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13 août 2025
LES AFRICAINS QUI MIGRENT VIENNENT DE MOINS EN MOINS EN FRANCE
Selon la dernière note de l’OCDE consacrée aux migrations africaines vers les pays développés entre 2001 et 2016, l’attractivité de l’Hexagone décroît sensiblement
Le Monde Afrique |
Christophe Châtelot |
Publication 11/06/2019
Les tenants de la théorie du grand remplacement ou les agitateurs du spectre de la ruée africaine – vers l’Europe en général et la France en particulier – n’apprécieront sans doute pas la lecture de la dernière note de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) consacrée aux évolutions des migrations africaines vers les pays développés entre 2001 et 2016.
On y lit en effet que « représentant un immigré sur dix, la migration africaine vers les pays de l’OCDE a vu son poids légèrement augmenter au cours des dernières années ; elle demeure toutefois faible par rapport à la part de l’Afrique dans la population mondiale […]. La France est toujours la principale destination, mais sa part se réduit. »
Ces conclusions découlent de la dernière actualisation de la base de données développée depuis plusieurs années par l’OCDE, en coopération avec l’Agence française de développement (AFD), sur les immigrés dans les pays développés. Celle-ci compile des statistiques, par pays de naissance, des migrants internationaux, « définis comme les personnes [âgées de plus de 15 ans] résidant dans un pays autre que celui de leur naissance » sans tenir compte de leur « statut légal ou de la catégorie de migration. »
« Pas de raz-de-marée annoncé »
Ces données couvrent non seulement les effectifs d’immigrés par âge, sexe et niveau d’éducation, mais également des variables clés de l’analyse des migrations internationales et de l’intégration comme la nationalité, la durée de séjour, le statut dans l’emploi et la profession.
Passées ces quelques précisions d’ordre méthodologique, il ressort de cette étude que « la part de la population originaire d’Afrique vivant dans un pays de l’OCDE a augmenté au cours des quinze dernières années, mais reste très modeste ». Le nombre de migrants africains y est en effet passé de 7,2 millions en 2000 à 12,5 millions en 2016. Mais ils ne représentent encore que 10,4 % des 121 millions de migrants répertoriés dans les pays développés, contre 9,2 % en 2000. A titre de comparaison, le nombre total de migrants venus du Mexique – pays classé en tête de liste des pays d’origine devant l’Inde et la Chine – s’établissait à 11,7 millions en 2016.
L’OCDE remarque ainsi que « la croissance démographique africaine est encore loin de se traduire en un accroissement équivalent de la migration vers les pays de l’OCDE. » En marge de la polémique née de la publication en 2018 du livre de Stephen Smith – La Ruée vers l’Europe (éd. Grasset) –, le démographe François Héran remarquait également que « les projections démographiques de l’ONU actualisées tous les deux ans ont beau annoncer un peu plus qu’un doublement de la population subsaharienne d’ici à 2050 (elle passerait de 900 millions à 2,2 milliards dans le scénario médian), cela ne suffira pas à déclencher le raz-de-marée annoncé ». « Il n’existe pas de lien mécanique entre la croissance démographique et celle du taux de migration », ajoute Jean-Christophe Dumont, chef du département des migrations internationales à l’OCDE.
Féminisation et hausse du niveau d’éducation
Et si la France demeure le principal pays de destination, « sa part s’est considérablement réduite, passant de 38 % des migrants africains installés dans les pays de l’OCDE en 2001 à 30 % en 2016 ». La part des immigrés dans la population totale (14 %), toutes origines confondues, a légèrement augmenté sur cette même période (environ 2 %), est supérieure à la moyenne des pays de l’OCDE (12 %), mais demeure très inférieure à celle de pays comme la Suède, l’Irlande ou l’Autriche (20 %).
La « préférence » française s’explique en partie par l’origine géographique des migrants africains. En effet, 54 % d’entre eux provenaient d’un pays francophone, notent les auteurs, or « les liens historiques et linguistiques restent des déterminants clés des migrations africaines ». Dans cet espace continental, les pays d’Afrique du Nord demeurent, de loin, les premiers pays d’origine (46 % de l’ensemble des migrants africains en 2016 contre 54 % en 2000). Le Maroc devançant tous les autres, étant « le pays de naissance de près d’un migrant africain sur quatre, devant l’Algérie (1 sur 8) ». Si la part de la France demeure prééminente, la surprise vient des Etats-Unis, dont la part est « en forte augmentation » avec l’accueil de 16 % des migrants africains en 2016 – notamment éthiopiens et nigérians – contre 12 % seize ans plus tôt. Les Etats-unis sont ainsi la deuxième destination devant le Royaume-Uni, l’Espagne, l’Italie, le Canada et l’Allemagne.
Si la jeunesse des migrants africains par rapport aux autres continents d’origine demeure une constante, les évolutions de deux autres données sont plus notables : la féminisation et le niveau d’éducation. Concernant ce dernier point, plus de 60 % des migrants ont au moins un niveau de 2e cycle du secondaire (lycée), dont la moitié (30 %) sont diplômés de l’enseignement supérieur (contre 24 % en 2000). « Cette évolution s’explique en partie par la conjugaison de deux facteurs, note Jean-Christophe Dumont. D’une part, la compétition entre pays de l’OCDE pour attirer les talents. D’autre part, la baisse des besoins de main-d’œuvre non qualifiée dans les économies des pays développées ».
La part des femmes augmente également sensiblement. Alors que celles-ci représentaient 46,7 % des migrants africains en 2000, elles étaient 48,2 % en 2016. « Dans des pays comme le Royaume-Uni, la France, l’Irlande, le Portugal, Israël, le Luxembourg ou encore l’Australie, les femmes sont même devenues majoritaires dans les diasporas africaines », note l’OCDE.
Enfin, si la recherche d’un emploi et d’une vie meilleure figure parmi les motivations des candidats à l’émigration, cette quête s’avère difficile. « Sur le marché de l’emploi des pays de l’OCDE, les migrants africains sont fortement touchés par le chômage (13 %) et l’inactivité (28 %). » Surtout, une grande part de ceux qui trouvent un emploi doivent accepter une forme de relégation par rapport à leur niveau d’études. Le taux de déclassement professionnel était ainsi de 35 % en 2016. Concernant les raisons, l’OCDE se montre prudente : « Cette situation peut être due à une discrimination sur le marché du travail, mais aussi à des questions de qualité et de reconnaissance des diplômes. »
L'ORDRE DE MISSION D'ENQUÊTE DE L'IGE SUR PETROSEN
Un document signé de l'ancien directeur de cabinet du président, fait état d'une mission d'enquête confiée à l'IGE dans ce cadre, contrairement aux dénégations du pouvoir depuis la diffusion du reportage de BBC sur l'affaire Petrotim
Macky Sall a bien actionné l'IGE aux fins d'ouvrir une enquête sur Petrosen. Ceci dès mai 2012, comme le confirme le document en illustration de cet article. En effet, on peut distinctement lire sur l'ordre de mission en question qu'il émane directement de la présidence de la Républque, puisque signé par Abdoul Aziz Mbaye, ancien chef de cabinet du chef de l'Etat. Il est par ailleurs précisé toujours sur le document, qu'il s'agit d'un ordre qui en remplace un autre, daté lui du 15 mai 2012.
Depuis les révélations de BBC sur le scandale Petrotim, des personnes proches du pouvoir et pas des moindres, ont toujours nié l'existence d'un quelconque rapport de l'IGE sur le sujet. El Hadj Hamidou Kassé, communiquant en chef de Macky Sall, a d'ailleurs affirmé, il y a quelques jours sur les réseaux sociaux que « le rapport de l’IGE à propos du contrat de Petrotim, s’il existe, n’est pas le résultat d’une lettre de mission du président de la République qui ne l’a d’ailleurs pas reçu".
Ce lundi, le ministre de la Justice a annoncé avoir saisi la justice afin de faire la lumière sur l'ensemble de l'affaire.
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LE CRD DÉNONCE UN SCANDALE D'ÉTAT
Aliou Sall sera trainé devant la CREI - Il y a matière à ouvrir une enquête pour haute trahison impliquant Macky ainsi que tout ceux qui ont pu tremper dans l'affaire Petrotim, notamment Aly Ngouille Ndiaye et Abdallah Dionne - DÉCLARATION DE PRESSE
SenePlus publie ci-dessous, la déclaration liminaire du Congrès de la Renaissance Démocratique, ce 11 juin 2019, relative à l'affaire Petrotim.
"Mesdames et messieurs, de la presse, très chers compatriotes, hôtes étrangers qui vivez parmi nous,
Ces derniers jours, une affaire qui depuis plusieurs années fait partie de l’actualité au quotidien a connu des rebondissements dramatiques par les développements y consacrés par le Groupe britannique BBC. Elle apparaît déjà comme le plus gros scandale financier et politique du 21ème siècle, mêlant faux, corruption et trahison ayant permis la mise à disposition des ressources naturelles d’un pays parmi les plus pauvres de la planète entre les mains d’un groupe de voyous nationaux et internationaux.
De prime abord, il convient de rendre justice, et un vibrant hommage, à la Presse sénégalaise. Elle a fait un travail d’investigation et d’alerte fort remarquable, qui mérite respect et considération, dans un pays où en dépit des apparences, l’opacité est la règle et la reddition des comptes l’exception. D’ailleurs, la plupart des faits que nous rappellerons à votre attention a été rendue publique par la Presse écrite, audiovisuelle et en ligne.
De larges extraits du fameux « rapport étouffé de l’Inspection Générale d’Etat (IGE) de 2012 relatif à l’enquête sur le dossier PetroTim / Timis, en mai 2017, sont disponibles en ligne, à travers des vidéos et des articles de la Presse.
Certains journalistes des médias audiovisuels privés y avaient consacré des analyses dont la seule différence avec les informations de la BBC, résident dans les montants des paiements effectués à l’étranger et obtenus au Royaume uni, sans en rien atténuer la qualité du travail exceptionnel de la BBC.
Mesdames et messieurs,
Nous allons procéder à un rappel des faits connus et vérifiables pour que désormais nul n’en ignore et pour que chacun, en ce qui le concerne, puisse en tirer toutes les conséquences qui s’imposeront.
Au demeurant, et dans la mesure où le rapport de l’IGE qui circule sur Internet a été déclaré par le Ministre de la justice comme n’étant pas encore parvenu au Président (sic !), dans la suite de la présente déclaration il y sera fait référence sous la désignation suivante : « le rapport étouffé de 2012 ». L’important reste que les faits décrits qu’il contient ont un caractère véridique et prouvé.
1 – en mars 2012, entre les deux tours de l’élection présidentielle, le Gouvernement du Président Abdoulaye Wade signe avec la Société Pétro-Tim Limited deux contrats de recherche et de partage de production (CRPP) portant sur les blocs Saint-Louis Offshore Profond (SOP) et Kayar Offshore Profond (SOP).
– ces contrats sont signés par :
le Directeur Général de Pétrosen et le mandataire de Pétro-Tim ;
le Ministre d’Etat Karim Wade, Ministre de la coopération internationale, des transports aériens, des Infrastructures et de l’Energie ;
le Président Abdoulaye Wade (en approbation).
3 – les deux décrets d’approbation de ces contrats sont signés mais non numérotés, ce qui les rend de nul effet et suspend ainsi l’entrée en vigueur des deux contrats CRPP ; l’omission de cette numérotation ainsi que la fuite des informations sur cette opération double qui parviennent au candidat Macky Sall procèdent certainement de fonctionnaires patriotes s’opposant à ces coups fourrés de fin de règne.
