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29 juillet 2025
Par Modou Mamoune FAYE
IL FAUT SAUVER LE SAINT-LOUIS JAZZ !
Voilà 27 ans que dure le festival ! Mais jusqu’à quand ? Une sérieuse menace plane sur le Saint-Louis Jazz et si rien n’est fait, l’événement qui fait la fierté du Sénégal risque de disparaître comme, hélas, de nombreux autres tombés
La 27ème édition du Festival international de jazz de Saint-Louis s’est achevée le 30 avril dernier. Cet événement culturel, devenu incontournable, a regroupé, pendant cinq jours, des milliers de férus d’une musique inventée par les esclaves noirs dans les plantations de canne à sucre de l’Amérique. Chaque année, ses organisateurs s’échinent comme de beaux diables pour honorer le rendez-vous.
Et on se demande toujours par quel miracle ils parviennent à s’en sortir. Entre tensions de trésorerie, désaffection de partenaires historiques et quelques ratés dans l’organisation, ils ressemblent à des équilibristes sur une corde raide. « Un mois avant le lancement, on ne savait toujours pas si le festival allait avoir lieu (…) et à cause de ce flottement, nous avons perdu beaucoup d'artistes pourtant programmés », déplorait d’ailleurs un des membres de l’organisation.
Pourtant, voilà 27 ans que dure le festival ! Mais jusqu’à quand ? Il ne faut pas se voiler la face : une sérieuse menace plane sur le Saint-Louis Jazz et si rien n’est fait, l’événement qui fait la fierté du Sénégal risque de disparaître comme, hélas, de nombreux autres qui ont sombré dans les abysses de l’oubli. Il est bien loin l’âge d’or du festival, entre le milieu des années 1990 et le début des années 2000, lorsque des artistes de renom se bousculaient pour jouer sur la scène de la Place Faidherbe ou dans l’espace de l'ancien entrepôt Peyrissac racheté plus tard par une grande compagnie de téléphonie.
Depuis la première édition, en 1993, sur une idée lumineuse du Centre culturel français de Saint-Louis et du Syndicat d’initiative et de tourisme de la ville, beaucoup d’eau a coulé sous le pont Faidherbe. Les autorités de l’époque tenaient tellement à l’événement qu’il arrivait que l’avion présidentiel soit mis à la disposition des organisateurs pour le transport du matériel et des musiciens invités, car le maigre budget de 50 millions de FCfa suffisait à peine pour faire face aux nombreuses charges.
A l’époque, malgré leurs faibles moyens, les organisateurs mettaient un bus à la disposition de la presse culturelle dakaroise et, cerise sur le gâteau, tous les confrères étaient pris en charge dans les structures hôtelières. Bon nombre de journalistes ont d’ailleurs fait leurs « premières armes » au Saint-Louis Jazz. On y côtoyait de grands noms du jazz et de la world music : Jack DeJohnette, Randy Weston, Elvin Jones, Lucky Peterson, Roy Haines, Herbie Hancock, Liz McComb, Manu Dibango, Gilberto Gil, Joe Zawinul et d’autres encore.
Le duo entre Zawinul, célèbre pianiste du mythique Weather Report, avec le tout jeune chanteur Abdou Guité Seck, alors lead-vocal du Wock, résonne encore dans nos oreilles. Il y avait aussi ce mémorable jam-session entre le percutant tambour-major Doudou Ndiaye Rose et le groupe belge Aka Moon qui avait fait vibrer la scène, sans oublier les envolées du talentueux bassiste camerounais Richard Bona. Non, nous ne sommes pas nostalgiques pour un sou, mais force est de reconnaître que le SaintLouis Jazz n’est plus ce qu’il était. Et ce n’est nullement pas la faute aux organisateurs qui doivent même être encouragés dans leur inlassable effort à la Sisyphe. Aujourd’hui, avec un budget qui avoisine 270 millions qu’on peine à boucler, le festival de jazz de Saint-Louis a besoin d’un nouveau souffle pour repartir sur des bases plus solides. Et ce ne sont pas les quelques subsides octroyés par l’Etat qui lui permettront de surmonter ses écueils. Il faut, bien sûr, saluer l’annonce, par le ministère de la Culture, d’une enveloppe annuelle de 50 millions de FCfa qui sera désormais octroyée à l’événement à partir de 2020. Il faut également se réjouir des 15 millions alloués, cette année, par l’Etat, mais est-ce suffisant pour rendre au Saint-Louis Jazz sa notoriété d’antan ?
Nous ne le pensons pas, d’autant plus que des appétits voraces tournent autour de l’événement à l’image de la sortie inopportune de la Société sénégalaise des droits d'auteurs et droits voisins (Sodav) réclamant aux organisateurs plus de 9 millions de FCfa d’arriérés pour des droits d’auteur qu’ils n’auraient pas payés depuis 2015. On peut bien comprendre cette requête, mais est-ce vraiment le moment de pousser le Festival de jazz dans ses derniers retranchements alors qu’on sait qu’il fait face à des difficultés monstres ? Avec ses 92.000 visiteurs venus d'une trentaine de pays (chiffres de 2018), le Saint-Louis Jazz représente une belle vitrine pour le Sénégal, particulièrement pour son secteur touristique. Il appartient aux organisateurs de faire preuve d’imagination, pour que l’événement soit mieux rentable et puisse se pérenniser, car il ne faut pas tout attendre de l’Etat qui n’a pas toujours vocation de financer des événements privés, même s’ils contribuent à la notoriété du pays. Ils doivent s’inspirer des grands festivals, comme celui de Montréal, lancé en 1980, avec un petit budget de 70.000 dollars canadiens, mais dont les retombées économiques sont, aujourd’hui, estimées à 100 millions de dollars par an !
