"Je ne me vois pas comme un loser", avait-il clamé la veille de la finale de la Ligue des champions, persuadé que sa prophétie allait triompher de sa malédiction européenne. A son arrivée à Liverpool en 2015, Jürgen Klopp s'était donné quatre ans pour décrocher un trophée... Promesse tenue !
"Voici comment je comprends ce qu'est la chance : si vous travaillez pour (gagner un titre), vous l'obtiendrez un jour ou l'autre" : à force de persévérance face à l'infortune et de constance remarquable au plus haut-niveau, l'entraîneur allemand a mené Liverpool, vainqueur 2-0 de Tottenham samedi à Madrid, au sommet du foot européen.
Klopp ne sera donc jamais un "Poulidor" ou un Hector Cuper, le malheureux coach argentin qui ne s'est jamais remis de ses deux finales consécutives perdues avec Valence en 2000 et 2001. Mais une légende des "Reds" au même titre que les mythiques Bob Paisley et Bill Shankly.
Malgré son jeu audacieux et un management hors du commun, le destin sportif du charismatique blond aux lunettes translucides, marqué par trois finales européennes perdues, aurait toutefois pu s'écrire autrement.
"Je suis donc probablement le détenteur du record du monde de demi-finales gagnées, ces sept dernières saisons ! Si je devais écrire un livre à ce sujet, personne ne le lirait", avait-t-il admis, avec l'humour qu'il le caractérise, à la veille du couronnement de sa carrière.
- Fatalité -
Car, depuis sa première épopée inachevée dans la plus prestigieuse des compétitions continentales avec le Borussia Dortmund en 2013, l'ancien joueur de deuxième division allemande a été véritablement maudit.
Défait avec Liverpool en finale de Ligue Europa -la "petite" coupe d'Europe- par Séville en 2016, il a échoué l'an dernier face au Real Madrid de Zinédine Zidane à remporter la sixième C1 de l'histoire du club anglais.
Pis, le championnat d'Angleterre, qui échappe à Liverpool depuis 1990, lui est passé sous le nez cette année malgré un bilan comptable historique (97 points contre 98 pour Manchester City). Jamais dans les annales de la Premier League, un deuxième n'avait réalisé une telle performance !
Sa troisième finale de C1, la deuxième d'affilée avec Liverpool, a finalement été la bonne. Une juste récompense pour l'ancien coach de Mayence (2001-2008), considéré aux yeux des observateurs et de ses homologues européens, comme le meilleur entraîneur "du moment".
"Si j'étais joueur, j'aimerais être entraîné par ce type, qui renvoie une image de coach très proche de ses joueurs, très exigeant, très dur mais qui vous donne envie de vous surpasser", avait estimé Christophe Galtier, sacré meilleur entraîneur du Championnat de France cette saison, lundi sur RMC.
Jamais avare d'un bon mot devant les médias, ce fan de "heavy metal" a surtout réussi l'exploit de se faire adopter par la très exigeante ville des Beatles, aussi bien grâce à son style de jeu tout feu tout flamme, que par sa personnalité humble, bouillonnante, et authentique.
- "Normal one" -
Celui qui s'était qualifié de "Normal One" lors de son arrivée sur le banc de Liverpool n'a, en effet, cessé de cultiver sa proximité avec les fans des "Reds". Au point d'aller boire une bière avec ses voisins dans le pub de son quartier, ou promener tranquillement ses chiens sur les bords de la Mersey.
Le point culminant de sa relation fusionnelle avec les "Scousers" reste sans aucun doute son chef d'oeuvre en demi-finale retour il y a trois semaines: la désormais fameuse "redmontada" contre le FC Barcelone sur la pelouse d'Anfield.
Battue 3-0 par Lionel Messi et consorts à l'aller, son équipe a réussi l'impossible en l'emportant 4-0 à domicile au terme de plusieurs "coachings gagnants" et discours inspirants.
Qui plus est sans ses stars Mohamed Salah et Roberto Firmino !
Ivre de joie à la fin du match, il a immortalisé cette soirée unique en chantant en compagnie de ses joueurs le célèbre hymne "You'll never walk alone" devant le kop des "Reds". Une scène passée à la postérité.
"Ce n'est pas grâce à la tactique, pas grâce à la philosophie de jeu" que l'exploit a pu être réalisé, avait salué José Mourinho, l'ancien "Special One" désormais consultant pour beIN Sports. "C'est une question de coeur, d'âme, et de l'empathie fantastique qu'il a créée avec ce groupe de joueurs."
"Si j'avais su que c'était comme ça ici, j'aurais sans doute accepté un plus petit contrat !", s'était enthousiasmé Klopp. Avec une telle communion, et des fans "Reds" dingues de lui, la belle histoire d'amour n'est pas prête de s'arrêter...
MANÉ SUR LE TOIT DE L'EUROPE
Le joueur de Liverpool a remporté ce samedi la Ligue européenne des champions contre Tottenham (2-0), devenant ainsi le deuxième sénégalais seulement à inscrire son nom au palmarès de cette compétition
On annonçait une finale explosive, il n'en fut rien : Liverpool décroche la sixième Ligue des champions de son histoire en s'imposant au Wanda Metropolitano face à un pâle Tottenham. Fin de la malédiction : Klopp décroche sa première C1 grâce à deux buts de Salah et Origi.