4 – Or, au moment où ces deux blocs étaient ainsi illicitement attribués à Pétro-Tim la Société Tullow Oil était en négociation avancée avec le Ministère en charges des hydrocarbures, négociations officielles et documentées conformément aux dispositions de la loi 98-05 portant Code Pétrolier et son décret d’application. Par contre, l’attribution à Pétro-Tim violait toutes les dispositions pertinentes des deux textes cités précédemment :
Pétro-Tim a été créée le 19 janvier 2012 tandis que PétroAsia l’a été le 6 mars 2012 ; Pétro-Tim ainsi que sa supposée maison mère PétroAsia ont été créées ad hoc, pour les besoins des contrats et n’avaient, ni directement ni à travers aucun autre mécanisme pertinent, les capacités techniques et financières requises par la loi et la réglementation sénégalaises en vigueur ;
l’avis conforme du Ministre en charge des finances n’avait pas été requis conformément à la procédure en vigueur ;
la commission d’évaluation de Pétrosen n’avait pas été saisie pour statuer sur un dossier qui au demeurant n’existait pas ; pour masquer ce marchandage informel intervenant à quelques heures du second tour de l’élection présidentielle de 2012, entre le ministère en charge de l’énergie et Frank Timis assistés des inévitables intermédiaires introduits dans le « milieu », la date de signature a été délibérément avancée au 17 janvier 2012 par le Ministre en charge de l’énergie Karim Wade. Un crime n’étant jamais parfait, cette date est, de deux jours, antérieure à celle de création de la Société Pétro-Tim, le 19 janvier 2012 ;
en raison de sa réputation internationale plus que sulfureuse, Frank Timis n’aurait jamais dû contracter avec le Sénégal, au regard des textes régissant le secteur au Sénégal; PetroTim était une coquille vide dont les promoteurs n’étaient animés que par l’appât du gain par la spéculation consistant à revendre leurs droits au moment propice, n’ayant ni les capacités techniques, ni les capacités financières, encore moins une expérience avérée dans le secteur des hydrocarbures.
5 – le candidat Macky Sall alerté de ces tractations sordides ainsi que d’autres qui s’opéraient entre les deux tours de l’élection présidentielle s’était solennellement engagé à les annuler une fois au pouvoir.
6 – Aussi, dès le 30 mai 2012, le Directeur de cabinet du Président nouvellement installé a signé l’ordre de mission N°35/PR/CAB/IGE chargeant deux inspecteurs d’Etat d’une enquête auprès de la Société des Pétroles du Sénégal Pétrosen, avec un dossier de base comprenant entre autres pièces, une lettre du 2 mai 2012 signée par Madame Awa Ndongo , représentante de Tullow Oil Sénégal Limited.
7- L’empressement du Président Macky Sall à faire la lumière sur les conditions de d’établissement de ces contrats était aussi motivé par les soupçons d’implication de Karim Wade dans ce dossier et le désir de constituer le maximum de charges contre lui.
8 - le 19 juin 2012, contre toute attente, Aly Ngouille Ndiaye, Ministre de l’Energie et des Mines, présente au conseil des Ministres, deux projets de décrets accompagnés de pièces justificatives a priori revêtues d’informations pertinentes, visant à approuver les contrats tels que signés par le Régime précédent du Président Abdoulaye Wade.
9- le Conseil des Ministres n’ayant pas soulevé des objections les décrets N°2012-596 et 2012-597 sont signés ; Pétro-Tim s’est engagée pour des dépenses d’exploration de 24 milliards sur chaque bloc soit 48 milliards au total.
10- Toutefois, ce que l’ensemble du Conseil des ministres ignorait, à l’exception certainement de quelques initiés au premier rang desquels Macky Sall, Président de la République, Abdoul Aziz Mbaye, ministre Directeur de Cabinet du Président, Aly Ngouille Ndiaye, Ministre de l’énergie, c’est qu’une enquête de l’inspection générale d’Etat IGE était en cours relative au dossier.
11- de plus, le Président Macky Sall était indubitablement régulièrement tenu informé des développements de la Mission de l’IGE conformément à la pratique sur des dossiers aussi sensibles, impliquant un ancien chef d’Etat et un ancien Ministre d’Etat contre lequel se préparait une mise en accusation ; en conséquence, le Président Macky Sall, Aly Ngouille Ndiaye et Abdoul Aziz Mbaye savaient que les informations mentionnées sur le rapport de présentation étaient fabriquées de toutes pièces pour faire approuver des contrats :
le rapport de présentation introduit un fait nouveau par rapport au dossier tel que l’avait laissé le régime précédent; En effet PetroTim Ltd y a été présentée comme filiale de PetroAsia Resources Ltd ;
PetroAsia est présentée comme suit dans le Rapport signé des mains du Ministre Aly Ngouille Ndiaye : «…un groupe de Sociétés contrôlé par des investisseurs basés en Asie. PetroAsia est doté d’une expérience avérée et réussie dans le secteur de l’Energie et notamment dans l’Exploration-Production des Hydro carbures ».
Or cela est totalement faux puisque :
PetroAsia a été créée sous le numéro 1713823, avec un capital de 10 000 US$ (5 000 000 FCFA) à Hong Kong le 6 mars 2012 soit après la signature des Contrats de Recherche et de Partage de Production (CRRP) le 17 janvier 2012 par Karim Wade ; Elle a pour unique actionnaire, à l’exception d’une action premium, Mr WONG Joon Kwang détenteur d’un passeport Singapourien ;
PetroAsia est dissoute en 2016 après avoir rendu les services pour laquelle elle avait été créée ; elle n’a donc aucune expérience ni compétence dans le secteur, ne dispose d’aucune capacité financière et n’a qu’un actionnaire unique.
12- la précipitation à faire approuver par le Conseil des ministres les deux contrats procède d’une ruse consistant en une course contre le dépôt du rapport définitif de l’IGE pour pouvoir dire : « on ne le savait pas » ; ils semblent d’ailleurs avoir aujourd’hui décidé de l’étouffer le et, pour eux il n’aurait jamais existé.
13- Au demeurant, le « rapport étouffé de 2012 » n’a pas manqué de relever en des termes très sévères la précipitation du Ministre Aly Ngouille Ndiaye à faire procéder à l’approbation des contrats sans attendre la conclusion du rapport d’enquête, en ces termes : « La soumission par M Aly Ngouille Ndiaye … de la même convention…accompagnée d’un projet de décret est surprenante, improductive et risquée ;
Elle est surprenante car la présente enquête a été ordonnée par le Président de la République sur saisine du même ministre qui n’a pas attendu les résultats de l’enquête ;
Elle est improductive car elle ne donne lieu à aucun versement de fonds ou gains immédiats pour l’Etat, justifiant une telle précipitation. (…) ;
Elle est risquée car la convention de recherche et de partage de production signée avec PetroTim n’est pas à l’abri d’un recours en justice pour les irrégularités qui entachent sa validité. (…) ».
Naturellement « le rapport étouffé de 2012 » ne pouvait désigner nommément le véritable destinataire de cette admonestation, à savoir, le Président de la république, qui a ordonné l’enquête et mesure mieux que quiconque les véritables enjeux en ses qualités d’ancien cadre de Pétrosen, ancien Directeur général de Pétrosen, ancien Ministre en charge des hydrocarbures.
14- au surplus, « le rapport étouffé de 2012 » a proposé au Président de la République l’annulation des permis « en raison des irrégularités qui entachent la validité des conventions signées avec PetroTim qui en sont le substrat ».
15- Le Président de la République Macky Sall a totalement ignoré les conclusions du « rapport étouffé de 2012 » et n’a rien entrepris pour annuler les permis : Ce fait est extrêmement grave et sérieux parce qu’il démontre que le Président mis au courant officiellement de ce que les décrets qu’il avait signés portaient un préjudice lourd aux intérêts stratégiques du Sénégal a choisi de ne pas agir ; c’est bien une preuve de plus, s’il en fallait, que les décrets proposés à sa signature par Aly Ngouille Ndiaye, l’ont été en pleine connaissance de cause en ce qui concerne le Président de la République.
16 – Preuve supplémentaire : le 23 août 2013, pratiquement un an après avoir pris connaissance du « rapport étouffé de 2012 », le Président de la République signe deux décrets prolongeant la période initiale de recherches pour les deux blocs Saint-Louis et Kayar ; ce sont respectivement les décrets 2012-1154 et 2012-1155 ; cet acte posé par le Président Macky est également extrêmement sérieux et grave ; car :
en dépit du « rapport étouffé de 2012 » reçu un an auparavant, il signe et persiste à maintenir la société Pétro-Tim dans les blocs SLO et KOP ;
la prolongation de la période initiale qui n’avait pas encore pris fin et sans que Timis n’ait réalisé les obligations afférentes à ladite période est inexplicable et apparaît comme une transgression de plus au profit exclusif de Timis ; ce que sait parfaitement l’ancien DG de Pétrosen devenu Président de la République Macky Sall.
Il apparaît clairement à ce niveau que le Président de la République viole avec une intention flagrante et répétée la loi qu’il a juré d’observer et de faire observer. A ce point de notre développement ces conclusions flagrantes, massives et graves se dégagent. Mais il reste encore pire, confirmant que cette affaire est d’abord et avant tout une affaire Macky Sall.
17 – le 3 juillet 2014, un arrêté du Ministre en charge de l’énergie Maïmouna Ndoye Seck approuve le transfert par Pétro-Tim de Limited à TIMIS CORPORATION LIMITED de tous ses droits dans les Contrats de SLO et KOP. Ce transfert ouvre la voie à la vente par Timis Corporation de 60% desdits droits à Kosmos Energy le mois suivant, en août 2014; à cette date, Pétro-Tim n’avait engagé aucune des obligations sérieuses qui lui revenaient en vertu des contrats.
18 – Cette opération entre Pétro-Tim et Timis est manifestement exigée par Kosmos préalablement à son double rachat, car un minimum de due diligence conduit à prendre conscience et connaissance, de tous les vices manifestes infestant les CRPP de SLO et KOP, comme par exemple l’impossibilité que Pétro-Tim ait pu signer un contrat avant sa date de création.
19 – en 2016, suite à d’importantes découvertes de gaz d’abord dans le bloc SOP puis KOP, il apparut que la société Kosmos, qui supportait seule les décaissements liés aux opérations d’exploration, avait atteint les limites de ses capacités financières et devait rechercher un autre partenaire pour la phase de développement en vue de la production ; c’est ainsi que BP a acquis en 2017 une partie des actions de Kosmos – Energy ; c’est le moment que guettait Timis pour engager des transactions tous azimuts visant à vendre ses parts au plus offrant ; ce qui n’est pas surprenant eu égard aux prédictions du « rapport étouffé de 2012 » soutenant que PetroTim était venue pour spéculer ; prévisions fondées sur la foi des avis des experts de Pétrosen.
20 – vers la fin de l’année 2016, constatant la défaillance totale de Timis corp dès lors que cette société :
Ne participait à aucune des réunions techniques relatives aux travaux d’exploration en cours pour apporter sa contre-expertise et ses analyses à l’effet de corroborer ou d’infirmer les informations, notamment celles cruciales relatives aux réserves de gaz découvertes et aux propositions techniques de développement envisagées par Kosmos – Energy ;
N’a pas pu honorer ses engagements financiers relatifs à la poursuite des travaux d’exploration et de forage une fois épuisés les montants correspondants aux 60% cédés à Kosmos ; aussi, Timis corp s’est retrouvée devoir à Kosmos 15 millions de dollars pour des travaux, avec des risques de devoir céder une partie de ses actions ;
Les dépenses totales décaissées directement par Timis en d’avril 2017 se chiffraient à 4 millions de dollars dont la nature exacte restait à définir pour s’assurer que ces dépenses pouvaient être retenues comme coûts liés aux opérations pétrolières.
Le Ministre de l’énergie Thierno Alassane Sall a suggéré que l’Etat envisage le départ de Frank Timis, le retrait de ses droits, moyennant le paiement de ses frais éventuels.
21 – n’ayant pas été soutenu dans sa proposition, Thierno Alassane Sall s’est en conséquence opposé à la transaction conclue entre Timis corp et BP à lui soumise au mois d’avril 2017 et qui comportait les éléments suivants :
Paiement de 250 millions de dollars US (137 milliards de francs cfa) une semaine après l’approbation ;
Paiement de 25 millions dollars US supplémentaires par puits en cas de découvertes supplémentaires d’hydrocarbures lors des opérations de forage envisagées sur les deux blocs de SOP et KOP, à concurrence de deux puits maximum ;
Paiements, durant la durée de vie du projet, de redevances ou royalties selon un pourcentage non explicité dans l’accord soumis à l’approbation du Ministre et objet d’un accord tenu secret.
Cette clause secrète, contraire aux textes en vigueur, et qui ouvre la voie à des paiements sur 40 ans à d’autres entités contrôlées par d’autres personnes que Frank Timis, est le NŒUD de l’opacité.
22 – Pratiquement à la même période, l‘ancien Premier ministre Abdoul Mbaye (un des trois signataires des décrets d’approbation des CRRP de SLO et KOP), sur la base d’enquêtes personnelles engagées après son départ du Gouvernement à la suite d’alertes, dénonçait l’existence d’un faux après avoir établi son existence. Il est le seul des trois signataires des décrets à avoir procédé à ces dénonciations à ce jour.
