Diplômé en sciences politiques de l’université de Montréal, Mba de Hec Montréal, il a occupé les fonctions allant de chef de section de la formation au Bom jusqu’aux postes de ministre directeur de cabinet de Monsieur le président de République et de Ministre en charge du suivi du Pse. Tout au long de sa riche carrière, il a eu à occuper les fonctions de directeur administratif, secrétaire général, directeur général de la Lonase, délégué général à la réforme de l’état, directeur général du Bom. a ce titre, il a eu à conduire plusieurs études portant sur les réformes dans l’administration publique sénégalaise. la polémique soulevée par le reportage de la bbc et qui place l’inspection générale d’état au cœur du débat, nous donne le prétexte d’évoquer avec lui le rôle et la place des organes de conseil et de contrôle de l’état dans le processus décisionnel du président de République.
Abdoul Aziz Tall, quelle importance pourrait-on accorder à ce rapport de l’IGe dans ce supposé scandale sur le pétrole et le gaz ?
En parlant de ce rapport, je voudrais tout d’abord me désoler que des extraits en soient publiés sur l’espace public, alors qu’il est par définition exclusivement destiné à Monsieur le Président de République. C’est très grave, parce que c’est la preuve que le caractère hermétique qui a toujours prévalu au niveau de certaines institutions est en train de voler en éclat. Ce qui naturellement, peut contribuer à démythifier et à discréditer ces dernières et par-delà, toute l’administration sénégalaise. L’âme d’une République réside dans son caractère sacré. Cela dit, les rapports de l’Ige, du Bom comme ceux du contrôle financier ont toujours été produits en nombre d’exemplaires très limités. Et pour autant que je me souvienne, on s’organisait pour que chaque exemplaire ait un signe distinctif, de sorte que s’il y avait fuite, (ce qui était très rare) il était relativement aisé d’en identifier l’origine.
Comment expliquez-vous ce relâchement au niveau de ces grands corps d’état?
Je me garderai d’utiliser le terme de relâchement pour parler de cette prestigieuse institution qui est placée au sommet de la hiérarchie des corps de notre administration. Mais de façon empirique, il est aisé de constater que le mode de recrutement n’obéit plus à la même rigueur que par le passé. Il y a eu avant l’an 2000, nombre de concours d’entrée à l’IGE pour lesquels, aucun candidat n’était admis, tant la sélection était rigoureuse. Mais, une des particularités de l’institution est que l’on peut y accéder aussi par ce que l’on appelle «le tour extérieur» qui est une voie à travers laquelle le Président de la République lui-même, peut désigner de hauts fonctionnaires pour intégrer ce prestigieux corps. Il se trouve qu’il y a une période où l’accès à l’IGE a connu beaucoup de figures par cette voie, au point de briser le ratio qui voudrait que les 2/3 de son effectif soient issus du concours direct et professionnel et que seul l’autre 1/3 soit réservé à l’accès par le tour extérieur. Cette disproportion dans les conditions d’accès a pu très certainement avoir une incidence sur la rigueur et les exigences du fonctionnement de ce prestigieux corps.
Oui, on a même entendu parler de promotion-récompense à travers ce tour extérieur
Le Président de la République étant seul habilité à nommer les fonctionnaires en vertu de son pouvoir discrétionnaire, que l’on se garde de qualifier ses choix.
Pour en revenir au fameux rapport qui défraie la chronique, quelle appréciation en faites vous ?
Je ne peux pas apprécier un rapport dont je n’ai aucune connaissance du contenu. Toutefois, ce qui intéresse le conseiller en organisation que je suis, soucieux du respect des procédures, c’est de savoir si le rapport en question a effectivement obéi à toute la procédure en vigueur en matière de vérification. Un rapport de l’Ige, pour être crédible, doit obéir aux normes en vigueur en matière de vérification. Cela dit, il est extrêmement important que l’opinion comme tous ceux qui brandissent ce rapport, pour soutenir une plaidoirie à charge, comprennent que les institutions comme l’Ige, le Bom, le contrôle financier, sont des organes d’aide à la prise de décisions au service de Monsieur le président de la République. Les rapports qu’elles déposent sur son bureau n’ont aucun caractère coercitif ou contraignant à son endroit.
Expliquez-vous !
Lorsque le Président de la République veut prendre une décision, il peut demander par exemple à l’un de ces corps de lui étudier le sujet, en fonction de son domaine de compétence et de lui fournir des éléments d’appréciation sur la décision qu’il va prendre. Ces organes qui sont techniquement outillés, vont chercher sur le terrain les informations nécessaires pour éclairer la décision du chef de l’Etat. Après lui avoir présenté la situation, c’est-à-dire décrit les faits, ils en font l’analyse avant d’en tirer des recommandations. C’est l’ensemble de ces recommandations qui sont consignées dans un rapport à soumettre à Monsieur le Président de République. La finalité de l’exercice est donc de réduire les risques d’erreurs dans les décisions de l’autorité.
