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9 août 2025
LA BAD INJECTE 25 MILLIARDS DE FCFA POUR UNE RESILIENCE ALIMENTAIRE
En 2008, la Banque Africaine de Développement (Bad) a mis en place un programme comprenant un portefeuille de projets dans 10 pays africains appelés Gafsp.
En 2008, la Banque Africaine de Développement (Bad) a mis en place un programme comprenant un portefeuille de projets dans 10 pays africains appelés Gafsp. Grâce à ce programme, le Sénégal a lancé le projet d’appui à la sécurité alimentaire dans les régions de Louga, Matam et Kaffrine ( Pasa-Lou-ma-Kaf) pour un montant de 25 milliards Fcfa.
Le Programme mondial pour l’agriculture et la sécurité alimentaire (Gafsp) permet d’améliorer les revenus et la sécurité alimentaire des populations pauvres dans les pays en développement. Ce, en augmentant le volume et la qualité des investissements réalisés dans les secteurs public et privé. Il s’emploie à combler le déficit de financement des stratégies nationale et régionales de promotion de l’agriculture et de la sécurité alimentaire, contribuant ainsi à la réalisation des Odd, pour éliminer la pauvreté et la faim partout dans le monde, d’ici 2030. A travers ce fonds, souligne le représentant de la Bad, Hatem Fellah, l’institution financière accompagne 10 pays africains dont le Sénégal «pour un montant total de 320,8 millions de dollars, soit environ 28% du guichet Gafsp pour le secteur public». Le secrétaire général du ministère de l’Agriculture, Dogo Seck, informe que le Gafsp finance au Sénégal deux projets pour un montant global d’environ 100 millions de dollars. «Il s’agit du Pasa Lou-Ma-Kaf, au niveau du guichet public et d’un autre projet au niveau du guichet manquant qui vient de démarrer. Ces deux projets progressent bien», se réjouit-il.
De l’avis du Coordonnateur national du Pasa-Lou-ma-Kaf Mohamadou Moustapha Diaw, cette rencontre est un atelier de partage et d’échange entre les projets qui ont été financés par Gafsp sur les questions de suivi évaluation. «Du point de vue du suivi évaluation, il y avait des problèmes et des disparités d’un pays à l’autre. Pour la disparité, c’est en matière de performance, parce que la finalité même du suivi évaluation est de mesurer au fur et à mesure ce qu’on est en train de faire pour être plus performant dans la réalisation du projet», affirme t-il avant de préciser que le Gafsp n’est pas un projet.
«C‘est le programme mondial pour l’agriculture et la sécurité alimentaire qui appuie les pays pour la mise en œuvre des projets. Parmi ces projets ici au Sénégal, c est le programme d’appui à la sécurité alimentaire Pasa-Lu-ma-kaf qui a essentiellement deux objectifs. Le premier, c’est la sécurité alimentaire en augmentant les productions agricoles que ce soit au niveau ferme et riziculture ou bien au niveau production animale. Le deuxième objectif est de permettre à des ménages vulnérables d’augmenter leur niveau de revenus à travers les activités de productions qu’elles mènent», indique t-il. Actuellement, dit-il, le taux d’exécution physique est de 75%.
«Nous sommes en train d’achever le reste des réalisations. Dans les régions de Louga, Matam et Kaffrine, des fermes ont été réalisées et des baffons aménagés. Il y a des poulaillers, des bergeries, des pistes et des forages au grand bonheur des populations. Le financement du Pasa-Lu-ma-kaf s’élève à 25 milliards de Fcfa», déclare-t-il
Macky Sall au 14e sommet de l’Oci
Le couple présidentiel est en Arabie Saoudite depuis hier. Le chef de l’Etat a quitté Dakar hier dans la soirée, pour prendre part au 14e Sommet de l’Organisation de la Coopération Islamique (OCI) qui démarre aujourd’hui à la Mecque. Le thème de la présente édition est : «la Main dans la main vers l’avenir». Les Etats membres de l’Organisation se penchent sur des questions d’intérêt commun touchant à la paix, à la sécurité, au développement, à la culture et à la solidarité islamique. Le Président Macky Sall rentre au Sénégal demain.
