A quatre journées de la fin des championnats français (L1 et L2), les nominés pour les récompenses sont déjà connus. Sur les listes des différentes catégories dévoilées hier par l’Union nationale des footballeurs professionnels (UNFp), on retrouve Ismaïla Sarr (Rennes), edouard Mendy (Reims) et Habib Diallo (Metz).
edouard Mendy, meilleur gant de la Ligue 1 ?
Les joueurs retenus pour les trophées Unfp sont connus, avec la publication hier en France des différentes catégories. On y retrouve trois Sénégalais, dont un évoluant en Ligue 2. Au niveau de la catégorie de « meilleur gardien », Edouard Mendy a été retenu. Auteur d’une bonne saison avec Reims, le gardien international sénégalais se mesurera à d’autres pointures du championnat français. Avec l’absence de Steve Mandanda, lauréat de la saison dernière, la course est ouverte. Alphonse Areola (PSG), Benjamin Lecomte (Montpellier) ou encore le spécialiste des penalties Mike Maignan (Lille) sont considérés comme des outsiders. Selon la presse française, le grand favori est le Lyonnais Anthony Lopes.
Meilleur espoir : Ismaila Sarr défie Mbappé
Dans la catégorie « Meilleur espoir » de l’année, Ismaïla Sarr aura son mot à dire. L’international sénégalais qui a connu une saison pleine avec Rennes (10 buts toutes compétitions confondues), a des atouts pour prétendre à ce trophée. Vainqueur de la coupe de France (victoire sur le PSG), le joueur formé à Génération Foot (Sénégal) se mesurera à Aouar (Lyon), Ikone (Lille), Kamara (Marseille). Mais le grand client du Sénégalais sera sans doute Kylian Mbappé du PSG. Avec ses 36 buts (toutes compétitions confondues), le joueur de 20 semble avoir une nette avance sur ses concurrents.
Meilleur joueur de L 2 : Diallo en course
Leader de la Ligue 2 (75 pts), à trois journées de la fin du championnat, le FC Metz a déjà validé son ticket pour la montée. Avec ses 23 buts, Habibou Diallo a été un des grands artisans de ce parcours. L’attaquant international sénégalais a porté les «Grenats », avec une folle réussite devant les buts. Logique qu’il se retrouve sur la liste des nominés pour le titre de « meilleur joueur » de la Ligue 2. Le joueur de 23 ans est en compétition avec ses coéquipiers (Boulaya et Cohade), Charbonnier (Brest), et Claude-Maurice (Lorient).
PAR MOR AMAR
LE PIÈGE DE LA VÉRITÉ DES PRIX
Il ne faudrait pas s’étonner d'une prochaine hausse généralisée des coûts des produits à forte consommation - Des tractations ont, ces derniers jours, été enclenchées secrètement en haut lieu, entre des fonctionnaires du FMI et l'Etat
Vivre comme un nabab et demander aux travailleurs de serrer la ceinture. Tel est le reproche fait à l’Etat qui promet de ne faire aucune augmentation de salaires, cette année. Les spécialistes mettent, par ailleurs en garde contre une application de la vérité des prix comme le requiert le Fonds monétaire international.
Dans les jours à venir, il ne faudrait pas s’étonner qu’il y ait une hausse généralisée sur les produits à forte consommation des Sénégalais. En effet, comme le révélait EnQuête dans son édition d’hier, des tractations ont, ces derniers jours, été enclenchés secrètement en haut lieu, entre des fonctionnaires du Fonds monétaire international et des représentants de l’Etat. Le moins que l’on puisse dire, c’est que ces concertations n’augurent rien de bon pour les Sénégalais, particulièrement les ménages déjà assez éprouvés. En effet, l’institution de Breton Woods est formelle. L’Etat du Sénégal devrait tout bonnement appliquer la vérité des prix et cesser les politiques de subvention. Dans le viseur de cette institution internationale, il y a aussi certains programmes de l’Etat qui risquent d’être sacrifiés à l’autel des âpres négociations entre les deux camps. Et c’est mal connaitre les moyens terribles de pression dont disposent ces organismes internationaux, en particulier le FMI et la Banque mondiale. Le président de la République lui-même le reconnait.
Face aux syndicalistes avant-hier, il disait : “Si on dépasse les limites, les conséquences vont être immédiates et désastreuses. Nous risquons de perdre la confiance de nos partenaires. Et si on perd cette confiance, vous savez ce que nous avions vécu, avec les plans d’ajustement structurel… Le jour où on dérape, c’est terminé. On va appliquer la vérité des prix. On va annuler les programmes sociaux. Ce n’est pas ma position. Nous tâcherons donc de ne pas dépasser les limites…’’ Cette confession publique du chef de l’Etat en dit long sur la situation précaire que traverse l’économie nationale et sur la ligne directrice définie par le président de la République. Comme s’il était assis sur un œuf, le Sénégal risque à la moindre mesure de sombrer vers des déficits qui pourraient l’entrainer vers des politiques d’ajustement. C’est en tout cas, ce que l’on aurait cru, à entendre les récriminations du chef de l’Etat. De l’autre côté, si l’on en croit des fonctionnaires du FMI, le Sénégal aurait déjà franchi le Rubicon et aurait intérêt à aligner les prix sur la réalité du marché.
Les deux parties avaient prévu de se rencontrer, hier, pour continuer les négociations. Nos sources de renchérir que les concertations risquent d’être rudement menées. En tout cas, pour ce fonctionnaire de l’Etat, qui ne veut pas du tout s’épancher sur le sujet, il ne faudrait pas s’étonner, dans les jours à venir, de voir une flambée des prix comme ceux dérivés des hydrocarbures qui entrainent plus de 200 milliards de manque à gagner pour l’Etat, si l’on en croit Macky Sall. Dans le viseur du FMI, il y a directement les prix du carburant, de l’électricité et de presque tous les produits et services dépendant des prix des hydrocarbures. Les conséquences seraient simplement néfastes pour les couches les plus vulnérables de la population, renchérit notre interlocuteur.
