SenePlus | La Une | l'actualité, sport, politique et plus au Sénégal
13 août 2025
S’INSPIRER DE MARIE
L’évêque de Saint-Louis, Ernest Sambou, présidant lundi la messe du 131e pèlerinage de Popenguine, a appelé les catholiques à compter sur Marie, qui selon lui "a matérialisé son amour et son engagement à agir toujours pour les humains (...)"
L’évêque de Saint-Louis, Ernest Sambou, présidant lundi la messe solennelle du 131e pèlerinage de Popenguine, a appelé les fidèles catholiques à s’inspirer et à compter sur Marie, qui selon lui "a matérialisé son amour et son engagement à agir toujours pour les humains (...)".
Dans son homélie, l’évêque de Saint-Louis est revenu sur le thème de l’édition 2019 du pèlerinage de Popenguine, "Marie notre mère offre nos souffrances à Jésus", pour mieux inviter les fidèles à se rappeler et à s’inspirer des souffrances vécues par la vierge Marie et son fils Jésus Christ durant leur séjour terrestre.
"Marie a matérialisé son amour et son engagement à agir toujours pour les humains qui souffrent dès l’instant qu’elle a accepté d’être la mère de Jésus, car il n’y a pas de souffrance plus grande que celle d’une mère regardant son fils cloué sur le bois d’une croix", a-t-il dit.
Marie, bien que préservée du péché originel, "a souffert avec son fils à travers la compassion, par amour pour son fils", a insisté l’évêque de Saint-Louis.
Il a exhorté les fidèles catholiques qui souffrent à "prendre conscience que Marie, cette femme admirable, reine de la miséricorde, de la paix et porte du ciel qui porte le nom de notre dame de la douleur, parce que ne supportant voir les gens souffrir, va toujours agir pour eux".
AU MOINS 95 PERSONNES TUÉES DANS UN VILLAGE MALIEN
« C’est un village dogon qui a été quasiment rasé », indique une source sécuritaire se trouvant sur place
Au moins 95 habitants du village de Sobane-Kou, dans le centre du Mali, ont été tués dans la nuit de dimanche à lundi par des hommes armés, ont indiqué un élu local et une source sécuritaire.
Des djihadistes peuls s’en prennent régulièrement à des membres de l’ethnie dogon.
Le Mali est une nouvelle fois concerné par un massacre. Au moins 95 habitants du village dogon de Sobane-Kou, dans le centre du pays, ont été tués dans la nuit de dimanche à ce lundi par des hommes armés.
Depuis l’apparition en 2015 dans le centre du Mali du groupe djihadiste du prédicateur Amadou Koufa, recrutant prioritairement parmi les Peuls, traditionnellement éleveurs, les affrontements se multiplient entre cette communauté et les ethnies bambara et dogon, pratiquant essentiellement l’agriculture. Ces derniers ont créé leurs « groupes d’autodéfense ».
Des zones hors de contrôle
« Nous avons pour le moment 95 civils tués. Les corps sont calcinés. Nous continuons de chercher des corps », a déclaré, sous le couvert de l’anonymat, un élu de la commune de Koundou, où se situe le village meurtri. « Selon les civils, ce sont des hommes armés qui sont venus tirer, piller et brûler. C’est un village de 300 habitants. C’est vraiment la désolation », a ajouté cette source. « C’est un village dogon qui a été quasiment rasé », a pour sa part indiqué une source sécuritaire malienne. « Nous sommes sur le terrain avec des élus. Nous avons déjà compté 95 civils tués », a-t-elle ajouté.
Le Nord du Mali est tombé, en mars-avril 2012, sous la coupe de groupes djihadistes, en grande partie dispersés par une intervention militaire lancée en janvier 2013 à l’initiative de la France, qui se poursuit. Mais des zones entières échappent au contrôle des forces maliennes, françaises et de l’ONU (Organisation des Nations unies), malgré la signature, en 2015, d’un accord de paix censé isoler définitivement les djihadistes, dont l’application accumule les retards.
Des violences dans les pays voisins
Depuis 2015, ces violences se sont propagées du nord au centre du pays, voire parfois au Sud. Elles se concentrent surtout dans le centre, se mêlant très souvent à des conflits intercommunautaires, un phénomène que connaissent également le Burkina Faso et le Niger voisins. Elles ont culminé le 23 mars avec le massacre à Ogossagou, près de la frontière burkinabè, de quelque 160 villageois peuls par des membres présumés de groupes de chasseurs dogons.
Depuis janvier 2018, la division des droits de l’homme et de la protection de la Mission de l’ONU au Mali (Minusma) a documenté 91 violations des droits de l’homme. Elles ont été commises par des chasseurs traditionnels contre des membres civils de la population peule, dans les régions de Mopti et de Ségou, ayant fait au moins 488 morts et 110 blessés. Inversement, des groupes armés d’autodéfense de la communauté peule ont commis 67 violations des droits de l’homme contre la population civile de la région de Mopti dans la même période, ayant causé 63 morts et 19 blessés.
LES LIONCEAUX, UN ÉCHEC MENTAL
Les Lionceaux sont rentrés ce dimanche à Dakar - Et ils doivent bien avoir des regrets en rejouant le match contre la Corée dans leurs têtes - Ils ont perdu un match largement à leur portée en flanchant mentalement
Assez costauds pendant plus de 90 minutes, l’équipe nationale du Sénégal des U20 a fini par craquer lorsque l’adversaire a maintenu la pression et a véritablement appuyé sur l’accélérateur dans les ultimes secondes pour arracher l’égalisation (2-2). Un but de Lee Jisol (90e+8) qui reprend de la tête un corner bien exécuté par Lee Kangin a basculé la rencontre dans une prolongation que personne n’attendait. Sauf les Coréens bien sûr. Et ce fut comme dans un rêve qui plongeait les Lionceaux en plein cauchemar ce samedi, au stade municipal de Bielsko-Biala (sud de la Pologne) qui a vécu un match complètement fou ; un bon match de foot, avec beaucoup de buts (6 au total) et des rebondissements du début à la fin grâce à la Var qui n’a pas eu le temps de chômer. A l’arrivée, que des regrets du côté des Sénégalais qui avaient pourtant presque un pied en demi.
