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28 juillet 2025
CES SOURCES DU DYSFONCTIONNEMENT ERECTILE
La hausse de la prévalence est associée aux maladies comme le diabète, l’hypertension artérielle, la fatigue, le stress. Ce trouble érectile est au cœur de la fragilisation des couples au Sénégal.
Fara Michel DIEYE et Ndèye Khady MBAYE |
Publication 04/05/2019
Le nombre de personnes affectées par le dysfonctionnement érectile est en augmentation. La hausse de la prévalence est associée aux maladies comme le diabète, l’hypertension artérielle, la fatigue, le stress. Ce trouble érectile est au cœur de la fragilisation des couples au Sénégal.
TROUBLES ERECTILES : Un sujet tabou qui fragilise les couples
L’impuissance sexuelle est encore enveloppée d’un voile de pudeur dans la société sénégalaise. Cette affection fait voler en éclat des couples qui avaient pourtant scellé un pacte pour le meilleur et le pire. Dans cette enquête, des hommes et des femmes, des médecins et des tradipraticiens l’analysent sous différents angles.
Les troubles érectiles constituent un sujet sensible. Pourtant ils sont de plus en plus exposés sur les murs des grandes artères de Dakar. Les guérisseurs revendiquent le pouvoir de restaurer la virilité de l’homme au bonheur du couple. Ils laissent même leur numéro de téléphone sur les affiches. D’autres passent des spots publicitaires dans des radios. Certains sont invités sur les plateaux de télévision pour parler de ce problème. Mais, qu’estce que le dysfonctionnement érectile ? « C’est une incapacité permanente ou répétitive à accomplir un devoir conjugal ou acte sexuel », nous confie un médecin. La perte de la virilité est un drame au sein de la cellule familiale. L’homme n’assume pas une des fonctions de la stabilité de l’union. « L’érection est perçue comme la puissance de l’homme et l’impuissance sexuelle symbolise l’échec », explique Serge Seck, un de nos interlocuteurs. En cette fin de matinée, sur l’avenue Jean Jaurès, le vieux Saër esquive la question avec un sourire. « L’homme qui ne connaît pas de troubles érectiles est souvent plus heureux », a tranché le sage. Les plus jeunes nourrissent moins de complexe pour en parler. Certaines personnes interrogées, comme Tapha, admettent qu’elles ont eu à être confrontées à cette triste réalité. Au-devant de son taxi, libéré par cette réponse, Alpha Cissé, la cinquantaine, avoue lui aussi avoir été victime d’un trouble érectile. Ce moment a été bouleversant, car ce chauffeur venait juste de prendre une deuxième femme. Des soupçons de pratiques mystiques avaient été agités jusqu’à sa guérison. La dame Mantoulaye pense, elle, que « l’homme a besoin de satisfaire sexuellement sa partenaire, car l’important pour lui est avant tout d'être rassuré avant même d'être stimulé (par sa femme) ». Maïmoun Kâ, mariée depuis une vingtaine d’années, ajoute : « des couples se sont brisés à cause de ce problème. L’homme souffre dans son for intérieur parce qu’il a honte ». Comme elle, des femmes interrogées souhaitent que les troubles érectiles soient abordés pour lever des équivoques et, par ricochet, prévenir des malentendus. « Les causes profondes de certains problèmes au sein des ménages ont des rapports avec une insatisfaction sexuelle », affirme Augustin, cadre dans une banque de la place.
La dysfonction érectile touche 20 % des hommes de plus 50 ans
Le nombre de personnes affectées par le dysfonctionnement érectile n’est pas négligeable. « La dysfonction érectile touche environ 20 % des hommes âgés de 50 ans à 59 ans, une proportion augmentant avec l'âge et la survenue de maladies liées à la vieillesse. Il n'en demeure pas moins qu'un homme en bonne santé peut demeurer actif sexuellement toute sa vie », informe l’urologue Mouhammed Jalloh, officiant à l’hôpital général de Grand Yoff. Il dissocie toutefois l’éjaculation précoce du trouble érectile.
AUGMENTATION DES CAS Des liens avec des maladies métaboliques
L’augmentation des cas de troubles érectiles a des rapports avec la hausse des maladies métaboliques comme l’hypertension artérielle et le diabète. C’est l’avis du Dr Ismaël Touré.
La prévalence des dysfonctionnements érectiles gagne du terrain. L’augmentation des cas a un lien avec la hausse des sujets atteints de maladies métaboliques comme l’hypertension artérielle, le diabète, entre autres. C’est l’analyse livrée par le Dr Ismaël Touré qui officie à la polyclinique communautaire Guentaba, sise à la Cité Fadia. « Ces dysfonctionnements peuvent être perçus comme les conséquences des maladies métaboliques. C’est un mal qui ne tue pas, mais qui impacte négativement la qualité de vie de l’individu atteint », renseigne le praticien. Il fait également savoir que les personnes âgées de plus de 40 ans sont les plus touchées. En plus des maladies métaboliques, le médecin indexe les « causes psychologiques pouvant mener à la perte de confiance en soi ». Les patients, rapporte le médecin, ont du mal à parler de leur maladie. Pour lui, les médias qui accordent des temps d’antenne aux guérisseurs n’aident pas les gens à prendre en charge ce problème. Du côté de la femme, le Dr Touré soutient que d’autres infections peuvent l’amener à être insensible aux rapports sexuels. « Chez la femme, on note, des fois, des dyspareunies, des troubles ressentis lors des rapports sexuels. Ce sont des douleurs qui les touchent. Durant les rapports, elles ne ressentent que de la souffrance. Cela peut-être dû à des infections urogénitales non traitées », dit-il. Selon lui, l’ablation partielle ou entière d’un organe général de la femme peut être un autre facteur de risque.