Buts : Salah (2e, sp) et Origi (88e) pour Liverpool
« Life is a present. We have to deal carefully with it and have fun with it. » Il y a quelques jours, Jürgen Klopp détaillait pour l'Independent sa vision de la vie, celle-ci étant quelque part sa vision du football. S’amuser. Ne jamais renoncer. Prendre chaque jour comme un cadeau. Un maître-mot qui aura été le fil de la saison historique du club, échouée à la seconde place de Premier League, mais à l’inverse du scénario de cette finale de Ligue des champions contre Tottenham, terne, mais maîtrisée. Klopp soulève enfin sa première C1 et concrétise son histoire d’amour drapée de rouge : Liverpool n’aura pas fait du Liverpool, mais Liverpool a gagné.
Possession stérile
Imagine Dragons pour se chauffer la voix, José Antonio Reyes pour se cramer les mains. Au-delà d’un hommage qui serre les gorges et active les glandes lacrymales de Moreno et Llorente, l’entame de soirée respire la tension. Le combat des géants aux armes rechargées, les compositions respectives des Spurs et des Reds respirant le classicisme. Seule (mini) surprise : Lucas est sur le banc, suppléé sur le pré par un Harry Kane remis sur pied. Dans les faits, pas de balles à blanc : 26 secondes de jeu, Mané centre sur le bras de Sissoko, et Damir Skomina siffle un penalty contestable, de quoi enflammer les réseaux sociaux et le Wanda Metropolitano. Salah transforme, tranquille (1-0, 2e), mais que l’on ne s’y trompe pas : c’est bien Tottenham qui tient les rênes du jeu.
Pour quoi ? Pas grand-chose, de toute évidence, la possession culminant à la demi-heure de jeu à 65% côté Spurs, pour... aucune occasion franche, et des passes concentrées dans leurs 40m. Liverpool, côté pile, troque la gonfle contre les occasions, les frappes des puces Alexander-Arnold (17e) et Andy Robertson (38e) ayant autant fait trembler Lloris qu’un contrôle de police inopiné. Il faut se l’avouer : l’action la plus intéressante de la première période aura sûrement été l’intervention d’une streakeuse dénudée. Maigre constat pour une certitude : Tottenham est en train de passer à côté de sa finale.
Chair de Pool
Puisqu’on en parle : les hommes en blanc jouent comme des infirmiers, colmatant le moindre semblant de saignement, évitant soigneusement d’en provoquer. Mauricio Pochettino entame la seconde période sans changer un seul de ses hommes, ce qui a pour conséquence de relancer le jeu sur les bases de ce qui a été entrevu quelques minutes plus tôt : mollement. Liverpool domine le cœur du jeu, où Winks n’existe pas et Sissoko peine à imprimer son impact physique, et frappe en conséquence. Fabinho de loin (53e), Robertson ensuite (54e), Milner à ras du poteau (69e)... Les Reds se replient sur leurs bases et piquent en contre, alors que Lucas fait une apparition applaudie et attendue.
À quoi tient finalement une finale ? Une tenue de balle, une frappe décochée de la bonne surface du pied, un corner mieux botté qu’un autre, ou avec plus de malice. Les entrées conjuguées de Dier et Llorente offrent un peu d’air aux Spurs, délaissés de leurs velléités de jeu : c’est le jeu aérien qui les a amenés jusqu’ici, autant s’appuyer dessus. Alli pousse alors (78e), puis Son dans la foulée (80e), avant qu’Eriksen n’oblige Alisson à déplier son mètre quatre-vingt-onze (85e). L’étau se resserre, mais ira-t-il jusqu’à écraser la cage thoracique liverpuldienne, et celle d’un Klopp hurlant dans le tas ? Raté : la troisième frappe cadrée d’Origi en C1 en autant de tentatives trompe Lloris et met fin aux espoirs londoniens (2-0, 88e). La marée rouge peut s'écouler. « Have fun » , disait-il : que la fête commence.
par Seydou Ka
DE LA PATERNITÉ DES DROITS DE L'HOMME
C’est seulement du point de vue des « centrismes », qu’ils soient euro- ou afro-, ou d’ailleurs, que la question de l’origine des droits humains a un sens
L’Afrique est-elle le berceau des droits de l’homme ? De prime abord, l’Afrique étant le berceau de l’humanité, il serait logique de répondre par l’affirmative à cette question. Ensuite, la Charte de Kurukan Fuga ou Charte du Mandé a été énoncée en 1222, c’est-à-dire bien avant les principaux textes occidentaux en la matière, à savoir le Bill of Rights américain (1689), la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de la Révolution française (1789), voire antérieurement à la Magna Carta anglaise (1215-1297). Pour en revenir à la Charte du Mandé, ses premiers mots, c’est-à-dire le Préambule, placent la vie humaine au sommet de la table universelle des valeurs : « Toute vie est une vie », déclare-t-elle. Elle ajoute : « Il est vrai qu’une vie apparaît à l’existence avant une autre vie, mais une vie n’est pas plus ‘’ancienne’’, plus respectable qu’une autre vie, de même qu’une vie ne vaut pas mieux qu’une autre vie ». C’est aussi au moyen de cette Charte que l’esclavage a été déclarée « éteinte » (« Chacun dispose désormais de sa personne, chacun est libre de ses actes, dans le respect des […] lois de sa patrie ») et la guerre et les razzias « bannies » « d’une frontière à l’autre du Mandé ». Pour conférer un cachet universel à cette Charte, ses auteurs concluent avec ce message : « Tel est le serment du Mandé à l’adresse des oreilles du monde entier ». Difficile de dire mieux en matière de respect des droits humains…
Ce texte a été transcrit de l’oralité à l’écrit par un groupe de chercheurs regroupés dans le cadre du Centre d’études linguistiques et historiques par tradition orale (Celtho) à travers un long processus. Ils ont reconstitué, en puisant à la mémoire des griots de l’Ouest africain, les principes qui avaient été publiquement énoncés comme devant fonder l’empire pluriel qu’était devenu le Mandé. Ce projet a donné naissance à l’ouvrage « La Charte de Kurukan Fuga. Aux sources d’une pensée politique en Afrique » publié en 1998. L’autre document souvent invoqué, le « Serment des chasseurs », dans lequel la fraternité des chasseurs du Mandé prenait l’engagement de protéger les sociétés ouest-africaines au nom et dans le respect d’un certain nombre de principes qui s’y trouvent énumérés. Ces deux textes font aujourd’hui l’objet d’un intérêt grandissant pour des penseurs africains (Souleymane Bachir Diagne, Djibril Samb, Djibril Tamsir Niane) ou non africains, qui y voient « la noblesse, l’élévation d’esprit, le haut sentiment » (Djibril Samb) d’une conscience humaine, alors que la littérature coloniale dépeint les Nègres comme des êtres dépourvus de toute humanité et du sens de la loi.
