Le journaliste Madiambal Diagne juge «attaquable», «tendancieux», le reportage de la BBC mettant en cause Aliou Sall.
«Le premier élément d’information tendancieuse : Kosmos energie, qui est au cœur de cette affaire, est la partie manquante du reportage. La parole n’est pas donnée à Kosmos energie, c’est une faute professionnelle, a tranché le patron du groupe de presse Avenir communication, ce dimanche, sur le plateau du Grand Jury de la Rfm. Kosmos a parlé et sa version a été délibérément ignorée par la BBC.»
Madiambal poursuit : «Ensuite, le reportage de la BBC commence par un commentaire. Quand la BBC affirme que l’argent détourné pourrait sortir les Sénégalais de la pauvreté, c’est faux. Quand la BBC affirme de façon péremptoire que le deal a privé le Sénégal de 10 milliards de dollars (près de 6000 milliards de francs Cfa, Ndlr) de royalties, c’est un gros mensonge car cet argent n’appartient pas au Sénégal, mais à Bp. C’est un mensonge évident.»
Autre anomalie relevée par le journaliste : «La BBC a interrogé des gens de la société civile et d’autres personnalités dont les propos n’ont pas été pris en compte dans le reportage.»
En outre, indique Madiambal Diagne, «l’Itie n’a pas été interrogée dans ce reportage ; si la BBC avait interrogé l’Itie, celle-ci allait lui donner les éléments de transparence au Sénégal, cité en exemple dans la gestion de ses ressources naturelles».
Conclusion de l’éditorialiste : «C’est une enquête plus à charge qu’à décharge». Et dans ces conditions, croit-il savoir, il sera très difficile de prouver la culpabilité d’Aliou Sall.
«Aliou Sal doit démissionner»
Pour autant, Madiambal Diagne estime que le directeur général de la Caisse des dépôt et consignations (Cdc), par ailleurs maire de Guédiawaye, mis en cause dans le reportage de la BBC, doit rendre le tablier pour se défendre devant la justice.
«Il serait plus sage pour Aliou Sall de démissionner, suggère le journaliste. Il doit rendre le tablier, le temps d’attendre qu’on établisse une enquête. Le fait qu’il soit dans l’appareil de l’Etat, peut donner du grain à moudre à ses adversaires. Moi, à sa place j’aurais démissionné.»
D’autant qu’en démissionnant, pronostique Madiambal, Aliou Sall «va rendre service à son frère de président de la République».
Dans son édition de samedi, Le Quotidien, journal édité par Avenir communication de Madiambal Diagne, rapporte que le Président Macky Sall a pris la décision de limoger Aliou Sall de la tête de la Cdc. La même source ajoute que la décision sera entérinée la semaine prochaine par le Conseil d’administration de la Cdc.
Interrogé par Seneweb suite à la parution de cette information, l’intéressé a refusé de confirmer ou d’infirmer. Il a juste fait savoir, dans une note parvenue à notre rédaction, qu’il ne démissionnera pas de son poste. Qu’il restera à la tête de la Cdc sauf si le «décret divin» ou un «décret présidentiel» lui imposent un départ.
APPEL À LA PRUDENCE SUR LES ROUTES DE POPENGUINE
La Brigade nationale des sapeurs-pompiers a mis en place un dispositif important en hommes et équipements - Il comprend 443 hommes dont six médecins sapeurs et une dizaine d’officiers
Le lieutenant-colonel Cheikh Tine, commandant du détachement de la Brigade nationale des sapeurs-pompiers déployé au pèlerinage marial de Popenguine, a invité les conducteurs à faire preuve de prudence sur les routes afin de prévenir d’éventuels risques d’accident de circulation.
‘’Le message que j’aimerais lancer à l’endroit justement des chauffeurs d’abord c’est d’être prudents et de respecter strictement les principes du code de la route’’, a-t-il déclaré lors d’un entretien avec l’APS.
La communauté catholique du Sénégal organise pendant ce week-end son pélèrinage marial annuel à Popenguine, une commune du dpéartement de Mbour (ouest). Des milliers de fidèles participent habituellement à cet évènement religieux.
Il a rappelé que les nombreux accidents mortels enregistrés dernièrement résultaient pour la plus part de défaillances humaines. ‘’ Si les gens sont fatigués, qu’ils prennent le temps de bien se reposer avant de reprendre le volant’’, a recommandé le lieutenant-colonel Tine.
