailleurs plusieurs fois condamné pour trafics et poursuivi pour des faits de corruption, s’en est tiré, sans avoir entrepris la moindre opération pétrolière, avec 250 millions de dollars, montant non démenti par le repreneur BP, ainsi que des royalties potentielles qui pourraient lui être versées à partir de 2022. Concernant ces futures royalties dont pourrait bénéficier Timis, le montant de 10 milliards de dollars évoqué par la Bbc et démenti par BP, semble en revanche trop important au vu de la taille des réserves découvertes et de la rationalité économique des projets en cours, en particulier celui gazier de Grand Tortue Ahmeyim (Gta). Quoi qu’il en soit, la justice s’est saisie de ce dossier. Elle devra confirmer ou infirmer les différents chiffres évoqués et situer les responsabilités des uns et des autres. Notre pays doit néanmoins aller plus loin en légiférant sur les conflits d’intérêts pouvant être liés à la parenté dans les ressources naturelles.
Pourquoi faut-il adopter une loi sur la parenté ? Pour éviter de reproduire les mauvais exemples en Afrique
Adopter une telle loi se justifie d’abord par l’historique de l’immixtion désastreuse des familles de dirigeants politiques dans la gestion des ressources naturelles nationales. En Angola, Isabel Dos Santos, fille de l’ancien Président Dos Santos, entrepreneure bénéficiant de marchés d’Etat, avait fini par être nommée Directrice générale de la Société nationale pétrolière (Sonangol). Alors toute puissante, elle y a multiplié les mauvaises décisions économiques et les conflits d’intérêts en relation avec des entreprises dont elle était actionnaire. L’économie angolaise est aujourd’hui dans de grandes difficultés et se relève de plusieurs années de mauvaise gestion de son secteur des hydrocarbures.
En Guinée équatoriale, Teodorin Obiang Nguema, fils du Président Obiang Nguema, et détenteur d’une société privée, la Somagui, bénéficiait à travers celle-ci, selon son gestionnaire de fortune, de virements financiers de plusieurs dizaines de millions d’euros, provenant de l’octroi de concessions pétrolières par l’Etat à des compagnies privées. Ces revenus auraient pu servir à éduquer et à soigner les équato-guinéens dans un pays où les budgets de l’Education et de la Santé atteignent à peine 5% du Pib. Wilfried Nguesso, le neveu du Président congolais Denis Sassou Nguesso, est sous le coup d’une enquête pour biens mal acquis en France, car il y a dépensé plusieurs millions d’euros qui proviendraient de la société congolaise de gestion portuaire, entité qu’il dirige et qui collecte les taxes maritimes payées par les navires de transport de pétrole brut.
Certes, d’un point de vue démocratique, le Sénégal a des acquis plus solides que l’Angola, la Guinée équatoriale et le Congo, mais en raison de la confusion des genres entre l’Etat, la famille et le privé, les populations de ces pays où d’importantes découvertes pétrolières ont été effectuées, vivent aujourd’hui de grandes difficultés et connaissent une pauvreté extrême.
Pour bien gérer les futurs revenus du pétrole et du gaz
En l’état actuel des découvertes, le Sénégal ne dispose pas de ressources pétrolières et gazières qui feraient de lui l’équivalent d’un émirat ou qui, en valeur relative, pèseront beaucoup dans l’économie nationale. En effet, une récente étude du Fmi, portant sur les retombées potentielles des gisements Gta (gaz) et Sne (pétrole), prévoit que les revenus du pétrole et du gaz constitueront autour de 6% du Pib sénégalais pour la période 2023-2040, et environ 26% des recettes d’exportations alors qu’ils constituent respectivement 90, 95 et 99% des recettes d’exportation au Congo, en Angola et en Guinée équatoriale.
Ainsi, même si les revenus pétroliers et gaziers de Gta et Sne pourraient rapporter autour d’un milliard de dollars par an à l’Etat du Sénégal, soit environ 15% du budget actuel, ils ne seront pas directement d’un apport significatif dans la structure de l’économie nationale. L’intensité actuelle du débat peut sembler disproportionnée au regard de cette aride réalité des chiffres, mais elle est justifiée car ces montants demeurent importants en valeur absolue pour un pays pauvre comme le nôtre. Elle est également justifiée, parce qu’il s’agit là de ressources symboliques, nationales sur lesquelles chaque Sénégalais, quel que soit son niveau d’éducation et de connaissances, a un droit de regard et même mieux, un droit de propriété. Outre la future loi sur l’encadrement et la répartition des revenus dont le Sénégal se dotera sous peu, adopter une loi restrictive sur les conflits d’intérêts liés à la parenté dans ce secteur, serait un acte qui, au-delà de préserver les intérêts du pays, rassurerait les citoyens sénégalais et les partenaires économiques du Sénégal.
Pour se mettre au niveau des standards internationaux de transparence
de pétrolier de 1998 et de son décret d’application, montre que les dispositions luttant contre les conflits d’intérêts liés à la parenté y sont incomplètes voire inexistantes. Or la notion de conflits d’intérêts, particulièrement ceux liés à la parenté, devient une préoccupation majeure dans toutes les grandes démocraties, les organisations internationales et les grandes entreprises. Le Sénégal ne saurait rester en marge de ce mouvement d’ensemble vers plus de transparence, lui qui a adhéré aux normes de l’Initiative pour la transparence dans les industries extractives (Itie) en 2013. Aux Etats-Unis par exemple, les fonctionnaires de l’Etat fédéral et tous ceux agissant au nom du gouvernement dans le cadre de marchés publics ou de contrats, sont soumis à une charte intitulée «Ethics & Procu - rement Integrity», qui proscrit l’octroi ou la signature de contrats par des fonctionnaires en faveur d’entreprises où leur famille (époux, enfants etc.) est partie prenante.
Au sein des multinationales du secteur pétrolier, les procédures de recrutement excluent les liens de parenté entre candidats et recruteurs, voire dans certains cas, entre candidats et dirigeants de ces entreprises.
Pour assainir le secteur des ressources naturelles et apaiser le climat socio-politique
Sur le plan politique, cette loi épargnerait à la majorité des justifications récurrentes pour absoudre, à tort ou à raison, un dirigeant politique et sa famille. Elle permettrait à l’opposition de veiller davantage à d’autres problématiques centrales de la gouvernance pétrolière comme la surveillance environnementale des opérations, la mise à niveau des ressources humaines de l’Etat, la surveillance effective des coûts pétroliers, l’encadrement de l’utilisation des futurs revenus, entre autres enjeux qui ne sont pas moins importants que les procédures d’octroi des blocs. Cela permettrait également aux fonctionnaires, directeurs et ingénieurs de l’administration du secteur énergétique de poursuivre dans la sérénité le travail ingrat mais précieux qu’ils ont entamé depuis des années, afin que le Sénégal soit prêt lorsque débutera la production de ces ressources à partir de 2022. Sur le plan économique, cette loi garantirait au secteur privé national et aux cadres sénégalais de tous bords, notamment dans le cadre du «contenu local», un égal accès aux opportunités d’emplois et d’affaires dans la chaine de valeur pétrolière.
Sur le plan social et démocratique, elle consacrerait réellement l’appartenance des ressources naturelles au Peuple et constituerait un garde-fou, une garantie dans la gestion méritocratique et transparente de ces ressources. Il s’agirait de la traduction dans la loi, des slogans politiques «Un Sénégal de tous, un Sénégal pour tous» et «Li ñëpp bokk, Ñëpp jot ci».