Les Khadres dénoncent les tracasseries sur la route de Nimzatt
Le Conseil Supérieur des Khadres a dénoncé les tracasseries sur la route de Nimzatt, en Mauritanie. Face à la presse mercredi dernier, le Conseil a fustigé les difficultés rencontrées par les pèlerins lors des pèlerinages. Selon le Conseil, les Sénégalais venant des régions rencontrent d’énormes difficultés sur la route. Ils sont arrêtés tous les 100 mètres pour des contrôles de routine, malgré la pose de macarons sur les pare-brise des véhicules. «Depuis 1949, nous effectuons le pèlerinage de Nimzatt. Malgré les efforts consentis par les autorités mauritaniennes et sénégalaises, nous avons des difficultés. Le premier écueil concerne l’assurance des véhicules qui est passée du simple au double», a déploré le président du Conseil, Cheikh Diop. Selon lui, le Conseil Supérieur des Khadres a décidé d’alerter sur les souffrances des pèlerins sénégalais à l’occasion de cet événement annuel de la Khadrya. Le conseil invite les Etats du Sénégal et de la Mauritanie à s’impliquer dans l’organisation du pèlerinage à Nimzatt distant de 500 Km de Dakar.
Un enseignant se suicide à Rufisque
Souleymane Diabaté, la trentaine, enseignant, évoluant dans le privé, s’est pendu le mercredi 29 mai à Rufisque. Les circonstances de ce drame survenu au quartier Darou Rahmane 2 de Rufisque Nord ne sont pas encore connues.
Attaque armée à Touba
Les braquages sont devenus récurrents dans la capitale du mouridisme. Une nouvelle attaque à main armée a eu lieu mercredi à la gare routière de Touba. Six personnes lourdement armées et encagoulées ont débarqué sur les lieux avant de défoncer une boutique de téléphones portables et un point Wari. Un chauffeur de taxi qui a tenté de s’opposer aux malfaiteurs a reçu un violent coup de machette et a été grièvement blessé. Il a été transporté à l’hôpital de Touba. Les malfrats ont réussi à emporter un coffrefort, des cartes de crédit et plusieurs matériels importants. Ils ont pris la clé des champs avant l’arrivée de la gendarmerie.
Apr Tivaouane
Les responsables de l’Apr de Tivaouane Massamba Sall, Mamadou Moustapha Guèye, Mohamadou Rassoul Diagne, Chérif Guèye, Pape Momar Guèye, Awa Diop, Falilou Dioum, Khady Diop, Baye Mass Sall, Makhtar Fall, se démarquent de leur frère de parti, Farba Sall. Dans un communiqué parvenu à «L’As», ils rejettent la sortie dans la presse de responsables de l’APR de Tivaouane brandissant une menace d’une démission collective. A les en croire, cette sortie n’engage que son auteur, « qui n’a parlé qu’à son nom, au cours d’une réunion qui n’a existé que dans son imaginaire ». Ils précisent que « M. Sall n’a été mandaté par aucun responsable du parti, ni par une quelconque instance du parti». Selon les membres de la coordination, l’auteur de cette sortie inappropriée et inopportune ne peut lui-même nier les actes bénéfiques salvateurs longtemps posés à l’égard de leur circonscription et des militants de Tivaouane, par la Direction nationale du parti et en particulier par le président Macky Sall.D’ailleurs, indiquent-ils, que Farba Sall a eu à bénéficier du poste de chef de cabinet du ministre délégué chargé des sénégalais de l’extérieur Seynabou Gaye Touré. Un maçon tombe d’un immeuble et meurt à Ouest-Foire Un drame a eu lieu hier à Ouest Foire. Un maçon est tombé du haut d’un immeuble et a rendu l’âme sur le coup. Le corps sans vie a été acheminé à l’hôpital par les sapeurs-pompiers. La brigade de gendarmerie de la Foire a ouvert une enquête.
Suez trainée à Paris et à l’Ofnac
Soupçonnant des cas de corruption dans le processus d’appel d’offres pour l’attribution du contrat d’affermage de l’eau, le Forum social sénégalais (Fss), en collaboration avec les organisations de la Société civile qui interviennent dans le secteur de l’eau en France et à Bruxelles, a déposé une plainte au Tribunal de Paris et à l’Ofnac. Mamadou Mignane Diouf, le coordonnateur du Fss a confié à nos confrères de Seneweb qu’avec les éléments dont ils disposent ils vont porter plainte contre Suez devantleTribunal de première instance de Paris qui gère les questions financières, économiques et de corruption. La plainte sera déposée par un pool d’avocats. Mamadou Mignane Diouf dit constater qu’en plus des dons de voitures annoncées, il y a eu plein d’autres choses dans ce processus. Il renseigne qu’ils se sont rendus en France pour rencontrer le directeur de Suez, afin d’en savoir plus. Mais, ce dernier ne les a pas reçus.