TRAITEMENT Les tradipraticiens très sollicités
La quarantaine, taille moyenne, Waly Barry (nom d’emprunt), est un tradipraticien à ses heures perdues. Très connu aux Parcelles assainies, il est le confident des hommes affectés par l’impuissance sexuelle. Les anecdotes qu’il rapporte peuvent remplir le cahier d’un écolier. Parmi cellesci, il se rappelle de l’histoire d’un homme qui devient impuissant lorsqu’il est avec sa deuxième femme. « Un homme qui venait d’épouser une seconde femme, sur recommandation, est venu me voir. Il m’a expliqué qu’il tombe en panne lorsqu’il passe la nuit chez sa seconde épouse », raconte M. Barry. Selon lui, après lui avoir administré un traitement accompagné de prières, le malade a retrouvé sa forme. Pour le tradipraticien, en cas de dysfonctionnement érectile, l’homme doit « revoir son alimentation ». « Il doit boire des tisanes, car certains médicaments traditionnels aident beaucoup les hommes en renforçant leurs capacités sexuelles », avancetil. Au Marché Gueule Tapée des Parcelles assainies, l’herboriste Sène a lui aussi de fidèles clients qui viennent prendre leur dose de médicaments.
PRISE EN CHARGE MEDICALE La prescription des spécialistes
Les dysfonctionnements érectiles sont pris en charge sur le plan médical. Le médecin peut prescrire des médicaments inducteurs d’érection comme le Viagra, Levitra. Ces produits contribuent à la restauration de la confiance. « On invite parfois la femme à la psychothérapie ou à la thérapie sexuelle ; ce qui n’est pas médicamenteux. Car chez les femmes, on peut penser que les difficultés d'érection masculine sont liées à une baisse de désir. C’est dans le couple que tout se passe, ce n’est pas l’individu pris isolément. Mais, on a des médicaments efficaces », rappelle l’urologue Mouhammed Jalloh. Pour lui, il faut choisir le bon moment pour administrer les médicaments. En plus des comprimés inducteurs, la médecine moderne autorise le recours à des injections intracaverneuses dans la verge pour provoquer l’érection. « Ceux qui présentent ces troubles doivent prendre ces injections. Quand on dépasse le stade des injections, nous avons des pompes vacuum. Leur rôle est de créer un appel de sang et cela provoque une érection fonctionnelle durant 30 minutes », détaille Dr Jalloh. Il ajoute que « la dernière étape, ce sont les prothèses péniennes, c’estàdire on insère chirurgicalement dans la verge un appareil gonflable. Il est muni d’un bouton qui crée l’érection lorsqu’il est actionné ».
«DE NOS JOURS, C’EST INAPPROPRIE DE PARLER D’IMPUISSANCE SEXUELLE»
Le chirurgienurologue Mouhammed Jalloh, de l’Hôpital général de Grand Yoff, préfère parler de dysfonctionnement érectile plutôt que d’impuissance sexuelle.
Fara Michel DIEYE et Ndèye Khady MBAYE |
Publication 04/05/2019
Le chirurgienurologue Mouhammed Jalloh, de l’Hôpital général de Grand Yoff, préfère parler de dysfonctionnement érectile plutôt que d’impuissance sexuelle. Il fonde son argument sur l’existence de méthodes modernes de prise en charge de ces troubles qui peuvent être liés aux maladies comme le diabète, l’hypertension artérielle ou encore le stress et la fatigue.
Pouvez-vous définir les troubles érectiles ?
On parle souvent de troubles érectiles. Mais, il y a le dysfonctionnement érectile et les éjaculations précoces qui sont deux choses différentes. Je dois préciser que le dysfonctionnement érectile, c’est l’impossibilité d’avoir une érection satisfaisante pour une relation sexuelle normale. Tout cela nous ramène à parler de l’érection qui coïncide avec la période d’engorgement de la verge de sang. C’est aussi le moment où tous les espaces vides de la verge sont comblés de rigidité qui doit durer suffisamment pour permettre d’accomplir l’acte sexuel. Toutefois, nous parlons de dysfonction érectile lorsque cette rigidité s’interrompt brusquement avant l’orgasme, c’estàdire lorsqu’on a une difficulté à obtenir et à maintenir l’érection jusqu’à l’orgasme. Elle ne doit pas être confondue avec la panne d'érection isolée ou occasionnelle qui, bien que souvent vécue de manière gênante et banale, peut se produire chez n’importe quel homme en bonne santé physique et psychique. La grande majorité des hommes peut connaître, un jour ou l'autre, de telles périodes sans que leur vie ou celle de leur partenaire ne soit perturbée.
Vous avez parlé de deux types de dysfonctionnement érectile. Pouvez-vous fournir plus de détails ?
Le dysfonctionnement érectile est une chose qui peut arriver à toutes les tranches d’âge. Nous avons un dysfonctionnement érectile fonctionnel et un dysfonctionnement érectile organique. Lorsque c’est fonctionnel, l’homme se réveille avec une érection ou alors il a une bonne érection qu’il perd au moment de l’accouplement. C’est dans ce cas que nous pouvons évoquer le stress, la fatigue, entre autres facteurs. En général, il n’y a pas de sexe fort. Tous les sexes sont faibles. On ne peut pas avoir d’érection si les muscles qui sont dans la verge ne sont pas relâchés. Et c’est lorsqu’ils sont relâchés qu’ils permettent l’afflux de sang. Ce n’est pas un problème d’action, c’est un problème de détente.
