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9 août 2025
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IL FAUT SORTIR DE L'OBSESSION DE LA COULEUR
Théophile Kouamouo reçoit l'écrivan franco-ivoirien Armand Gauz, auteur de roman "Camarade papa", qui porte un regard détonnant sur le capitalisme, le colonialisme et le racisme
Théophile Kouamouo reçoit l'écrivan franco-ivoirien Armand Gauz, auteur de roman "Camarade papa", qui porte un regard détonnant sur le capitalisme, le colonialisme et le racisme.
LA ZLEC LANCÉE OUI, MAIS...
La nouvelle zone de libre-échange continentale (Zlec) doit entrer en vigueur en Afrique, mais les Etats signataires n'ont pas pensé à tous les obstacles
La "Zlec". Sous cet acronyme se cache la plus grande zone de libre-échange au monde. Sur le papier, elle entre en vigueur ce 30 mai, entre 22 Etats membres de l’Union africaine. C’est la signature du représentant de la République arabe sahraouie démocratique (RASD) et de la Gambie qui a permis à la Zlec (Zone de libre-échange continentale) de voir effectivement le jour.
Mais il reste du chemin avant qu’elle soit effective et qu’elle profite vraiment aux Africains.
Fluidifier les échanges
L’idée, portée par Paul Kagame lors de sa présidence de l’Union africaine en 2018, est de simplifier les démarches aux frontières, en abaissant par exemple les droits de douane, pour fluidifier la circulation des marchandises.
D’ici dix ans, l’objectif les échanges interafricains atteignent jusqu’à 25% du commerce continental. A titre de comparaison, ces échanges internes représentent 16% du total en Afrique, alors qu’en Europe, le marché intereuropéen s’élève à 70%. Christoph Kannengießer, qui dirige l’Afrika-Verein à Hambourg, salue l’initiative de la Zlec.
"Je prédis que les Africains sont décidés à affronter les défis économiques qui se présentent à eux. Ils ont compris qu’il fallait se serrer les coudes. Et qu’ils ont un énorme potentiel à développer s’ils parviennent à agir et commercer ensemble. Je pense que ce sera un succès."
Des préalables négligés
L’économiste Yves Ekue Amaizo estime que l’ambition de "réduire les coûts de transaction pour améliorer les échanges" est louable. Cependant, de nombreux préalables ont été négligés qui risquent de mettre en péril la Zlec, comme le manque d'infrastructures (de transport, par exemple) pour acheminer les marchandises.
Le marché concerné par la Zlec est gigantesque. Avec environ un milliard et demi d’habitants, il pourrait permettre la création d’emplois. Mais il n’est pas certain que les échanges profitent réellement aux consommateurs africains, de l’avis d’Yves Ekue Amaizo. L’économiste rappelle : "Est-ce que les Africains consomment des produits africains ? Des produits africains transformés qui sont passés par le stade de l’industrialisation et du service après-vente pour le consommateur? La réponse est non".
Le refus du Nigeria
Par ailleurs, certains géants refusent de rejoindre la Zlec, comme le Nigeria, qui craint la concurrence de pays plus compétitifs sur certains produits ou sur la main d’œuvre. Christoph Kannengießer relativise. Selon lui, à terme, les Nigérians "ne pourront pas rester à l’écart de cette dynamique africaine". Yves Ekue Amaizo, lui, est plus pessimiste quant aux risques réels de dumping entre pays africains :
"Les agriculteurs nigérians ne veulent pas de cela. Si vous arrivez avec des produits de l’extérieur qui sont moins chers, ils ne produisent plus, pour eux c’est du chômage. Les industriels nigérians non plus. Ils sont en train de produire leur premier véhicule 4X4, ils ne veulent pas se voir envahis par des véhicules venus de l’extérieur, souvent plus performants et moins chers. L’Afrique du Sud pareil. Donc ça va favoriser en fait les exportations, souvent venues de l’extérieur [hors Afrique], alors qu’ils pensent pouvoir gagner sur les marges. Oui, un certain temps, mais très rapidement, il y aura toujours un autre qui va être moins cher et qui va donc fournir."
Concurrence entre pays
"Par exemple si je suis au Bénin, quel intérêt j’ai à m’installer au Nigeria ? Je préfère m’installer au Bénin où c’est plus facile, où la main d’œuvre est moins chère, pour tout réimporter ensuite au Nigeria. Et en plus, j’achète des équipements chinois qui sont moins chers."
Parmi les problèmes qui doivent encore être réglés, il y a aussi celui de l’autorité qui sera chargée de contrôler les échanges et de régler les différends commerciaux. Ou encore le financement de ce nouveau système. Paul Kagame a proposé l’instauration d’une taxe de 0,2% sur les importations en Afrique, mais la mesure n’est pas encore mise en place.
Les règles devront encore être précisées en juin, à Kampala avant un lancement officiel par les chefs d’Etat de l’UA après leur sommet de juillet.
L'AFRIQUE VA-T-ELLE DEVOIR CHOISIR ENTRE HUAWEI ET LES GAFA ?
Aucune entreprise américaine n’a plus le droit de fournir des équipements à Huawei - Cette mesure laisse présager une polarisation numérique du monde avec des conséquences non négligeables sur le développement des réseaux télécoms en Afrique
Depuis la mi-mai 2019, les tensions entre l’administration Trump et l’entreprise technologique chinoise sont montées d’un cran. Aucune entreprise américaine n’a plus le droit de fournir du matériel et des équipements technologiques à Huawei. Cette mesure, hormis la menace qu’elle fait peser sur les revenus du fabricant d’équipements télécoms, laisse présager une polarisation numérique du monde avec des conséquences non négligeables sur le développement des réseaux télécoms en Afrique.
Le nombre d’entreprises technologiques américaines et étrangères qui rompt toute relation commerciale avec l’équipementier télécoms chinois Huawei augmente progressivement depuis que le gouvernement US a mis l’entreprise sur liste noire le 16 mai 2019. Cette décision qui entrera pleinement en vigueur en août 2019, interdit à toute entreprise américaine de lui fournir du matériel et des équipements technologiques sans la permission du gouvernement américain.
Le 22 mai 2019, Google a ainsi décidé de priver les futurs téléphones Huawei de l'accès à son système d'exploitation Android. Cela signifie que des millions d’acquéreurs des nouveaux Smartphones et tablettes de marque Huawei ou Honor ne pourront plus accéder aux très populaires applications de l’américain, tels que Gmail, YouTube ou Google Maps.