Une Sénégalaise coincée sous un métro en Italie
Une Sénégalaise de 35 ans, Adji Rokhaya Wagne, a perdu la vie dans des conditions atroces en Italie. Elle est tombée sur les rails avant de se retrouver coincée sous le métro. Le terrible accident est survenu dans la station de métro de la Via Lepanto à Rome, hier jeudi 30 Mai 2019, vers 11 heures. La jeune femme était accompagnée de sa sœur. Le procureur de Rome a ouvert une enquête pour déterminer les circonstances du terrible l’accident.
Mamadou Talla récolte 37,2 millions d’euros
Le Partenariat mondial pour l’éducation (GPE) accorde au Sénégal un nouveau financement de 37,2 millions d’euros en soutien à l’éducation des enfants au Sénégal. Le financement a été approuvé par le Conseil d’administration du GPE dans le but d’aider le gouvernement sénégalais à améliorer l’accès équitable de tous les enfants sénégalais à une éducation de qualité dans les écoles primaires de l’ensemble du pays, et en particulier les enfants les plus marginalisés des zones défavorisées. Ce financement améliorera également la gestion et la supervision des établissements scolaires, augmentera le nombre d’enseignants qualifiés, entraînera une hausse du taux de scolarisation et améliorera les résultats d’apprentissage. L’essentiel du financement est basé sur les résultats et ne sera décaissable que lorsque le Sénégal aura atteint les cibles et les résultats convenus conformément aux ambitions du programme. Il s’agira d’améliorer les niveaux en lecture et mathématiques en fin de 3ème année et d’établir une nouvelle cartographie de la vulnérabilité pour améliorer les services éducatifs destinés aux enfants les plus défavorisés.
Marche des femmes de Rufisque
Tout comme les femmes de Tambacounda et de Saint-Louis, celles de Rufisque, avec à leur tête la journaliste Nafissatou Diouf, ont marché dans les artères de la ville pour manifester leur solidarité aux femmes victimes de viols, de meurtres et de toute autre forme de violence, mais aussi s’indigner contre ces actes de barbarie qui connaissent une recrudescence depuis quelques jours. Au terme de la manifestation, un mémorandum a été remis à Alioune Mar, maire de Rufisque Ouest. Dans ce document, les femmes invitent l’Etat à «criminaliser le viol». Elles veulent aussi la révision des articles 320, 321 et 420 sur le viol, demandent l’organisation de larges concertations nationales sur la violence sous toutes ses formes afin de trouver des solutions définitives ; l’introduction de curricula adaptés sur les violences sexuelles; la conception de manuels didactiques intégrant l’éducation au respect du genre; l’érection d’une journée de souvenirs aux femmes victimes de viol».
Un enfant tué par une planche de charrette
Le 28 mai 2019, le commissariat de Pikine a été avisé de la mort accidentelle d’un garçon âgé de 6 ans, MD qui jouait à côté d’un atelier de menuiserie métallique en compagnie d’autres enfants. Une planche de charrette exposée à côté, est tombée sur le gosse qui est mort sur le coup. Le corps a été déposé à la morgue de la mosquée de la Cité Lobatt Fall. Une enquête a été ouverte. Le propriétaire de l’atelier a été entendu. Il ressort de son interrogatoire, qu’après avoir réparé la charrette, il l’a exposée derrière son atelier pour éviter que les enfants n’y touchent. L’accident est survenu au moment où il discutait avec son frère. Il a constaté que l’enfant était sous la charrette. Le propriétaire de la menuiserie a été placé en garde-à-vue pour homicide involontaire.