23 – Abdoul Mbaye en a informé le Président de la République par lettre ouverte afin que nul n’en ignore, lui demandant par ce même courrier de faire engager des enquêtes administratives et judiciaires (lettre n° 10/SPPdt du 15 août 2016 ; lettre n° 11/ ACT/SP/PDT du 19 octobre 2016 ; lettre du 26 avril 2017) ; Abdoul Mbaye a fourni les éléments constitutifs du faux et a offert son concours pour la recherche de la vérité. Aucune suite n’a été donnée à ses courriers.
Le Président de la République Macky Sall, Gardien de la Constitution, ayant en charge la sauvegarde et la protection des intérêts de la Nation sénégalaise, et celle de veiller à l’application de la loi, est resté dans un silence injustifiable pendant près de trois années.
24 – D’autre part, Abdoul Mbaye a livré les mêmes informations au Procureur de la République Serigne Bassirou Gueye sollicitant l’ouverture d’une enquête par courrier N°11/13/2018 du 13 février 2018 également rendu public.
25 - Le Procureur de la République, à son tour informé, n’a à ce jour osé donner suite au courrier demandant la recherche de la vérité par l’ouverture d’une enquête. Ce dossier, déjà très épais, serait incomplet sans mentionner le rôle d’Aliou Sall, frère de Macky Sall.
26 - Aliou Sall dispose de pouvoirs conférés par la société PetroTim Limited et certifiés par le Consul Général de Singapore le 23 mai 2012, donc avant la signature des décrets le 19 juin 2012 par le Président de la République Macky Sall ; Frank Timis a révélé dans une interview au quotidien sénégalais l’AS n° 3300 du 7 octobre 2016 : « Aliou Sall est un employé. Il avait un contrat avec PetroAsia. Il devient employé de Timis corporation. Aliou Sall a un salaire qu’il reçoit mensuellement comme tout travailleur» ; et Aliou Sall crée la société PetroTim Sénégal SAU (capital de 10 000 000fcfa) le 4 juillet 2012 et en est l’administrateur général.
27- l’enquête de la BBC révèle des paiements de 250 000 US$ remis à sa société Agritrans Sarl, dirigée par son oncle Abdoulaye Timbo et dont le siège social est la propre maison de Aliou Sall située Sicap Foire N° 10753 ; selon cette enquête, le contrat d’Aliou Sall était du type obligation de résultat c’est-à-dire qu’il ne recevrait l’essentiel de sa rémunération qu’une fois les décrets approuvés par son Frère de Président.
28 - Aliou Sall a été donc très utile au spéculateur Frank Timis pour l’approbation par l’Etat du Sénégal des CRRP signés sous Abdoulaye Wade mais non entrés en vigueur faute de décrets à la place de vrais opérateurs, choisissant même de les écarter (Tullow oil, par exemple).
29 - Aliou Sall a aidé des entreprises étrangères à obtenir des permis pétroliers et gaziers au Sénégal ainsi que leur renouvellement en violation de la loi contre rémunération mensuelle et primes de résultats.
30 - Macky Sall, Président de la République, prenant les décisions par décrets au profit des sociétés d’une nébuleuse au service duquel son frère se mettait, n’a pu ignorer l’implication de ce dernier dans ces « deals » pendant que la loi sénégalaise était violée.
L’implication d’Aliou Sall, frère du Président de la République, est constitutive de conflit d’intérêt patent. Macky Sall l’a d’ailleurs reconnu au cours d’une interview à Jeune Afrique (JA, le 28 septembre 2016, « entretien avec Marwane Ben Yahmed).
Mesdames et messieurs,
Par sa formation et ses premières expériences professionnelles chez Pétrosen, le Président de la République ne pouvait non plus ignorer l’importance des pertes que subissait la Nation sénégalaise, choisissant un spéculateur plutôt qu’un opérateur professionnel ayant des états de services dans notre bassin, ou ayant fait des découvertes sur la façade maritime de l’Afrique de l’ouest.
En définitive, cette transaction entre Frank Timis et BP a été validée par les deux plus hautes autorités de l’exécutif, Macky Sall et Mahammad Boune Abdallah Dionne. Elle sera approuvée en mai 2017 par le Ministre de l’énergie M Mahammad Boune Abdallah Dionne installé dans ces fonctions pour la cause. C’est cette approbation qui a rendu possible le paiement des 137 milliards CFA ou 250 millions dollars depuis MAI 2017.
Ce paiement de BP à Timis est la contrepartie d’un échange des 30% de droits illégalement acquis de Timis sur les blocs Saint-Louis et Kayar, transaction qui en aucune façon ne saurait être liée aux investissements dans les opérations pétroliers très clairement définies dans les CRRP. Pourtant cette transaction a été jusqu’ici tenue secrète par le Gouvernement du Sénégal, et les taxes que le Trésor public devraient collecter n’ont jamais été mentionnées dans la loi des finances comme telles.
Mesdames et messieurs,
Au terme de cet exhaustif rappel des faits, il apparaît très clairement que le Président Macky Sall, dans l’exercice de ses fonctions, a intentionnellement violé de manière répétée le code pétrolier du Sénégal ainsi que son décret d’application en signant en 2012 puis en 2013 des décrets qui approuvaient des contrats qu’il savait sciemment établis dans des conditions frauduleuses.
Le Président Macky Sall a, en particulier, ignoré la réclamation déposée par Tullow Oil comme si elle n’a jamais existé, tout comme le « rapport étouffé de 2012 » De la sorte, le Président Macky Sall a, incontestablement permis au sulfureux Frank Timis, un spéculateur connu et reconnu comme tel par les services de l’Etat, notamment par le « rapport étouffé de 2012 », de s’enrichir outrancièrement aux dépens de la Nation sénégalaise. Le Président Macky Sall a permis à son frère M Aliou Sall, qui ne dispose d’aucune compétence particulière ou motivée de s’enrichir, à coup de milliards, sans services rendus à la Nation.
Malgré les alertes et saisines maintes fois réitérées, tant par l’ancien Premier ministre Abdoul Mbaye que par l’ancien ministre Thierno Alassane Sall, ainsi que par d’autres lanceurs d’alertes sénégalais, le Président Macky Sall a persisté à soutenir le Groupe de Frank Timis et en aucun moment n’a posé le moindre acte pour la sauvegarde des intérêts du Sénégal ; bien au contraire.
Ainsi, le Président Macky Sall a pris l’option délibérée d’exposer notre pays à des risques majeurs, du fait de la présence d’individus dangereux comme Frank Timis au cœur des ressources pétrolières et gazières qui appartiennent au Peuple sénégalais ; d’incompréhensions, de frictions et de possibles conflits, avec des sociétés globales et puissantes comme BP ; car en définitive l’ensemble des acquisitions de ces sociétés sont assises sur du faux établi en toute connaissance de cause du Président de la République.
Incontestablement, le Président Macky Sall a intentionnellement refusé de donner la suite appropriée à des informations pourtant fiables et constantes sur l’établissement de faux dans l’octroi de permis délivrées par un ancien Premier Ministre (Abdoul Mbaye), choisissant de laisser se dénouer, après ces saisines, des transactions financières au détriment du Sénégal.
Les faits ci-dessus exposés font ressortir de fortes présomptions d’associations de malfaiteurs, d’auteurs et de complices de faux en vue d’une entreprise ayant abouti à la spoliation d’intérêts du Sénégal, permettant l’enrichissement gratuit de personnes dont son propre frère Aliou Sall.
Le Congrès de la Renaissance Démocratique estime qu’il y a là matière à ouvrir une enquête pour haute trahison impliquant Macky Sall ainsi que l’ensemble des Ministres, fonctionnaires et responsables de sociétés, publiqués qui ont pu contribuer à la commission de tels actes, en particulier Aly Ngouille Ndiaye et Mahammad Boune Abdallah Dionne. Tous les témoins de ces affaires relatives aux attributions d’autres permis à Frank Timis, à Ovidu Tender et autres bénéficiaires devront être entendus dans le cadre de ces enquêtes y compris les anciens Premiers ministres et les ministres.
De telles enquêtes devront être conduites non seulement au Sénégal, mais également en Grande Bretagne et aux Etats-Unis d’Amérique où se trouve le siège du principal de la société Kosmos – Energy. Ici au Sénégal, le Congrès de la Renaissance Démocratique, prendra les initiatives appropriées, s’agissant des mis en cause qui, de par leur fonctions relèvent de la Haute cours de justice, pour l’ouverture d’une enquête parlementaire.
En ce qui concerne Aliou Sall et Frank Timis, ainsi que tous les hauts fonctionnaires ayant pris part à cette haute trahison, une plainte sera déposée auprès du Procureur spécial de la Cours de Répression de l’Enrichissement illicite contre l’Agent public, le sieur Aliou Sall.
Au plan politique, le Congrès de la Renaissance Démocratique, qui ne ménagera aucun effort pour la manifestation de la vérité, s’emploie déjà, et poursuivra dans cette dynamique, sans relâche, avec constance et détermination, dans les semaines et les mois à venir, malgré les menaces de toutes sortes qui n’émeuvent guère au regard des enjeux pour le peuple, à la mise en place d’un large front citoyen et patriotique, politique et démocratique de lutte, en rapport avec tous les segments de la Nation pour porter tous les combats que requiert ce gigantesque scandale, sans précédant dans l’histoire du Sénégal.
LA VERITE, TOUTE LA VERITE DOIT ETRE RECHERCHEE, DITE ET SUE.
NUL NE DEVRA ETRE AU DESSUS DE L’APPLICATION DE LA LOI.
LA PAIX ET LA STABILITE DU SENEGAL SONT A CE PRIX."
YAKHAM MBAYE TOUTES GRIFFES DEHORS
Le patron du quotidien de service public, Le Soleil, renouvelle son soutien à Aliou Sall accusé de corruption présumée dans l'affaire Petrotim et critique sévèrement Mamadou Lamine Diallo et Abdoul Mbaye
Depuis l’éclatement de la polémique suscitée par la vidéo de la Bbc, vous vous signalez par une défense acharnée de Aliou Sall, au moment où on ne sent pas trop vos camarades de la mouvance présidentielle, qui sont assez timorés. Qu’est-ce qui justifie que vous montiez toujours au créneau lorsque le frère du président Macky Sall est attaqué ?
Je n’ai pas le choix.
Pouvez-vous être plus explicite ?
J’y reviendrai plus tard, si vous le permettez. L’essentiel à mes yeux, pour le moment, c’est de pouvoir m’exprimer en allant au fond de cette affaire. Si vous le permettez.
On vous le concède. Alors, pourquoi soutenez-vous la thèse selon laquelle Aliou Sall est victime d’un complot, dans vos écrits et sur votre page Facebook ?
Le court métrage de la Bbc, car c’est de ça dont il s’agit, une œuvre de fiction, et non un travail de journaliste, tient en trois points.
Primo, Aliou Sall aurait perçu indument 25 000 dollars américains, cinq années durant, de Frank Timis, comme fruit d’un acte de corruption.
Secundo, en sus de ces 25 000 dollars, il aurait perçu 250 000 autres dollars américains versés par Timis Corporation dans le compte bancaire de sa société dénommée Agritrans.
Tertio, de la collusion entre Aliou Sall, Frank Timis et les plus hautes autorités sénégalaises, notre pays s’est retrouvé spolié de 10 milliards de dollars américains, du fait d’une clause contenue dans un contrat entre des multinationales que Frank Timis a entrainées dans son sillage au Sénégal.
Et vous ne croyez pas à cela ?
Vous y croyez-vous sérieusement ?
Passons à la loupe ces trois accusations.
C’est un secret de polichinelle que les 25 000 dollars américains ont constitué le salaire de Aliou Sall lorsqu’il a été recruté comme Gérant de Petro Tim Sénégal. Mieux, ce revenu figure dans le dossier portant sa Déclaration de patrimoine déposée à l’Ofnac depuis 2013. Il y a donc six années. Maintenant, Bbc et les comploteurs avec qui elle s’est liguée, veulent nous faire croire que lorsqu’on est un corrompu, c’est au niveau de l’entité qui pourchasse et débusque les corrompus, l’Ofnac, qu’on va déclarer les fruits de sa corruption. Cela équivaut à soutenir qu’un voleur irait à la Police centrale y déposer ce qu’il a volé. De qui se moque-t-on ?
Quid des 250 000 dollars américains ? Passons sur le fait que depuis quelques jours, la Bbc n’endosse plus cette accusation, et relevons un fait : il est quand même ahurissant que ceux-là de la meute, qui hurlent, se bouchent subitement les oreilles dès qu’il est établi que pas l’ombre de ces 250 000 dollars n’est passée dans le compte bancaire de cette société venant de Timis Corporation. Aucun virement n’a été fait au bénéfice de Aliou Sall.