L’éclaircie de Ciss
Face à l’agressivité et à la combativité coréenne, les Lionceaux ont passé leur soirée à défendre, à repousser les assauts et à dégager le ballon un peu n’importe comment à chaque offensive adverse. Mené 3-2 en début des prolongations, La chance ne les avait pas lâché puisqu’à la 120e minute, Amadou Cissé, contre toute attente, remettait les deux équipes à égalité (3-3).
Vint alors l’épreuve fatidique des tirs au but. La Corée démarre mal l’exercice et ne parvient pas à convertir ses deux premiers tirs. Mais les Lionceaux ne profitent pas de l’occasion qui leur est encore offerte. Pire, trois tireurs sénégalais échouent tous dans cet exercice. Et l’équipe s’écroule sur le raté de Cavin Diagne, cinquième et dernier tireur sénégalais qui offre à la Corée du Sud son ticket pour la demi-finale. Incroyable, mais vrai.
Le remake de Niamey
Cette soirée aurait pourtant dû permettre au Sénégal de poursuivre son rêve dans cette compétition, mais a laissé un goût très amer. Le cauchemar de Bielsko-Biala réveillait ainsi celui de Niamey, au Niger, puisque le 17 février dernier, les Lionceaux y avaient également perdu la finale de la Can face au Mali. Aux tirs au but (1-1, 3 -1 tab) également. Dion Lopy, Dia Ndiaye et Ousseynou Niang étaient passé à côté du sujet. Une sorte de malédiction qui poursuit donc les poulains de Youssouph Dabo. Le sélectionneur national met tout sur le manque de concentration. « Le penalty, ce n’est pas une question de chance. C’est un geste technique qu’il faut réussir, sur trois gestes on les a tous loupés et ça donne des regrets », a-t-il commenté en fin de match. Pour le coach, l’équipe ne doit s’en vouloir qu’à elle-même. « Sur l’égalisation du deuxième but, on a manqué de concentration. Il fallait rester vigilant jusqu’au bout. Mais le manque d’expérience des joueurs nous a été fatal. Ils s’étaient dit que c’était fini, que c’était plié. Ça a été un relâchement et ça nous coûté cher. Il n’empêche, on a été costaud derrière, on a réussi à aller jusqu’au bout pour égaliser aux ultimes secondes. On n’a rien lâché », a fait savoir Dabo.
Le talent ne suffit pas
Mais au-delà de tous ces aspects, le manque de sérénité, de confiance était visible pendant toute la rencontre. Le mental a aussi fait défaut et a laissé des traces physiques et morales chez les Lionceaux qui ont pourtant tenu la dragée haute aux Guerriers Taeguk. Mais c’était loin d’être suffisant.
Le talent ne manque certes pas dans cette équipe, mais le staff a besoin de miser sur le coaching mental des joueurs, car étant un pilier essentiel pour leur permettre de faire face à n’importe quelle formation et à n’importe quelle situation. Parce qu’en confiance, un joueur joue libéré, beaucoup mieux, ose et exprime pleinement son potentiel pour améliorer ses performances.
DÉBUT DE LA MESSE SOLENNELLE À POPENGUINE
Cette messe solennelle est le dernier acte de cette manifestation religieuse annuelle qui se tient dans la commune du même nom dans le département de Mbour
La messe solennelle du 131e pèlerinage marial de Popenguine a démarré peu après 10 heures, sous la direction de l’évêque de Saint-Louis Ernest Sambou.
Cette messe solennelle est le dernier acte de cette manifestation religieuse annuelle qui se tient dans la commune du même nom dans le département de Mbour.
Le pèlerinage de Popenguine draine chaque année des milliers de fidèles catholiques du Sénégal et des pays voisins. Il est considéré comme le rendez-vous annuel le plus important de la foi catholique au Sénégal.
DE L’ALCOOL D’UNE VALEUR D’UN MILLION DE FRANCS SAISI À POPENGUINE
Le produit irrégulièrement commercialisé, a été saisi par la gendarmerie nationale dans le cadre de ses opérations de sécurisation du 131ème pèlerinage marial
De l’alcool d’une valeur d’un million de francs, irrégulièrement commercialisé à Popenguine, a été saisi par la gendarmerie nationale dans le cadre de ses opérations de sécurisation du 131ème pèlerinage marial, a appris l’envoyé spécial de l’APS.
‘’Nous avons saisi une importante quantité d’alcool dont la valeur s’élève à peu près à un million de francs CFA auprès de personnes non détentrices d’une licence d’exploitation ou de vente’’, a notamment confié à l’APS le colonel Cheikh Sarr, responsable des opérations de sécurisation de l’évènement religieux catholique.
‘’La vente d’alcool n’est pas certes interdite à cette occasion, mais il faut au préalable, détenir une licence qui correspond à l’activité exercée’’, s’est empressé d’ajouter le commandant de la légion Ouest de la gendarmerie nationale.
REPONSE AUX CADRES DE L’APR
C’est Macky qui a décidé de scier la branche sur laquelle il était assis - Qui a trahi le peuple sénégalais en défendant les intérêts de Franck Timis contre ceux du Sénégal ? COMMUNIQUÉ DU MOUVEMENT TEKKI
SenePlus publie ci-dessous, le communiqué du Mouvement Tekki, daté du 9 juin 2019, relatif aux développements de l'affaire Petrotim.