Est-ce que ces recommandations s’imposent à Monsieur le président ?
Justement non ! Il peut y avoir au moins trois cas de figure dans la suite à apporter à ces rapports. Premièrement, le Président peut approuver l’ensemble des recommandations. A partir de ce moment, celles-ci passent du stade de recommandations à celui de directives, à faire exécuter par les acteurs et institutions concernés par le rapport. Deuxièmement, le Président peut approuver une partie des recommandations et en rejeter d’autres. Alors, celles qui sont approuvées font l’objet de directives comme dans le premier cas de figure. Enfin, restent les recommandations qui ne sont pas approuvées par le Président et qui peuvent, soit faire l’objet d’une demande d’investigation complémentaire plus approfondie, ou simplement classées sans suite. En d’autres termes il n’y a aucun rapport dont l’application intégrale s’impose à Monsieur le Président de la République.
Comment expliquez-vous ce décalage qui peut exister entre les conclusions des corps de contrôle et de conseil, et le niveau d’appréciation de leurs recommandations par le chef de l’état ?
Il faut d’abord dire que le processus que je viens de vous décrire relève du schéma classique. Mais je m’empresse de préciser qu’il est très rare que le Président ne soit pas en phase avec les recommandations de ses organismes d’aide à la prise de décisions. Seulement la philosophie que je voudrais que l’on retienne de cette démonstration, est que le Chef de l’état n’a aucune contrainte au plan réglementaire, à appliquer une recommandation d’un organe de conseil ou de contrôle.
Pouvez-vous donner une explication à cela ?
Vous savez, ce n’est pas par hasard que l’on dit que le président de la République est «l’homme le plus informé du pays». Cela veut dire qu’au même moment où il commandite un rapport, il peut lui-même disposer d’un certain nombre d’informations sur l’objet de sa requête. Des informations dont ne dispose pas forcément l’organisme mandaté. Dès lors, il s’agira pour lui, de confronter ses propres informations à celles qui lui sont présentées pour mieux asseoir sa décision. C’est ce qui explique qu’il peut ne pas retenir une recommandation, même si celle-ci peut paraître évidente a priori. Cela peut être pour des raisons liées à d’autres considérations, comme la sécurité, des questions de raison d’état ou autres. A titre d’exemple, je vous dirais qu’il était très rare que le Président Abdou Diouf rejette des recommandations issues des rapports du Bom.
Comment expliquez vous cela ?
D’abord parce qu’on y mettait énormément de soins avant de les lui soumettre, mais nous savions également qu’il prenait lui-même le temps de les lire, de les annoter et éventuellement même de corriger les fautes de frappe ou la ponctuation. Quand on lui soumettait un rapport de plus de 100 pages le vendredi, il nous revenait au plus tard la semaine suivante, avec des observations précises. Et c’était là, la principale source de motivation des agents du Bom. Par rapport à notre statut, nous n’étions pas bien rémunérés, mais nous avions la satisfaction et la motivation de participer au processus décisionnel de Monsieur le Président de République.
Pouvez-vous nous donner quelques exemples de rejet de recommandations par le président.
Comme je vous l’ai dit, il était très rare que des recommandations du Bom soient rejetées. Il y avait des conseillers de très haut niveau au plan intellectuel, solidement ancrés dans les valeurs républicaines, la culture et le sens de l’état, sortis de très grandes écoles de management des Etats-Unis, du Canada et de France, dont certains comme Djibril Ngom, Wahab Talla, André Sonko, Mouhammad Sall Sao ,Tidiane Sylla, Amy Sakho, Pathé Ndiaye et bien d’autres que je pourrais pas tous nommer ici (mais qui sont tout aussi valeureux) , se sont particulièrement distingués dans ces grandes écoles. C’étaient aussi des fonctionnaires rigoureux et motivés, dont la vocation première était d’abord de servir l’état. Bien entendu, ils avaient en retour une oreille attentive de la part de l’autorité supérieure dont ils recevaient régulièrement le feedback de leurs activités. Dans notre administration d’aujourd’hui, il y a beaucoup de déficit en matière de culture d’Etat. Et c’est peut-être cela qui explique les dérives constatées dans l’attitude de certains fonctionnaires. Au niveau de L’Ige également, on a connu des fonctionnaires émérites tels que Sirecondi Diallo, Youssuf Ly, Ousmane Ndiaye, Mouhammad El Moustapha Diagne qui a été le dernier ministre des finances de Abdou Diouf, Abdou Karim Guèye dont l’expertise a été plusieurs fois sollicitée au plan africain, et bien sûr, d’autres qui ont fait les beaux jours de cette prestigieuse institution. On pouvait dire la même chose de la qualité des agents du contrôle financier et sur leur profond sens de l’état. Il y avait une complicité positive dans le travail entre les agents de ces institutions du fait de missions conjointes qui pouvaient les réunir dans certaines circonstances.
