À travers un nouveau livre, Hamidou Anne dresse le portrait de ce « patriarche » engagé pour la construction du Sénégal et pour l’achèvement du projet panafricaniste de par l’éducation, la souveraineté, la justice et l’amitié entre les peuples
Un nouvel ouvrage vient de paraître pour documenter la vie et l’immense œuvre d’Amadou Mahtar Mbow. Ce patriarche sénégalais reconnu au-delà de son pays, constitue la trame du livre « Amadou Mahtar Mbow, une vie, des combats », lancé ce vendredi 31 mai 2019 à Dakar. À travers cette biographie, Hamidou Anne jette le voile sur ce personnage à la fois, enseignant, soldat, militant politique, diplomate et par dessus tout icône nationale. « La vie d’Amadou Mahtar Mbow est un roman, un essai politique, une poésie de l’humain et un traité de vie », estime d’ailleurs à juste titre, l'auteur.
L’ouvrage édité par la maison "Vives voix", s’inscrit dans la collection « Figures », destinée selon sa directrice Nayé A. BAthIly, à interroger le patrimoine immatériel des territoires africains en mettant en exergue des personnalités marquantes de par leur empreinte sur le continent.
L’auteur Hamidou Anne est né en 1983 au Sénégal. Ancien élève de l’ENA, il vit et travaille à Dakar. Co-auteur de l’ouvrage collectif « Politisez-vous ! » (United Press, 2017), il a aussi publié « Panser l’Afrique qui vient ! » (Présence Africaine, 2018).
PAR Ladji Ouattara
CE DONT L'AFRIQUE A VRAIMENT BESOIN
Les exigences sont portées vers le renouvellement de la classe politique, l'avènement d'un État de droit fondé sur des institutions démocratiques au service d'un peuple fort
Lors de son discours historique à Accra, l'ancien président des États-Unis d'Amérique, Barack Obama a déclaré que « l'Afrique n'avait pas besoin d'hommes forts mais d'institutions fortes ». En écho, lors du sommet États-Unis-Afrique à Washington, l'ex-président burkinabè Blaise Compaoré a, lui, affirmé qu'« il n'y a pas d'institution forte s'il n'y a pas bien sûr d'homme fort ». À l'instar de ces deux personnalités, différentes visions s'opposent sur les conditions de stabilité et de progrès démocratique en Afrique. Quels sont les facteurs nécessaires à la stabilité politique en Afrique ? Les évolutions récentes en cours sur le continent, ne démontrent-elles pas que l'équation est bien plus complexe et ne saurait se résoudre stricto sensu aux institutions ou aux hommes forts ?
Des régimes forts à l'aune des mobilisations populaires
De 1960 aux années 2010, des coups d'État ayant entraîné des régimes forts et la suspension des institutions furent récurrents en Afrique. Si cette pratique a profondément reculé, depuis 2011, émerge un phénomène nouveau se caractérisant par des mobilisations citoyennes pour exiger un changement politique. En effet, de l'immolation par le feu de Mohamed Bouazizi, jeune marchand ambulant de Sidi Bouzid face aux injustices sociales en Tunisie en 2011, à l'augmentation du prix du pain dans un contexte de crise économique au Soudan en 2019, ces mobilisations populaires ont provoqué des bouleversements politiques majeurs.
Ces évolutions démontrent un changement, ni la force des hommes ni celle des institutions ne prévalent. C'est surtout leur légitimité et le contrat de confiance bâti avec le peuple qui garantissent leur stabilité. En cela, des similitudes peuvent être établies avec la Révolution française de 1789 lorsque la défiance du peuple s'accrut à l'égard de la monarchie absolue de droit divin, perçue comme responsable de l'extrême pauvreté du tiers état et aussi de la crise alimentaire. La forte hausse du prix du pain entre 1787 et 1789 n'a-t-elle pas entraîné des émeutes dans les campagnes françaises ?