Ça aurait été le cas qu’il y aurait de fortes raisons de désespérer de Aliou Sall, en se disant qu’il est devenu un cancre, un irréfléchi, qui, après avoir été corrompu, irait verser les 250 000 dollars de Timis Corporation dans son compte bancaire.
Pour finir sur cet aspect de la vidéo de Bbc, j’ai ressenti l’effet d’une insulte à notre intelligence commune, à notre Administration et aux banques de ce pays. Parce qu’un Sénégalais ne pourrait recevoir un tel virement sans que la Cellule nationale de traitement des informations financières dite Centif ou la banque de Aliou Sall ne bronchent, parce que toutes les deux seraient sous les ordres du frère du Président ? De qui se moquent la Bbc et tous ceux qui hurlent au scandale ?
Cette question a tout son sens lorsqu’on aborde la légende des 10 milliards de dollars américains.
Qu’est-ce qui vous fonde à dire que c’est une légende ?
Je vais le démontrer.
A mon avis, dans la phase de contre-attaque, la stratégie et la tactique ne commandaient pas d’opposer aux tenants de ce complot l’argument selon lequel ces 10 milliards de dollars sont une énormité, parce que le Sénégal, Bp et Kosmos n’escomptent respectivement, dans les trente années qui suivront le début de l’exploitation du pétrole et du gaz, que 23 milliards de dollars, 8 milliards de dollars et 4 milliards de dollars. Car, d’aucuns se mettraient à douter de ces montants qui relèvent de projections, même si elles sont fiables.
Il était tout aussi inopérant, dans le contexte sénégalais où nous sommes, où l’oxygène s’est raréfiée et à la place on inspire à plein poumon l’intoxication, de dire : «C’est une affaire entre sociétés privées étrangères qui ne regarde pas Aliou Sall». C’est un piège contre ce dernier, car on s’adresse à une opinion qui privilégie la perception sur la réalité, pour ne pas dire la vérité. C’est ainsi. Nous sommes tous comme ça.
Il fallait attaquer le mensonge de manière frontale avec le seul argument qui vaille, porté par une série de questions : Où est ce document qui scelle le deal entre Bp et Frank Timis, et révèle un scandale ? Qui, au Sénégal, ou ailleurs dans le monde, a vu ou lu ce document ? Pourquoi la Bbc ne l’expose pas dans sa vidéo ? Quand, où et par qui il a été signé ? Toutes les personnes habitées par la bonne foi et l’intelligence peuvent répondre à ces questions.
Maintenant qu’il est établi que la Bbc ne fait pas du journalisme, mais produit de la fiction, que l’on prenne date et garde. Si ce procédé prospère, demain, lorsqu’un média sénégalais viendrait à accuser – sans l’ombre du bout d’une page de preuve, parce que simplement animée par l’intention de nuire – une autorité d’avoir été, dans le passé, confrontée à une affaire de mœurs, et présentement avoir détourné le quart du budget alloué à l’institution qu’elle dirige, j’espère que personne parmi cette meute ne se mettrait à hurler, insultant, discourant sur la caractéristiques de racaille des journalistes sénégalais, avant d’appeler le Procureur de la République ou le Cored à assainir cette profession.
Comme la Bbc est respectable et respectée, en dépit du fait que son passé récent est jalonné de coups médiatiques fourrés et de condamnation de l’autorité de régulation de l’audiovisuel anglais, la façon dont elle travaille doit faire école au Sénégal.
Ne croyez-vous pas que votre propos est exagéré ?
Pourquoi ce qui est valable, aujourd’hui, pour la Bbc ne le serait pas, demain, pour un média sénégalais, diffamer, ternir la réputation, attenter à l’honneur d’une personne, sans preuve ?
Donc, à vous entendre, il n’y a pas lieu de parler de scandale, encore moins appeler Aliou Sall à démissionner ?
Les 25 000 dollars américains constituent un salaire déclaré à l’Ofnac depuis 2013.
Les 250 000 dollars versés par Timis Corporation dans son compte bancaire, il est maintenant établi que c’est une invention.
La clause contractuelle de 10 milliards de dollars entre Bp et Frank Timis relève de chimère, et je défie la Bbc et ses comparses de publier ce document.
Maintenant, si les trois munitions de Bbc s’avèrent être des pétards mouillés, qu’est-ce qui reste du scandale ?
Mais, il y a plus grave…
Quoi exactement ? Croyez vous que l’affaire aurait ce tollé si Aliou Sall avait répondu aux questions de la Bbc ?
Au moment de la production de cette vidéo, la Bbc a contacté Aliou Sall, qui a requis ses avocats aux fins de fournir au média anglais toutes les réponses. Parmi les questions abordées, jamais il n’a figuré cette histoire de 10 milliards de dollars.
Ah bon ?
Je ne parle pas en l’air. Et je n’ai pas fini. Comment appréciez-vous le fait que la Bbc n’extraie que deux phrases dans un document de quinze pages. Ce sont quinze pages de réponses qui ont été envoyées à la Bbc. Ils ont fait le même coup à Kosmos Energy qui a répondu par écrit. C’est du banditisme et non du journalisme. Et je pèse mes mots.
Par ailleurs, l’évocation du nom de cette compagnie pétrolière me permet de relever un fait : pourquoi le député Mamadou Lamine Diallo n’éclaire pas l’opinion publique sur ses rapports avec Kosmos. Surtout le contenu d’une lettre qu’il a reçue d’un de ses hauts dirigeants le 19 décembre 2016. Parce que ce qui y est dit n’arrange pas leurs thèses sur le pétrole et le gaz ?
Qu’est-ce qui est dans cette lettre ? Avez-vous pris connaissance de son contenu ?
Bien sûr, en versions anglaise et française. Maintenant, allez poser la première question à ce héraut de la transparence, ce chevalier de la bonne gouvernance, ses deux nouvelles casquettes. Car, il en avait d’autre. Il y a 22 ans, sous Abdou Diouf, Mamadou Lamine Diallo, qui dénie aujourd’hui à Aliou Sall les compétences pour gérer une société pétrolière, lui était orpailleur.
Comment ça ?
Comme on oublie vite chez nous dès qu’il s’agit de casseroles que traînent les opposants, je vous renvoie aux révélations de El Malick Seck sur lesquelles Libération avait rebondi, sans être démenti, jusqu’ici.
Alors qu’il était Conseiller technique du Premier ministre et Président du Conseil général des Mines, Mamadou Lamine Diallo a usé et abusé de sa position. Le 07 août 1997, le décret 97-797 octroie un permis de recherche pour or et substances connexes dit permis Madina à la société International Mining Company établie à Dakar, 05 rue Victor Hugo angle avenue Léopold Sédar Senghor. Qui a mené les opérations minières pour le compte de Imc ? La société Leo Shield Ltd par l’intermédiaire de la Jv Occidental Gold Senegal. Et c’est ce même Mamadou Lamine Diallo qui, aujourd’hui, pointe les liens commerciaux normaux et classiques entre Petroasia, Petro Tim, Timis Corporation, Bp, Kosmos, Cairn etc., dans le seul but de manipuler l’esprit des Sénégalais en leur faisant croire à des ententes frauduleuses.
Enfin, et c’est le plus intéressant, qui était la Gérante de Imc ? L’épouse de Mamadou Lamine Diallo. C’est un décret du Président Wade contresigné par le Premier ministre Idrissa Seck qui, le 04 juillet 2003, annule le décret de Abdou Diouf en date de 1997.
Ce sont ces gens qui aiment tellement l’or, qui osent donner des leçons au Président Macky Sall et aux Sénégalais qui ne pensent pas comme eux. Et c’est pire en ce qui concerne l’ancien Premier ministre Abdoul Mbaye.
Qu’est-ce que vous lui reprochez ?
Abdoul Mbaye, je ne le lui reproche rien, car je ne suis ni juge ni Imam. Je le connais, contrairement à Mamadou Lamine Diallo. Il fut l’époux de ma cousine qui porte le même nom que ma mère. Premier ministre, lorsqu’il fut confronté à un type d’hostilités que je trouvais injustes, j’ai pris ma plume pour défendre l’institution qu’il incarnait.
Seulement, une réalité est manifeste : qu’il arrête, avec ses airs de bourgeois constipé, de nous donner des leçons de morale et de bonne gouvernance. Toute sa carrière est jalonnée d’imbroglios judiciaires retentissants.
Abdoul Mbaye, qui a planqué les milliards de francs Cfa du Président déchu d’un pays étranger exilé au Sénégal, disputé leurs avoirs à de dignes commerçants, impliqué dans une histoire de tripatouillage de document d’état civil, n’est pas mieux que Frank Timis qu’il vilipende. Il y a quelques années, lorsque Aly Ngouille Ndiaye, alors ministre des Mines, l’a publiquement mis en cause, il n’avait pas bronché.
Concrètement, qu’est-ce qu’il a fait qui fonde que vous le taxiez d’affairiste ?
Vous savez tous que l’Initiative pour la transparence dans les industries extractives a cité le Sénégal en exemple l’année dernière, le classant quatrième au niveau mondial et premier en Afrique. Cette même Itie, dans son rapport 2013, à la page 87, indique que Abdoul Mbaye est actionnaire d’une société minière. Dans le rapport 2014, il avait démissionné, après avoir vendu trente tonnes d’or et récolté près de 20 milliards de francs Cfa dans ce qu’il convenu d’appeler le plus grand gisement d’or jamais découvert au Sénégal. La société s’appelait Sored-Mines Sa, et c’est par le décret 2007-1327 signé le 02 novembre 2007 par le Président Wade que Abdoul Mbaye avait obtenu une concession minière pour or et substances connexes sur le périmètre de Niamia, dans le département de Kédougou.
Tout détenteur d’une connexion internet peut accéder au site du Journal Officiel et y lire, en tapant «Sored-Mines-Journal-Officiel», le rapport de présentation de ce décret. Il dit ce qui suit : «La Société de recherche et de développement des mines (Sored-Mines Sa) est une société de droit sénégalais qui est titulaire du permis de recherche du périmètre de Niamia attribué par décret N°98-238 du 12 mars 1998 à la société Eeximcor-Afrique Sa, pour la recherche d’or et de substances connexes, renouvelé une première fois par arrêté N°5130 du 1er juin 2004 puis une deuxième fois par arrêté N°7433 du 20 juillet 2007. (…) Le périmètre de la concession minière couvre une superficie réputée égale à 120 km²».
Abdoul Mbaye était actionnaire à hauteur de 6,09% dans Sored-Mines Sa, et ce n’est qu’en 2014 qu’il a vendu ses parts à son associé Papa Ousmane Ahne. En clair, alors qu’il était Premier ministre, cette société minière dont il est actionnaire, bénéficiait de plusieurs faveurs. Aujourd’hui, il peut, sans coup férir, appeler les Sénégalais autour d’une «Allliance pour la citoyenneté et le travail».
Maintenant, si on raisonne comme tous ces donneurs de leçon, croisés de la bonne gouvernance disposés à aller incendier tous les paradis fiscaux, il y a quand même un gros problème avec cette histoire de Sored-Mines.
Qui contrôlait Sored-Mines Sa ? Abdoul Mbaye (6,09%), Papa Ousmane Ahne (27,31%) et 51% au nom de Terrysco ; le reste des parts à des membres de sa famille, dont son épouse. Terrysco, qui figure au cœur des Panama Papers, a été créée par le sulfureux cabinet panaméen Mossack Fonseca, le 19 mai 2006, bien après Sored-Mines, et dans le seul but de la contrôler, de loin, hors d’atteinte du Fisc sénégalais car elle a été immatriculée dans les Îles Vierges britanniques.
Enfin, dans le capital de Terrysco, apparaît Select Financia Holding, une société anonyme montée elle aussi par Mossack Fonseca, et immatriculée dans un autre paradis fiscal : le Luxembourg, avec adresse en Australie.
Mamadou Lamine Diallo, Abdoul Mbaye et compagnie n’ont rien à envier à Frank Timis. Pour parler de manière prosaïque, ce ne sont pas des opposants qui tirent le diable par la queue, ils sont riches comme Crésus, et donc armés pour déstabiliser en permanence. Et c’est à ça que nous devons nous attaquer, sinon personne n’aura pas la paix dans ce pays.
Qu’est-ce que vous pensez de l’intention qu’on prête au Président Macky Sall de limoger Alioune Sall ?
(ndlr : il rigole…)
Qu’est-ce qui vous fait rire ?