Je reviens sur un exemple de recommandation non retenue. Pouvez-vous nous en donner au moins un échantillon ?
Je constate que vous tenez beaucoup à avoir un exemple. Je vais vous le donner à travers cette anecdote. C’est lorsqu’ un jour Pathé Ndiaye, mon directeur de l’époque m’avait demandé à travers une consultation, de faire des recommandations à Monsieur le Président de la République, relativement à une situation où deux ministères revendiquaient chacun la tutelle d’une Direction générale, dont les activités étaient voisines à celles de leurs attributions. J’avais traité le dossier avec diligence et selon les règles et normes d e s sciences administratives, pour arriver à soumettre une recommandation en faveur d’un des ministères. Mais à ma grande surprise, la recommandation ne fut pas retenue par le Président Diouf. Et ce n’est que plus tard, sans qu’il n’eût été obligé de le faire, mais certainement par courtoisie et par l’amitié qu’il avait à mon endroit, il a trouvé le moyen de m’expliquer les motivations de son choix qui, croyez moi, n’avaient absolument rien à voir a priori, avec le sujet traité. C’était lié plutôt à une question d’intérêt vital pour la sécurité de notre pays. Vous voyez comment on peut dans certaines circonstances être emmené à prendre des décisions à partir de considération que seul le preneur de décisions est en mesure d’expliquer. Toutefois, il faut relever qu’autant le Président pouvait rejeter des décisions, autant il pouvait revenir sur des décisions suite à des recommandations du BOM.
Terminons avec ces fuites constatées de plus en plus dans l’administration. Vous les avez déplorées au début de cet entretien. Comment, l’expliquez-vous ?
Quelle que soient les circonstances, le fait de divulguer une information confidentielle n’honore pas le fonctionnaire qui en est l’auteur. Je vous renvoie à une contribution intitulée «que reste t-il de l’obligation de réserve ?» que j’avais consacré à ce sujet, il y a de cela quelques semaines, et dans laquelle je m’indignais du non-respect de l’obligation de réserve de la part de hauts fonctionnaires ayant quitté leur fonction. Je rappelle juste que l’obligation de réserve est une restriction de la liberté d’expression qui s’applique aux agents du service public, en particulier les hauts fonctionnaires. Que l’on soit en position de retraite, de détachement ou même en activité sur le champ politique, la référence à ces valeurs et le respect de ces règles d’éthique et de déontologie s’imposent à tous ceux qui détiennent ou ont détenu une parcelle de pouvoir ou d’autorité dans la gestion des affaires publiques.
L’ECOLE, UN PROBLEME GLOBAL
Le rapport annuel de performance 2018 du ministère de l’Education nationale a été présenté à l’occasion de la 6ème revue annuelle du Programme d’amélioration de la qualité, de l’équité et de la transparence (Paquet).
Loin de la rhétorique courante que les grèves ont enfoncé l’école publique dans une crise profonde, le rapport fait état d’une panoplie d’indicateurs d’une école qui cherche désespérément le bout du tunnel de la qualité. Tous les cycles ont des problèmes qui plombent leur envol. L’absence de l’atteinte de seuils de performance est inquiétante. Le développement intégré de la petite enfance souffre d’une insuffisance de son budget. L’élémentaire enregistre une faiblesse du taux de réussite, 55,51%. Le taux de redoublement reste très élevé dans le moyen (21,6%) et secondaire (17,60%) en 2017. Sans oublier une politique de promotion des sciences qui prend du plomb dans l’aile.
UN DIPE SOUS FINANCE
Le développement intégré de la petite enfance devrait connaitre une retouche dans son pilotage, son mode de fonctionnement et son financement. Voilà un sous-secteur de l’éducation qui refuse de prendre des ailes. L’agence nationale de la case des tout-petits (Anctp) connaît une instabilité institutionnelle sans précédent. Du ministère de la Bonne gouvernance et de la Protection de l’enfant, cette structure est désormais logée au ministère de la Femme.