Qu’en est-il du dysfonctionnement organique ?
Pour une bonne érection, il faut que les muscles soient souples et aient de bons vaisseaux sanguins qui irriguent la verge. Mais, il faut que tout cela soit coordonné. Il faudra de bons nerfs qui commandent l’arrivée du sang et des muscles qui se referment pour empêcher le retour. Un homme diabétique peut avoir des problèmes nerveux alors que celui qui est hypertendu peut avoir des lésions au niveau des vaisseaux. Je dois dire que nous pouvons également observer ces lésions chez des personnes obèses ou qui ont des problèmes neurologiques ou victimes d’Avc. En somme, le risque est plus élevé chez les personnes âgées de plus de 40 ans. Avant, on parlait d’impuissance, mais c’est un terme inapproprié. De nos jours, ceux qui ont des problèmes d’organes peuvent utiliser une prothèse et avoir une érection. C’est pour cela que l’on parle actuellement de dysfonctionnement érectile et non d’impuissance sexuelle.
A partir de quand faut-il s'inquiéter ?
Il faut s’inquiéter lorsque c’est organique. Les maladies chroniques comme le diabète, l’hypertension artérielle, les troubles neurologiques, le tabagisme, l’obésité sont des facteurs de risques de troubles érectiles. En fait, un véritable trouble du désir est diagnostiqué lorsque la baisse de libido survient sans raison apparente et persiste dans le temps. Les facteurs de la dysfonction érectile peuvent aussi altérer le goût pour l'activité sexuelle. D’autres facteurs sont sans doute en cause. Il s’agit de la génétique, de l’hypersensibilité du gland du pénis, de l’anxiété reliée à la performance sexuelle ou des difficultés relationnelles.
Est-ce que vous recevez de plus en plus des jeunes qui en souffrent ?
Oui ! Nous recevons des jeunes qui n’ont pas d’aventures sexuelles. Les jeunes célibataires ont, eux aussi, des problèmes d’érection. Dans le couple, ce cercle vicieux peut aggraver le dysfonctionnement érectile, car l’homme va se sentir sous-estimé. Le jeune homme peut avoir des problèmes d’érection, le plus souvent fonctionnels. Il peut être habité par une psychose, il peut se poser des questions suivantes : « Est-ce que je vais y arriver ? Est-ce que je suis à la hauteur ? »
LA NOIX DE CAJOU, UNE ALTERNATIVE A L’EMIGRATION CLANDESTINE
La filière anacarde constitue une alternative au trafic illicite de bois et à l’émigration clandestine des jeunes vers l’Europe.
Le président du Collège des producteurs de noix de cajou de la région de Kolda, Abdou Rahim Diallo, demande aux populations de valoriser les vastes étendues de terres en plantant des variétés améliorées d’anacarde pour mettre fin à la déforestation et à l’exode des jeunes..
La filière anacarde constitue une alternative au trafic illicite de bois et à l’émigration clandestine des jeunes vers l’Europe. C’est la conviction d’Abdou Rahim Diallo, président du Collège des producteurs de noix de cajou de la région de Kolda. Il appelle à une sensibilisation des paysans sur la façon d’exploiter l’espace. Il les exhorte ainsi à se lancer dans la plantation de l’anacarde en y associant d’autres variétés de culture comme l’arachide de bouche et le maïs pour la première année, mais aussi le niébé, le sésame et le bissap pour une diversification de la production et la valorisation des vastes étendues de terres inexploitées.
Dans ce sens, les partenaires sont invités à accompagner les populations rurales dans la formation pour les aider à acquérir une culture de reboisement et d’entretien des sols afin de pouvoir se lancer dans l’agroforesterie. Celle-ci pourrait aider les jeunes à trouver des sources de revenus leur permettant de rester, de travailler et de réussir chez eux.
Ainsi, cela favorisera la baisse de la pression exercée sur les ressources forestières, l’exode rural et l’émigration clandestine des jeunes. «Pendant que les gens sont en train de couper frauduleusement le bois dans le département de Médina Yoro Foulah, il faudrait qu’il y ait une politique de reboisement massif de ces forêts par la plantation des variétés qui ont des valeurs ajoutées comme la noix de cajou et faire en sorte que les paysans s’adonnent à cette activité. Pour ce faire, il faudra mettre en place un projet d’une grande envergure qui prendra en charge l’ensemble des appuis nécessaires sur le plan de l’encadrement et du soutien en petits matériels et en équipement des populations pour doper la production de la noix de cajou dans la région de Kolda », suggère Abdou Rahim Diallo, qui sollicite le soutien de l’Etat et des partenaires pour la réalisation de ce projet. Le Collège des producteurs de noix de cajou de Kolda prévoit un vaste programme de reboisement de l’anacarde avec l’appui de ses partenaires par la mise en place des pépinières aux variétés améliorées.
Ces dernières commenceront à produire trois ans seulement après leur plantation. Le choix de ces variétés, s’expliquant aussi par leur rendement considérable, contribuera à doper la production régionale de cajou qui dépassera, cette année, les 5 000 tonnes.