Cela signifie que des millions d’acquéreurs des nouveaux smartphones et tablettes de marque Huawei ou Honor ne pourront plus accéder aux très populaires applications de l’américain, tels que Gmail, YouTube ou Google Maps.
A la suite de Google, a suivi le japonais Panasonic qui a décidé de ne plus fournir à l’entreprise chinoise et à ses 68 filiales certaines composantes électroniques d’origine américaines. Idem pour la société ARM, basée au Royaume-Uni, appartenant à la société japonaise SoftBank et spécialisée dans la fourniture de puces électroniques dont les conceptions utilisent une technologie fabriquée aux États-Unis. Le même sort sera également réservé aux ordinateurs Huawei qui ne pourront bientôt plus accéder au système d’exploitation Windows de l’américain Microsoft, ainsi qu’aux mises à jour associées.
Guerre au cours de laquelle l’administration Trump a fait usage de multiples moyens de pressions sur Huawei, tête de proue de la conquête numérique du monde par la Chine, pour faire flancher le gouvernement de Pékin. Avant la mise au ban de Huawei, le gouvernement américain a tout d’abord suscité une suspicion internationale contre la société qui a été accusée de porter atteinte à la sécurité des réseaux télécoms et informatiques qu’elle contribue à déployer, de vol de propriété intellectuelle d'autres sociétés technologiques et d’actes de corruption pour obtenir des contrats. Ensuite, est intervenu le bannissement de ses équipements dans l’administration publique US. Le gouvernement américain a, par la suite, fait pression sur quelques alliés de poids comme la Grande- Bretagne, le Canada, l’Australie, la Nouvelle-Zélande ou le Japon pour bloquer la route à Huawei.
Guerre froide numérique
A travers la pression actuelle sur Huawei, le gouvernement américain met en danger la croissance de l’entreprise technologique. En effet, privée de l’accès au système d’exploitation pour smartphone Android- qui était en 2018 le plus adopté au monde par les abonnés télécoms avec une part de marché de 85,1% selon IDC, Huawei devrait certainement voir ses appareils boudés au profit d’autres constructeurs comme Samsung, Apple, Tecno, Xiaomi ou encore Itel.
En Europe, Huawei était troisième du marché des smartphones, derrière Samsung et Apple, avec 17,69% de part au mois d’avril 2019, selon Statcounter. En Afrique, le constructeur chinois était plutôt second derrière Samsung, avec 12,75% de part. Au niveau mondial, Huawei était second derrière Samsung avec 15,8% de part du marché des smartphones.
Le même scénario devrait se répéter sur les autres segments d’activités de l’entreprise à l’instar de celui des ordinateurs où Microsoft devrait aussi lui refuser l’accès à Windows qui détient 75,47% de part de marché des systèmes d’exploitation pour ordinateur au 31 janvier 2019 contre 12,33% pour le MAC OS X d’Apple, selon le portail allemand de statistiques et de données de marché mondial Statista.
Le même scénario devrait se répéter sur les autres segments d’activités de l’entreprise à l’instar de celui des ordinateurs où Microsoft devrait aussi lui refuser l’accès à Windows.
Priver Huawei de l’accès aux matériels et équipements fournis par les entreprises américaines qui détiennent la majorité des brevets dans le domaine technologique compromettra également les capacités de l’entreprise à produire de nouveaux appareils électroniques. Les grands fabricants de semi-conducteurs comme Qualcomm ou Intel ont aussi indiqué qu’ils cesseraient de fournir Huawei. Au regard de l’intensité que prend la guerre commerciale entre les Etats-Unis et la Chine, avec Huawei comme point central, le spectre d’une nouvelle guerre froide se profile à l’horizon. Technologique cette fois.
Le 23 mai 2019, lors de la Conférence de Potsdam sur la cybersécurité nationale, Ken Hu, le vice-président de Huawei, qualifiait la sanction américaine de « dangereux précédent ». Il considérait que « cela va à l'encontre des valeurs de la communauté internationale des affaires, perturbe la supply chain mondiale et nuit à la concurrence équitable sur le marché ». Mettant d’ailleurs en garde l’Europe ; qui semble tout tolérer des USA ; contre l’acceptation de telles mesures, Ken Hu affirmait que la situation actuelle de Huawei « pourrait arriver à n'importe quelle autre industrie et entreprise à l'avenir, si nous ne nous attaquons pas ensemble à ces problèmes ». « Nous ne voulons pas construire un nouveau mur sur le plan commercial, nous ne voulons pas non plus construire un nouveau mur sur le plan technologique », soulignait-il.
Bien que Huawei prône l’apaisement avec les Etats-Unis, la société a tout de même fait savoir qu’elle est prête à la guerre si l’administration Trump ne veut pas revenir à de meilleurs sentiments. Au cours du salon Ready For IT, tenu le 21 mai 2019 à Monaco, Shi Weiliang, le directeur général de Huawei France, a déclaré : « Nous avons un plan B, c'est-à-dire que nous pouvons être fiers de dire que, malgré ce papier signé par les États-Unis, nous restons sereins de continuer notre business, avec nos clients, nos utilisateurs et tous les acteurs de l'écosystème ». Pour Ren Zhengfei, le fondateur de Huawei, « le personnel politique américain, par ses façons de faire à l’heure actuelle, montre qu’il sous-estime notre force (…) Mais en cas de difficulté d’approvisionnement, nous avons des solutions de rechange. En période de paix (avant la guerre commerciale, Ndlr), nous nous fournissions pour moitié en puces venant des Etats-Unis et pour moitié venant de Huawei. On ne pourra pas nous isoler du reste du monde ».
« Le personnel politique américain, par ses façons de faire à l’heure actuelle, montre qu’il sous-estime notre force (…) Mais en cas de difficulté d’approvisionnement, nous avons des solutions de rechange.»
Le 26 mai 2019, Huawei a annoncé qu’elle lancera son propre système d’exploitation qui pourra être disponible en Chine dès le quatrième trimestre 2019 et dans le reste du monde au premier ou deuxième trimestre de 2020. Certainement basé sur AOSP, la partie open source d’Android, le système bénéficiera de sa propre boutique d’application – l’App Gallery – déjà présente sur les téléphones de la marque.