Avec son budget actuel de 30 millions de dollars (subventions publiques, sponsoring, etc.), ses 3.000 musiciens provenant d’une trentaine de pays et ses 650 concerts, le Festival de jazz de Montréal est devenu une véritable machine qui attire, chaque année, près de deux millions de spectateurs dans ses différents sites en plein air où les concerts sont gratuits. Une partie des bénéfices est tirée des spectacles dans les salles fermées où près de 150.000 personnes s’acquittent d’un billet d’entrée dont le prix varie entre 30 et 150 dollars.
L’événement constitue une véritable manne financière pour le tourisme avec 63 millions de dollars en retombées. Selon les organisateurs, il génère 2.000 emplois directs et fait rentrer des dizaines de millions de dollars d'impôts dans les caisses de l’Etat. Cela en fait l’un des plus grands festivals de musique au monde. Et pourtant, l’aventure a failli s’arrêter en 1986 lorsque les organisateurs ont été lâchés au dernier moment par leur principal sponsor. Comme quoi, la persévérance, ça paie toujours…
PAR Sidy DIOP
DÉMOCRATIE MÉDIATIQUE
La presse est-elle en passe de devenir, au Sénégal, l’instance de légitimation de la politique ? Cette hypermédiatisation de la politique est, bien entendu, décriée par l’opinion qui a l’impression d’être prise en otage par la classe politico-médiatique
La presse est-elle en passe de devenir, au Sénégal, l’instance de légitimation de la politique ? L’attachement quasi-atavique des hommes politiques sénégalais à une présence régulière dans les colonnes de la presse écrite, sur les ondes de la Fm et sur les écrans de télévision incline à répondre par l’affirmative. Le phénomène a tellement pris de l’ampleur ces dernières années qu’une agence de communication de la place avait estimé utile de procéder à un pointage régulier des journaux dakarois et dressait un classement hebdomadaire des hommes politiques les plus médiatiques. Cette hypermédiatisation de la politique est, bien entendu, décriée par de larges franges de l’opinion qui ont l’impression d’être prises en otage par la classe politico-médiatique.
Journalistes et hommes politiques s’inscrivent dans un mouvement de balancier où les uns profitent des petites phrases assassines pour faire « mousser » leurs gros titres et les autres de la capacité d’influence sur l’opinion de ces relais médiatiques pour affiner leur image ou leur offre politique. Aidés par des états-majors dont le rôle de gourous de la stratégie revient souvent à des conseillers en communication, les hommes politiques sont promus, vendus exactement comme on en ferait avec des produits d'entretien. Désormais, la communication a tendance à remplacer l'action. « Parlez de moi, même en mal », suppliait un homme politique qui ne supportait pas de ne jamais figurer sur le baromètre de popularité d’un hebdomadaire de la place. L’action politique est-elle consubstantielle à l’exposition médiatique ? Ou est ce que les seuls plans médias concoctés par des spin doctors suffisent à garantir l’efficacité de l’action politique ? On a reproché à l’opposition, lors de la dernière présidentielle, d’avoir confondu l’espace médiatique au terrain politique ; ce qui, au finish, lui a valu sa déconvenue.
Longtemps, les politiques s'étaient laissé guider par leur intuition, sur la façon de faire campagne, comme sur la façon de gouverner. Puis, les conseillers en communication ont prétendu être les seuls capables de leur fournir les clés et les outils nécessaires pour convaincre l'opinion en investissant… la presse. De fait, la communication est, aujourd’hui, un puissant outil de persuasion politique. Sans communication politique, il n'y a pas un candidat qui puisse prétendre devenir présidentiable. Mais, elle ne fait pas la politique à elle seule. Tout le monde a cru, à tort, que Kennedy avait été élu contre Nixon grâce à la télévision. Ce n'était pas vrai. Au cours de leurs célèbres face-à-face, Nixon semblait confondre la télévision avec la radio ; il parlait sous l'oeil des caméras comme on s'exprime au micro d'une radio, avec des slogans, des phrases toutes faites, apprises par coeur.
Kennedy, lui, semblait hésiter, mais à cause même de ces hésitations, il donnait des gages de sincérité. C'est cette sincérité qui est passée grâce à la télévision. On oublie souvent, sous nos tropiques, que la communication ne parvient pas à façonner entièrement l'opinion. Ainsi, les lecteurs n'apprécient guère que la presse prenne parti à leur place. Ils ont alors une réaction de rejet vis-à-vis des médias, qu'ils soupçonnent de vouloir les manipuler et, du coup, font le contraire de ce que les médias paraissent leur dicter. L'opinion peut se laisser séduire un temps par une image savamment cultivée. Mais, elle finit toujours par juger l'homme politique à ses actes. Et si ce qu'il fait déçoit, son image se brise. L'exposition médiatique ne sert alors plus à rien.
TALLA SYLLA REJOINT L’APR
Le maire de Thiès, Talla Sylla, a annoncé hier son ralliement à l’Alliance pour la République (Apr). Il a expliqué que cette décision est la suite logique de son soutien au Président Macky Sall lors de la présidentielle de février dernier.