Une pétition pour accompagner la proposition de loi sur la parenté
La loi sur la parenté est une loi d’intérêt général qui mettra sur un pied d’égalité tous les Sénégalais. Elle doit donc être soutenue par tous ceux qui, sans distinction d’appartenance politique, souhaitent voir une gouvernance saine, rigoureuse et dépassionnée des ressources naturelles.
Nous devons au moins cela aux générations futures. Soyons 10 000 citoyens à signer une pétition qui déclenchera et accompagnera la soumission d’une proposition de loi sur la parenté à nos députés. Le pétrole et le gaz sont encore loin sous nos pieds, mais notre destin demeure lui, pleinement entre nos mains.
EIFFAGE LANCE LA 1ERE DEMARCHE DE VALIDATION DES ACQUIS DE L’EXPERIENCE COLLECTIVE AU SENEGAL
Le campus franco-sénégalais est un incubateur de projets innovants et structurants. En réalité, il permet à des établissements sénégalais et français de mettre en place en commun des nouvelles formations pour répondre aux besoins de l’économie.
La ministre française de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation, Frédérique Vidal, et son homologue sénégalais Cheikh Oumar Anne ont procédé, au lancement officiel des actions de formation prévues pour la rentrée académique 2019– 2020. C’était lors de la 3ème réunion du comité de pilotage du Campus franco-sénégalais.
A travers cet acte, les deux pays concrétisent ainsi, la volonté commune du Président Emmanuel Macron et du Président Macky Sall de poursuivre le développement de partenariats académiques et scientifiques d’excellence, autour d’outils de coopération renforcés. Et, les différents acteurs ont convenu de s’appuyer sur le secteur privé pour mettre en œuvre l’agenda du Campus franco-sénégalais. C’est dans cette optique que la société Eiffage Sénégal et le Cnam ont signé une convention sur la Validation des acquis de l’expérience. Elle a été paraphée par l’administrateur général du Cnam, Olivier Faron et Dame Sène, le Directeur administratif et financier d’Eiffage Sénégal, en présence de Samba Diouf, Directeur des ressources humaines, représentant Gérard Sénac. Selon les deux parties, cette grande première au Sénégal, marque le début du déploiement de la Validation des acquis de l’expérience.
En réalité, la Validation des acquis de l’expérience suscite un réel intérêt pour le Sénégal qui y voit une belle opportunité de donner accès à la certification à de nombreux salariés qui n’ont pas pu suivre des études, notamment dans le supérieur et qui capitalisent une expérience professionnelle avérée. Car, ce qui permet de développer leur employabilité. «Lors de la deuxième réunion qui s’est tenue à Paris, un appel à proposition de Projet à labelliser «Campus franco-sénégalais» a été lancé. Eiffage Sénégal, fidèle à sa politique de responsabilité sociétale d’Entreprise, a spontanément répondu à l’appel. Elle a été la seule entreprise sénégalaise à faire une proposition de projet», a rappelé Dame Sène, le Directeur administratif et financier d’Eiffage Sénégal.
Le campus franco-sénégalais est un incubateur de projets innovants et structurants. En réalité, il permet à des établissements sénégalais et français de mettre en place en commun des nouvelles formations pour répondre aux besoins de l’économie.
LE SYTJUST TOUJOURS ENGLUÉ DANS LA CRISE
La réélection de Me El Hadj Ayé Boun Malick Diop à la tête de la structure, après des mois de tension, n’a pas apaisé les rancœurs de certains de ses camarades, qui contestent sa reconduction
La crise n’est pas encore terminée au Syndicat des travailleurs de la justice (Sytjust). La réélection de Me El Hadj Ayé Boun Malick Diop à la tête de la structure, après des mois de tension, n’a pas apaisé les rancœurs de certains de ses camarades, qui contestent sa reconduction. La partie dissidente, qui a boudé le congrès tenu le week-end dernier à Saly, ne le reconnait pas comme Secrétaire général du Sytjust. Selon ces travailleurs de la justice, sa réélection ne s’est pas faite en conformité avec les textes qui régissent le syndicat.
D’après eux, elle a été actée en violation flagrante des textes statutaires. Lesquels stipulent que seuls les délégués sont éligibles et électeurs. Mais, à leur grande surprise, le «Secrétaire général a fait fi de ce principe en remplissant la salle de personnes acquises à sa cause dont certains ont voté pour lui alors qu’ils ne sont pas des délégués». Ces contestations irritent Me Ayé Boun Malick Diop, qui «s’est auto proclamé Secrétaire général»du Sytjust. «Mieux au moment où le vote se déroulait, le modérateur principal, Me Ousmane Ba, administrateur de greffe du Tribunal de Commerce de Dakar, s’est abstenu du vote et Me Ayé Boun s’est même permis de l’insulter ainsi que d’autres
membres du présidium», dénonce la partie dissidente, qui conteste énergiquement cette élection.
En écho à ces accusations, Me Ayé Boun Malick Diop a organisé un point de presse pour«démonter» ces allégations, qui noircissent sa réélection. «Nous sommes là pour la manifestation de la vérité. Il faut savoir que l’élection s’est déroulée sous la supervision d’un représentant du Secrétaire général de notre centrale, il faut recueillir sa version des faits. Nous avons pris la peine d’avoir filmé tout lecon grès, et nous comptons le diffuser. L’affaire ne s’est pas terminée en queue de poisson, certainement que mon amie la journaliste dira que c’est un vidéo-montage», a-t-il pesté en répondant à une question posée par une consœur.
Démarche défensive, ton élevé, Me Ayé Boun Malick Diop affirme que ses détracteurs «ont choisi d’adopter la politique de la chaise vide au moment du vote». Selon ses accusations, ils avaient «demandé un consensus pour l’obtention de postes dans le nouveau bureau. Ce qu’il leur a été refusé parce qu’on ne peut pas cohabiter avec des saboteurs dans un groupe». Il informe aussi que dans ce groupe «de saboteurs», seule une femme s’acquitte de ses cotisations et dispose d’une carte de membre. «Je ne veux pas d’eux dans ce bureau. Je ne «deale» pas avec eux. De toute façon, ils savent que s’ils avaient proposé un candidat, je l’aurais battu à plate couture», entonne Me Diop. Malgré le bruit et les contestations, qui s’élèvent, le Secrétaire général du Sytjust estime «que le bureau exécutif est bien légitime et élu selon les textes du syndicat et en présence d’un observateur de la centrale syndicale.
Cette confiance qui m’a été renouvelée n’est rien d’autre que le fruit d’un bilan satisfaisant. Cela ne pourrait être que ma reconduction à la tête du bureau exécutif et ça serait illogique qu’autre chose se passe». Il peut savourer sa victoire et rester attentif aux agitations des dissidents, qui n’excluent pas la tenue d’une autre élection, qu’il rejette déjà. «Le faire, c’est s’insulter», dit-il
HYPOTHETIQUE BEAUTE, SANTE EN PERIL !
Pratiquée depuis fort longtemps en Afrique, dans les années 60 en fait, la dépigmentation artificielle volontaire consiste à s’éclaircir la peau par différents procédés et pour des raisons diverses.