Par Moussa TAYE
LA DÉMOCRATIE À L’ÉPREUVE DE MACKY
Le président ne respecte rien ni personne - Il n’a pas de code d’honneur - C’est à croire que les contestations qui ont jalonné le processus électoral et qui ont abouti à sa « non reconnaissance » par l’opposition plombent son élan
L’heure est grave. Mais, plus grave encore est le silence pesant qui plane sur notre pays. En effet, depuis la fin de l’élection présidentielle, le Sénégal est plongé dans une situation politique et sociale assez inédite.
Le président de la république adopte une posture inquiétante. Jadis d’une gênante arrogance, il continue dans cette voie en dégageant morgue et suffisance au moment où l’on pensait (naïvement peut-être) qu’il se comporterait en gentleman. Mais, autant l’avouer de suite, la grandeur d’esprit est la marque des grands seigneurs mais n’est pas grand seigneur qui veut.
En réalité, Macky Sall ne respecte rien ni personne. Il n’a pas de code d’honneur. Il n’a pas de repères signifiants. C’est à croire que les contestations qui ont jalonné le processus électoral et qui ont abouti à sa « non reconnaissance » par l’opposition plombent son élan et le poussent dans ses derniers retranchements. Il a entrepris, seul, contre toute attente, des réformes qui s’avèrent dangereuses pour la stabilité politique et sociale du pays. Ces réformes portées par le très féal premier ministre prouvent que le président Sall est dans une logique autoritariste sans commune mesure.
Comment, en effet, un président sortant peut-il concevoir une réforme qui « hypertrophie » son pouvoir ? L’ultra présidentialisme qui découle de cette réforme ne sied pas à une démocratie qui naturellement, devrait connaitre une alternance en 2024. La concentration des pouvoirs entre les mains du Chef de l’Etat au sens jacobin entraine à coup sûr une confusion pire que sous Vichy. Les partisans du chef sont déboussolés, désabusés. Ils sont devenus moins bavards parce que se sentant exclus du champ de la gouvernance.
Les alliés « historiques » confondus dans la logique du « gagner ensemble, gouverner ensemble » sont dans leurs étroites semelles. Quoi de plus frustrant que de voir le mépris affiché par le chef d’une coalition à laquelle on tient comme à la prunelle de ses yeux. Moustapha Niasse, dans un ultime baroud d’honneur, a essayé de faire croire, maladroitement, à une concertation sur le projet de réforme. Mais, ce n’est pas vrai. Il cherche tout simplement à se donner bonne conscience et à rendre la pilule moins amère. Pendant ce temps, les honorables Députés du chef déshonorent encore leur position sur fond de billets de Mecque et d’espèces sonnantes. Cette majorité robotique d’une docilité déconcertante vote tout avec en prime des salves d’applaudissements.
A coup sûr, elle voterait même pour sa propre destitution comme ce burlesque Pm pressé d’en finir avec cette réforme qui va l’humilier, lui le Pm qu’il faut « guillotiner » pour… incompétence ou incommodité. Toute cette horde de laudateurs adopte la posture des mendiants des faveurs : têtes baissées, yeux fermés, motus et bouche cousue. Il faut aussi se désoler et déplorer cette sorte de démission collective de l’opposition et d’une partie de la société civile. Faut-il rappeler que le temps électoral est dans le temps politique. Parce que l’élection est une parenthèse dans la vie politique. Nous avons choisi de faire de la politique.
L’activité doit être continue et pérenne quels que soient les soubresauts et les vicissitudes. Nous n’avons pas le droit de baisser les bras Au contraire, nous devons nous relever rapidement pour faire face à cette situation. Nous devons continuer le combat pour la libération de Khalifa Sall, le retour de Karim Wade, la réforme du processus électoral, l’amélioration des conditions de vie des travailleurs, l’amélioration des conditions d’études des étudiants, l’accès aux services sociaux, le soutien au monde rural …Oui, il y a de la matière. Il faut enfin s’adresser au Peuple.
Penser que les hommes politiques s’adonnent à « une bataille de singes » ou qu’il s’agit de « querelles entre politiciens » est la pire des analyses. La stabilité voire la survie de notre jeune Nation dépend pour beaucoup de la posture de Macky Sall. Il faut une conjugaison des forces sociales et citoyennes pour barrer la route à cet empereur des temps modernes qui gouverne par la terreur en tenant entre ses mains périssables tous les pouvoirs. Macky Sall ne mérite pas notre confiance. Il doit être combattu. Au nom de l’idéal démocratique.
LES PARENTS D’ELEVES DENONCENT UNE MESURE DISCRIMINATOIRE
Les parents d’élèves de l’institution Sainte Jeanne d’Arc (Isja) dénoncent avec la dernière énergie la décision de l’établissement d’interdire aux élèves le port du voile, à partir de la rentrée de septembre prochain.
Suite à l’interdiction du port du voile à l’institution Sainte Jeanne d’Arc, les parents d’élèves ont organisé, ce vendredi, une conférence de presse pour se prononcer sur cette mesure. Avec un effectif composé de 90 % d’élèves musulmans, les parents jugent ce nouveau règlement discriminatoire et inopportun.
Les parents d’élèves de l’institution Sainte Jeanne d’Arc (Isja) dénoncent avec la dernière énergie la décision de l’établissement d’interdire aux élèves le port du voile, à partir de la rentrée de septembre prochain.
