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13 août 2025
LE JEU TROUBLE D'ALY NGOUILLE NDIAYE
Le ministre à la base de l’enquête de l’Ige a préféré faire approuver la convention de Petro Tim, attaquée auprès de ses services, sans attendre les conclusions de l’enquête des inspecteurs
Toute cette affaire ne s’est pas arrêtée avec le changement de régime politique en mars 2012. Les enquêteurs de l’Ige, dans leurs conclusions, ont reproché au ministre de l’Energie et des mines de Macky Sall d’avoir poursuivi le processus entamé par son prédécesseur. Les enquêteurs ont jugé la soumission par M. Aly Ngouille Ndiaye de la convention de Petro Tim pour signature par le chef de l’Etat «précipitée, surprenante, improductive et risquée». Ils font remarquer que ladite convention avait été «dans les mêmes termes conclue et contresignée par son prédécesseur qui l’avait fait approuver le 17 janvier 2012 par le président de la Républque en exercice».
Pesant bien leurs mots, les enquêteurs précisent que «son attitude est surprenante, car la présente enquête a été ordonnée à la suite de sa saisine. Il n’a pas attendu les résultats de l’enquête pour savoir s’il pouvait ignorer la convention approuvée le 17 janvier 2012 ou négocier une nouvelle convention».
De plus, cette nouvelle convention «est improductive, parce qu’elle ne donne lieu à aucun versement de fonds immédiat pour l’Etat» qui aurait pu justifier la précipitation. Ils la jugent de plus risquée, en ce que «la convention de recherche et partage d’hydrocarbures signée avec Petro Tim n’est pas à l’abri d’un recours en justice pour les irrégularités qui entachent sa validité». Au vu des développements ultérieurs de cette affaire, on doit croire que toutes les autorités concernées ont préféré mettre le coude sur les conclusions de ce rapport de l’Ige.
"LA SURVIE DU MALI EST EN JEU"
L'attaque qui a tué au moins 95 personnes et ravagé un village dogon dans le centre du Mali, dans la nuit de dimanche à lundi 10 juin, menace l'existence même du pays, a affirmé le président malien Ibrahim Boubacar Keïta
Un bilan estimé à une centaine de morts, des maisons incendiées, des animaux abattus: une attaque a ravagé un village dogon du centre du Mali, où le cycle d'atrocités entre communautés désormais antagonistes menace l'existence même du pays, a affirmé lundi le président Ibrahim Boubacar Keïta.
Cette attaque, dans la nuit de dimanche à lundi, contre un village de la zone de Bandiagara, à l'est de Mopti, fait suite au massacre le 23 mars à Ogassogou de quelque 160 Peuls attribuée à des chasseurs dogons dans cette région, proche de la frontière avec le Burkina Faso, devenue la plus violente du pays.
Depuis l'apparition en 2015 dans la région du groupe jihadiste du prédicateur Amadou Koufa, recrutant prioritairement parmi les Peuls, traditionnellement éleveurs, les affrontements se multiplient entre cette communauté et les ethnies bambara et dogon, pratiquant essentiellement l'agriculture, qui ont créé leurs "groupes d'autodéfense".
"Ce n'est pas à un cycle de vengeance, de vendetta, que ce pays doit être conduit", a déclaré à la télévision publique ORTM le président malien, en Suisse pour le centenaire de l'Organisation internationale du travail (OIT), annonçant qu'il écourtait son séjour.
"IBK" (ses initiales) a appelé au contraire à des "retrouvailles" entre Maliens, "qui seules vont nous permettre de rebondir et permettre à notre nation de survivre.Car nous sommes en question de survie", a-t-il estimé.
"Des hommes armés, soupçonnés d'être des terroristes, ont lancé un assaut meurtrier contre le paisible village de Sobame Da", avait auparavant annoncé le gouvernement.
"Le bilan provisoire établi par une mission du poste de sécurité de Diankabou", dans les environs, "fait état de 95 morts et de 19 portés disparus", a précisé le gouvernement, dénonçant un "carnage".
- "Barbarie inqualifiable" -
Un élu local a évoqué des "corps calcinés".Selon un rescapé, Amadou Togo, les assaillants "une cinquantaine d'hommes lourdement armés, venus à bord de motos et de pick-up", ont "d'abord encerclé le hameau avant de lancer l'assaut".
"Certains ont été égorgés et éventrés, des greniers et du bétail ont été brûlés.Personne n'a été épargné: femmes, enfants et vieilles personnes", a-t-il raconté à l'AFP, évoquant, outre le bilan de 95 morts, 38 blessés.
Le chef de la Mission de l'ONU au Mali (Minusma), Mahamat Saleh Annadif, a condamné cet "acte d'une barbarie inqualifiable".
Ce drame rappelle "que dans cette spirale de la violence, il n'y a pas les méchants d'un côté et les gentils de l'autre.Tout le monde est responsable.Le seuil de l'intolérable est atteint et le temps d'un sursaut national s'impose", a-t-il ajouté.
Le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, a appelé les protagonistes à "s'abstenir de représailles".Il "exhorte le gouvernement et tous les acteurs à engager un dialogue intercommunautaire pour résoudre les tensions et les différends".
L'association de chasseurs dogons Dan Nan Ambassagou, officiellement dissoute au lendemain du massacre d'Ogossagou, a condamné un "acte terroriste et génocidaire intolérable", indiquant qu'elle "considère cette attaque comme une déclaration de guerre".
Le groupe avait démenti toute implication dans la tuerie d'Ogossagou mais rejeté sa dissolution et refusé de "déposer les armes".
- Peuls stigmatisés -
Le ministère de la Justice a annoncé pour sa part "l'ouverture d'une enquête préliminaire par le procureur du pôle judiciaire spécialisé dans la lutte contre le terrorisme et la criminalité transnationale organisée".
Dans un rapport publié la semaine dernière sur une attaque de chasseurs dogons présumés le 1er janvier ayant fait 39 tués peuls, la Minusma et le Haut-commissariat des Nations unies aux droits de l'Homme (HCDH) avaient souligné l'exacerbation des tensions dans la région depuis deux ans.
"En l'absence des Forces de défense et de sécurité maliennes (FDSM), des soi-disant groupes d'autodéfense et autres milices se sont formés sur base communautaire", face aux Peuls, souvent assimilés aux extrémistes, selon ce rapport sur l'attaque contre le village de Koulogon.
Dans son dernier rapport sur le Mali, en vue de l'examen par le Conseil de sécurité le 27 juin du renouvellement du mandat de la Minusma, le secrétaire général de l'ONU met en garde contre de nouvelles "atrocités" dans le centre du pays.