Le Directeur de la Dette publique distingué
Le Directeur de la Dette publique (DDP) a été distingué lors des Global Capital Bond Awards 2019. Babacar Cissé figure dans la catégorie des meilleurs gestionnaires africains de dettes de marché. C’est le couronnement d’efforts consentis par M. Cissé et ses collaborateurs. LesGlobal Capital Bond Awards sont le résultat d’un sondage auprès de s participants des marchés de capitaux et reflètent donc l’opinion de véritables professionnels de la finance. Les prix récompensent les performances sur les marchés obligataires internationaux, au cours de l’année précédente, considérées comme étant les meilleures par la communauté des acteurs du marché, aussi bien les emprunteurs que les investisseurs.
Nominations
Le chef de l’Etat a promu plusieurs cadres à de hautes fonctions avant-hier (mercredi), lors de la réunion de conseil des ministres. Le magistrat Mamadou Diakhaté est nommé Directeur général du centre de Formation judiciaire. Massamba Achille Edouard Guèye devient Directeur général de l’Agence nationale des Affaires maritimes.
Nominations (bis)
Restons avec les nominations en conseil des ministres pour dire que le chef de l’Etat a opéré un petit mouvement au ministère du Tourisme et des transports aériens. En effet, Oumar Khassimou Dia est promu Directeur des Transports aériens. Il remplace à ce poste Mathiaco Bessane. Ce dernier migre vers la Direction des Transports aériens. M. Bessane est nommé Directeur des Infrastructures aéroportuaires.
Ousmane Cissé passe à la trappe
Le ministère des Mines et de la Géologie n’a pas été épargné par le mouvement. L’inamovible directeur des Mines et de la Géologie, Ousmane Cissé quitte son poste. Il a résisté aux changements opérés à l’occasion de la seconde alternance démocratique, mais il n’a pas survécu à MackyII. Ousmane Cissé est remplacé par l’Ingénieur Géologue, Roseline Anna Coumba Mbaye, jusque-là Directeur du Contrôle et de la Surveillance des Opérations Minières. Elle est désormais la patronne de la Direction des Mines et de la Géologie. Roseline Anna Coumba Mbaye est remplacée à son tour à la Direction du Contrôle et de la Surveillance des Opérations minières par le géologue, Lamine Diouf. M. Diouf était chef du service Régional des Mines et de la Géologie de Thiès.
Macodou Sène recasé
L’ex-Directeur de l’Administration générale et de l’Equipement (Dage) du ministère des Affaires Etrangères et des Sénégalais de l’Extérieur migre vers le secrétariat général du Gouvernement. Limogé récemment de ce département ministériel, Macodou Sène est rapidement casé. L’édile de Niakhar est nommé Directeur de l’Administration générale et de l’Equipement, du Secrétariat Général du Gouvernement.
Wade zappe Oumar Sarr
C’est la guerre totale au Parti démocratique sénégalais (Pds). Entre le secrétaire général national adjoint du Pds, Oumar Sarr et les Wade c’est maintenant le désamour. La participation du maire de Dagana au dialogue national a envenimé la situation. Preuve de cette rupture de confiance, la délégation du Pds à la nuit du «laylatoul Khadr» de la famille Sokhna Maïmouna Mbacké a été conduite hier par le député Serigne Cheikh Mbacké Bara Doli. C’est le président du groupe parlementaire «Démocratie et liberté» qui représente Me Abdoulaye Wade à la cérémonie alors que c’est toujours Oumar Sarr qui dirigeait les délégations. C’est dire donc que c’est le début de la fin.
Les dynamiques démographiques ont souvent modifié l’histoire et les rapports de forces politiques - Pourquoi la France craint-elle l’influence politique d’une Afrique plus peuplée ?
Il y a quelques semaines, l’écrivain français Renaud Camus, théoricien du «grand remplacement», s’est fendu d’un tweet qui a provoqué la colère de nombreux Africains, l’extase de nombre de ses partisans, et la condamnation d’associations antiracistes françaises : «Une boîte de préservatifs offerte en Afrique, c’est trois noyés en moins en Méditerranée, 100 000 euros d’économie pour la CAF, deux cellules de prisons libérées et trois centimètres de banquise préservée.»
Le racisme de ce tweet le rend dérisoire. Pour autant, l’obsession de la démographie africaine qu’il incarne est partagée par les élites françaises, dont Emmanuel Macron, qui s’est exprimé à plusieurs reprises sur le sujet. Que cache-t-elle ?