En tout cas le sous-secteur du développement intégré de la petite enfance (Dipe) peine à sortir de la tête de l’eau, à l’heure de la mise en œuvre de la loi relative à l’obligation scolaire. Dans le rapport de performance, il est clairement mentionné la faible progression de la préscolarisation et l’insuffisance du budget alloué au Dipe. La baisse de la couverture des cantines constitue un des facteurs bloquants de l’amélioration de la qualité des apprentissages du préscolaire. Seuls 41% des structures communautaires disposent de conditions propices à l’épanouissement et à la réussite des enfants âgés de 0 à 5 ans. La non disponibilité des statistiques est un handicap du Dipe. En effet, nous notons dans le rapport de performance des prévisions quand il s’agit de déterminer la part du budget du programme petite enfance et éducation préscolaire alloué au secteur de l’éducation et de la formation (1,70% prévu). C’est valable aussi pour la part des collectivités territoriales (0,42% prévu) dans le financement du programme petite enfance et éducation préscolaire. Pilotage à vue ou légèreté ? Tout porte à croire que les autorités n’accordent pas une attention particulière et veulent pourtant, dans les recommandations, une allocation de ressources conséquente.
FAIBLE TAUX DE REUSSITE AU CFEE : 55,51% EN 2019
Au niveau de l’élémentaire, les résultats des élèves à l’examen du certificat de fin d’études élémentaires (Cfee) constituent la base de lecture du rapport de performance. 55,51% des élèves ont réussi à décrocher le premier diplôme de l’élémentaire. Les autorités reconnaissant la faiblesse du taux de réussite du Cfee, à l’heure de la promotion d’une éducation de qualité. Le rapport affiche une régression du taux d’achèvement et du taux d’exécution des dépenses d’investissement. Sur les enseignements apprentissages, le rapport recommande un renforcement de capacités des enseignants en didactique de la lecture et des mathématiques et encadrer davantage le premier intrant pédagogique à la remédiation et du soutien scolaire.
MOYEN ET SECONDAIRE EN DEÇA DES OBJECTIFS
Dans l’enseignement moyen général, le rapport confirme la situation d’une école sénégalaise presque à genou. Le taux de redoublement est très élevé dans ce cycle. 17,60% des élèves ont redoublé en 2017 pour un taux de survie en troisième de 70,4% de la même année. Sur l’accroissement de l’accès à l’enseignement, le taux de transition de CM2 à 6ème est de 68,20% en 2017. La direction de l’enseignement moyen secondaire général fait état d’une légèreté dans la mise à disposition des statistiques. Sinon comment comprendre que le rapport présenté devant tous les acteurs du système, met en exergue des statistiques de 2017, alors qu’il était question dans une revue annuelle, d’évaluer et de dégager quelques recommandations pour l’année écoulée. Mieux encore, sur quelle base le taux de réussite de 52,11% au Bfem peut être logé dans le lot des forces de l’enseignement moyen, alors qu’il a été retenu que 80% des enseignements apprentissages soient maitrisés par 80% des apprenants dans le document normes et standards de qualité en éducation et en formation de février 2013 du ministère de l’Education nationale. Autrement dit, 47% des élèves échouent au Bfem, tout comme 45% des candidats échouent au Cfee, à l’orée de la mise en œuvre des 10 ans obligatoires à l’école et de la promotion d’une éducation de qualité. Ce qui explique un faible taux d’accès au secondaire. A l’enseignement secondaire général, le taux de redoublement prend la courbe ascendante. Il est de 21,6%. Ainsi, il est recommandé de procéder au renforcement des capacités des professeurs en évaluations des apprentissages et à la remédiation et de veiller par ailleurs, au respect strict des évaluations standardisées.
De manière plus globale, le rapport le Rapport national de l’année 2018 sur la situation de l’Education (RNSE), en attendant sa publication, fait état «d’un échec» de la mise en œuvre des programmes publics. «L’école sénégalaise enregistre un taux d’abandon de 10,61% au plan national, tandis que le taux de redoublement, était de 3,68%. Les taux de déperdition élevé peuvent s’expliquer par l’existence d’écoles à cycle incomplet, les entrées tardives, la pauvreté des ménages et les mariages précoces», lit-on dans le contexte des termes de référence de la semaine nationale de l’école de base.
A titre d’exemple d’une stratégie «incomprise» de transmission du savoir, la dernière évaluation internationale réalisée en 2014 dans le cadre du Programme d’analyse des systèmes éducatifs de la CONFEMEN (Pasec) confirme le niveau bas des élèves. «En CP, seuls 28,9 % des effectifs considérés ont atteint le seuil «suffisant» de compétence. Ce faible taux pourrait s’expliquer par les difficultés qu’éprouvent les élèves en compréhension orale et en déchiffrage de mots dans la langue d’enseignement», lit-on dans le rapport du Pasec.