Les (r)évolutions de ce début de XXIe siècle, de la Tunisie au Soudan, en passant par l'Égypte, le Burkina Faso, l'Algérie ou dans une moindre mesure la République démocratique du Congo (où les mobilisations populaires ont poussé pour la première fois à une alternance pacifique) démontrent bien que le peuple se veut désormais le maître du jeu politique. N'est-ce pas là en réalité l'essence même de la démocratie ? Un pouvoir du peuple, par le peuple et pour le peuple.
Les facteurs à l'origine des soulèvements populaires
Le manque de recul ne permet pas de déployer une analyse exhaustive. Il est cependant possible de déceler quelques facteurs structurels et conjoncturels à l'origine de ces révoltes depuis 2011. Elles sont au fond l'expression d'un sentiment de rejet des systèmes politiques et de ses élites. Ces évolutions intrinsèquement liées à un processus d'émergence de « nouveaux citoyens », pour la plupart des jeunes instruits et connectés, vivant souvent dans des conditions précaires, et sans espoir d'avenir. Cela s'étend également à une classe moyenne supportant de moins en moins la corruption, l'absence d'État de droit, l'appropriation des ressources du pays par un clan et la restriction des libertés qui n'offrent pas de réelles perspectives. En réaction, des revendications politiques émergent sous diverses formes d'expression populaire au cœur des espaces publics.
Dans ce contexte, les pouvoirs se sont montrés inaptes à apporter des réponses innovantes, tentant parfois de déployer les méthodes classiques de censure et de répression souvent empreintes de relent historique (comme la légitimité révolutionnaire en Algérie). Et, les réseaux sociaux sont devenus des moyens de contournement efficaces et de mobilisation qui finissent par provoquer un délitement du pouvoir.
Vers des hommes d'État et des institutions au service du peuple
Ces mobilisations peuvent s'appréhender comme un désir populaire de rupture avec les pratiques autocratiques et une volonté de redéfinir un destin commun à travers un nouveau contrat social. Le peuple veut désormais être en mesure d'édicter les règles du politique en désignant librement des personnalités d'État intègres pour édifier des institutions légitimes répondant à ses aspirations profondes. Les nouvelles dynamiques en œuvre en Algérie et au Soudan révèlent une certaine maturité, car très peu de biens publics ont été détruits et malgré la chute des « hommes forts » du régime, la pression populaire se maintient en vue d'un démantèlement complet du système et du transfert pacifique du pouvoir aux civils.
Ces évolutions prouvent que les sociétés civiles africaines ont tiré des enseignements des expériences de régimes militaires et exigent désormais que l'armée tienne son rôle réel : celui de « grande muette ». De plus, à l'image des manifestants issus de toutes les couches sociales (mais surtout de jeunes), les exigences sont portées vers le renouvellement de la classe politique, l'avènement d'un État de droit fondé sur des institutions démocratiques au service d'un peuple fort. Les tendances actuelles montrent que ces exigences sont de plus en plus partagées en Afrique. Ces (r)évolutions sont donc intéressantes à observer puisqu'elles reflètent une reconfiguration des paradigmes d'analyse politique et de nouvelles perspectives de stabilité et de progrès démocratique en Afrique. En définitive, il apparaît que ce dont l'Afrique a besoin, ce n'est pas que d'hommes forts ou d'institutions fortes, c'est surtout de peuples forts.
Ladji Ouattara est docteur en histoire des relations internationales
PAR Pascal Blanchard
IL EST TEMPS POUR UN MUSÉE D'HISTOIRE COLONIALE EN FRANCE
Il faut initier le même travail sur la colonisation que celui qui a été engagé sur l’esclavage - Partout des musées sur les questions coloniales ouvrent, sauf en France - Incroyable exception française !
En 2019, n’a pas été commémoré le 125e anniversaire de la création du ministère des Colonies, créé le 20 mars 1894. Une date que tout le monde a oubliée, que personne n’a voulu évoquer. Une date qui n’est pas dans nos manuels scolaires. Une date qui ne correspond à plus rien dans le présent.