«Dans une démarche cohérente avec le soutien apporté au président de la République Macky Sall lors de la présidentielle de février 2019, nous membres de Fal Askan Wi, avons décidé d’intégrer les rangs de l’Alliance pour la République (Apr). Notre combat pour le bien du peuple sera poursuivi désormais au sein de l’Apr». C’est en ces termes que le maire de Thiès a annoncé son ralliement au parti du président de la République, Macky Sall. L’édile de Thiès avait battu campagne pour la coalition « Benno Bokk Yaakaar » lors de la présidentielle. Beaucoup pensaient même qu’il avait négocié un poste. Mais, dans un entretien accordé au « Soleil » le mois dernier, il avait balayé tout cela d’un revers de la main. « Beaucoup ne me connaissent pas et ignorent tout de mes relations avec le président. J’avais volontairement pris mes distances lors du premier mandat dès l’entre-deux-tours. C’est connu. C’est sur la base d’une analyse lucide et réaliste de la situation du Sénégal que j’ai pris la décision publiquement assumée de le soutenir dès 2017», avait déclaré le maire de Thiès. Talla Sylla avait poursuivi : «Je n’ai jamais fait partie d’aucun régime malgré les opportunités réelles. C’est connu également. Il n’y a eu aucune forme de tractations entre le président et moi. Serigne Cheikh Al Maktoum disait : « Xam li xew moo gën bokk ci coow li » (Ndlr : connaître la vérité vaut mieux qu’alimenter les rumeurs). La seule attente consécutive à sa victoire, c’est qu’il poursuive le travail entamé au profit du peuple et que les équipes chargées de l’accompagner soient conscientes des responsabilités qui pèsent sur elles ».
CES SOURCES DU DYSFONCTIONNEMENT ERECTILE
La hausse de la prévalence est associée aux maladies comme le diabète, l’hypertension artérielle, la fatigue, le stress. Ce trouble érectile est au cœur de la fragilisation des couples au Sénégal.
Fara Michel DIEYE et Ndèye Khady MBAYE |
Publication 04/05/2019
Le nombre de personnes affectées par le dysfonctionnement érectile est en augmentation. La hausse de la prévalence est associée aux maladies comme le diabète, l’hypertension artérielle, la fatigue, le stress. Ce trouble érectile est au cœur de la fragilisation des couples au Sénégal.
TROUBLES ERECTILES : Un sujet tabou qui fragilise les couples
L’impuissance sexuelle est encore enveloppée d’un voile de pudeur dans la société sénégalaise. Cette affection fait voler en éclat des couples qui avaient pourtant scellé un pacte pour le meilleur et le pire. Dans cette enquête, des hommes et des femmes, des médecins et des tradipraticiens l’analysent sous différents angles.
Les troubles érectiles constituent un sujet sensible. Pourtant ils sont de plus en plus exposés sur les murs des grandes artères de Dakar. Les guérisseurs revendiquent le pouvoir de restaurer la virilité de l’homme au bonheur du couple. Ils laissent même leur numéro de téléphone sur les affiches. D’autres passent des spots publicitaires dans des radios. Certains sont invités sur les plateaux de télévision pour parler de ce problème. Mais, qu’estce que le dysfonctionnement érectile ? « C’est une incapacité permanente ou répétitive à accomplir un devoir conjugal ou acte sexuel », nous confie un médecin. La perte de la virilité est un drame au sein de la cellule familiale. L’homme n’assume pas une des fonctions de la stabilité de l’union. « L’érection est perçue comme la puissance de l’homme et l’impuissance sexuelle symbolise l’échec », explique Serge Seck, un de nos interlocuteurs. En cette fin de matinée, sur l’avenue Jean Jaurès, le vieux Saër esquive la question avec un sourire. « L’homme qui ne connaît pas de troubles érectiles est souvent plus heureux », a tranché le sage. Les plus jeunes nourrissent moins de complexe pour en parler. Certaines personnes interrogées, comme Tapha, admettent qu’elles ont eu à être confrontées à cette triste réalité. Au-devant de son taxi, libéré par cette réponse, Alpha Cissé, la cinquantaine, avoue lui aussi avoir été victime d’un trouble érectile. Ce moment a été bouleversant, car ce chauffeur venait juste de prendre une deuxième femme. Des soupçons de pratiques mystiques avaient été agités jusqu’à sa guérison. La dame Mantoulaye pense, elle, que « l’homme a besoin de satisfaire sexuellement sa partenaire, car l’important pour lui est avant tout d'être rassuré avant même d'être stimulé (par sa femme) ». Maïmoun Kâ, mariée depuis une vingtaine d’années, ajoute : « des couples se sont brisés à cause de ce problème. L’homme souffre dans son for intérieur parce qu’il a honte ». Comme elle, des femmes interrogées souhaitent que les troubles érectiles soient abordés pour lever des équivoques et, par ricochet, prévenir des malentendus. « Les causes profondes de certains problèmes au sein des ménages ont des rapports avec une insatisfaction sexuelle », affirme Augustin, cadre dans une banque de la place.
La dysfonction érectile touche 20 % des hommes de plus 50 ans
Le nombre de personnes affectées par le dysfonctionnement érectile n’est pas négligeable. « La dysfonction érectile touche environ 20 % des hommes âgés de 50 ans à 59 ans, une proportion augmentant avec l'âge et la survenue de maladies liées à la vieillesse. Il n'en demeure pas moins qu'un homme en bonne santé peut demeurer actif sexuellement toute sa vie », informe l’urologue Mouhammed Jalloh, officiant à l’hôpital général de Grand Yoff. Il dissocie toutefois l’éjaculation précoce du trouble érectile.