"Dans un communiqué daté du 7 juin 2019, la Bande à Abdoulaye Sarr s’invitant dans un débat dans lequel ils sont restés muets depuis des années, n’a trouvé rien de mieux que de demander d’amener en justice Mamadou Lamie Diallo, Abdoul Mbaye et Thierno Alassane Sall pour haute trahison et collision avec des forces extérieures pour déstabiliser le pays. Ceci traduit évidemment leur panique et leur désarroi, mais également leur caractère fascisant et anti démocrate. Ce n’est guère surprenant pour des membres d’une association de prédateurs de la République. Être cadre, c’est avoir une expertise dans un domaine précis et être patriote.
De la Collision avec des forces extérieures.
Les faits sont têtus. Ce qui est constant, c’est que le régime de Macky Sall est en collision avec Franck Timis de Petrotim et Timis Corporation. Franck Timis a intéressé Aliou Sall dans ses affaires en lui proposant une indemnité mensuelle de près de 15 millions par mois et des parts dans ses sociétés. Aliou Sall avait toujours nié ces faits mais la dynamique de la transparence l’oblige à le reconnaître ainsi que Macky Sall et son régime aux abois.
En outre, faut-il le rappeler, Franck Timis a reçu le soutien public du Premier ministre Boun Dionne dans une conférence de presse en 2016 durant laquelle il a menacé l’opposition qui avait dénoncé l’intrusion illégale de Franck Timis dans le secteur pétrolier de notre pays.
De la trahison des intérêts de la Nation.
Les faits sont clairs. Le président Macky Sall a signé en juin 2012 les décrets octroyant les blocs de St-Louis et Kayar en toute illégalité et en toute connaissance de cause des avis contraires de l’administration sur la base d’un faux rapport de présentation de Aly Ngouille Ndiaye. Par la suite, il a renouvelé les décrets et accepté de renoncer aux droits de préemption de l’Etat dans toutes les transactions ayant eu lieu jusque là.
Pourtant, le gouvernement a toujours défendu que dans ces transactions incluant Timis Corporation, Kosmos et BP, il n’y a jamais eu de transfert d’argent. Et voilà que BBC nous informe sans qu’aucune partie n’ait démenti que :
Il y a eu bel et bien un contrat écrit entre Franck Timis et Aliou Sall lui octroyant au total plusieurs millions de dollars ;
BP a payé les actions de Timis Corporation à 250 millions de dollars ;
BP va payer des royalties à Franck Timis entre 9 et 12 milliards de dollars sur 40 ans.
De la déstabilisation du pays
C’est Macky Sall himself qui a décidé de scier la branche sur laquelle il était assis. Il a décidé de renoncer à la gouvernance vertueuse et à ses engagements de février 2012. D’abord en commençant par le wax waxett de 2016 à travers lequel il revient sur son engagement de ramener son mandat de 7 à 5 ans d’une part et d’autre part, il s’ouvre une fenêtre pour un troisième mandat présidentiel avec la nouvelle constitution. Ensuite, il a soutenu qu’il ne nommerait pas son frère par décret, il l’a nommé à la tête de la CDC.
Il est un fait bien connu que dans un pays à ressources minérales, la mauvaise gouvernance conduit à la malédiction des matières premières. C’est ce qui se passe au Sénégal. Alors qui a trahi le peuple sénégalais en défendant les intérêts de Franck Timis contre ceux du Sénégal ?
Le CRD ne se laissera pas distraire par des menaces ou des tentatives d’intimidation. Il travaillera sans relâche à l’alternative populaire pour mettre en pratique la gouvernance vertueuse abandonnée par Macky Sall et BBY. Le Mouvement Tekki, avec le CRD et les forces vives de la Nation, est prêt à faire face et appelle le peuple, seul propriétaire des ressources naturelles à identifier ses prédateurs. Pour défendre les intérêts du peuple Sénégalais, aucun sacrifice ne sera de trop."
OUSMANE SEMBÈNE, INOUBLIABLE MONSTRE SACRÉ DU CINÉMA
Douze ans après sa disparition, l'œuvre cinématographique et littéraire du Sénagalais garde toute sa force faite d'authenticité et de réalisme
Le Point Afrique |
Gilbert Faye |
Publication 09/06/2019
Le 9 juin 2007, l'étoile d'Ousmane Sembène s'éteignait à Dakar. Homme révolté et artiste engagé, il n'a eu de cesse, à travers son œuvre, de dénoncer les injustices sociales et les travers humains qui gangrènent les sociétés africaines. Ce cinéaste – et écrivain – autodidacte, internationalement reconnu, dont les combats sont d'une étonnante actualité, demeure sans conteste à ce jour l'un des maîtres du septième art du et sur le continent africain. Rien d'étonnant alors que dix ans après sa disparition, son talent et son engagement soient célébrés à la fois au Sénégal, son pays d'origine, mais aussi dans de nombreux autres pays africains.
De l'enfance à la guerre
De son vivant, Sembène Ousmane était considéré en Afrique comme l'un des écrivains les plus importants, mais aussi comme le plus grand des cinéastes. Il écrivait et filmait la rage au ventre. Une rage puisée dans une vie marquée par les blessures. Moins personnelles que collectives. De celles qui forgent les consciences et font naître les œuvres intemporelles.
Ousmane Sembène naît le 1er janvier 1923 à Ziguinchor, en Casamance au sud du Sénégal, dans une famille léboue où les hommes sont pêcheurs de père en fils. Rien ne prédestinait alors le jeune Ousmane à devenir « Monsieur Sembène ». D'abord à l'école coranique puis à l'école française qu'il fréquente dès son plus jeune âge, il développe le goût des langues et des mots. Il étrenne également un tempérament frondeur, qui préfigure l'homme révolté qui sommeille en lui. À 13 ans à peine, il est renvoyé de l'école pour avoir giflé son professeur qui voulait l'obliger à apprendre le corse. À 15 ans, il rejoint Dakar alors capitale de l'Afrique occidentale française, Saint-Louis étant alors la capitale du Sénégal.