Fatou NDIAYE ET Aïssatou DIOP |
Publication 20/06/2019
Appelée Xessal au Sénégal, Akonti au Togo, Dorot au Niger et au Burkina Faso, Bojou au Bénin, Kobwakana ou Kopakola au Congo et Tcha-Tcho au Mali, la pratique est notée dans de nombreux pays au monde. Méconnaissance du danger encouru, complexes de tous genres, envie de satisfaire les désirs du mari dans une société où la polygamie met la gent féminine en éternelle compétition, ou simplement le fait de suivre aveuglément la mode, pour une raison ou une autre, beaucoup de femmes font fi des recommandations médicales et se lancent dans un blanchissement à outrance de leur peau. D’après une étude de l’Association Internationale d’information sur la dépigmentation artificielle (Aiida), le Sénégal est le deuxième pays d’Afrique où la dépigmentation est le plus pratiquée, après la République Démocratique du Congo. Toujours d’après la même étude, 2 Sénégalaises sur 3 ont recours au «Xessal» qui absorbe 19% des revenus des ménages. Pis, depuis un certain temps, des hommes se sont immiscés dans la pratique aux conséquences sanitaires multiples.
«Peau claire et unifiée », « Peau impeccable », « Peau sans tâche », « Teint clair en quelques jours », voilà autant de promesses faites aux femmes qui désirent s’éclaircir la peau. Toute une stratégie commerciale est mise en place pour rassurer les usagers sur le caractère « sain et inoffensif » des produits utilisés. Malheureusement, les commerciaux ne dévoilent pas les risques liés aux produits vendus. En effet, la « beauté » que procure cette dépigmentation n’est qu’un mirage qui s’estompe après seulement quelques années de pratique. En plus des crèmes, savons ou autres produits à composition chimique importés, la dépigmentation au Sénégal a pris une autre tournure avec la vente non contrôlée de mélanges faits par des non-initiés à la dermatologie. Le business des mélanges des produits dépigmentants est devenu un véritable marché sur les réseaux sociaux et dans les quartiers. Les boutiques qui pullulent à Dakar offrent leurs services à une clientèle intéressée par le blanchissement de la peau. Le marketing est fait par une vendeuse à la peau claire pour mieux attirer la clientèle.
Dans une boutique à Diamalaye, le prix du lait de corps est à 20.000 F CFA. Les crèmes mains et celles des pieds dont la caractéristique mise en avant est d’être anti tache, sont vendues à 15.000 F CFA l’unité. L’huile éclaircissante coûte 5000 F CFA. A Ouest Foire, une boutique est le point d’attraction des femmes. Une garantie d’une peau claire en quelques jours est la raison qui fait courir. Dans cette boutique, les femmes s’offrent un savon fait d’un mélange de produits dépigmentants. Le comble de cette situation est que la plupart des produits utilisés sont très toxiques et devraient faire l’objet d’une interdiction. Il s’agit du glutathion, des corticoïdes, de l’hydroquinone et des produits à base de l’acide Kojique. Parfois ce sont les femmes, elles-mêmes qui préparent leurs propres mélanges. Saly Magassouba en fait partie. Elle se dépigmente depuis une vingtaine d’années. Même si elle admet que ce n’est pas une bonne chose pour sa santé, cette quinquagénaire révèle qu’elle l’a toujours fait pour plaire à son mari. Elle fait savoir qu’elle achète des tubes dans les boutiques cosmétiques à des prix variant entre 800, 700 et 600 ou même 500F CFA, pour faire ses propres mélanges qui l’éclaircissent au bout de 5 à 6 jours.
Adept e de la pratique, Saly recommande toutefois à ses pairs de ne pas se laisser emporter. «Je conseille aux femmes qui ne l’ont jamais fait de ne pas y toucher, parce que c’est une pratique qui n’a pas d’avenir. Elle peut te rendre belle aujourd’hui, et détruire ta peau du jour au lendemain. Si c’était à refaire, je n’y toucherais pas». Khadija quant à elle, pratique le «Xessal» depuis près de 5 ans. Tout comme Saly, elle sait que la dépigmentation n’est pas une bonne chose, néanmoins dit-elle, «je me dépigmente pour être belle. Il y a des teints noirs qui sont plus jolis que les teints clairs mais il y a des teints clairs qui sont très jolis », avance-t-elle. Khadija ne se reconnait pas dans la noirceur. « Le teint noir ne me va pas, c’est pourquoi j’utilise des produits éclaircissants. J’avais un teint marron que j’ai voulu éclaircir davantage».
Avoir une peau claire, c’est son souci et peu importe les moyens, Khadija est déterminée à y arriver. J’achète les produits que j’utilise dans les cosmétiques à des prix divers pouvant aller jusqu’à 10.000f, ensuite «je fais mes propres mélanges sans l’avis d’un spécialiste au préalable. Tout ce qui importe c’est la couleur blanchâtre que je veux obtenir», soutient-t-elle. En faisant les mélanges, Khadija explique qu’elle achète une dizaine de tubes qu’elle met dans une marmite, y ajoute du jus de citron, plus de la vaseline salicylée et un peu d’eau oxygénée. Une fois que le mélange est bien compact, elle l’applique sur sa peau avant d’enfiler une tenue en plastique. A défaut, elle s’enroule de sachets plastiques avant de porter 3 à 5 boubous. Elle explique que c’est pour avoir une couleur blanche en seulement 2 jours. Toutefois, elle tient à préciser qu’en faisant ainsi, elle ne prend sa douche qu’après 48h d’utilisation. Khadija précise pourtant que son plus grand souhait est de laisser la dépigmentation, car elle reste convaincue que ce n’est pas une bonne chose. A celles qui n’ont pas jamais utilisé les produits de la dépigmentation, elle conseille de ne jamais y toucher.
« PATHIE-PATHIE » OU CES HOMMES QUI S’ECLAIRCISSENT LA PEAU
Phénomène social ou drame sociétal, la dépigmentation prend de l’ampleur, notamment avec les hommes qui s’adonnent de plus en plus à la pratique. Trouvé dans la banlieue dakaroise, Cheikh est un taximan qui passe presque toutes ses soirées dans les boites de nuit des Almadies. Il explique qu’il lui arrive souvent de rencontrer des hommes qui se dépigmentent la peau. Ces «PathiePathie » (surnom qu’on donne aux hommes qui s’éclaircissent la peau), le font pour diverses raisons, explique Cheikh. A son avis, certains le font souvent pour plaire à certaines femmes qui ont une préférence pour les hommes de teint clair. Et le plus souvent, ils sont des artistes, estime-t-il. «Il m’arrive souvent dans l’exercice de mon métier de fréquenter des boites de nuit, mais je vois souvent des jeunes artistes, des danseurs, des chanteurs faire du «Xessal». Toutefois, il ne manque pas de donner des conseils à ces jeunes qui s’adonnent à la pratique. Pour Cheikh, ces jeunes doivent cesser le « Xessal», car «ceux qui le pratiquent sont des complexés, parce que faire des choses que seules les femmes sont censées faire, n’est vraiment pas bien », tance le taximan, l’air désolé.