Face à la presse hier, ils ont vivement critiqué ce nouveau règlement et demandé qu’il soit retiré. Au cas contraire, ils n’écartent pas de saisir la justice pour que la loi soit appliquée. Les parents d’élèves dénoncent également le fait que ce règlement soit pris unilatéralement par la nouvelle proviseure, sans les consulter au préalable. Ils ont été, disent-ils, avisé par un email de l’établissement indiquant que : ‘’Dans le cadre actuel de la relecture générale de sa mission et du projet éducatif, Jeanne d’Arc a décidé de statuer sur la tenue qui sera autorisée aux élèves. Celle-ci se composera, à partir de la rentrée de septembre, de l’uniforme habituelle avec une tête découverte, aussi bien pour les filles que pour les garçons.’’ Ce nouveau règlement montre ainsi que le port du voile sera désormais interdit aux élèves. Ce que les parents ne sont pas prêts à accepter. ‘’Nous allons nous battre pour défendre l’intérêt de nos enfants, sans aucune discrimination, sous aucune forme qu’elle soit. On ne change pas les règles du jeu en cours de match. Ils auraient dû analyser tout ça. Une telle décision ne se prend pas à la légère. Ils auraient dû nous parler de cette tenue vestimentaire, recueillir nos avis pour voir comment on pourrait faire pour marcher tous ensemble’’, regrette Mme Daroussa Véronique Sèye, Présidente de l’Association des parents élèves (Ape).
Dans leurs revendications, les parents réclamaient que l’école accorde une dérogation de trois ans pour que les élèves inscrites en classe de seconde puissent continuer dans l’établissement jusqu’à l’obtention du Bac. Mais, avec le refus de l’établissement, disent-ils, de privilégier le dialogue, ils ont décidé de durcir le ton et demandent que la décision soit tout simplement retirée. Au cas contraire, les parents comptent saisir la justice pour que la loi soit appliquée. ‘’On demande que la décision soit retirée et que l’école prenne sa responsabilité et qu’elle puisse accompagner tous les enfants inscrits à l’institution jusqu’à la classe de terminale. Sinon, nous allons saisir la justice pour que la loi soit appliquée’’, déclare des apart Mme Sahiloun Lobbena, Présidente de la commission Ecole pour tous.
En outre, les parents ont tenu à préciser que les gens ne doivent pas considérer cette affaire comme un problème entre chrétiens et musulmans. C’est plutôt un problème d’une décision que l’établissement veut appliquer sans arguments valables et sans tenir compte de l’avis des parents. ‘’Je suis catholique et je désapprouve cette décision. On est tenu de respecter la confession de tout un chacun. Les enfants portent des voiles avec les couleurs de l’institution, c’est-à-dire en bleu et blanc, et en aucun cas elles n’ont manqué de respect à personne.
Cette décision est discriminatoire. Et c’est ce que nous reprochons à la congrégation’’, précise la présidence de l’Ape de Jeanne d’Arc. ‘’La burqa est interdite, mais tout le reste n’est pas interdit. D’où vient cette idée d’interdire le voile ? Qui veut l’interdire ? Qu’est-ce-qui se passe derrière cette idée et qu’est ce qu’on nous prépare ? Nous sommes outrés, parce que la laïcité veut qu’on s’habille de manière descente. Le voile n’est pas indécent, car les bonnes sœurs le porte. Est-ce que c’est seulement les musulmanes qui portent le voile qu’on veut interdire ?
La loi ne l’interdit pas. Pourquoi eux veulent l’interdire ? Nous voulons savoir qu’est-ce qui se passe, car depuis la création de Jeanne d’Arc, les filles voilées y étudient et pourquoi, aujourd’hui, ils veulent l’interdire ? Où veut-on en venir ? Ce qui se passe en France ne peut pas se faire au Sénégal’’, s’insurge une autre parent d’élèves sous l’anonymat. Déterminée à aller jusqu’au bout pour obtenir gain de cause, l’Association des parents d’élèves annonce qu’elle va convoquer en réunion, le mardi prochain, le comité élargi qui réunit tous les parents d’élèves, pour donner suite à la situation.
DOUDOU WADE LIVRE LES FAILLES DE L’ARTICLE 103
Selon l'ancien patron des Libéraux au parlement, la Constitution sénégalaise est l’une des constitutions les plus faciles à réviser dans le monde
Dans l’ancienne version de la loi fondamentale (encore en vigueur), le Premier ministre pouvait également proposer au président de la République une telle révision. ‘’Le projet ou la proposition de révision de la Constitution est adopté par l’Assemblée nationale selon la procédure prévue à l’article 71 de la présente Constitution. La révision est définitive après avoir été approuvée par référendum’’, dispose l’alinéa 3 dudit article. Ce qui signifie que la voie référendaire est le principe, celle de la révision parlementaire l’exception. Après être passé, en 2016, par la première voie pour changer certaines dispositions constitutionnelles, cette fois-ci, le gouvernement n’a pas jugé utile de le faire.
La loi précise que dans le cas où le président de la République décide de passer par voie parlementaire, ‘’le projet ou la proposition n’est approuvé que s’il réunit la majorité des trois cinquièmes (3/5) des suffrages exprimés’’. C’est ce qui ressort de l’article 103 alinéa 5. Et c’est justement là que le bât blesse, d’après l’ancien député libéral Doudou Wade.