Mais ces textes sont rejetés en bloc par certains penseurs occidentaux, tenant d’un universalisme conçu comme un exceptionnalisme européen, y voyant une « invention de la tradition » par des « afrocentristes » dont la seule finalité serait de produire un document qui puisse être comparé à la Magna Carta et par conséquent justifier l’antériorité des droits de l’homme en Afrique. Les mêmes critiques reprochent d’ailleurs au mouvement postcolonial de n’être rien d’autre qu’un « assaut des particularismes contre l’universel » (européen). A notre avis, poser la question des droits de l’homme en termes d’origine a peu de sens. Comme le fait remarqué Souleymane Bachir Diagne, avec raison, c’est seulement du point de vue des « centrismes », qu’ils soient euro- ou afro-, ou d’ailleurs, que la question de l’origine des droits humains a un sens. Nous nous retrouvons entièrement dans ce propos du philosophe sénégalais lorsqu’il affirme que la seule question qui semble importante à ce propos est son usage « ici et maintenant ». Samuel Moyn (cité par Diagne), dans l’ouvrage qu’il a consacré à l’histoire des droits de l’homme (The Last Utopia. Human Rights in History), invite d’ailleurs à ne pas poursuivre cette question indécidable de leur origine pour simplement s’aviser qu’ils n’ont véritablement pris l’importance qu’on leur reconnaît aujourd’hui dans le discours politique et les relations internationales qu’au début des années 1970, lorsque, après le discrédit des grandes causes portant la promesse de lendemains qui chantent, le « droit de l’hommisme », comme l’on dit, est devenu « la dernière utopie politique ».
UNE ÎLE À LA DÉRIVE
A l’embouchure du fleuve Casamance, l’océan monte, au risque de submerger l’île de Carabane… Une illustration spectaculaire des effets du réchauffement climatique
A l’embouchure du fleuve Casamance, l’océan monte, au risque de submerger l’île de Carabane… Une conséquence directe et une illustration spectaculaire des effets du réchauffement climatique.
UNE MARGARET THATCHER SÉNÉGALAISE
Celle qu’ une partie de la presse a affabulée du surnom de «dame de fer » retrouve le chemin du pouvoir, après une traversée du désert depuis 2014 - Mais qui est cette «Mimi » ? Retour sur l’incroyable parcours de la nouvelle présidente du CESE
Le 14 mai 2019, le président de la république Macky Sall nommait Aminata touré dite Mimi présidente du Conseil économique social et environnement (CESE), en remplacement de Aminata Tall. Ainsi, l’ancien Premier ministre a inscrit une nouvelle page dans le roman de sa vie en devenant la quatrième personnalité de la république. Celle qu’ une partie de la presse a affabulée du surnom de «Dame de fer » en référence à l’ancienne chef du gouvernement britannique disparue retrouve le chemin du pouvoir, après une traversée du désert depuis 2014. Mais qui est cette «Mimi »? retour sur l’incroyable parcours de la présidente du Conseil économique social et environnemental (CESE).
Elle a le même caractère trempé et le même tempérament bagarreur que Margaret Thatcher, Premier ministre britannique (1979-1990). Elles ont aussi comme dénominateur commun d’être nées au mois d’octobre : le 12 octobre 1925 pour Mme Thatcher et le 13 octobre 1962 pour Mme Touré. Entre les deux, 37 ans d’âge de différence. Elles ont eu à occuper les mêmes fonctions de Premier ministre. Là s’arrête la comparaison ? Non. Elles ont le même charisme. Tout le monde reconnaît qu’elles sont : intelligentes, déterminées, ambitieuses. Ce qui les rap- proche davantage, c’est qu’elles sont surtout des femmes à poigne à qui on a donné le sobriquet de «Dame de fer ». L’appellation dérange, on ne sait pourquoi, certains proches de la nouvelle présidente du CESE. Mais, on a du mal à croire que derrière cette grande dame, teint noir, lèvres rougies, petits yeux rieurs, sourire avenant, se cache une «Dame de fer». «C’est injuste de vouloir en faire une dame de fer. Elle incarne la fermeté dans un gant de velours », rétorque un de ses proches. A Dakar, tout comme à Kaolack, elle a laissé l’image d’un garçon manqué toujours en jean, t-shirt et sa coiffe d’Angéla Davis. Mimi est fidèle en amitié. Elle a horreur de la trahison. C’est aussi une femme généreuse, mais elle ne gaspille pas son argent. «Ce n’est pas la Sénégalaise qui va déverser des billets d’argent sur les têtes des griottes », dit-on.