« Pathie-Pathie », l’envers du décor
A quelques 200 mètres de lui, Modou un autre jeune de la même tranche d’âge, est moniteur de sport. Il fait savoir qu’il croise toujours des hommes qui s’adonnent à cette pratique, dans la salle où il travaille. « Il m’arrive de voir un homme et en regardant son visage, ses doigts et ses pieds, on sent qu’il se dépigmente». Pour lui, les raisons sont multiples : certains veulent se faire beau parce qu’ils ont un complexe de la couleur de leur peau. D’autres par contre, peste-t-il, n’agissent que par imitation. «Quand on a une préférence pour un artiste qui a la peau claire par exemple, on fera tout pour être comme lui, quitte à changer la couleur de ta peau». Pour ce jeune, il y a des femmes qui n’aiment pas les hommes à la peau noire, ce qui pousse certains hommes à s’éclaircir la peau. Il va plus loin en soutenant que le Sénégalais de manière générale pense que la couleur blanche est plus belle que celle noire. Il y a beaucoup de «totes», c'est-à-dire des hommes qui se comportent comme des femmes. La dépigmentation des hommes et autre comportement féminin résulte d’un manque d’éducation, fait savoir le jeune homme. Car pour lui, les parents n’ont plus de temps pour s’occuper ou donner une éducation de valeur à leurs enfants. Du coup, c’est la rue qui se charge d’éduquer nos enfants. «Nous, à notre époque, tout le monde se chargeait de l’éducation d’un enfant dans le quartier, mais de nos jours, si un voisin s’aventure à corriger ton enfant, tu seras le premier à défendre ce dernier et à imposer des limites à ce voisin, quitte à l’amener devant la justice», se désole Modou. Avant de souligner au passage qu’un pays qui aspire à l’émergence doit commencer par l’éducation des jeunes. «Ce problème de dépigmentation est le phénomène majeur qui sévit dans nos écoles, et la responsabilité de l’Etat est engagée, parce que si certaines mesures sont prises, cette pratique serait bannie en tout cas chez les hommes», précise le jeune homme. Non sans donner des conseils aux hommes qui pratiquent le «Xessal».
L’HYDROQUINONE, LES CORTICOÏDES ET LE GLUTATHION… Des produits interdits qui inondent le marché
La vente des produits tels que l’hydroquinone, les corticoïdes et le glutathion est interdite ou règlementée. Cependant, ils se vendent comme de petits-pains sur l’internet et les boutiques de quartier.
Malgré l’interdiction de leur vente et leur danger sur la santé humaine, le corticoïde et l’hydroquinone sont présents sur le marché sénégalais. Pour le dermato-vénéréologue, Ibrahima Ndiaye, l’hydroquinone est présente dans beaucoup de tubes. Du coup, le produit n’est plus seulement utilisé par l’industrie pharmaceutique, mais est devenu un véritable business pour les parfumeries. Le mal avec l’utilisation de l’hydroquinone est que le degré de dosage n’est pas respecté dans des pays comme le nôtre. « La législation dit qu’il faut 2% d’hydroquinone sur tous les produits. Malheureusement, ces 2% ne sont pas respectés », déplore-t-il. La cause est, dit-il, qu’il n’y pas un contrôle rigoureux derrière l’usage du produit. Ce qui fait qu’il devient un fourretout. L’autre problème est aussi le taux indiqué sur l’étiquette du produit utilisé qui n’est pas souvent conforme au contenu. Le professeur Ibrahima Ndiaye se désole du fait qu’il y ait beaucoup de magouilles dans la vente du produit.
A côté de l’hydroquinone, il y a aussi le les corticoïdes surtout le Clobetasol qui est un produit dangereux et fortement utilisé par les femmes. Sa particularité résiderait dans la rapidité de ses effets : « un éclaircissement de la peau en 15 jours ». Rien d’étonnant dans ce résultat puisqu’il s’agit d’un corticoïde de forte activité et extrêmement puissant, explique le professeur Ibrahima Ndiaye. Le Clobetasol qui est un médicament très dangereux que les dermatologues n’utilisent que pour soigner des maladies précises et sur une courte durée, est appelé corticoïde de classe forte par les dermatologues, selon le docteur Ibrahima Ndiaye. Un grand problème dans l’usage du Clobetasol est que c’est un produit qui ne doit être vendu sur le marché. Son entrée sur le territoire sénégalais est interdite. Mais, pour enfreindre la législation, les vendeurs l’enregistrent sous un nom anglais lors de l’importation. Le glutathion quant à lui, est un antioxydant produit naturellement par l’organisme qui a pour rôle de capter les radicaux libres libérés par l’organisme lors du métabolisme de la plupart des organes et de détoxiquer les cellules.
Compte tenu de ses effets protecteurs, rajeunissant, et de renouvellement des cellules, il a été introduit à dose physiologique, administré oralement dans le traitement des maladies dégénératives comme le Parkinson, l’Alzheimer. Les scientifiques ont découvert, par la suite, qu’utilisé à forte dose, cet antioxydant bloque la synthèse de la mélanine et entraine de ce fait un éclaircissement de la peau. « Ce produit détourné de son objectif initial par l’industrie cosmétique a de graves conséquences sur la santé humaine », selon le dermato-vénéréologue, Ibrahima Ndiaye. « Il constitue un extrême danger », a-t-il dit. Son usage crée une infection bactérienne des couches extérieures de la peau et cause une maladie appelée l'érysipèle. Celle-ci, si elle n’est pas bien traitée conduit à la mort. A côté de ces produits, il y a aussi l’acide Kojique qui présente un risque pour son utilisateur s’il est présent à hauteur de 0,1% dans un produit de soin.
CANCER CUTANE, GALE, INFECTION MICROBIENNE, STERILITE ET FAUSSE COUCHE, EXCLUSION SOCIALE, DEPRESSION… Le revers de la médaille
Quand on utilise l’hydroquinone et que son usager est en contact avec le soleil, le produit crée ce qu’on appelle l’effet de photosensibilisation et développe des réactions sanitaires sur les parties découvertes. C’est ce qui cause, en général, les « thieré », les lunettes. En somme, « toutes les taches noires et verdâtres qui sont sur les parties découvertes comme le visage, les mains et les pieds », explique le docteur Ibrahima Ndiaye. Le dermatologue informe aussi que l’hydroquinone donne parfois des effets qui sont difficilement traitables. « L’autre effet secondaire de l’usage de ce produit est qu’il peut aboutir à des cancers cutanés », informe ainsi le dermatologue. « Les femmes qui utilisent le corticoïde développent facilement les champignons. Elles ont aussi la gale et se grattent beaucoup. Elles peuvent développer des infections microbiennes comme les abcès ». Qui plus est, selon le spécialiste, « L’usage abusif de corticoïde mène à des maladies telles que le diabète, l’hypertension et même la perturbation gynécologique. Pour cause, l’utilisation de ces corticoïdes génère également la naissance d’enfants prématurés chez la femme enceinte et des fausses couches. A défaut d’avoir une peau claire, des femmes arrivent par tout perdre à cause de la dépigmentation. « Il arrive que des femmes perdent leur identité, c’est-à-dire qu’elles ne ressemblent plus à rien. Le visage a des taches noirâtres, elles perdent la beauté de leur visage, ne se sentent plus femmes », se désole le docteur Ibrahima Ndiaye. Pis, certaines même se sentent marginalisées par leurs pairs à cause de la présence de tâches et autres effets secondaires sur leur corps. « Moralement et psychologiquement, elles sont abattues. Il y a un rejet social souvent. Et les femmes ont peur d’être à des cérémonies par crainte d’être indexées. Quelquefois, cette exclusion va plus loin car ce sont les maris qui rejettent leurs conjointes.
«LE SYSTEME DE SANTE RISQUE D’ETRE PRIVE DE 130 FUTURS SPECIALISES »
C’est une alerte du Collectif des médecins en spécialisation (Comes).
C’est une alerte du Collectif des médecins en spécialisation (Comes). «Le système de santé national risque d’être privé de 130 futurs spécialistes (gynécologues, pédiatres, cardiologues etc.) faute de bourses de spécialisation», alerte dans un communiqué le président du Comes.