Hausse des prix des hydrocarbures et conséquences
Et outre, concernant toujours les produits dérivés des hydrocarbures, il ne faudrait pas non plus s’étonner de l’augmentation des prix du pain qui, récemment, ont fait l’objet d’un protocole d’accord entre le gouvernement et les boulangers. En effet, si l’Etat a pu désamorcer cette bombe du pain, en consentant une baisse de 700 francs CFA sur le sac de farine, il faudrait attendre, quant à la mise en œuvre d’une telle décision. Quelle mesure prendra le gouvernement pour une compensation des efforts des meuniers ?, s’interroge notre source qui doute de la possibilité pour l’Etat de rendre pérenne cette mesure. En cas de hausse des prix des hydrocarbures, tous les secteurs : transports, électricité, boulangers, industries, tout le monde va le sentir. Mais comment en est-on arrivé là ? A entendre le chef de l’Etat face aux travailleurs le 1er mai, on croirait que ce sont les efforts consentis pour l’amélioration des salaires, ainsi que du pouvoir d’achat des Sénégalais qui ont entrainé toute cette situation. Mais que non ! semble rétorquer l’économiste, enseignant chercheur à l’Université Cheikh Anta Diop, Meissa Babou.
Selon lui, l’Etat n’a qu’à s’en prendre à lui-même. Pendant que le chef de l’Etat invoque la masse salariale et le service de la dette pour déclarer qu’il ne procédera à aucune augmentation de salaire, le professeur, lui, relativise et signale que 50% de cette masse salariale (environ 800 milliards FCFA) est consacrée à “quelques 5% de hauts fonctionnaires’’. Pour lui, si le Sénégal en est arrivé là, il y a d’une part l’endettement qui “nous tue’’ ; d’autre part, la surcharge de l’Etat, avec des agences à n’en plus finir, des institutions budgétivores comme le HCTT…
300 milliards consacrés à l’achat de véhicules
“Je crois que, si on est un peu sérieux et qu’on veut vraiment aller vite, comme on le dit, ilfautréduire les dépenses publiques dispendieuses de l’Etat. On gagnerait ainsi quelques milliards à mettre de côté pour finir des chantiers ou pour rembourser la dette intérieure’’. Puis, il ajoute à propos du service de la dette : “Qui est le responsable, si le service de la dette est important ? On leur (les gouvernants) a toujours dit qu’il y a un endettement excessif, mais, ils n’écoutaient personne. Le service de la dette est supérieur à la masse salariale’’. Monsieur Babou estime ainsi que, c’est surtout à cause du train de vie de l’Etat que le pays traverse des moments difficiles. Citant le président de la République, il le pointe sur les 300 milliards consacrés à l’achat de véhicules, ainsi que les 140 milliards des agences et institutions budgétivores. “Le Sénégal, dit-il, n’a que sa fiscalité. Et il y a une pression terrible sur certains acteurs identifiés qui paient pour tout le monde. A côté, il y a beaucoup d’acteurs qui sont exonérés par l’Etat lui-même ; et d’autres qui ne sont même pas identifiés, alors qu’ils devaient normalement payer. Tout ça, c’est de la responsabilité exclusive de l’Etat’’. Très en verve, il préconise également de réorienter certaines dépenses à caractère social. “On ne peut pas, dans un pays où les charges sont nombreuses, les ressources limitées, se permettre de donner gratuitement 40 milliards par-ci, 30 milliards par-là… En plus, ce sont des gens qu’on ne fait pas travailler. C’est de l’argent perdu. Pour moi, c’est uniquement pour avoir des suffrages qu’on a pris 300 mille sénégalais et qu’on leur donne 25 milliards par trimestre. Ça fait partie des surcharges de l’Etat et le gouvernement gagnerait à les réorienter pour ne pas dire les abandonner’’
« LE CHEF DE L’ETAT MEPRISE LES TRAVAILLEURS »
Le Chef de l’Etat s’est montré intransigeant sur de nombreuses questions, notamment l’augmentation des salaires des travailleurs de la fonction publique. Une posture et un ton qui indignent les syndicats d’enseignants. Qui se mettent en ordre de bataille.
L e Chef de l’Etat Macky Sall a fait, ce 1er mai, fête du travail, une sortie musclée sur les nombreuses revendications des syndicats du pays. Des mises au point qui ne sont pas du goût des enseignants. Notamment, lorsqu’il a dit que les salaires des fonctionnaires ne connaitront pas une hausse. Le secrétaire général du Cadre unitaire syndical des enseignants du moyen secondaire (Cusems), Abdoulaye Ndoye, est d’avis que “le chef de l’Etat méprise les travailleurs, en particulier les enseignants’’. “Son discours est méprisant’’, fulmine-t-il. Le syndicaliste pointe un “un discours inquiétant qui ne rassure pas le monde du travail, les travailleurs’’.
En plus d’être inquiétant, Abdoulaye Ndoye considère qu’il s’agit d’un “discours démotivant, décourageant qui tue et assassine l’espoir’’. “La manière dont le Président Macky Sall s’est adressé aux travailleurs. Un chef d’Etat ne doit pas parler ainsi’’, dit-il. A ses yeux, cela montre encore une fois, “un manque de respect, de volonté politique’’ qui “ne les surprend guère’’. Il ajoute qu’ils prennent acte de sa déclaration, restent déterminés et mobilisés à exercer leur droit syndical consacré par la loi, pour lequel le pays a signé des conventions, comme celle de 1987 sur la liberté syndicale et de 1998 portant sur le droit d’organisation collective. “Nous voulons dire au chef de l’Etat que les hommes passent, mais les Institutions demeurent. Il a le privilège d’être porté à la tête de ce pays, par des citoyens dignes et honnêtes. Il doit respecter les travailleurs. Aujourd’hui, les travailleurs sont meurtris”, dit-il.