Problème d’ego?
La pression que subit Huawei, avec de possibles conséquences sur sa rentabilité future, ne serait, selon l’entreprise chinoise, que l’expression d’une Amérique blessée dans son orgueil.
La pression que subit Huawei, avec de possibles conséquences sur sa rentabilité future, ne serait, selon l’entreprise chinoise, que l’expression d’une Amérique blessée dans son orgueil.
Le pays qui voit son hégémonie technologique s’amoindrir avec le temps chercherait un moyen de la maintenir en cassant la concurrence. Car c’est l’avancée de Huawei dans la 5G, prochaine technologie mobile, déterminante pour le monde numérique, qui est le véritable enjeu. Cette technologie, qui interviendra pour rendre les villes intelligentes, la réalité virtuelle, la réalité augmentée, la voiture autonome, etc, abolira les délais de connexion et permettra même à près de 10 000 objets d’être connectés au km2. Elle est aujourd’hui à la portée de Huawei qui a beaucoup avancé dans la recherche et le développement.
Selon Huawei, les USA n’acceptent pas d’être distancés dans la course à la 5G
En juin 2018, Eric Zu, le PDG de Huawei, annonçait le premier smartphone 5G de la marque sur le marché au mois de juin 2019 ainsi qu’un modem mobile 5G qui permet de partager la connexion 5G avec des appareils en Wi-Fi. Selon le cabinet Deloitte dans son rapport « 5G: The chance to lead for a decade », la Chine, dans son plan quinquennal 2015-2020, a prévu un budget de 400 milliards de dollars d’investissement lié à la 5G. Le pays est actuellement très loin devant les Etats-Unis et Huawei pourrait fixer les prochaines conditions de marché relatives à cette technologie.
La Chine, dans son plan quinquennal 2015-2020, a prévu un budget de 400 milliards de dollars d’investissement lié à la 5G. Le pays est actuellement très loin devant les Etats-Unis et Huawei pourrait fixer les prochaines conditions de marché relatives à cette technologie.
Les attaques des USA à son encontre, l’entreprise technologique estime qu’elles ne pourront en rien entraver ce futur radieux. « La 5G de Huawei ne sera absolument pas affectée. En matière de technologie 5G, ce n’est pas en deux-trois ans que les autres entreprises pourront rattraper Huawei », a soutenu Ren Zhengfei.
Bien que Huawei donne toutes les assurances sur sa capacité à rebondir à la suite de l’ « isolement » technologique américain, seules des actions concrètes de l’entreprise pourront vraiment dissiper la crainte qui grandit au sein de plusieurs nations africaines qui ont fait confiance au géant technologique chinois pour le développement de leurs réseaux télécoms.
Les choix africains
Sur le contient africain, Huawei a contribué grandement au développement de l’accès des populations au haut débit. La société a plusieurs fois été sollicitée pour son expertise technique dans le déploiement de réseaux télécoms de haute qualité.
Dans une trentaine de pays, notamment le Cameroun, l’Algérie, l’Egypte ou encore l’Afrique du Sud, Huawei est déjà intervenu dans la modernisation et l’extension de réseau. La société a construit plus de 70% des réseaux 4G du continent et teste déjà la technologie 5G avec les plus grandes entreprises de télécommunications du continent: le groupe MTN, Vodacom, Maroc Telecom.
La société a construit plus de 70% des réseaux 4G du continent et teste déjà la technologie 5G avec les plus grandes entreprises de télécommunications du continent: le groupe MTN, Vodacom, Maroc Telecom.
Mais avec la guerre contre les USA qui a abouti à la restriction d’accès de l’entreprise aux technologies américaines, les inquiétudes naissent quant à sa capacité à tenir ses chantiers sur le continent. C’est le cas, par exemple, pour le projet de construction d’un centre de données à Konza, de villes intelligentes, pour un contrat d’un montant de 1,7 milliard de dollars US signé en avril 2019 avec le président de la République du Kenya, Uhuru Kenyatta. En Ouganda, le groupe chinois est également engagé dans la construction du réseau national de fibre optique.
Dans la guerre entre les Etats-Unis et la Chine, la Kényane Harriet Kariuki, spécialiste des investissements chinois en Afrique, au cours d’un entretien accordé à la radio BBC, invitait l’Afrique à ne pas choisir de camp. Pour elle, cette crise devrait plutôt servir d’électrochoc au continent qui devrait sérieusement commencé à réfléchir sur les moyens « de développer ses propres technologies pertinentes pour son marché au lieu d’être consommateur passif ».
FAUT-IL DIALOGUER AVEC LES TERRORISTES ?
La question suscite une vive polémique au Mali - Dans un rapport paru mardi, l'International Crisis Group recommande d'entammer des négociations - Le groupe mise sur le pouvoir de certains religieux
C'est une vieille polémique qui refait surface avec un rapport. Celui publié ce mardi 28 mai par l'International Crisis Group. Le groupe d'analyse recommande d'établir un dialogue avec les djihadistes au Mali pour mettre fin aux violences dans le centre du pays. Sont ainsi concernés par cette demande de dialogue : le prédicateur peul Amadou Koufa, dont le groupe opère dans le centre du Mali, et le chef djihadiste touareg Iyad Ag Ghaly.
L'ICG préconise cette démarche parallèlement aux efforts militaires pour imposer la paix. Une telle idée avait été proposée il y a deux ans lors d'une conférence nationale mais elle a été rejetée par le gouvernement.
Désarmer par la force ...
Pour Alou Campo, chef de la mission de réconciliation entre Dogons et Peuls, la recommandation du groupe ICG est marquée par des insuffisances. "Le Mali a opté pour la laïcité et je crois que le dialogue avec ceux qui veulent imposer la charia n'est pas compatible", estime-t-il. "Il faut que l'Etat s'impose, il faut désarmer ces groupes armés", insiste-t-il.
Mais au contraire, cette idée de dialogue est la bonne et la seule valable, réagissent d'autres. "Ce n'est pas avec les militaires qu'on peut ramener la paix sur le long terme", estime Ousmane Sy, ancien ministre de la décentralisation et directeur du Centre d'études et de réflexion au Mali (CERM).
