Dakar, 20 juin (APS) - L’affaire Pétro-Tim semble s’enliser, plusieurs journaux de la livraison de jeudi faisant état d’un "nouveau rebondissement" et d’un "cafouillage au sommet", à l’instar du quotidien Vox Populi.
"Cafouillage au sommet", indique ce journal à sa une. "Démentis et confirmation autour des 146 millions versés par Timis à Aliou Sall", écrit Vox Populi, en allusion à la somme qui aurait été versée à Aliou Sall, frère du chef de l’Etat sénégalais, cité dans une affaire de corruption dans l’attribution de contrats pétroliers au Sénégal.
Cette affaire est partie d’un documentaire publié le 3 juin dernier par la chaîne publique britannique BBC, dont l’enquête intitulée "Sénégal : Scandale à 10 milliards", défraie la chronique depuis plus de 15 jours, alimentant notamment le débat politique.
La BBC affirme démontrer comment la société de Frank Timis s’était vue retirer puis réattribuer une autorisation d’exploration après l’accession au pouvoir du président actuel Macky Sall, à l’appui de ses soupçons de corruption.
Le gouvernement a battu en brèche ces allégations, parlant notamment du reportage de la BBC comme d’un "tissu de contrevérités […] destinées volontairement à manipuler l’opinion et jeter le discrédit sur le gouvernement et l’État du Sénégal".
Mais à mesure que l’affaire s’installe dans les débats, les médias pointent des contradictions dans les réactions des officiels. "Cafouillage au sommet de l’Etat", écrit par exemple Vox Populi, qui a la même lecture de la situation avec beaucoup d’autres journaux.
"L’odeur du pétrole a certainement shunté les esprits parce que pour une accusation de la BBC sur les 250.000 dollars de Mayeni Jones (l’auteur de l’enquête) accuse Timis d’avoir versé à Aliou Sall à travers la société Agritrans, les versions diffèrent", avance le journal.
Si Aliou Sall ne cesse de répéter n’avoir "jamais reçu cette somme venant de Timis ou ses alliés", El Hadj Kassé, le responsable de la communication de la présidence de la République, a lui déclaré à TV5 : "D’après les informations que j’ai...cette somme a été virée dans une société Agritrans de M. Sall pour le paiement d’une mission de consultation dans le secteur agricole".
Il n’en fallait pas plus pour Vox Populi et les autres journaux, dont L’Observateur. "Cacophonie autour de Aliou Sall", souligne par exemple ce dernier quotidien, pointant des "contradictions au sein du pouvoir".
"Encore une fois, le pouvoir s’est emmêlé les pinceaux dans une nouvelle tentative de se laver des accusations de corruption présumée dans l’affaire Aliou Sall-Timis. Notamment dans l’affaire du présumé pot-de-vin versé dans les comptes de la société Agritrans", écrit L’Observateur.
"El Hadj Kassé enfonce les Sall", reprend Walfquotidien selon lequel la stratégie de riposte des autorités dans cette affaire Pétro-Tim "accouche de contradictions".
"Alors que le principal mis en cause, Aliou Sall, nie le +transfert imaginaire de 250.000 dollars+, El Hadj Hamidou Kassé, le ministre-conseiller en communication de Macky Sall qui s’est prononcé sur cette affaire qu’il qualifie de +privé+, confirme le virement. Lequel, argue-t-il, était destiné à honorer une consultation dans le secteur agricole", indique Walfquotidien.
Dans ce contexte, le quotidien L’As fait état d’une tendance haussière du prix du Brent, ajoutant que "l’Etat du Sénégal ne peut plus supporter la subvention qui passe de 54 milliards à 107 milliards pour les pétroliers et 150 milliards à Senelec", la société nationale d’électricité, en raison de la "flambée du prix du pétrole et du gaz oil".
Les mesures d’économie sont donc les bienvenues avec l’annonce la deuxième phase de rationalisation des agences de l’Etat, une information traitée notamment par Vox Populi et le journal Le Quotidien, après "un premier coup qui s’était soldé par la déflation de beaucoup de travailleurs qui s’étaient d’ailleurs constitués en collectif (...)", relève le premier deux journaux.
"A son arrivée au pouvoir, souligne également Le Quotidien, Macky Sall voulait réduire le nombre et la taille des agences d’exécution héritées de Wade. 7 ans après, il en est encore à poursuivre le même objectif, pour réduire celles qu’il a lui-même ajoutées sans doute".
Un autre sujet en exergue, c’est celui qui concerne le contrat d’affermage de l’eau attribué à la multinationale française Suez, au détriment de la Sénégalaise des eaux (SDE) qui a annoncé avoir décidé de saisir la Cour suprême pour faire annuler cette décision, rapporte Le Témoin quotidien.