Le secrétaire général du syndicat des enseignants libres du Sénégal (Sels), Souleymane Diallo, se dit surpris par cette sortie, en ce moment solennel, symbolique. Un état de fait qu’il partage avec Abdoulaye Ndoye. Souleymane Diallo annonce “qu’il n’appartient pas au Chef de l’Etat de dire qu’il n’y aura pas d’augmentation dans la fonction publique. A son avis, il revient au gouvernement de rencontrer les travailleurs, après négociations, de voir ce qui est possible et ce qui n’est pas possible. “En faisant une telle déclaration, il met un terme à toute forme de dialogue avec les travailleurs. Il appartient au mouvement syndical de s’organiser, se mobiliser, pour faire face à ces politiques antisociales que le gouvernement du Sénégal entend mener durant le second mandat. Nous ferons face et nous prenons acte. Nous allons continuer à nous battre pour l’amélioration des conditions de vie et de travail’’, déclare Souleymane Diallo. Qui fait part que des préavis de grèves déposés et qui ont expiré. Dans les jours à venir, ils vont se retrouver et voir qu’elles dispositions prendre, afin d’ouvrir des négociations sérieuses et que les accords soient appliqués.
“Exiger une politique d’habitat social’’
Le secrétaire général du Cusems interpelle les centrales syndicales, pour que les travailleurs se mobilisent et exigent du gouvernement une politique d’habitat social, à la hauteur des salaires des travailleurs. Abdoulaye Ndoye précise : “Quand on parle d’augmentation des salaires des travailleurs, c’est pour augmenter le pouvoir d’achat de ces derniers. Comparé aux coûts de la vie, cela ne représente rien’’. Il dénonce “une déclaration qui tranche avec les déclarations du Président, avant les élections, avec les engagements de son gouvernement et son propre engagement’’. Il lui reproche “d’adopter un précédent dangereux’’. Le gouvernement du Sénégal a négocié avec les syndicats les plus représentatifs dans le secteur de l’Education nationale, signé un protocole d’accords, le 30 avril 2018, dans lequel figure la question de l’alignement de l’indemnité de logement. Le Premier ministre avait promis une plénière. “Le chef de Macky Sall avait promis de vider cette question au mois d’avril 2018, s’il revient pour dire qu’il ne fera rien et dire le contraire, c’est inquiétant’’, s’insurge Abdoulaye Ndoye. Il reprend les propos de l’économiste Maissa Babou qui dit que “les salaires représentent le tiers du budget du Sénégal. Et que l’augmentation des salaires aurait un impact positif sur la population’’. Il soutient, par ailleurs, que les enseignants constituent 70% de la fonction publique et leurs salaires représentent 12% de la masse salariale. De ce fait, dit-il, le Chef de l’Etat ne devrait pas trouver ce prétexte pour parler de masse salariale. De même, dénonce Souleymane Diallo, “ce n’était pas au Président d’annoncer des mesures antisociales, en ce qui concerne le ciment et le fer, mais, au ministre du Commerce, à la limite, au directeur général des Impôts et domaines’’.
CHEIKH BETHIO ET SES COACCUSES FIXES SUR LEUR SORT LUNDI
L’attente a été longue mais dans quatre jours, les Sénégalais connaitront le verdict du procès de Béthio Thioune et de ses coaccusés
Le verdict du procès des Thiantacounes sera connu ce lundi. Le président de la chambre criminelle, le juge Thierno Niang, en a décidé ainsi. Béthio Thioune et ses coaccusés seront fixés sur leur sort le 06 mai prochain. Mais en attendant, les mis en cause ont demandé, hier, pardon au peuple sénégalais d’avoir pris part au carnage de Médinatoul Salam.
L’attente a été longue mais dans quatre jours, les Sénégalais connaitront le verdict du procès de Béthio Thioune et de ses coaccusés (19 personnes), poursuivis pour plusieurs chefs dont les meurtres de Bara Sow et de Ababacar Diagne. Donc, en début de semaine prochaine, Béthio Thioune, Abdoulaye Diouf, Serigne Khadim Seck, Mame Balla Diouf, Demba Kébé, Mamadou Guèye, Pape Ndiaye, Moussa Dièye, Aliou Diallo, Momar Talla Diop, Samba Fall, Mohamed Sène, Adama Sow dit Doss, Cheikh Faye et Aly Diouf, poursuivis pour association de malfaiteurs, recel de malfaiteurs, homicide aggravés, complicité de meurtre avec acte de tortures et barbaries et inhumation sans autorisation administrative, seront fixés sur leur sort.
Revenant sur le déroulement du procès, le juge de la chambre criminelle a remercié le procureur pour les dispositions qu’il a prises. Dans la même foulée, il a félicité les avocats et la sécurité pour leur professionnalisme. «Tout au long du procès, le procureur, les avocats ont tenu des propos qui nous vont au cœur ; nous les en remercions. Nous remercions le procureur pour l’organisation de ce procès. Nous estimons que c’est de cette manière que doit se tenir un procès. Je voudrais rassurer tout le monde que nous allons faire tout ce qui est en notre pouvoir par rapport aux textes pour dire le droit. Nous promettons de rendre une justice qui soit conforme à notre code de procédure pénale», rassure le président de la chambre criminelle de Mbour.
LES ACCUSES DEMANDENT PARDON AU PEUPLe
Conscients de la gravité de leurs actes, et à l’exception de Demba Kébé, tous les accusés interrogés devant la barre ont fait leur mea culpa aux Sénégalais. Lors de sa dernière prise de parole, Khadim Ndella, qui a tiré les coups de feu, a regretté les évènements de Médinatoul Salam. «Je demande au Bon Dieu de nous assister. Ce qui s’était passé est particulièrement regrettable, je demande pardon». Le reste du groupe a embouché la même trompette en présentant publiquement ses excuses. Cependant les accusés considèrent que la prison fait partie de leur destin et que cela leur servira de leçon. Fidèle à la ligne de défense qu’il a adoptée tout au long du procès, Demba Kébé, accusé d’avoir envenimé la situation qui a débouché sur le carnage de Médinatoul Salam, s’est encore marginalisé. Car au lieu de faire amende honorable, il a préféré s’en prendre au parquet. «Je parle au nom de tous les détenus, les longues détentions sont injustes. Nous avons croupi 7 longues années en prison avant d’être jugés. Nous sommes des êtres humains. Le juge d’instruction a bien fait son travail», clame-t-il en lançant ainsi une pique au Procureur Youssou Diallo qui a répondu par un sourire. Mais Demba Kébé est interrompu par le juge Thierno Niang qui lui a ordonné de dire son dernier mot sur le procès et non de faire le procès de la justice.