A l’en croire, telle que la disposition est libellée, la Constitution sénégalaise est l’une des constitutions les plus faciles à réviser dans le monde. En effet, souligne l’ancien parlementaire, c’est en 2012 qu’une bourde a été commise par le régime actuel dans la rédaction de la charte fondamentale. ‘’Dans une précipitation et une impréparation’’, ce régime, selon lui, avait décidé de supprimer le Sénat sans en tirer les conséquences dans la rédaction de l’article 103. Pour Doudou Wade, auparavant, au Sénégal, à chaque fois qu’il y a eu bicaméralisme (Assemblée nationale et Sénat), le constitutionnaliste, pour la révision par voie parlementaire, a opté pour ‘’une majorité des 3/5 des suffrages exprimés’’.
Toutefois, à chaque fois que le bicaméralisme a été remplacé par le monocaméralisme (Assemblée nationale seulement), le constitutionnaliste changeait systématiquement la disposition en fixant ‘’une majorité des 3/5 de l’Assemblée nationale’’ et non plus des suffrages exprimés. Il cite les lois constitutionnelles du 24 janvier 1959, 26 aout 1960, 7 mars 1963 et du 23 juin 2001. Toutes instaurant un monocaméralisme. Seules les lois constitutionnelles du 2 mars 1998 et du 12 février 2007, qui avaient la particularité d’instaurer le Sénat, avaient pu changer la donne. Il explique : ‘’C’est parce qu’en pareil cas, il y a déjà suffisamment de verrous. La loi devant passer par les deux chambres qui l’examinent séparément avant de se réunir en congrès.’’
Poussant la réflexion plus loin, l’ancien président du groupe parlementaire libéral demande : ‘’Devons nous laisser le président prendre des dispositions aussi importantes (comme faire supprimer le poste de Premier ministre) avec une possibilité d’approbation du projet de loi de révision constitutionnelle par 4 députés sur 6 ?’’ Pour lui, il est temps de réparer cette anomalie. Si on en revenait à l’orthodoxie, il faudrait, sur une Assemblée de 165 députés, au minimum 99 voix pour faire passer une pareille révision. Ce, quel que soit le nombre de suffrages exprimé.
LES CABINETS D’INSTRUCTION EN CHIFFRES
C’est une lapalissade que de dire que les cabinets d’instruction croulent sous le poids des dossiers. La preuve, en France, si le ratio est de 30 dossiers par magistrat instructeur, au Sénégal, il est de 100, d’après Me Bamba Cissé.
C’était hier, lors des journées scientifiques de l’Union des magistrats sénégalais (Ums). Et selon la présentation faite par le juge Cheikh Bâ, au total, 3 225 dossiers dorment dans les 10 cabinets d’instruction du tribunal de grande instance de Dakar. Rien que pour le premier cabinet, il y a 414 dossiers au premier trimestre 2019 et 91 détenus à la même période. L’inculpé le plus ancien est mis sous mandat de dépôt depuis le 12 décembre 2011, pour une affaire criminelle.
Selon le magistrat instructeur, le deuxième cabinet compte 374 dossiers, à la date du 9 avril 2019. Le nombre de détenus s’élève à 76, au 12 avril dernier. Le détenu le plus ancien est écroué depuis juin 2017, pour des affaires criminelles. Le 3e cabinet totalise 394 dossiers à la date, avec 107 détenus dont le plus ancien est inculpé depuis novembre 2016. Parmi les 107 détenus, renseigne le juge Bâ, ‘’il y a 40 délégations judicaires et 2 demandes d’extradition dont l’un devrait être extradé vers la France, mais le Sénégal refuse de supporter les frais’’. Le 4e cabinet en charge des mineurs, 222 dossiers mettant en cause 105 détenus avec 87 personnes majeures sont dénombrés. Aux 5e, 6e et 7e cabinets, il y a respectivement 245, 375 et 371 dossiers contre 331 pour le 8e et 248 pour le 9e. En revanche, pour le 10e cabinet, le décompte remonte au 18 mars 2018. Il a en charge 251 dossiers.
LES ACTEURS REVISITENT LE JOURNALISME EN PERIODE ELECTORALE
A l’instar des autres pays du monde, le Sénégal a célébré hier, vendredi 03 mai, la Journée mondiale de la liberté de la presse, sous le thème : « Médias pour la démocratie : le journalisme et les élections en période de désinformation »
A l’instar des autres pays du monde, le Sénégal a célébré hier, vendredi 03 mai, la Journée mondiale de la liberté de la presse, sous le thème : « Médias pour la démocratie : le journalisme et les élections en période de désinformation ». A cette occasion, des panels tournant autour de cette thématique ont été organisés par l’Unesco, en collaboration avec la Convention des jeunes reporters du Sénégal(Cjrs).
«I l ne saurait y avoir de pleine démocratie sans accès à une information transparente et fiable ». Ce message, délivré par le secrétaire général des Nations unies à l’occasion de la commémoration de la Journée mondiale de la liberté de la presse, revient sur la pertinence du thème de cette année, dans un contexte de brouillage de l’identité, de la profession et de la défaillance des médias. Pour le Sg des Nations Unies, la liberté de la presse est la pierre angulaire de l’édification d’institutions justes et impartiales, tout en permettant de mettre les dirigeants devant leurs responsabilités et d’exprimer la vérité face aux puissants. Avant de lancer comme plaidoyer en cette journée, «la défense des droits des journalistes, dont le travail nous aide à bâtir un monde meilleur pour tous ». Car, poursuit Antonio Guterres, « quand les professionnels des médias sont pris pour cible, c’est la société tout entière qui en pâtit». Pour le secrétaire général du Synpics, Bamba Kassé, en 2018, près de 100 journalistes ont été tués dans le monde dans l’exercice de leur fonction. Il se réjouit que le Sénégal ne figure pas dans la catégorie des pays où la pratique journalistique peut être un billet gratuit vers des exactions et violences. Cela est d’autant plus vrai qu’au Sénégal, l’attaque des journalistes lors de la campagne n’a pas fait de morts, dixit Bamba Kassé qui révèle par ailleurs que «nous avons un bel environnement où la pratique journalistique n’est pas synonyme d’une entrave à la liberté ». Même si pour lui, il ya des manquements. Comme la lenteur notée dans l’application du Code de la presse qui, selon lui, pourrait être « bientôt un mauvais souvenir, vu l’implication du chef de l’Etat ». L’autre manquement, pour le Sg du Synpics est l’inexistence dans «notre arsenal juridique d’une loi d’accès universel à l’information, l’un des chevaux de bataille du Synpics », précisera Bamba Kassé.