C'est un premier tournant dans sa vie, qui va en connaître un second, en 1942. En ces temps des colonies, l'Afrique aussi vit sa guerre mondiale à côté des puissances impériales, la France et la Grande-Bretagne, en difficulté face aux troupes de l'Axe. Alors que dans l'Europe lointaine et inconnue, le conflit fait rage, le jeune Ousmane est mobilisé au sein de l'armée coloniale. Il intègre l'un des bataillons de Tirailleurs sénégalais et participe à la guerre au Niger, au Tchad, en Afrique du Nord et en Allemagne. Un moment décisif, car c'est dans la plaie de cette expérience extrême qu'Ousmane Sembène puisera, plus tard, une partie de son inspiration pour nourrir une œuvre naturaliste, à la Balzac ou à la Zola. Une sorte de néo-réalisme africain.
Après l'Europe de la guerre, celle du travail
1948 marque un autre tournant pour cet artiste qui s'ignore encore. Rentré à Dakar à la fin de la guerre, il repart aussitôt en Europe. Il y restera douze ans. Embarqué clandestinement pour la France, il a pris la direction de Paris où il travaille comme maçon et mécanicien dans les usines Citroën ; ce sera Marseille après où il sera embauché comme docker sur le port. Ce sont des années de dur labeur. L'occasion pour lui, surtout, de se forger une conscience sur sa condition d'Africain, de noir et d'ouvrier. De quoi côtoyer des idéologies qui apparaissent à l'époque comme de résistance, résistance de classe, résistance syndicale. C'est ainsi qu'il adhère à la CGT et au Parti communiste français dans ces années 50 où les mouvements d'émancipation africains sont en pleine ébullition. Sa conscience sociale et politique s'aiguisant, le voilà qui milite contre la guerre en Indochine, pour l'indépendance de l'Algérie aussi. Quand en 1960 le Sénégal devient indépendant, c'est l'heure pour Ousmane Sembène de rentrer enfin chez lui, en Afrique. C'est le début d'une nouvelle vie où ont bourgeonné les leçons des expériences passées.
L'artiste engagé éclôt derrière l'homme
Une autre vie donc qui, en réalité, a commencé quelques années plus tôt. Sembène ressent en effet depuis longtemps la nécessité de se « raconter » afin de dénoncer des injustices dont il a été la victime – parfois –, le témoin privilégié – souvent.
En 1956, il publie son premier roman, Le Docker noir, une histoire inspirée de sa vie de prolétaire sur le port de Marseille. Une critique poignante de la condition ouvrière et des préjugés raciaux. Prolixe, il publie en 1957 Ô pays, mon beau peuple, devenu unclassique de la littérature africaine. Ousmane Sembène y relate le combat d'un homme seul, Oumar Faye, jeune Casamançais marié à une Européenne, qui lutte lui aussi, mais en Afrique cette fois-ci, contre les préjugés raciaux. Une peinture sociologique d'une vérité rare... et toujours d'actualité.
En 1960, c'est au tour des Bouts de bois de Dieu d'être publié. Le roman raconte la grève en 1947 des cheminots africains de la ligne de chemin de fer Dakar-Niger, une ligne qui relie Dakar à Bamako. Leur objectif : accéder aux mêmes droits que leurs collègues français. Suivront un peu plus tard Voltaïque(nouvelles, 1961), L'Harmattan (roman, 1963), Le Mandat (récit, 1964), Xala (récit, 1973), Le Dernier de l'Empire (roman, 1981), Niiwam et Taaw (nouvelles, 1987).
Au total, l'œuvre littéraire d'Ousmane Sembène, humaniste et engagée, qui valorise l'histoire et la psychologie des personnages, est riche d'une dizaine de romans et d'essais dans lesquels Boniface Mongo-Mboussa, l'écrivain et critique littéraire congolais, décèle, au-delà d'une « écriture apparemment simpliste et manichéenne, une volonté de toujours donner à voir la complexité du réel, avec une lucidité et une intransigeance qui font souvent défaut aux écrivains africains contemporains ».
La naissance de Sembène, le cinéaste
Retour en 1960. Le cortège des indépendances africaines s'est ébranlé. Ousmane Sembène est rentré sur sa terre natale, à l'instar de nombre d'intellectuels africains qui entendent participer à la construction de leurs jeunes nations. Certains ne tarderont pas à déchanter. En attendant, Sembène parcourt le continent, de l'ouest au centre. C'est alors qu'une petite musique se met à trotter dans sa tête. Une musique faite d'images animées. Celles du cinéma. Voilà sa vocation. Ousmane Sembène sera cinéaste. Depuis ce jour, même s'il ne cessera jamais d'être écrivain, le septième art sera pour lui une obsession. Non pour lui-même – l'art pour l'art –, mais pour dénoncer – les injustices sociales et les travers humains – et donner à voir une autre image de l'Afrique, au-delà des clichés. Une Afrique paradoxale, en pleine mutation, tiraillée entre traditions et modernité. De quoi pour l'homme d'expérience qu'il est faire rimer talent artistique et engagement social et politique. Donc à près de 40 ans, sur le tard, Ousmane Sembène se lance dans la carrière – cinématographique. Dans une Afrique encore largement analphabétisée, il est convaincu que le cinéma, plus que la littérature qu'il chérit tant, lui permettra de toucher un public plus large. Il excellera dans la peinture d'un continent africain, transfiguré et révolté.
Une bourse et des films marquants
En 1962, cet autodidacte décroche une bourse pour étudier le cinéma aux studios Gorki à Moscou, en URSS. Quelques années et quelques courts métrages plus tard, il réalise en 1966 son premier long-métrage – le premier aussi à être réalisé par un cinéaste d'Afrique noire. La Noire de…, c'est son titre, raconte l'histoire émouvante d'une jeune nourrice sénégalaise qui quitte son pays et sa famille pour venir en France, à Antibes, travailler chez un couple. Celui-ci l'humiliera et la traitera en esclave, la poussant finalement au suicide.