Nous sommes, en revanche, à la veille de commémorer le 60e anniversaire des décolonisations en Afrique subsaharienne et à Madagascar (1960). Et Africa2020 va pendant six mois, l’année prochaine, rendre hommage en tant que saison aux 54 pays africains, à leur dynamisme, à leur création, à leur culture. Deux dates qui enserrent une histoire majeure pour notre pays : le passé colonial. Une histoire qui peine néanmoins à entrer au musée. Incroyable exception française !
L’exemple du remarquable travail de mémoire engagé depuis 2001 et la loi Taubira au sujet de l’esclavage peut à cet égard servir d’exemple. Désormais, la question de l’esclavage, de la traite et des abolitions fait partie de «notre histoire», comme vient de le rappeler Emmanuel Macron lors de la cérémonie du 10 mai au Luxembourg. Il faut engager un processus similaire au sujet de l’histoire coloniale.
Partout, désormais, on ne parle que de décolonisation des imaginaires, de repentance ou de nostalgie coloniale qui regardent ce passé avec le bras armé de la rancœur, le mouvement décolonial interpelle le présent. Il est sans doute plus que temps de regarder ce temps colonial en face pour sortir de ces héritages qui ne font que prolonger les vieilles querelles identitaires qui trouvent leurs origines à l’aube du XVIe siècle et ont traversé plusieurs siècles d’histoires violentes et traumatiques. Il est temps de faire entrer dans nos mémoires collectives ces cinq siècles d’histoire coloniale. Il est aussi temps d’imaginer un musée pour transmettre cette histoire, dans un pays qui compte plus de 10 000 musées de toute taille et de toute nature, mais qui n’a toujours pas un lieu de savoir et de connaissance sur la colonisation. On peut tout dire pour expliquer pourquoi ce pays n’a toujours pas un tel lieu, mais le blocage est avant tout politique.
Les 6 et 7 mai, au musée d’Orsay et à l’occasion de l’exposition «le Modèle noir», un colloque a été organisé par la future Fondation pour la mémoire de l’esclavage présidée par Jean-Marc Ayrault. Celui-ci a été une occasion exceptionnelle de rassembler tous ceux qui œuvrent dans le monde, au cœur de leurs institutions muséales respectives, pour mieux faire connaître ce passé colonial et l’histoire de l’esclavage. Partout, les musées bougent, se réforment, s’ouvrent à ces questions coloniales et postcoloniales. Et tout va bien… Mais un pays reste réticent à ce passé : la France. Toutes ces institutions ont prouvé qu’elles rencontraient leurs publics, faisaient œuvre de savoirs et bâtissaient des mémoires en partage. Tout va bien donc ! Sauf en France… Sans doute parce que le passé colonial y est encore tabou et que, très clairement, on attend un geste «présidentiel» sur ce sujet pour aller de l’avant. Un geste à l’image de la déclaration de campagne de Macron en 2017, où il avait qualifié la colonisation de «crime contre l’humanité».
Maintenant que le travail de mémoire sur l’esclavage est en mouvement, il est temps d’engager un travail similaire sur la colonisation. Un tel projet pourrait parfaitement être initié en 2020 - au moment de la saison Africa2020 et du 60e anniversaire des indépendances de plusieurs Etats africains - et pourrait être inauguré dans le quinquennat suivant. Pour que cette dynamique entre en mouvement, il faut une volonté politique - à l’image de la décision de Macron de rendre des biens pillés et volés lors de la période coloniale en Afrique -, mais il faut aussi une institution capable de coordonner une préfiguration. Et l’institution qui pourrait initier la réflexion sur un tel lieu, pourrait être la future Fondation pour la mémoire de l’esclavage. Son président, Jean-Marc Ayrault, a dans le passé fait preuve d’une réelle clairvoyance politique sur ces questions. En juillet 2013, alors chef du gouvernement, il s’était engagé à rendre le crâne du chef coutumier Ataï à la Nouvelle-Calédonie, ce qu’il a fait, en 2014, en personne. Il a sans aucun doute une certaine sensibilité à ces questions.