Chantre de la traque des biens mal acquis
Méticuleuse et ordonnée par contre, elle a géré avec courage les dossiers judiciaires explosifs à la Chancellerie, l’un des ministères les plus exposés du début du règne de Macky Sall : Affaire de la traque des biens mal acquis pour laquelle Karim Wade, fils de l’ancien président Abdoulaye Wade et d’autres grands dignitaires libéraux ont connu les affres de la prison ; affaire Cheikh Béthio Thioune, poursuivi pour le double meurtre de Médinatou Salam. Ensuite, il y a eu les dossiers des journalistes : Cheikh Yérim Seck et Tamsir Jupiter Ndiaye poursuivis respectivement pour viol et actes contre nature (homosexualité), sans conter l’épineux dossier Hussein Habré réfugié au Sénégal, depuis 1990 et poursuivi pour crimes contre l’humanité. Ces dossiers ont fini par la révéler au grand public. Avec le sentiment qu’elle menait, le combat de sa vie, Mimi Touré est montée plusieurs fois au créneau pour croiser le fer contre les libéraux qui n’ont pas ménagé leurs attaques contre elle. Ce n’est pas pour rien qu’elle a été le ministre le plus médiatisé du gouvernement Abdoul Mbaye. Sans en être le porte-parole, elle a souvent agi comme tel contre vents et marées. « Fondamentalement, elle croit à la communication. Durant tout son parcours professionnel, c’est quelqu’un qui a toujours parlé aux populations. Elle pense que toute entreprise qui n’est pas comprise par les gens qu’elle sert est vouée à l’échec », témoigne, un militant de l’Alliance pour la République qui la fréquente depuis plus de trente ans.
Militant précoce
Elle a été la deuxième femme chef du gouvernement dans l’histoire politique du Sénégal, après Mame Madior Boye (2001- 2002). Cette fille de médecin décédé, il y a quelques années et d’une mère sage-femme qui est encore en vie, a vécu une enfance heureuse. Mais, souvent mouvementée, du fait des multiples déplacements de son père. C’est ainsi qu’elle a débuté sa scolarité, à Tambacounda, avant de venir faire la 6 eme au lycée Gaston Berger de Kaolack. Dans la capitale du Saloum, contrairement aux filles de son âge qui sont plus préoccupées à jouer au Roméo et Juliette, l’adolescente de 14 ans découvre les idées de gauche et la politique. «J’ai débuté mes activités politiques à l’âge de 14 ans à Kaolack, où, je fus beaucoup influencée par mon professeur d’histoire et de géographie, Ismaéla Diagne », confiait-elle à des journalistes. Elle a d’abord milité au Mouve- ment pour le socialisme (MSU) de feu Mamadou Dia, ancien président du Conseil (Premier ministre).
Ce militantisme précoce à gauche a développé chez elle son sens du leadership. Pour autant, cela ne l’a pas empêchée d’être brillante à l’école où elle truste les premières places. De retour à Dakar, où elle est née, ses parents l’inscrivent au lycée Van Vollen-hoven , devenu lycée Lamine Guèye de Dakar où est scolarisé les enfants de l’élite de l’époque. En 1981, elle est lauréate du prestigieux Concours général et décroche, la même année son baccalauréat. Elle s’envole, alors pour Grenoble en France pour des études en management d’entreprise, de droit et d’économie. Parallèlement à ces études, elle milite dans les mouvements de gauche, notamment à la Ligue communiste des travailleurs (LCT). En France, toujours, elle fera sa rencontre de son premier mari, Oumar Sarr, coordonnateur du Parti démocratique sénégalais, (PDS) avec qui , elle a une fille, Dior, diplômée en santé de l’université Yale. De retour au Sénégal, elle débute sa carrière comme chargée de marketing et de la communication à la Société des transports du Cap vert (disparue). Parallèlement, elle continue son militantisme à gauche. Elle se rapproche de Landing Savané dont, elle deviendra, la directrice de campagne à la présidentielle de 1993. Puis, elle est recrutée à l’Association sénégalaise pour le bien être familiale (ASBEF) comme chargée de pro- grammes, en matière de santé de la reproduction.
Carrière onusienne
En 1995, elle débute une carrière dans le système des Nations unies qui la conduira dans de nombreux africains comme le Burkina et la Côte d’Ivoire. Le couronnement de cette brillante carrière de fonctionnaire internationale sera un poste de directrice des droits humains au siège du Fonds des Nations unies pour la population (FNUAP), à New York. « Après 2003, je me suis concentré sur ma carrière onusienne à New York », soutenait- elle dans les médias. Une carrière à laquelle, elle mettra volontairement un terme en 2010 pour soutenir le projet politique de Macky Sall. Entre les deux, le courant est vite passé. D’ailleurs, le candidat de la coalition Macky 2012 fera d’elle sa cheftaine de cabinet, pendant cette période de braise. Là, elle a montré toute l’étendue de son talent de chef d’orchestre. Car, la suite, on la connaît.
