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29 juillet 2025
SALIF SADIO FAIT REVISITER L’«HISTOIRE» POUR DÉFENDRE SA THESE… D’INDÉPENDANCE
Comme annoncé en exclusivité dans notre édition de vendredi, Salif Sadio, le commandant en chef autoproclamé du Mfdc, a tenu sa deuxième rencontre populaire dans le village d’Affiniam (Thionck-Essyl) situé à environ 70 km de Ziguinchor
Contrairement à Koundioughor, cette fois-ci les rebelles n’étaient pas armés
Comme à Koundioughor, une semaine plus tôt, Salif Sadio a fait faux bond aux populations préférant envoyer quelques émissaires farceurs qui ont laborieusement revisité l’« Histoire » de la Casamance dans l’espoir de les convaincre d’adhérer à leur cause indépendantiste. Une seule particularité par rapport à la première rencontre : cette fois-ci les rebelles et autres organisateurs de ce meeting n’étaient pas armés dans cette zone rurale sous contrôle de la gendarmerie.
Le samedi 27 avril dernier, le Mouvement des Forces démocratiques de la Casamance (Mfdc) avait organisé une assemblée « populaire » à Koundjoughor (Bignona) où le chef combattant Salif Sadio avait annoncé sa présence. A l’arrivée, il avait été représenté par des lampistes qui ont véhiculé des messages de nature à porter atteinte à l’intégrité du territoire national puisqu’ils prônaient ouvertement l’indépendance de la Casamance. Une semaine après, Salif Sadio, le combattant en chef autoproclamé du Mfdc, a refait le même coup médiatique. C’était samedi 04 mai dernier à Affiniam, un village situé dans la commune de Thionck-Essy (Bignona) et très conservateur car ancré dans la culture diola. Comme à Koundjoughor, Salif Sadio s’est fait représenter par ses principaux lieutenants à savoir Alioune Sané, Ousmane Diédhiou et Abdoulaye Mané sortis du maquis pour tenter de convaincre les Casamançais d’adhérer à leur cause. Une cause qui consiste, selon eux, à libérer la Casamance des envahisseurs sénégalais. « Salif Sadio nous a demandé de vous répéter que les chiens « traitres » aboient, la caravane passe ! Ainsi, il n’a d’autre ambition que de libérer la Casamance. Il n’a pas varié dans cette position car l’indépendance de la Casamance est réelle, inaliénable, absolue et non négociable… », a martelé Abdoulaye Mané, le porte-parole du jour, aux cotés d’Ousmane Diédhiou (le messager de Koundjoughor). Une seule particularité par rapport à la première rencontre, cette fois-ci, les rebelles du Mfdc et les organisateurs n’étaient pas armés de Kalachnikov. Face à l’assistance, les émissaires de Salif Sadio ont laborieusement revisité l’ « Histoire » en invoquant des écrits et traités pour mieux vendre leur thèse selon laquelle la Casamance ne fait pas partie du Sénégal.
Salif Sadio se défoule sur Robert Sagna
Pour « convaincre », Salif Sadio a fait dépoussiérer le traité 22 janvier 1836 que la Casamance avait signé avec le lieutenant de vaisseau Malavois pour céder l’île de Carabane à la France. Puis un autre soi-disant traité du 3 novembre 1883 dans lequel un lieutenant de l’armée coloniale du nom de Lenoir demandait au roi Alpha Molo Baldé l’autorisation de construire le chemin de fer traversant la région naturelle de la Casamance. Selon Abdoulaye Mané, « rien que cette demande d’autorisation de la France prouve que la Casamance est un Etat hors du Sénégal » clame-t-il. Comme son compagnon d’armes Ousmane Diédhiou à Koundjoughor une semaine plus tôt, lui aussi s’est défoulé sur l’ancien ministre Robert Sagna et les membres de son groupe de réflexion pour la paix en Casamance. « Ce sont tous des traitres qui s’allient à l’ennemi pour tuer leur propre peuple. Mais je comprends les Robert Sagna et autres car, dans toute lutte de libération nationale, il y a des traitres qui s’activent pour leurs propres intérêts. Et ils sont nombreux ces traitres, ces corrompus, ces vampires en complicité avec le Sénégal pour maintenir la Casamance dans l’esclavage. Salif Sadio a dit qu’il les qualifie de criminels ! » s’est étranglé l’envoyé du commandant en chef du Mfdc face aux villageois de Affiniam et environs. « Pourquoi ce groupe de réflexion de Robert Sagna n’a-t-il jamais réfléchi sur les tristes situations de la Casamance » a ironisé Abdoulaye Mané au nom du chef de l’aile combattante du Mfdc. « Par exemple sur les cas de l’hôpital régional, de l’université Assane Seck et du pont Emile Badiane en situation délabrée. Il suffit que ces structures connaissent le même sort que le bateau Joola pour qu’ils viennent s’enrichir sur le dos des victimes » a taclé le porte-parole du Mfdc en parlant des membres du Groupe de réflexion pour la paix en Casamance. Ousmane Diedhiou a profité de l’occasion pour tenter de dispenser un cours d’histoire sur la Casamance dite « authentique » et « historique » frontalière avec le Mali, la Mauritanie et les deux Guinée. Il a ensuite rappelé d’autres mystérieuses conventions que le président Mamadou Dia aurait signées avec l’Abbé Diamacoune Senghor évoquant la notion « Etat » de la Casamance.
Une troisième rencontre se prépare !
Comme l’avait écrit « Le Témoin », Salif Sadio ne compte pas s’arrêter dans sa tournée de communication auprès des populations pour leur soumettre un « référendum » du genre : « poursuivre la lutte armée » ou « former un gouvernement du Mfdc ». Malheureusement, l’Etat du Sénégal est en train de laisser naitre une nouvelle forme de pagaille criminelle plus destructrice que celle des armes. Il est vrai que si l’Armée et la Gendarmerie ont laissé des membres du Mfdc sortir du maquis jusqu’à tenir des meetings de provocation en territoire sénégalais, c’est parce que l’autorité politique l’a cautionné. Mais vouloir sauvegarder les acquis d’un processus de paix en Casamance ne veut pas non plus dire prendre des populations en otage. Confidences d’un habitant de Thionck-Essyl : « Si mes enfants et moi avons répondu à l’appel du Mfdc, c’est pour éviter des représailles. Mais personne dans le village n’est convaincu par de telles déclarations » nous confie ce père de famille après la fin de la rencontre du Mfdc. Par ailleurs, « Le Témoin » est en mesure de vous informe qu’une troisième rencontre sera convoquée par Salif Sadio dans les prochains jours.
MACKY DEVIENT ALPHA, BETA ET OMEGA DE LA REPUBLIQUE
L’Assemblée nationale a encore vibré samedi dernier, jour du vote du projet de loi portant suppression du poste de Premier ministre.
Pendant près de 9 heures, les députés ont débattu dans un grand désordre sur ce projet de loi. Au finish, sur les 138 votants, 124 ont voté pour et 7 contre. Le président Macky Sall devient ainsi l’alpha, bêta et oméga de notre pays !
Samedi dernier 4 mai 2019, les députés de la 13ème législature étaient convoqués à l’Assemblée nationale pour statuer sur le projet de loi supprimant définitivement le poste de Premier ministre au Sénégal. 9h50mn, le décor est campé. Les députés de la mouvance présidentielle, avec le retour de Cheikh Tidiane Gadio, tout comme ceux de l’opposition, à l’exception de Ousmane Sonko et El Hadj Issa Sall qui ont brillé par leur absence, sont fin prêts pour l’ouverture de la séance. 10 heures, le président de l’Assemblée nationale, Moustapha Niasse, ouvre la séance après avoir constaté la présence de la majorité des représentants du peuple et du nouveau ministre de la Justice, Me Malick Sall, qui représentait le gouvernement. Invitée par le président de la séance à lire le rapport, la rapporteure Yéya Diallo explique que ce projet de révision de la Constitution instaure un régime présidentiel « marqué par un pouvoir exécutif rationalisé, avec notamment la suppression du poste de de Premier ministre ». « Désormais, le nouveau paradigme envisagé permettra au président de la République d’être au contact direct avec les niveaux d’application, de mise en œuvre, de suivi et d’évaluation des politiques publiques, a précisé Monsieur le ministre », lit la jeune députée socialiste Yéya Diallo.
La lecture finie, Moustapha Niasse reprend la parole pour demander à ses collègues s’ils ont des observations à faire. Sans surprise, des députés de l’opposition tout comme du pouvoir ont pris la parole pour faire leurs observations. Après quoi, le débat est ouvert. 103 députés se sont inscrits sur la liste pour prendre la parole. Ils ont 5 minutes pour s’exprimer. Et Moustapha Cissé Lo, député de la majorité, est le premier à prendre la parole. A l’en croire, le président de la République est dans la légalité. En effet, selon Moustapha Cissé Lo, dans une vie démocratique, seul le président de la République a les prérogatives de définir la politique de la nation. « Et c’est au peuple de décider qui choisir pour le diriger. Vous voyez certains opposants qui se disent légitimes et prétendent agir au nom du peuple. Alors que si vous allez dans leur parti, il n’y a que leur épouse et leurs enfants. Je pense que les textes ne sont ni la Bible, ni le Coran », raille Moustapha Cissé Lo qui appelle ses collègues de la majorité présidentielle à voter le projet de loi par la force. Malaw Sow de la majorité présidentielle, lui, dit être un député de Macky Sall. Tous ceux qui sont là sont, selon lui, des députés de quelqu’un. « Personnellement, quand on amène un projet de loi ici à l’Assemblée nationale, je vais le voter les yeux fermés » déclare-t-il. Des propos qui ont fait sortir Cheikh Abdou Mbacké Bara Dolly de ses gonds.