Le nord du Mali était tombé en mars-avril 2012 sous la coupe de groupes jihadistes, en grande partie dispersés par une intervention militaire lancée en janvier 2013 à l'initiative de la France, qui se poursuit.
Mais des zones entières échappent au contrôle des forces maliennes, françaises et de l'ONU, malgré la signature en 2015 d'un accord de paix censé isoler définitivement les jihadistes, dont l'application accumule les retards.
MOUSTAPHA NIASSE DEMENT CATEGORIQUEMENT
Le président de l’Assemblée nationale a démenti, avant-hier, les informations selon lesquelles, il détiendrait 85% d’un bloc pétrolier du Dôme Flore, en Casamance et au large de la Guinée Bissau.
Le président de l’Assemblée nationale a démenti, avant-hier, les informations selon lesquelles, il détiendrait 85% d’un bloc pétrolier du Dôme Flore, en Casamance et au large de la Guinée Bissau. «Depuis hier (avant-hier), dimanche 9 juin 2019, des bricoleurs de la désinformation ont eu recours à une voix en porte-à-faux avec nos valeurs, pour tenter de faire croire que je ‘possède’ 85% d’un bloc pétrolier du Dôme Flore, en Casamance et au large de la Guinée Bissau, par l’intermédiaire d’une société dénommée Oryx Petrolium», indique-t-il dans un communiqué.
Moustapha Niasse tient à préciser : «La société Oryx Petrolium, a été créée en 2010, d’après mes investigations immédiatement entreprises, après cette annonce pour le moins saugrenue. Je ne fais pas partie des actionnaires de cette société et j’ignorais, jusqu’à hier, son existence. Je dois rappeler que depuis juillet 2012, après mon élection à la présidence de l’Assemblée nationale, et conformément à la loi, -par acte notarié-, je n’exerce aucune fonction d’administrateur ou de dirigeant d’une société privée, ni au Sénégal ni à l’étranger». Il souligne également qu’«une personne physique ou une personne morale ne peut posséder un bloc pétrolier, ni partiellement ni totalement. Aucun bloc pétrolier, faisant l’objet d’une attribution de concession de recherches ne peut guère être soumis à des transactions de nature patrimoniale. Les gisements de pétrole ou de gaz relèvent de l’autorité exclusive des Etats, qui exercent leur souveraineté sur l’espace concerné, délimité par une longitude et une latitude données».
En conséquence, le leader de l’Alliance des forces de progrès (AFP) affirme que ce qui a été publié, pour lui attribuer 85% d’un bloc pétrolier au Sénégal, «est une contre-vérité manifeste, où l’ignorance se bouscule avec la volonté de nuire». «Oui, lorsque j’ai quitté le gouvernement en 1984, je me suis investi entièrement dans le secteur privé, et dans la transparence permanente. J’y ai réussi, par la grâce de Dieu. Mon mouchoir blanc reste immaculé, au grand dam de ceux-là qui, après une avalanche de défaites électorales depuis 2012, sont en train de dérouler désespérément une stratégie globale de déstabilisation, à l’entame d’un dialogue national porteur d’espoir, pour tous les patriotes soucieux de l’intérêt général et de l’avenir de notre pays», conclut M. Niasse.
Par Ibrahima MBODJ
MALGRÉ LE CACHET, LE MALADE VA PLUS MAL
Que ce soit au Mali ou au Burkina Faso, la stratégie des djihadistes est de susciter des antagonismes ethniques et religieux pour fragiliser ces pays et les disloquer, à défaut d’en prendre le contrôle
Le 11 janvier 2013, l’armée française intervenait en catastrophe au Mali pour protéger la capitale, Bamako, des groupes armés islamistes venus depuis la région Nord de l’Azawad, fief de la rébellion touarègue du Mnla. Tout le monde avait applaudi en poussant un ouf de soulagement. Le pays venait d’être sauvé par l’ancien colonisateur, lui épargnant de vivre sous l’ordre de brutes qui auraient déstabilisé tous les Etats voisins.
Les islamistes ont été chassés ou dispersés et tout le territoire malien a été reconquis jusqu’à Kidal, capitale de l’Azawad. On se souvient de l’accueil délirant réservé à François Hollande porté en triomphe le 2 février 2013 à Tombouctou. Certes, le Mali n’avait pas retrouvé toute sa souveraineté territoriale, ses soldats étant freinés à l’entrée de Kidal par l’armée française. Mais, la paix semblait revenue même si des opérations ponctuelles d’éradication se poursuivaient.
Ainsi, le 15 mars 2014, après la reddition du chef djihadiste Abou Dardar, le ministre français de la Défense de l’époque, Jean-Yves Le Drian, avait déclaré : « La guerre de libération du Mali est finie, elle a été gagnée ». Mais, les pays voisins comme le Burkina Faso et le Niger n’étaient pas encore dans la ligne de mire des groupes islamistes. Aujourd’hui, la situation sécuritaire de la sous-région montre que cette déclaration de M. Le Drian était optimiste et prématurée. A l’intervention militaire française dénommée Serval s’est substituée Barkhane, le 1er août 2014 ; une opération visant à lutter contre les groupes djihadistes dans toute la région du Sahel jusqu’au Tchad. Depuis, la France a perdu 28 soldats.
En juillet 2013, l’Onu lance, au Mali, la Minusma, une opération de maintien de la paix avec près de 12 000 hommes, essentiellement des militaires africains, pour faire face à la recrudescence des attaques djihadistes et faciliter un règlement politique. Elle est censée se terminer à la fin de ce mois de juin, mais sera certainement prorogée à nouveau pour la 5e fois. Depuis son lancement, la Minusma a enregistré la mort de 180 Casques bleus et plusieurs centaines de blessés. Au nom de la lutte anti-terroriste, les EtatsUnis ont également renforcé leur présence dans le Sahel avec comme points d’appui le Mali, le Burkina Faso, le Tchad, mais surtout le Niger où se trouvent cinq implantations, dont la plus grande base de drones au monde près d’Agadez. En octobre 2017, une embuscade djihadiste à la frontière nigéro-malienne, où quatre soldats d’élite américains trouvèrent la mort, va jeter la lumière sur les activités militaires de Washington.
A toutes ces forces est venu s’ajouter le G5 Sahel créé en février 2014, mais lancé officiellement en juillet 2017 avec un contingent de 5000 hommes. Il sert de cadre institutionnel de coordination et de suivi de la coopération régionale en matière de politiques de développement et de sécurité à cinq États du Sahel : Mali, Mauritanie, Burkina Faso, Niger et Tchad. Tous ces développements montrent qu’il y a eu une grande mobilisation régionale (y compris les armées locales) et internationale pour éradiquer le fléau djihadiste au Sahel. Toutefois, force est de reconnaître que cet objectif est loin d’être atteint. Le Mali n’a jamais été pacifié et l’insécurité entretenue par les djihadistes a gagné le centre du pays et le menace maintenant dans sa totalité. Pire, des affrontements intercommunautaires sont, à présent, notés et secouent les fondements mêmes de la nation. Le danger ne vient plus seulement des groupes islamistes, mais entre ethnies qui ont toujours vécu en harmonie. On commence à s’entretuer.