Un bonheur ne venant jamais seul, Aminata Touré devient Madame Coulibaly. Pour l’heure, celle qui s’apprête à monter au perchoir du CESE tient à l’écart sa famille de la politique. Ses enfants ne font pas la Une des pages people des journaux. Où va-t-elle s’arrêter après le ministère de la Justice, la Primature et aujourd’hui, le CESE ? Ces détracteurs lui prêtent d’autres ambitions. «Ce n’est pas quelqu’un qui cherche, le pouvoir pour le pouvoir. Ce qu’elle veut, c’est de remettre le pays dans le sens du respect des droits humains et réussir sa mission », tempère un de ses amis. Une chose est sûre, à 57 ans aucun homme ou femme politique n’a pris sa retraite. Le roman de Mimi et le pouvoir ne fait que commencer...
"NOUS NE DIALOGUERONS PAS TANT QUE LA PRISE D'OTAGE EXERCÉE SUR KHALIFA N'AURA PAS CESSÉ"
Barthélémy Dias évoque le cas de l'ancien maire de Dakar comme préalable au dialogue avec Macky Sall
Depuis l’étranger, Barthélémy Dias a posté une vidéo dans la- quelle il se prononce sur le Dialogue national. Pour le maire de Mermoz-Sacré-Cœur, les Khalifistes ne dialogueront pas tant que la prise d’otage exercée sur leur leader n’aura pas cessé.
Dias-fils n’est certainement pas sur la même longueur d’onde que ses camarades Khalifistes qui ont accepté de participer au Dialogue national mardi dernier. Contrairement à Saliou Sarr, Cheikh Guèye, Idrissa Diallo, Bira Kane Ndiaye et les autres membres du Frn, Barthélémy Dias pense qu’il ne fallait pas répondre à l’invitation du chef de l’Etat. Surtout que, dit-il, l’opposition dans sa globalité s’était accordée à ne participer à aucune initiative de Macky Sall tant que Khalifa Sall ne sera pas libéré et Karim Wade ne rentrera pas au Sénégal. «Tant que ces questions ne sont pas évacuées, il n’était pas question pour nous de s’asseoir avec Macky Sall. (...) Je voudrais dire à haute et intelligible voix qu’il soit entendu et définitivement retenu que nous ne dialoguerons pas tant que la prise d’otage exercée sur Khalifa Sall n’aura pas cessé», a martelé le maire de Mermoz- Sacré-Cœur. Poursuivant, il indique que dans une République moderne, civilisée et démocratique, il y a toujours un pouvoir et une opposition. «Ceux qui prétendent avoir été élus pour gouverner n’ont qu’à gouverner. Et que ceux qui ont pris l’engagement devant le peuple souverain de s’opposer par des actes démo- cratiques et républicains aient l’honnêteté intellectuelle d’assumer leur choix», soutient-il.
Dans la foulée, il indique que les hommes du régime, en complicité avec certains de leurs sbires, qui se disent des magistrats, avaient bien dit que Khalifa Sall était définitivement condamné. Et que son dossier était définitivement traité et vidé. Aujourd’hui, déplore-t-il, le président de la République Macky Sall se permet de dire qu’une fois que la justice aura terminé son travail, il verra ce qu’il peut éventuellement faire en tant qu’acte de bonté envers Khalifa Sall. «Je voudrais, avec fermeté, dire que Khalifa Sall n’est demandeur d’absolument de rien du tout, parce qu’il est victime d’une injustice notoire», a fulminé Dias-fils.
Aux membres du Front de Résistance National (Frn) qui se sont rendus au Palais, il soutient que l’homme qu’ils ont trouvé au Palais n’est ni sincère, ni loyal, ni franc, ni sérieux et surtout pas un homme d’Etat. «Je voudrais leur dire que l’homme qu’ils ont trouvé au Palais est un homme méchant, arrogant et de détails. Un homme qui, aujourd’hui, doit être combattu pour l’intérêt général. C’est de cela qu’il s’agit», fulmine-t-il. Convaincu que ce dialogue est un leurre et qu’il est sans intérêt, Dias-fils a rappelé les engagements pris par le chef de l’Etat et relatifs aux Assises nationales. Prenant à témoin le président Amadou Makhtar Mbow, il soutient que Macky Sall n’a respecté aucun de ses engagements. Suffisant, affirme-t-il, pour comprendre que cet appel au dialogue n’est pas sincère. «Nous refusons de participer à cette mascarade. Nous exigeons la libération de Khalifa Sall, le retour de Karim Wade et l’arrêt de ses complots, mensonges et mascarades», a déclaré Barthélémy Dias.
Barth s'oppose au report des locales
Par ailleurs, le maire de Mermoz Sacré-Cœur s’est engagé, après la Korité, à aller à la rencontre de patriotes afin de proposer une plateforme démocratique. «Cette plateforme pourra éventuellement aider le Sénégal à redevenir l’exemple qu’on était sur le continent africain et à travers le monde. Aussi, il fait savoir qu’il va s’opposer à tout report des élections locales. Ces élections ne pourront être reportées qu’avec la complicité de certains. Et ils sauront se reconnaitre. J’espère que cela n’arrivera pas. Le Sénégal ne mérite pas ça. A ce titre, je voudrais dire que Khalifa Sall avec sa coalition, nous sommes candidats aux élections locales et à la mairie de Dakar. J’espère que les uns et les autres pourront mettre en avant l’intérêt supé- rieur de la nation au-dessus des intérêts partisans, claniques et politiques», a-t-il conclu.
L'HEURE DE LA REVANCHE POUR SALAH ?