Tout au long des deux quinquennats qui ont précédé celui de Macron, la communautarisation des mémoires a décuplé, les conflits identitaires ont explosé, et la question coloniale (avec son pendant décolonial) est aujourd’hui instrumentalisée par des activistes de toutes sortes. Il y eut le temps de la repentance, celui de l’identité nationale et du discours de Dakar. Une décennie de perdue. Au cours de cette période de nostalgie et d’immobilisme, les repentants se sont opposés aux décoloniaux, les nostalgiques aux indigénistes, les «petits Blancs» aux racisés et Eric Zemmour à Houria Bouteldja… Triste bilan. Une décennie perdue et, pendant ce temps-là, les autres musées aux quatre coins du monde engageaient un travail en profondeur sur ce passé. En France, toujours rien.
Un tel musée serait donc un acte fort. Pour en faire un lieu qui fédère les savoirs, les mémoires, les patrimoines, les silences, les récits et les douleurs aussi. Qui fédèrent, sans tronçonner les histoires ou écraser les mémoires. Nous devons avoir l’ambition que les Etats-Unis ont eue avec le National Museum of African American History and Culture en faisant entrer l’histoire des Africains-Américains et des esclaves dans le récit de l’Amérique… lequel a été inauguré par Barack Obama avant la fin de son second mandat. Nous avons toutes les collections qu’il faut, tous les spécialistes nécessaires, des années d’expositions temporaires devant nous, et des millions de scolaires (et d’enseignants) qui n’attendent que d’y être invités pour faire histoire et autant de visiteurs qui ont démontré, depuis dix ans, que les expositions sur ces thèmes faisaient succès («The Color Line», «l’Invention du sauvage», «le Modèle noir», «Kréyol Factory»…).
Si on ne fait rien, nous fabriquerons encore et toujours du repli, du communautarisme, de la violence, de la nostalgie sur lesquels surfent le RN, les populismes et les radicaux qui, en fin de compte, affaiblissent la République. Le vivre ensemble n’est pas qu’un concept vide de sens, il implique des droits et des devoirs, et le premier d’entre eux est de regarder (ensemble) ce passé.
La chaîne est priée de veiller sur le contenu de la série « Maîtresse d’un homme marié » et à faire procéder à un remontage chaque fois que des séquences susceptibles de heurter la sensibilité des concitoyens sont notées - COMMUNIQUÉ DE PRESSE
SenePlus publie ci-dessous, la décision du CNRA, datée du 31 mai 2019, relatif à la diffusion de la série télévisée "Maîtresse d'un homme marié" sur la 2STV.
"Vu la Constitution ;
Vu la loi n°2006-04 du 4 janvier 2006 portant création du CNRA ;
Vu le Cahier des charges applicable aux titulaires d’une autorisation de diffusion de programmes de télévision privée de droit sénégalais ;
Vu l’épisode du téléfilm « Maîtresse d’un homme marié diffusé le 27 mai 2019 ;
Considérant la non prise en compte des remarques du Collège du CNRA contenues dans la décision n° 0001 du 29 mars 2019 ordonnant la révision du contenu du téléfilm ;
Après en avoir délibéré, en sa séance du 31 mai 2019 ;
MET EN DEMEURE LA 2STV :
de veiller à ce que les propos, comportements et images jugés indécents, obscènes ou injurieux ainsi que les scènes de grande violence ou susceptibles de nuire à la préservation des identités culturelles ne soient plus diffusés ;
de se conformer scrupuleusement à la note de service signée par la Directrice Générale de la 2STV et transmise au CNRA, enjoignant la responsable des programmes à veiller sur le contenu de la série « Maîtresse d’un homme marié » et à faire procéder à un remontage chaque fois que des séquences susceptibles de heurter la sensibilité des concitoyens sont notées.
Le non-respect de cette mise en demeure expose la 2STV aux sanctions prévues par la loi n° 2006-04 du 4 janvier 2006.
La présente décision prend effet à compter de sa notification. Elle sera enregistrée, notifiée et publiée partout où besoin sera."