Dans l’attente du verdict qui sera prononcé lundi prochain, les familles des victimes et des accusés croisent les doigts et prient le ciel.
LES JOURNALISTES DEMANDENT L’APPLICATION DU NOUVEAU CODE
“Au Sénégal, nous sommes champions en matière de belles idées et de bonnes initiatives, mais quand il s’agit de les appliquer, tout le monde se désengage”.
A la veille de la célébration de la journée mondiale de la liberté de la presse, les acteurs des médias ont échangé, hier, au Centre d’étude des sciences et techniques de l’information sur la défense des droits des journalistes. Une initiative du Syndicat des professionnels de l’information et de la communication du Sénégal (Synpics)
Hier, les journalistes ont réfléchi sur les blocages relatifs à l’adoption effective du code de la presse réécrit en octobre 2016 et les avantages de la convention collective des journalistes et techniciens de la communication. Bien que votée à l’Assemblée nationale, le 20 juin 2017, le nouveau code souffre d’une absence de décret d’application. Le secrétaire général du syndicat des professionnels de l’information et de la communication du Sénégal regrette : “Au Sénégal, nous sommes champions en matière de belles idées et de bonnes initiatives, mais quand il s’agit de les appliquer, tout le monde se désengage”.
Pourtant, l’unique point de désaccord a été, selon lui, retiré du document pour justement accélérer son adoption et son application effectives. Il s’agissait de la dépénalisation des délits de presse. Mais malgré cela, les choses stagnent toujours. Cette réalité, à en croire les panélistes, est à mettre sur le compte du contexte électoral, ainsi que la logique d’un Etat qui protège ses intérêts. Cependant, le 1er mai dernier, le président a donné des instructions au ministère du Travail et aux députés pour accélérer le processus d’application du code de la presse. “Le journalisme de révélation est à l’agonie sous Macky Sall, peut-être parce qu’il a des amis partout, je n’en sais rien. Une chose est sûre, c’est à nous de nous lever d’un commun accord pour pousser le gouvernement à l’adoption complète du code de la presse. Malheureusement, celui-ci ne se sent point menacé”, pense le journaliste Bacary Domingo Mané. Qui estime que le “Fast-track” clamé par le président de la République ne s’applique pas au code de la presse. Ainsi,
pour les professionnels des médias, tout porte à croire que ce n’est pas demain la veille. Pour d’autres, le problème réside dans la non vulgarisation du contenu de cette loi. En effet, le code de la presse a été conçu dans le but d’assainir l’environnement économique et social des entreprises de presse sénégalaises. Le code redéfinit, entre autres, le statut de ladite entreprise et du journaliste, en fonction des normes de l’Ohada. Il plaide pour la légalisation du Cored et pour la création de la Haute autorité de régulation de l’audiovisuel, en remplacement du Cnra, sans oublier l’octroi aux entreprises de presse du fonds d’appui à la presse. Autant d’avantages bénéfiques au milieu, mais que très peu maitrisent réellement. Raison pour laquelle le Synpics compte multiplier les séances d’information, pour mieux les faire connaitre aux premiers concernés. Toutefois, bon nombre de participants estiment que seule la carte de presse nationale peut constituer une avancée significative dans l’assainissement du milieu.
Les innovations de la convention collective des journalistes
La convention collective des journalistes et techniciens de la communication présente plusieurs avantages pour la sécurité des journalistes. Mais, elle demeure non appliquée. En effet, le texte règlemente la durée de stage, en le plafonnant à 2 ans maximum, y compris les renouvellements. La convention prend aussi en charge l’égalité des salaires entre hommes et femmes journalistes et ce, quel que soit le desk. Par ailleurs, le barème de rémunération du pigiste y est clairement établi et le salaire du journaliste-reporter porté à 277 000 F CFA. Elle évoque aussi les primes de responsabilité, d’ancienneté, d’alimentation et de transport. En cas de maladie d’un proche parent, le journaliste a droit à une absence de 04 jours, et d’une indemnité d’un mois de salaire, s’il est luimême malade. Le journaliste et les techniciens sont payés sur la base des 48 heures de travail contre 40 h pour le personnel administratif. Au bout d’une absence de 18 mois, quelle que soit la raison, une rupture de contrat est envisageable. “La nouvelle convention collective a été revisitée dans le but de rendre les acteurs des médias plus performants par un dialogue social dynamique et par la qualité de leur travail. Les journalistes ont le droit de défendre leurs droits, de donner leur opinion. Ils ont le droit de s’absenter, après un préavis de 72h avant. Ils ont droit à de bonnes conditions de travail et à un même traitement salarial. Voici autant de questions qui sont pris en charge par la convention collective”, affirme Abdoul Aziz Bathily, ancien formateur au Cesti.
Ayant participé à la rédaction du document, il se réjouit des innovations en faveur de la spécificité de la femme journaliste et la préservation de la dignité du journaliste. “La convention exige des toilettes uniquement pour les femmes, au sein des rédactions. Les chefs d’entreprise de presse sont tenus de prendre des dispositions particulières pour la femme enceinte, et celle qui allaite. Le journaliste peut refuser tout travail incompatible avec sa dignité comme, par exemple, la rédaction d’articlepublicité. Le travail non rémunéré est une injustice que doit dénoncer tout journaliste, en s’appuyant sur la convention”, ajoute-t-il. Par ailleurs, les organisateurs du panel ont procédé à la diffusion d'un film sur la disparition du journaliste burkinabé Nobert Zongo, en 1998. Aujourd’hui, toujours au Cesti, la cérémonie officielle de la journée de la liberté de la presse va être célébrée
LES SENIORS TIENNENT LA CORDE, LES JEUNES SUIVENT
A quand l’alternance générationnelle dans les centrales syndicales ? Une question qui semble être superflue, mais qui mérite d’être posée.
Dans un secteur aussi mouvementé et plein de soubresauts que le syndicalisme, des séniors partis à la retraite jouent les grands rôles. Ces leaders des différentes centrales syndicales dictent ainsi la conduite à suivre à des milliers de travailleurs et autres syndicalistes. pourtant, ces syndicats affiliés ne manquent pas de ressources humaines jeunes et combatives pour prendre le relais dans la lutte pour le bien être des travailleurs.