AUGMENTATION DES CAS Des liens avec des maladies métaboliques
L’augmentation des cas de troubles érectiles a des rapports avec la hausse des maladies métaboliques comme l’hypertension artérielle et le diabète. C’est l’avis du Dr Ismaël Touré.
La prévalence des dysfonctionnements érectiles gagne du terrain. L’augmentation des cas a un lien avec la hausse des sujets atteints de maladies métaboliques comme l’hypertension artérielle, le diabète, entre autres. C’est l’analyse livrée par le Dr Ismaël Touré qui officie à la polyclinique communautaire Guentaba, sise à la Cité Fadia. « Ces dysfonctionnements peuvent être perçus comme les conséquences des maladies métaboliques. C’est un mal qui ne tue pas, mais qui impacte négativement la qualité de vie de l’individu atteint », renseigne le praticien. Il fait également savoir que les personnes âgées de plus de 40 ans sont les plus touchées. En plus des maladies métaboliques, le médecin indexe les « causes psychologiques pouvant mener à la perte de confiance en soi ». Les patients, rapporte le médecin, ont du mal à parler de leur maladie. Pour lui, les médias qui accordent des temps d’antenne aux guérisseurs n’aident pas les gens à prendre en charge ce problème. Du côté de la femme, le Dr Touré soutient que d’autres infections peuvent l’amener à être insensible aux rapports sexuels. « Chez la femme, on note, des fois, des dyspareunies, des troubles ressentis lors des rapports sexuels. Ce sont des douleurs qui les touchent. Durant les rapports, elles ne ressentent que de la souffrance. Cela peut-être dû à des infections urogénitales non traitées », dit-il. Selon lui, l’ablation partielle ou entière d’un organe général de la femme peut être un autre facteur de risque.
TRAITEMENT Les tradipraticiens très sollicités
La quarantaine, taille moyenne, Waly Barry (nom d’emprunt), est un tradipraticien à ses heures perdues. Très connu aux Parcelles assainies, il est le confident des hommes affectés par l’impuissance sexuelle. Les anecdotes qu’il rapporte peuvent remplir le cahier d’un écolier. Parmi cellesci, il se rappelle de l’histoire d’un homme qui devient impuissant lorsqu’il est avec sa deuxième femme. « Un homme qui venait d’épouser une seconde femme, sur recommandation, est venu me voir. Il m’a expliqué qu’il tombe en panne lorsqu’il passe la nuit chez sa seconde épouse », raconte M. Barry. Selon lui, après lui avoir administré un traitement accompagné de prières, le malade a retrouvé sa forme. Pour le tradipraticien, en cas de dysfonctionnement érectile, l’homme doit « revoir son alimentation ». « Il doit boire des tisanes, car certains médicaments traditionnels aident beaucoup les hommes en renforçant leurs capacités sexuelles », avancetil. Au Marché Gueule Tapée des Parcelles assainies, l’herboriste Sène a lui aussi de fidèles clients qui viennent prendre leur dose de médicaments.
PRISE EN CHARGE MEDICALE La prescription des spécialistes
Les dysfonctionnements érectiles sont pris en charge sur le plan médical. Le médecin peut prescrire des médicaments inducteurs d’érection comme le Viagra, Levitra. Ces produits contribuent à la restauration de la confiance. « On invite parfois la femme à la psychothérapie ou à la thérapie sexuelle ; ce qui n’est pas médicamenteux. Car chez les femmes, on peut penser que les difficultés d'érection masculine sont liées à une baisse de désir. C’est dans le couple que tout se passe, ce n’est pas l’individu pris isolément. Mais, on a des médicaments efficaces », rappelle l’urologue Mouhammed Jalloh. Pour lui, il faut choisir le bon moment pour administrer les médicaments. En plus des comprimés inducteurs, la médecine moderne autorise le recours à des injections intracaverneuses dans la verge pour provoquer l’érection. « Ceux qui présentent ces troubles doivent prendre ces injections. Quand on dépasse le stade des injections, nous avons des pompes vacuum. Leur rôle est de créer un appel de sang et cela provoque une érection fonctionnelle durant 30 minutes », détaille Dr Jalloh. Il ajoute que « la dernière étape, ce sont les prothèses péniennes, c’estàdire on insère chirurgicalement dans la verge un appareil gonflable. Il est muni d’un bouton qui crée l’érection lorsqu’il est actionné ».
«DE NOS JOURS, C’EST INAPPROPRIE DE PARLER D’IMPUISSANCE SEXUELLE»
Le chirurgienurologue Mouhammed Jalloh, de l’Hôpital général de Grand Yoff, préfère parler de dysfonctionnement érectile plutôt que d’impuissance sexuelle.
Fara Michel DIEYE et Ndèye Khady MBAYE |
Publication 04/05/2019
Le chirurgienurologue Mouhammed Jalloh, de l’Hôpital général de Grand Yoff, préfère parler de dysfonctionnement érectile plutôt que d’impuissance sexuelle. Il fonde son argument sur l’existence de méthodes modernes de prise en charge de ces troubles qui peuvent être liés aux maladies comme le diabète, l’hypertension artérielle ou encore le stress et la fatigue.
Pouvez-vous définir les troubles érectiles ?