En atteste le massacre perpétré, le 23 mars dernier, à Ogassagou, quand 130 Peuls furent tués par un groupe d’auto-défense dogon à cause de suspicions d’appartenance ou de complicité avec les djihadistes. Dans les régions touchées, la vie sociale et économique est désorganisée, les écoles fermées. La gangue islamiste a gagné aussi le Burkina Faso par des attaques terroristes spectaculaires à Ouagadougou ou ailleurs. Et selon le même scénario qu’au Mali, des affrontements intercommunautaires ont surgi entre Mossis, Peuls, Songhaïs, Korumbas… avec les mêmes conséquences. Le 31 mars de cette année, 62 Peuls ont été massacrés dans le village de Hamkan (province du Soum) par une milice mossi appelée les Kolgweogos.
Le 12 mai, six fidèles chrétiens, dont un prêtre, ont été abattus dans une église au Nord du pays, faisant redouter un cycle d’affrontements interconfessionnels. Que ce soit au Mali ou au Burkina Faso, la stratégie des djihadistes est de susciter des antagonismes ethniques et religieux pour fragiliser ces pays et les disloquer, à défaut d’en prendre le contrôle. Mais, il serait naïf de croire qu’ils sont les seuls à appuyer sur cette pédale. D’autres acteurs extérieurs, avec un agenda de domination, sont soupçonnés pour dire le moins d’utiliser la fibre ethnique et/ou religieuse pour dominer le Sahel et satisfaire leurs ambitions géopolitiques. Notre continent ne doit plus accepter d’être ce corps inerte à la merci des thanatopracteurs. Quant au Niger et au Tchad, bien que périodiquement frappés par des attaques islamistes, ils résistent bien mieux que le Mali et le Burkina Faso grâce à leur armée plus forte et plus motivée. Cependant, aucun ne doit dormir sur ses deux oreilles, car les promoteurs de la violence veulent dominer tous les Etats du Sahel et même du continent.
«JE N’ACCEPTERAI PLUS QU’ON ATTAQUE LA CONFRÉRIE MOURIDE »
Le Khalife général des Mourides a fait une sortie ce lundi pour se prononcer sur différents sujets de l'actualité nationale
Le Khalife général des Mourides a fait une sortie hier pour se prononcer sur différents sujets. Entre comportements contraires aux enseignements de Serigne Touba notés dans la cité religieuse, attaques contre le Cheikh lui-même et son héritage, et les velléités chez certaines personnes de tenter de déprécier l'œuvre de ce dernier, Serigne Mountakha n’a pratiquement rien laissé au hasard.
D’habitude, c’est Serigne Bass Abdou Khadre qui parle au nom Serigne Mountakha Mbacké. Mais cette-fois, c’est le Khalife général des Mourides lui-même qui a pris la parole pour taper du poing sur la table. D’emblée, le guide religieux a estimé que nul ne doit ignorer Serigne Touba et son immense œuvre. «Nous devons perpétuer cette œuvre. Serigne Touba a toujours enseigné la conduite à tenir en tant que bon musulman et de façon générale en tant qu’être humain. Nous devons lui être reconnaissants. C'est grâce à son œuvre que nous parviendrons à bénéficier de la miséricorde », dit-il. A l’en croire, un disciple de Serigne Touba ne peut avoir des comportements aux antipodes de l’Islam.
Sur ce, il estime que quiconque se permet de tenir des manifestations contraires aux enseignements du Cheikh dans la cité religieuse sera châtié. « Je donnerai le Ndigël pour que sa maison soit détruite et j'ordonnerai son expulsion de la cité », a-t-il menacé. Poursuivant, le chef religieux n’a pas caché son amertume de voir des individus tenter de déprécier l'œuvre de Serigne Touba. «Nul n'a jamais osé dire du mal de Serigne Touba durant les précédents Khalifats. Tous les précédents Khalifes ont toujours été fermes par rapport aux attaques contre la confrérie. Nous avons été très cléments. Et ceci peut nous mener vers un désastre. » Selon lui, il n'est plus question de laisser n'importe qui faire n’importe quoi. «Si j'ai amené la Gendarmerie ici chez moi, c'est pour traquer les malfaiteurs. Je demande au Commandant de la Gendarmerie de n'épargner aucun malfrat, serait-il mon fils! », a-t-il précisé. Par ailleurs, parlant de la dernière élection présidentielle, Serigne Mountakha a déploré ce qui s’est passé à Touba lors de cette échéance électorale.
«Plus jamais à Touba, des élections ne permettront à une personne d'être élue. Les impolis seront corrigés. J'en donne la garantie. J'ai appelé tous les khalifes des grandes concessions pour les inviter à collaborer. Touba n'a qu'un chef et c'est le Khalife », at-il martelé. Avant de demander aux petits fils de Serigne Touba de quitter les villes pour revenir dans la ville sainte. «Quittez Dakar et revenez ici! Revenons à l'héritage de Serigne Touba.
Suivons les traces de nos ancêtres. Les attaques contre la confrérie cesseront à tout prix. Quiconque désobéit sera châtié de sa témérité. Je refuse d'aller répondre à ces soi-disant appels de l'Islam qui se font à Dakar », indique-t-il. S
BBY PARLE DE CONSPIRATION
Réunie ce 8 juin 2019, autour de son président, la coalition Bennoo Bokk Yaakaar a évoqué le reportage de la bbC sur la cession des licences de pétrole et du gaz, éclaboussant Aliou Sall
Réunie ce 8 juin 2019, autour de son Président, la coalition bennoo bokk Yaakaar a évoqué le reportage de la bbC sur la cession des licences de pétrole et du gaz, éclaboussant Aliou Sall. Pour les leaders de la mouvance présidentielle, cette affaire est «une conspiration» menée par une certaine opposition revancharde.