DIFFICILE ENVOL DE LA PROMOTION DES SCIENCES
Pour une refondation du système éducatif, les acteurs avaient dégagé 342 recommandations issues des discussions des assises nationales de l’Education et de la Formation (Anef). Onze directives phares ont été prises par le président de la République. L’accent a été mis particulièrement sur l’orientation du système éducation vers les sciences, les mathématiques, le numérique, les technologies et l’entreprenariat. Si l’opérationnalisation des 11 décisions présidentielles se fait dans un horizon temporel de 2035 comme soulignait le ministère de l’Education nationale, il n’en demeure pas moins que l’effectivité semble être timide. Dans le rapport annuel du Men, l’indicateur portant sur les nouveaux inscrits en seconde scientifique est de 27,3% en 2018 pour un objectif de 30,8, soit un écart de -3%. L’insuffisance de l’offre dans les mathématiques et des sciences (équipements personnels) est une faiblesse de l’enseignement moyen général. Tout comme il existe un faible pourcentage d’élèves dans les séries scientifiques dans le cycle secondaire. En 2019, 159 386 candidats de toutes les séries confondues sont appelés à faire le Bac. Seulement 17% sont issus des séries scientifiques et techniques, après quatre années de mise en œuvre d’une politique de promotion des sciences. Les élèves tournent encore le dos à la science.
Les chiffres mentionnés dans le rapport de performance et la tendance notée dans le nombre de candidats au Bac, semblent d’ailleurs confirmer dans une moindre mesure la conclusion du groupe de travail de huit experts (Gt8) de la Coalition des organisations en synergie pour la défense de l’éducation publique (Cosydep) sur l’application des 11 décisions présidentielles sur les assises nationales de l’Education et de la Formation (Anef). Les experts déclarent que les décisions sont très peu appliquées jusqu’au moment de l’enquête, selon les acteurs interrogés. «La majeure partie des directives sont jugées être en début d’application ou pas du tout appliquées ».
3 CORPS SANS VIE DECOUVERTS, DONT UN PERE ET SON FILS
Il s’agit du vieux Alpha Oumar Diallo, âgé de 70 ans, originaire de la Guinée et habitant Bène Barack, chez son tuteur, et de Arfang Cissé et son fils de 6 ans retrouvés morts dans une chambre de l’étage où ils habitent.
On a vécu une journée macabre dans la banlieue dakaroise, précisément à Thiaroye-Gare, avec la découverte de 3 corps sans vie. Il s’agit du vieux Alpha Oumar Diallo, âgé de 70 ans, originaire de la Guinée et habitant Bène Barack, chez son tuteur, et de Arfang Cissé et son fils de 6 ans retrouvés morts dans une chambre de l’étage où ils habitent.
Les commentaires vont bon train dans la zone de Thiaroye-Gare sur la mort de ces 3 personnes. S’agirait-il de mort naturelle pour le vieux Alpha Oumar Diallo ou de suicide pour Arfang Cissé, le père de famille ? Un parent du vieux, qui nous informe, croit à la mort naturelle: «le vieux a quitté Bène Barack pour des achats au niveau marché de Thiaroye-Gare. Arrivé à ce niveau, il a fait ses emplettes. Sur le chemin du retour, il a acheté des arachides qu’il a mangées. Aussitôt il reprend son chemin. Arrivé au niveau de la chaussé qui mène au carrefour de Tally Diallo, il s’affale sur le sol et rend l’âme sur le coup», a soutenu un parent de la victime qui a été alerté. La Police de Thiaroye, non loin du lieu du drame, s’est déplacée pour le constat d’usage.
Par contre, les autres découvertes semblent troublantes et mystérieuses. Portés disparus depuis dimanche, ce sont finalement les corps sans vie de Arfang Cissé et de son fils qui ont découverts dans une chambre à l’étage où ils habitent. Peint comme un homme travailleur, mais fougueux, le défunt Arfang Cissé n’avait pas de bons rapports avec quelques membres de son entourage, d’après un de ses oncles, Moustapha Sall, larmoyant au moment de l’arrivée de l’ambulance.
Ces voisins soutiennent qu’il avait divorcé de sa femme qu’il a reprise avant la fête de la tabaski mais sa femme reste dans leur demeure familiale, non loin de la maison. Les membres de sa famille nous ont même indiqué avoir effectué des recherches, en vain. Mais c’est une odeur fétide qui se dégageait du haut de l’immeuble qui a alerté le voisinage. Une fois en haut, on aperçoit, de par la fenêtre entre ouverte, les pieds du défunt. Une fois la porte défoncée, c’est la terreur: le corps sans vie en état de putréfaction avancé git sur le sol. L’alerte est donné, une fouille dans les toilettes de la même chambre par les Sapeurs-pompiers qui effectuaient le saupoudrage du corps sans vie a permis de découvrir l’horreur: un autre corps sans vie découvert, celui de son fils aussi en état de décomposition.