On parle souvent de troubles érectiles. Mais, il y a le dysfonctionnement érectile et les éjaculations précoces qui sont deux choses différentes. Je dois préciser que le dysfonctionnement érectile, c’est l’impossibilité d’avoir une érection satisfaisante pour une relation sexuelle normale. Tout cela nous ramène à parler de l’érection qui coïncide avec la période d’engorgement de la verge de sang. C’est aussi le moment où tous les espaces vides de la verge sont comblés de rigidité qui doit durer suffisamment pour permettre d’accomplir l’acte sexuel. Toutefois, nous parlons de dysfonction érectile lorsque cette rigidité s’interrompt brusquement avant l’orgasme, c’estàdire lorsqu’on a une difficulté à obtenir et à maintenir l’érection jusqu’à l’orgasme. Elle ne doit pas être confondue avec la panne d'érection isolée ou occasionnelle qui, bien que souvent vécue de manière gênante et banale, peut se produire chez n’importe quel homme en bonne santé physique et psychique. La grande majorité des hommes peut connaître, un jour ou l'autre, de telles périodes sans que leur vie ou celle de leur partenaire ne soit perturbée.
Vous avez parlé de deux types de dysfonctionnement érectile. Pouvez-vous fournir plus de détails ?
Le dysfonctionnement érectile est une chose qui peut arriver à toutes les tranches d’âge. Nous avons un dysfonctionnement érectile fonctionnel et un dysfonctionnement érectile organique. Lorsque c’est fonctionnel, l’homme se réveille avec une érection ou alors il a une bonne érection qu’il perd au moment de l’accouplement. C’est dans ce cas que nous pouvons évoquer le stress, la fatigue, entre autres facteurs. En général, il n’y a pas de sexe fort. Tous les sexes sont faibles. On ne peut pas avoir d’érection si les muscles qui sont dans la verge ne sont pas relâchés. Et c’est lorsqu’ils sont relâchés qu’ils permettent l’afflux de sang. Ce n’est pas un problème d’action, c’est un problème de détente.
Qu’en est-il du dysfonctionnement organique ?
Pour une bonne érection, il faut que les muscles soient souples et aient de bons vaisseaux sanguins qui irriguent la verge. Mais, il faut que tout cela soit coordonné. Il faudra de bons nerfs qui commandent l’arrivée du sang et des muscles qui se referment pour empêcher le retour. Un homme diabétique peut avoir des problèmes nerveux alors que celui qui est hypertendu peut avoir des lésions au niveau des vaisseaux. Je dois dire que nous pouvons également observer ces lésions chez des personnes obèses ou qui ont des problèmes neurologiques ou victimes d’Avc. En somme, le risque est plus élevé chez les personnes âgées de plus de 40 ans. Avant, on parlait d’impuissance, mais c’est un terme inapproprié. De nos jours, ceux qui ont des problèmes d’organes peuvent utiliser une prothèse et avoir une érection. C’est pour cela que l’on parle actuellement de dysfonctionnement érectile et non d’impuissance sexuelle.
A partir de quand faut-il s'inquiéter ?
Il faut s’inquiéter lorsque c’est organique. Les maladies chroniques comme le diabète, l’hypertension artérielle, les troubles neurologiques, le tabagisme, l’obésité sont des facteurs de risques de troubles érectiles. En fait, un véritable trouble du désir est diagnostiqué lorsque la baisse de libido survient sans raison apparente et persiste dans le temps. Les facteurs de la dysfonction érectile peuvent aussi altérer le goût pour l'activité sexuelle. D’autres facteurs sont sans doute en cause. Il s’agit de la génétique, de l’hypersensibilité du gland du pénis, de l’anxiété reliée à la performance sexuelle ou des difficultés relationnelles.
Est-ce que vous recevez de plus en plus des jeunes qui en souffrent ?
Oui ! Nous recevons des jeunes qui n’ont pas d’aventures sexuelles. Les jeunes célibataires ont, eux aussi, des problèmes d’érection. Dans le couple, ce cercle vicieux peut aggraver le dysfonctionnement érectile, car l’homme va se sentir sous-estimé. Le jeune homme peut avoir des problèmes d’érection, le plus souvent fonctionnels. Il peut être habité par une psychose, il peut se poser des questions suivantes : « Est-ce que je vais y arriver ? Est-ce que je suis à la hauteur ? »
LA NOIX DE CAJOU, UNE ALTERNATIVE A L’EMIGRATION CLANDESTINE
La filière anacarde constitue une alternative au trafic illicite de bois et à l’émigration clandestine des jeunes vers l’Europe.
Le président du Collège des producteurs de noix de cajou de la région de Kolda, Abdou Rahim Diallo, demande aux populations de valoriser les vastes étendues de terres en plantant des variétés améliorées d’anacarde pour mettre fin à la déforestation et à l’exode des jeunes..
La filière anacarde constitue une alternative au trafic illicite de bois et à l’émigration clandestine des jeunes vers l’Europe. C’est la conviction d’Abdou Rahim Diallo, président du Collège des producteurs de noix de cajou de la région de Kolda. Il appelle à une sensibilisation des paysans sur la façon d’exploiter l’espace. Il les exhorte ainsi à se lancer dans la plantation de l’anacarde en y associant d’autres variétés de culture comme l’arachide de bouche et le maïs pour la première année, mais aussi le niébé, le sésame et le bissap pour une diversification de la production et la valorisation des vastes étendues de terres inexploitées.