À en croire ce parlementaire de l’opposition, c’est vraiment honteux d’entendre certains collègues dire qu’ils sont des députés de Macky Sall. Il martèle : « Vous venez d’insulter le peuple sénégalais. Je préfère aujourd’hui être un député du Mali que du Sénégal. Je ne voterai pas cette loi parce qu’elle contient des non-dits. Je pense que Macky Sall est un complexé, raison pour laquelle il a repris des mots anglais comme le Fast-track. Nous ne sommes pas des anglais mais plutôt des Sénégalais. » Sa collègue de l’opposition, Aïssatou Sabara, pense elle que cette suppression va surcharger l’Institution qu’est le président de la République. Pour l’ancien ministre Cheikh Bamba Dieye, lui aussi de l’opposition, ce projet de loi va accroître les pouvoirs déjà exorbitants du chef de l’Etat. Mieux, il pense qu’avec ce projet, le chef de l’Etat n’est plus seulement le Chef de l’exécutif mais « il est l’exécutif lui-même. On va droit vers un régime bicéphale ». Aïssatou Mbodj alias « Aïda » est d’avis que le vote de cette loi est synonyme de concentration de tous les pouvoirs entre les mains d’un seul homme et de dépouillement de l’Assemblée nationale de tous ses pouvoirs. C’est pourquoi, elle a appelé au rejet de la loi « pour ne pas être demain accusés de complicité. Ce que nous ne devons pas accepter. C’est pourquoi, je ne voterai pas cette loi », a expliqué l’ex-mairesse de Bambey.
Mamadou Lamine Diallo bloque les travaux par une motion préjudicielle
Lorsque Kory Ndiaye de la majorité présidentielle a été appelé à prendre la parole, Mamadou Lamine Diallo se lève et demande à prendre la parole pour une motion préjudicielle. Moustapha Niasse se soumet à l’article 75 et lui donne la parole tout en lui rappelant qu’il n’aura droit qu’à une seule motion préjudicielle. « Dans la Constitution, les missions du Premier ministre ont été bien précisées dans l’article 57. Lorsque le président de la République nomme un Premier ministre secrétaire d’État à la présidence de la République c’est illégal. Parce que la Constitution ne le lui permet pas. C’est pourquoi, je pense que ce projet de loi signé par un Premier ministre illégal est illégal. C’est pourquoi aussi je demande que ce débat soit ajourné. La deuxième raison est que la Constitution dit bien à l’article premier que la République traite tous ses citoyens devant la loi. Il est dit dans le projet de loi que si le député nommé ministre est limogé de son poste ministériel, il reprend son poste. Alors qu’en est-il avec le Directeur Général ou autre. Ce qui est illégal », explique Mamadou Lamine Diallo. Moustapha Niasse reprend la parole et revient sur les articles 74 et 75 du règlement intérieur de l’Assemblée nationale avant de donner la parole à Seydou Diouf, président de la Commission des lois. Lequel fait remarquer qu’ « on était bien partis mais on essaie de nous bloquer par des subterfuges ».
Poursuivant, le député rufisquois pense que rien n’empêche le président de la République de nommer à la fois le Premier ministre comme secrétaire d’État. Répondant sur le deuxième point concernant le retour du député à l’Assemblée nationale s’il est limogé de son poste de ministre, Seydou Diouf pense qu’il ne s’agit nullement de rupture d’égalité entre les citoyens. Car, selon lui, autant on peut comprendre que dans les temps il y avait beaucoup de professeurs d’universités dans l’hémicycle « et ceci bloquait nos universités. C’est pourquoi, un universitaire peut à la fois être député et professeur d’université. C’est pareil pour les autres fonctions », a-t-il plaidé avant d’appeler son collègue Mamadou Lamine Diallo à leur permette de continuer leurs travaux. Invité par le président Moustapha Niasse à se prononcer ce point, la rapporteure Yéya Diallo demande la continuation des débats. Selon le ministre Malick Sall, la demande du député Mamadou Lamine Diallo n’est pas du tout pertinente. Il poursuit en disant qu’il souscrit aux propos du président de la Commission des lois Seydou Diouf. Mamadou Lamine Diallo reprend la parole et raille ses collègues de la mouvance en leur disant qu’ils semblent ne rien comprendre de ce qu’il a dit. Moustapha Niasse soumettra au vote la motion préjudicielle du député Mamadou Lamine Diallo. Sans surprise, elle est rejetée et les débats ont continué. Après deux intervenants de la majorité présidentielle, Mame Diarra Fam, elle aussi de Benno, est appelé à prendre la parole. « On est là aujourd’hui pour supprimer le poste de Mahammad Boun Abdallah Dionne c’est peut-être parce que c’est un incompétent. Mais, ce n’est pas mon affaire. Vous avez gagné, déroulez », dixit-elle. Serigne Cheikh Mbacké Bara Dolly, président du groupe parlementaire Liberté et Démocratie, demande la parole pour souligner les incompatibilités entre être président de la République, Premier ministre, chef de parti entre autres. Moustapha Niasse met cela à la corbeille et invite au micro la députée socialiste Aïssatou Cissokho Camara de la commune de Diamaguène - Sicap Mbao. Selon elle, les députés du camp présidentiel sont plus que jamais optimistes par rapport à la nouvelle configuration de notre sphère politique. Car, cette loi ne peut en aucun cas empêcher l’Assemblée nationale de jouer pleinement son rôle. Elle poursuit en appelant ses collègues députés de voter ce projet de loi. Son temps de parole fini, le président du groupe parlementaire de Benno Bokk Yaakar, M. Aymérou Gningue, demande la parole pour proposer une suspension de séance de 15 minutes. Moustapha Niasse soumet sa demande au vote. Elle acceptée par la majorité. Il était 14h20 mn.
TOUSSAINT MANGA À LA MAJORITÉ « Macky Sall vous a menacé de dissoudre l’Assemblée nationale si vous ne votez pas sa loi »
À la reprise de la séance aux environs de 15h30mn, des députés telles que Woré Sarr, Cheikh Tidiane Gadio entre autres ont pris la parole. Ce dernier nommé, ancien ministre des Affaires étrangères, a demandé à ses collègues d’élever le débat. Le député Déthié Fall de Rewmi, en guise de réponse, a demandé qu’on libère les « otages politiques » Guy Marius Sagna, Abdourahmane Sow, Babacar Diop... « La Constitution n’a jamais été aussi agressée dans sa dignité par son garant que sous Macky Sall. Le problème n’est pas le Premier ministre mais le président de la République lui-même. Le président est entrain de tirer les bilans d’une défaite électorale. Deux hypothèses de fraude électorale pour bloquer son successeur en 2024. En cas de défaite en 2022, il veut éviter une dualité au sommet de l’État », assène le « poulain » d’Idrissa Seck. Selon Abdoul Aziz Diop du Pds, malheureusement après avoir lésé Mahammad Boun Abdallah Dionne, la majorité présidentielle est en train de le lâcher ce samedi dernier. À en croire Mamadou Diop Decroix, on a mis entre les mains des députés un gros couteau pour leur demande de trancher la gorge de cette institution qu’est l’Assemblée nationale.
Selon lui, cette Assemblée nationale en a marre d’être piétinée et humiliée depuis 1960. Son collègue de l’opposition Toussaint Manga, lui, souligne que depuis 2012, chaque fois qu’on vote des lois, il faut que le pouvoir en place sorte la police et la gendarmerie pour pouvoir « faire passer votre forfaiture ». L’opposition n’ayant pas été associée à la décision portant suppression du poste de Pm, l’ancien patron des étudiants libéraux confie qu’il ne votera pas le projet de loi du gouvernement. Et de marteler : « Je ne voterai pas cette loi que je considère comme une tricherie électorale. Parce que je ne peux pas concevoir que, durant la dernière campagne électorale, le président ait dissimulé cette loi sans en parler au peuple. Beaucoup de députés ont peur raison pour laquelle ils veulent voter cette loi. Parce que Macky Sall leur a dit que si vous ne la votez pas, je vais dissoudre l’Assemblée nationale. » À en croire Seydina Fall Boughazely, le peuple a confiance au président Macky Sall. C’est pourquoi même s’il voulait un troisième mandat, ce peuple allait le lui donner. Cheikh Seck du Parti socialiste a fait part de sa satisfaction. Car, explique-t-il, auparavant, c’est le pouvoir qui voulait le dialogue mais « aujourd’hui je vois que c’est l’opposition qui appelle au dialogue. Je vois que vous avez évolué. Il faut donc formaliser ce dialogue qui semble aujourd’hui établi. Il faut donc faire vite parce que le Président n’a pas le temps de vous attendre. Je vois que vous n’êtes pas sincère raison pour laquelle vous n’êtes pas d’accord avec la suppression du poste de Premier ministre. Mais, le Premier ministre Mahammad Boun Abdallah Dionne est, lui, content. C’est pourquoi il a lui-même annoncé cela », a-t-il soutenu.