A quand l’alternance générationnelle dans les centrales syndicales ? Une question qui semble être superflue, mais qui mérite d’être posée. Elle pose même la question de la démocratie dans les syndicats. En effet, c’est une bizarrerie que des personnes ayant fait leur temps puissent continuer à défendre les intérêts de gens toujours actifs dans le monde du travail. Il faut en rire ou en pleurer ! En tout cas, mercredi dernier, l’assistance a rigolé à chaque fois que des leaders vieillissants venaient remettre au chef de l’Etat leurs cahiers de doléances. Si les uns, dos courbé, peinent dans leur démarche, les autres étaient obligés de tenir sur une béquille pour s’ajuster. Par devers eux, des documents de quelques feuillets en guise de cahiers de doléances. Le président de la République n’a pas manqué de les tacler amicalement. Il s’agit notamment d’un vieux du nom de Baye Talla avec qui il a fait les beaux jours d’And Jëf/Pads (Aj/Pads). A la place des fascicules et autres documents sous forme de manuel, ce dernier est venu lui remettre un cahier peu commode. Sur un ton ironique, le chef de l’Etat fait savoir au septuagénaire que ce qu’il lui a présenté n’était pas un vrai cahier de doléances et qu’il faudrait qu’il ramène la prochaine fois un vrai cahier, un document digne de ce nom en brandissant les quelques feuilles enveloppées sur une chemise cartonnée. Macky Sall a salué par la suite le vieux Talla en rappelant que c’est un ancien du parti de gauche And Jëf (AJ), longtemps dévoué au syndicalisme.
LES LEADERS SYNDICAUX, DES PRIVILEGIES
Au-delà de tout ça, force est de constater que ceux qui tiennent les rênes des cinq centrales syndicales les plus représentatives ont tous ou presque dépassé l’âge de la retraite. Que ce soit la Fgts l’Unsas, la Csa, la Cnts et la Cnts/F. Pourquoi la fonction de leader syndical aiguise des appétits ? En fait, de telles responsabilités sont accompagnées de privilèges. En plus des voyages et des perdiem, la plupart d’entre eux siègent au Conseil d’administration de certaines sociétés en tant que PCA ou occupent des postes juteux dans certains conseils d’administration. Ils ont également une mainmise sur la somme de 600 millions Fcfa que l’Etat a débloquée en guise de subvention annuelle. D’ailleurs, la manière dont cet argent est réparti fait l’objet de polémique. Le Secrétaire général de la Confédération démocratique des syndicats libres (Cdsl) a dénoncé le fait que juste quatre centrales syndicales (Cnts, Cnts/Fc, Unsas, Csa) captent cette subvention annuelle au détriment des autres des organisations. «Nous pensons qu’il faut rectifier et faire en sorte qu’il y ait une justice sociale au niveau des organisations syndicales», avait déclaré Ibrahima Sarr, secrétaire général de la Cdsl le 1er mai dernier. Cela étant, il devient judicieux de voir aujourd’hui comment ces fonds sont gérés. Et éventuellement tracer l’argent pour voir à quoi il a véritablement servi. C’est fondamental pour des soucis de transparence dans la gestion de ces fonds.
En outre, il faut dire que de nombreux travailleurs ne sentent pas la présence de ces centrales dans leur combat pour l’amélioration des conditions de travail. Une telle posture peut trouver son fondement dans le pacte de stabilité sociale et d’émergence économique signé en 2014. En effet, ce pacte freine l’engagement et l’implication des centrales dans certains dossiers. Lors des dernières élections de représentativité, certains syndicats notamment de l’enseignement avaient décliné tout soutien à des leaders de centrales syndicales, arguant que ces derniers n’étaient pas venus les soutenir quand ils étaient «persécutés» par l’Etat, oppressés par le régime à travers des menaces de radiation, des perquisitions et ponctions sur les salaires. Que ces syndicats enseignants aient raison ou pas, il faut avouer que c’est une incongruité que le relais ne soit pas passé depuis toutes ces années à des leaders plus jeunes et engagés dans le combat syndical. Mais apparemment, la nouvelle génération de syndicalistes n’est pas aussi audacieuse que ça !
L’UCG EN SCANDALE CONTINU
Abdou Karim Fofana n’a pas mis du temps pour découvrir les failles dans la gestion de l’ancien coordonnateur de l’UCG, Ibrahima Diagne : 261 travailleurs fictifs recevaient 60 millions de francs CFA par mois
Abdou Karim Fofana n’a pas mis du temps pour découvrir les failles dans la gestion de l’ancien coordonnateur de l’UCG, Ibrahima Diagne : 261 travailleurs fictifs recevaient 60 millions de francs CFA par mois. Cette histoire d’emplois fictifs n’est en réalité que la face visible de l’iceberg, puisque des sources dignes de foi égrènent un chapelet de griefs qui ont fini de plomber l’envol de l’Ucg et d’en faire une niche d’irrégularités dont des surfacturations, des dettes inexistantes, ou encore un salaire mirobolant attribué illégalement au coordonnateur.
Avant hier, lors d’une rencontre avec les travailleurs du l’UCG, le nouveau ministre du Logement, de l’Habitat et de l’Hygiène publique a fait des révélations déconcertantes sur la gestion de l’Unité de coordination et de gestion des déchets (Ucg) pilotée depuis sa création par Ibrahima Diagne. Se référant à un audit, Abdou Karim Fofana parle d’un différentiel de 60 millions de francs CFA par mois pour payer des salaires à 261 travailleurs inexistants. En réalité, le ministre n’a fait qu’effleurer le rapport qui se trouve être trop accablant contre l’ancien coordonnateur du projet, Ibrahima Diagne, viré juste après et remplacé par Ousmane Ndao. Il s’agit, d’après une source proche du dossier, de 590 travailleurs irréguliers, dont 261 fictifs. «C’est une vraie nébuleuse.