Comment en est-on arrivé là ? Dans sa note, les médecins en spécialisation rappellent que «le président de la République a eu la clairvoyance salutaire de miser sur la spécialisation des médecins via l’augmentation des taux des bourses de spécialisation allouées par le ministère de la Santé». C’était en 2018. Et l’objectif poursuivi était de «réduire l’important taux de mortalité lié à une prise en charge suboptimale de la population sénégalaise par un personnel de santé peu qualifié». Plus d’un an après, ils ont déchanté en constatant que les instructions du chef de l’Etat «n’ont pas été respectées.
En effet, le ministre de la Formation Professionnelle, via le Fonds de financement à la formation professionnelle et technique (3Fpt), avait la responsabilité d’exécuter ce mot d’ordre en prenant en charge ce paiement». Selon Dr Hassim Bachir Diop, Président du Comes, «plus de 130 médecins, après avoir abandonné leur contrat de travail pour répondre à l’appel du chef de l’Etat, se sont vu refuser cette bourse de spécialisation. Ce revirement les place non seulement dans une situation de précarité financière mais aussi dans l’impossibilité d’honorer leur frais d’inscription et de poursuivre leur cursus». Cela risque d’avoir des «répercussions dé - sas treuses sur la santé publique» impactant évidemment la «population soufrant quotidiennement du manque criard de personnel de santé qualifié».
Las que la situation n’évolue pas après plusieurs mois de «négociations infructueuses», le Comes envisage «sous peu le dépôt d’un préavis de grève». Et les revendications sont simples : l’octroi de la bourse de spécialisation à tous les inscrits, la rédaction du statut du médecin en spécialisation, le recrutement des médecins en spécialisation en tant qu’agents du ministère de la Santé via des postes conventionnés, affectés au niveau des Chu, l’accès à une Pec médicale pour le Des et sa famille, l’affiliation à l’Institution de prévoyance retraite du Sénégal, le droit au congé de maternité avec traitement d’une durée égale à celle prévue par la législation sur le code du travail et le paiement des émoluments hospitaliers (motivations, astreintes, gardes) en conformité avec la grille salariale des praticiens hospitaliers.
THIERNO ALASSANE SALL PARLE DE VICTOIRE DE L’OPPOSITION
Le président du mouvement politique «République des valeurs» a réagi favorablement au rapport rendu public par l’Union européenne sur la dernière présidentielle. Interpellé par Sud quotidien hier, mercredi 19 juin,
Le président du mouvement politique «République des valeurs» a réagi favorablement au rapport rendu public par l’Union européenne sur la dernière présidentielle. Interpellé par Sud quotidien hier, mercredi 19 juin, Thierno Alassane Sall soulignant que le gouvernement n’a plus de choix pour constater le caractère inopérant de ce système, invite les Sénégalais à plus d’engagement dans les questions relevant de l’intérêt national.
Un des dix-neuf candidats qui s’étaient lancés dans la course à la candidature lors de la dernière élection présidentielle du 24 février avant de voir leur dossier recalé par le Conseil constitutionnel à l’étape de contrôle des fiches du système de parrainage nouvellement introduit dans le processus électoral, Thierno Alassane Sall brise le silence sur le rapport de l’Union européenne sur la dernière présidentielle. Interpellé hier, mercredi 19 juin par Sud quotidien, l’ancien ministre de l’Energie devenu un des plus virulents opposants de l’actuel président de la République a salué positivement cette sortie de l’Ue.
En effet, même s’il déplore le temps mis par la délégation de l’Union européenne avant de reconnaitre les vices du parrainage, Thierno Alassane Sall soutient que l’invite à l’abandon du système de parrainage faite par la délégation de l’Union européenne à l’Etat du Sénégal dans son rapport conforte l’opposition dans le combat qu’elle avait mené à l’époque contre ce système de parrainage citoyen. «Nous saluons positivement cette position de l’UE même si de prime à bord, elle n’avait pas pris en considération les alertes de l’opposition. Nous avons au Sénégal une expérience confirmée des pratiques électorales, nous avons également une pleine connaissance des acteurs et leurs intensions ce qui est extrêmement importante en toute chose. Mais, à l’époque, elle (UE) n’avait vu les choses sous le même angle mais à l’arrivée, ils (membres délégations UE) ont aperçu que c’était un processus de sélection de candidats et que le processus mise en place de contrôle et de validation des candidats par le Conseil constitutionnel ne répondaient à aucun des objectifs de transparence. On n’avait pas les éléments sur les critères de désignation de l’informaticien qui a confectionné le logiciel, on n’avait pas non plus accès au fichier ce qui est une violation grave du processus électoral mais aussi beaucoup d’autres vices substantielles».
Poursuivant son propos, le président du mouvement politique «République des valeurs» dénonçant le niveau de corruption invite le gouvernement à constater que son système de parrainage est inopérant. «Qu’on ne me dit pas que ça marche ailleurs puisque dans aucune des grandes démocraties au monde, il y’a un système aussi inique où on demande de mobiliser un pourcentage de l’électorat alors qu’on sait très bien que notre environnement est fortement corrompu. La preuve, on a vu beaucoup d’argent circulé, des gens achetaient les listes d’autres parrainages pendant la période de collecte des signatures. Le niveau de corruption au Sénégal fait que ce système est inopérant et cela est bien une réalité qui saute à l’œil. Le gouvernement n’a donc plus d’autre choix que de constater que son système de parrainage est inopérant», a-t-il martelé. Loin de s’en tenir là, Thierno Alassane Sall a également saisi cette occasion pour plaider une implication plus soutenue dans Sénégalais dan le combat relevant de l’intérêt national. Expliquant que «les gouvernements successifs ont fait croire au peuple sénégalais que les satisfécits décernaient par l’extérieur sont des preuves qui contredisent l’opposition ou toute autre voix qui s’élève en interne. Et c’est la raison pour laquelle, on est obligé d’aller vers ces institutions pour échanger avec elles».
Il a aussi déclaré que le «combat du Sénégal doit être porté par les Sénégalais sur toutes les questions». «Personnellement, je ne crois pas aux institutions internationales. Je crois fondamentalement au peuple sénégalais, à notre géni propre, à la capacité de nos journalistes de faire des investigations ou à la capacité de notre société civile de faire le travail de l’Union européenne ou de l’Itie ou encore à la capacité de nos universitaires de produire des recherches sur des questions aussi approfondies et fondamentales qui intéressent la société comme le pétrole, le gaz, le processus électoral», a ajouté leader de la «République des valeurs» qui conclut : «ce sont ces questions qui risquent de briser le lien commun qui nous unisse».
«MOI, J’AI UN PETIT PINCEMENT AU CŒUR»
le Professeur Amsatou Sow Sidibé du mouvement politique “Caar Lénéne“ se dit «navrée» pas la sortie tant soit peu tardive de la Mission d’observation des élections de l’Union européenne
Candidate recalée par “Les 7 Sages“ à cause du système de filtre du parrainage citoyen, le Professeur Amsatou Sow Sidibé du mouvement politique “Caar Lénéne“ se dit «navrée» pas la sortie tant soit peu tardive de la Mission d’observation des élections de l’Union européenne. Pour autant, l’ancienne Ministre conseillère, joint au téléphone, est pour la suppression dudit système de filtre pour les locales.