SEYDOU DIOUF BENNO BOKK YAAKAR : « Un État qui ne se préserve pas est en danger »
Reprenant la parole, Seydou Diouf pense qu’un État qui ne se préserve pas est un État en danger. C’est pourquoi, soutient-il, il faut le protéger. Pour clore la liste des orateurs, Serigne Cheikh Mbacké Bara Dolly, président du groupe parlementaire Liberté et Démocratie, a pris la parole avant qu’Aymérou Gning, son alter ego du groupe parlementaire de Benno Bokk Yaakar, demande à ceux qui pensent que le président Macky Sall est dans l’illégalité de faire des recours à la Cour Suprême. Parce qu’eux députés de la majorité présidentielle, ils respectent la séparation des pouvoirs. Lors de sa dernière prise de parole, le nouveau ministre de la Justice et garde des Sceaux, Me Malick Sall, a assuré que la suppression du poste de Premier ministre n’a aucun but politique. D’ailleurs, a-t-il soutenu, supprimer le poste de Premier ministre ne signifie en rien toucher à une institution. « Le président de la République n’est pas un pouvoiriste. Il respecte les institutions. Mais, je comprends certaines victimes de l’élection présidentielle du 24 février dernier. Malheureusement, je ne peux rien pour eux sinon leur dire ’’massa» », a-t-il ironisé avant de souligner que le député ne perd pas son mandat quand il est appelé à devenir ministre. La première liste épuisée, le président Moustapha Niasse, conformément au règlement intérieur de l’Assemblée nationale, souligne que deux autres listes peuvent être ouvertes si bien sûr ses collègues le veulent. Abdou Mbow demande la parole et propose la non ouverture d’une deuxième ou troisième liste. Cheikh Abdou Mbacké Bara Dolly prend son contre-pied et demande la continuation des débats. Hélas, la majorité mécanique de Bennoo Bokk Yaakar (Bby) n’était pas de cet avis. Les députés de « Macky » votent ainsi la non ouverture d’une deuxième ou troisième liste. Les débats clos, l’amendement proposé par le député Cheikh Abdou Mbacké Bara Dolly sera lu par la rapporteure. Après son rejet sans surprise, Moustapha Niasse soumet le projet de loi au vote. Sur les 138 votants, 124 « députés de Macky » ont voté pour et 7 représentants du peuple contre…
LES LEADERS ABSENTS, LA POLICE SE CHARGE FACILEMENT DES «PETITS» OPPOSANTS
Samedi dernier, jour du vote de la loi portant suppression du poste de Premier ministre, l’opposition et une frange de la société civile avaient voulu, malgré l’interdiction du préfet de Dakar, manifester contre ce projet.
Silèye MBODJI et Ousmane THIOR |
Publication 06/05/2019
Hélas ! Ils ont tous été neutralisés par les forces de l’ordre et mis au gnouf. Retour sur une journée « faste » (et pas track !) des forces de l’ordre…
Dès les premières heures de la matinée, précisément à 7h, tous les axes menant vers la place Soweto étaient quadrillés par les forces de l’ordre notamment la police et la gendarmerie. Depuis le Grand Théâtre, le siège de la Radio et Télévision Sénégalaise (Rts), l’avenue Cheikh Anta Diop ou la Corniche, les avenues Lamine Guèye et de la République, la rocade Fann-Bel Air, la place de l’Indépendance, le rond-point Sandaga… tous les axes étaient occupés par des forces de l’ordre armées jusqu’aux dents. Le dispositif sécuritaire était, à vrai dire, impressionnant. La sécurité aux alentours de l’Assemblée nationale était plus dissuasive encore. Des barrières sécuritaires étaient installées dans toute la zone et il fallait montrer patte blanche — ou carte de presse ! — pour être autorisé à passer. Sur les nerfs, les forces de l’ordre déviaient de leur chemin habituel les bus ou véhicules particuliers. Tout le centre ville était sous contrôle des policiers du Gmi dès les premières heures de la matinée. Le temps passe et une petite affluence commençait à être notée aux alentours de l’Assemblée nationale avec l’arrivée subite du responsable du mouvement « France dégage », Guy Marius Sagna, accompagné de Babacar Diop des Forces démocratiques du Sénégal (Fds) et de quelques partisans qui ont tenté de forcer le passage. C’était compter sans la détermination des policiers à s’opposer à quelque attroupement que ce soit. Malgré l’engagement et la détermination du responsable du mouvement « France dégage » de passer de gré ou de force, les forces de l’ordre ont su, suite à une rude altercation, maîtriser Guy Marius. Lequel n’avait pas dit son dernier mot car il a eu le temps de faire passer son message avant d’être embarqué dans le fourgon de la police. « Macky Sall dictateur …Macky Sall dictateur… Macky Sall dictateur. Ce projet est inacceptable ! Il est anti-démocratique ! Ce projet va semer les germes de l’instabilité et du chaos au Sénégal. Nous pensons que la Constitution est importante ! Chers citoyens sénégalais, ce projet de loi est un document à déchirer», a-t-il crié haut et fort. Il ne sera d’ailleurs pas le seul à être neutralisé et mis dans la fourgonnette de la police avant d’être conduit dans les locaux du commissariat central de Dakar. Son compère Babacar Diop des Forces démocratiques socialistes (Fds) sera le deuxième manifestant à être arrêté par les forces de l’ordre.
Babacar Diop, Guy Marius Sagna et Abdourahmane Sow arrêtés
Deux minutes plus tard, c’était au tour de Abdourahmane Sow du Cos /M23 de faire son apparition. Tout comme Guy Marius Sagna et Babacar Diop, Abdourahmane Sow, qui a voulu lui aussi braver l’interdit préfectoral pour manifester devant l’Assemblée nationale, a été mis aux arrêts par les policiers et envoyé rejoindre ses « amis » au commissariat central de Dakar. Ce n’était pas tout car, quelques heures plus tard, Ousmane Ndiaye, le secrétaire général du Mouvement du 23 juin 2011 (M23) qui s’était fondu dans la foule des journalistes, a été lui aussi arrêté. Pour éviter les « infiltrations » d’indésirables ou de fauteurs de troubles, le préfet de Dakar a ordonné aux forces de sécurité de vérifier les cartes de presse pour traquer tout intrus. Malgré cette précaution, un autre responsable de l’opposition a fait son apparition. Un responsable qui n’était autre que l’ex-porte-parole du Pds, Babacar Gaye. Tout comme ses prédécesseurs, Babacar Gaye a voulu s’adresser à la presse. C’était compter sans les forces de l’ordre qui lui ont intimé l’ordre de quitter les lieux. Ayant refusé de s’exécuter, Babacar Gaye a eu des échanges houleux avec les forces de l’ordre qui ont fini par lui interdire l’accès à l’hémicycle…où sont pourtant censées être débattues les affaires de la Nation.
Par Elimane POUYE
LE COÛT D’UNE INCONSÉQUENCE FISCALE
Une taxe sur le ciment est assez injuste car faisant reposer la charge de l’impôt sur le consommateur final au moment où le capital, majoritairement étranger, est ménagé - Elle produit un impact négatif sur la consommation nationale et sur les consommateu
En recevant les syndicats au cours de la traditionnelle cérémonie de remise des cahiers de doléances, à l’occasion de la fête du travail, le président de la République a annoncé l’augmentation prochaine du prix du ciment. Cette hausse va découler de la (re) mise en place d’une taxe sur le ciment. Pour le moment, les taux (ou tarifs) et les règles d’assiette, de liquidation et de recouvrement de ladite taxe ne sont pas encore portés à la connaissance des citoyens. Le chef de l’Etat explique la création de ce prélèvement fiscal par la nécessité de trouver des ressources additionnelles pour financer la construction de 100.000 logements sociaux pendant le quinquennat qui s’amorce. Pour justifier le bien fondé de cette option de politique fiscale, devant des interlocuteurs venus pourtant défendre le contraire (la baisse du coût de la vie en général, et celui des intrants comme le ciment en particulier), le chef de l’Etat a livré des éléments de langage intéressant. Ainsi, il a disserté sur les effets d’entrainement de la construction de logements en insistant sur son rôle moteur dans la promotion de l’emploi des jeunes, de la lutte contre le chômage ainsi que sur l’offre de formation professionnelle dans les métiers du bâtiment. In limine litis, la pertinence du propos présidentiel concernant son ambitieux programme de logement et ses conséquences socio-économiques est certainement partagée par les acteurs de tout bord. En effet, la formulation de réponse pour endiguer le chômage des jeunes ainsi qu’une offre adéquate d’un accès à un logement descente doivent faire consensus. On l’aura constaté, le chef de l’Etat est resté muet sur le choix particulier de financement de cette orientation politique. Aussi, l’objet de notre propos ne serait pas de débattre sur la volonté présidentielle de construire des logements sociaux et ses conséquences avantageuses. Nous aborderons uniquement la question de la “(re) mise en place” d’une taxe sur le ciment même si le design de cette taxe est encore inconnu. Nous nous autorisons cette lecture anticipée pour deux raisons.
D’abord, il y a un revirement à 360° de la position présidentielle. En effet, en marge de la rencontre du Groupe consultatif de Paris de décembre 2018, le chef de l’Etat avait, sans détour, émis l’idée de mettre un terme à l’exonération fiscale accordée depuis plusieurs années aux cimenteries installées au Sénégal. "Il faut qu'elles payent les taxes", avait tonné le président. Alea jacta est ! Etait-on tenté de s’exclamer ! Cette déclaration était surprenante, à tout le moins. Etait-ce un gage aux bailleurs qui venaient de miser leurs billes sur l’émergence du Sénégal et souhaitant des garanties du système fiscal ?
Ensuite, la hausse du prix du ciment était dans l’air du temps depuis que l’une des trois cimenteries sénégalaises avait décidé au début du mois de mars 2019, de façon unilatérale, d’augmenter le prix de la tonne de ciment de 3 500 FCFA. A l’époque, certaines associations consuméristes avaient rué dans les brancards pour dénoncer “avec la plus forte énergie cette augmentation” non sans “demander à l’Etat du Sénégal” de réagir en «ré-homologuant (le prix du ciment) pour éviter “qu’aucun cimentier” ne puisse avoir “le droit de modifier le prix du ciment sans l’aval de l’Etat du Sénégal». Le président-directeur général de la cimenterie en question, s'expliquant à travers les colonnes d’un quotidien de la place, a soutenu que “l’année dernière, l’Etat avait bloqué les prix, parce qu’il avait lancé une année spéciale dite une année sociale. Aujourd’hui, on est sorti de cette situation et nous ne pouvons plus continuer à vendre à perte au moment où l’Etat collecte sur nous». Dans ce tohubohu, le Ministre du Commerce, du Secteur informel, de la Consommation, et des PME avait alors par un arrêté fixant les prix plafond du ciment pour procéder au blocage des prix du ciment à leurs niveaux antérieurs en expliquant “le souci constant de protéger le pouvoir d’achat des consommateurs”. L’article premier dudit arrêté précise qu’”en application des dispositions de l’article 43 de la loi n° 94-63 du 22 août 1994 sur les prix, la concurrence et le contentieux économique, les prix plafond du ciment ex usine sont fixés aux prix antérieurs pratiqués au 1er janvier 2018”. Sur un ton presque menaçant, il poursuit en son article 3 que “les infractions aux dispositions du présent arrêté sont passibles des sanctions prévues par la loi n°94-63 du 22 août 1994 sur les prix, la concurrence et le contentieux économique” avant d’inviter “le Directeur du Commerce intérieur” à veiller sa correcte l’exécution. Mieux, au mois de mai 2018, la hausse du prix de la tonne de ciment de 5000 FCFA dominait l’actualité. Cette augmentation faisait suite à une première de 3000 FCFA notée au mois de janvier 2018. Ces deux modifications tarifaires avaient été appliquées, à l’époque, unanimement par les trois cimenteries en exploitation au Sénégal. Elles avaient conduit le Ministre du Commerce, du Secteur informel, de la Consommation, et des PME à prendre l’arrêté n°022533 du 17 octobre 2018 fixant les prix plafond du ciment.