DIRECTEUR REGIONNAL DE L’UNESCO A DAKAR «L’Unesco promeut l’éducation aux médias et à l’information»
« Cette journée est l’occasion de faire l’état des lieux mais aussi une opportunité de réaffirmer plus qu’hier la centralité de cette liberté pour une démocratie dynamique qui reflète et respecte les droits de chacun, un développement social inclusif et le renforcement de la compréhension mutuelle entre les peuples. La thématique de cette journée est particulièrement importante parce que l’une des aspirations de l’Ua est de voir à l’horizon 2063, une Afrique ou règne la bonne gouvernance, la démocratie, le respect des droits de l’homme, la justice et l’Etat de droit ».
ABDOULAYE DIOP, MINISTRE DE LA COMMUNICATION ET DE LA CULTURE «Toutes les instructions seront prises pour la signature rapide de l’ensemble des textes»
«La journée mondiale de la liberté de la presse est aussi un devoir de mémoire à l’endroit des professionnels qui ont perdu la vie. Le 3 mai est aussi l’occasion de magnifier tous les professionnels des médias qui, au prix d’humbles sacrifices, sont debout tous les jours pour nous informer de ce qui se passe ici et ailleurs. Les principes fondamentaux de liberté de la presse et de pluralisme médiatique sont consacrés par notre Constitution. Il faudrait aussi noter que, malgré les dérives que nous regrettons, aucun journaliste n’a été tué dans l’exercice de ses fonctions et dans les mêmes conditions, depuis fort longtemps aucun journaliste n’a été arrêté, pour avoir failli dans son travail. Parmi les acquis, le vote d’un nouveau Code de la presse, prenant en compte l’essentiel des préoccupations des acteurs de la presse. Le thème de cette année est pertinent dans la mesure où on ne peut pas parler de démocratie, s’il n’ya pas de liberté. Cependant cette prérogative du journalisme professionnel est de plus en plus remise en cause, par le développement de la technologie. La presse traditionnelle, le journaliste professionnel n’ont plus le monopole de l’information, l’espace est ouvert et les acteurs de l’information se sont multipliés. Les conséquences sont un flot de fausses informations que même certains médias reprennent. Pour y remédier, le journaliste doit se remettre aux principes fondamentaux de sa formation. Suite aux instructions du président qui d’ailleurs s’est exprime sur la question, toutes les instructions seront prises pour la signature rapide de l’ensemble de ces textes».
BAKARY DOMINGO MANE DU CORED, SUR JOURNALISME ET PRESIDENTIELLE «Pour ce qui est de la collecte et du traitement de l’information, il y avait plutôt la routine»
« Dans le domaine de la régulation et de l’autorégulation, le Cnra était présent avant, pendant et durant la campagne électorale, en rappelant aux journalistes les règles. Le Cored, quant à lui, était absent. Le Synpics a communiqué quand la sécurité des journalistes a été menacée. Pour ce qui est de la collecte et du traitement de l’information, on a constaté qu’il avait plutôt la routine. Les journalistes ont privilégié les comptes-rendus, les portraits et dans une moindre mesure les Itv. On a aussi noté une rivalité mimétique, c'est-à-dire que les journalistes se copient, avec absence de recherche de singularité dans le choix de l’angle de traitement, de rares papiers de fond. Sur le respect des règles d’éthique et de déontologie, on a noté un équilibre et une équité dans le traitement. L’autre aspect, noté toujours lors de l’élection présidentielle est le syndrome de Stockholm. En effet, les reporters ne sont pas à l’abri de ce phénomène psychologique qui consiste à cultiver une certaine proximité avec le candidat. Sur le plan sécuritaire, des journalistes ont été blessés notamment avec les affrontements entre le Pur et Benno Bokk Yaakaar, à Tambacounda. Nous recommandons comme palliatifs, la capacité des journalistes en matière de couverture des élections (Synpics-rédactions). Aussi privilégier la sédentarisation des reporters pour échapper à la routine et au syndrome de Stockholm ».
IBRAHIMA BALDE DE LA CRJS « Revisiter les fondamentaux d’un métier en perpétuel défi »
« Cette journée-là marque une occasion pour nous de revisiter les fondamentaux d’un métier en perpétuel défi. Maintenant pour nous, les défis de la presse sont énormes dans la mesure où on est dans un contexte de changement technologique avec l’avènement du numérique où tout citoyen a une certaine liberté d’expression. Il ne faut pas oublier qu’on est dans une profession où il faudrait respecter un certain nombre de fondamentaux pour permettre aux citoyens de faire la part des choses. Notre métier est aujourd’hui dans une dynamique de diffuser une certaine politique qui échappe aux citoyens et en période électorale de diffuser largement les programmes des candidats pour permettre au Sénégalais à faire son choix ».