«Se prononçant sur la question d’actualité relative au reportage tendancieux de la BBC sur le pétrole découvert dans notre pays, la conférence des leaders dénonce avec la dernière énergie la conspiration, l'amalgame et la tentative de manipulation développés par une frange de l’opposition aigrie et revancharde », déplore la conférence des leaders de BBY dans un communiqué parvenu à Toutinfo.net
« Elle rappelle pour mémoire toutes les initiatives prises par le Président Macky Sall à l’effet de promouvoir la transparence et l’équité dans la gouvernance des ressources minières et pétrolières : -l’adoption par référendum de la disposition faisant de ces ressources une propriété de l’ensemble du peuple sénégalais, -l’adhésion volontaire du Sénégal à l’Initiative pour la Transparence dans les Industries Extractives (ITIE), -la publication de tous les contrats relatifs aux domaines indiqués, -la tenue d’une concertation publique inclusive sur l’utilisation des ressources issues de l’exploitation du pétrole et du gaz et l’ouverture du Cos-Pétro gaz à la société civile et à l’opposition, etc. », poursuit à ce propos la même source qui ajoute : « La Conférence des Leaders appuie fortement cette option inclusive de Monsieur le Président de la République et l’encourage pour sa décision de faire ouvrir une information judiciaire sur la question afin que toute la lumière soit faite et que l’opinion nationale comme internationale soit définitivement édifiée ».
Sur cette affaire toujours, la conférence des leaders appelle les militants et sympathisants, les populations sénégalaises, à faire preuve d’une vigilance aigue devant les tentatives de déstabilisation de notre pays orchestrées depuis l’extérieur, et à se mobiliser pour accompagner le gouvernement du Président Macky Sall dans la réalisation de ses politiques de construction d’un Sénégal émergent et inclusif : un Sénégal de tous, un Sénégal pour tous.
S’agissant du lancement du Dialogue national, la Conférence des leaders se félicite de la réussite de celui-ci avec la présence remarquable des représentants de toutes les forces vives de la Nation et appelle l’ensemble des acteurs à œuvrer pour la recherche de consensus forts sur les questions d’intérêt national. « Dans le même esprit, la Conférence des leaders félicite le Président de la République pour le choix judicieux et consensuel porté sur la personne de Famara Ibrahima Sagna en tant que président du comité de pilotage du Dialogue national et se réjouit tout autant du consensus réalisé autour de l’équipe de direction de la commission cellulaire dont les travaux portent sur le dialogue politique.
Evaluant l’état de préparation par la coalition du dialogue national, la conférence des leaders accueille favorablement la note de synthèse présentée par le comité préparatoire ad hoc de BBY et l’encourage à finaliser le travail afin de tenir dans les meilleurs délais un séminaire de partage avec l’ensemble des leaders de la coalition », lit-on dans le communiqué des leaders de BBY, réunis samedi dernier autour de Macky Sall.
PETROTIM N'AURAIT DÛ JAMAIS TRAVAILLER AU SÉNÉGAL
Retour sur les points saillants du rapport accablant de l’IGE qui fait actuellement débat, concernant la concession à PetroTim des blocs pétroliers Cayar profond et Saint-Louis profond
Depuis quelques jours, le débat s’est amplifié par la magie des réseaux sociaux, quant à l’existence ou non du rapport de l’Ige sur la concession à Petro Tim des blocs pétroliers Cayar profond et Saint-Louis profond. Même des personnalités bien placées dans les rouages de la République ont tenu à se prononcer, pour nier l’existence du rapport ou au contraire pour la confirmer.
Le Quotidien n’a pas eu besoin d’entreprendre des investigations sur la question, parce que ledit rapport, il l’avait publié en mai 2017. N’ayant aucune autorité pour déclassifier un document destiné à l’institution suprême, on s’est juste contenté de le parcourir et d’en sortir de larges extraits. Mais le compte rendu fait à l’époque était si exhaustif qu’il ne nous a pas semblé nécessaire, malgré tout ce temps, d’ajouter des éléments nouveaux. Tout ce dont on parle aujourd’hui était déjà connu, sauf quelques faits qui ont fait la particularité du reportage de Panorama sur la Bbc.
Pour le reste, il convient juste d’ajouter que le ministre Aly Ngouille Ndiaye avait saisi la Rédaction à l’époque de la publication du dossier pour se désoler qu’on n’ait pas jugé utile de lui donner la parole. Il avait à l’occasion précisé qu’avant cela, il n’avait jamais entendu parler dudit rapport, dont même les enquêteurs de l’Inspection générale d’Etat ne lui avaient pas parlé.
Petro Tim n’aurait jamais dû entrer dans le secteur pétrolier sénégalais. Au-delà du bruit et de la fureur qui entourent le nom de cette compagnie, surtout portés par le fait que le nom du frère du Président Macky Sall y serait lié, l’Inspection générale d’Etat, dans son rapport d’enquête 94/2012 d’octobre 2012, suggérait déjà à l’autorité que les permis octroyés à Petro Tim soient retirés «en raison des irrégularités qui entachent la validité de la convention signée avec Petro Tim qui en est le substrat».
L’enquête de l’Ige avait été lancée à la suite d’une plainte de la compagnie Tullow oil Sénégal qui avait écrit aux autorités à l’époque pour se plaindre du traitement qui lui a été réservé par Petrosen. Le 2 mai 2012, la directrice Sénégal de Tullow oil, Mme Awa Ndongo, avait saisi le ministre chargé de l’Energie à l’époque pour déclarer irrégulière la convention de recherche et de partage d’hydrocarbures liant l’Etat à Petro Tim. Elle déclarait dans sa correspondance, à la base de l’enquête de l’Ige, que «les blocs attribués à Petro Tim faisaient l’objet de négociations entre Petrosen et sa société, que les négociations étaient tellement avancées que les dirigeants de Tullow oil Plc, la société-mère de Tullow oil Sénégal, ont effectué des déplacements à Dakar».
La correspondance de la dame ajoutait par ailleurs que le Dg de Petrosen lui avait demandé le paiement d’1 million 500 mille dollars américains à titre de paiement de bonus de signature par bloc sollicité. Mais, ajoute le rapport, «à sa surprise, elle a appris que les blocs concernés ont été attribués à Petro Tim limited, avant même que la demande de paiement de bonus de signature n’eût été formulée, ce que n’ignorait pas le directeur de Petrosen». En clair, la dame fait comprendre que le directeur de Petrosen à l’époque voulait «escroquer» son entreprise.
La convention, objet de litige, portait sur les blocs de recherche de Cayar offshore profond et Saint-Louis offshore profond. Interrogé par l’Ige, le Dg Mbodj aurait rétorqué que «sa demande a été motivée par la volonté de rendre attractive l’offre de Tullow qui n’était pas seule à solliciter les blocs concernés». Argument battu en brèche par les enquêteurs de l’Ige. En fait, dès le départ, Petro Tim n’aurait même pas dû être retenue, et encore moins autorisée à présenter une offre de convention.