Vous savez, je suis journaliste de métier. Ministre, Directeur général, homme politique, ce n’est pas un métier. Jamais, je ne me montrerai ingrat à l’endroit d’une profession qui m’a fait, en la stigmatisant ou en me laissant aller à des généralisations parce que tel ou tel article n’arrange pas les positions que je défends. Raison pour laquelle, lorsque j’entends dire ou je lis certaines choses, je me sens très gêné. Il aurait fallu simplement poser des questions, ensuite recouper, pour s’épargner certaines choses qui ne grandissent pas cette profession.
La Caisse des dépôts et consignations n’a pas de Conseil d’administration. Elle a un Comité de surveillance qui n’a pas les attributs de nommer ou de limoger le Directeur général. Seul le Président a ce pouvoir. Cette précision faite, chacun peut se faire sa religion sur l’annonce faite à grand renfort de publicité. Je n’en dirai pas plus.
(ndlr : c’est en plein entretien qu’est tombé le communiqué de la Commission de Surveillance de la Cdc, qui confirme tout ce qu’il dit plus haut).
Comment appréciez-vous les voix qui s’élèvent au sein de la majorité présidentielle pour appeler Aliou Sall à démissionner ou à être démis par le Président de la République ?
Je n’en pense strictement rien de signifiant. Chacun est libre de tirer à boulets rouges sur Aliou Sall. De mon côté, je suis libre, avec d’autres, de le défendre par tous les moyens nécessaires et légaux. Prêter attention à ce que disent ceux qui ne vous aiment pas, ça distrait et détourne de l’essentiel.
Au regard de votre position dans cette affaire et de votre proximité avec la famille présidentielle, Le Soleil, le quotidien national, ne perdra-t-il pas sa crédibilité dans le traitement de ce dossier ?
Je vais d’emblée vous indiquer ce qui suit : j’ai été diffamé et traîné dans la boue, suite au remaniement de septembre 2017, parce que je me serais rebellé pour être recasé. Le Président savait comment je vivais ma condition de membre du Gouvernement. Je n’ai jamais demandé à aller au Soleil. Mieux, lorsque le Président m’a proposé d’y aller, j’ai d’abord décliné, tout en lui indiquant mon souhait et ma volonté de tenter une autre expérience professionnelle personnelle qu’il allait soutenir, je me dois de le préciser car je ne suis pas un ingrat. Parce que depuis plus de vingt ans que je suis à ses côtés, il m’a toujours traité comme Aliou Sall. Finalement, j’ai reconsidéré ma position, car, ça me pesait de lui dire non.
Le Soleil ou pas, ça ne m’empêche pas de dormir. Il y a près de dix ans, pour réaffirmer mon engagement aux côtés du Président, qui était alors dans l’opposition, j’ai démissionné de la direction du plus puissant groupe de presse au Sénégal, pour ensuite continuer mon combat à ses côtés jusqu’à la victoire. Interrogez Bara Tall, le propriétaire de Com7, il vous dira que j’étais mieux payé qu’un député, presqu’autant qu’un ministre. Je ne suis pas un ancien chômeur embarqué dans les fourgons de la deuxième alternance avant d’être, aujourd’hui, un salarié politique.
Tant que je serai aux commandes du Soleil, je m’investirai corps et âmes pour que l’Astre national brille comme jamais. Si je n’ai pas renforcé la crédibilité de ce bien public, personne n’ose affirmer que j’y ai porté atteinte. En moins d’un an, j’ai fait plus que doubler le tirage, les ventes ont connu une hausse sans précédent. Cela veut dire qu’il y a énormément de Sénégalais qui sont satisfaits du travail du Soleil. J’ai ouvert, comme aucun de mes prédécesseurs ne l’avait fait, ce journal à tous les Sénégalais, surtout l’opposition. J’y œuvre au quotidien pour mériter la confiance du Président de la République et l’estime des braves employés qui sont dans cette entreprise. Personne au Soleil n’a un volume de travail supérieur au mien. Là-bas, jamais, je ne m’y suis comporté en ministre, Directeur général ou membre de l’Apr. Tout n’est pas rose dans ce que j’y fais, mais, je suis ouvert à tous pour m’améliorer.
Aux commandes de ce bien public, financé et entretenu par l’Etat, je serai toujours aux avant-postes lorsqu’il s’agira de défendre le Sénégal, l’Etat et son Chef, promouvoir et rendre visible ses réalisations. Si demain, je devais douter de ma disponibilité et de ma loyauté envers le Président Macky Sall, même si je sais que ce ne sera jamais le cas, alors, je m’en irais. Je ne resterais pas là à faire de la gymnastique, faisant preuve de convictions à géométrie variable, car, au rang de mes innombrables défauts, ne figure pas la lâcheté.
En ces moments, je ne redoute absolument rien. Je ne crains absolument rien, si ce n’est être dans l’incapacité physique de pouvoir défendre mon pays, son Président, son frère et mon ami, injustement et de manière lâche trainés dans la boue. Je n’ai pas toujours été à la hauteur dans mes rapports avec le Président, très souvent par manque de maturité, jamais par déloyauté.
Tant que j’aurais toute ma raison, personne ne pourrait m’empêcher de défendre Aliou Sall. Etre Directeur général ou chômeur, ça m’est égal. L’essentiel pour moi revient à pouvoir me regarder dans un miroir. Il n’y a que deux tribunaux auxquels je ne peux me soustraire : ma conscience et ma famille. Et dans cette famille, Macky Sall et Alioune Sall y sont depuis très longtemps.
Justement, comme vous l’aviez promis au début de cet entretien, expliquez-nous pourquoi cet engagement poussé et le fait de dire : «Je n’ai pas le choix» ?
Je n’ai jamais voulu m’épancher sur ce qui me lie au Président et à sa famille. D’une part, je me disais que ce serait donner du plaisir à mes détracteurs en leur faisant croire que leurs propos m’atteignent à tel point que j’éprouve le besoin de me justifier. A l’Apr et au sein de ceux qui accompagnent le Président, chacun sait qui est qui, qui était là avant la saison des braises, qui est resté lorsque ça a chauffé à partir de 2008 et jusqu’à la victoire. Si tout cela devait être consigné dans un répertoire, j’ose dire, sans prétention, que je peux tenir ce répertoire. Lorsqu’un Président de la République vous qualifie de «Soldat, compagnon de lutte, jeune frère et combattant de la liberté», à mes yeux, ça vaut plus que toutes les nominations, tous les décrets.
Secundo, je crois que ce qui importe aux yeux des Sénégalais, ce n’est pas de savoir qui a perdu quoi en se sacrifiant pour Macky Sall, qui est détenteur d’une médaille de compagnon de la première heure. C’est la conduite des affaires publiques et l’amélioration de leurs conditions de vie qui intéressent ceux les Sénégalais. Et à ce niveau, ceux qui étaient là hier, comme ceux qui sont venus, aujourd’hui, ont leur rôle à jouer. J’ai assisté à tout, mais, ces histoires de membres fondateurs ou guerriers de la première heure, ça ne m’emballe pas.
Ceci dit, je vais déroger à ma règle de conduite en vous racontant quelques faits, et c’est la première fois de ma vie que je vais le faire. Ils peuvent vous éclairer sur mon attitude.
En 2006, ça faisait presque dix ans que nous étions amis, Aliou Sall et moi. Revenant de Chine, il m’a embarqué pour aller à Fatick rendre visite à notre défunte mère Adja Coumba Thimbo. Nous avions en parallèle une mission : faire un détour à Darou Moukhty, pour prendre langue avec Modou Diagne Fada, un ami commun, qui était brouillé avec le Président, alors Premier ministre. Après des allers-retours entre Fatick et Kaolack où nous allions vadrouiller, au moment de rallier Dakar et prendre congé de la maman, elle m’a demandé de tendre les mains pour recueillir ses prières. A la fin, elle m’a dit : «Restez toujours ensemble». Ce pacte me lie à vie.
C’est la dernière fois que Aliou Sall voyait sa mère. Moins d’un an après, elle était rappelée à Dieu. Lorsque la nouvelle est tombée, j’étais malade et hospitalisé. J’ai quitté l’hôpital en catimini. Après la levée du corps, lorsque Macky m’a vu, il m’a demandé de ne pas faire le voyage pour venir à Fatick. J’ai dit oui, avant de passer outre sa directive et d’embarquer dans ma voiture avec Abdou Mbow. J’étais là aux cimetières de Fatick pour la mettre sous terre, aux côtés du Président, côte à côte avec Abdou Mbow, Ousmane Ngom, Diègane Sène, entre autres. C’est un pacte scellé, il y a treize ans. Jamais, je ne le briserai.
Aliou Sall, même s’il arrivait qu’il ait tort, et ce n’est pas le cas ici, et qu’il soit pris dans une tempête annonçant un naufrage, j’attendrais qu’on atteigne le rivage pour lui dire mes quatre vérités. Et c’est ainsi que nous avons toujours fonctionné depuis plus de vingt ans. Je ne manque jamais de lui dire les grosses erreurs qu’il a l’habitude de commettre. Peu importe qu’il fasse comme moi à mon égard, l’essentiel est que je serai toujours à ses côtés au moment du péril pour me conformer au pacte que j’ai scellé avec sa défunte mère dont ma fille porte le nom.
Il a commis quelles erreurs selon vous ?
La plus grosse erreur qu’il a faite, c’est sans nul doute aller à la conquête de la mairie de Guédiawaye. Il n’avait pas à faire ça. Connaissant l’Apr en profondeur, dès qu’il m’a fait part de sa volonté, je lui ai dit de ne pas y aller. Et je redoutais qu’il soit battu. Notre ami commun, l’ancien journaliste Alassane Diallo, de même que Racine Talla sont mes témoins.
Mais, Aliou Sall a un autre défaut : il est parfois entêté et de manière déraisonnable. Je savais, et lui ne l’ignorait pas, que ses pires adversaires, pour ne pas dire ennemis, étaient en notre sein. Et, chose non négligeable, le Président ne voulait pas qu’il entre dans cette compétition. Mais, il m’a dit : «Boy, j’ai besoin de ton soutien. C’est important». Finalement, lorsque j’ai compris qu’il n’allait pas renoncer, j’ai foncé à ses côtés.
La deuxième grosse erreur, c’est l’attitude qu’il a eue avant que n’éclate cette affaire. On n’attend jamais l’ennemi qui s’apprête à vous donner un coup. Nous étions au courant du complot. Et jusqu’au jeudi qui a précédé la diffusion, le dimanche, de la vidéo, mes inquiétudes étaient vives. Depuis la Mecque où il se trouvait, nous étions connectés en permanence au téléphone. Il croyait dur comme fer que Bbc allait respecter son engagement de diffuser la vidéo le lundi. C’était un leurre. Il croyait que Bbc allait prendre en compte toutes ses réponses. Encore un leurre. Pour preuve, ils n’ont extrait que deux phrases d’un document de quinze pages. Mais, Aliou Sall aime attendre, recevoir des coups, les digérer et enfin, si seulement il se décide à riposter, penser à le faire. C’est l’une des raisons de tous ses problèmes. Cette attitude ne paye jamais en politique.
Que pouvait-il faire dans le cas d’espèce ?
Nous avons une connaissance commune, qui nous a vus grandir, parce qu’elle nous a connus adolescents, dans les années 70, Aliou Sall à Fatick, et moi à Richard-Toll. Ensuite, à la fin des années 90, il a corrigé nos textes alors que nous étions journalistes débutants dans la même rédaction de L’Info7. C’est Babacar Justin Ndiaye. Un jour, il m’a dit une chose que je n’ai jamais oubliée : «Jeune homme, Charles Pasqua a dit : “Quand on est emmerdé par une affaire, il faut susciter une affaire dans l’affaire, et si nécessaire une autre affaire dans l’affaire, au point que personne ne comprenne rien à l’affaire”».
Ce n’est pas le pouvoir qui a fait sienne cette posture face à une opposition toxique, nullement intéressée par la vérité. Parce qu’elle est emmerdée, traumatisée du fait d’être battue à plate couture à chaque élection depuis 2012, alors, elle invente affaire sur affaire. Et malheureusement, trop souvent, nous nous contentons de réagir. Sur le moment, les dégâts sont considérables et déroutants. Heureusement pour nous, en fin de compte, la maturité des Sénégalais, qui savent où mettre leurs bulletins de vote, fait la différence.
Plus explicitement, dans cette affaire, dès lors qu’on a deviné l’intention de ceux qui sont en face, il fallait attaquer et les dénoncer. Il importait peu de savoir le contenu exact de la vidéo ; les questions suffisaient à donner une nette orientation.