L’ASSEMBLÉE À L’ÉPREUVE DU SUPER PRÉSIDENT
L'histoire s’apprête à bégayer pour une troisième fois - Trente six ans après 1983, le pays va entrer à nouveau dans une ère de gouvernance politique marquée par la disparition du poste de Premier ministre de son architecture institutionnelle
Convoqués en séance plénière, les députés vont examiner en ce jour du samedi 4 mai le controversé Projet de loi constitutionnelle n°07/2019 portant révision de la Constitution. En cas d’adoption, ce texte va inaugurer une nouvelle ère de gouvernance des affaires publiques marquée par la centralisation de tout le pouvoir exécutif par le président de la République.
L'histoire s’apprête à bégayer pour une troisième fois au Sénégal. Trente six (36) ans après 1983, notre pays est sur le point d’entrer à nouveau dans une ère de gouvernance politique marquée par la disparition du poste de Premier ministre dans l’architecture institutionnelle nationale.
En effet, convoqués en ce jour du samedi 4 mars en séance plénière, les députés vont examiner le Projet de loi constitutionnelle n°07/2019 portant révision de la Constitution. Lequel s’il est adopté va ouvrir au Sénégal les portes du cercle restreint des pays qui se sont affranchis de chef de gouvernement. Il s’agit entre autres du Bénin, du Tchad, du Ghana, ou encore la Gambie pour ne citer que ceux-là. Il faut dire que cette réforme voulue par le président de la République, Macky Sall, dans le cadre de sa vision de gouvernance politique lancée sous le nom de «Fast track» va opérer des changements profonds au niveau même de la gouvernance politique du pays, au cours du quinquennat 2019-2024. Parmi ces changements majeurs, il y a notamment le renforcement des pouvoirs de l'exécutif entre les mains du président de la République et son exposition aux revendications des responsables d’organisations syndicales.
Désormais, seul et unique chef du pouvoir exécutif, le président de la République qui va hériter de tous les pouvoirs du Premier ministre qui incarnait l’institution du gouvernement sera le nouveau centre de gravité de la gouvernance des affaires publiques. Il sera le seul à prendre des décisions sans craindre un quelconque vote de défiance du parlement. En cas de prise de décret concernant l’adoption de textes engageant notre pays, le président de la République peut désormais se contenter de sa seule et unique signature dans le sens où l’adoption de cette réforme qui raye le poste de Premier ministre de la carte institutionnelle nationale va également supprimer la possibilité de contresigner certains actes du président de la République.
Par ailleurs, avec cette nouvelle réforme, le président de la République n’aura plus de pare-feux. Il va devoir, en plus de son calendrier (trop chargé) se préparer à faire directement face aux responsables d’organisations syndicales en cas de non-satisfaction de leurs revendications par les ministres.
CE QUE PERDENT ET/OU GAGNENT LES DEPUTES !
Après la Commission des lois de l’Assemblée nationale qui a adopté, mardi 30 avril, le projet de réforme constitutionnelle qui supprimera le poste de Premier ministre, c’est au tour des députés d’en faire autant en plénière ce jour, samedi 4 mai
Après la Commission des lois de l’Assemblée nationale qui a adopté, mardi 30 avril, le projet de réforme constitutionnelle qui supprimera le poste de Premier ministre, c’est au tour des députés d’en faire autant en plénière ce jour, samedi 4 mai. Prétexte pour revenir sur l’impact de ladite modification sur l’Assemblée nationale.
Le vote de la loi n°07/2019 portant révision de la Constitution met en première ligne les rapports entre l’Exécutif et le Législatif. A coup sûr, cette loi qui peut passer comme lettre à la poste à la plénière de ce jour, samedi 4 mai, à cause de la majorité écrasante de la coalition Benno Bokk Yaakaar (Bby) à l’hémicycle, va modifier certains rapports entre les deux pouvoirs. A partir d’aujourd’hui, si bien évidemment le projet de loi passe, le président de la République ne disposera plus du droit de dissoudre l'Assemblée nationale, et de la même manière, l'Assemblée Nationale ne pourra plus provoquer la démission du Gouvernement par le vote de confiance ou une motion de censure.
Par ailleurs, la même loi offre la possibilité à un député, nommé membre du Gouvernement, de reprendre son siège à la cessation de ses fonctions ministérielles. A noter que ladite loi indique que l’Assemblée nationale vote, seule, la loi, contrôle l'action du Gouvernement et évalue les politiques publiques. Ce rôle de contrôle de l’action gouvernementale avait été renforcé par la Loi constitutionnelle n° 2016-10 du 05 avril 2016, portant réforme de la Constitution et adoptée par référendum. Elle permettait à l’hémicycle et à ses commissions d’entendre le Premier ministre à tout moment. Mieux, le Pm et les autres membres du gouvernement devaient également se présenter à l’Assemblée nationale pour répondre aux questions d’actualité, orales et écrites, des députés. Ce qui semble ne plus être le cas avec cette modification, car les parlementaires n’auront plus le Premier ministre comme interlocuteur, mais plutôt le Chef de l’Etat. Dès lors que le Premier ministre était aussi bien responsable devant le président de la République que devant l’Assemblée nationale et assurait un certain rôle pour l’équilibre des pouvoirs entre l’exécutif et le législatif, se pose alors la question de la responsabilité du gouvernement devant les parlementaires, en l’absence du poste de Pm.