L’alerte est lancée dans le quartier, les voisins accourent de tous les coins du populeux quartier Hamdalah à Thiaroye-Biafra. Les langues commencent à se délier sur les circonstances de la mort du mécanicien de moto. Chacun y va de son commentaire. La question qui est sur toutes les lèvres est: est-ce un crime, un suicide ou même les deux ? Aurait-il tué son fils avant de se donner la mort ? Ou seraient-ils tué et jetés dans cette chambre ?
La Police de Thiaroye, appuyé par la Police technique et scientifique ont fait des prélèvements sur le lieu du drame et cela pour élucider les circonstances de la mort du père et de son fils, grâce aux techniques dont eux seuls disposent.
En attendant, les corps sans vie ont été transportés dans un hôpital de la place. Une enquête est ouverte. Actuellement, dans le quartier Hamdallah Biafra, on retient son souffle en attendant que les circonstances de la mort de Arfang Cissé soient mises au clair.
L’ANPS REMONTE «LE FIL DES ECHECS»
Comment s’expliquent ces séries d’échecs répétés après 14 participations à la Coupe d’Afrique ?
«A la Can, on a attendu le meilleur mais c’est toujours le pire». C’est la première observation que le journaliste Babacar Khalifa Ndiaye a formulé dans le cadre des activités de l’Anps organisé le samedi 8 juin dernier à la maison de la presse. Comment s’expliquent ces séries d’échecs répétés après 14 participations à la Coupe d’Afrique ? Auteur du livre « Le Sénégal à la Can de foot : Pourquoi les Lions n’y arrivent toujours pas ? », y décèle deux choses : «anomalie» et «paradoxe» lorsqu’il passe en revue les différentes participations de la Can. «Il y a une anomalie et un paradoxe. Anomalie : parce que le réservoir de bons joueurs et bons entraîneurs qu’il a, le Sénégal n’a rien gagné. C’est incompréhensible ! Il y a aussi un paradoxe. On se projette toujours en avant au lieu d’aller étape par étape. On décide d’ores et déjà que l’on va aller pour gagner alors que cela ne se décrète pas», tente d’expliquer le journaliste après avoir recoupé de nombreux témoignages de différentes générations de joueurs.
CAIRE 1986 : «UN GRAND CHOC EMOTIONNEL»
«Caire 1986» : Après deux participations lors des éditions de 1965 à Asmara et 1968 à Asmara, suivies d’une traversée du désert, le Sénégal retrouve la Can du Caire. Il entre en fanfare en surprenant d’entrée le pays organisateur de El Khatib et Abou Zeid (1-0). Malgré cette bonne entrée et ensuite un probant succès contre le Mozambique (2-0), le Sénégal de Bocandé, Roger Mendy et autre Oumar Guéye Séne est éjecté à la surprise générale de la compétition après avoir été doublé par la Côte d’Ivoire qui lui a infligé une courte défaite (1-0). «Après le deuxième match, on note une faute professionnelle. On avait de bons joueurs mais il y a eu un manqué de maitrise du règlement. Mais aussi un manque d’expérience. Il y a eu un grand choc émotionnel dans tout le pays», explique t-il.
ALGER 1990 : « LE MENTAL Y ETAIT MOINS »
Après avoir raté le rendez-vous de l’édition en 1988 au Maroc, le Sénégal revient à la Can de 1990. Il fait sensation en épinglant en phase de poules, le Cameroun, champion d’Afrique et futur mondialiste. L’équipe entraînée par le français Claude Leroy se hisse pour la première fois en demi-finale de la Can mais butera sur l’Algérie, pays organisateur et futur vainqueur de l’épreuve. «On avait une très bonne équipe. Il y a eu un problème de mental. C’est la première compétition que le Sénégal avait la possibilité de gagner. Claude Leroy avait cette malheureuse phrase en déclarant que «le but était atteint et qu’il attendait le rendez vous de 1992 pour gagner le trophée à domicile», souligne Babacar Khalifa Ndiaye avant d’ajouter : «La Can algérienne était organisée dans un contexte explosive avec l’avènement du FIS. Mais le Sénégal a tenu bon. Kermali, l’entraineur algérien disait qu’il y avait une seule équipe qui pouvait nous battre et c’est le Sénégal. Mais on était bloqué mentalement»
SENEGAL 1992 : IMPOSSIBLE POUR UNE EQUIPE VIEILLISSANTE ET EN FIN DE CYCLE
A domicile, le Sénégal engage la 18e édition dans une compétition, qui pour la première fois réunissait 12 pays, avec une défaite d’entrée contre le Nigeria, finaliste en 1994. En quart de finale opposé aux Lions indomptables du Cameroun, la bande à Bocandé, Teuw, Cheikh Seck, Roger Mendy, Jean Mendy et autre Amadou Diop sortait par la petite porte de cette compétition qui voit la Cote d’Ivoire sacrer pour la première fois. «L’objectif assigné était de gagner la compétition. Mais on avait une équipe vieillissante, des joueurs trentenaires dont certains ne jouaient plus en club. Victor Diagne, un des joueurs de l’équipe disait : «On a perdu car Claude Leroy a joué avec l’équipe du peuple mais pas avec son équipe», confie BKN. «Les joueurs étaient sur les rotules. C’est le Can qui m’a le moins surpris. Ce n’était pas une équipe pour gagner la Can », précise-til.