Le pouvoir semble être dans une posture offensive avec la publication de deux communiqués en quelques heures, en ce moment personne n’a eu écho des représailles contre la Bbc promises par Aliou Sall lors de sa conférence de presse…
Sur le communiqué du ministère de la Justice, je ne ferai pas de commentaires. Comme disent les Wolofs : «Seetane mo dax ci ndajee». Qui vivra verra. Seulement, je prie Dieu que ce qui va suivre révèle au grand jour toutes les trahisons et leurs auteurs.
S’agissant du communiqué de la Commission de Surveillance de la Cdc, je dis que Dieu fait bien les choses.
En ce qui concerne les actes que va poser Aliou Sall, aujourd’hui, mardi 11 juin 2019, dans la matinée, si vous vous intéressez à ce qui se passe au Royaume-Uni, vous saurez qu’il ne parlait pas en l’air.
Soyez plus explicite…
Aujourd’hui, s’il plait à Dieu, Bbc aura des nouvelles de Aliou Sall.
SERIGNE MBOUP, DG DE LA SAR, SUR LE SCANDALE DU PETROLE
«Ce contrat signé par le Président Wade est le meilleur contrat que le Sénégal ait signé....»
Serigne Mboup était, ce week-end, l’invité du club de la presse de Thiès. Le directeur général de la Société Africaine de Raffinage (Sar) a ainsi braqué ses loupes sur la controverse autour du pétrole, qui agite la vie nationale, après la diffusion de l’enquête de la bbC qui éclabousse le pouvoir, notamment Aliou Sall, frère du président de la République.
«Il n’est pas exact de dire qu’on ne peut pas avoir un contrat et le transférer à une société qui a été créée après», a d’emblée soutenu Serigne Mboup. Pour lui, le code pétrolier du Sénégal permet d’octroyer un contrat à une personne physique ou à une personne morale. «La notion de société affiliée, qui est définie dans le code pétrolier, permet ce transfert sans qu’il y ait des problèmes, pourvu cependant qu’il y ait toutes les garanties qu’il s’agit effectivement de sociétés affiliées». A en croire le directeur général de la Sar, c’est le cas entre Petrotim Limited qui a signé ce contrat, qui est différente de Petrotim Sénégal à qui le contrat a été transféré et la maison mère de Petrotim Limited et qui est elle-même une filiale du groupe Petrotim.
Dans le cas d’espèce, soutient Mboup, il faut que le background, l’expertise, les capacités techniques et financières qui sont visés dans le code pétrolier, se retrouvent dans Timis Corporation, qui est un grand groupe avec beaucoup de filiales cotées dans les bourses de Londres ou de Sydney et qui a des actionnaires de référence, qui sont de grandes compagnies financières internationales ou dans d’autres secteurs. En même temps que ce contrat a été signé, indique le Dg de la Sar, il a été déposé sur la table du gouvernement conformément à la loi deux garanties de 8 millions de dollars chacune pour chaque bloc.
Ce qui veut dire, à ses yeux, que si Petrotim ne faisait pas le travail pendant les trois années contractuelles, le gouvernement réaliserait à la première demande des garanties de 16 millions de dollars. «Et les autorités de l’époque, le Premier ministre, le gouvernement et ceux qui ont signé ces contrats, avaient par devers eux ces documents au moment de la signature. Petrotim Corporation était déjà au Sénégal depuis 2010 avec deux blocs, dans le cadre d’une filiale qui s’appelle Africa Petrolium qui, au même titre que Petrotim, est une filiale du groupe Timis Corporation. Donc Frank Timis était déjà connu du Sénégal qui a contractualisé avec le groupe et non avec Frank Timis», dit-il.
Pour Serigne Mboup, le rapport de présentation décliné par Aly Ngouille Ndiaye en tant que ministre en activité, était le rapport de présentation élaboré par le ministre d’Etat Karim Wade. «Et à mon avis, ce contrat signé par le Président Wade est d’ailleurs le meilleur contrat que le Sénégal ait signé en ce moment-là», affirme le Dg de la Sar qui considère que Petrotim Corporation est un grand groupe connu dans le monde, dans les mines, notamment le fer, le pétrole et qui avait, à cette période, plusieurs blocs en Afrique de l’Ouest. C’est pourquoi, dit-il, les Sénégalais doivent savoir que tout a été fait conformément à la loi et dans l’intérêt exclusif des populations. De ce point de vue, «il faut féliciter les autorités de Petrosen d’alors et le Président Wade pour avoir signé ce contrat, mais aussi félicité le Président Macky Sall. En effet, il a signé ce contrat en toute connaissance de cause, en ayant été chargé de la promotion à Pétrosen, en ayant été au courant de tous les contrats qui ont été signés, en évaluant lui-même les possibilités qu’avait le Sénégal à travers ce contrat en terme de programmes de travaux et de parts pour l’Etat, qui peut gagner jusqu’à 74,6%. Le chef de l’Etat a fait ce qui était dans l’intérêt du Sénégal et conformément à ses prérogatives en reprenant le décret que le Président Wade et son de Premier ministre Souleymane Ndéné Ndiaye avaient déjà signé. Et ce n’était pas possible, après son investiture d’antidater un décret signé par son prédécesseur ou de le dater pendant qu’il était là avec une date et une numérotation au mois d’Avril, coïncidant avec sa prise de fonction. C’est la raison pour laquelle le décret a été repris textuellement puis signé par le Premier Ministre Abdoul Mbaye et le Président Macky Sall et ils avaient bien fait parce que cela est parfaitement conforme à la légalité».
«SI ALIOU SALL PENSE QU’IL DOIT DEMISSIONNER...»
Aux yeux de Serigne Mboup, le fait que Tullow Oil ait protesté ne constitue pas être une décision importante, parce que le code pétrolier préconise que le gouvernement de la République du Sénégal en toute souveraineté, a la latitude après avoir négocié avec plusieurs compagnies, d’en choisir une et de lui octroyer le permis, sans préjudices ni indemnités. «Donc, nous devons être vigilants et nous retrouver autour de la vision qui a été dégagée par l’adhésion à l’ITE, par la création du COS Petrogaz qui est ouvert à la société civile depuis le 13 juin 2018 et qui depuis le 28 mai dernier a été décidé qu’il soit ouvert aussi à l’opposition alors que tous les acteurs institutionnels y sont déjà. Il y a également le nouveau code pétrolier qui définit davantage les intérêts du pays et rend les conditions d’octroi beaucoup plus avantageuses mais beaucoup plus contraignantes notamment, parce qu’elles intègrent la règlementation des opérations pétrolières sur les questions environnementales, sur les procédures d’abandon des opérations pétrolières ».
Fort de toutes ces remarques, Serigne Mboup estime que le Premier Ministre Abdoul Mbaye avait bien fait de signer d’autant qu’il avait sur sa table des garanties et un texte d’exposé selon lequel Petrotim Limited appartient à un groupe d’entreprises qui ont les compétences. Sur les critiques acerbes de l’opposition après la diffusion de l’enquête de la BBC, Serigne Mboup affirme que tout le monde a vu l’ancien ministre de l’Energie Thierno Alassane Sall, dans un élan de solidarité gouvernementale, prendre le contrepied de l’ancien Premier ministre Abdoul Mbaye et dire sur les plateaux de certaines télévisions en 2016, combien ce contrat était régulier et conforme aux intérêts de la République. «Soyons des citoyens vigilants, pour que toutes les décisions et toute la volonté politique mises en avant pour la gouvernance, la préservation des intérêts de notre pays, sa sécurisation, que cela se passe comme prévu, pour que le maximum de valeur ajoutée reste dans le pays et les revenus soient partagés de façon vérifiable, suite aux réformes importantes intervenues dans le référendum de 2016 ».
Après avoir lavé à grande eau Aliou Sall, il l’a encouragé à prendre toutes les dispositions au niveau des juridictions compétentes pour que son innocence présumée et pour laquelle il dit avoir une forte conviction, soit connue de tous et qu’il puisse laver son honneur et continuer de conduire avec ses charges. Sur la nécessité ou non de sa démission pour mieux créer les conditions d’une clarification de cette affaire, Serigne Mboup estime qu’il n’y a nullement de cause à effet. «Mais, si l’intéressé pense qu’il doit démissionner de ses fonctions pour mieux prouver aux Sénégalais son innocence, cela peut être aussi un signal fort pour cette nouvelle génération de dirigeants de notre pays», clame le Dg de la Sar.
"ON NE PEUT PAS COMMANDITER UN RAPPORT ET NE PAS LE RECEVOIR PENDANT 7 ANS"
Ngouda Fall Kane, ancien inspecteur général d’Etat estime que "le Sénégal est malmené par la cupidité, l’incompétence notoire et l’ambition démesurée de ses hommes politiques"
Le chef de l’Etat a bel et bien reçu le rapport polémique de l’Inspection générale d’Etat (Ige) relatif à l’affaire Petro-tim qui éclabousse la présidence de la république. C’est la conviction de Ngouda Fall Kane, ancien inspecteur général d’Etat (Ige). Il estime qu’ « aujourd’hui, le Sénégal est malmené par la cupidité, l’incompétence notoire et l’ambition démesurée de ses hommes politiques.
On ne peut pas commanditer un rapport et ne pas le recevoir pendant 7 ans. Ce n’est pas possible qu’un rapport reste autant de temps sans être transmis à l’ordonnateur. Tous les rapports commandités par le président de la République lui sont transmis dans les délais », persiste et signe Ngouda Fall Kane.
Or, « Si un rapport de l’Ige reste 7 ans sans être transmis, c’est qu’il y a un problème et c’est extrêmement grave », explique l’ancien Ige, dans les colonnes de Lobservateur. Ngouda Fall Kane n’est pas loin de dire qu’il n'est pas exclu, à l’époque de la rédaction du rapport, que des personnes haut placées aient tenté de mettre le coude sur l’enquête de l’Ige qui met en cause Aliou Sall, frère du président Macky Sall au sujet de l'affaire Petro-tim.
Ce qui expliquerait que le rapport n’ait pu être transmis à l’ordonnateur et destinataire, pense-t-il. Toutefois, « S’il est avéré que l’inspection générale d’Etat n’a pas transmis le rapport, c’est une faute de l’Ige, tranche-t-il. Mais, l’Ige est un corps discret, elle peut ne pas communiquer.
Maintenant, à certains niveaux dans le circuit de transmission, des gens peuvent éliminer le dossier. Nous sommes dans un Etat où tout est possible. Si des gens pensent qu’il y a des intérêts en jeu, ils peuvent l’intercepter au moment de la transmission. Cela n’est pas à exclure ».
par Nioxor Tine
RENOUER AVEC LES ASSISES POUR UNE GOUVERNANCE EXEMPLAIRE
Le peuple doit trouver en son sein les ressources pour sortir du cul-de-sac, dans lequel nous a plongés la gestion irresponsable du président et de ses affidés, ce qui exclut les positionnements futiles de divers pôles de l’opposition
Certes, le rebondissement de l’affaire Pétro-Tim peut être interprété comme une vulnérabilité accrue du président, rattrapé par ses frasques du premier mandat, malgré sa prétendue victoire aux dernières présidentielles truquées du 24 février dernier.
Tout se passe comme si, après avoir mobilisé toutes les énergies, instrumentalisé les institutions de la république, fait main basse sur les finances publiques, bref usé de toutes les astuces pour l’obtention du second mandat, le régime de Benno Bokk Yakaar était à bout de souffle, sans perspectives claires ni mot d’ordre motivant, d’où son appel désespéré au dialogue.
L‘histoire retiendra, que le début de l’exploitation de nos nouvelles richesses naturelles a coïncidé avec l’élection, en mars 2012, à la magistrature suprême du président Macky Sall, géologue de son état, ancien directeur de Petrosen, qui avait pris ses distances avec son mentor Abdoulaye Wade.
Il était, dès lors, permis d’espérer, que notre pays puisse réunir toutes les conditions favorables pour tirer le maximum de profit de cette manne pétrolière et gazière. Et cela, d’autant plus que le candidat Sall, avait fini par signer la charte des assises nationales et semblait vouloir se démarquer de la gestion calamiteuse de ses anciens frères libéraux.
Hélas ! Sur cette question de la gouvernance des ressources naturelles, comme sur bien d’autres, le mandat du président de la coalition Benno Bokk Yakaar sera davantage marqué par une continuité affligeante, par rapport à la gestion de ses prédécesseurs.