Pour Ousmane Sembène, ce coup d'essai est un coup de maître, couronné par le Prix Jean Vigo. Suivront d'autres chefs-d'œuvre, tels que Le Mandat en 1968, une comédie qui croque avec une ironie mordante les travers de la nouvelle classe bourgeoise postcoloniale qui émerge au Sénégal au sortir de l'indépendance (Prix de la critique internationale au Festival de Venise).
En 1979, Ousmane Sembène fait l'expérience de la censure. Dans son film Ceddo, il relate la révolte, à la fin du XVIIe siècle, de guerriers traditionnels (les Ceddos) aux convictions animistes qui refusent de se convertir aux religions monothéistes. Ousmane Sembène y pourfend le rôle de l'islam et du catholicisme dans le délitement des structures sociales traditionnelles avec la complicité de certaines élites locales. L'œuvre est frappée d'une interdiction de diffusion au Sénégal. Le président-normalien Léopold Sédar Senghor justifie cette décision par… une faute d'orthographe. Le terme « ceddo » s'écrirait, selon lui, avec un seul « d ». En réalité, le pouvoir sénégalais ne souhaite pas se mettre à dos les autorités religieuses du pays.
Censuré également, mais en France et de fait cette fois-ci, un autre de ses grands chefs d'œuvre, le magistral Camp de Thiaroye. Une dénonciation d'un des épisodes les plus sombres de l'armée coloniale française en Afrique : le massacre de Tirailleurs sénégalais par des gradés français le 1er décembre 1944 dans le camp militaire de Thiaroye, à la périphérie de Dakar. Un vibrant hommage à ces Africains « morts pour la France libre ». Le film, Grand Prix du Jury à Venise en 1988, ne sera finalement diffusé en France que bien des années plus tard.
En 2000, Ousmane Sembène s'attaque à la réalisation d'un triptyque sur l'héroïsme au quotidien. Les deux premiers opus sont une ode à la femme africaine, dont l'artiste dénonce la condition. Dans Faat Kiné (2000), il brosse le portrait croisé de trois générations de femmes qui luttent pour gagner leur autonomie et leur liberté. Dans Moolaadé(2004), il évoque le conflit de valeurs entre le droit à la protection et la « salindé », la pratique traditionnelle de l'excision. Quatre fillettes, qui fuient pour échapper à cette coutume, trouvent refuge auprès d'une femme qui leur offre l'hospitalité (le moolaadé) malgré les pressions conjointes du village et de son mari. Un long métrage sanctionné par une pluie de récompenses (Prix du meilleur film étranger décerné par la critique américaine, Prix « Un certain regard »à Cannes, prix spécial du jury au festival international de Marrakech, etc., le tout en 2004). Il n'aura pas eu le temps de finir le troisième tableau.
Au final, l'œuvre cinématographique d'Ousmane Sembène, forte d'une quinzaine de films, s'est inscrit dans le prolongement de son œuvre littéraire dont elle est en partie l'écho. L'artiste y a dénoncé, avec la même verve, les conflits entre dominants et dominés (blancs-noirs, bourgeois-prolétaires, hommes-femmes) et a invité à une inlassable quête d'émancipation, pour les peuples comme pour les individus.
Un cinéaste, un promoteur du 7e art
Militant, Sembène l'est aussi quand il s'agit de promouvoir l'art cinématographique en Afrique. Tout au long de sa longue carrière, il prendra une part très active dans la promotion du Fespaco, le célèbre festival de cinéma africain. En remerciement, une avenue porte désormais son nom à Ouagadougou au Burkina Faso, où le festival se déroule chaque année. Sembène se rendra aussi régulièrement de village en village, de pays en pays, parcourant l'Afrique, pour montrer ses films et engager le débat avec les populations. En 2006, au crépuscule de sa vie, il reçoit les insignes d'officier dans l'ordre de la Légion d'honneur de la République française. Une reconnaissance honorifique, mais hautement symbolique, qui vient consacrer le talent de l'artiste, mais aussi la bravoure du Tirailleur sénégalais.
Malgré les années, une source d'inspiration
Le 9 juin 2007, Ousmane Sembène s'est éteint à l'âge de 84 ans à son domicile de Yoff à Dakar. Clap de fin sur une vie d'une rare épaisseur. L'artiste laisse derrière lui une œuvre puissante, engagée, d'une étonnante actualité. Une œuvre magistrale, à la fois très africaine et universelle, à la liberté de ton, sans commune mesure aujourd'hui. Une œuvre sombre et joyeuse à la fois. « On rit beaucoup dans les œuvres de Sembène », dit son biographe, Samba Gadjigo, professeur de littérature africaine aux États-Unis. « Et après avoir ri, on se pose des questions et on avance ». Pas de doute, dix ans après sa mort, Ousmane Sembène garde toute sa force d'inspiration
par Mame Birame Wathie
LES FRÈRES DALTON BUVEURS DE PÉTROLE
La malédiction du pétrole, ce n’est pas uniquement la mésentente voire le conflit pouvant naitre entre des populations - C’est aussi et surtout quand un groupuscule met la main sur les ressources de tout un peuple laissé dans la misère
La cacophonie érigée en mode de réfutation est loin de disculper les frères Sall. Face aux émoussements non convaincants d’Aliou qui a plutôt mouillé la fratrie, Macky a rompu la tradition en s’en prenant aux « nafeeqh » (hypocrites) et aux « rambaaj » (fumistes), à la mosquée, le jour de l’Eid-el-Fitr. De réels signes de nervosité qui dénotent la panique qui s’est emparée des Sall qui peinent à justifier l’insoutenable. Le scandale Petro Tim a suscité des tonnes d’articles, des dizaines d’interviewes, des Sénégalais ont même manifesté sans que le régime de Macky Sall ne daigne formuler la moindre explication logique sur le comment Aliou Sall a réussi son joli plongeon à milliards dans le pétrole sénégalais. Maintenant, avec des chiffres, BBC arendu plus inflammable le pétrole qui semble n’attendre qu’une petite étincelle pour embraser tout le pays.