Le coup de pouce de Karim Wade
L’Ige assure que c’est suite à un courrier adressé au ministre de la Coopération internationale, du transport aérien, des infrastructures et de l’énergie, Karim Wade, et daté du 3 octobre 2011, que le représentant de Petro Tim limited, M. Wong Joon Kwang, a manifesté son intérêt pour les blocs de Saint-Louis offshore profond et Cayar offshore profond. Le 10 octobre de la même année, soit à peine une semaine après, le ministre Karim Wade donne, par courrier, des instructions au Dg de Petrosen de prendre contact avec les représentants de Petro Tim, d’étudier leurs propositions et de voir les modalités d’une éventuelle délivrance de permis de recherche et d’exploration sur les blocs sollicités.
A la suite de quoi, en avril 2012, M. Wong Joon Kwang s’est félicité d’avoir pu conclure avec Petrosen un contrat sur les blocs cités, et s’est engagé à mettre rapidement en place les procédures et les équipements nécessaires, ainsi que le personnel requis pour entamer le travail.
Aux enquêteurs de l’Ige, Ibrahima Mbodj a affirmé qu’il «n’y a pas eu de négociations entre Petro Tim et la commission d’évaluation de Petrosen, car les instructions du ministre ont consisté à lui présenter un contrat signé, elles n’ont pas consisté à entamer des négociations». Le Code pétrolier définit de manière claire la procédure pour obtenir un permis de recherche et d’exploration d’hydrocarbures.
Quand des prospecteurs formulent une demande de recherche d’hydrocarbures, l’Etat, par le biais du ministère en charge des Hydrocarbures, négocie une convention avec les demandeurs. Ladite convention, une fois aboutie, est signée par le ministre et le représentant légal du ou des demandeurs, après avis conforme du ministre en charge des Finances. A la suite de quoi, la convention est soumise à l’approbation du président de la République, et le décret et la convention sont publiés au Journal officiel.
Le Code pétrolier indique que Petrosen, société d’Etat, a la charge de recevoir les demandes de permis de recherche et d’effectuer les démarches pour le compte de l’Etat. Par ailleurs, aux termes de la loi sur le Code pétrolier, toute demande de permis de recherche doit être inscrite au registre spécial des hydrocarbures. Il est dit que «l’administration chargée du secteur des opérations pétrolières ouvre un registre spécial des hydrocarbures, tenu à jour. Y sont répertoriés et datés tous les demandes, octrois, résiliations ou autres éléments concernant les titres miniers d’hydrocarbures et les contrats de services».
Dans ce registre sont annexés les cartes géographiques et les périmètres des zones objets des autorisations de prospection, des permis de recherche et de concession d’exploitation relatif aux contrats de services. Le cas échéant, les zones interdites aux opérations pétrolières y sont également délimitées.
Ce registre doit être tenu à jour, sous peine de violation de la loi. Or, au cours de son enquête, l’Ige a pu constater que «le registre existe, mais il n’est ni coté, ni mis à jour. Toutes les demandes de recherche d’hydrocarbures et les contrats de services n’y sont pas répertoriés. En lieu et place, la direction des Hydrocarbures a élaboré un tableau de bord des activités d’exploitation d’hydrocarbures. Mais il ne répertorie que les titres miniers d’hydrocarbures définitivement attribués, c’est-à-dire approuvés et publiés».
Le fait que le registre ne soit pas tenu à jour a eu pour conséquence, selon l’Ige, que la manifestation d’intérêts relative aux blocs sédimentaires de Saint-Louis offshore profond et de Cayar offshore profond, introduite par Petro Tim, n’y est pas répertoriée.
Petro Tim, une demande jugée irrecevable
Quoi qu’il en soit, les Inspecteurs généraux d’Etat ont relevé que la manifestation d’intérêts de Petro Tim n’a pas été enregistrée dans le registre spécial des hydrocarbures, tel que prescrit par le Code pétrolier. Par ailleurs, ladite demande ne comporte aucune mention des capacités financières et techniques de la compagnie, ni non plus les noms et adresses des membres fondateurs de l’entreprise. Or, ces éléments font partie des prescriptions du décret d’application de la loi sur le Code pétrolier. Cela était d’autant plus impératif dans le cas d’espèce que, assurent les enquêteurs, «Petro Tim a été immatriculée aux Îles Caïmans le 19 janvier 2012, sous le numéro 265741, donc postérieurement à l’octroi du permis».
Autre contre-vérité relevée par l’Ige, Petro Tim a été présentée dans le rapport de présentation du décret, portant approbation de la convention, comme une filiale de Petro Asia. Sur ce sujet, les enquêteurs se veulent formels : «Petro asian energy holdings, dénommée Petro asian, répertoriée dans le Hong Kong stock exchange en 2002, n’a pas de filiale du nom de Petro Tim limited». Autre élément de disqualification, l’avis conforme du ministre en charge des Finances, requis par la loi, n’a pas été pris ; d’où la conclusion nette du rapport de l’Ige : «La demande de permis présentée par Petro Tim n’était pas conforme aux exigences de l’article 8 du décret n°98-810. A cet égard, elle devait être déclarée irrecevable, en application de l’alinéa 2 de l’article 14 dudit décret». Les enquêteurs ajoutent que le fait même de demander a posteriori l’avis conforme du ministre en charge des finances «n’a aucun effet sur l’irrecevabilité relevée». Par conséquent, soulignent ces hauts fonctionnaires, le permis accordé à Petro Tim aurait dû lui être retiré toutes affaires cessantes.
Tullow oil écartée et escroquée
L’Ige a également pu établir que, concernant le bloc de Cayar offshore profond, Petrosen était parvenue à un accord avec Tullow oil dès janvier 2010. Une convention devait même être signée en mars de cette année. Samuel Sarr, alors ministre de l’Energie, avait envoyé plusieurs courriers à son homologue en charge des Finances pour solliciter son «Avis conforme», ainsi que le prévoit la loi. Dans une correspondance datant du 3 mai de la même année, le ministre Samuel Sarr rappelait à son collègue Abdoulaye Diop que, conformément aux dispositions du décret 98-810, faute de réponse de sa part, il devait considérer l’«Avis sollicité» comme conforme. L’Ige se demande pourquoi le ministre Karim Wade, qui a pris le relais de Samuel Sarr à l’Energie, n’a pas voulu tenir compte de cette procédure. Mais au moment de l’enquête de l’Ige, Karim Wade était en dehors du pays et n’a pu être interrogé.
Tullow oil avait néanmoins dû régler une indemnité de pénalités de 3 millions de dollars américains pour inexécution d’engagements contractuels pris sur le bloc Saint-Louis offshore peu profond, que la compagnie avait repris de Africa energy qu’elle avait rachetée. Cette indemnité lui était réclamée par lettre du ministre Karim Wade, datant du 10 février 2012. Tullow affirme s’être acquittée de cette demande et avoir versé l’argent dans un compte bancaire de Petrosen. Les Ige estiment que ce montant aurait dû être versé au Trésor public et non laissé à la disposition de Petrosen. Ils ont alors demandé son remboursement sous peine de poursuites pour recel de deniers publics.