TUNIS 1994 «UNE GENERATION SACRIFIEE»
C’est une équipe nationale presque new look avec un renfort de joueurs locaux qui engage la Can tunisienne. Momath Gueye, Athanas Tendeng, Moussa Camara, Mamadou Maréme Diallo, Souleymane Sané, Amara Traoré et compagnie réussi la prouesse de sortir le premier tour mais se fait éliminée en quarts de finale par la Zambie. «On avait mobilisé l’argent public mais on y allait sans illusions. On était qualifié sur tapis vert. Rien n’a été fait pour mettre les joueurs dans de bonnes conditions. La particularité de cette Can est que les joueurs jouaient d’abord pour percevoir leurs primes. On a fait jouer aux joueurs des matchs pour qu’ils perçoivent leurs primes. Et puis, il n’y a pas eu de hiérarchie entre Boubacar Sarr Locotte et Jules Bocandé qui étaient des novices. Les joueurs ont été laissés en eux-mêmes. Mais ils se sont débrouillés pour aller en quart de finale contre une équipe de Zambie mieux préparée et plus outillée. Décimée par un accident d’avion, il y avait un mouvement planétaire autour de cette équipe. Pour le Sénégal, l’équipe de la Can 1994 est une génération sacrifiée comme l’a confié Mamadou Maréme Diallo, un des joueurs de cette équipe »
NIGERIA 2000 : LE MENTAL MIS A L’EPREUVE
La Can est organisée pour la première fois dans deux pays différents : le Nigeria et le Ghana. Le Sénégal en quart de finale montre de bons atouts avec une génération talentueuse composée de Fadiga, Henry Kamara, Omar Traoré, Salif Keita, Pape Sarr… Les Lions buteront devant le pays organisateur, le Nigeria. «Comme en Algérie, le problème mental nous poursuit. Le Sénégal avait la possibilité de gagner une Can avec cette équipe qui avait l’ossature composée de joueurs de la Jeanne d’Arc. Une équipe assez soudée mise en place par Amsata Fall puis Peter Schnittger».
BAMAKO 2002 : EN DEPIT DE LA TECHNIQUE, TACTIQUE ET L’ESPRIT « BOUL FALE»
Après l’édition de 2000, le Sénégal avec El Hadji Diouf double Ballon d’or en 2002 écrit au Mali ses plus belles pages à la Can. Après un bon parcours où il réussit à prendre sa revanche sur le Nigeria, le Sénégal est tombé en finale et aux tirs au but devant le Cameroun de Eto’o, Géremy Ngitap. «C’est sans doute la meilleure performance du Sénégal à la Can. Il avait de la technique, de la tactique et de l’esprit «Boul Falé» quand les joueurs rentraient sur le terrain. Le Sénégal avait la possibilité de gagner le trophée. L’équipe a fait ce qu’elle avait à faire. On n’avait pas de problèmes. C’état le départ d’une nouvelle ère pour la Fédération sénégalaise de football au niveau de l’organisation», fait remarquer Babacar Khalifa Ndiaye.
TUNISIE 2004 : LES LIONS SE PERDENT DANS LE BROUILLARD DE RADES
Auréolé d’un parcours élogieux en Coupe du monde, le Sénégal entre de manière timide dans la compétition. Après la phase de poule, Guy Stephan et ses protégés vont se perdre dans le «brouillard» du pays organisateur qui l’élimine en quart de finale. «C’était deux ans après 2002. Les gens avaient pris la grosse tête. Ils avaient du mal à revenir sur terre. Le Sénégal n’est pas allé au bout. On a eu de bons joueurs avec en renfort Lamine Sakho. Mais, il y a eu encore l’écueil du pays organisateur.»