La Brigade nationale des sapeurs-pompiers a mis en place un dispositif important en hommes et équipements. Il comprend 443 hommes dont six médecins sapeurs et une dizaine d’officiers, a-t-il fait savoir.
Une cinquantaine d’engins, notamment des ambulances, des fourgons de pompe à eau et de véhicules divers sont également engagés dans ce dispositif. Cela a permis de couvrir tous les axes menant à Popenguine et de prendre en compte tous les points de rassemblement de pèlerins, a assuré l’officier des sapeurs-pompiers.
A ce déploiement s’ajoute un dispositif spécial ayant permis d’envoyer sur le terrain une centaine d’éléments afin d’accompagner les pèlerins qui choisissent de rallier Popenguine par la marche, à partir de Dakar, Mbour et Thiès, a-t-il expliqué.
Selon lui, aucun incident majeur n’a été jusque-là enregistré. ‘’Nous avons déjà effectué cinq sorties. Nous sommes à zéro incident. Et quand je parle d’incidents, je parle bien sûr d’accidents ou d’évènements majeurs’’, a-t-il fait remarquer.
ARRIVÉE DES PREMIERS MARCHEURS À POPENGUINE
De jeunes pèlerins ayant entrepris de rallier Popenguine par la marche sont entrés dimanche dans l’après-midi dans cette commune abritant le pèlerinage marial des catholiques
De jeunes pèlerins ayant entrepris de rallier Popenguine par la marche sont entrés dimanche dans l’après-midi dans cette commune abritant le pèlerinage marial des catholiques sénégalais, a constaté l’envoyé spécial de l’APS.
C’est à 15 heures 30 que ces pèlerins, originaires des régions de Tambacounda, Ziguinchor et Kolda, ont fait une entrée remarquée à Popenguine à travers des chants et des danses, entonnant notamment en chœur : ‘’ ’’nous sommes arrivés, nous sommes bien arrivés’’.
Ils étaient, plus tôt dans la matinée, partis de la paroisse Saint-André de Mbour.
Dès qu’ils ont foulé la terre de Popenguine, ils se sont dirigés au sanctuaire pour se recueillir avant de rejoindre un espace qui leur été spécialement aménagé dans cette ville du département de Mbour, dans la région de Thiès (ouest).
’’On est atigué, épuisé, exténué, mais le parcours en valait la peine, par amour pour le Christ’’, a réagi Pascal Ndionne, un marcheur.
Les marcheurs, originaires pour l’essentiel du sud pays, devancent ainsi leurs coreligionnaires de Dakar, attendus à 18 heures à Popenguine pour la 131ème édition du pèlerinage marial.
par Jean-Baptiste Placca
AUDIO
CRUEL DÉFICIT DE COURAGE DANS LE LEADERSHIP AFRICAIN
Respect au Ghanéen Nana Akufo-Addo dont les prises de position courageuses remplissent de fierté les africains - Mais il en faut davantage pour faire décoller ce continent
La promptitude de la réaction africaine à la suite du massacre des manifestants du sit-in à Khartoum au Soudan, suivi de l'intervention du Premier ministre éthiopien, est-elle la preuve d'un leadership effectif ?
« CETTE AFFAIRE POURRAIT FAIRE CAPOTER LE DIALOGUE NATIONAL »
Invité de l’émission Jury du dimanche sur Iradio (90.3), Ibrahima Sané s’est montré pessimiste quant au bon déroulement du dialogue national suite aux révélations de la BBC sur le scandale PetroTim
Invité de l’émission Jury du dimanche sur Iradio (90.3), Ibrahima Sané s’est montré pessimiste quant au bon déroulement du dialogue national suite aux révélations de la BBC sur le scandale de Petro-Tim et des hydrocarbures au Sénégal. Il prédit un échec du dialogue national. « Le dialogue national est une bonne initiative, une idée louable. Mais, cette affaire va capoter le dialogue national. C’est grave. Il n’y a pas suffisamment de recul par rapport aux questions discutées », pense-t-il. Avant d’ajouter : « Cela volera en éclats. Le problème c’est que même la personne de Famara Ibrahima Sagna sera accusée de quelque chose. Un prétexte arrivera et fera exploser le débat. Le débat vole trop bas au Sénégal », regrette-t-il.
Dans un autre registre, Ibrahima Sané a rejeté l’argumentaire selon lequel, le pétrole et le gaz sont une source de déstabilisation. Selon lui, il n’y a pas de malédiction du pétrole ou du gaz. A son avis, il y a nos tares et nos défauts que nous n’osons pas pointer qui créent les dysfonctionnements.