Autre manquement, s’agissant de Ibrahima Mbodj, il lui a été reproché par Tullow oil d’avoir demandé le paiement d’un bonus de signature de 1,5 million de dollars américains pour chacun des blocs que sollicitait la compagnie. M. Mbodj aurait exprimé cette demande par un e-mail envoyé le 19 janvier 2012 au Dg de Tullow oil Sénégal. Cette demande était faite alors que le représentant de Petrosen savait, selon Tullow, que les blocs avaient été attribués à Petro Tim ; ce qui est interprété comme une tentative d’escroquerie.
Interrogé, Mbodj a affirmé avoir voulu «rendre attractive l’offre de Tullow, qui n’était pas seule à solliciter les blocs concernés». Il aurait ajouté que ladite demande de bonus qui, selon lui, n’était pas interdite par la loi aurait été formulée avant la conclusion du contrat signé avec Petro Tim.
L’Ige a démontré que la demande de bonus de signature était contraire à la loi, et il était illégal de le faire. De ce fait, Ibrahima Mbodj devait être poursuivi pour tentative de concussion, aux termes de l’article 157 du Code pénal.
M. Mbodj a déclaré avoir soumis au ministre de tutelle la convention avec Petro Tim en mars 2012. Selon lui, ladite convention lui serait revenue du ministère en comportant une date antérieure à sa conclusion et à sa transmission pour contreseing.
« CEUX QUI S’AGITENT SONT DES ENNEMIS DU SENEGAL... »
Interpelé hier sur le scandale pétrolier et gazier dans lequel Aliou Sall est cité, le ministre du Développement communautaire et de l’Equité sociale, Amadou Mansour Faye, s’en est violemment pris aux détracteurs du frère du président de la République.
Venu à l’hôpital de SaintLouis pour apporter l’assistance financière du chef de l’Etat aux blessés de l’accident de Ndialam qui a fait 14 morts, le ministre du Développement communautaire et de l’Equité sociale, Amadou Mansour Faye, a été interpelé à propos du scandale sur la signature des contrats pétroliers et gaziers dans lequel le frère du président de la République, Aliou Sall, est cité. Dédramatisant l’affaire, le responsable politique de l’Apr à Saint-Louis pense que c’est une histoire montée de toutes pièces pour faire mal. “Il n’y a pas de quoi fouetter un chat, dans cette affaire’’, a-t-il répondu, aussitôt interrogé sur la question. Selon le frère de la première dame Marième Faye Sall, contrairement à tout ce qui a été dit jusqu’ici, les intérêts du Sénégal ont été préservés dans la signature de ces contrats. “Ceux qui s’agitent sont des ennemis du Sénégal. Ils sont tous animés d’intérêt politique. Mais ils savent tous que jusqu’ici, il n’y a aucune goutte de pétrole exploitée, encore moins du gaz produit. Notre pays ne bénéficiera des revenus du pétrole et du gaz qu’en cette année’’, soutient-il.
D’ailleurs, il estime que le frère du président de la République, en tant que citoyen sénégalais, a bel et bien le droit de jouer un rôle de facilitation dans la signature des contrats pétroliers et gaziers. Selon le beau-frère du président Macky Sall, s’il y a tout ce tollé autour de cette affaire, c’est seulement parce qu’Aliou Sall est le frère du chef de l’Etat. Il estime que l’urgence, pour le pays, se trouve ailleurs que dans des polémiques stériles. “Les populations sénégalaises ont d’autres préoccupations ; elles ont besoin d’aide et d’assistance pour aller de l’avant’’, déclare le maire de Saint-Louis. Il invite les leaders de l’opposition qui animent ce débat à se rendre dans le Fouta, dans le Walo ou dans le Ndoucoumbane pour comprendre que les préoccupations ont pour noms accès à la santé, à l’eau et aux infrastructures de qualité pour sortir du sous-développement. D’ailleurs, précise-t-il, c’est cela l’objectif du président de la République Macky Sall, depuis son installation au pouvoir.
LES BIZARRERIES DANS LE RAPPORT DE L’IGE
S’il a permis d’étayer que l’octroi des blocs de Cayar et Saint-Louis offshore profond à Petro-Tim est entaché d’irrégularités depuis le début, le rapport de l’Inspection générale d’Etat laisse subsister plusieurs zones d’ombre
S’il a permis d’étayer que l’octroi des blocs de Cayar et Saint-Louis offshore profond à Petro-Tim est entaché d’irrégularités depuis le début, le rapport de l’Inspection générale d’Etat laisse subsister plusieurs zones d’ombre dans ce dossier qui n’en finit pas de défrayer la chronique.
L’examen du “rapport’’ de l’Ige relatif à l’affaire PetroTim, soulève plusieurs points noirs dans le dossier. Comment se fait-il que le contrat ait été signé par l’ancien ministre Karim Wade, alors même que les projets de convention et de décret ne lui ont pas été présentés par Petrosen, le maitre d’œuvre ?
En effet, selon des sources ayant été en contact avec le rapport, il ressort du document que monsieur Ibrahima Mbodj (ancien Dg de la Petrosen), interpellé sur la date du 17 janvier 2012 “figurant sur le contrat comme date de signature’’, a soutenu avoir soumis le contrat au contreseing du ministre courant mars 2012. “Ce qui peut être confirmé par le directeur de la Promotion et le conseiller juridique de Petrosen qui ont eu à rédiger le projet de convention et le projet de décret de présentation ainsi que le rapport de présentation dudit décret’’, s’est-il défendu devant les inspecteurs.
Ces derniers ont attesté, dit-on, que “la date du 17 janvier 2012 figurant sur le contrat, comme l’ont soutenu le directeur et le conseiller juridique, est antérieure à leur saisine et à la rédaction du projet de décret portant approbation de la convention ainsi que le rapport de présentation dudit décret.’’ Autre bizarrerie dans le dossier. L’ancien directeur, à en croire les enquêteurs, a écrit à Tullow, le 19 janvier, pour lui demander le paiement d’un bonus de signature d’un montant de 1,5 million de dollars pour chacun des deux blocs en question. Le hic, c’est que si l’on en croit le rapport, lesdits blocs avaient déjà été attribués à PetroTim.