C’est ainsi que, contrairement aux fortes recommandations de l’Inspection Générale d’État, le président Sall allait poursuivre une collaboration des plus hasardeuses avec un aventurier du nom de Frank Timis, dont le seul mérite était d’avoir embauché son frère Aliou Sall.
Tout le monde se rappelle les véhémentes protestations de l’opposition sénégalaise regroupée au sein de Manko Wattu Senegal, qui poussèrent le frère du président de la République à démissionner de son poste d’administrateur de Timis Corporation, en octobre 2016.
Il s’en suivit la démission fracassante du ministre de l’énergie d’alors, qui refusait catégoriquement de signer un contrat nébuleux avec Total.
Quelques semaines plus tard, ce sera au tour de l’homme politique Ousmane Sonko de publier un livre sur la spoliation programmée de nos ressources naturelles par certaines majors pétrolières, avec la complicité de nos plus hautes autorités.
Toutes ces péripéties indiquent clairement, que le premier mandat du président Sall a été placé, dès le début, sous le signe du conflit d’intérêt et de la gestion opaque.
Nous voyons donc que les révélations sur la gestion calamiteuse de nos ressources naturelles faites dans la mythique émission télévisée d’investigation Panorama de la BBC ne nous apprennent rien de nouveau.
Elles ne font que conforter et documenter les accusations de gestion solitaire et opaque faites au leader de la coalition Benno Bokk Yakaar. En outre, cette affaire n’est qu’un révélateur du niveau élevé de mal-gouvernance atteint par le régime de Macky Sall, qui est d’ailleurs loin de se limiter aux seules ressources pétrolières et gazières.
L’opposition politique, doit néanmoins rester vigilante, car comme nous ne cessons de le rappeler, notre vie politique a changé de paradigme, subissant désormais les répercussions des enjeux pétroliers.
Ce serait faire preuve de beaucoup de naïveté que de croire que des médias et autres bureaux d’investigation des pays occidentaux se préoccupent, un tant soit peu, de la gouvernance vertueuse de nos ressources naturelles. Il n’y a qu’à voir les nombreuses guerres menées dans les pays pétroliers et leur soutien tacite à plusieurs dictatures ou autocraties électorales en Afrique ou dans le monde arabe.
Dire cela ne revient pas à dédouaner le président de la République de sa responsabilité politique dans le scandale de Petrotim, qui n’est que la conséquence logique d’une gouvernance clanique, autoritaire et arbitraire.
Par ailleurs, l’émission de la BBC semble avoir eu comme effet de revigorer une opposition divisée, qui n’arrivait pas à s’entendre sur une position commune face au dialogue national de Macky Sall. Elle semble désormais bénéficier du soutien de larges secteurs de l’opinion sur la nécessité de la démission du frère du président et de l’ouverture d’une enquête judiciaire, en vue de situer les responsabilités des principaux protagonistes et d’annuler ces contrats léonins.
Mais ce ne serait là que la toute première étape d’un processus visant à instituer une amélioration de la gouvernance politique à tous les niveaux. Il est urgent de se servir de la problématique de la gouvernance vertueuse des ressources naturelles comme d’une porte d’entrée vers une véritable refondation institutionnelle.
Dans cette entreprise ardue, les partis d’opposition et les mouvements de la société civile devront éviter l’erreur de compter sur des majors pétrolières ou des puissances occidentales, qui risquent de nous plonger dans des scénarios de guerre civile permanente ou d’instabilité chronique tels qu’on peut les observer dans certains pays africains.
Le peuple sénégalais doit trouver en son sein les ressources nécessaires pour sortir du cul-de-sac, dans lequel nous a plongé la gestion irresponsable du président et de ses affidés de Benno Bokk Yakaar, ce qui exclut les positionnements futiles de divers pôles de l’Opposition.
Une voie à explorer pourrait être la renégociation, sur la base des conclusions des Assises nationales et des recommandations de la CNRI, du format du dialogue national, qui doit s’adapter au nouveau contexte.
par Ibrahima Silla
HAUTE TRAHISON ?
Les formalités liées au contreseing ne doivent pas nous écarter de l’essentiel - Le Sénégal a-t-il oui ou non été lésé ? Quelle est la part de responsabilité du président ? Pourquoi avoir ignoré le rapport de l'IGE sur les contrats douteux ?
On pense naïvement que le président ne peut être en aucun cas poursuivi parce que protégé par la constitution qui le tient pour « politiquement irresponsable » devant le Parlement. Dans un article publié le 29 octobre 2016 et intitulé « Complaisance politique, négligence étatique ou manigance affairiste autour du pétrole, du gaz et du zircon au Sénégal ? De la responsabilité exclusive du président de la République », j’avais abordé cette question relative à la gestion du pétrole du gaz, du pétrole et du zircon, suite à la lettre ouverte que l’ancien Premier ministre Abdoul Mbaye avait alors adressée au chef de l’Etat, pour que la lumière soit faite sur les contrats pétroliers aux aspects scandaleux.
Je reprends pour rappel ici quelques extraits de cet article dans lequel je disais : « Le jour viendra d’appeler à la barre tous les témoins de l’affaire pour que la lumière soit faite et non défaite par des tentatives de détournement de l’objet principal vers des sujets secondaires. Des personnalités se retrouveront là où ils ne pensaient pas être pour et par ce qu’ils sont devenus. Où est la démagogie dans le fait de vouloir savoir ? Le risque d’être mis en cause si la lumière est faite dissuaderait tout individu ayant des choses à se reprocher d’inviter au débat et de demander des clarifications s’il se sait exposé et potentiellement condamnable. La légitimité et l’exercice de ce droit « nouveau » qui n’a rien de nouveau sont d’une banalité dans le référentiel des exigences démocratiques et citoyennes qui participent à renforcer la transparence. »
Je rajoutai : « Il ne faut donc pas se tromper de cible, de responsable, de coupable et donc de débat. Le vrai débat soulevé par l’ex Premier ministre Abdoul Mbaye vise, me semble-t-il, à identifier les voies et moyens d'annuler le ou les actes pris sur la base de « déclarations fausses » et ayant conduit à la « spoliation » du peuple sénégalais. Il convient de ramener le débat à l’essentiel et non pas à des formalités administratives et à un formalisme juridique. Le fond importe plus que la forme. Les non-dits des contrats importent plus que la symbolique du contreseing. Mais, il faut bien le reconnaître, le problème est beaucoup plus complexe qu’il n’y paraît et ne saurait être déplacé et réduit autour du contreseing du Premier ministre. De bonne foi, un Premier ministre peut ignorer tout ce qui s’est tramé en coulisses, sur le dos du peuple. Le Premier ministre pouvait-il savoir le rôle joué par le frère du président de la République au regard notamment des vertus (de sobriété, de bonne gouvernance, de répression de l’enrichissement illicite) dont se réclamaient et que clamaient les acteurs de la seconde alternance ? En posant des questions dans ses lettres adressées au président de la République, Abdoul Mbaye ne souhaite-t-il pas que la lumière soit faite (toute la lumière) sur cette affaire qui en est fatalement une aujourd’hui ? Et donc rien à cacher ni à se reprocher ?
Outre la jurisprudence française qui rend un ministre responsable de ses actes, le Premier ministre ne peut douter de tous les documents et projets d'actes soumis par les membres du gouvernement. Il ne peut les soumettre à un contrôle systématique, puisqu'il ne dispose pas des services compétents (ces derniers sont rattachés aux ministres par décret de répartition des services). Le Premier ministre ne dispose pas non plus de corps de contrôle rattachés au président de la République ou indépendants. Les projets de décret sont reçus la veille du Conseil des ministres, mis en délibéré en cours de séance, éventuellement corrigés séance tenante ou reportés pour correction et approfondissement, sur décision du président de la République qui préside le Conseil des ministres. Il ne faut donc pas chercher à décentraliser sa responsabilité politique, dans la foulée des Conseils de ministres décentralisés, tout aussi inutiles.
Il reste notamment à savoir s’il y a eu « fraude » sous la signature du Ministre (rapport de présentation). A-t-il reçu des instructions de présenter ces décrets en l'état, sachant que le président de la République disposait des informations contenues dans le rapport de l'Inspection Générale d’Etat ? Le Premier ministre d’alors (Abdoul Mbaye) en était-il informé ? Les informations, que nous découvrons tous les jours, avaient-elles pas été transmises en bonne et due forme à la Primature ? Je crois que non. Si le président de la République (l’institution la plus informée par les renseignements généraux, les différentes structures administratives et par ses collaborateurs en principe) savait, le Premier ministre pouvait-il savoir ? Devait-il savoir ?
Et puis, plus fondamentalement, ne risquons-nous pas de nous éloigner du vrai problème (la gestion transparente des ressources pétrolières, minières, etc. du pays) ? La présence et l’implication du frère de président ne constituent-elles pas en soi déjà un problème gênant, grave et préoccupant ? Il est aussi question ici de mérite, de sincérité, d’intégrité et de justice. La présence du frère du chef de l’Etat dont personne n’ignore le profil, la trajectoire et désormais le sens opportun (pour ne pas dire opportuniste) des affaires constitue en soi une anomalie républicaine révélatrice des manquements de nos régimes qui se targuent de ses idéaux de mérite, de transparence et d’équité. Le Sénégal regorge de personnes ressources qui sont éminemment plus qualifiés que le frère du président de la République pour s’occuper de la politique des ressources naturelles. Ce que l’ex Premier ministre demande est d’une telle simplicité que la polémique est inutile ? On répond à une lettre, surtout si elle est sérieuse. Certains silences sont des aveux.
Les enregistrements radiophoniques nous rappellent le gouffre entre les paroles tenus hier et les actes posés aujourd'hui, lui enlevant toute crédibilité. Faute de sincérité du discours et face au déficit d’indépendance suffisante et confortable de la justice, nous sommes encore quelques rares intellectuels à dénoncer toutes ces mascarades, sans parti pris. Le problème principal, je ne cesserai de le répéter c’est la mal-présidence, le problème du dédoublement de statut de chef de parti et de chef d’Etat, l’article 80 de la Constitution jadis dénoncé, la délimitation géographique des manifestations sur la base d’un arrêté mesquin, la mise sous tutelle du Conseil Supérieur de la Magistrature, la déclaration de patrimoine, etc. Comme quoi, en politique il n’y a pas de conviction mais que des circonstances. Profiter, se servir, se dédire, trahir … au gré des circonstances.
Mon sentiment général est qu’il y a tout un débat sur les ressources pétrolières et gazifières. Celui-ci aurait pu être évité et notre pays épargné des règlements de comptes qui ne manqueront pas d’advenir demain (déjà des plaintes par ci et par là) si le président de la République en premier lieu et au premier chef, avait su être à la hauteur de ses fonctions et en phase avec l’idéal républicain et démocratique. Être président de la République est une chose. Savoir être un chef de l’Etat en est une autre. Demain, la question se reposera et le président de la République sera, comme Karim suis-je tenté de rajouter, contraint de répondre. De manière plus globale, la question fondamentale a trait à la manière dont notre pays est mal gouverné, mal présidé, malmené par des acteurs politiques. Les actes antidémocratiques ne cessent de se multiplier augurant de bien tristes et troublants moments de tensions politiques.
Dans ce qui ne va pas, on peut légitimement rajouter, sans personnaliser le débat, l’imminente responsabilité du président de la République, la gérontocratie des dinosaures politiques, les nominations arbitraires, les scandales politiques, le non-respect de la séparation des pouvoirs, les conflits d’intérêts, la « première-damisation » de la solidarité, la « présidentialisation » du politique, le mérite bafoué, le cas Frank Timis, le HCCT, les promesses de réformes conséquentes non tenues, etc.
Comment donc peut-on oser nous faire croire par une phrase sibylline que le président de la République du Sénégal est « politiquement irresponsable » ? Lui qui définit la politique de la Nation, nomme le Premier ministre, est chef de parti détenant la majorité à l'Assemblée nationale, préside le Conseil Supérieur de la Magistrature (contrôlant le système judiciaire), chef des armées, nomme le président du CESE (Conseil Economique Social et Environnemental), de même que le président du HCCT (Haut Conseil des Collectivités Territoriales), chef de l'IGE (Inspection Générale d’Etat), patron du contrôle financier, nomme aux fonctions civiles et militaires, etc. Comment peut-on logiquement déclarer quelqu’un qui exerce toutes ces responsabilités par des actes administratifs relevant de sa décision et qu'il signe, serait "irresponsable politiquement" ? Peut-on admettre un seul instant qu’il n’est "responsable de rien devant personne" ? La présidentialisation excessive du politique fait de lui le responsable de tout. Et chaque fois que l’opportunité se présente, il ne se gêne pas, lui, ses partisans et courtisans à vanter ses « mérites » et à tomber dans l’autosatisfaction indécente.