Dans ce sens, les partenaires sont invités à accompagner les populations rurales dans la formation pour les aider à acquérir une culture de reboisement et d’entretien des sols afin de pouvoir se lancer dans l’agroforesterie. Celle-ci pourrait aider les jeunes à trouver des sources de revenus leur permettant de rester, de travailler et de réussir chez eux.
Ainsi, cela favorisera la baisse de la pression exercée sur les ressources forestières, l’exode rural et l’émigration clandestine des jeunes. «Pendant que les gens sont en train de couper frauduleusement le bois dans le département de Médina Yoro Foulah, il faudrait qu’il y ait une politique de reboisement massif de ces forêts par la plantation des variétés qui ont des valeurs ajoutées comme la noix de cajou et faire en sorte que les paysans s’adonnent à cette activité. Pour ce faire, il faudra mettre en place un projet d’une grande envergure qui prendra en charge l’ensemble des appuis nécessaires sur le plan de l’encadrement et du soutien en petits matériels et en équipement des populations pour doper la production de la noix de cajou dans la région de Kolda », suggère Abdou Rahim Diallo, qui sollicite le soutien de l’Etat et des partenaires pour la réalisation de ce projet. Le Collège des producteurs de noix de cajou de Kolda prévoit un vaste programme de reboisement de l’anacarde avec l’appui de ses partenaires par la mise en place des pépinières aux variétés améliorées.
Ces dernières commenceront à produire trois ans seulement après leur plantation. Le choix de ces variétés, s’expliquant aussi par leur rendement considérable, contribuera à doper la production régionale de cajou qui dépassera, cette année, les 5 000 tonnes.
Par Moussa TAYE
LA DÉMOCRATIE À L’ÉPREUVE DE MACKY
Le président ne respecte rien ni personne - Il n’a pas de code d’honneur - C’est à croire que les contestations qui ont jalonné le processus électoral et qui ont abouti à sa « non reconnaissance » par l’opposition plombent son élan
L’heure est grave. Mais, plus grave encore est le silence pesant qui plane sur notre pays. En effet, depuis la fin de l’élection présidentielle, le Sénégal est plongé dans une situation politique et sociale assez inédite.
Le président de la république adopte une posture inquiétante. Jadis d’une gênante arrogance, il continue dans cette voie en dégageant morgue et suffisance au moment où l’on pensait (naïvement peut-être) qu’il se comporterait en gentleman. Mais, autant l’avouer de suite, la grandeur d’esprit est la marque des grands seigneurs mais n’est pas grand seigneur qui veut.
En réalité, Macky Sall ne respecte rien ni personne. Il n’a pas de code d’honneur. Il n’a pas de repères signifiants. C’est à croire que les contestations qui ont jalonné le processus électoral et qui ont abouti à sa « non reconnaissance » par l’opposition plombent son élan et le poussent dans ses derniers retranchements. Il a entrepris, seul, contre toute attente, des réformes qui s’avèrent dangereuses pour la stabilité politique et sociale du pays. Ces réformes portées par le très féal premier ministre prouvent que le président Sall est dans une logique autoritariste sans commune mesure.
Comment, en effet, un président sortant peut-il concevoir une réforme qui « hypertrophie » son pouvoir ? L’ultra présidentialisme qui découle de cette réforme ne sied pas à une démocratie qui naturellement, devrait connaitre une alternance en 2024. La concentration des pouvoirs entre les mains du Chef de l’Etat au sens jacobin entraine à coup sûr une confusion pire que sous Vichy. Les partisans du chef sont déboussolés, désabusés. Ils sont devenus moins bavards parce que se sentant exclus du champ de la gouvernance.
Les alliés « historiques » confondus dans la logique du « gagner ensemble, gouverner ensemble » sont dans leurs étroites semelles. Quoi de plus frustrant que de voir le mépris affiché par le chef d’une coalition à laquelle on tient comme à la prunelle de ses yeux. Moustapha Niasse, dans un ultime baroud d’honneur, a essayé de faire croire, maladroitement, à une concertation sur le projet de réforme. Mais, ce n’est pas vrai. Il cherche tout simplement à se donner bonne conscience et à rendre la pilule moins amère. Pendant ce temps, les honorables Députés du chef déshonorent encore leur position sur fond de billets de Mecque et d’espèces sonnantes. Cette majorité robotique d’une docilité déconcertante vote tout avec en prime des salves d’applaudissements.
A coup sûr, elle voterait même pour sa propre destitution comme ce burlesque Pm pressé d’en finir avec cette réforme qui va l’humilier, lui le Pm qu’il faut « guillotiner » pour… incompétence ou incommodité. Toute cette horde de laudateurs adopte la posture des mendiants des faveurs : têtes baissées, yeux fermés, motus et bouche cousue. Il faut aussi se désoler et déplorer cette sorte de démission collective de l’opposition et d’une partie de la société civile. Faut-il rappeler que le temps électoral est dans le temps politique. Parce que l’élection est une parenthèse dans la vie politique. Nous avons choisi de faire de la politique.
L’activité doit être continue et pérenne quels que soient les soubresauts et les vicissitudes. Nous n’avons pas le droit de baisser les bras Au contraire, nous devons nous relever rapidement pour faire face à cette situation. Nous devons continuer le combat pour la libération de Khalifa Sall, le retour de Karim Wade, la réforme du processus électoral, l’amélioration des conditions de vie des travailleurs, l’amélioration des conditions d’études des étudiants, l’accès aux services sociaux, le soutien au monde rural …Oui, il y a de la matière. Il faut enfin s’adresser au Peuple.