Il est devenu difficile voire impossible de noyer ce si gros requin. Frank Timis, qui n’est pas plus pétrolier qu’Aliou SALL, a réussi à décrocher, sur les ressources découvertes au Sénégal, un juteux contrat qu’il revend quelques mois plus tard pour empocher des milliards de dollars. Quel que soit l’angle d’analyse, cette implacable vérité s’impose et saute aux yeux. Elle est d’autant plus criminelle qu’en dépit de tout bon sens et contre l’avis de l’inspection générale d’Etat (IGE), le Sénégal a permis à Frank Timis de mettre la main sur des milliards parce que tout simplement Aliou Sall y gagne des millions. C’est ce que BBC confirme, preuves à l’appui.
Ce scandale Petrotim révèle deux profonds cas de malaise. Celui qui s’est emparé des tenants du pouvoir est à distinguer de celui qu’éprouvent de nombreux Sénégalais.
Au paroxysme du sadisme
Le 10 mai 2012, Macky Sall signe le décret n° 2012-502 et lance la Cour de répression de l’enrichissement illicite (CREI) contre Karim WADE. Le 19 juin 2012, il signe les décrets 2012-596 et 2012-597 qui donnent les blocs de Cayar Offshore profond et Saint-Louis Offshore Profond à Petro -Tim Limited dont son propre frère est actionnaire. La première fois que l’affaire Petro Tim a été agitée, Aliou SALL s’est dépêché de convoquer la presse pour une périlleuse opération de dénégations. «Je n’ai aucun franc dans un compte bancaire à l’étranger, en dehors de celui que j’avais en France à la BNP, alors que j’étudiais là-bas, où il n’y a, je crois bien, pas plus que 14 euros ou celui que j’avais ouverte dans la Bank of China où, selon mes souvenirs, il n’y a que 500 euros soit environs 350 000 F CFA. Voilà les seuls comptes bancaires que j’ai à l’étranger. Je n’ai ni argent, ni appartement, ni maison à l’étranger», avait-il déclaré, laissant son frère aîné envoyer les forces de l’ordre mater ceux qui en doutent. L’affaire était presque étouffée. lundi 3 juin, face à la presse, en réaction aux révélations de BBC, Aliou Sall reconnait avoir perçu 25 000 dollars par mois (plus de 14 millions de F CFA) en tant que salarié de Timis Corporation Ltd. « Ce sont des salaires normaux dans ce milieu. J’ai des collègues qui percevaient plus et d’autres moins », justifie-t-il. Pendant que Macky Sall faisait fouiller la terre entière l’argent qu’aurait détourné Karim Wade, son frère Aliou nageait dans les millions de dollars.
Au sommet du cynisme
L’IGE déclare, dans un rapport détaillé, que : «la demande de permis présentée par Petro Tim n’était pas conforme aux exigences de l’article 8 du décret n°98-810. A cet égard, elle devait être déclarée irrecevable, en application de l’alinéa 2 de l’article 14 dudit décret». En dépit de cette mise en garde, le président SALL signe les décrets et file le marché à Frank Timis et à son employé Aliou SALL qui le mettent à profit, loin des yeux des Sénégalais. Et quand Khalifa Ababacar Sall se retrouve dans le pétrin, pour, dit-on, 1,8 milliard de FCFA, c’est parce que l’IGE l’aurait recommandé, explique Macky Sall qui choisit ceux qui doivent être poursuivis.
Pour Macky Sall, ce que les Sénégalais pensent de ce scandale qui est loin d’être le premier, importe peu. «Il faut qu’on soit constant. La défaite d’Abdoulaye Wade, les gens disent qu’elle est due, en grande partie, au fait qu’il voulait mettre son fils. Mais aujourd’hui, si Macky Sall nomme son frère de même père et de même mère au niveau d’une société aussi importante que la CDC, ça va conforter les Sénégalais qui estiment qu’il veut nous imposer sa famille à tous les niveaux. Et cela peut lui être fatal », réagissait Oumar FAYE de Leral askan wi après la nomination d’Aliou Sall à la tête de la Caisse des Dépôts et Consignation (CDC). Le leader de l’APR n’en avait rien à faire des critiques et autres mises en garde de ses compatriotes. Son frère cadet à peine tiré de la cacophonie du pétrole, il le nomme directeur général de la CDC. A la formation du dernier gouvernement, son beau-frère, Mansour Faye, a pris le contrôle du PUDC, du PUMA, des PROMOVILLES, de la Délégation générale à la Protection sociale et à la Solidarité nationale (DGPSSN), du Commissariat à la Sécurité alimentaire, de la Direction de l’Administration générale et de l’Equipement etc.
Macky Sall l’a démontré, le jour de la Korité, le documentaire de la chaîne anglaise dérange le pouvoir car il s’adresse non pas uniquement aux Sénégalais mais au monde entier fourvoyé par le leader de l’APR qui se montre sous les habits d’un démocrate attaché à la transparence. Ledit documentaire aurait été fait en wolof, le Palais ne serait pas autant périclité. «Nous sommes au Sénégal, situé sur la côte ouest-africaine. Ici, des millions de personnes vivent dans la pauvreté. Pourtant, le niveau de vie pourrait être beaucoup plus élevé. C’est un pays riche en ressources naturelles. D’importantes réserves de pétrole et de gaz y ont été découvertes. Mais une partie de cette richesse s’est envolée à cause de la corruption». Cette froide et nouvelle description du pays de la « terranga », qui ouvre le documentaire de la BBC, est reçue par le régime comme une gifle. Macky Sall le chantre de la « gouvernance sobre et vertueuse » est démasqué et jeté en pâture à l’opinion internationale. Et les informations explosives suffisent à établir sa très haute trahison envers le peuple sénégalais.