Il est originaire du centre du pays, où se concentrent les problèmes. "L'islam est présent dans cette zone depuis des siècles, alors face aux évolutions actuelles, il faut faire discuter les adeptes d'un islam rigoriste avec les modérés, les autorités locales et nationales", conseille Ousmane Sy.
Des précédents
En 2017, le chef de l'Etat s'était montré ouvert à l'idée d'un dialogue, avant de changer de position après la visite de ministres français en allemand. "La communauté internationale veut des solutions rapides, et on peut comprendre car elle a investi beaucoup d'argent sur place, mais seul le dialogue peut aider sur le long terme", insiste Ousmane Sy. Une vision que le gouvernement malien ne semble pour l'heure pas partager. En attendant les violences se poursuivent. Le 23 mars quelque 160 villageois peuls étaient tués par des membres présumés de groupes de chasseurs dogons, à Ogossagou, près de la frontière burkinabè.
par Michel Tagne Foko
LA FILLE DANS L’AUTOCAR
Quel est donc ce dieu qui ne t’invite jamais à sa table alors que tu crèves de faim et continues à danser à son nom ?
On allait à Bruxelles, Belgique. Un ami, et moi. On partait de Genève, Suisse. Arrivés à l’aéroport, situé dans Le Grand-Saconnex, nous sommes accueillis aux portes par les larmes et la panique d’un couple de personnes âgées, originaires du Bangladesh. Ils nous tendaient leurs passeports en bredouillant des syllabes que nul ne saisissait. Même si l’humanisme devait prendre le pas sur l’égoïsme, nous sommes tout d’abord allés vérifier le statut de notre vol, et il était mentionné « annulé ».
En feuilletant les documents de voyage, on découvrit que ce couple originaire de Mymensingh était en escale, et qu’il était sorti, alors qu’il ne le fallait pas... Un agent de l’aéroport résolut le problème. Nous partîmes, précipitamment, rejoindre le bureau de notre compagnie de voyage. C’était presque la panique. Oui, presque. Il est interdit de faire trop de bruit dans un aéroport. Alors, certains manifestaient leur colère, en silence. Posément. On entendait les : « allez vous faire foutre ! », sur une tonalité gentille. Mon ami me dit qu’il y a qu’en Suisse qu’on est confronté à ce genre de scène. S’ensuit un long et ennuyeux monologue sur la sociologie des Suisses...
Il y a une dame avec les écouteurs pendus sur son torse. Elle est très féminine, très sensuelle, très belle. Elle pose ses mots, avec soin, sur une bonne tonalité. Ses dents sont bien blanches. On pourrait presque se mirer dessus. Ça se voit qu’elle n’est pas une consommatrice de caféine ni de tabac. C’est sûrement du genre à boire du thé. Elle sent tellement bon. On croirait qu’elle vit dans une parfumerie. Aux chevilles, elle a des chaînes en or. Aux pieds, escarpins vernis rouges, talons aiguille super hauts. Petite robe moulante, noire, dos nu. Tout le monde la dévisage des yeux. Les hommes, et même les femmes. Ça se voit qu’elle plaît énormément…
Elle a l’air parfaite. Oui, irréprochable. Sauf qu’elle ne l’est pas. Depuis quelques minutes, la jeune femme tient, d’une voix basse, des propos injurieux et homophobes, sur l’hôte d’accueil, qui se démène tant bien que mal pour nous trouver une solution alternative. Ces mots que certains emploient en souriant et sont prêts à dire lorsqu’ils se font taper sur les doigts par un rappel à la loi : « Ce n’était qu’une blague », « On s’amusait », « Je ne suis pas homophobe, j’ai un ami gay ». Etc.
Entre-temps, je me suis absenté, pour soulager une envie pressante. Mon ami, complètement tombé sous le charme de la jeune fille, prit son courage à deux mains et alla tenter sa chance. Ça semblait lui réussir puisqu’il était en conversation avec elle lorsqu’on lui a proposé un vol pour Amsterdam, Pays-Bas, pour remédier à notre situation. Il voyait en elle, comme il le disait, le sucre de son « Gari ». Du coup, il ne savait plus où se trouvait Amsterdam. Sa proximité avec Bruxelles, par l’intermédiaire d’un car ou d’un train. Juste à deux heures de route… Il a donc refusé l’offre, à notre nom. À mon retour, il m’annonçait qu’on allait prendre l’autocar, et qu’il avait déjà réservé, que la fille venait avec nous. Je trouvais ça ubuesque. On allait donc faire douze heures de route, avec une vue sur les champs, et les autoroutes…
Nous avons rejoint un autocar dans lequel il y avait beaucoup de monde. Sur les consignes strictes du conducteur, chacun devait être à sa place. Le système automatique d’assignation des sièges a fait que je sois à côté de la fille et mon ami tout juste derrière nous. Ça se voyait qu’il était un peu déçu et je compatissais, mais c’était comme ça, on ne pouvait rien y faire…
Dans les environs de l’ancienne province de Bresse, devenu célèbre entre autres pour ses volailles, la plus connue étant le « poulet de Bresse », il y a le téléphone de ma voisine qui sonne. C’est tout d’abord un bip. Puis un autre bip. S’ensuit un appel. Elle décroche, il y a quelqu’un à l’autre bout qui lui dit : « connecte-toi sur whatssap » et raccroche. C’était du rapide, vraiment succinct. Elle n’a même pas eu le temps d’émettre une réponse. Quelques minutes plus tard, c’est encore un bip. La scène se répète. Encore et encore. Ça devient gênant. Elle s’énerve, coupe le son de son téléphone, et se parle à elle-même : « je n’ai pas de forfait international ! ». Je propose de faire un partage de ma connexion. La nouvelle la ravit. On s’exécute. Elle se met à parler en lingala (langue officielle des deux Congo) avec son interlocuteur, pendant au moins un quart d’heure…
Une gêne s’est installée. Je ne sais pas trop comment l’expliquer, mais lorsqu’elle a raccroché, c’était comme si elle se sentait redevable. Il y avait comme un besoin de se justifier. Elle dit : « c’est mon fiancé, il ne vit pas ici, il vient d’Afrique, du Congo ». J’encaisse l’information, sans émettre une réponse. Elle continue en disant : « il a un grand hôtel à Kinshasa ». Je compris, à l’instant, qu’il me fallait formuler quelques phrases pour désamorcer ce qui présageait. J’ai donc dit : « C’est beau Kinshasa »…
On se mit donc à parler de la République démocratique du Congo. Des bons plans de la capitale, qui est d’ailleurs la première ville francophone au monde. De l’élection prochaine à la tête de la francophonie, de la rumba, et on s’insurgeait sur la question des droits humains…
Et là, elle m’annonce qu’elle n’est pas vraiment congolaise. Elle est en fait d’origine camerounaise. En République démocratique du Congo, elle y est allée en aventure et a rencontré l’homme de sa vie, celui qui l’attend maintenant à Bruxelles. Elle dit : « même si c’est un homme marié, je l’aime quand même. C’est grâce à lui que je suis en Suisse, il a tout financé. Je lui dois tout ».