L’audit révèle qu’il y a 261 personnes qui perçoivent sans être connues alors, et d’autres qui se trouvent sur le terrain sans être dans la base de données», a déclaré notre interlocuteur. Le rapport fait état de personnels recrutés illégalement par Ibrahima Diagne qui n’en a pas les prérogatives. «Tous ceux qu’il a recrutés doivent être virés», a insisté notre source qui rappelle que le coordonnateur s’était attribué un salaire mensuel de huit millions en totale violation de la loi. Et dans ce lot de travailleurs recrutés par Ibrahima Diagne, notre interlocuteur fait savoir que certains étaient âgés entre 50 et 60 ans. Plusieurs d’entre eux avaient presque l’âge de la retraite.
Notre interlocuteur a aussi évoqué les écarts de salaires qui existent dans cette boîte chargée de la gestion des déchets solides. «Vous trouverez dans la société des bacheliers payés à un million alors que des titulaires de Master ont seulement 300 000 francs», explique-t-il, non sans insister surtout sur l’existence dans le rapport de personnels salariés introuvables sur le terrain, mais aussi et surtout la disparité salariale entre les personnels. «Ceux qui sont sur le terrain ont 100 000F alors que ceux qui ne font rien gagnent beaucoup», a martelé notre interlocuteur scandalisé qu’il n’y ait pas eu une suite judicaire à cette affaire. «Le nouveau ministre fera face à un lobby puissant. Je suis ahuri que le coordonnateur ait porté plainte pour licenciement abusif, alors que l’audit a révélé des cafards qui devraient normalement le conduire en prison», confie un de nos interlocuteurs très au fait du dossier.
SURFACTURATIONS, LOBBLES A DES NIVEAUX INSOUPCONNES
Dans cette affaire de «l’or dur » qui empêche le Gouvernement de dormir du sommeil du juste, nos interlocuteurs indiquent qu’il y a beaucoup de non dits. «C’est une affaires de grands bandits qui se sucrent sur le dos de l’Etat sur la base de surfacturation», explique-t-on du côté du ministère des collectivités locales. Dans cette affaire de surfacturation, on parle de la femme d’un ministre, d’un parlementaire et d’un maire, tous de la mouvance présidentielle. Ce maire allié du pouvoir, dit notre source, a réclamé 400 millions à l’Etat. Or après vérification, on ne lui devait que 100 millions. Preuve que ce sont des lobbys insoupçonnés qui tiennent les ordures. D’ailleurs le rapport de l’Ige, effectué depuis 2016, n’a été reçu au ministère que tout récemment.
LES SYNDICATS D’ENSEIGNANTS CHARGENT MACKY
La sortie du président lors de la cérémonie de réception des cahiers de doléances, annonçant que l’Etat ne peut pas augmenter les salaires, ni faire un alignement sur le système indemnitaire, n’est pas du goût des syndicats d’enseignants
Ibrahima Baldé et Denise Zarour Medang |
Publication 03/05/2019
La sortie du chef de l’Etat, à l’occasion de la cérémonie de réception des cahiers de doléances avant-hier, mercredi 1er mai, annonçant que l’Etat ne peut pas augmenter les salaires, ni faire un alignement sur le système indemnitaire n’est pas du goût des syndicats d’enseignants. Souleymane Diallo (Sels), Abdou Faty (Sels/A) et Oumar Waly Zoumarou du Grand cadre des syndicats d’enseignants y voient une volonté du gouvernement de ne pas respecter les engagements pris. Ils comptent mobiliser leurs forces pour y faire face.
SOULEYMANE DIALLO, SG DU SELS : «Tenir une telle déclaration est une manière de mettre un terme au dialogue»
«Nous regrettons la sortie du président de la République à l’occasion de la cérémonie de réception des cahiers de doléances des centrales syndicales. C’est avec beaucoup de déception et une grande surprise que nous l’avons vu tenir de tels propos. La Fête du travail est un jour de dialogue et de concertation avec le mouvement syndical. Tenir une telle déclaration est une manière de mettre un terme au dialogue pour éplucher ensemble les accords signés. Ce que nous ne pouvons pas accepter. Nous n’allons pas accepter cette mesure du gouvernement allant dans le sens d’augmenter le prix du ciment, du fer, pendant qu’il annonce une année sociale en réduisant le pouvoir d’achat des travailleurs. Comment les travailleurs pourront-ils avoir accès au logement social face à ces mesures antisociales ? Nous comptons nous retrouver pour que la bataille que nous allons engager ne soit pas seulement d’un syndicat mais des centrales».
ABDOU FATY, SG SELS/A «Le chef de l’Etat fait du wax waxet»
«C’est un discours de statu quo des engagements pris. Le chef de l’Etat fait du wax waxet. Avant les élections, il était favorable pour la matérialisation des accords dans le cadre du monitoring. C’est maintenant qu’il vienne nous tenir ce genre discours qui ne fait qu’envenimer la situation. C’est un manque de vision qu’il a décliné en soutenant qu’il n’est pas capable d’augmenter les salaires. Les Sénégalais ne l’ont pas élu à 58% pour qu’il leur serve une telle déclaration. Nous allons fédérer toutes nos forces pour faire face à ce gouvernement. Que les Centrales nous suivent ou pas, nous allons se battre»
WALY ZOUMAROU, COORDINATEUR DU GCSE «Une volonté manifeste de ne pas respecter les engagements»
«Nous regrettons les propos tenus par le Président Sall, suite à tous ces nombreux accords. Il avait pris des engagements dans le cadre du monitoring, en donnant des instructions au Premier ministre pour que les accords soient respectés dans les meilleurs délais. Moins de deux mois après les élections, nous avons l’impression qu’il y a une volonté manifeste de ne pas respecter les engagements. Nous lui demandons de revoir sa copie. Nous ne pouvons pas accepter que rien ne peut être fait. Il faut qu’il dise aux Sénégalais que c’est une minorité des agents de la fonction publique qui bénéficient des 1000 milliards de salaire par an, au détriment de la grande majorité»