Les formalités liées au contreseing ne doivent pas nous écarter de l’essentiel. Le Sénégal a-t-il oui ou non été lésé ? Pourquoi avoir ignoré le rapport de l'IGE sur les contrats douteux ? Comment est géré le pétrole ? Le gaz ? Le rôle du frère du président de la République ? Comment peut-on occuper un poste dans le privé de manière permanente en étant fonctionnaire de l’Etat ? Quelle est la part de responsabilité du président de la République ? La personnalité et le passé de Franck Timis et d'Olivier Tender ? Le président de la République savait-il ? Faute ? Haute trahison ? Délit d’initiés ? Conflits d’intérêts ? Deals ?
L’un vient d’être mis en cause au Burkina Faso après avoir eu des démêlés avec la justice autrichienne pour des histoires de drogues dures, et l’autre croupit actuellement en prison. Ce sont ces gens là qui gèrent nos ressources ! Je trouve que c’est grave et déshonorant pour notre pays. Soit, il y a manifestement manigance, soit gravement une négligence révélatrice de la mal-présidence, tout au moins une complaisance à l’égard des principaux responsables. J’espère que les intellectuels et citoyens vertueux n’y prendront pas part par de petites traîtrises.
Je précisai, dans cet article du 29 octobre 2016, que : « Rien n’est compliqué. Tout est politique. Et qu’en Droit, tout est discutable et discuté. Les juristes ne sont pas prêts de tomber d'accord ni sur cette question ni sur d'autres qui l'ont précédée. Dès lors, tout angle de traitement peut être mal perçu et surtout donner lieu à de vaines polémiques juridiques sur l’interprétation de la responsabilité avérée des uns et la culpabilité supposée des autres. Sauf qu’ici, la responsabilité de l’ex Premier ministre semble être mentionnée du fait de ce contreseing qui le lie à tout décret présidentiel. Ce parti-pris caricatural m’amène à faire un constat. De manière générale, je trouve qu’il y a ce qu’on dit (du droit) discutable et discuté, et ce qui reste à dire (de la politique) déplorable et déplorée (les acteurs et actions dans la gestion du pétrole, du gaz et du zircon). Donc ce qui ne va pas sur le plan politique, notamment. Faut-il le rappeler : Tout l’arsenal de textes juridiques ne vise en fait qu’à permettre à une société de réaliser l’ordre conforme à ses intérêts et l’idéal indispensable à son existence. Faire société par l’organisation politique du vivre ensemble. Vivre ensemble pour faire société. On retrouve ici ce qui fait l’essence même du politique : nuire au mal et servir le bien.
En soutenant que le président de la République est "irresponsable politiquement", ne feint-on pas d’oublier et donc de préciser qu’il l’est "devant l'Assemblée Nationale". Cette omission involontaire ou délibérée pourrait dès lors être interprétée comme une volonté de « disculper » le président de la République, de le dédouaner de ses imminentes responsabilités aux yeux de l'opinion publique. Le rôle du président sénégalais n’est pas comparable à celui d’Israël ou d’Allemagne plus symbolique que tout. Les prérogatives du Premier ministre israélien ou du chancelier allemand ne sont pas comparables à celles de son « homologue sénégalais » si tant est qu’on puisse parler d’ « homologue ».
Aussi convient-il de rappeler que le décret présidentiel est une décision (acte administratif) du président de la République que le gouvernement est chargé d'exécuter. Il convient également de relever que le président de la République, irresponsable devant l'Assemblée Nationale, le reste devant le peuple qui l'a élu, et qu'il peut être poursuivi pour haute trahison. La haute trahison est-elle seulement une notion pénale ? Le politique en est-il absent ? Quid du parjure, le président de la République ayant prêté serment ?
Pour l’instant, les ingrédients d'une haute trahison ne sont pas encore tous réunis. Mais il m’apparaissait difficile de ne pas s’en rendre compte et de ne pas en rendre compte. Que l’on soit ex Premier ministre, homme politique, citoyen lambda, intellectuel, transhumant, coalisé, recasé, lutteur, ménagère, artisan et autres, peu importe. Il faut dénoncer cet état de faits avec la plus forte détermination. Car, l’histoire retiendra. D’où ma lettre ferme (et non fermée) et ouverte, après celles qui l’ont précédées.
ON AVAIT UN DEAL
Le prévenu le plus célèbre, Boy Djiné, a déclaré à la barre qu’il n’est mêlé en rien à cette affaire. Selon lui, on l’a accusé à tort.
Baye Modou Fall alias Boy Djiné et 12 autres prévenus sont en train d’être jugés, à l’instant, en audience spéciale à la chambre criminelle de Dakar. Ce mardi, 11 juin 2019, à l’exception d’Amath Dièye, tous les prévenus ont nié les faits d’associations de malfaiteurs, faux et usage faux, vol en réunion avec usage d’arme et de véhicules, détention illégale d’armes et agression et complicité, pour lesquels ils sont poursuivis.
Le prévenu le plus célèbre, Boy Djiné, a déclaré à la barre qu’il n’est mêlé en rien à cette affaire. Selon lui, on l’a accusé à tort. « Les policiers m’ont arrêté pour régler des comptes avec moi. On avait un deal qui a éclaté et ils m’ont arrêté pour me faire du tort », a déclaré Boy Djiné qui a soutenu n’avoir pas participé au cambriolage de la maison d’un chinois.
En effet, dans cette affaire, tout est parti d’une plainte déposée par le sieur Hamidou Ly auprès du commissaire, chef de sureté urbaine de Dakar pour des faits d’agression suivis de vol de son sac contenant un carnet de chèque de la banque Cbao, les clefs de son bureau et de son coffre-fort, de deux téléphones portables de marques Samsung et la somme de 13 millions de francs Cfa par deux individus armés de coupe-coupe et une arme factice à bord d’un scooter, commis la nuit du 9 août 2013.
Le même jour, le chef de l’agence Touba Sandaga a saisi les enquêteurs, signalant qu’un individu avait tenté d’encaisser le chèque d’un montant de 2,4 millions francs Cfa tirés du carnet de chèques volés de Hamidou Ly. A la même date, le chef d’agence de la Cbao de Yoff Apix a informé les policiers qu’un individu, du nom de Ndiaga Diagne, essayant d’encaisser un autre chèque d’un montant de 1,2 million francs Cfa, venait d’être appréhendé. Sur les lieux, les éléments de la sûreté urbaine ont procédé à son arrestation et à sa conduite à leur unité.
Poursuivant leurs investigations, les enquêteurs ont arrêté successivement les nommés Alioune Diagne et El Hadji Ibrahima Cissé alias Baye Niasse. Continuant, l’enquête, les policiers ont été avisés de la présence des nommés Thialé et Amath dans une chambre transformés en salle de jeux aux parcelles assainies. C’est sur ces entrefaites que tous les malfaiteurs y compris Boy Djiné ont été arrêtés. Déférés, ils ont été tous placés sous mandat de dépôt.
par Mohamed Bachir Diop
LE CRÉPUSCULE DES CRAPULES
Ils savent tous, ces sauveteurs de service, que le frère du président est mouillé jusqu’au cou, quasiment imbibé de pétrole - C’est le début de la fin pour tous les protagonistes de cette affaire aux relents de corruption à l’odeur de l'or noir
Les révélations de la BBC sur l’implication manifeste d’Aliou Sall, frère du président de la République, dans une opération de spéculation sur le pétrole et le gaz découverts au Sénégal ne sont pas nouvelles. Elles viennent juste corroborer ce qui a été dénoncé depuis au moins deux ans par des Sénégalais, l’ancien président Abdoulaye Wade en tête suivi en cela par une presse locale dont les articles n’ont pas été considérés par nos autorités avec le sérieux qui sied. Avec eux, d’éminents membres de la société civile et quelques responsables avertis de l’opposition s’étaient insurgés contre ce qui apparaissait déjà comme un acte de corruption ou, à tout le moins, une opération d’une telle nébulosité qu’il fallait au moins se poser des questions. Par prudence.
Hélas, il n’y a pas eu de réaction officielle du gouvernement dans cette affaire à l’époque où elle a été évoquée par Wade. Lorsque certains responsables de la société civile et quelques activistes — comme Ousmane Sonko l’était alors — se sont inquiétés de ces faits troublants après avoir procédé à leurs propres investigations, on les a considérés comme des gogos qui veulent juste jeter du sable dans le couscous fatickois. Certes, il y a eu les propos tenus récemment par Macky Sall et son alors Premier ministre Mahammad Boun Abdallah Dionne qui, agacés par les insinuations des uns et des autres, menaçaient de poursuites judiciaires tous ceux qui s’aventureraient à évoquer cette question pétrolière, et la galaxie présidentielle en avait déduit que l’affaire était close. Erreur !
Car, d’aussi graves accusations de corruption et de conflits d’intérêts ne peu- vent prospérer qu’au Sénégal et tant qu’elles ne portent pas préjudice aux intérêts de certains pays très influents dans le concert des nations. Importants contributeurs dans les économies pauvres de nombre de pays comme le nôtre et principaux bailleurs des institutions internationales comme l’ONU, le FMI et la Banque Mondiale, les Etats-unis, l’Angleterre ou même la France se croient investis du droit de juger des affaires de corruption et de concussion survenus hors de leur territoire dès lors que les intérêts économiques de leurs pays ou celles de leurs entre- prises sont en jeu.
Aujourd’hui que la presse européenne se mêle de l’affaire Pétro-Tim, c’est le branle-bas de combat dans la galaxie apériste. Les ministres, les députés et tous les responsables du parti présidentiel sont montés sur leurs grands chevaux et en première ligne pour venir au secours d’Aliou Sall, rattrapé par une affaire qui n’a pas encore fini de révéler tous ses secrets. Et pourtant, ils savent tous, ces sauveteurs de service, que le frère du président Macky Sall est mouillé jusqu’au cou, quasiment imbibé de pétrole.
Car, et il n’y a aucun doute, Aliou Sall et Frank Timis se sont acoquinés pour se remplir les poches au détriment du Sénégal et des Sénégalais. Les deux hommes n’ont pas élevé les cochons ensemble et leur association pour spéculer sur le pétrole et le gaz du Sénégal n’est pas le fruit d’atomes crochus. Il s’agit bel et bien d’une association de malfaiteurs car tous les deux savaient, lorsqu’ils nouaient secrètement une relation d’affaires, que le but de cette opération n’était autre que de s’enrichir mutuellement en magouillant sur les ressources naturelles du Sénégal.
Mais Aliou Sall s’est planté profondément en croyant derechef que son plan foireux – et foiré — d’enrichissement sans cause sur le dos des Sénégalais ne serait pas éventé. Il s’est trompé d’autant plus qu’en tant que journaliste de formation, rien ne l’avait préparé à gagner des milliards, lui qui est issu d’une famille modeste. Il sait parfaitement que s’il n’était pas le frère du président de la République, jamais il n’aurait été approché par Frank Timis et jamais ce dernier ne lui aurait demandé de créer Pétro Tim Sénégal. Il savait que Frank Timis ne pourrait jamais exploiter le pétrole de Kayar et Saint-Louis mais qu’il pourrait cependant gagner un gros pactole en revendant le contrat pétrolier à des majors comme British Petroleum, ce qui a été fait.
Mais l’affaire n’est pas aussi simple car il y a des frustrés. C’est le cas de la société australienne Cairn Energy qui, la première, avait entamé des négociations avec le Sénégal sur le bloc Kayar et la société irlandaise Tullow Oil qui avait jeté son dévolu sur le bloc Saint-Louis. Furieux d’avoir été écartés de la course par un troisième larron inconnu du monde pétrolier, ils ont déposé des plaintes auprès de juridictions compétentes en la matière. Des plaintes qui connaîtront naturellement des suites sous forme de… poursuites contre ceux qui sont à l’origine de leur mise à l’écart de manière irrégulière.
Et Aliou Sall, qui ne bénéficie d’aucune immunité particulière, n’échappera pas à la justice internationale tout autant que son acolyte Frank Timis. Quant au grand frère, président de la République de son état et maître de toutes les signatures, il finira bien son deuxième mandat et ne bénéficiera plus de la protection ni de l’immunité que lui confère encore son statut de chef d’Etat. Pour tout dire, c’est le début de la fin pour tous les protagonistes de cette affaire aux relents de corruption à l’odeur de pétrole. Dans tous les films, c’est à la fin que les bandits tombent.