La recommandation faite par la Mission d’observation des élections de l’Union européenne portant sur le parrainage continue de faire couler beaucoup d’encre et de salive. Si du côté du régime, l’on semble vouloir limiter ladite entité européenne sur ses missions d’observations de l’élection présidentielle de février dernier, du côté de certains candidats victimes du système de parrainage citoyen, l’heure est aux regrets. En effet, pour avoir bataillé «bec et ongle» en vain, contre le parrainage dans les réseaux sociaux, dans la presse, au niveau des télévisions, et aussi au sein du Collectif des 23 candidats (C23) de l’opposition, le Professeur Amsatou Sow Sidibé, présidente du mouvement politique Caar Lénéne avoue avoir «un petit pincement au cœur». Elle qui a toujours considéré ledit système comme «un recul démocratique» aurait «tellement souhaité que l’UE réagisse beaucoup plus tôt», dit-elle. Elle estime, en fait, que «ça nous aurait permis d’avoir une élection présidentielle transparente, qui correspond davantage aux vœux des populations. Parce que le parrainage s’est très mal passé».
Toutefois, «il n’est jamais trop tard pour bien faire», semble-t-elle se consoler. En effet, elle rame dans le même sens que la recommandation faite par les observateurs de l’UE, qui estiment qu’il faut supprimer le parrainage citoyen lors des locales. Elle dira à cet effet que «nous sommes favorables à cette recommandation». Pour cause, elle reste persuadée que ledit système «a été à l’origine d’une cassure socio-politique du pays». D’ailleurs, Amsatou Sow Sidibé pense qu’à l’état actuel ladite loi de filtre n’est pas applicable, car, il lui faudra des mesures d’accompagnement. Ce qui nécessite, selon elle, «une concertation beaucoup plus approfondie et inclusive pour voir quels sont les tenants et les aboutissants». Dans tous les cas, soutient-elle, «à cause du parrainage, il n’est pas possible d’organiser les locales en décembre, parce qu’il y a la convention de la Cedeao qui interdit les réformes non consensuelles 6 mois avant l’élection».
L’ancienne ministre conseillère n’a, cependant, pas apprécié la sortie du ministre de l’Intérieur, Aly Ngouille Ndiaye qui refuse que l’UE s’immisce dans les affaires intérieures du Sénégal. Même si elle admet la souveraineté de l’Etat, elle brandit pour autant le principe sacrosaint des Droits humains qui mettent en œuvre une règle : «c’est le devoir d’ingérence», défend-t-elle. Donc, elle pense que «quand dans un Etat, les droits fondamentaux ne sont pas respectés, alors que cet Etat avait ratifié et mis en application les conventions internationales, tous les Etats ont un droit de regard sur ce que fait cet Etat-là».
MACKY RAVALE SA COPIE
A son arrivée au pouvoir, le président voulait réduire le nombre et la taille des agences d’exécution héritées de Wade. 7 ans après, il en est encore à poursuivre le même objectif, pour réduire celles qu’il a lui-même ajoutées sans doute
A son arrivée au pouvoir, Macky Sall voulait réduire le nombre et la taille des agences d’exécution héritées de Wade. 7 ans après, il en est encore à poursuivre le même objectif, pour réduire celles qu’il a lui-même ajoutées sans doute.
Le président de la République a dû, une fois de plus, faire encore le constat de l’échec de l’un de ses programmes phare. En effet, le communiqué du Conseil des ministres nous a appris hier que Macky Sall a exprimé «sa volonté d’engager la rationalisation des agences d’exécution et entités assimilées soit par fusion, soit par mutation juridique en société anonyme ou en établissement public». Le président de la République, d’après le communiqué du conseil, «a, à cet effet, donné des instructions au ministre Secrétaire général du gouvernement, et le ministre des Finances et du budget de lui dresser dans les meilleurs délais, le plan de rationalisation de ces entités et, subséquemment, d’envisager un plan de redéploiement des personnels de ces entités ou un plan social, selon le cas».
On sait que cette «rationalisation» ou dégraissement, a pendant longtemps, été l’une des demandes insistantes des partenaires économiques et financiers du Sénégal, qui les jugeaient pléthoriques et budgétivores. Dès son arrivée au pouvoir, Macky Sall a voulu s’attaquer à ce dossier, en faisant passer certaines d’entre elles à la trappe. On a ainsi constaté la disparition du Fnpj, de l’Anej, de l’Ofejban, de l’Anpt ou de l’Agence chargée des marchands ambulants. Néanmoins, il a fallu aussi relever que l’Anpt a très rapidement fait la place à l’Aspt, à la demande des opérateurs économiques du secteur du tourisme. De même, l’Anpej, qui devait synthétiser le travail des 4 agences chargées de l’emploi des jeunes, s’est aussi retrouvée doublée par la Der, dotée d’un budget très conséquent. A se demander si le chef de l’Etat croit encore à l’utilité de cette structure née de sa propre volonté. De plus, il a créé d’autres agences également, comme celle encadrant les Agents de sécurité de proximité (Asp).
Si, comme noté dans le communiqué du Conseil des ministres, un plan social devait intervenir pour certaines des structures à dégraisser ou à supprimer, on se demande s’il va concerner en priorité tous ces parents et alliés politiques entrés dans ces agences pour servir les intérêts du Dg de la structure. Dans beaucoup de ces structures, les recrutements ne se font plus sur appel à candidatures, a tenu à signaler un agent de l’une desdites agences, qui se rappelait le parcours du combattant qu’avait été son recrutement il y a une dizaine d’années. «Main tenant, notre agence est devenue le déversoir de la commune de…», dit-il en citant le village de son chef. Une manière de dire que le seul critère de recrutement est devenu l’appartenance à ce terroir.
Il reste à espérer que Macky Sall ne fasse pas intervenir, dans un avenir plus ou moins proche, une nouvelle rationalisation de la rationalisation des agences d’exécution. mgueye@lequotidien.sn AGENCES Après une première «rationalisation en 2012» A son arrivée au pouvoir, Macky Sall voulait réduire le nombre et la taille des agences d’exécution héritées de Wade. 7 ans après, il en est encore à poursuivre le même objectif, pour réduire celles qu’il a lui-même ajoutées sans doute. Macky ravale sa copie Par Justin GOMIS La crise n’est pas encore terminée au Syndicat des travailleurs de la justice (Sytjust). La réélection de Me El Hadj Ayé Boun Malick Diop à la tête de la structure, après des mois de tension, n’a pas apaisé les rancœurs de certains de ses camarades, qui contestent sa reconduction. La partie dissidente, qui a boudé le congrès tenu le week-end dernier à Saly, ne le reconnait pas comme Secrétaire général du Sytjust. Selon ces travailleurs de la justice, sa réélection ne s’est pas faite en conformité avec les textes qui régissent le syndicat. D’après eux, elle a été actée en violation flagrante des textes statutaires. Lesquels stipulent que seuls les délégués sont éligibles et électeurs. Mais, à leur grande surprise, le «Secrétaire général a fait fi de ce principe en remplissant la salle de personnes acquises à sa cause dont certains ont voté pour lui alors qu’ils ne sont pas des délégués». Ces contestations irritent Me Ayé Boun Malick Diop, qui «s’est autoproclamé Secrétaire général» du Sytjust. «Mieux au moment où le vote se déroulait, le modérateur principal, Me Ousmane Ba, administrateur de greffe du Tribunal de Commerce de Dakar, s’est abstenu du vote et Me Ayé Boun s’est même permis de l’insulter ainsi que d’autres membres du présidium», dénonce la partie dissidente, qui conteste énergiquement cette élection. En écho à ces accusations, Me Ayé Boun Malick Diop a organisé un point de presse pour «démonter» ces allégations, qui noircissent sa réélection. «Nous sommes là pour la manifestation de la vérité. Il faut savoir que l’élection s’est déroulée sous la supervision d’un représentant du Secrétaire général de notre centrale, il faut recueillir sa version des faits. Nous avons pris la peine d’avoir filmé tout le congrès, et nous comptons le diffuser. L’affaire ne s’est pas terminée en queue de poisson, certainement que mon amie la journaliste dira que c’est un vidéo-montage», a-t-il pesté en répondant à une question posée par une consœur. Démarche défensive, ton élevé, Me Ayé Boun Malick Diop affirme que ses détracteurs «ont choisi d’adopter la politique de la chaise vide au moment du vote». Selon ses accusations, ils avaient «demandé un consensus pour l’obtention de postes dans le nouveau bureau. Ce qu’il leur a été refusé parce qu’on ne peut pas cohabiter avec des saboteurs dans un groupe». Il informe aussi que dans ce groupe «de saboteurs», seule une femme s’acquitte de ses cotisations et dispose d’une carte de membre. «Je ne veux pas d’eux dans ce bureau. Je ne «deale» pas avec eux.