"La SDE ne sera pas spoliée", déclare le président de son conseil d’administration, Mansour Kama, dont les propos font la une de plusieurs quotidiens dont Kritik’.
Selon ce quotidien, le conseil d’administration de la SDE a convoqué une conférence de presse pour "alerter les partenaires financiers sur les irrégularités d’un octroi opaque et vicié au détriment des consommateurs. Un pool d’avocats a été commis à l’effet de porter le combat sur le plan de la justice".
La SDE fonde son recours sur "le surcoût pour les consommateurs de 42 milliards de francs CFA sur la période du contrat d’affermage de 15 ans, la différence entre les offres et le conflit d’intérêt manifeste avec sa filiale Suez International, constructeur de l’usine d’eau potable KMS3", située à Keur Momar Sarr, dans le département de Louga (centre-ouest), détaille Kritik’.
"Le combat suprême", affiche à ce sujet le quotidien Enquête. La SDE, adjucataire du marché de la distribution de l’eau au Sénégal "depuis 1996, refuse toujours d’avaler l’amère pilule de l’attribution dudit marché à son concurrent, Suez, suite à une longue et pernicieuse procédure d’appels d’offres", explique Le Témoin Quotidien.
Il ajoute que la SDE "poursuit son combat à la Cour suprême, après le rejet de son recours par l’ARMP", l’Autorité de régulation des marchés publics. "Elle demande aux bailleurs de fonds de se prononcer sur la question, étant à l’origine de l’appel d’offres international pour le contrat d’affermage de l’eau".
Dialogue Politique
Le fast track auquel appelle le Président Macky Sall de tous ses vœux n’est nullement adopté par les acteurs du dialogue national. Alors que le président Famara Ibrahima Sagna et son équipe marchent à pas de caméléon, la commission politique du général Niang avance en titubant. Lancé depuis le 28 mai dernier par le chef de l’Etat avec une forte dose de communication, le Dialogue est pratiquement au point mort. Jusque-là, la commission politique peine même à s’entendre sur le destinataire du rapport final alors que le débat autour du code de conduite n’est même pas encore épuisé. Avant-hier, le coordonnateur du pôle de l’opposition Déthié Fall et son adjoint Saliou Sarr (Khalifiste) ont systématiquement refusé que le ministère de l’Intérieur soit le destinataire du rapport. Aussi, ont-ils exigé non seulement qu’un décret soit pris pour l’exprimer clairement, mais aussi que tous le processus électoral fasse l’objet de débat. La majorité qui, jusque-là, avait fait le dos rond, n’a pas voulu en entendre parler. Ce matin donc, l’on saura si le dialogue politique va se poursuivre ou pas.
L’opposition menace de quitter le dialogue politique
De lourdes menaces planent sur le dialogue que le Général Mamadou Niang pilote. Pour cause, le Front de résistance nationale (Frn) qui a accepté la main tendue du président Macky Sall risque de bouder les rencontres si les autorités continuent de réprimer les manifestations pacifiques de la plateforme «Aar li nu bokk». Dans un communiqué, le Front, qui dénonce la répression du rassemblement de vendredi dernier pour protester contre la spoliation éhontée dont nos ressources pétrolières et gazières sont l’objet, interpelle le chef de l’Etat. Les membres du front disent avoir pris déjà position par rapport à ce scandale qui défraie la chronique et dont le peuple sénégalais risque d’être le seul perdant. Toutefois, cela n’a pas empêché le Front de répondre positivement à l’appel du chef de l’Etat pour un dialogue avec l’opposition. Ce faisant, le Front a voulu réitérer son engagement à restaurer les principes et la pratique démocratiques au Sénégal. Cependant, le Front condamne avec la dernière énergie cette politique de répression systématique des libertés démocratiques, et notamment de la liberté constitutionnelle de manifester et de marcher. Ils mettent en garde le Gouvernement et préviennent qu’ils ne sauraient tolérer la persistance d’un tel état de fait. Le Front avertit le président Sall que le dialogue n’aurait guère de sens pendant que des sections du peuple sont réprimées du seul tort qu’elles ont de faire prévaloir leurs droits constitutionnels. Surtout que toutes ces questions sont inscrites au menu des concertations en cours et à venir. Le président Sall est invité à faire encadrer les rassemblements.
Les menaces du Cnra
Le Conseil national de régulation de l’audiovisuel (Cnra) met en garde les télévisions et les radios contre toute retransmission, distribution ou diffusion illégale des matchs de la coupe d’Afrique des nations Egypte 2019. L’organe de régulation rappelle que la retransmission, la distribution et la diffusion des compétitions sportives internationales sont conditionnées par l’acquisition de droits qui y sont relatifs. Ainsi le Cnra invite les éditeurs et distributeurs ne bénéficiant pas d’autorisation de commercialisation, de distribution et de diffusion, à respecter les droits des opérateurs qui ont acquis des droits de retransmission, de distribution et/ou de diffusion des matchs. Le Cnra avertit que le non-respect des règles relatives à la concurrence expose les contrevenants à des sanctions pécuniaires ainsi qu’à une suspension temporaire des émissions et les sanctions encourues peuvent même aller jusqu’au retrait de la licence.