N’est-ce pas là une tentative d’escroquerie ou d’extorsion de fonds ? Seule une enquête judiciaire indépendante pourra édifier l’opinion. En tout cas, cette requête a bel et bien été mentionnée par Tullow dans sa saisine des autorités. Tout commence le 3 octobre 2011, selon les faits tels que relatés par l’Inspection générale de l’Etat. Wong Joon Kwang écrit une lettre au ministre en charge des Hydrocarbures pour manifester son intérêt pour les blocs de Saint-Louis et de Cayar offshore profond.
Par lettre datant du 10 octobre, l’ancien ministre Karim Wade transmet au directeur de Petrosen, Ibrahima Mbodj, une copie de la manifestation d’intérêt. Dans la lettre, il l’instruit de prendre contact avec les représentants de la compagnie, “afin d’étudier plus en détails leurs propositions et discuter des modalités de délivrance éventuelle des permis’’. Conformément à ces instructions, l’ancien Dg certifie aux enquêteurs avoir informé M. Kwang à se présenter au siège de Petrosen à Dakar pour des discussions formelles. C’était le 14 octobre. Monsieur Kwang a-t-il finalement effectué le déplacement sur Dakar ? A-t-il finalement pu rencontrer les autorités compétentes ? Comment en est-on arrivé à la signature ? Les conclusions des enquêteurs, dit-on, restent évasives. L’on se borne à signaler la date de signature du contrat au mois de janvier 2012. Ce qui est sûr, selon les confidences faites à l’Ige, c’est qu’il n’y a pas eu de négociations.
Le directeur (Ibrahima Mbodj), selon les inspecteurs, dit avoir reçu des “instructions fermes et précises’’ de Karim Wade “dans le sens de présenter à Petro-Tim, dans les meilleurs délais, une proposition de contrats’’ relatifs aux blocs de Cayar et de Saint-Louis. A son tour, a informé M. Mbodj, comme pour se dédouaner, il a instruit le directeur de la Promotion et le conseiller juridique de lui proposer un projet de contrat. Ledit projet a été présenté à Petro-Tim qui l’a accepté. Selon lui (Mbodj), il n’y a donc pas eu de négociations entre Petro-Tim et la commission d’évaluation. “Car les instructions du ministre ont consisté à lui présenter un contrat signé. Elles n’ont pas consisté à entamer des négociations’’.
Petro-Tim immatriculée aux îles Caïmans, deux jours après la signature du contrat
Aussi, constatent les enquêteurs, le contrat a été signé le 17 janvier. Et c’est là qu’intervient une autre bizarrerie. En effet, s’il a fallu simplement trois mois pour “négocier’’ et attribuer le contrat à Petro-Tim, il en a fallu autant à Kwang juste pour écrire une lettre de remerciement à Petrosen. Par lettre datant du 16 avril, M. Kwang exprime à M. Mbodj sa satisfaction d’avoir conclu avec Petrosen un contrat relatif aux blocs et promis de mettre rapidement en place les procédures et équipements nécessaires ainsi que le personnel requis. Le hasard aura voulu que c’est durant ce même mois qu’Aliou Sall a été recruté en tant que consultant par Petro-Tim. Et jusque-là, on ne parle nullement de Franck Timis dans le dossier. Mais plutôt de Petro-Tim comme étant une filiale de Petro Asia.
Cette dernière, présentée comme la mère n’existe pas, selon les révélations de Baba Aidara à l’époque. Dans le rapport de l’Ige, dit-on, il est toutefois indiqué l’existence de Petro Asian Energy Holding Limited dénommée Petro Asian. Celle-ci, soulignent les inspecteurs, n’a pas de filiale du nom de Petro-Tim. Mais le plus cocasse, dans cette affaire, est que cette dernière a été immatriculée aux îles Caïmans le 19 janvier 2012. Soit deux jours après la signature du contrat, “sans vérifications des capacités techniques et financières’’. Ainsi, “la mention dans le rapport de présentation du décret portant approbation de la convention que Petro-Tim est une filiale de Petro Asia n’est pas justifiée. Elle est mensongère. Petro Asia, s’il s’agit de Petro Asian Energy Holding Limited dénommée Petro Asian, n’a pas de filiale du nom de Petro-Tim’’, informe-t-on. A ce stade, selon nos interlocuteurs, les enquêteurs ont relevé, que “l’avis conforme du ministre en charge des Finances, requis par la loi, n’a pas non plus été pris’’.
Des conclusions du rapport
En conséquence de tout ce qui précède, dit-on, ils avaient conclu que la demande de Petro-Tim, à défaut de la faire compléter, aurait dû être déclarée irrecevable. Après avoir soulevé plusieurs griefs faits au contrat de Petro-Tim, l’Inspection générale d’Etat a demandé expressément au président Macky Sall d’annuler le permis octroyé à Petro-Tim, “en raison des irrégularités qui entachent la validité des conventions qui en sont le substrat’’. Mieux, poursuit-on, le rapport a mis en exergue que : “La soumission précipitée de la même convention signée à nouveau par Petro-Tim, accompagnée d’un projet de décret portant approbation de ladite convention, alors que celle-ci avait déjà été contresignée par son prédécesseur et approuvée le 17 janvier 2012 par le président de la République d’alors, est surprenante, improductive et risquée.’’ Or, selon les enquêteurs, la présente enquête a été ordonnée par le président sur saisine du même ministre qui n’a même pas attendu les résultats de l’enquête. Elle est improductive parce qu’elle ne donne lieu à aucun versement de fonds ou gains immédiats pour l’Etat justifiant une telle précipitation. “Du côté de l’Etat, il n’y avait aucune urgence à précipiter une nouvelle signature suivie d’approbation se superposant à la signature et à l’approbation effectuées le 17 janvier 2012 par Karim Wade et le président Abdoulaye Wade’’, dit-on. La question que l’on peut, dès lors, se poser est de savoir s’il existe une convention autre que celle signée le 17 janvier 2012 ? En tout cas, dans cette affaire, tout semble si nébuleux. Et comme pour étayer davantage les soupçons des uns et des autres, le site de l’Initiative pour la transparence dans les industries extractives est inaccessible, depuis le début de cette affaire. Une coïncidence troublante pour ceux qui ont l’habitude de visiter le site de l’Itie.
Violation de la règlementation
Selon les inspecteurs, dit-on, l’octroi à Petro-Tim des permis de recherche et de partage d’hydrocarbures relatifs aux blocs de St- Louis et de Cayar constitue une violation de la règlementation sur plusieurs points. D’abord, informent-ils, les conditions de recevabilité de la demande n’ont pas été respectées. Il en est de même de l’obligation d’entamer des négociations avant toute attribution, de l’absence de saisine de la commission d’évaluation des offres, de l’absence de l’avis conforme du ministre des Finances. Par ailleurs, le rapport, poursuivent nos interlocuteurs, reproche également au directeur de Petrosen la non prise de garantie de bonne exécution, après conclusion de la convention. A Karim Wade, il est principalement reproché d’avoir permis le versement de pénalités dues à l’Etat dans les comptes de Petrosen. Pour cette raison, les inspecteurs avaient demandé l’ouverture d’une information judiciaire à son encontre.