De toute façon, ils savent que s’ils avaient proposé un candidat, je l’aurais battu à plate couture», entonne Me Diop. Malgré le bruit et les contestations, qui s’élèvent, le Secrétaire général du Sytjust estime «que le bureau exécutif est bien légitime et élu selon les textes du syndicat et en présence d’un observateur de la centrale syndicale. Cette confiance qui m’a été renouvelée n’est rien d’autre que le fruit d’un bilan satisfaisant. Cela ne pourrait être que ma reconduction à la tête du bureau exécutif et ça serait illogique qu’autre chose se passe». Il peut savourer sa victoire et rester attentif aux agitations des dissidents, qui n’excluent pas la tenue d’une autre élection, qu’il rejette déjà. «Le faire, c’est s’insulter», dit-il justin@lequotidien.sn JUTSICE La réélection de Me El Hadji Boun Malick Diop contestée Le Sytjust toujours englué dans la crise C’est une alerte du Collectif des médecins en spécialisation (Comes). «Le système de santé national risque d’être privé de 130 futurs spécialistes (gynécologues, pédiatres, cardiologues etc.) faute de bourses de spécialisation», alerte dans un communiqué le président du Comes. Comment en est-on arrivé là ? Dans sa note, les médecins en spécialisation rappellent que «le président de la République a eu la clairvoyance salutaire de miser sur la spécialisation des médecins via l’augmentation des taux des bourses de spécialisation allouées par le ministère de la Santé». C’était en 2018. Et l’objectif poursuivi était de «réduire l’important taux de mortalité lié à une prise en charge suboptimale de la population sénégalaise par un personnel de santé peu qualifié». Plus d’un an après, ils ont déchanté en constatant que les instructions du chef de l’Etat «n’ont pas été respectées. En effet, le ministre de la Formation Professionnelle, via le Fonds de financement à la formation professionnelle et technique (3Fpt), avait la responsabilité d’exécuter ce mot d’ordre en prenant en charge ce paiement».
Selon Dr Hassim Bachir Diop, Président du Comes, «plus de 130 médecins, après avoir abandonné leur contrat de travail pour répondre à l’appel du chef de l’Etat, se sont vu refuser cette bourse de spécialisation. Ce revirement les place non seulement dans une situation de précarité financière mais aussi dans l’impossibilité d’honorer leur frais d’inscription et de poursuivre leur cursus». Cela risque d’avoir des «répercussions dé - sas treuses sur la santé publique» impactant évidemment la «population soufrant quotidiennement du manque criard de personnel de santé qualifié»
Las que la situation n’évolue pas après plusieurs mois de «négociations infructueuses», le Comes envisage «sous peu le dépôt d’un préavis de grève». Et les revendications sont simples : l’octroi de la bourse de spécialisation à tous les inscrits, la rédaction du statut du médecin en spécialisation, le recrutement des médecins en spécialisation en tant qu’agents du ministère de la Santé via des postes conventionnés, affectés au niveau des Chu, l’accès à une Pec médicale pour le Des et sa famille, l’affiliation à l’Institution de prévoyance retraite du Sénégal, le droit au congé de maternité avec traitement d’une durée égale à celle prévue par la législation sur le code du travail et le paiement des émoluments hospitaliers (motivations, astreintes, gardes) en conformité avec la grille salariale des praticiens hospitaliers.
Par Fary NDAO
POUR UNE LOI SUR LA PARENTÉ
EXCLUSIF SENEPLUS - Sur le plan social et démocratique, elle consacrerait réellement l’appartenance des ressources naturelles au peuple et constituerait un garde-fou, une garantie dans la gestion méritocratique et transparente de ces ressources
L ’affaire PetroTim est revenue sur le devant de la scène médiatique nationale. Cette entité détenue par un homme d’affaires roumain ne possédait aucune expérience avérée dans l’exploration pétrolière, ni de capacités techniques et financières lui permettant de respecter ses engagements de travaux dans les deux blocs de recherche qui lui ont été octroyés par décret en juin 2012. De fortes suspicions et interrogations portent sur le rôle joué par M. Aliou Sall, frère du Président de la République, dans ce processus.
La justice, qui s’est saisie de cette affaire, devra édifier les Sénégalais propriétaires de ces ressources naturelles et devra, le cas échéant, sanctionner tout acte illégal.
Le Sénégal n’en est toutefois qu’au début d’une aventure pétrolière qui durera des décennies et doit donc se donner les moyens d’éviter que de tels cas ne se reproduisent. Dans cette optique et afin de préserver les intérêts économiques des Sénégalais ainsi que la paix sociale durement acquise au cours de notre histoire, nous ne pourrons pas faire l’économie d’une loi forte sur les conflits d’intérêts pouvant être liés à la parenté dans les ressources naturelles. En adoptant une telle loi, avant même le début de sa production de pétrole et de gaz, le Sénégal ferait à nouveau exception en Afrique.
Sur l’affaire PetroTim stricto sensu
Au vu de la chronologie des évènements (création de l’entité PetroTim post-signature du contrat et de PetroAsia, supposée maison-mère de PetroTim après cette dernière, disparition précipitée de PetroTim après le transfert de ses titres) et des éléments apportés par le rapport de l’Inspection générale d’Etat en circulation (violation de la procédure initiale d’octroi par M. Karim Wade, rapport précipité et inexact de M. Aly Ngouille Ndiaye), il apparaît que PetroTim n’aurait jamais dû se voir octroyer les blocs de Cayar Offshore Profond et de Saint-Louis Offshore profond car cette entité n’en avait pas les capacités techniques et financières, conditions fixées par notre législation pétrolière. Or, suite aux découvertes de gaz dans ces blocs entre 2015 et 2017 grâce aux travaux de Kosmos Energy, M. Frank Timis, l’homme d’affaires qui détenait directement ou indirectement PetroTim et Timis Corp, par ailleurs plusieurs fois condamné pour trafics et poursuivi pour des faits de corruption, s’en est tiré, sans avoir entrepris la moindre opération pétrolière, avec 250 millions de dollars, montant non démenti par le repreneur BP, ainsi que des royalties potentielles qui pourraient lui être versées à partir de 2022. Concernant ces futures royalties dont pourrait bénéficier Timis, le montant de 10 milliards de dollars évoqué par la BBC et démenti par BP, semble en revanche trop important au vu de la taille des réserves découvertes et de la rationalité économique des projets en cours, en particulier celui gazier de Grand Tortue Ahmeyim (GTA). Quoi qu’il en soit, la justice s’est saisie de ce dossier. Elle devra confirmer ou infirmer les différents chiffres évoqués et situer les responsabilités des uns et des autres. Notre pays doit néanmoins aller plus loin en légiférant sur les conflits d’intérêts pouvant être liés à la parenté dans les ressources naturelles.