Le crack de Liverpool, contraint de sortir sur blessure en finale de la Ligue des champions l'an dernier, aura une nouvelle chance de se montrer décisif contre Tottenham, samedi à Madrid
Mai 2018 à Kiev, 30e minute de jeu du match Liverpool - Real Madrid. La finale de la Ligue des champions a à peine livré ses premières indications que survient le premier coup de théâtre : Salah, danger offensif N.1 des "Reds", est remplacé après une quasi-prise de judo du défenseur madrilène sur une action anodine. L'ailier égyptien, l'épaule meurtrie et en pleurs, verra son équipe se faire balayer 3-1 par l'armada de Zinédine Zidane, entrée dans l'histoire du foot européen avec un 3e succès d'affilée inédit en C1.
"Je suis tellement heureux d'avoir la chance de disputer une autre finale. J'espère que je vais pouvoir jouer tout le match", a confié Salah, dans des propos rapportés cette semaine par le Guardian. "Nous avons appris de l'année dernière. Nous avons plus d'expérience et nous sommes tournés vers l'avenir", a-t-il ajouté. Passé tout près du sacre européen l'an dernier, il a vu cette saison le championnat d'Angleterre lui passer sous le nez pour un petit point d'écart avec Manchester City (98 contre 97) malgré un exercice remarquable.
Voie royale pour le Ballon d'Or ?
Le héros malheureux va-t-il devenir l'homme qui offrira le premier titre de Liverpool depuis 2005 et le fameux "miracle d'Istanbul" ? "J'espère que cela deviendra une réalité, que je marquerai en finale, puis que je remporterai la Coupe d'Afrique des Nations (disputée en Égypte le mois prochain)", a-t-il confié.
"LE CORPS DE LA FEMME N'EST PAS À EMBRIGADER"
Gora Seck, enseignant-chercheur à l’Université Gaston Berger de Saint-Louis met en garde contre les dérives nées d’une mauvaise formation des acteurs du cinéma, la distribution clientéliste des fréquences télés
Et de deux pour Jamra ! Une deuxième plainte introduite par l’Ong dirigée par Mame Matar Guèye a poussé le Conseil de régulation de l’audiovisuel (Cnra) à servir une mise en demeure à la 2STv qui diffuse la série «Maîtresse d’un homme marié». Le Dr Gora Seck, enseignant-chercheur à l’Université Gaston Berger de Saint-Louis, a soutenu il y a quelques années une thèse de doctorat ès lettres, option Arts du spectacle. Dans cet entretien, il met en garde contre les dérives nées d’une mauvaise formation des acteurs, la distribution clientéliste des fréquences télés et recommande l’entrée du cinéma et du théâtre dans la formation des élèves.
Après une première plainte contre la série Maîtresse d’un homme marié, l’Ong Jamra est encore revenue à la charge pour dénoncer ce qu’elle appelle des scènes indécentes dans un épisode de la série. Vous avez soutenu une thèse de doctorat sur le théâtre sénégalais. Quelle est votre lecture de cette situation ?
J’ai l’impression que nous sommes en train de vouloir régler les choses par une police de la morale. Personnellement, je n’ai pas vu une scène ou un moment qui aurait pu choquer autant qu’on le décrit. Même si on est dans le mois du Ramadan, ça se diffuse à une heure bien précise et celui qui n’a pas envie de regarder peut zapper tout simplement. Et il faut aussi que les télés prennent leurs responsabilités pour voir ce qui doit être diffusé et ce qui ne doit pas l’être, à quel moment et dans quelles circonstances aussi. Il me semble qu’il y a un laisser-aller. Quand on donne la possibilité à n’importe qui, je dis bien n’importe qui, de disposer d’une chaîne de télévision, c’est qu’on méconnaît totalement la puissance de l’image. Et cela va nous poursuivre pendant toutes ces années à venir. Il y a une réflexion à faire sur le cahier des charges des télévisions, comment cela doit être rempli, qui doit disposer d’une chaîne de télé. Aujourd’hui, disposer d’une chaîne de télé ou de radio semble être un moyen de pression sur l’Etat. Tout ce professionnalisme qui a été construit pendant des années est en train de s’effriter à une vitesse excessive. Je pense qu’il y a lieu de pacifier le débat, de voir dans quelle mesure les gens peuvent s’exprimer dans la manière la plus artistique possible, de façon à nous mettre en accord avec nos coutumes, nos mœurs et nos croyances sans pour autant qu’on soit obligé, à chaque fois qu’il y a une belle jambe qui sort, d’ameuter le monde.
On a l’impression qu’on veut à tout prix cacher le corps de la femme et que c’est le combat de ces organisations…
Elles vont se fatiguer alors. Nous sommes envahis par l’image de l’autre. Et il va falloir à un moment que nous créions nos propres images. Les images de l’autre ont dominé jusqu’ici et nous n’avons pas eu le temps de penser à nos images qui, véritablement, participent à notre estime de soi. L’estime de soi par le fait qu’on se voit et on se met en exergue. Et si on a raté le coche, ça devient difficile de rattraper cela. Il y a des tentatives qui sont faites, de manière maladroite parfois. Il faut les saluer et voir dans quelle mesure tout cela peut rentrer dans nos croyances, nos mœurs, nos coutumes et notre culture. Il ne s’agit pas simplement de brandir le bâton à chaque fois. Ce n’est pas la meilleure manière d’amener les gens à participer à ce que l’on appelle la révélation culturelle. Et cette dernière passera forcément par l’image. Il y a une troisième guerre mondiale, c’est la guerre des cultures et elle passera par la guerre de l’image. Cette guerre, il faudra à un moment qu’on donne la possibilité à nos réalisateurs de s’exprimer de la façon la plus adéquate possible avec nos cultures, nos croyances et notre façon de voir le monde. Toujours est-il qu’il n’est pas possible de toujours brandir le bâton, ce n’est pas la meilleure manière pour amener les gens à comprendre c’est quoi faire une image. Parce que beaucoup d’entre eux ne connaissent pas l’esthétique de l’image, la sémiologie de l’image. Qu’on le veuille ou non, il va falloir retourner à la formation. Tout le monde se déclare réalisateur, acteur, producteur, sans pour autant mesurer les conséquences dans la fabrique de l’image et des imaginaires. Le corps de la femme, ce n’est pas quelque chose qu’on va embrigader. Ce n’est pas possible, c’est un choix personnel. Nulle n’ignore ce qui a été fait par les religions et ce qui a été acquis dans la culture sur l’exposition du corps. L’essentiel, c’est qu’on n’en arrive pas à un niveau où c’est choquant. Mais chacun est libre de faire ce qu’il veut de son corps.