Je trouve qu’il y a un peu trop de confidence d’un coup. Sûrement a-t-elle besoin, pour se sentir bien, de parler de ces choses-là, avec un inconnu, un peu comme ce qu’on voit à la télévision ? Je ne sais pas. Je cogite. C’était quand même un peu trop intime. Mon cerveau se remplissait, d’un coup, de questions. Je me demandais : « mais pourquoi une si belle et jeune femme choisit d’être la maîtresse d’un homme marié ? » Ensuite, je trouvais que mes interrogations étaient déplacées, et je me disais en sourdine : « Qui suis-je pour juger la vie des gens ?! »…
Elle continuait, entre autres, en disant : « Les vacances de Pâques étaient, pour nous, enfants de paysans, la période où l’on rejoignait nos familles pour participer au semis. Cette saison était très importante. Tout le monde l’avait intégré. C’était grâce à la récolte et à la vente de ces aliments qu’on pouvait rêver d’être scolarisés. Pour nous autres, l’intelligence n’était pas gratuite. On allait à l’école comme en mission. Il fallait être assidu. On n’avait pas les moyens d’échouer… j’ai eu mon master… »
Ces quelques mots me mirent les larmes aux yeux… Tout naturellement, on se mit à parler du despote de Yaoundé. C’est là où ça se gâte. Elle me fait comprendre qu’elle n’aime pas ce terme. Pourtant, elle employait le même phrasé, il y a quelques heures, sur le président congolais. Elle l’appelait dictateur et l’accusait de crime contre l’humanité, et tout. Mais là, il ne fallait surtout pas que je touche au grand bandit de Mvomékaa.
Elle parlait de lui avec les termes que l’on réserve très souvent aux divinités, alors qu’il n’y a même pas de route qui mène dans son village ni d’eau potable. Quel est donc ce dieu qui ne t’invite jamais à sa table alors que tu crèves de faim et continues à danser à son nom ? Si au moins elle venait de la bourgeoisie camerounaise, comme moi, j’aurais compris qu’elle bataille pour conserver les avoirs familiaux. Mais non. Elle vient d’une famille très pauvre… Comment une personne, vivant en suisse, dans un pays de démocratie, qui a fui la galère au Cameroun, peut penser de cette manière ? Je ne comprenais plus rien…
On ne se connaît pas, mais il est clair, pour elle, qu’il me faut mieux choisir mon lexique. Que ce n’est pas respectueux ! Je lui demande si le despote est respectueux. Je lui parle de la situation au nord-ouest du Cameroun. Elle me dit qu’il faudrait plutôt valoriser le pays. Ne parler que des choses positives. Aider, en quelque sorte, le « président », pour qu’il fasse mieux. Elle continue en disant que si le pays va mal, ce n’est pas la faute de ce monsieur, mais plutôt des ministres qui sont incompétents. Je m’insurge : « Il est à la tête de l’État depuis plus de trente-cinq ans, mais ce n’est pas sa faute ? Dans quel monde vivons-nous ? »
On s’engueule copieusement. Je la traite de terroriste, et elle me traite d’idiot, et de drogué. On indispose tout le monde. Ça chauffe de partout. Le chauffeur menace de nous débarquer, et d’appeler la police. Ça nous calme un peu. Chacun froisse la figure, et évite le regard de l’autre. Je change de place avec mon ami. C’était la formule magique pour faire baisser la température. Mais ça se voyait que nous étions toujours tendus…
Nous arrivons sous la pluie à la gare du Nord, à Bruxelles. Et là, dans le tram, en partance pour notre lieu d’hébergement, mon ami me dit, certainement pour me réconforter un peu : « au fait, la fille dans l’autocar, tu sais, elle fait de la musique. Au Cameroun, on va tous devenir chanteurs, il y a que ça qui paye maintenant… »
Nota bene :
Dans un pays d’environ vingt-quatre millions d’habitants, seuls six millions et des poussières se sont inscrits sur les listes électorales pour la présidentielle de deux mille dix-huit. Il y a eu trois millions et demi, à peu près, de votants. Le despote se dit élu avec plus de deux millions cinq cents. Et ça ne gêne personne. Il ne faut surtout pas que l’on se questionne sur la légitimité, et même la légalité de ce genre de scrutin ? Pourtant, nous savons tous que les animistes, de manière massive, ne votent pas, mais malgré cela, le despote décide de leur vie, sans avoir eu le mandat !
LES NOMINATIONS AU CONSEIL DES MINISTRES DU 29 MAI
SenePlus publie ci-dessous, les nominations prononcées au Conseil des ministres du 29 mai 2019.
"Au titre des mesures individuelles, le Président de la République a pris les décisions suivantes :
Monsieur Mamadou DIAKHATE, Magistrat, Hors Hiérarchie matricule de Solde n°510 600/B, est nommé Directeur général du centre de Formation judiciaire.
Monsieur Massamba Achille Edouard GUEYE, Administrateur des Affaires Maritimes, matricule de solde n° 511.897/A, est nommé Directeur général de l’Agence nationale des Affaires maritimes, poste vacant.
Monsieur Macodou SENE, Administrateur Principal de classe exceptionnelle est nommé Directeur de l’Administration générale et de l’Equipement, du Secrétariat Général du Gouvernement.
Monsieur Oumar Khassimou DIA, Ingénieur informaticien, titulaire d’un Master en management aéroportuaire, précédemment Coordonnateur des aéroports régionaux à l’Agence des Aéroports du Sénégal, est nommé Directeur des Transports aériens au ministère du Tourisme et des transports aériens, en remplacement de Monsieur Mathiaco BESSANE appelé à d’autres fonctions.