SIDYA NDIAYE, FGTS ET AND NGEUSSEUM « On ne peut pas venir apporter des doléances et recevoir toute de suite une fin de non recevabilité»
Pour Sidya Ndiaye de la Fgts et d’And Ngeusseum, la sortie du Président sonne comme un défi lancé aux centrales syndicales de ce pays. Pour cause, a-t-il dit, « on ne peut pas venir apporter des doléances et recevoir toute de suite une fin de non recevabilité». Pour autant, c’est aux centrales syndicales si elles en sont représentatives comme elles le prétendent, de trouver une alternative. « Les centrales syndicales ont abandonné le terrain de la lutte, c’est pour cela qu’elles sont traitées de la sorte et le Président sait qu’elles ne pèsent rien. Il n’y a que les syndicats de base que ce soit l’éducation, la santé et dans d’autres la justice que vous entendez sur le terrain… Où sont les centrales syndicales ? Quel est leur problème ? Est-ce que la subvention de 300 millions qu’on leur a donnée a plombé leur action revendicative ou les leaders se sont-ils embourgeoisés, étant toujours entre deux avions pour des voyages qui n’ont pas d’intérêt pour les travailleurs mais pou leurs poches. Je pense que les travailleurs doivent se réveiller. Les centrales viennent de recevoir un revers cinglant du fait de leur inaction, de leur incapacité à mobiliser les troupes et je pense que la balle est dans leur camp». Sidya Ndiaye ne manquera pas cependant de préciser, en rapport avec les revendications de la plateforme And Ngeusseum, « la sortie de Président Macky Sall ne nous concerne pas puisqu’il était prévu au mois d’avril passé d’ouvrir des négociations sérieuses sur le régime indemnitaire, le document élaboré est déjà prêt, il faut que l’Etat agisse. C’est ce qui nous concerne»
CHEIKH MBOW,COORDINATEUR COSYDEP «La déclaration du président est la meilleure façon de démoraliser les ressources humaines»
« Nous voudrions tout d’abord rappeler que le président de la République s’était bien engagé à corriger les incohérences et injustices dans le système de rémunération de la fonction publique. L’étude qu’il a commanditée sur la question doit avoir du sens. La présente déclaration du président est la meilleure façon de démoraliser les ressources humaines qui devraient pourtant constituer la base la plus sûre pour réaliser sa stratégie dite « Fast Track ». Mieux, à partir de perspectives positives et optimistes, le président devrait plutôt créer les conditions d’une motivation optimale des ressources humaines afin qu’elles soient prêtes à s’engager avec lui dans cette aventure. En tout état de cause, aucun gouvernement n’a jamais offert une quelconque augmentation sur un plateau d’argent. Une augmentation ne se quémande pas ; elle doit être le fruit d’une conquête syndicale. Si les syndicats en font une revendication importante, ils doivent se donner les moyens pour sa satisfaction. De surcroit, face aux crises sociales liées au faible pouvoir d’achat, un gouvernement est attendu dans sa capacité à lever des ressources additionnelles à partir de financements innovants qui dépassent les sources classiques (impôt et taxe) et arbitre en faveur des véritables porteurs de la croissance.
«AUGMENTER LES SALAIRES EST UN LEVIER ECONOMIQUE IMPORTANT»
Contrairement au chef de l’Etat qui, a déclaré que «c’est impensable et impossible d’augmenter les salaires», au motif que cela crève le budget, le Professeur Meïssa Babou est d’avis que l’augmentation des salaires «est un levier économique important»
Contrairement au chef de l’Etat qui, recevant les cahiers de doléances des syndicats de travailleurs avant-hier, mercredi 1er mai, a déclaré que «c’est impensable et impossible d’augmenter les salaires», au motif que cela crève le budget, le Professeur Meïssa Babou est d’avis que l’augmentation des salaires «est un levier économique important». Pour l’économiste et enseignant à l’UCAD, interrogé par Sud Fm, face aux «faibles salaires» et au «coût extrêmement élevé de la vie», la situation des salariés mérite un «fast-track» de l’Etat, qui est invité à subventionner les logements sociaux plutôt que d’instituer une nouvelle taxe sur le ciment au détriment de l’écrasante majorité des «gorgorlu».
SITUATION ECONOMIQUE DU SENEGAL
«Le Sénégal est dans un marasme économique: ceux qui sont dans des secteurs comme l’agriculture, l’élevage sont aujourd’hui dans la dèche. Tout le monde sait que ces autres secteurs ne sont pas rentables, on n’a rien fait pour les moderniser, donc c’est très difficile. De l’autre côté, pour ceux qui se sont urbanisés, si on regarde les travailleurs au Sénégal, c’est à peu près s’ils ne sont pas appauvris parce que les salaires sont faibles, le coût de la vie est extrêmement élevé. Dans les grandes villes, aujourd’hui, on ne peut pas vivre avec moins de 500 mille et tout le monde sait que la moyenne des salaires tournerait autour de 200 mille. Donc, les Sénégalais peinent difficilement à sans sortir, ils tirent le diable par la queue, s’ils ont la chance de voir ce diable-là. Voilà une situation qui demanderait une intervention rapide de l’Etat. Le «fast-track» doit être effectivement orienté vers les secteurs qui font la base de notre économie et où on trouve le maximum de Sénégalais qui, aujourd’hui, sont franchement en difficulté. Il doit les aider à moderniser tout cela et nous mettre dans des conditions de vie plus facile: l’accès à l’eau et à l’électricité. Quand je parle d’accès, je parle du coût parce que les factures sont surélevées, les locations sont surélevées, même payer la scolarité de son fils devient un problème; les Sénégalais sont fatigués.