Mais dans la série, aucune limite n’a été franchie ?
Je n’ai pas vu personnellement quelque chose qui serait plus choquant que ce que l’on voit tous les jours dans ce qu’ils nous diffusent et qui parlent d’une autre culture, d’une autre façon de faire et qui n’a rien à voir avec notre structuration mentale, sociale et culturelle. Et pourtant on laisse passer, personne ne dit rien. Aujourd’hui, je me demande quel combat il faudra mener contre internet, contre cette possibilité de disposer d’images quand on veut, où on veut et comme on veut. L’éducation commencera à l’école par l’introduction de l’éducation artistique. Il ne s’agit pas seulement de former des profs d’éducation artistique et leur dire d’aller enseigner la musique et le dessin. Le cinéma, le théâtre et d’autres éléments de l’univers des arts doivent être introduits afin de pouvoir permettre à ces jeunes qui voient d’autres cultures de pouvoir se rendre compte de ce que l’on peut nous raconter et faire la différence. C’est au public de faire la différence, mais quand il n’est pas éduqué ça peut être extrêmement catastrophique pour un Peuple. Et la tendance, c’est de faire des amalgames.
MBAYE DIAGNE, HÉROS DE LA ZONE 7
Le Centre d’entraînement tactique de la zone militaire n°7 porte désormais le nom du capitaine feu Mbaye Diagne - Un officier dont le courage a été salué lors du génocide rwandais de 1994
Le Centre d’entraînement tactique (Cet7), au cœur de la base des forces de la zone militaire n°7, porte désormais le nom du capitaine Mbaye Diagne dont les actions héroïques lors du génocide rwandais de 1994 continuent d’être chantées par la communauté internationale. La cérémonie de baptême s’est déroulée hier, au centre qui occupe une place centrale dans la préparation opérationnelle de tous les contingents dédiés aux opérations de maintien de la paix dans la sous-région, en Afrique et dans le monde, en présence du Chef d’état-major des armées sénégalaises (Cemga) et de la famille du défunt. Selon le général de corps d’Armée Cheikh Guèye, c’est par devoir de mémoire que l’institution militaire baptise les cantonnements de l’Armée du nom des illustres fils du pays qui se sont particulièrement distingués dans l’exercice du métier des armes. Une démarche qui vise, selon l’officier supérieur, «à maintenir vivaces les belles traditions militaires, mais également à pérenniser les valeurs fondamentales qui constituent le socle de l’institution militaire». Ainsi, général Guèye justifie le «choix légitime» et «tout naturel» de baptiser le Cet7 du nom de «l’officier émérite», «un homme d’exception dont le sacrifie au service de la paix internationale est unanimement reconnu». Il insiste sur le «court et riche parcours professionnel» de l’officier Mbaye Diagne qui, passé par l’Ecole nationale des sous-officiers d’actives (Ensoa), a aussi fourbi ses armes à l’Ecole nationale des officiers d’actives (Enoa) de Thiès, avant de déposer son baluchon aux Unités d’élite des armées. «En guise de récompense pour ses loyaux services en Casamance, il est désigné comme observateur militaire pour le compte de la Mission des Nations unies pour l’assistance au Rwanda (Minua). Et c’est au cours de cette mission qu’il a donné sa vie pour épargner celle des autres.
Devant toutes ces atrocités, il refusa d’être passif et décida de sauver autant de personnes qu’il pourra», témoigne le Cemga Cheikh Guèye qui cite le témoignage du général canadien Roméo Dallaire, commandant de la force de la Mission des Nations unies pour l’assistance au Rwanda (Minuar). «Il savait aller seul, puis revenait avec des dizaines de personnes qu’il avait arrachées à l’orgie sanguinaire des génocidaires. L’officier sénégalais se débrouillait ensuite pour organiser l’évacuation des personnes sauvées d’une mort certaine vers le Kenya, puis retournait en chercher d’autres», dit-il.
Le patron des Armées sénégalaises insiste : «Au moment où la majorité pensait toute action vaine, il a préféré l’action périlleuse à la passivité coupable. Et au total, le capitaine Diagne aura sauvé d’une mort certaine plus de 600 civils.» Et sur une note triste, il déclare que «le 31 mai 1994, alors qu’il rentrait seul à l’état-major de la force, un obus tomba à côté de son véhicule, à hauteur d’un barrage routier, l’atteignant mortellement». Il conclut : «L’hommage qui lui est rendu aujourd’hui permettra de graver définitivement en lettres d’or son legs héroïque aux générations présente et future.»