Monsieur Mathiaco BESSANE, ingénieur en aéronautique, précédemment Directeur des Transports aériens, est nommé Directeur des Infrastructures aéroportuaires au Ministère du Tourisme et des Transports aériens, poste vacant.
Madame Roseline Anna Coumba MBAYE, Ingénieur Géologue, matricule de solde 611993/C, précédemment Directeur du Contrôle et de la Surveillance des Opérations Minières, est nommée Directeur des Mines et de la Géologie en remplacement de Monsieur Ousmane Cissé, appelé à d’autres fonctions.
Monsieur Lamine DIOUF, Ingénieur Géologue, matricule de solde 674982/F, précédemment Chef du service Régional des Mines et de la Géologie de Thiès, est nommé Directeur du Contrôle et de la Surveillance des Opérations minières en remplacement de Madame Roseline Anna Coumba MBAYE, appelée à d’autres fonctions."
L'ARTISANAT NATIONAL COMME PILIER DE L'ÉMERGENCE
Le président demande au gouvernement une généralisation des contrats de performances dans toutes les administrations publiques, de consolider la place du secteur privé national tout en préservant la promotion du pays - COMMUNIQUÉ DU CONSEIL DES MINISTRES
SenePlus publie ci-dessous, le communiqué du Conseil des ministres du 29 mai 2017.
"Le Président de la République, son Excellence Monsieur Macky SALL a présidé ce mercredi 29 MAI 2019, le Conseil des ministres.
A l’entame de sa communication, le Président de la République s’est félicité de la réussite du lancement du Dialogue National, et du consensus qui a sanctionné la mise en place du Comité de pilotage et du choix de son président, Monsieur Famara Ibrahima SAGNA.
Le Chef de l’Etat, dans sa volonté de renforcement du financement de l’entreprenariat et de l’auto-emploi, de l’amélioration de l’environnement des affaires et de la compétitivité, a rappelé toute l’importance des mécanismes d’accompagnement et d’encadrement qu’il a instaurés dès 2012.
A cet effet, il a invité le Gouvernement à dresser un bilan et à intensifier les actions par des mesures rapides et plus efficaces, notamment dans les secteurs prioritaires.
Il a particulièrement insisté sur la nécessité de la modernisation du développement de l’artisanat national pour en faire un pilier de l’émergence.
Le Président de la République, au sujet de la mise en œuvre du Programme de Réformes pour l’Amélioration de l’Environnement des Affaires et de la Compétitivité (PREAC), a demandé au Gouvernement d’aller vers une généralisation des contrats de performances dans toutes les administrations et structures publiques, de consolider la place du secteur privé national tout en préservant la promotion du Sénégal comme destination privilégiée des Investissements Directs Etrangers (IDE).
Abordant la question de la gestion transparente et performante des programmes et projets de développement, le chef de l’État a invité le gouvernement à un suivi plus rigoureux, gage d’une bonne gouvernance et à la mise en place d’un dispositif alliant rationalité et efficacité pour une meilleure exécution.
Sur la gouvernance normative des agences d’exécution et autres entités assimilées, le Président de la République a demandé au Gouvernement d’engager sans délai le processus de révision globale de leur cadre juridique qui devra surtout insister sur un encadrement restrictif en phase avec les obligations de résultats et de préservation des ressources publiques.
Clôturant sa communication, le Chef de l’Etat a informé le Conseil qu’il va présider très prochainement un Conseil Stratégique de pilotage des agences d’exécution avec l’ensemble des acteurs concernés.
Le Ministre des Finances et du Budget a fait une communication sur l’exécution du budget et la préparation de la loi des finances rectificative.
Le Ministre de l’Economie, du Plan et de la Coopération a fait une communication sur l’exposition économique et commerciale sino-Afrique, et le suivi des requêtes de financements.
Le Ministre de l’Agriculture et de l’Equipement rural a rendu compte du déroulement de la préparation de la campagne agricole.
Le Ministre de Collectivités territoriales, du Développement et de l’Aménagement des Territoires a fait une communication portant sur la préparation de l’évaluation de la première phase de l’acte III de la décentralisation, et le financement des collectivités territoriales.
Le Ministre de la Culture et de la Communication a fait le point sur la consécration du Sénégal au festival international de cinéma de Cannes avec la sélection du film ’’ATLANTIQUE" de notre de notre compatriote Maty DIOP.
Au titre des textes législatifs :
- le conseil a adopté le projet de loi modifiant et complétant la loi n° 2013-10 du 28 décembre 2013, portant code général des collectivités territoriales.
Au titre des mesures individuelles, le Président de la République a pris les décisions suivantes :
Monsieur Mamadou DIAKHATE, Magistrat, Hors Hiérarchie matricule de Solde n°510 600/B, est nommé Directeur général du centre de Formation judiciaire.
Monsieur Massamba Achille Edouard GUEYE, Administrateur des Affaires Maritimes, matricule de solde n° 511.897/A, est nommé Directeur général de l’Agence nationale des Affaires maritimes, poste vacant.
Monsieur Macodou SENE, Administrateur Principal de classe exceptionnelle est nommé Directeur de l’Administration générale et de l’Equipement, du Secrétariat Général du Gouvernement.
Monsieur Oumar Khassimou DIA, Ingénieur informaticien, titulaire d’un Master en management aéroportuaire, précédemment Coordonnateur des aéroports régionaux à l’Agence des Aéroports du Sénégal, est nommé Directeur des Transports aériens au ministère du Tourisme et des transports aériens, en remplacement de Monsieur Mathiaco BESSANE appelé à d’autres fonctions.
Monsieur Mathiaco BESSANE, ingénieur en aéronautique, précédemment Directeur des Transports aériens, est nommé Directeur des Infrastructures aéroportuaires au Ministère du Tourisme et des Transports aériens, poste vacant.
Madame Roseline Anna Coumba MBAYE, Ingénieur Géologue, matricule de solde 611993/C, précédemment Directeur du Contrôle et de la Surveillance des Opérations Minières, est nommée Directeur des Mines et de la Géologie en remplacement de Monsieur Ousmane Cissé, appelé à d’autres fonctions.
Monsieur Lamine DIOUF, Ingénieur Géologue, matricule de solde 674982/F, précédemment Chef du service Régional des Mines et de la Géologie de Thiès, est nommé Directeur du Contrôle et de la Surveillance des Opérations minières en remplacement de Madame Roseline Anna Coumba MBAYE, appelée à d’autres fonctions."