VIDEO
« ALIOU SALL DOIT DÉMISSIONNER »
Pour Ibrahima Sané, le frère du chef de l’Etat et non moins maire de la ville de Guédiawaye ne devait même attendre qu’on le limoge mais, il devait plutôt démissionner pour assurer sa défense sur les accusations qui lui sont imputées
L’opposition demande à Aliou Sall de démissionner de son poste de directeur de la Caisse de dépôts et de Consignation suite aux accusations portées contre sa personne dans une enquête de la BBC portant sur l’exploitation du pétrole et du gaz. Pour Ibrahima Sané, le frère du chef de l’Etat et non moins maire de la ville de Guédiawaye ne devait même attendre qu’on le limoge mais, il devait plutôt démissionner pour assurer sa défense sur les accusations qui lui sont imputées. « Aliou Sall doit démissionner pour laver son honneur. C’est dans son intérêt. Quand il se défend et que cela se mêle à la caisse de dépôt et de consignation, cela n’est pas bien pour l’institution. La volonté de laver son honneur doit primer sur les autres considérations », a déclaré Ibrahima Sané, invité de Jury du dimanche sur Iradio (90.3).
Toutefois, Ibrahima Sané n’est pas trop enthousiaste par rapport à la judiciarisation de cette affaire même si les mis en cause ont annoncé des plaintes contre la journaliste, auteure de l’enquête. A son avis, même la saisine des juridictions ne résoudra pas ce problème parce qu’il y aura toujours un camp qui contestera la décision rendue. « L’aspect judiciaire de la chose ne m’intéresse pas. Elle ne clarifiera rien du tout. C’est une question qui n’attire pas mon attention. Je ne pense pas que cela réglera le problème. Nos institutions ne sont pas respectées », déplore-t-il. Tout de même, il dit faire partie de ceux qui pensent que l’association de la famille présidentielle à la gestion de l’Etat est un risque. « Si c’était quelqu’un d’autre, peut-être, ce scandale n’aurait pas cet ampleur. C’est parce que c’est le frère du président de la République que la question a pris de l’ampleur », renseigne-t-il.
AUDIO
OBJECTION AVEC MOHAMED DIA
Le consultant bancaire aux États-Unis clarifie le débat autour des contrats pétroliers querellés dans le scandale Petrotim, au micro de Baye Omar Gueye
Mohamed Dia, consultant bancaire, est au micro de Baye Omar Gueye de (Sud Fm) dans l'émission Objection.
LA SOCIÉTÉ CIVILE S'EMPARE DE L'AFFAIRE ALIOU SALL
Pour Mamadou Mignane Diouf, coordonnateur du Forum social sénégalais (FSS), Macky Sall doit d'urgence prendre des décisions "courageuses" à savoir "démettre son frère d'un poste de responsabilité que constitue la Caisse de consignation"
L’affaire Aliou Sall, du nom du frère du président impliqué dans une affaire de corruption, continue de faire la Une des journaux.
Au Sénégal, le frère du président Macky Sall a été mis en cause dans une enquête de la BBC. Dans le cadre de l’attribution de deux gisements pétroliers à British Petroleum (BP), Aliou Sall aurait perçu 250 000 dollars de la part de Frank Timis. Ce dernier, un homme d’affaires roumano-australien, aurait reçu entre 9 milliards et 12 milliards de dollars pendant 40 ans de BP, ce que la firme britannique dément.
Après l’opposition sénégalaise qui a dénoncé une corruption au sommet de l’État, la société civile s’empare du dossier et demande des comptes à l’exécutif. Ainsi, 13 organisations, partis politiques et mouvements de la société civile disent avoir formé le 8 juin un « front citoyen » afin d’exiger de la « transparence » dans les contrats pétroliers et gaziers. Dans ce front se retrouve le mouvement Y’en a marre, mais aussi le parti d’Ousmane Sonko ou encore les activistes de « France dégage ».
« Élargir l'espace de transparence »
« C’est énorme, déclare Elimane Kane, président du think tank Legs Africa. En tant que citoyens sénégalais, nous n’accepterons pas que nos représentants prennent des décisions qui soient contraires aux intérêts de notre peuple parce que ces ressources nous appartiennent. Il faut élargir l’espace de transparence de la gouvernance du secteur des hydrocarbures. Malheureusement, jusque-là, c’est concentré au niveau de l’exécutif, entre le président et son ministre ».