La malédiction du pétrole, ce n’est pas uniquement la mésentente voire le conflit pouvant naitre entre des populations. C’est aussi et surtout quand un groupuscule met la main sur les ressources de tout un peuple laissé dans la misère.
"MAÎTRESSE D'UN HOMME MARIÉ", LA SÉRIE QUI DIVISE
La fiction, qui aborde notamment les thèmes de la sexualité et de la polygamie, choque une partie du pays, majoritairement musulman et très croyant
Le Monde |
Salma Niasse Ba |
Publication 09/06/2019
Nuisette légère, flirt au lit et moments de tendresse… Les anciens amants Marème Dial et Cheikh Diagne, désormais mariés, savourent leur lune de miel. Si l’épisode 33 de « Maîtresse d’un homme marié », série star au Sénégal, résonne pour une partie des téléspectateurs comme une revanche après un scénario alliant liaison secrète et mariage polygame, la scène choque une partie du pays. Au point que l’ONG islamique Jamra, qui s’était élevée contre cette fiction dès les premiers épisodes, a de nouveau saisi le Conseil national de régulation audiovisuelle (CNRA).
Avec ses millions de téléspectateurs hebdomadaires et ses 2,4 millions d’internautes, la série, diffusée sur la chaîne privée 2STV depuis le 25 janvier, est devenue un phénomène de société. Chaque lundi et vendredi, à 21 heures, le Sénégal attend fébrilement la suite des aventures de Marème Dial, Cheikh Diagne et Lalla Ndiaye. Mais au pays du sutura (pudeur), certains estiment la fiction scandaleuse. Qu’on soit fan ou critique, le sujet fait désormais autant parler que les débats politiques dont les Sénégalais sont si friands.
Le scénario, inspiré du quotidien de femmes sénégalaises, est simple et novateur. Il met en scène Lalla Ndiaye, une parfaite ménagère dont le mari a une liaison avec Marème Dial. C’est cette dernière qui est l’objet de toutes les polémiques. Son franc-parler comme ses rapports hors mariage, assumés, détonnent dans le paysage télévisuel sénégalais et divisent le pays. Il y a les pro-Lalla, touchés par son histoire ou partisans de la monogamie, et les pro-Marème, qui défendent la grande séductrice et, pour certains, la polygamie, puisqu’elle devient par la suite la co-épouse de Lalla.
Autour de ces personnages gravitent d’autres femmes, incarnant chacune un fait de société. Djalika Sagna joue la « working girl » qui s’occupe aussi de son foyer et subit la violence de son mari alcoolique. « Elle représente la société sénégalaise par excellence, explique la scénariste, Kalista Sy. C’est une victime. Elle encaisse beaucoup et pense que tout ce qui lui arrive est normal. Et comme les Sénégalais, elle est la première à juger les autres. » Pourtant, Djalika décide un jour de s’affranchir du poids de son mariage et du regard de la société. A ses côtés dans cette épreuve, sa meilleure amie, Dior Diop, encore traumatisée par son mariage forcé. Enfin, la cinquième femme à l’affiche de la série, Racky Sow, est hantée par un viol qu’on pensait jusqu’alors familial… « mais pas si sûr ! »,lance Kalista Sy, qui annonce que « la série réserve encore beaucoup de surprises ».
« La promotion de l’adultère et de la fornication »
Alors que « Maîtresse d’un homme marié » montre le quotidien des femmes et leur rôle dans la société, certaines de ses séquences sont vécues comme « offensantes » dans un pays à majorité musulmane et très croyant, au point que le CNRA a mis en demeure 2STV, le 31 mai, jugeant certains clichés « indécents, obscènes ou injurieux » et certaines scènes « susceptibles de nuire à la préservation des identités culturelles ».
La polémique a commencé dès la première diffusion, avec un dépôt de plainte du Comité de défense des valeurs morales du Sénégal auprès du CNRA, le 31 janvier. « Cette série fait la promotion de l’adultère et de la fornication. C’est une dérive audiovisuelle qui, à travers le scénario, propose un mimétisme déplorable des cultures occidentales », a déclaré le président de l’association, Mame Makhtar Guèye, le 19 mars sur la chaîne privée 7TV. Après délibération, le CNRA a décidé de laisser la diffusion se poursuivre, «sous réserve de mesures correctives à apporter ».
Kalista Sy, qui avait d’abord refusé de commenter la polémique, explique n’avoir aucune intention de bousculer les codes, mais la volonté de pousser à la réflexion. « Marème est la seule de la série qui pose problème, parce qu’elle est entière, non conventionnelle et représente cette part de nous, audacieuse, que nous préférons cacher. Elle a été créée pour le débat et ça marche », explique-t-elle. L’histoire de Marème sert de leçon à « certaines femmes, maîtresses, qui, en regardant la série, remettent en cause leur situation », témoigne Halimatou Gadji, l’interprète du rôle.
Alors que les Sénégalais se passionnent pour les novelas sud-américaines et regardent aisément des productions occidentales comprenant des scènes d’amour plus explicites, Marème ébranle et effraie une partie de la société qui assiste, impuissante, à l’évolution de ses valeurs traditionnelles heurtées de plein fouet par la mondialisation. Mais si le débat se cristallise sur Marème Dial et si la série a été médiatisée pour cette raison, « Maîtresse d’un homme marié » a aussi trouvé son public en valorisant les sociétés africaines à travers les tenues de créateurs locaux, les actrices aux cheveux crépus et les scripts en wolof.
Dépression, harcèlement scolaire et alcoolisme
Polygamie, dépression, sexualité, mariage forcé… Les thèmes abordés sont variés et, en filigrane, le spectateur en découvre d’autres. Comme le rôle du psychologue, la maladie d’Alzheimer, le harcèlement scolaire ou l’addiction à l’alcool. « Le but n’est pas de dénoncer, mais de faire prendre conscience », argue la scénariste, qui s’est mise à l’écriture parce qu’elle ne s’identifiait pas aux scripts généralement écrits par des hommes pour « valoriser la femme, trop souvent construite autour de son mari ».