La veuve de feu le capitaine Mbaye Diagne, Yacine Mar Diop, et l’ambassadeur du Rwanda au Sénégal, Mathias Harebamungu, ont tour à tour salué les efforts du gouvernement sénégalais pour honorer ce soldat à travers la cérémonie de baptême du Cet7 au nom du capitaine. Un centre qui, d’après le capitaine d’escadron Aloïse Ndène, a formé 66 contingents en partance pour des missions de maintien de la paix, soit environ 42 mille soldats, depuis son ouverture en 2002.
par Abdourahmane Sarr
CLARIFIER LE CONSENSUS ET L’OPPOSITION
Nous pouvons effectivement nous accorder sur les règles du jeu démocratique (mode d’élection, parrainage, partis politiques, calendrier électoral, etc.), mais nous ne remettons jamais en question notre consensus congénital qui est la source de nos maux
Les sénégalais sont allés aux urnes et ont élu leur président en la personne de Macky Sall. Ce dernier, nous disions, par le parrainage et la justice, a aidé l’électeur sénégalais à confirmer ses choix exprimés en plusieurs élections : (i) trancher la compétition entre les héritiers de Senghor et de Wade et (ii) renouveler sa confiance en sa classe politique traditionnelle pour qu’elle le mène vers le développement malgré son échec des 60 dernières années. Il est donc vrai que l’électeur sénégalais est en quête d’un consensus sur le chemin du développement de la part de ceux qu’il considère comme les «sachants» de sa démocratie, ne connaissant pas lui-même le chemin.
Il n’est en effet un secret pour personne que l’électeur sénégalais moyen, et même le politicien moyen, ne sait pas distinguer entre les visions des candidats parmi lesquels il a la responsabilité de choisir. Il n’est même pas certain que les candidats eux-mêmes puissent définir leur propre vision qu’on ne peut parfois découvrir qu’en les écoutant développer leurs propositions. Un dialogue national post électoral institutionnalisé entre les «sachants» peut de ce point de vue être utile pour dégager un consensus et permettre d’identifier ce que pourrait être une opposition constructive. Au Sénégal, nous avons soutenu que toute la classe politique a la même vision du développement : celle d’un État et ses démembrements qui règleraient les problèmes des citoyens à leur place sans en avoir les moyens émanant de ces mêmes-citoyens ou d’une organisation financière le permettant. Le pétrole et le gaz vont renforcer cette réalité en relaxant la contrainte budgétaire du pays.
Il est donc très probable que le dialogue national produise des consensus découlant d’un «group think» ou d’une «pensée de groupe». Cette pensée se caractérisera par l’absence de voix discordantes du fait d’un consensus inconscient du groupe devant produire les recommandations et qui, au final, les empêchera de voir qu’ils sont eux-mêmes le problème. Ce consensus national est le socialisme congénital sénégalais et le mode de gouvernance du pays qui en découle depuis 60 ans et qui consiste à croire que notre Etat peut nous développer. Notre Etat, les citoyens, et les acteurs politiques qu’il a produits sont notre problème. Nous avons donc besoin d’un leadership transformationnel fort qui dégagerait une vision alternative et appellerait à être suivi.
Nous pouvons effectivement nous accorder sur les règles du jeu démocratique (mode d’élection, parrainage, partis politiques, calendrier électoral, etc.), mais nous ne remettons jamais en question notre consensus congénital qui est la source de nos maux et le guide de nos choix. Il ne sert à rien d’élire des maires qui ne peuvent pas faire grand-chose. Il ne sert à rien de formuler des attentes d’un Etat central qui ne peut pas satisfaire nos demandes puisqu’il n’est que le reflet de notre propre incapacité à créer de la richesse et à nous gouverner dans la responsabilité. La richesse du sous-sol ne changera pas cette donne. De ce point de vue, le dialogue national est nécessaire pour renouveler notre pacte démocratique et confirmer notre consensus congénital caractérisé par la main tendue à l’Etat qui ne produira pas de résultat. L’opposition se définira alors clairement au sortir de ce dialogue.
Le président Macky Sall qui n’a plus de mandat à rechercher peut avoir décidé d’être au-dessus de la mêlée pour sortir du «groupe think» et remettre en cause sa propre vision que nous avions critiquée dans une tribune intitulée «Macky Sall a choisi : Socialisme et Capital Etranger». A défaut, il aura lui-même aidé par le dialogue et la «pensée de groupe» à confirmer ce que devrait être son opposition : le libéralisme dont il se réclame sans jamais en assumer les conséquences. Ce libéralisme qui devra également être patriotique nécessite la décentralisation du pays en pôles régionaux autonomes financièrement inclus dans une monnaie compétitive, des pôles à renforcer en moyens humains et matériels, l’élection des élus locaux sur cette base, et la mise en place d’un sénat où les «sachants» et les représentants des pôles régionaux pourront se retrouver et confronter leurs consensus locaux et multiples. Un report des élections locales sur cette base en vaudrait la peine pour bâtir un Sénégal «par» tous plutôt qu’un Sénégal «pour» tous. Ces deux visions alternatives doivent s’affronter pour que le Sénégal puisse se transformer du fait d’un leadership nouveau, assumé, et suivi mais que le consensus ne permettra pas de produire dans le camp du pouvoir si Macky Sall ne l’affirme pas. C’est à se demander pourquoi l’APR a inscrit le manifeste de l’internationale libérale dans ses statuts.