En réalité, comme d’autres grandes puissances européennes, les élites françaises ont toujours considéré la démographie comme un instrument politique, un vecteur de puissance. Jusqu’à la moitié du XVIIIe siècle, avec ses 25 millions d’habitants, la France était la principale puissance de l’Europe. Par la suite le pays connaîtra une période de glaciation démographique qui ouvrira - et précipitera - une phase de déclin relatif sur la scène internationale, au profit d’abord de l’Angleterre, puis de l’Allemagne.
Dans son livre, The Human Tide[«la vague humaine», Public Affairs, 2019, ndlr], le chercheur britannique du Birkbeck College de l’Université de Londres, Paul Morland, fait remonter ce qu’il appelle la «paranoïa» française sur la question démographique à la fameuse défaite française face à la Prusse de Bismarck en 1870, qui conduira à l’unification de l’Allemagne. Quoi qu’il en soit, cette obsession démographique, qui a donc accompagné un sentiment de déclassement géopolitique, a imprégné la politique française tout au long du XXe siècle. Ainsi, au plus fort de la guerre d’Algérie, le général de Gaulle exprimait à haute voix, devant l’écrivain et homme politique Alain Peyrefitte, ses doutes quant à la pertinence de l’idée d’une Algérie française, dès lors que «les Arabes se multiplieront par cinq, puis par dix, pendant que la population française restera presque stationnaire…». Mais les élites françaises n’ont pas tort : la démographie détermine fondamentalement l’histoire. Ainsi que le rappelle Paul Morland, à la naissance de Nelson Mandela, plus d’un Sud-Africain sur cinq était blanc ; au moment de sa mort, il n’en restait plus qu’un sur dix. Compte tenu de la démographie des Sud-Africains noirs, l’apartheid était donc voué à l’échec. Les colons européens avaient donc peu de chance de reproduire en Afrique du Sud «le génocide par substitution», dont ironiquement Renaud Camus accuse aujourd’hui l’immigration arabo-africaine en France, qu’ils avaient déjà brillamment appliquée en Australie, en Nouvelle-Zélande ou au Canada où la fameuse fécondité des Franco-Canadiens était interprétée comme une «revanche du berceau» sur une Angleterre qui avait défait la France au Canada. Les dynamiques démographiques de l’époque ont influencé l’issue et même, d’un certain point de vue, les causes de la Première Guerre mondiale. Tout comme l’influence de la démographie sur «les printemps arabes» fait aujourd’hui consensus.
Selon Stephen Smith, «si les Africains suivent l’exemple d’autres parties du monde en développement, l’Europe comptera dans trente ans entre 150 et 200 millions d’Afro-Européens, contre 9 millions à l’heure actuelle». La crainte de la mouvance française des «remplacistes» est que «l’identité française» se dissolve, et, plus tard, disparaisse, sous le poids des flux migratoires en provenance d’Afrique. Mais il y a autre chose : une France démographiquement dépendante de l’Afrique présenterait de fait un visage différent au plan politique. Il est difficile d’imaginer que l’autisme dont fait preuve la France officielle sur des sujets comme le franc CFA ou la reconnaissance des crimes commis par l’Empire colonial en Afrique persiste, ou dans le contexte d’un électorat majoritairement constitué d’Afro-Français. Cela est d’autant plus vrai que dans l’ensemble l’image de la France est plutôt dégradée au sein d’une jeunesse africaine qui considère que l’ex-colonisateur continue d’exercer une influence néfaste sur ses ex-colonies.
Fondamentalement, au-delà des préoccupations migratoires, l’obsession démographique des élites politiques et intellectuelles française cache la crainte de l’influence politique que l’Afrique pourrait jouer en France (et au-delà en Europe) dans les prochaines décennies. De ce point de vue, le pire pour ces élites serait que les pays africains sortent de leur interminable nuit, mettent de l’ordre dans leurs affaires et se mettent, eux aussi, à rêver de puissance. Autant de «bonnes» raisons de faire de l’utérus des femmes africaines un des enjeux de notre époque. C’est donc logique qu’en pleine campagne pour les européennes, le candidat Nicolas Dupont-Aignan ait préconisé un «contrôle des naissances en Afrique comme l’a fait en son temps la Chine» pour faire face au «défi géopolitique» posé à l’Europe. Les Africains sont prévenus : la bataille pour le contrôle de l’utérus des femmes du continent n’est pas près de s’arrêter.
Yann Gwet est l'auteur de : Vous avez dit retour ?
Editions Présence africaine, 2019.