EGYPTE 2006 : DESUNION ET L’ARBITRAGE-MAISON BLOQUENT LE SENEGAL
En 2004, c’est encore une énième rencontre contre le pays organisateur. Le Sénégal coaché par le duo Abdoulaye Sarr, Amara Traoré se hisse en demi-finale et tombe sur l’Egypte pays-organisateur. Il lui tient la dragée haute mais finit par s’incliner avec la complicité d’une arbitrage-maison. «La première raison de l’élimination du Sénégal, c’est l’arbitrage. Face à l’Egypte, pays organisateur que l’on retrouve en demi-finale, l’équipe avait la possibilité de passer. Mais la pression a fait que l’arbitre (Ndlr : Divine), a faussé le jeu. L’autre raison est que l’équipe du Sénégal était allée à la Can sans l’onction, la bénédiction du ministre des Sports de l’époque (Daouda Faye, Ndlr). Certains ont même souhaité l’échec», témoigne le journaliste.
GHANA 2008 : DERAPAGES, SORTIES DE ROUTES ET HISTOIRE DE CLANS PLOMBENT LES LIONS A TAMALE
Le Sénégal signera l’une de sa piètre campagne en terre ghanéenne. Après un nul (2-2) face à la Tunisie et une défaite contre l’Angola (3-1), le camp sénégalais se fissure avec le départ de son entraineur et une élimination dés le premier tour. «ll y avait une équipe où il y avait beaucoup de rescapés de la Can 2002. L’entraineur Henry Kasperczak ne maîtrisait pas son monde. Cela était un facteur bloquant. C’est un entraîneur qui a bourlingué mais il avait affaire à de fortes têtes. Il avait du mal à maîtriser son vestiaire. Il a fini par jeter l’éponge en plein tournoi. Ce qui était une première. Il y a eu des dérapages, sorties de routes et histoire de clans poussée à un niveau extrême au point qu’il ait eu une cassure. L’entraineur jusque-là adjoint a essayé mais il est revenu avec un échec», retient l’envoyé spécial du Soleil.
GUINEE EQUATORIALE «2012» : LE «MYSTERE» DE BATA
L’équipe du Sénégal a fini avec une zéro pointé (3 matchs, trois défaites) et aussi avec un bilan les plus catastrophiques à la Can. «Après avoir effectué des éliminatoires de haute facture, le Sénégal arrive en favori mais il va quitter à Bata avec 3 défaites. Certains ont eu du mal à comprendre. On parle de «khons» (mystique), mais je pense au mystère du football. On avait pourtant une poule assez jouable où on retrouve la Guinée-équatoriale, la Lybie. Mais est ce qu’on avait le mental ? La question se pose.
GUINEE EQUATORIAL 2015 : «FAUTE PROFESSIONNELLE DU COACH»
Dans «le groupe de la mort» avec comme adversaires le Ghana, l’Afrique du Sud et l’Algérie, le Sénégal réussira le plus difficile en épinglant le Ghana de Gyan et des frères Ayew (2-1). Mais la bande à Stephane Badji, Kouyaté et Djilobodji vont buter sur l’Afrique du Sud et de connaitre l’élimination suite à une défaite contre l’Algérie. «On commence bien avec le Ghana. Au 2e match le coach Alain Giresse change 45 % de l’équipe. C’était une faute professionnelle du coach qui a osé changer une équipe qui gagne. C’était difficile de remonter tout le monde. Cela a créé une tension dans les vestiaires. Alain Giresse a reconnu qu’il y a eu des clans», renseigne l’ancien chef du service sport du Soleil.
GABON 2017-«LA GROSSE DECEPTION»
Deux victoires d’entrée lors de la campagne gabonaise et le Sénégal avait réussi à franchir allégrement le premier tour. En quart de finale, la bande à Aliou Cissé va s’incliner aux tirs aux buts devant le Cameroun de Oyondo, futur vainqueur de l’épreuve. «Le Sénégal est classé favori après de bonnes éliminatoires avec un entraîneur qui a du métier. Après un bon premier tour, on retrouve le Cameroun qui a un bon pedigree et qui peut prétendre être favori. En quart de finale, les Camerounais sont restés dans leurs zones et on n’a rien pu faire. Pourtant il y avait des solutions sur le banc des Lions. On aurait pu ne pas arriver aux tirs aux buts. A force de buter sur un mur infranchissable, on n’a pas eu la solution. Cette Can est l’une des plus grosses déceptions. Car, on avait une équipe capable d’y arriver », regrette-t-il.