Pourquoi faut-il adopter une loi sur la parenté ?
Pour éviter de reproduire les mauvais exemples en Afrique
Adopter une telle loi se justifie d’abord par l’historique de l’immixtion désastreuse des familles de dirigeants politiques dans la gestion des ressources naturelles nationales. En Angola, Isabel Dos Santos, fille de l’ancien Président Dos Santos, entrepreneure bénéficiant de marchés d’Etat avait fini par être nommée Directrice Générale de la société nationale pétrolière (Sonangol). Alors toute puissante, elle y a multiplié les mauvaises décisions économiques et les conflits d’intérêts en relation avec des entreprises dont elle était actionnaire. L’économie angolaise est aujourd’hui dans de grandes difficultés et se relève de plusieurs années de mauvaise gestion de son secteur des hydrocarbures.
En Guinée équatoriale, Teodorin Obiang Nguema, fils du Président Obiang Nguema, et détenteur d’une société privée, la SOMAGUI, bénéficiait à travers celle-ci, selon son gestionnaire de fortune, de virements financiers de plusieurs dizaines de millions d’euros, provenant de l’octroi de concessions pétrolières par l’Etat à des compagnies privées. Ces revenus auraient pu servir à éduquer et à soigner les équato-guinéens dans un pays où les budgets de l’Education et de la Santé à peine 5 % du PIB.
Wilfried Nguesso, le neveu du Président congolais Denis Sassou Nguesso, est sous le coup d’une enquête pour bien mal acquis en France car il y a dépensé plusieurs millions d’euros qui proviendraient de la société congolaise de gestion portuaire, entité qu’il dirige et qui collecte les taxes maritimes payées par les navires de transport de pétrole brut.
Certes, d’un point de vue démocratique le Sénégal a des acquis plus solides que l’Angola, la Guinée équatoriale et le Congo, mais en raison de la confusion des genres entre l’Etat, la famille et le privé, les populations de ces pays où d’importantes découvertes pétrolières ont été effectuées, vivent aujourd’hui de grandes difficultés et connaissent une pauvreté extrême.
Pour bien gérer les futurs revenus du pétrole et du gaz
En l’état actuel des découvertes, le Sénégal ne dispose pas de ressources pétrolières et gazières qui feraient de lui l’équivalent d’un émirat ou qui, en valeur relative, pèseront beaucoup dans l’économie nationale. En effet, une récente étude du FMI, portant sur les retombées potentielles des gisements GTA (gaz) et SNE (pétrole), prévoit que les revenus du pétrole et du gaz constitueront autour de 6 % du PIB sénégalais pour la période 2023-2040, et environ 26 % des recettes d’exportations alors qu’ils constituent respectivement 90, 95 et 99 % des recettes d’exportation au Congo, en Angola et en Guinée équatoriale.
Ainsi, même si les revenus pétroliers et gaziers de GTA et SNE pourraient rapporter autour d’un milliard de dollars par an à l’Etat du Sénégal, soit environ 15 % du budget actuel, ils ne seront pas directement d’un apport significatif dans la structure de l’économie nationale. L’intensité actuelle du débat peut sembler disproportionnée au regard de cette aride réalité des chiffres mais elle est justifiée car ces montants demeurent importants en valeur absolue pour un pays pauvre comme le nôtre. Elle est également justifiée parce qu’il s’agit là de ressources symboliques, nationales sur lesquelles chaque Sénégalais, quel que soit son niveau d’éducation et de connaissances a un droit de regard et même mieux, un droit de propriété. Outre la future loi sur l’encadrement et la répartition des revenus dont le Sénégal se dotera sous peu, adopter une loi restrictive sur les conflits d’intérêts liés à la parenté dans ce secteur serait un acte qui, au-delà de préserver les intérêts du pays, rassurerait les citoyens sénégalais et les partenaires économiques du Sénégal.
Pour se mettre au niveau des standards internationaux de transparence
Une revue du Code minier, du Code pétrolier de 1998 et de son décret d’application, montre que les dispositions luttant contre les conflits d’intérêts liés à la parenté y sont incomplètes voire inexistantes. Or la notion de conflits d’intérêts, particulièrement ceux liés à la parenté, devient une préoccupation majeure dans toutes les grandes démocraties, les organisations internationales et les grandes entreprises. Le Sénégal ne saurait rester en marge de ce mouvement d’ensemble vers plus de transparence, lui qui a adhéré aux normes de l’Initiative pour la Transparence dans les Industries Extractives (ITIE) en 2013.
Aux Etats-Unis par exemple, les fonctionnaires de l’Etat fédéral et tous ceux agissant au nom du Gouvernement dans le cadre de marchés publics ou de contrats sont soumis à une charte intitulée « Ethics & Procurement Integrity » qui proscrit l’octroi ou la signature de contrats par des fonctionnaires en faveur d’entreprises où leur famille (époux, enfants etc.) est partie prenante.
Au sein des multinationales du secteur pétrolier, les procédures de recrutement excluent les liens de parenté entre candidats et recruteurs voire dans certains cas entre candidats et dirigeants de ces entreprises.
Pour assainir le secteur des ressources naturelles et apaiser le climat socio-politique
Sur le plan politique, cette loi épargnerait à la majorité des justifications récurrentes pour absoudre, à tort ou à raison, un dirigeant politique et sa famille. Elle permettrait à l’opposition de veiller davantage à d’autres problématiques centrales de la gouvernance pétrolière comme la surveillance environnementale des opérations, la mise à niveau des ressources humaines de l’Etat, la surveillance effective des coûts pétroliers, l’encadrement de l’utilisation des futurs revenus entre autres enjeux qui ne sont pas moins importants que les procédures d’octroi des blocs. Cela permettrait également aux fonctionnaires, directeurs et ingénieurs de l’administration du secteur énergétique de poursuivre dans la sérénité le travail ingrat mais précieux qu’ils ont entamé depuis des années afin que le Sénégal soit prêt lorsque débutera la production de ces ressources à partir de 2022.
Sur le plan économique, cette loi garantirait au secteur privé national et aux cadres sénégalais de tous bords, notamment dans le cadre du « contenu local », un égal accès aux opportunités d’emplois et d’affaires dans la chaine de valeur pétrolière.
Sur le plan social et démocratique, elle consacrerait réellement l’appartenance des ressources naturelles au peuple et constituerait un garde-fou, une garantie dans la gestion méritocratique et transparente de ces ressources. Il s’agirait de la traduction dans la loi des slogans politiques « Un Sénégal de tous, un Sénégal pour tous » et « Li ñëpp bokk, Ñëpp jot ci ».
Une pétition pour accompagner la proposition de loi sur la parenté
La loi sur la parenté est une loi d’intérêt général qui mettra sur le même pied d’égalité tous les Sénégalais. Elle doit donc être soutenue par tous ceux qui, sans distinction d’appartenance politique, souhaitent voir une gouvernance saine, rigoureuse et dépassionnée des ressources naturelles. Nous devons au moins cela aux générations futures.
Soyons 10 000 citoyens à signer une pétition qui déclenchera et accompagnera la soumission d’une proposition de loi sur la parenté à nos députés. Le pétrole et le gaz sont encore loin sous nos pieds, mais notre destin demeure lui pleinement entre nos mains.
Pour signer la pétition, rendez vous sur : bit.ly/loisurlaparente
Fary Ndao est Ingénieur géologue, auteur de «L’or noir du Sénégal : comprendre l’industrie pétrolière et ses enjeux au Sénégal»