Penser que les hommes politiques s’adonnent à « une bataille de singes » ou qu’il s’agit de « querelles entre politiciens » est la pire des analyses. La stabilité voire la survie de notre jeune Nation dépend pour beaucoup de la posture de Macky Sall. Il faut une conjugaison des forces sociales et citoyennes pour barrer la route à cet empereur des temps modernes qui gouverne par la terreur en tenant entre ses mains périssables tous les pouvoirs. Macky Sall ne mérite pas notre confiance. Il doit être combattu. Au nom de l’idéal démocratique.
LES PARENTS D’ELEVES DENONCENT UNE MESURE DISCRIMINATOIRE
Les parents d’élèves de l’institution Sainte Jeanne d’Arc (Isja) dénoncent avec la dernière énergie la décision de l’établissement d’interdire aux élèves le port du voile, à partir de la rentrée de septembre prochain.
Suite à l’interdiction du port du voile à l’institution Sainte Jeanne d’Arc, les parents d’élèves ont organisé, ce vendredi, une conférence de presse pour se prononcer sur cette mesure. Avec un effectif composé de 90 % d’élèves musulmans, les parents jugent ce nouveau règlement discriminatoire et inopportun.
Les parents d’élèves de l’institution Sainte Jeanne d’Arc (Isja) dénoncent avec la dernière énergie la décision de l’établissement d’interdire aux élèves le port du voile, à partir de la rentrée de septembre prochain.
Face à la presse hier, ils ont vivement critiqué ce nouveau règlement et demandé qu’il soit retiré. Au cas contraire, ils n’écartent pas de saisir la justice pour que la loi soit appliquée. Les parents d’élèves dénoncent également le fait que ce règlement soit pris unilatéralement par la nouvelle proviseure, sans les consulter au préalable. Ils ont été, disent-ils, avisé par un email de l’établissement indiquant que : ‘’Dans le cadre actuel de la relecture générale de sa mission et du projet éducatif, Jeanne d’Arc a décidé de statuer sur la tenue qui sera autorisée aux élèves. Celle-ci se composera, à partir de la rentrée de septembre, de l’uniforme habituelle avec une tête découverte, aussi bien pour les filles que pour les garçons.’’ Ce nouveau règlement montre ainsi que le port du voile sera désormais interdit aux élèves. Ce que les parents ne sont pas prêts à accepter. ‘’Nous allons nous battre pour défendre l’intérêt de nos enfants, sans aucune discrimination, sous aucune forme qu’elle soit. On ne change pas les règles du jeu en cours de match. Ils auraient dû analyser tout ça. Une telle décision ne se prend pas à la légère. Ils auraient dû nous parler de cette tenue vestimentaire, recueillir nos avis pour voir comment on pourrait faire pour marcher tous ensemble’’, regrette Mme Daroussa Véronique Sèye, Présidente de l’Association des parents élèves (Ape).
Dans leurs revendications, les parents réclamaient que l’école accorde une dérogation de trois ans pour que les élèves inscrites en classe de seconde puissent continuer dans l’établissement jusqu’à l’obtention du Bac. Mais, avec le refus de l’établissement, disent-ils, de privilégier le dialogue, ils ont décidé de durcir le ton et demandent que la décision soit tout simplement retirée. Au cas contraire, les parents comptent saisir la justice pour que la loi soit appliquée. ‘’On demande que la décision soit retirée et que l’école prenne sa responsabilité et qu’elle puisse accompagner tous les enfants inscrits à l’institution jusqu’à la classe de terminale. Sinon, nous allons saisir la justice pour que la loi soit appliquée’’, déclare des apart Mme Sahiloun Lobbena, Présidente de la commission Ecole pour tous.
En outre, les parents ont tenu à préciser que les gens ne doivent pas considérer cette affaire comme un problème entre chrétiens et musulmans. C’est plutôt un problème d’une décision que l’établissement veut appliquer sans arguments valables et sans tenir compte de l’avis des parents. ‘’Je suis catholique et je désapprouve cette décision. On est tenu de respecter la confession de tout un chacun. Les enfants portent des voiles avec les couleurs de l’institution, c’est-à-dire en bleu et blanc, et en aucun cas elles n’ont manqué de respect à personne.
Cette décision est discriminatoire. Et c’est ce que nous reprochons à la congrégation’’, précise la présidence de l’Ape de Jeanne d’Arc. ‘’La burqa est interdite, mais tout le reste n’est pas interdit. D’où vient cette idée d’interdire le voile ? Qui veut l’interdire ? Qu’est-ce-qui se passe derrière cette idée et qu’est ce qu’on nous prépare ? Nous sommes outrés, parce que la laïcité veut qu’on s’habille de manière descente. Le voile n’est pas indécent, car les bonnes sœurs le porte. Est-ce que c’est seulement les musulmanes qui portent le voile qu’on veut interdire ?
La loi ne l’interdit pas. Pourquoi eux veulent l’interdire ? Nous voulons savoir qu’est-ce qui se passe, car depuis la création de Jeanne d’Arc, les filles voilées y étudient et pourquoi, aujourd’hui, ils veulent l’interdire ? Où veut-on en venir ? Ce qui se passe en France ne peut pas se faire au Sénégal’’, s’insurge une autre parent d’élèves sous l’anonymat. Déterminée à aller jusqu’au bout pour obtenir gain de cause, l’Association des parents d’élèves annonce qu’elle va convoquer en réunion, le mardi prochain, le comité élargi qui réunit tous les parents d’élèves, pour donner suite à la situation.