En rappelant ces faits, il s’agit de poser la question de savoir si la mesure annoncée par le chef de l’Etat résulte-t-elle une pression exercée par les lobbies d’industrielles de la cimenterie pour augmenter le prix du ciment ? Auquel cas, la mise en place de cette taxe n’aurait aucun rapport avec la motivation déclamée par le président de la République
Fatalement, dans ce capharnaüm de contradictions, entre des faits réels et vérifiables et les déclarations présidentielles, il est utile de poser le débat de la fiscalité sur le ciment qui peut être à l’origine des velléités de hausse et celles de contestation. Aussi, proposons- nous dans les lignes qui suivent d’identifier les causes et les responsabilités des variations notées sur le prix du ciment avant d’engager le débat sur les solutions à même de remédier à ce cycle mortifère pour le consommateur et l’économie sénégalaise
1. Les origines fiscales d’un prix instable du ciment
A la veille et au lendemain du marathon budgétaire de l’année 2016, le Gouvernement du Sénégal, dans une campagne de communication distillée à dose homéopathique, bombait le torse devant la hausse historique de son budget de 2017 qui avait atteint le niveau exceptionnel de 3355 milliards de francs, contre 3022 milliards pour l’exercice 2016, soit un glissement de 330 milliards. A l’époque, le Gouvernement s’était totalement refusé d’expliquer l’origine de ce butin de 330 milliards. Et pour cause. Cette manne financière découlait principalement de l’institution de trois nouvelles taxes sur l’arachide, sur les télécommunications téléphoniques et sur le ciment. La création de ces taxes viserait, selon les termes de l’exposé des motifs de la loi des finances pour l’année 2017, à “atténuer des pertes de recettes pour l’Etat” dans la mesure où la mise en œuvre de ces nouvelles taxes “se traduira par un renforcement des recettes budgétaires qui passeront de 1834 milliards de francs Cfa en 2016 à 2084 milliards de francs Cfa en 2017, soit une progression de 250,1 milliards de FCFA en valeur absolue et de 13,6% en valeur relative.” L’omerta du Gouvernement s’expliquait par le fait que ces taxes allaient indubitablement se traduire par le renchérissement des prix du ciment et des télécommunications téléphoniques, déjà chers payés, d’une part et la baisse les revenus des paysans producteurs d’arachides, d’autre part. D’ailleurs, les organisations paysannes ont vite fait d’élever la voix pour obtenir la suspension de la taxe à l'exportation sur l'arachide actée moins d’un an après son adoption. Dans le Conseil des ministres du 20 décembre 2017 il était dit que “le président de la République a pris la décision de suspendre la taxe à l'exportation sur l'arachide pour une meilleure pénétration des marchés cibles”. La taxe sur le ciment, produisant des effets plus néfastes, doit sa survie grâce à l’absence d’une véritable culture de revendication fiscale des associations consuméristes. Il s’agit d’une taxe de trois FCFA instituée sur chaque kilogramme de ciment “vendu ou importé au Sénégal”. Dans l’optique gouvernementale d’alors, la taxe ne devait impacter ni le consommateur encore moins l’industriel surtout que celui-ci a bénéficié depuis plusieurs années d’exonérations en même temps que d’une baisse d’un élément important de son coût de production qu’est le carburant. Le Gouvernement avait fait fi, par ignorance ou volontairement, du mécanisme de translation fiscale par lequel le redevable légal d’un impôt (celui désigné par la loi) transfert la charge fiscale sur d'autres (redevables réels), en tout ou en partie. Les cimenteries ont simplement répercuté le coût de la taxe sur le ciment au consommateur. C’est ce que soutenait, à mot couvert, le PDG de la cimenterie ayant procédé à la hausse du prix quand il dit “au titre de l’année 2018, l’Etat avait bloqué les prix, parce qu’il avait lancé une année sociale. Après les élections, nous ne pouvons “plus continuer à absorber des taxes sur ses marges”. Il serait légitime de se demander si l’annonce du Chef de l’Etat seraitelle la contrepartie du blocage des prix (le coût de la taxe instituée en 2017) par les cimenteries pendant toute l’année préélectorale 2018 ? Au-delà de ce questionnement, il est important de discuter de l’opportunité de cette mesure fiscale annoncée.
2. Les causes d’une taxe évitable
Contrairement à l’argumentaire servi par le président de la République, le Gouvernement indiquait dans l’exposé des motifs de la loi des finances pour l’année 2017 d’autres raisons pour expliquer ou justifier la mise en place d’une taxe sur le ciment. Il était argué que “les nombreuses dépenses fiscales (exonérations fiscales) accordées aux trois cimenteries présentes sur le marché ayant permis de faire baisser le prix du produit à des niveaux historiquement bas, une taxation à taux modéré permet d’atténuer les pertes de recettes consenties par l’Etat sans effet dommageable ni sur le producteur ni sur le consommateur.” Cette motivation est totalement erronée. Manifestement, il y avait même une supercherie fiscale. Il est impératif de rappeler que c’est l’Etat qui a souverainement, dans le cadre de sa politique économique et sociale, décidé d’accorder des exonérations fiscales aux trois cimenteries présentes sur le marché, sur le fondement des différents Codes des mines. Les gouvernements successifs ont signé au profit de ces cimenteries des conventions de concessions contenant des dispositions fiscales et douanières particulièrement avantageuses.
Par conséquent, la volonté “d’atténuer les pertes de recettes consenties par l’Etat” devait normalement amener le gouvernement (actuel) à récupérer ces moins values fiscales entre les mains des ces entreprises qui en sont les uniques bénéficiaires.
Le Gouvernement était d’autant plus fondé à cette dernière option dans la mesure où les rapports d’études sur les dépenses fiscales ont révélé que la valeur en impôt des exonérations fiscales accordées par l’Etat du Sénégal s'élevait respectivement, milliards FCFA, à 378 ; 326 ; 220 ; 258 et 280 pour les années 2008 ; 2009 ; 2010 ; 2011 et 2012. Ces rapports avaient révélé que l’essentiel de ces exonérations ont été accordées à des entreprises du secteur extractif (les entreprises minières, pétrolières et les cimenteries). Enfin ces rapports avaient démontré que l’impact économique de ces mesures dérogatoires (exonérations fiscales) a donné des conclusions peu satisfaisantes. Dans le sous-secteur des industries extractives, les investissements réalisés ne seraient pas à la hauteur des importantes mesures d’allègements fiscaux accordées de même que la productivité demeure largement en deçà des résultats escomptés. Au vu des recommandations de ces rapports, le président Wade, dans un dernier baroud d’honneur (un sursaut de patriotisme économique), décida, à travers la loi de finances de l’année 2012 (la loi n°2011-20 du 13 décembre 2011), d’instituer une Contribution spéciale sur les produits des mines et carrières (CSMC) malgré toutes les contestations des acteurs du secteur. Cette taxe devait être supportée directement par les entreprises et était budgétisé à près de 50 milliards. Dans la même dynamique, le président Abdoulaye Wade avait engagé la réforme du Code général des impôts pour clarifier le dispositif exonératoire au Sénégal à travers la mise en place d’un “droit commun incitatif”. L’actuel régime, en finalisant le projet du président Wade, à travers l’adoption des lois n°2012-32 du 31 décembre 2012 et n°2012-31 du 31 décembre 2012, a choisi une réforme à droit constant, c’est-à-dire sans révision des conventions de concessions existantes. Pire, la CSMC a été même abandonnée par le Gouvernement. Il faut signaler, en effet, que l’Etat du Sénégal, suite à des plaintes introduites par les cimenteries, a été condamné dans de nombreuses décisions de justice dans lesquelles le juge avait estimé que la loi instituant la CSMC était non conforme au Règlement n°18/2003/CM/UEMOA du 23 décembre 2003 portant Code minier communautaire. Aujourd’hui comme hier (en 2017) en (re)créant une taxe sur le ciment, l’Etat du Sénégal se retourne contre les consommateurs pour récupérer ce que les cimenteries lui ont privé suite à ses décisions trop généreuses. En (ré) instituant une taxe incluse dans le prix du ciment, le Gouvernement épargne les cimenteries et s’attaque aux maigres revenus des sénégalais qui investissent dans l’immobilier, soit à la recherche d’un chez-soi, soit de revenus locatifs additionnels. Du reste, il est observable que le Sénégal est l’un des rares pays en Afrique où les cimenteries sont éligibles aux régimes fiscaux de faveur prévus pour les entreprises minières, pétrolières et gazières. Cela est souligné dans un rapport de mission du FMI datant de 2012. La révision du Code minier de 2016 n’a pas remis en cause cela. Contrairement aux mesures prises et celles annoncées, la mise en œuvre du PSE, avec des besoins conséquents de financement par une plus grande mobilisation des ressources internes, devait être l’occasion d’une mutation en profondeur de la fiscalité des industries extractives en général et des cimenteries en particulier. Dans ce cadre, des solutions équilibrées sont bien possibles au-delà des réformes déjà introduites par la loi n°2016-32 du 08 novembre 2016 portant Code minier
3. Les solutions fiscales possibles
Le régime fiscal des industries extractives appelle une adaptation tant en ce qui concerne le dispositif normatif que sa gouvernance institutionnelle. Dans ce cadre, il est possible d’engager des réformes de politique fiscale ou d’adopter des mesures d’administration fiscale. Il peut s’agir aussi de combiner les deux en même temps, étant entendu que ces aspects constituent les volets indissociables pour moderniser le système fiscal d’un secteur. Ces mesures appellent des ruptures profondes qui font la sourde oreille aux arguments fallacieux tendant à surdimensionner le poids de ces entreprises dans l’emploi salarié au Sénégal. La correcte de la fiscalité des ressources minérales et une gouvernance vertueuse du système fiscal de ce secteur sont des enjeux fondamentaux de développement. Une étude de la DPEE, intitulée “Evaluation du Potentiel fiscal du Sénégal- Document d’Etude N°34- DGPPE/DPEE/DEPE_ septembre 2016, confirme ce propos. L’étude révèle que : “depuis 2011, le Niger qui a commencé son activité d’exploitation pétrolière est devenu le premier pays dans la zone UEMOA en matière de recouvrement de recettes fiscales en pourcentage du PIB. A partir de 2013, le Togo et le Niger réalisent les meilleures performances fiscales. Les résultats du Togo s’expliquent par l’importante réforme des finances publiques consacrant la création de l’Office Togolais des Recettes”. Dans cette même étude, la DPEE soutient (à la p.25 de son rapport) que “à partir de l’estimation du niveau de prélèvements fiscaux, les paramètres d’inefficience technique sont recueillis”. Elle définit le terme d’inefficience technique comme une “déficience de gouvernance” ainsi qu’une inefficience “liée à la politique fiscale” p.22. En effet, la DPEE fait le constat que “la marge de progression des recettes fiscales en pourcentage du PIB au titre des lignes de taxes considérées est estimée à 2,8 points”. Concrètement, par rapport à l’année de référence de l’étude (2014), “le potentiel fiscal est estimé à 1695,5 milliards soit 22,4% du PIB alors que les recouvrements effectifs de recettes fiscales s’élèvent à 1482,5 milliards soit une pression fiscale de 19,6% du PIB”. En d’autres termes, “l’Etat aurait pu collecter 213 milliards de taxes supplémentaires, soit une marge de progression de 14% qui représente l’effort fiscal, n’eut été l’inefficience technique” p.29 de l’étude et, ce sans créer de nouvelles impositions.