Le gouvernement avait promis d’ouvrir le Comité d'orientation stratégique du pétrole et du gaz (Cos-Petrogaz) à l’opposition et à la société civile. La mesure n’est toujours pas effective. Pour Mamadou Mignane Diouf, coordonnateur du Forum social sénégalais (FSS), le président Macky Sall doit d'urgence prendre des décisions « courageuses » à savoir « démettre son frère d'un poste de responsabilité que constitue la Caisse de consignation. Tout cela pour montrer sa bonne foi, sa détermination à faire éclater la vérité et à rejoindre une déclaration qu’il avait faite à l’époque: "Je ne protègerai personne" ».
LA QUESTION DE LA RÉPARATION DUE À LA TRAITE NÉGRIÈRE
La célébration de la journée de l’Afrique a servi de prétexte à Werekaan institute pour revisiter la Charte du Mandé - Occasion pour les panélistes de promouvoir l’art oratoire endogène, mais de poser aussi la question liée aux réparations pour l’Afrique
Avec la traite négrière et la colonisation, l’Afrique est très probablement le continent le plus accablé par le sort. Pour le Dr Samba Buri Mboup, la question des réparations se pose de plus en plus dans les diasporas en général et les Caraïbes en particulier. Elle ne tardera pas, selon lui, à se poser en Afrique. Il en est si convaincu qu’Israël avait reçu réparation de l’Allemagne et de l’Autriche pour le nazisme. Cet ancien ambassadeur, membre fondateur de l’Institut Thabo Mbeki pour le leadership et professeur associé au Centre d’études diplomatiques et stratégiques, a abordé, samedi dernier, le sous-thème : « défis, bravades et antagonismes » lors d’un panel tenu à Werekaan Institute (Ex-Keur Meïssa). Une manifestation organisée en partenariat avec le club Afrique mutation, dans le cadre de la journée de l’Afrique et qui avait pour thème : « La Charte du Mandé : origine, évolution et actualité ».
M. Mboup estime que le rapatriement de « nos frères et soeurs » de la diaspora se pose également d’autant plus qu’il y a un élan de retour des diasporas qui est maintenant très fort. Il faut créer, penset- il, les conditions pour les mettre à l’aise, leur donner des passeports et faciliter leur installation sur le continent. De son point de vue, l’Afrique a trois défis : sécurité, souveraineté et leadership. Il est non seulement possible de s’en sortir, mais également de produire un saut qualitatif à condition d’utiliser nos langues et de produire un discours alternatif. Le panéliste déplore l’inexistence d’une chaîne de l’Union africaine pour diffuser « l’image véritable » du continent. Il regrette aussi le fait que la journée de l’Afrique ne soit pas un jour férié où l’on « tire le bilan et les perspectives ».
Abordant le thème, Meïssa Mbaye de l’Institut Werekaan estime que le modèle oratoire le plus utilisé dans le Mandé est le Belting qui coïncide à un lâcher-prise vocal. La voix, dit-il, est non seulement harmonieuse, mais elle est aussi articulée. Les griots du Mandé connaissent le sens du verbe puisque, pour eux, la parole doit être de l’harmonie (wax dafay neex) et parler c’est maîtriser sa peur (wax fit). Le constat, selon M. Mbaye, c’est que les hommes politiques et les leaders ne s’approprient pas ce modèle. « On va toujours vers des référents occidentaux, comme Barack Obama ou Martin Luther King, alors que chez nous, El Hadj Mansour Mbaye ou Abdoulaye Mbaye Pekh sont des exemples en matière d’art oratoire. L’idée de son institut, c’est justement d’enseigner ce modèle endogène, en y greffant bien évidemment quelques disciplines exogènes comme la communication politique, le leadership et le développement personnel.
Pour le journaliste et formateur Bacary Domingo Mané, les hommes politiques peuvent s’inspirer du modèle d’organisation des gens qui étaient à l’origine de la Charte du Mandé. Dans cette société qui a donné la première constitution connue de l’histoire humaine, il fallait surtout maîtriser les modalités de la prise de parole en public. Cette charte est, à ses yeux, d’une actualité brulante ; et qu’au-delà des problématiques qu’elle pose, les hommes politiques doivent s’en inspirer.