UN CREUSET PLURIDISCIPLINAIRE POUR L’ELITE CULTURELLE
La villa Saint-Louis Ndar est le nouvel espace dédié aux artistes de tous genres. Ses concepteurs veulent qu’il soit un creuset pluridisciplinaire de recherche et de création pour des projets culturels, intellectuels et artistiques.
Cheikh THIAM (ENVOYÉ SPÉCIAL À SAINT-LOUIS) |
Publication 11/06/2019
Lors de sa visite au Sénégal en février2018, le président de la France, Emmanuel Macron, avait annoncé la création d’un espace dédié aux artistes et qui serait baptisé la “Villa Saint-Louis Ndar’’ (Vsln). Dix-sept mois après cette annonce, ce joyau a été inauguré, ce samedi. Il est conçu pour être un incubateur de projets culturels, intellectuels et artistiques. Il peut accueillir simultanément 3 résidents venus d’Afrique, de la France ou d’ailleurs.
Ceux qui souhaitent y résider doivent soumettre des projets qui seront sélectionnés par un jury de professionnels. Ces derniers devront présenter un ancrage territorial et répondre à une exigence d’interaction avec l’environnement de la villa. De l’avis de Bruno Studer, député français et président de la Commission des affaires culturelles et de l’éducation à l’Assemblée nationale française, qui parlait au nom du président Macron, la villa servira aussi à faire travailler ensemble des artistes africains, français ou européens.
A l’en croire, le choix de la vieille ville, pour abriter la première installation de cette villa en Afrique, n’est pas fortuit. En effet, a-t-il indiqué, Saint-Louis est choisie, parce qu’un joyau de cette dimension a l’ambition de renforcer l’échange avec le territoire où il s’installe. Et cette partie du continent africain, selon lui, offre une richesse exceptionnelle, tant au niveau de sa nature que de sa culture. La Vsln multipliera les partenariats avec les institutions, les universitaires et les centres de recherche. “Elle fera la démonstration que la rencontre entre les cultures venant d’horizons divers est féconde et se répand dans l’espace immédiat et au-delà des frontières. Et cette circulation des savoirs, comme nous en avons l’expérience, crée des emplois pour des nombreux jeunes désireux de prendre part à la construction de la société nouvelle.
“Nous avons plus que jamais besoin de votre mobilisation’’
C’est donc un laboratoire d’idées et d’émergence que nous fêtons, une villa au sens où on l’entend à Rome, Madrid, Kyoto... un lieu de la création contemporaine qui fait d’ores et déjà partie d’un réseau monde’’, a informé M. Studer. Le ministre de la Culture et de la Communication, Abdoulaye Diop, considère que la Vsln est le résultat de l’engagement et de la volonté du Sénégal et de la France d’œuvrer ensemble pour la sauvegarde, la conservation et la valorisation de l’île de Saint-Louis, site classé patrimoine mondial de l’Unesco.
De l’avis d’Abdoulaye Diop, l’érection d’une telle structure permettra d’améliorer qualitativement l’environnement créatif et socio-économique des créateurs sénégalais, porter les artistes du pays et leurs productions à l’international, mais aussi, en retour, de bénéficier de l’ouverture à d’autres pays, d’autres histoires et façons d’être et dépenser. “Les efforts multiformes que vous avez consentis à travers ces initiatives, chers partenaires français, ne seront jamais vains, mais ils sont indispensables et porteurs de sens de vie pour les populations ainsi que pour les créateurs eux-mêmes. Tout ce que nous sommes entrain de vivre ici, une ville historique, de métissage et de grande diversité culturelle, est un beau présage pour les préparatifs de la saison Afrique 2020 et qui sera, sans doute, un évènement dans les champs culturel et communicationnel’’, a dit M. Diop.
Selon le ministre, la culture doit prendre sa place qui est la sienne dans la société, sur les terroirs sénégalais et les différents espaces de vie. “Vous devrez, chers acteurs culturels, prendre la responsabilité qui est la vôtre et refuser le monde de l’égoïsme, de la consommation passive qui se dessine de plus en plus clairement. Nous avons plus que jamais besoin de votre mobilisation pour incarner et défendre l’ouverture, dans un monde enclin à des difficultés de divers ordres. Le Sénégal partage, comme la France, de nombreuses convictions et milite pour la promotion de la diversité culturelle et la préservation du patriotisme’’, a affirmé M. Diop. L’ambassadeur de la France au Sénégal, Christophe Bigot, quant à lui, a appelé les Saint-Louisiens à s’approprier du projet, car la villa a été construite pour eux et non uniquement pour les artistes. Il les invite ainsi avec les artistes, le monde scolaire et les universitaires à créer des moments d’échanges. Les grands artistes vont aussi porter les plus jeunes. Il sera également attendu des artistes et chercheurs une démarche de médiation en direction des populations locales.
La saison culturelle africaine organisée en France en 2020
L’inauguration de la Villa Saint-Louis Ndar a été l’occasion, pour M. Bigot, de revenir sur l’organisation de la saison culturelle africaine prévue en 2020 en France. Il a rappelé que l’organisation de cet important évènement est confiée à Ngoné Fall. Elle est la commissaire générale de cette saison Afrique 2020. Architecte, commissaire d’expositions, intellectuelle et cofondatrice d’une plateforme dans les nouveaux médias et les arts visuels, Mme Fall aura pour objectif de donner une image différente, nouvelle, moderne de la diversité des cultures africaines aux Français. La ville de Saint-Louis a été associée à la conception de ce projet. M. Bigot a également profité de la tribune offerte pour parler d’un projet intitulé “La cité du cinéma’’ qui sera lancé incessamment pour que la post-production puisse être faite ici à Dakar. Elle va combiner à la fois l’économie et la culture.
Enfin, le lancement du campus franco-sénégalais ce mardi par la ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation Frédérique Vidal. Dès le mois de septembre, poursuit-il, il va permettre de proposer 15 nouvelles formations aux jeunes Sénégalais. “Des universités et écoles françaises vont venir ici au Sénégal pour apporter le meilleur de nos formations pour être plus près des familles sénégalaises et entreprises. Aujourd’hui, on ne peut plus se permettre d’avoir des formations qui ne rempliraient pas les critères des entreprises. Donc, faire en sorte de former des jeunes qui pourront être utiles pour développer l’économie sénégalaise’’, a expliqué l’ambassadeur.