Une approche féministe que les comédiennes ont faite leur. « Je me considère comme un miroir de la société, estime Halimatou Gadji. Ce rôle n’a pas été facile à endosser. On confond souvent ma personne avec mon personnage et j’entends beaucoup de choses dures. Si c’était un homme, il n’y aurait pas les mêmes remarques. Toute femme est aussi libre de sa sexualité. » Pour Ndiaye Ciré Ba, qui interprète le rôle de Djalika, il s’agit en réalité de montrer les deux facettes de la société : « Nous sommes entre deux générations, l’ancienne aux normes traditionnelles, et la nouvelle, calquée sur le modèle occidental. Aux deux, nous tentons de porter un message. »
Et ce n’est pas terminé. Si le premier couple adultère est désormais marié, Kalista Sy promet l’entrée en scène d’« une autre maîtresse avec une histoire beaucoup plus rocambolesque ». La série n’a pas fini de faire parler.
MACKY, CE "PAPA POULE" QUI DIRIGE LE PAYS
Pourquoi les éléments de l'IGE concernant le frère du président, Aliou Sall, qui n’a jamais nié avoir travaillé dans le dossier Petrotim, n’ont jamais été évoqués lors de la traque des biens mal acquis ? Qui cherche-t-on à couvrir ?
La convention accordée à Petro Tim est irrecevable. Il faut retirer le permis octroyé. Voilà une des propositions d’un rapport de l’Ige sur cette affaire il y a 7 ans. C’est pour cela Senenquête se demande pourquoi tous ces éléments qui concernent à la fois le frère du président de la République, Aliou Sall, qui n’a jamais nié qu’il a travaillé à fond dans ce dossier, et Karim Wade n’ont jamais été évoqués lors de la traque des biens mal acquis ? Qui cherche-t-on à couvrir ?
Une fois élu, le Président Macky Sall a diligenté une enquête suite à la lettre d’Awa Ndongo, représentante de Tullow Oil Sénégal à Dakar signée le 2 Mai 2012. Un rapport dont Senenquête qui détient une copie est à mesure de vous révéler que le Ministre de l’Energie de l’époque Aly Ngouille Ndiaye a signé à nouveau avec Petro Tim. L’enquête constate que l’actuel ministre de l’Intérieur n’a pas attendu la fin de l’enquête, pour savoir s’il pouvait ignorer la convention approuvée le 12 Janvier 2012 ou négocier une nouvelle convention. Une soumission jugée par les enquêteurs « précipitée, surprenante, improductive et risquée » Le rapport a été clair : il y avait pas d’urgence à signer une nouvelle convention. Beaucoup d’irrégularités notées, selon les conclusions de l’enquête, pour déclarer irrecevable la convention accordée à Petro Tim. La demande introduite ne peut pas donner lieu à une conclusion de convention valide. C’est ce qui ressort de l’enquête ordonnée par le Président Macky Sall. Un rapport qui a été déposé sur la table du Chef de l’Etat 7 mois seulement après avoir accédé à la magistrature suprême.
Sur les griefs formulés par Tullow Oil, la conclusion rapide des conventions signées avec Petro Tim défie toutes les procédures et pratiques connues en matières de négociations portant sur des conventions relatives aux opérations pétrolières. Les blocs attribués à Petro Tim faisaient l’objet de négociations très avancées entre Tulow oil et Petrosen. D’ailleurs les dirigeants de la société avaient effectué des déplacements à Dakar.
Selon le directeur général de Petrosen d’alors Ibrahima Mbodji : « il n y a pas eu de négociation entre Petro Tim et la commission d’évaluation car les instructions du ministre Karim Wade ont consisté à lui présenter un contrat signé, elles n’ont pas consistées à entamer des négociations. »
Le rapport de l’Ige aboutit à quelques conclusions. Parmi lesquelles :
- La manifestation d’intérêt formulée par Petro Tim n’a pas été enregistrée dans le registre spécial des hydrocarbures comme le requiert la loi.
- La demande de Petro Tim ne concerne aucune des mentions prescrites par l’article 8 qui fixe les modalités d’application de la loi portant le code pétrolier. On n’y trouve pas de justification des capacités techniques et financières de la personne demanderesse.
Si on se réfère au certificat d’immatriculation joint, la société Petro Tim a été immatriculée aux iles Caïman le 19 Janvier 2012, deux jours après l’octroi du permis.
Autant de raisons qui ont poussé les enquêteurs à proposer le retrait des permis octroyés à Petro Tim. Autant de raisons de douter de la sincérité des tentatives d’explications du gouvernement et du palais pour en passant éclairer la lanterne des Sénégalais suite à la diffusion de l’enquête de la BBC. Pourquoi tous ces éléments qui concernent à la fois le frère du président de la République, Aliou Sall, qui n’a jamais nié qu’il a travaillé à fond dans ce dossier, et Karim Wade n’ont jamais été évoqués lors de la traque contre Karim Wade alors que ce dernier aurait gravement fauté dans l’affaire Petro-Tim ? La commission d’instruction de la Cour de répression de l’enrichissement illicite qui a enquêté sur la fortune du fils de l’ancien président Abdoulaye Wade s’est uniquement limitée sur la dénonciation du montage financier de l’AIBD, le ticket d’entrée de DP World pour la concession du terminal à conteneurs du port de Dakar, la saisie par l’État de l’entreprise AHS, la reprise du complexe immobilier Eden Rock. Enquêter sur l’ancien ministre d’Etat, chargé du secteur pétrolier en ouvrant le dossier Petro-Tim c’est fouiller dans le placard de maire de Guédiawaye, lequel, rappelons-le, a été nommé en juillet 2012, pour gérer la filiale sénégalaise Petro-Tim Limited.