"LE SÉNÉGAL N'A JAMAIS ÉTÉ AUSSI PROCHE DE REMPORTER LA CAN"
Aliou Cissé pense que son groupe arrive à maturation et que les Lions ont de bonnes raisons de croire en leur destin dans quelques semaines en Égypte
Aliou Cissé a choisi de publier une pré liste de 25 en lieu et place des 23 attendus. Kara Mbodj ne sera pas du voyage pour la Can 2019 prévue du 21 juin au 19 juillet 2019 en Egypte. Aliou Cissé a préféré le jeune Pape Abdou Cissé. Les autres grands enseignements sont la présence de Saliou Ciss, d’Henri Saivet et du jeune Sidi Sarr, l’une des surprises du chef. Avec ses choix, il pense que le Sénégal n’a jamais été aussi proche d’un sacre continental.
Le sélectionneur national, Aliou Cissé explique ses choix par un besoin constant de maintenir un collectif huilé. Il pense que son groupe arrive à maturation et que « le Sénégal n’a jamais été aussi proche d’un sacre continental ». Fort de cette conviction, il a défendu ses choix.
Les revenants
Revenant, d’abord sur le cas des retours, coach Cissé explique : «Depuis la blessure de Pape Souaré, le poste d’arrière gauche est ouvert. On a essayé beaucoup de joueurs qui n’ont pas pu s’imposer pour plusieurs raisons (…). Saliou Ciss connaît la maison même si une blessure l’a éloigné du groupe. Mais avec Valenciennes (son club), il est très constant. Il est gaucher et c’est important de l’avoir dans le groupe. Je tiens à avoir un gaucher à gauche pour avoir un équilibre dans l’équipe. Henri Saivet connaît aussi la maison. Mais il était inconstant en club. Maintenant, il a retrouvé la compétitivité en club. Son expérience est importante. A lui de prouver qu’il a une place pour faire partie des 23 »
Favori
Le Sénégal est-il favori de la Can Egypte 2019 ? Selon le sélectionneur national, c’est le classement Fifa qui fait du Sénégal un favori. « Mais cela ne veut rien dire. Le Cameroun a gagné la dernière Can sans être premier du classement Fifa, idem pour la Zambie. C’est la presse qui met une pression inutile. Mais nous, nous sommes des compétiteurs. Nous grandissons tranquillement, nous sommes conscients de nos progrès. Pour gagner des trophées, il faut l’esprit de la gagne et nous sommes en train d’y travailler tous les jours. Être favori, on le sera quand on sera dans le dernier carré. Nous sommes optimistes, mais nous ne sommes pas favoris. Parce que nous n’avons encore rien gagné », a-t-il répondu.
Poste de Sadio Mané
Selon le sélectionneur national, le positionnement de Sadio Mané sur le terrain ne pose pas de problème. «Un grand joueur peut jouer à tous les postes. Sadio Mané en est un. C’est vrai qu’il a joué en pointe en club. Mais pour moi, son poste de prédilection c’est ailier gauche. S’il a joué en club en pointe, c’est parce qu’il y a eu des absences notamment de son coéquipier Firmino (FC Liverpool). Si on se trouve face à ce problème, pourquoi pas, mais il reste ailier ».
Présent à Madrid
Pour soutenir son capitaine Sadio Mané qui dispute ce samedi 1er juin la finale de la Ligue des champions européenne (Liverpool-Tottenham), le sélectionneur Aliou Cissé fera le déplacement en Espagne au stade Wanda Métropolitano de l’Athletico de Madrid. «Prions que Sadio remporte le trophée », a-t-il lancé.
MULTIPLE PHOTOS
MANÉ-SALAH, QUI EST LE PLUS FORT ?