L’étude conclue que “ce résultat traduit l’effort fiscal à consentir pour atteindre le potentiel en matière de recouvrement.
Cet écart par rapport au potentiel serait lié aux pertes de recettes liées aux exonérations et autres facilités accordées par l’Etat, aux activités du secteur informel et aux phénomènes d’évasion fiscale” p.27.
Dès lors, plutôt que de surtaxe les populations par (re)création d’une taxe sur le ciment, il est possible d’expérimenter quelques solutions comme: - la rationalisation des exonérations fiscales qui doit être engagée concurremment à la révision des contrats et conventions minières des entreprises du secteur ; - la renégociation du dispositif communautaire pour conformer le droit positif sénégalais à la législation sous régionale. Ces solutions sont esquissées dans le rapport d'assistance technique de décembre 2018, “Sénégal Eléments d’une stratégie de mobilisation des recettes intérieures à moyen terme et évaluation de l’efficacité opérationnelle de la DGID” du Département des finances publiques du FMI soulignait “la faible élasticité du système fiscal sénégalais par rapport à la croissance économique n’autorise pas un tel optimisme. Et pour cause, l’existence de nombreuses exonérations fiscales dans plusieurs secteurs productifs. De fait, la fiscalité apparaît en filigrane du PSE comme une contrainte au développement. À plusieurs reprises, le PSE envisage la mise en place de mesures incitatives ou d’exonérations. Or, chaque nouvelle incitation fiscale réduit le caractère général de la fiscalité et grève les recettes fiscales de l’État sans que son impact réel soit nécessairement évalué a posteriori. La transposition des mesures d’exonérations prévues au PSE dans le système fiscal n’est ni détaillée ni encadrée et peut donc “faire boule de neige” à moins que des mesures préventives ne soient prises dans le cadre d’une stratégie globale de mobilisation des recettes à moyen terme (page 31)”.
Plusieurs rapports publics pointent la structure des recettes fiscales du Sénégal, fortement déséquilibrée. Il est à craindre que la fiscalité ne devienne régressive du fait que les impôts sur les biens et services constituent aujourd’hui l’essentiel des recettes fiscales (69,76 % de taxes indirectes et assimilées) alors que les impôts sur le revenu et sur les bénéfices sont seulement à 30,24 %. Les taxes sur la consommation entrainent nécessairement des hausses de prix à travers le phénomène dit de l’inflation par l’impôt. Ces taxes, par effet d’éviction, rétrécissent la consommation avec des effets induits sur les impôts prélevés sur la consommation, principalement la TVA qui est le pilier des recettes fiscales. Dans une certaine mesure, le repli de la consommation ou de la demande se traduira par une baisse de la production et incidemment de l’investissement. En gros, tout le cycle économique est impacté par ces mesures fiscales inappropriées et évitables. Une taxe sur le ciment est assez injuste car faisant reposer la charge de l’impôt sur le consommateur final au moment où le capital, majoritairement étranger, est ménagé. Elle produit un impact négatif sur la consommation nationale et sur les consommateurs. Elle peut avoir des effets très négatifs sur le PIB compte tenu de l’apport du secteur des BTP à la formation du PIB.
ELIMANE POUYE
Inspecteur des impôts,
Secrétaire général honoraire du Syndicat Autonome des Agents des Impôts et des Domaines (SAID)
Affirmant que la Société de transformation d’alcool pur (Stap) qu’il dirige est 100 % d’accord avec les inquiétudes relevées par le président de la République, David Attal soutient tout de même qu’il n’est pas de leur ressort de contrôler la vente finale de leurs produits finis commercialisés sur l’ensemble du territoire national. Il demande que l’âge de consommation de l’alcool soit relevé à 21 ans.
Implantée à Thiès depuis 15 ans, la Stap s’active dans la production de l’alcool. Il y a 10 ans, cette entreprise fabriquait des “Jakarta’’, avant que l’État ne décide d’interdire leur production et commercialisation à travers le pays. Aujourd’hui, elle ne produit aucune boisson alcoolisée de moins de 50 cl. Car le ministère du Commerce avait sorti l’arrêté ministériel n°18757 en date du 18 septembre 2015, “portant interdiction de la fabrication, de l’importation et de la vente des formats de boissons alcoolisées d’un volume titrimétrique de plus de 18° et de contenance inférieure à 50 cl, quel que soit le type d’emballage utilisé’’. En dépit de cet arrêté ministériel et les sanctions prévues par la loi, l’alcool continue d’être vendu au détail dans des bars et autres dépôts de boissons alcoolisées à Thiès. Cependant, le directeur général de la Stap, qui dit être contre la fabrication des dosettes en sachet, demande à l’État de mettre tout en œuvre pour trouver des solutions adéquates à la vente au détail, synonyme d’accès facile de la jeunesse à l’alcool. “L’État avait autorisé une société indienne établie à Rufisque à produire les sachets. Pendant ce temps, nous on ne produisait pas. Cette entreprise a commencé à fabriquer ces sachets et à vendre partout. Après, une autre société est installée à Dakar et a commencé aussi à produire. Quand on a su que cette vente prenait de l’ampleur, on s’est également lancé, après avoir reçu l’aval du ministère du Commerce. Mais on se rendait compte que ce format n’était pas adapté et bon pour la jeunesse. Mais ça fait 10 ans que les sachets de liqueur ne sont pas produits au Sénégal’’, confie David Attal à “EnQuête’’.
Il précise que c’est la concurrence qui avait poussé la Stap à se lancer dans la fabrication de dosettes en sachet communément appelées “Jakarta’’, qui se vendaient entre 300 et 400 F Cfa. Abordant la question proprement dite de l’accès facile de l’alcool aux jeunes, David Attal souligne qu’il est plus important à Dakar qu’à Thiès. “A Dakar, l’alcool est beaucoup plus accessible aux jeunes. Il faut aussi noter que les pays limitrophes produisent des sachets. On ne peut pas contrôler la vente finale de l’alcool. Ce n’est pas notre rôle. Cela fait 10 jours que la polémique fait rage dans les réseaux sociaux et personne n’a brandi un seul sachet venant du Sénégal. Mais il y a d’autres phénomènes qui existent, parce qu’éliminant les sachets, ils vendent au détail. On ne peut pas le contrôler’’, se défend toujours le directeur général de la Stap.
Pour parvenir à une solution efficace à même d’épargner les jeunes, M. Attal pense qu’il vaut mieux structurer et réglementer la vente d’alcool au Sénégal. Normalement, ajoute-til, le client qui se présente à un vendeur pour l’achat de l’alcool doit se munir de sa pièce d’identité nationale. “Le meilleur moyen de contrôler la vente au détail, c’est de parvenir à un partenariat entre l’État et les sociétés structurées. Il faut également relever l’âge de consommation d’alcool à 21 ans (il est actuellement à 18 ans). Si la personne n’a pas 21 ans, elle ne doit pas prendre de l’alcool. Il faut protéger la jeunesse. Je suis tout à fait d’accord avec le président Macky Sall. Le meilleur moyen de protéger la jeunesse, c’est de contrôler les ventes au détail. Il faut aussi surveiller les enfants, dès le bas âge et leur faire part des dangers de l’alcool’’, préconise David Attal.