Imam Ahmat Kanté se retire de «Arlinu bokk»
Dissidence à la plateforme «Aar li nu bokk». L’imam Ahmadou Makhtar Kanté a annoncé son retrait de la plateforme pour des raisons personnelles. L’imam de la mosquée du Point E précise, toutefois, qu’il ne renonce pas à la lutte. Le religieux dit rester dans la citoyenneté active bien entendu. Il justifie son retrait par «un certain état d’esprit qui semble de plus en plus dominer cette plateforme, ainsi que les méthodes de lutte qui sont mises en œuvre».
Plus d’un million de drépanocytaires
La drépanocytose est un véritable problème de santé publique. Cette maladie anémique touche un grand nombre de Sénégalais. Aujourd’hui, plus d’un million de personnes souffrant de cette maladie rencontrent des difficultés pour se soigner. Car le Sénégal ne dispose que de deux centres de traitement qui se trouvent à Dakar. En plus de la rareté des centres, il y a le manque de médecins spécialisés. Pire, la prise en charge reste inaccessible pour nombre de Sénégalais. Parce qu’elle tourne autour de 500 mille francs par personne et par année. Pour le président des personnes vivant avec la drépanocytose, Maguèye Ndiaye, la maladie fait souffrir financièrement et psychologiquement. Maguèye Ndiaye doute des statistiques parce qu’à chaque journée de dépistage gratuite, on dénombre 11% de drépanocytaires. A l’en croire, certaines familles peinent à assurer la prise en charge médicale de leurs membres qui compte 4 malades.
Un vigile ligoté et tué
Le vigile Daouda Guissé âgé de plus d’une soixantaine d’années, père de 6 enfants a été ligoté et battu à mort dans la nuit de mercredi à jeudi à Thiaroye Tally Diallo. Ses bourreaux ont défoncé un magasin et emporté avec eux des bidons d’huile. Daouda Guissé surveillait une gare de carrosserie en face du magasin cambriolé. La police scientifique était sur les lieux pour faire des prélèvements pour faciliter le travail aux enquêteurs. Le corps sans vie a été déposé par les sapeurs-pompiers à l’hôpital de Grand Yoff.
Les cadres de Benno sortent du bois
Les cadres de Benno Bokk Yakaar s’inquiètent de la nouvelle polémique née de la diffusion par la BBC d’un documentaire sur la gestion des ressources naturelles au Sénégal. Selon eux, cette affaire annonce fatalement, « une nouvelle forme de menaces plus violentes et plus complexes avec des relents financiers et économiques ». Pour les cadres de la mouvance présidentielle, cette première attaque à peine voilée de la BBC, confirme que nous entrons dans une nouvelle ère, à haut risque. Ils dénoncent la tentative de l’opposition de s’engouffrer dans la brèche pour «vouloir renouer le fil du dialogue avec le peuple après sa cuisante défaite à la Présidentielle de 2019».
Abdoul Mbaye saisit le patron de la Dic
L’ancien Premier ministre tient à être entendu dans l’affaire de la cession des blocs Cayar et Saint-Louis Offshore. Abdoul Mbaye veut apporter sa contribution dans l’éclatement de la vérité dans cette affaire Pétrotim impliquant le frère du chef de l’Etat, Aliou Sall. Zappé de la liste des convoqués de la Division des investigations criminelles (Dic), Abdoul Mbaye a saisi d’un message épistolaire le Directeur de la Dic pour être auditionné. Dans la note dont «L’As» détient une copie, l’ancien chef du gouvernement rappelle les instructions du procureur de la République qui consistent à auditionner toutes les personnes susceptibles d’apporter des éléments dans l’affaire relative à l’octroi des permis pétroliers au groupe de sociétés Pétroasia, Pétro-tim et Timis corporation limited. Il informe le patron de la Dic de sa disponibilité à être entendu pour mettre à sa disposition les informations en sa possession, et qui sont pour l’essentiel dans sa lettre-plainte déposée sur le bureau du procureur de la République depuis le 14 février 2018.