MAMADOU NIANG, UN GÉNÉRAL CONCILIATEUR
Choisi pour faire partie des quatre personnalités à siéger au Comité de pilotage du Dialogue national, Mamadou Niang, 81 ans, est tributaire d'un parcours qui inspire respect et admiration
Choisi pour faire partie des quatre personnalités qui vont siéger au Comité de pilotage du Dialogue national, le Général Mamadou Niang va s’occuper du volet politique.
Âgé aujourd’hui de 81 ans, son parcours inspire respect et admiration. Ancien ministre de l’Intérieur dans le premier gouvernement de l’Alternance de Moustapha Niasse, en 2000, le natif de Podor a exercé les fonctions d’ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire du Sénégal, ce qui est à l’origine de ses nombreuses décorations nationales et étrangères.
Il a été instituteur dans le village de Gaol près de Kanel de 1960 à 1962. C’est en 1963 qu’il rejoint la formation de l’armée et devient aide de camp du Chef d’état-major général des armées Jean Alfred Diallo. Une fonction qu’il va assurer jusqu’en 1965. Après sept ans, il devient commandant de secteur, toujours dans le cadre de sa formation, dans le Balantacounda, dans la région de Sedhiou.
Carrière
Son parcours déjà riche le propulse au sommet de l’armée. En 1980, il devient le commandant du second contingent sénégalais au Liban. Il va cumuler cette tâche avec la charge de commandant de la zone de défense n°2 en Gambie jusqu’en 1982.
Son engagement et ses performances lui ont permis de bénéficier d’une promotion au sein de l’armée sénégalaise. En effet, il a été désigné comme chef des opérations à l’État-major des armées en 1988. Une responsabilité qu’il a assurée pendant deux ans.
Il est nommé président de la Commission nationale de gestion de la paix en Casamance par le président Abdou Diouf. Il a su jouer un rôle incontournable dans le processus de maintien de la paix en Casamance avant de devenir adjoint au sous-chef d’État-major général des armées la même année.
Responsabilités politiques et diplomatiques
Imbu de valeur et reconnu pour sa neutralité, le général Mamadou Niang devient président de l’Observatoire national des élections (Onel) de 1997 à 1998. Une mission bien remplie qui lui voudra le respect de toute la classe politique sénégalaise, surtout en raison de ses capacités de médiateur neutre. C’est suite à cette lourde tâche qu’il a été nommé Ambassadeur auprès de la Guinée-Bissau de mai 1999 à mars 2000.
Il entame une carrière ministérielle dans la même année. Il est Ministre de l’Intérieur dans le gouvernement de Moustapha Niasse. À ce poste, il a fortement contribué à l’amélioration de la mobilité et des conditions de travail des forces de police avant d’être remplacé par le Général Lamine Cissé.
En septembre 2003, le Général de Division Mamadou Niang est nommé ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire de la République du Sénégal auprès de son Excellence Monsieur Luiz Inácio Lula da Silva, Président de la République fédérale du Brésil. Lequel poste qu’il n’a pas occupé au Brésil pour des raisons personnelles.
Titulaire de plusieurs décorations nationales et étrangères, le général Mamadou Niang est nommé en janvier 2004, ambassadeur extraordinaire et Plénipotentiaire de la République du Sénégal auprès de sa Majesté Elisabeth II, reine du Royaume-Uni de Grande Bretagne et d’Irlande du Nord.
Le général Mamadou Niang est un fin diplomate et conciliateur vu l’expérience de ses nombreuses interventions nationales et internationales pour le maintien de la paix.
DANS LA FERVEUR DE LA OMRA
Moins populaire et moins protocolaire que le hajj auquel prennent part annuellement des millions de fidèles, le petit pèlerinage draine tout de même d’immenses foules constituées de personnes, désireuses de sacrifier à ce rite surérogatoire
Moins populaire et moins protocolaire que le hajj auquel prennent part annuellement des millions de fidèles du monde entier, la Omra ou petit pèlerinage draine tout de même d’immenses foules constituées de personnes, désireuses de sacrifier à ce rite surérogatoire dont le point focal est la Sainte Kaaba (Masjid al Haram).
Parmi les milliers de fidèles tournant inlassablement ce dimanche 26 mai autour de la Kaaba après la prière crépusculaire, se trouve le Marocain Aboubaker Abisourour. En tenue de sacralisation (une étoffe blanche autour des hanches, une autre étoffe sur le torse et ne laissant déborder que l’épaule droite), Abisourour est aux anges en effectuant sa troisième Omra. La première qu’il qualifie de « spéciale » avait eu lieu en 1998.
Vivant aujourd’hui à Washington, la capitale fédérale des Etats-Unis, cet ancien fonctionnaire de la Banque mondiale a profité de son invitation à la conférence sur les valeurs de la modération et du juste milieu à la lumière du Coran et de la Sunna prophétique, organisée par la Ligue islamique mondiale, pour goûter à nouveau aux joies du rite surérogatoire.
Ce faisant, Abisourou qui a monté aux USA l’académie « Ibn Haldoun » pour participer à l’éducation islamique des enfants « nés dans la diaspora » et a aidé à organiser une grande conférence à New York pour montrer le vrai visage de l’islam, boit presque comme un néophyte les paroles du Mauritanien Mohamedy, lui servant de guide dans sa Omra.
Habitué de la Mecque, ce dernier, commerçant de son état, y passe très souvent ses ramadans. Il est ainsi très au fait des pratiques et invocations du petit pèlerinage.
Il est subdivisé en trois principales étapes : la sacralisation à faire avant l’entrée à la Mecque pour les étrangers, la circumambulation de la maison sainte (Kaaba) et les allers et retours au pas de course entre Safa et Marwah, à sept reprises pour chaque randonnée.
L’une des étapes les plus pénibles, la circumambulation de la Kaaba demande une certaine assise physique. Un obstacle que semblent ignorer les hommes et femmes du troisième âge. Mus par la foi, ils rivalisent d’ardeur aux côtés des personnes plus jeunes et parviennent à toucher dans un élan d’extase la Kaaba, un édifice multimillénaire construit par le prophète Abraham et son fils Ismaël.