RAISONS D’UNE AUGMENTATION DES SALAIRES
Souvent, ils prennent des chiffres pour narguer les Sénégalais. Si les salaires s’élèvent à 80 milliards, il devait aussi vous dire : on rembourse les dettes à hauteur de presque 82 milliards, ce qui n’est pas bon. Je croix que si, économiquement, le régime avait compris, il aurait peut-être fait un effort dans ce sens-là. Parce que l’amélioration des conditions de travail et l’amélioration des niveaux de salaires est peut-être une dimension très importante de la croissance économique et du développement à la fois économique et personnel. Quand le travailleur n’a pas suffisamment de moyen, non seulement il n’aura pas développement personnel, mais l’économie sera freinée, parce qu’il nous faut aller acheter. Et je croix qu’en 2004, jusqu’en 2010 presque, Me Abdoulaye Wade (ancien président) a augmenté plusieurs fois les salaires dont ceux de l’université. Et ceux qui ont profité de ces augmentations, ce sont tout simplement tous ces commerçants vendeurs de quelque chose. Parce que nous avons peut-être plus de moyens pour acheter, donc c’est un levier économique important. Maintenant, est-ce que l’Etat du Sénégal, avec un budget de 800 milliards par an, pour un budget de plus de 4000 milliards doit se plaindre ? Oh que non ! On n’a pas atteint le tiers du budget. Je croix qu’il nous faut aussi réfléchir sur ces niveaux de salaire parce qu’il y’a une différence entre les salaires d’en haut et les salaires d’en bas. On vous parle de 2 millions, de 3 millions de salaire pendant que le jeune fonctionnaire touche 180 mille ou bien 200 mille F CFA. Il nous faut réviser tout cela et nous mettre dans une dynamique de classement de ces groupes-là pour qu’on ait une classe moyenne assez forte, qui n’est pas saturé comme ceux qui touchent ces millions-là. Et cette classe moyenne-là est peut-être la classe qui peut faire bouger l’économie parce que cette classe moyenne est en phase avec des besoins non satisfaits. Donc, je crois qu’augmenter les salaires est un levier économique; malheureusement, ça n’a pas été compris.
SUBVENTION ASSEZ FORTE DE L’ETAT POUR LES LOGEMENTS SOCIAUX A LA PLACE D’UNE TAXE SUR LE CIMENT
Pour les logements sociaux, l’Etat avait un programme. Et quels logements sociaux ? C’est à «Diamniadio». Je n’ai pas vu les prix mais, de toute façon si ça dépasse les 20 millions, les 25 millions, ce n’est plus du social. Et vouloir financer des logements sociaux et venir aussi faire des augmentations sur le ciment, je vous rappelle que c’est la deuxième ou troisième fois qu’on fait une taxe sur le ciment, on avait fait une taxe sur les cigarettes et les boissons il y a quelques mois, on avait taxé beaucoup de produits. Face à une difficulté de trésorerie, l’Etat prend simplement le risque de taxer encore davantage des produits qui sont de grande consommation au Sénégal comme le ciment. Et si on augmente ce ciment-là pour contenter peut-être quelques «gorgorlu» dans des logements sociaux, et tous les autres gorgorlu qui ne bénéficient pas de ça qui sont à Fongolembi et qui doivent acheter le ciment beaucoup plus cher encore ? Est-ce qu’on a pensé à ces gens-là ? Je crois qu’à la place d’une taxe, l’Etat devait se pencher peut-être sur une subvention assez forte pour ces logements sociaux et non pas aller toucher au produit qui est extrêmement consommé par les Sénégalais et qui fera très mal pour la petite classe qui n’aura pas les moyens pour cette augmentation-là.»
UNE MESURE A CONTROVERSE !
La mesure portant interdiction de port de voile annoncée par l’institution Sainte Jeanne d’Arc (Isja) de Dakar pour la prochaine rentrée suscite la controverse auprès de certains acteurs.
Comme l’Ong Jamra qui dénonce avec fermeté la mesure. Alors que l’Isja motive sa décision, lit-on dans un communiqué, par le fait que « l’école catholique est une structure civile, elle n’en demeure pas moins «une communauté chrétienne, ayant pour base un projet éducatif enraciné dans le Christ et son évangile». Avant de poursuivre : « elle ne saurait tolérer les attitudes et comportements contraires au principe et à l’esprit de son projet éducatif. C’est le cas en guise d’exemple, d’élèves refusant de serrer la main de camarades de sexe opposé, refusant de s’asseoir à côté d’eux sur le même table-banc en classe ou sur le même banc dans la cour de récréation, refusant de faire la gymnastique dans la tenue de l’école sous prétexte de conviction religieuse, se regroupant et s’isolant dans la cour de récréation pour les mêmes raisons et refusant le port strict de l’uniforme de l’école toujours pour les mêmes raisons».
Une explication contraire à la législation sénégalaise, la déclaration universelle des droits de l’Homme et le règlement intérieur en vigueur de l’école même, selon le juriste El Hadj Amadou Thiam interrogé par Seneweb. Selon lui, « interdire le port du voile relève d’une discrimination parce qu’étant contraire à la législation régissant l’enseignement au Sénégal. Dans le règlement intérieur en vigueur dont nous avons copie, il est mentionné dans l’article 5.2 sur la tenue vestimentaire que « La tenue vestimentaire doit être propre, décente, respectant les règles d’hygiène et de pudeur par respect pour autrui. La coiffure doit rester discrète et soignée. Les chemises doivent être boutonnées, ne laissant ouvert que le bouton du col. Le port du voile est autorisé, aux couleurs de l’institution (blanc ou bleu marine).
L’uniforme avec le logo de l’Institution est obligatoire et vendu dans l’établissement. Aucune autre tenue n’est acceptée...Le port des casquettes, les piercings, le maquillage du visage et du corps, le vernis, les tongs, les claquettes ou espadrilles en savate sont interdits. Le port d’une tenue spécifique est exigé pour certaines disciplines : travaux pratiques de physique et de chimie (blouse blanche en coton). Pour l’EPS (Éducation physique et sportive), la tenue de l’établissement est obligatoire (polo blanc et short ou jogging bleu marine, avec le logo de l’Institution.) ». Pour le coordinateur de la Cosydep, « l’Etat doit prendre ses responsabilités afin de faire respecter le droit à l’éducation sans discrimination.
Pour rappel, c’est l’Etat qui les autorise, les reconnait et les subventionne à partir de nos deniers publics donc des cotisations de tous les Sénégalais, y compris la majorité musulmane ». « Sur le plan des considérations logiques ou morales, le Sénégal ne doit pas accepter d’ouvrir ces brèches qui peuvent affaiblir les fondements de la Nation », souligne Cheikh Mbow. Avant d’ajouter : « le dialogue islamo-chrétien, qui fait la réputation de notre pays, doit se construire à l’école ; les enfants doivent grandir avec ces valeurs. Il faut éduquer les enfants dans le sens de la tolérance, de la compréhension mutuelle, de l’acceptation de la diversité ; ce qui nous éviterait les extrémismes et autres radicalisations qu’on voit ailleurs ».