Dga Stap : “On a aucun intérêt à mettre en péril la société’’
Tout comme le directeur général David Attal, qui soutient que lui et ses collaborateurs ne peuvent, en aucun cas, être tenus pour responsables de la vente de l’alcool au détail, son directeur général adjoint souligne que leur travail s’arrête à la fabrication autorisée en juin 2017 par la Division de la consommation et de la sécurité des consommateurs, sous le n°267/2016/Fra. Mais pas au contrôle de leur produit, une fois mis en vente sur le terrain. “Nous ne sommes aucunement responsables de cette vente d’alcool au détail. Ce qu’on peut faire, c’est créer des produits à partir de 50 cl, suivant les interdictions de l’arrêté ministériel de 2015. Donc, cette vente au détail de sachets ne peut aucunement venir de notre société. Nous ne vendons qu’à des structures, que ça soit des supermarchés, des grandes surfaces et alimentations. On ne peut pas contrôler cette vente au détail’’, clarifie Salim Mazkour. Ainsi, le Dga de ladite société indique que ce qui se passe en dehors de leur cadre de travail ne saurait leur être imputé. “On n’a aucun intérêt à risquer la vie de toutes ces personnes qui comptent sur nous. On n’a aucun intérêt à mettre en péril la société’’, dit-il, invitant aussi l’État à sévir pour arrêter la vente au détail.
LE DRAME SOCIAL
Macky a déploré “la multiplication des fabriques et des lieux de vente de boissons alcoolisées, en dehors du cadre réglementaire - Cependant, cette invite semble arriver un peu tard, car certains citoyens, ont déjà choisi d’épouser l'alcool
Des situations qui, selon lui, peuvent exposer les jeunes aux “tentations et aux conséquences de l’usage de ces produits’’. Cependant, cette invite semble arriver un peu tard, car certains citoyens, y compris les jeunes, ont déjà choisi d’épouser l’alcool.
“Il arrive que nous passions toute la journée ici (au dépôt de boissons). Nous rentrons soul à la maison. L’argent que nous gagnons est destiné à l’achat de l’alcool. Je n’achète pas de riz pour ma famille. Je n’achète pas d’habits pour mes enfants et pour moi-même. A cause de l’alcool, je ne peux même plus assurer le petit-déjeuner à mes enfants. Pas de dépense quotidienne chez moi. Tout ce que je fais avec l’argent que je gagne, c’est acheter de l’alcool. Parfois, je ne mange pas. Je suis fatigué. Je veux arrêter’’. Ce témoignage poignant qui retentit comme un cri du cœur est celui d’un Thiessois qui est devenu prisonnier de l’alcool. Une victime parmi tant d’autres. Combien sont-ils à sombrer dans l’alcool ? Personne ne saurait le quantifier. En tout cas, entre l’alcool et Fallou, c’est une histoire ancienne que les dramaturges sénégalais et africains peuvent raconter dans des dizaines de bouquins. C’est à l’âge de 21 ans qu’il a goûté, pour la première fois, à l’alcool. Juste après, commença une “belle’’ aventure. Une histoire qui, quelques années après, a presque ruiné sa vie. Aujourd’hui, il étale ses regrets et se dit prêt à mettre une grosse croix rouge sur la consommation de boissons alcoolisées. Jugeant pertinente, sage et salutaire la déclaration du chef de l’État faite en Conseil des ministres, Fallou indique qu’il adhère à l’idée de Macky Sall d’interdire la vente illicite de boissons alcoolisées.
A son avis, les lieux de fabrique et de vente d’alcool doivent être rayés de la carte du pays, pour ne pas hypothéquer davantage l’avenir des jeunes. Cela, dit-il, va permettre de protéger les jeunes qui n’ont pas encore goûté à l’alcool. “Le président de la République, Macky Sall, a parfaitement raison. Je suis tout à fait d’accord avec lui. Sa décision est pertinente. Parce que l’alcool a fini de détourner la jeunesse thiessoise, les mineurs y compris. Je vois ici des jeunes qui ont seulement 10 ans et qui s’adonnent à l’alcool. Mais ils ne sont pas responsables. Si on doit chercher les fautifs, il faut se référer à ceux qui produisent et vendent les boissons alcoolisées. La vente illicite et au détail est un phénomène réel. Il y a un quart qui coûte 800 F Cfa, un demi-litre à 1 500 et 1 600 F Cfa. Tout dépend de ce que tu as dans ton porte-monnaie. Parfois, avec moins de 800 F Cfa, tu peux t’en procurer. Nous sommes de grands consommateurs d’alcool et voyons tout ce qui se passe dans cette ville’’, informe Fallou, insistant qu’il est prêt à arrêter la consommation d’alcool. “Si c’était à refaire, je ne m’approcherais jamais d’une seule bouteille de boisson alcoolisée. Mais c’est dommage parce que je n’ai pas le choix. Dans ma famille, tout le monde boit de l’alcool’’, se désole le maçon trouvé à quelques jets de pierre d’un célèbre dépôt de boissons de la place, vers les coups de 21 h, en compagnie de trois de ses amis, en ce jeudi 25 avril.
Toujours à l’ère des “Jakarta’’
Ici, on peut débourser moins de 1 000 F Cfa pour obtenir sa dose de whisky, de gin, de pastis ou encore de vin rouge ou blanc. Après l’achat du produit, le client peut le consommer à quelques mètres du lieu de vente et sans être inquiété, sous le regard curieux des passants. Il y a quelques années, l’alcool avait emporté un jeune dans la banlieue dakaroise. Ce dernier avait abusé de la boisson alcoolisée conditionnée dans des sachets et connue sous le nom de “Jakarta’’. Une boisson produite et vendue par des sociétés établies à Dakar et à Thiès. Mais, depuis des années, celle-ci a cessé d’être fabriquée. Les autorités avaient interdit sa fabrication et sa commercialisation sur toute l’étendue du territoire national, à la suite du décès du jeune homme. Cependant, les “Jakarta’’ (boisson alcoolisée conditionnée pour être vendue au détail) continuent de circuler comme les vrais Jakarta (motos-taxis). Sauf que c’est sous une autre forme, au niveau des bars clandestins et dépôts de boissons alcoolisées. Face à une telle situation, le jeune A. N., lui aussi accro à l’alcool, demande au président Macky Sall de mettre de l’ordre dans la commercialisation de cette boisson. “Je veux que le président de la République interdise la fabrication et la vente d’alcool dans ce pays. L’alcool a complètement détruit ma vie. Je veux arrêter. Par contre, je n’y arrive toujours pas. Si le président Macky Sall veut protéger sa jeunesse, qu’il ordonne tout simplement la fermeture de toutes ces fabriques de boissons alcoolisées. C’est ça l’unique solution, car nous sommes fatigués de sombrer dans l’alcool’’, regrette l’habitant du quartier Angle Serigne Fallou, dans la commune de Thiès-Ouest. Des Sénégalais comme A. N. ont fini de se noyer dans l’alcool, depuis leur bas âge. Ils ont comme seul compagnon aujourd’hui l’alcool. Un breuvage qui dicte sa loi et finit par trahir les consommateurs accros. Bien qu’elle détruise des vies, sa consommation reste toujours très prisée. Elle continue d’être vendue au détail. Chacun y va de sa pratique. Certains préfèrent avoir le produit dans des gobelets en plastique, d’autres le veulent dans des sachets blancs de 10 F Cfa. Pour mieux le siroter. Plus grave, la consommation d’alcool est devenue un besoin primaire pour beaucoup. Et s’en procurer est loin d’être un casse-tête pour le disciple de Bacchus, qu’il soit jeune ou adulte. Car, dans la cité du Rail, les points de vente ou de dépôts d’alcool poussent comme des champignons.
“Les élèves sont aussi de grands buveurs’’
Et c’est peu de dire que l’alcool fait des ravages. Et n’épargne aucune frange de la société. Ce phénomène a transformé le vécu quotidien de bon nombre de jeunes Thiessois, souligne A. N., trouvé lui aussi au même endroit que Fallou. “La jeunesse est tellement affectée par ce phénomène. Les élèves sont aussi de grands buveurs. Nous fréquentons les lieux de vente de boissons alcoolisées et nous savons ce qui se passe dans ce pays. Il n’y a rien à cacher. Les élèves boivent de l’alcool et utilisent même d’autres stupéfiants beaucoup plus dangereux, tel que le chanvre indien. On sait tout’’, déplore A. N., insistant encore sur le fait le chef de l’État doit interdire la production et la vente d’alcool dans ce pays. “Monsieur le Président, merci de faire quelque chose, sinon vous aurez du mal à reconnaître votre jeunesse, d’ici quelques années. Moi, j’ai commencé à boire depuis mon jeune âge. Et cela fait presque 30 ans que je consomme de la boisson alcoolisée. Aujourd’hui, je ne peux rien faire. Je travaille et gagne de l’argent. Mais il arrive que je rentre les mains vides à cause de l’alcool. Je bois tout avec mes amis, ici. En venant ici le matin, j’avais 6 500 F Cfa dans ma poche. Maintenant, il ne me reste que 1 000 F. L’alcool a tout emporté’’, poursuit A. N. Aussi, souligne-t-il qu’interdire la vente et la consommation d’alcool dans ce pays serait synonyme d’une jeunesse ou d’une société bien éduquée et en bonne santé.