Dans le même temps, des handicapés n’ayant peut-être pas les moyens de payer de gros bras pour bénéficier d’une chaise roulante, trouvent des ressources puisées on ne sait d’où pour faire comme n’importe quelle personne valide le tour de la Kaaba.
La même ardeur est observée chez les valides ou invalides faisant 7 fois le trajet de 450 mètres entre Safa de Marwah, soit plus de trois kilomètres avalés au rythme d’incessantes invocations.
Cette étape symbolise l’errance de Hajar, l’épouse d’Abraham, à la recherche d’eau pour son fils Ismaël dans le désert. Une errance qui fut d’ailleurs payante : puisque d’après les récits scripturaires, c’est de là-bas que l’Ange Gabriel est venu la secourir, faisant ainsi jaillir miraculeusement d’un puits l’eau de « zam zam ». Depuis lors, ce point d’eau continue de désaltérer tout musulman se rendant à la Mecque.
C’est après cette étape, ponctuée de deux prières faites à la suite de la circumambulation devant la Kaaba, que prend fin pratiquement la Oumra. Avant ce gong final, il y a des pratiques méritoires à accomplir : s’enlever des touffes de cheveux ou se raser la tête et se couper les ongles.
Par ailleurs, se rendre à la Mecque pour le pèlerinage est considéré comme une « chance » par beaucoup d’étrangers, notamment les musulmans africains. Cette ville sainte est considérée comme le lieu d’exaucement par excellence des prières adressées à Allah. De ce fait, le pèlerin emporte beaucoup de recommandations de ses proches et connaissances afin de prier pour eux pour un avenir radieux, pour le paradis pour les morts et la protection contre le mauvais sort.
Ainsi, ce journaliste sénégalais, venu couvrir la conférence de la Ligue islamique mondiale, a reçu, entre autres recommandations, des prières à formuler pour une de ses amies qui souhaite trois choses : « une santé de fer, un meilleur emploi et un bon mari ».
Une autre connaissance lui a demandé de se concentrer «10 minutes» devant la Kaaba en pensant à elle là où une autre veut qu’il touche pour elle l’édifice sacré.
Quoi qu’il en soit, la Omra attire de nombreux musulmans dont ceux du Caucase. Ces derniers ne sont pas découragés dans leurs dévotions par la forte canicule mecquoise, contre laquelle des vapeurs d’eau artificielle sont, telles des pluies fines, déversées sur les fidèles faisant la circumambulation.
Si, pour renforcer leur foi et multiplier les prières à La Mecque, beaucoup profitent du Ramadan, qui tire à sa fin, pour faire la Omra, d’autres, comme cet avocat sénégalais, compte rester dans la ville sainte bien après l’Aïd-el-fitr (Korité ou fin du jeûne), histoire de recueillir le maximum de bénédictions.
LE DRIAN CRITIQUE SÉVÈREMENT LES DIRIGEANTS DU SAHEL
Les Etats de l’Afrique de l’Ouest confrontés à la menace djihadiste ne devraient pas prendre pour acquis la présence militaire française au Sahel car Paris n’y sera pas pour toujours, indique le chef du Quai D'orsay
africanews |
Carole KOUASSI avec Reuters |
Publication 29/05/2019
Les Etats de l’Afrique de l’Ouest confrontés à la menace djihadiste ne devraient pas prendre pour acquis la présence militaire française dans le Sahel car Paris n’y sera pas pour toujours. Voici en substance résumée l’intervention de Jean-Yves Le Drian devant la commission parlementaire des affaires étrangères, ce mardi.
Le chef de la diplomatie française n’est pas allé par quatre chemins pour dénoncer le laxisme des dirigeants du Sahel alors que la sécurité se détériore chaque jour un peu plus dans cette région. Ces dernières semaines, en effet, la région aux frontières poreuses a enregistré une flambée de violence de groupes liés à Al-Qaïda et à l‘État islamique.
La multiplication des attaques dans la région du nord du Burkina Faso, à la frontière du Mali et du Niger à laquelle s’ajoute la montée des conflits ethniques a davantage souligné la difficulté que rencontre la communauté internationale pour rétablir la stabilité régionale.
Pour Jean-Yves Le Drian, cependant, il est du devoir des chefs d’Etat concernés de contenir la menace. “Les autorités des pays du Sahel ne doivent pas rester dans une zone de confort où penser que Barkhane (les forces françaises) est derrière eux”, a déclaré Le Drian à la commission parlementaire des affaires étrangères.
“C’est une tentation, mais progressivement, il faut dire que la sécurité des Africains sera assurée par les Africains. L’objectif n’est pas que Barkhane reste là pour une éternité”, a-t-il martelé.
Dès 2013, la France est intervenue au Mali pour chasser les militants islamistes qui occupaient le nord. Depuis lors, l’ancienne puissance coloniale a gardé environ 4 500 soldats dans la région dans le cadre des opérations Barkhane de lutte contre le terrorisme. Toujours sous l’impulsion de Paris, les pays du Sahel, aidés des Nations unies et des puissances occidentales ont mis sur pied la force du G5 Sahel composée de soldats maliens, nigériens, burkinabés, tchadiens et mauritaniens pour lutter contre les djihadistes.
Mais cette force censée servir de relais à Barkhane rencontre des difficultés dans sa mission en raison notamment des retards dans le paiement de l’argent promis et de la mauvaise coordination entre les cinq pays membres.
“Le G5 Sahel doit progressivement assumer ses responsabilités. Barkhane ne peut pas tout faire. Le témoin doit être repris par les pays concernés. Ça arrive, mais pas assez vite”, a déclaré Le Drian.
Ses propos sont une rare critique contre les pouvoirs de la région, mais surtout, le signe d’un agacement de Paris dont les opérations sont contrariées par la flambée de l’extrémisme avec l’arrivée de nouveaux groupes radicaux. A cela, s’ajoutent les pressions des Etats-Unis qui militent pour un retrait de la Mission des Nations unies au Mali (Minusma). Une mission budgétivore et carnivore qui reste la plus meurtrière des missions de paix de l’ONU.
Les États-Unis ont notamment déclaré en mars que la Minusma n’avait pas réussi à rétablir la paix et que le Conseil de sécurité devrait envisager un retrait majeur. Une décision qui mettrait alors les soldats français et ceux des pays de la région seuls face à la menace djihadiste.