SIBETH NDIAYE, HÉRITIÈRE DE LA BOURGEOISIE DAKAROISE
Dans les quartiers populaires français, les habitants la croient « des leurs » sans imaginer qu’elle est issue de la bourgeoisie sénégalaise - La nouvelle porte-parole du gouvernement français s’enorgueillit de faire partie du Sénégal… d’en haut
Les premières semaines de Sibeth Ndiaye comme porte-parole du gouvernement français (nommée fin mars 2019) sont sans accroc. Avec aplomb et assurance, la jeune femme de 39 ans fait le « job ». Pourtant il faut remonter à son enfance à Dakar, auprès d’un père député et d’une mère magistrate devenue présidente du Conseil constitutionnel, pour comprendre son aisance au cœur du pouvoir. Sibeth, petite dernière de quatre filles dont les aînées ont dix-huit, dix-sept et dix ans de plus qu’elle, y a toujours entendu parler politique. « Nos parents s’étaient rencontrés à Paris, dans les cellules du Parti communiste avant de créer avec Abdoulaye Wade le Parti démocratique sénégalais (PDS) », raconte Anta, la seconde des quatre filles Ndiaye. C’est un couple libéral et cultivé. Fara Ndiaye, né en 1935 dans une famille modeste – son propre père est mort lors de la seconde guerre mondiale dans les rangs des tirailleurs sénégalais –, après de brillantes études, s’est lancé en politique et préside à Dakar le groupe parlementaire du PDS à l’Assemblée nationale.
Mais c’est Mireille, leur mère, née en 1939, qui frappe l’esprit de ses filles. Belle et émancipée, cette métisse d’un couple germano-togolais qui porte les cheveux coupés ras et fume est l’une des rares femmes de la magistrature sénégalaise. A la maison défile tout ce que le pays compte d’élus et d’intellectuels, dans le sillage de Léopold Sédar Senghor, d’Abdou Diouf ou du couple Wade, ami des Ndiaye.
Une réussite familiale modèle
Est-elle si dépaysée, dans ce monde politique français, elle qui suivait à 8 ans la réélection de Mitterrand ? Sur les réseaux sociaux, ce grand défouloir de nos folies, les racistes de tout poil ignorent le plus souvent comme les parents Ndiaye furent d’abord un couple éclairé.
Fara est alors un musulman non pratiquant, Mireille, une catholique distanciée. Et s’ils ont fait baptiser leurs filles et inscrit les trois aînées à l’école coranique avec leurs cousins, la religion est bien moins importante que les études. « Ne soyez jamais dépendantes financièrement d’un homme, répète Fara Ndiaye à sa progéniture. Je vous donnerai une éducation, ce sera mon héritage. »
L’aînée des quatre filles, Fari, sera pharmacienne ; Anta, consultante pour les Nations unies ; Ouli, banquière. Et voilà Sibeth, cette petite dernière dont toute la famille vota à la naissance pour lui donner ce prénom de l’une des reines de Casamance, secrétaire d’Etat !
Quel dommage que ni l’un ni l’autre, morts trop tôt, n’aient vu l’ascension de leur benjamine… Aujourd’hui encore, lorsqu’elle note qu’on la traite avec condescendance, Sibeth Ndiaye ne peut s’empêcher de rappeler ses origines, moins pour jouer les bourgeoises que pour briser, dit-elle, « ce mépris à l’égard de l’Afrique qui imagine la vie dans des cases sans électricité ».
Quartier plateau de Dakar
Elle a conscience, par sa seule présence dans un gouvernement, d’avoir valeur de modèle. « J’ai toujours reçu des lettres en ce sens, à l’Elysée ou au ministère, dit-elle. Ah, j’en ai pris des jeunes filles en stage, que j’installais dans des services dirigés par des femmes pour qu’elles voient que c’était possible ! »
Pour comprendre où elle a appris la tactique, l’art de la rhétorique, la lutte pour le pouvoir et peut-être aussi cette langue impersonnelle, il faut cependant plonger dans les amphis des années 2000, plus que dans les soirées enfumées de l’appartement de ses parents, rue Gallieni, dans le quartier du Plateau, au cœur de la capitale sénégalaise.
Après son bac, au lycée Montaigne, Sibeth a raté deux fois le concours de médecine, bifurqué en biologie avant de s’inscrire à la fin des années 1990 en philo à Paris-VII, l’université Paris-Diderot. Elle a aussi adhéré en 1999, à 20 ans, à l’UNEF, dont elle est vite devenue responsable de la tendance minoritaire, celle des strauss-kahniens. La suite, on la connait : engagement auprès de certaines personnalités du PS français (DSK – Bartolone) jusqu’à sa rencontre avec Emmanuel Macron. Elle en devient la cheffe com’ et désormais sa Secrétaire d’Etat, porte-parole du gouvernement.