“L’eau fraîche a aussi des conséquences…’’
Toutefois, son ami Fallou précise qu’il existe aussi d’autres moyens de produire de l’alcool. “La levure peut être utilisée pour fabriquer de la boisson alcoolisée. Le jus de cajou fermenté peut devenir de l’alcool. Il y a également le vin de palme. C’est pour vous dire qu’il existe d’autres canaux pour produire de la boisson alcoolisée. Donc, il appartient à l’État de veiller à ce que toutes ces fabriques soient fermées, une bonne fois pour toutes. C’est l’unique solution pour nous de cesser de boire’’, recommande-t-il. Cet autre “esclave’’ de l’alcool, qui a également élu domicile dans ce même dépôt de boissons alcoolisées, affirme que l’heure a sonné pour l’État du Sénégal de sévir et de trouver des solutions idoines à ce fléau qui fait des ravages au sein de la jeunesse sénégalaise. “Il y en a qui vendent, alors qu’ils n’ont pas de licence. A l’État de les traquer et de les punir conformément aux dispositions et règles en vigueur dans ce pays. S’il le fait avec rigueur, les jeunes peuvent être épargnés de l’alcool’’, soutient-il. Toutefois, si ces compères se disent prêts à tourner le dos à l’alcool, ce dernier préfère siroter encore pendant un moment son breuvage. “L’alcool ne détruit rien du tout. Bien contraire. Moi, j’achète un verre à 500 F Cfa. Je bois tout le temps. L’alcool ne me dérange pas et ne détruit rien du tout. Même si on venait à revoir son prix à la hausse et au même prix d’achat que celui d’un réfrigérateur, je serais prêt à débourser ce montant pour boire’’, confie-til à nouveau. “Tu mens ! L’alcool est l’ennemi du siècle de l’homme. Tu mens ! Il n’arrange personne’’, recadre A. N. assis à même le sol et juste à côté de son ami. Lors de ce même Conseil des ministres, le président Sall a instruit le gouvernement de “déployer tous les moyens nécessaires pour arrêter la vente illicite de boissons alcoolisées sur l’ensemble du territoire national et à réviser les textes y afférents’’. Mais, en attendant la mise en œuvre effective de ses recommandations, les accros ou disciples de Bacchus continuent de lamper tranquillement leur gin, vin, whisky ou encore pastis, au péril de leur vie et de leur santé.
« LA PART DE L’ARTISANAT LOCAL DANS LA COMMANDE PUBLIQUE EST UN DROIT »
Sélon Mouhamadou Sarr, l'octroi des 15% de la commande publique aux artisans locaux n'est pas respecté
Le chef de l’Etat avait promis, en 2013, lors du Conseil des ministres décentralisé à Tambacounda, d’octroyer 15 % de la commande publique aux artisans locaux. Mais, selon le président de l’Union des menuisiers du Sénégal (Ums) Mouhamadou Sarr, cette directive n’a pas été respectée. Dans une interview accordée à “EnQuête’’, il revient sur les problèmes qui plombent le développement de leur secteur, le Code forestier, le décret présidentiel pris après la tuerie de Boffa Bayotte…
Comment décrivez-vous, aujourd’hui, le secteur de l’artisanat sénégalais, notamment celui de la menuiserie ?
Dès 2012, après l’élection du président de la République Macky Sall, nous avions beaucoup d’espoir, à travers ses déclarations. Et même des directives qui ont été données. Il avait dit, lors du Conseil des ministres décentralisé de Tambacounda, en avril 2013, qu’il va octroyer 15 % de la commande publique aux artisans locaux. Cela n’a pas été fait. L’employabilité des jeunes dont il parle, on ne peut l’avoir que dans le secteur de l’artisanat. Aujourd’hui, il parle de la modernisation de l’agriculture, de la pêche, de l’élevage. Mais personne n’entend parler de celle du secteur de l’artisanat. Nous avons des équipements qui datent de très longtemps. Et il n’y a pas une vision claire sur le développement de notre secteur, ni de politique de modernisation. Donc, l’artisanat manque de tout. Les textes qui régissent nos chambres de métiers sont vétustes. Le Sénégal devrait s’orienter vers les assises de l’artisanat. Nous venons d’avoir un nouveau ministre. Mais il n’y aura qu’une continuité. Il n’y aura pas de changement. Le changement, c’est une vision, un engagement, une volonté. Il faut créer un cadre pour pouvoir harmoniser toutes les ressources, personnes, les directions qui sont dans le secteur. Parce que l’artisanat est logé dans l’architecture du ministère de la Formation professionnelle. Or, il méritait d’avoir un ministère plein. L’Etat devrait accompagner les artisans, petit à petit, vers l’industrialisation. Ce qui permettrait à un artisan de se développer progressivement pour devenir une petite et moyenne industrie (Pmi) et, plus tard, une grande industrie. Mais, ce qu’ils font, c’est du copier-coller. La formation professionnelle n’a rien à voir avec l’artisanat. La formation professionnelle est classique. Et le ministre de tutelle, Mamadou Talla qui vient de quitter, durant les 7 ans qu’il a passés à la tête de ce département, ne s’est focalisé que sur la formation professionnelle. Rien n’a été fait dans le secteur de l’artisanat.
Donc, vous voulez dire que les directives du chef de l’Etat ne sont pas respectées, surtout par rapport à la part de l’artisanat dans la commande publique ?
Dans la commande publique, il ne doit pas y avoir de part de l’artisanat local, c’est un droit. La commande publique doit être dédiée à la main d’œuvre locale. Ce n’est pas seulement l’artisanat. La commande publique de l’Etat, c’est en termes de bureau, de matériel, etc. On regarde ce qui peut être fait ici, on le commande à la main-d’œuvre locale. C’est un droit, ce n’est pas une part qu’il doit nous donner. Celui qui aspire à diriger un pays doit faire en sorte que ses fils et filles puissent accéder à un meilleur cadre de vie. Pour les artisans et les ouvriers, c’est à l’Etat de créer le cadre pour qu’ils puissent faire parfaitement leur travail, accéder aux marchés, à des formations, aux financements, aux fonciers, etc. L’artisanat a un problème, notamment, sur les “4 F’’. Il s’agit de la formation, du foncier, de la formalisation et du financement. Dans toutes les communes du Sénégal, il n’y a pas une politique vis-à-vis des artisans qui consiste à créer un cadre propice, des villages artisanaux, une zone industrielle, à la recherche de partenaires pour les accompagner, etc. Aucune de nos chambres de métiers n’est dans cette directive. Nous sommes laissés à nous-mêmes. Ceci, malgré des slogans qu’on donne par-ci, par-là dans les déclarations politiques qui ne sont pas suivies. L’heure est grave, nous devons faire comme l’agriculture et la pêche, en essayant de voir les voies et moyens pour moderniser le secteur.
Vu que la formation des acteurs de votre secteur reste un défi à relever, est-ce qu’ils sont en mesure d’assurer la commande publique ?
Ce n’est pas un prétexte. L’éducation et la formation, c’est du devoir de l’Etat de les assurer à ses citoyens. Il doit mettre en place un dispositif. Cela existe. Mais c’est utilisé à des fins politiques. Aujourd’hui, on a l’Office national pour la formation professionnelle (Ofnp), le Fonds national pour la formation professionnelle (Fnfp), la Direction de l’artisanat, celle de l’apprentissage, celle des petites et moyennes entreprises (Pme). Pourquoi ne pas articuler toutes ces structures en une seule, forte, pour répondre aux aspirations des ayants droit ?
Et par rapport à l’accès au financement, le chef de l’Etat a récemment mis en place des instruments tels que la Der. Est-ce que vous vous voyez dans ces dispositifs ?
C’est vrai que la Délégation à l’entreprenariat rapide (Der) a financé des Sénégalais, des artisans, des chauffeurs, etc. Mais c’est un financement qui vise la politique. On était à l’approche de l’élection. On a débloqué 30 milliards de francs Cfa qu’on a mis dans une caisse pour voir dans quels secteurs injecter de l’argent. Or, je parle de politiques sectorielles pour l’artisanat. Nous devons organiser les assises de l’artisanat pour que les acteurs, les pouvoirs publics, les bailleurs de fonds réfléchissent ensemble pour mettre en place un document de mise en œuvre de politiques de modernisation du secteur. Ce n’est pas seulement la Der, même le Fonds de garantie des investissements prioritaires (Fongip) fonctionne de la même manière. J’avais déposé un dossier au Fongip, mais cette structure, c’est une coquille vide. Ce qu’on a dit à travers les missions de ce fonds et ce qu’il en est vraiment, c’est différent. Il disait que l’artisan, l’agriculteur ou l’éleveur qui n’avait pas de garantie pour accéder à un financement, le fonds est venu pour combler ce gap. En mettant en place un budget dans les banques pour garantir les projets des porteurs de projets. Mais ils ne l’ont pas fait. Si on apporte son projet, on demande une garantie et on dit que le Fongip n’intervient que selon un taux d’intérêt. Le slogan annoncé et la réalité des faits n’étaient pas la même chose. Ce qui fait que le Fongip n’a pas eu de résultats.
Est-ce que les projets qui sont soumis à ces structures sont banquables, avec un bon business plan ?
Tout cela, c’est l’échec des pouvoirs publics. L’Etat n’a pas la responsabilité de créer des emplois, mais il lui revient de créer le cadre macroéconomique. Il doit mettre en place des institutions administratives comme financières. Il doit encadrer ses promoteurs, ses entreprises. Les Chinois qui sont là, à qui on a donné nos autoroutes et autres, les ouvriers qu’ils emploient sont des prisonniers de leur pays. La Chine, en négociant avec d’autres pays, prend en compte ses ressortissants qui ont des peines ou qui n’ont pas d’emplois, en signant des conventions avec nos Etats pour les accompagner. En plus, ils encadrent leurs entrepreneurs. L’Etat doit former les entreprises à être compétitives
Pour l’exploitation du bois, l’Ums préconise la suppression des quotas régionaux au profit de ceux nationaux. Qu’est-ce que cela signifie ?