Dans la stratosphérique saison de Liverpool, les deux joueurs ressortent tout particulièrement - France Football a souhaité discuter avec des acteurs du ballon rond pour établir qui pouvait être le plus fort
Claude Le Roy, sélectionneur du Togo : «Ils sont devenus très complets quasiment en même temps»
«Celui qui m'a le plus impressionné cette saison est Sadio Mané, sans aucune hésitation. Il est incroyable dans son attitude. Il a franchi un palier intellectuellement. Ce n'est plus du tout le même sur et en dehors du terrain. On a l'impression qu'il s'est complètement épanoui, comme homme et comme joueur. C'est une incroyable transformation. Quand Salah était moins bien, il a dû se sentir investi de nouvelles responsabilités. Jürgen Klopp a certainement compris qu'il lui fallait un Mané irrésistible pour pallier l'absence de Salah. C'est assez rare de voir un changement de comportement aussi rapide. Klopp est quelqu'un de brillant intellectuellement, c'est le vrai éducateur au sens propre du terme. Il forme autant les hommes que les joueurs. Sportivement, il y a toujours eu beaucoup d'interrogations sur la manière dont devait jouer Sadio. Il est devenu autant à l'aise en jouant vers l'extérieur qu'en venant vers l'intérieur.
Il a mis un nombre incalculable de buts de la tête, ce qu'il faisait rarement avant. Il a pris conscience que quand on va vite, on saute haut, quelle que soit sa taille. A partir du moment où on est intelligent, on peut mettre des buts de la tête. Salah a beaucoup progressé dans la récupération collective de la balle, le nombre d'effort qu'il fait par rapport à avant, c'est absolument incroyable. C'est ce qui en fait un joueur de plus en plus complet. Je pense qu'aux yeux de Klopp, il a été beaucoup plus brillant, ce qui ne l'empêche pas d'ailleurs de finir meilleur buteur du championnat. Il a été handicapé par des blessures qui l'ont pas mal perturbé. Je pense que le Salah de la CAN 2017 était probablement le meilleur joueur au monde à ce moment-là. Ce sont deux joueurs qui sont devenus très complets quasiment en même temps. Ils sont très rarement hors-jeu, ils sont intelligents dans leurs courses, ils libèrent des espaces. Il ne faut pas oublier Firmino qui est le liant incroyable dans ce trio d'attaque, il a un rôle prépondérant.»
Jacques Crevoisier, ancien adjoint de Gérard Houiller à Liverpool (2000-2005). : «Mané a été plus constant dans ses performances»
«Le dernier match que j'ai vu à Anfield était Liverpool - Tottenham (le 31 mars, 2-1). Salah avait été un peu inconstant comme il l'a souvent été cette saison. Pour moi, la finale leur appartient. Ils sont très déçus de ne pas avoir remporté le titre et tout se reporte sur la Ligue des Champions. Salah n'a pas reproduit la saison exceptionnelle de l'année dernière. Cette année, tout en restant très bon, il ne s'est pas hissé au même niveau. En revanche, Mané a été selon moi plus constant dans ses performances. Mais il partait de moins haut et n'est pas non plus au niveau stratosphérique qu'avait Salah l'an dernier. Mané fait une meilleure saison que Salah et je pense que la décision en finale peut se jouer sur ces deux joueurs, sans oublier l'apport de Firmino qui est un joueur incontournable dans sa distribution du jeu, permettant de les faire briller. Quand il n'est pas là, on s'aperçoit que cela pose des problèmes.
Je trouve que Mané a énormément progressé dans l'efficacité face aux buts. Il a très peu de déchet pour un attaquant. Concernant Salah, il est un peu moins flamboyant. Je ne suis pas sûr que Klopp lui ait donné des consignes plus défensives que l'an dernier, peut-être qu'il les applique plus. Je pense que Klopp dans son système a besoin d'un attaquant excentré qui fasse quand même le boulot défensif. Les deux n'ont pas le même registre. Salah quand il était à Bâle était un joueur moyen. Il a passé un cran en Italie avant de devenir un joueur hors-norme à Liverpool dans un registre similaire à celui de Messi dans sa capacité à éliminer, à rentrer pied gauche. Mané je le vois comme un joueur presque plus complet dans la mesure où pour moi il est meilleur dribbleur que Salah. Il est dans un registre plus déroutant. Salah on sait ce qu'il va faire mais on n'arrive pas à l'attraper alors que Mané on ne sait jamais ce qu'il va faire. Mané a pris en maturité aussi. Il a toujours été titulaire avec la confiance de Klopp, ça l'a tiré vers le haut. Il avait un contexte parfait pour passer un cap et prendre des responsabilités cette année. Je pense que tous les deux ne sont pas loin de leur maximum.»