Menace sur la manifestation de vendredi
Restons avec la plateforme «Aar li nu bokk» pour dire que tout porte à croire que sa manifestation de vendredi prochain sera interdite. Puisque depuis le dépôt de sa lettre d’information le 17 juin, les signataires de la déclaration de manifestation n’ont pas été convoqués par la police pour les formalités d’usage. Ils interpellent l’autorité préfectorale sur cet état de fait. Ils rappellent aussi au préfet que toute interdiction d’une manifestation qui ne permet pas au juge de se prononcer dans les délais de 48 heures est une violation de la loi. A cet effet, la plateforme l’invite à respecter la loi et la Constitution du Sénégal pour une fois, en prenant toutes les dispositions requises pour encadrer la manifestation pacifique prévue le 21 juin. Au cas contraire, préviennent-ils, l’opinion nationale et internationale le tiendra responsable d’éventuels troubles à l’ordre public.
Une femme mariée étrangle à mort son bébé …
Mariée et mère deux enfants jumeaux, Aïssatou Sow alias Aida Souko a contracté une grossesse de la part de son mari. Abandonnée par ce dernier, elle décide de garder le secret jusqu’au jour de son accouchement. Ainsi, dans la nuit du 5 au 6 septembre 2014, elle ressent des contractions dans sa chambre et sort pour se rendre au puits. Sur place, elle accouche, sans assistance, d’un enfant de sexe féminin. Aussitôt après la délivrance, la dame étrangle à mort le nouveau-né et le jette dans le puits. Les éléments de la gendarmerie de Diamniadio, alertés par des maçons qui ont fait la découverte macabre, ouvrent une enquête qui a permis l’arrestation de Aïssatou Sow. Attraite hier à la barre de la Chambre Criminelle de Dakar pour infanticide, l’accusée a reconnu les faits qui lui sont reprochés. Pour se défendre, Aïssatou Sow explique son acte par la pauvreté. «Je n’arrive pas à nourrir convenablement mes jumeaux. Je suis obligée de mendier pour les nourrir. Leur père qui se trouve être mon époux nous a abandonnés», dit elle.
…et le jette dans un puits
Selon le parquet, ce crime est d’une barbarie inouïe. «Elle n’avait pas que cette solution à portée de main. Elle était mariée et vivait avec ses frères. Par le passé, elle avait eu un enfant naturel. Par peur des regards extérieurs, elle a choisi de dissimuler sa grossesse avant de tuer son nouveau-né. Elle ne mérite même pas des circonstances atténuantes. Elle a opté pour la facilité. La strangulation était tellement violente. Elle n’avait pas l’intention de garder son enfant en cachant sa grossesse», indique le maitre des poursuites qui a requis 7 ans de travaux forcés contre l’accusée. L’avocat de la défense a plaidé une application bienveillante de la loi. «Personne n’est d’accord de ce qu’elle a fait. Elle n’aurait pas dû. Malgré la gravité de son acte, elle a coopéré. Elle a toujours avoué son crime. Face à une situation pareille, seule une personne honnête peut agir de la sorte», souligne la robe noire qui considère que sa cliente n’a connu que des difficultés durant son existence. «A l’âge de 10 ans, elle perd ses parents. A 26 ans, elle se marie et donne naissance à 2 jumeaux. Par la suite, elle est abandonnée par son époux», a clame l’avocat. Délibéré le 3 juillet prochain
Le 15 février 2018, nous alertions l’Exécutif et l’Assemblée Nationale sur le danger de signer des conventions de "non double imposition - Malgré notre insistance, la majorité mécanique s'est empressée d'adopter sans réserve le projet de loi
Plénière à l'Assemblée nationale lors du vote de la loi n°2018/08 autorisant le Président de la République à ratifier la convention entre le Gouvernement de la République du Sénégal et le Gouvernement du Grand-Duché de Luxembourg pour l’élimination de la double imposition et la prévention de l’évasion fiscale (sic!) en matière d’impôts sur le revenu.
Le 15 février 2018, nous alertions l’Exécutif et l’Assemblée Nationale sur le danger de signer des conventions de "non double imposition" qui lieraient le Sénégal à des pays avec statut de paradis fiscaux (Ile Maurice, Luxembourg, ...). Nous avions, à cette occasion, soulevé le risque encouru par l'État, du fait des entreprises évoluant dans le secteur pétrolier notamment. C’est le cas de Petro-Tim Ltd & PetroAsia NewCo qui sont tous les deux domiciliés aux Iles Caïmans sous les matricules 265741 & 270031.
Malgré notre insistance, la majorité mécanique s'est empressée d'adopter sans réserve le projet de loi le même jour, certains élus allant même jusqu'à féliciter l’ex Ministre de l'Économie, des Finances et du Plan d'avoir "décroché" une convention avec un "paradis" fiscal !
Cette précipitation ne s’expliquait finalement que par la volonté de masquer leurs magouilles sur la gestion de nos ressources naturelles.
Un pays ne se gère pas dans la ruse et le tâtonnement.