DOUDOU WADE LIVRE LES FAILLES DE L’ARTICLE 103
Selon l'ancien patron des Libéraux au parlement, la Constitution sénégalaise est l’une des constitutions les plus faciles à réviser dans le monde
Dans l’ancienne version de la loi fondamentale (encore en vigueur), le Premier ministre pouvait également proposer au président de la République une telle révision. ‘’Le projet ou la proposition de révision de la Constitution est adopté par l’Assemblée nationale selon la procédure prévue à l’article 71 de la présente Constitution. La révision est définitive après avoir été approuvée par référendum’’, dispose l’alinéa 3 dudit article. Ce qui signifie que la voie référendaire est le principe, celle de la révision parlementaire l’exception. Après être passé, en 2016, par la première voie pour changer certaines dispositions constitutionnelles, cette fois-ci, le gouvernement n’a pas jugé utile de le faire.
La loi précise que dans le cas où le président de la République décide de passer par voie parlementaire, ‘’le projet ou la proposition n’est approuvé que s’il réunit la majorité des trois cinquièmes (3/5) des suffrages exprimés’’. C’est ce qui ressort de l’article 103 alinéa 5. Et c’est justement là que le bât blesse, d’après l’ancien député libéral Doudou Wade.
A l’en croire, telle que la disposition est libellée, la Constitution sénégalaise est l’une des constitutions les plus faciles à réviser dans le monde. En effet, souligne l’ancien parlementaire, c’est en 2012 qu’une bourde a été commise par le régime actuel dans la rédaction de la charte fondamentale. ‘’Dans une précipitation et une impréparation’’, ce régime, selon lui, avait décidé de supprimer le Sénat sans en tirer les conséquences dans la rédaction de l’article 103. Pour Doudou Wade, auparavant, au Sénégal, à chaque fois qu’il y a eu bicaméralisme (Assemblée nationale et Sénat), le constitutionnaliste, pour la révision par voie parlementaire, a opté pour ‘’une majorité des 3/5 des suffrages exprimés’’.
Toutefois, à chaque fois que le bicaméralisme a été remplacé par le monocaméralisme (Assemblée nationale seulement), le constitutionnaliste changeait systématiquement la disposition en fixant ‘’une majorité des 3/5 de l’Assemblée nationale’’ et non plus des suffrages exprimés. Il cite les lois constitutionnelles du 24 janvier 1959, 26 aout 1960, 7 mars 1963 et du 23 juin 2001. Toutes instaurant un monocaméralisme. Seules les lois constitutionnelles du 2 mars 1998 et du 12 février 2007, qui avaient la particularité d’instaurer le Sénat, avaient pu changer la donne. Il explique : ‘’C’est parce qu’en pareil cas, il y a déjà suffisamment de verrous. La loi devant passer par les deux chambres qui l’examinent séparément avant de se réunir en congrès.’’
Poussant la réflexion plus loin, l’ancien président du groupe parlementaire libéral demande : ‘’Devons nous laisser le président prendre des dispositions aussi importantes (comme faire supprimer le poste de Premier ministre) avec une possibilité d’approbation du projet de loi de révision constitutionnelle par 4 députés sur 6 ?’’ Pour lui, il est temps de réparer cette anomalie. Si on en revenait à l’orthodoxie, il faudrait, sur une Assemblée de 165 députés, au minimum 99 voix pour faire passer une pareille révision. Ce, quel que soit le nombre de suffrages exprimé.
LES CABINETS D’INSTRUCTION EN CHIFFRES
C’est une lapalissade que de dire que les cabinets d’instruction croulent sous le poids des dossiers. La preuve, en France, si le ratio est de 30 dossiers par magistrat instructeur, au Sénégal, il est de 100, d’après Me Bamba Cissé.
C’était hier, lors des journées scientifiques de l’Union des magistrats sénégalais (Ums). Et selon la présentation faite par le juge Cheikh Bâ, au total, 3 225 dossiers dorment dans les 10 cabinets d’instruction du tribunal de grande instance de Dakar. Rien que pour le premier cabinet, il y a 414 dossiers au premier trimestre 2019 et 91 détenus à la même période. L’inculpé le plus ancien est mis sous mandat de dépôt depuis le 12 décembre 2011, pour une affaire criminelle.
Selon le magistrat instructeur, le deuxième cabinet compte 374 dossiers, à la date du 9 avril 2019. Le nombre de détenus s’élève à 76, au 12 avril dernier. Le détenu le plus ancien est écroué depuis juin 2017, pour des affaires criminelles. Le 3e cabinet totalise 394 dossiers à la date, avec 107 détenus dont le plus ancien est inculpé depuis novembre 2016. Parmi les 107 détenus, renseigne le juge Bâ, ‘’il y a 40 délégations judicaires et 2 demandes d’extradition dont l’un devrait être extradé vers la France, mais le Sénégal refuse de supporter les frais’’. Le 4e cabinet en charge des mineurs, 222 dossiers mettant en cause 105 détenus avec 87 personnes majeures sont dénombrés. Aux 5e, 6e et 7e cabinets, il y a respectivement 245, 375 et 371 dossiers contre 331 pour le 8e et 248 pour le 9e. En revanche, pour le 10e cabinet, le décompte remonte au 18 mars 2018. Il a en charge 251 dossiers.