Japhet N'Doram, ex-international tchadien, ancien joueur de Nantes (1990-1997) et Monaco (1997-1998). : «Salah a une conduite de balle qui fait qu'il ne perd jamais de vue le ballon»
«Les deux me plaisent bien, avec des caractéristiques à peu près similaires, ce sont deux joueurs d'espace, de vitesse. Ils ont une capacité à répéter des courses à haute intensité, à répéter des efforts, que ce soit l'un ou l'autre. C'est difficile de dire lequel est le meilleur, même si balle au pied, Salah est supérieur à Mané. Il a une conduite de balle qui fait qu'il ne perd jamais de vue le ballon. Après Mané, a aussi ça mais plus en puissance. Il est plus fort de la tête, il est explosif, il a un bon timing, il est toujours bien placé dans ses courses et très efficace. Ils sont imprévisibles. Ils sont certes intelligents dans le jeu, mais ils ont aussi une faculté à prendre les espaces quand il faut, ils sont usants pour les défenseurs. Il suffit d'un petit manque d'attention et de concentration des défenseurs, et ils prennent le dessus. Ils font les efforts du début jusqu'à la fin.
Ils ont de grandes qualités offensives, mais ce sont deux joueurs d'un valeur collective impressionnante. Parce que dans le replacement, dans le pressing, ils sont les premiers à le déclencher. Derrière leurs coéquipiers récupèrent le ballon le plus haut possible et dès la récupération du ballon ils se reprojettent vers l'avant. Dans le jeu collectif, ils déclenchent tous les mouvements offensifs mais aussi le replacement défensif. Cette année, ils confirment ce qu'ils ont mis en place l'année dernière. Klopp est un entraineur extraordinaire, il est le symbole du sport collectif qu'est le foot, il a compris que c'était avant tout un jeu. Tout le monde court avec lui, personne ne lâche, c'est aussi pour ça que Salah et Mané ont progressé. Je pense qu'ils ont tous les deux une énorme marge de progression, au fil des années, ils ne font que progresser. Ils ont une marge tant que leur niveau physique leur permettra. Leur jeu demande beaucoup d'efforts dans l'ensemble, aujourd'hui je n'ai pas l'impression qu'ils faiblissent. Je pense qu'ils sont parmi les attaquants qui courent les plus en Europe.»
par Mamoudou Ibra Kane
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SONKO À QUITTE OU DOUBLE
Le leader de Pastef a pris le risque de s’isoler des discussions sur le présent et le futur du pays - Une politique isolationniste qui s’inscrit dans le sillage de la candidature anti-système qu’il avait voulu porter
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Mamoudou Ibra Kane |
Publication 31/05/2019
De sa chronique de ce vendredi, 30 mai 2019, Mamoudou Ibra Kane a fait deux mi-temps. Une première, consacrée au jeu, à quitte ou double de l’opposant radical, Ousmane Sonko. Une seconde, qui porte sur le jeu trouble de la révision constitutionnelle engagée par le président réélu, Macky Sall.
Le benjamin des candidats à la dernière présidentielle a pris « le risque de s’isoler des discussions sur le présent et le futur du Sénégal ». Une politique isolationniste qui, selon MIK, s’inscrit dans le sillage de la candidature anti-système qu’il avait voulu porter. Un véritable couteau à double tranchant. « Pile, il gagne selon que le peuple le suive. Face, il perd suivant que le même peuple lui tourne le dos. »
De l’autre côté, il Macky Sall a lui pris le risque de dire adieu au régime parlementaire rationalisé. « L’opposant Macky Sall avait presque prévenu qu’il ne croyait pas aux vertus du parlementarisme. » Présidentialisme vs Parlementarisme, Mamoudou Ibra Kane a voulu aller au-delà du juridisme pour s’intéresser aux vertus et aux vices de la révision constitutionnelle.