L’exploitation du bois est légiférée dans le Code forestier. Jusqu’ici, les quotas sont délivrés aux exploitants en collaboration avec les chambres de métiers. Cette procédure nous crée beaucoup de problèmes. Parce que le menuisier n’a pas accès à ces quotas. Il achète le bois aux exploitants. Il n’a qu’un reçu d’achat. Quand il transforme le produit pour en faire un bureau, une armoire, etc., le service forestier peut venir dans son atelier pour lui demander ses papiers. S’il ne les a pas, on saisit ses produits. C’est pourquoi nous disons qu’il faut harmoniser cette exploitation, en collaboration avec les acteurs, les exploitants, les menuisiers, mais aussi les chambres de métiers. Jusqu’ici, il fallait passer par des réformes. On doit revoir la mission assignée à nos chambres de métiers. Elles doivent descendre à la base, discuter avec les artisans pour leur donner l’information requise pour les orienter vers d’autres perspectives.
Après les évènements de Boffa Bayotte, le chef de l’Etat avait sorti un décret pour interdire l’exploitation de la forêt, de la coupe de bois…
Depuis lors, nos braves menuisiers qui sont dans le Sud ont d’énormes problèmes. Ils ne vont plus travailler, parce qu’ils n’ont plus accès au bois. Depuis plus de 6 mois, ils sont en chômage technique. Jusqu’à la veille de l’élection, ils étaient dans l’embarras. Beaucoup de personnes disent qu’Ousmane Sonko a gagné Ziguinchor. C’est vrai, c’est de la politique. La Casamance n’a pas voté Sonko, elle a sanctionné Macky Sall. Lors de la campagne présidentielle, le président Sall, en entrant à Ziguinchor, a été intercepté par les acteurs, avec leurs pancartes, lui disant qu’ils voulaient le rencontrer. Il a foncé. Idrissa Seck a fait la même chose, de même qu’Issa Sall et Madické Niang. C’est seulement Sonko qui les a reçus. Il leur a dit : “Votez pour moi. Si je gagne, je vais rationnaliser la forêt.’’ Parce que la première ressource dans ces quatre régions Sud (Ziguinchor, Tamba, Kolda et Sédhiou) c’est la forêt. Si on l’interdit à la population, elle n’aura pas d’autres choix. Donc, le président doit revenir sur sa décision et accompagner ces acteurs, les aider, les orienter. On ne dit pas qu’il faut laisser les gens exploiter la forêt n’importe comment, parce que c’est bien légiféré. A ce propos, nous envisageons d’organiser un forum sur “L’exploitation des ressources forestières et la maitrise de notre environnement : quelles perspectives pour un développement durable de nos terroirs ?’’. Nous voulons, à travers cela, que le président de la République et tous les acteurs autour de cette question puissent trouver une issue pour une solution alternative pour le court, moyen et long terme. Préserver la forêt oui, mais chercher des solutions pour que les professionnels, qui ne veulent pas aller en mer pour l’émigration clandestine, travaillent au service de leur patrie. Que l’Etat puisse les accompagner pour qu’ils aient des unités de production, des centrales d’achat pour avoir le bois et le commercialiser.
Mais est-ce que les menuisiers maitrisent réellement le Code forestier ?
Non. Le Code forestier doit faire l’objet d’un atelier de partage vis-à-vis des menuisiers, des exploitants, des collectivités locales. Parce que ces dernières contrôlent le foncier. La Chambre des métiers, en première ligne, doit extraire ce code, en collaboration avec les ministères, pour organiser un atelier pour qu’ils comprennent ce qui est légiféré. C’est pareil pour le Code de l’artisanat. Les artisans ne le connaissent pas.
LA SUPPRESSION DU POSTE DE PREMIER MINISTRE AU MENU
Dakar, 6 mai (APS) – Les journaux parvenus lundi à l’Agence de presse sénégalaise reviennent en détail sur l’adoption samedi par l’Assemblée nationale d’un projet de loi supprimant le poste de Premier ministre de l’architecture institutionnelle du Sénégal.
Les députés sénégalais ont adopté samedi à une majorité de 124 voix contre 7 un projet de loi constitutionnelle supprimant le poste de Premier ministre et modifiant en même temps une vingtaine d’articles de la Constitution. Sept députés ont choisi de s’abstenir.
‘’La loi passe comme lettre à la poste’’, commente Vox Populi. Selon ce journal, les députés de la 13ème législature ont adopté avant-hier sans surprise, le projet de loi constitutionnelle portant suppression du poste de Premier ministre, mais il faut dire que durant les neuf tours d’horloge que les débats ont duré, les députés de la majorité et ceux de l’opposition se sont livrés à de chaudes empoignades verbales.
‘’La majorité cautionne Macky Sall‘’ estime de son côté Sud Quotidien. Le journal du Groupe Sud Communication souligne que le vote s’est déroulé dans une séance plénière agitée avec des débats contradictoires, alors que le projet de la loi constitutionnelle a été approuvé par la majorité présidentielle (…) Le vote a été précédé par un débat houleux. Les accusations et contre accusations ont bloqué la séance plénière pendant quelque temps’’.
Pointant du doigt le niveau du débat au sein de l’hémicycle, le journal +Source A+ évoque une ’’Médiocrité parlementaire’’ sur fond de funérailles du poste de Premier ministre et de doléances de députées à Marième Faye Sall (épouse du chef de l’Etat).
D’un autre côté, la publication rappelle que les opposants avaient promis de bloquer le vote du projet de réformes constitutionnelles, mais ils ne l’ont pas réussi.
‘’Les députés de l’opposition ont eu en face d’eux, une majorité déterminée à faire passer le projet de réformes qui prévoit entre autres mesures, la suppression du poste de Premier ministre de l’attelage gouvernemental’’, mentionne le journal.
Pour L’Observateur, ’’Macky Sall a dicté sa loi’’ après plus de 9 heures d’échanges houleux et contradictoires. L’Assemblée nationale a adopté samedi le projet de loi constitutionnelle portant révision de la Constitution.
’’Au terme de la plénière, la majorité a imposé sa loi. Le poste de Premier ministre sera ainsi supprimé de l’architecture gouvernementale après la promulgation de la loi. Une troisième pour le Sénégal, après les épisodes de 1963 et de 1981’’, fait savoir la publication.
’’Mahammed Boun Abdallah Dionne enterré avec fleurs et couronnes, Macky Sall devient alpha, bêta et oméga de la République’’, renchérit à sa Une Le Témoin.
Anticipant les retombées de la suppression du poste de Premier ministre, s’agissant des finances publiques, Le Soleil annonce une possible économie de 193 milliards de francs Cfa dans les quatre prochaines années.
‘’La suppression du poste de Premier ministre n’aura tout simplement pas que des répercussions sur la célérité dans les démarches administratives. Elle aura des impacts sur les finances publiques puisqu’elle va permettre à l’Etat de faire une économie cumulée d’environ 193 milliards de francs. Ces fonds économisés pourraient être destinés à la satisfaction des préoccupations des Sénégalais’’, croit savoir le journal qui reprend en fait un des arguments du ministre de la Justice, Malick Sall.
Pendant ce temps, Le journal Le Quotidien met en lumière les éventuels points du dialogue politique initié par le chef de l’Etat, en citant notamment le parrainage, la date des élections locales, l’élection du maire, le statut de l’opposition et la suppression du poste du Premier ministre.
’’On ne connait pas encore la date du dialogue national, mais le président de la République a, d’ores et déjà, fixé les règles du jeu. Dans le cadre d’un séminaire organisé à huis clos durant toute la journée d’hier Macky Sall a réuni ses alliés de Benno Bokk Yakaar et de la majorité présidentielle élargie pour les informer des points de discussion’’, rapporte la publication du Groupe Avenir Communication.
D’autres journaux se sont intéressés à des faits de société, à l’image de Walf Quotidien qui n’hésite pas à parler de ‘’Jour de vérité pour Béthio et compagnie’’ au sujet du verdict attendu ce lundi du procès du guide des Thiantakounes et de 19 de ses disciples pour le meurtre de deux des leurs en 2012 à Médinatoul Salam, une localité de la commune de Mbour (ouest).
Ce procès ouvert le 23 avril s’est achevé vendredi devant la Chambre criminelle du Tribunal de grande instance de Mbour avec des demandes d’acquittement des avocats de la défense, alors que le ministère public avait requis des peines allant de dix ans de travaux forcés pour certains à la perpétuité pour d’autres.
Enquête a également opté pour des faits de société en entretenant ses lecteurs des ravages de l’alcool à travers un dossier. Qualifiant à sa Une ce fléau de ‘’Drame social’’, le journal s’intéresse notamment à la vente et à la consommation de boissons alcoolisées tout en mettant en reliefs des témoignages de victimes de l’alcoolisme.
LE GUIDE DES THIANTACOUNES NE S'EST PAS “DEROBE A LA JUSTICE”
Alors qu’une peine de réclusion à perpétuité plane sur la tête de Cheikh Béthio Thioune, l’un de ses avocats, Me Ousmane Sèye, a publié, hier, un communiqué pour le défendre
Le procès des Thiantacounes connait son épilogue, aujourd’hui. Alors qu’une peine de réclusion à perpétuité plane sur la tête de Cheikh Béthio Thioune, l’un de ses avocats, Me Ousmane Sèye, a publié, hier, un communiqué pour le défendre. Lui qui a été jugé par contumace et risque de ne pouvoir faire appel, en cas de condamnation.
Maitre Ousmane Sèye insiste donc sur le fait que son client ''est parti en France, à Bordeaux, depuis le 18 janvier, pour des soins médicaux, avant l'enrôlement de cette affaire''. Et donc, affirme-t-il, il ignorait que le procès allait être ouvert en son absence. Si ''jamais Béthio est condamné, à son retour, il se constituera prisonnier et son jugement sera repris en intégralité. A partir de ce moment, toutes les parties prendront leurs responsabilités. Il ne s’est pas dérobé à la justice'', écrit-il. En effet, c’est à cette seule condition que le guide pourra espérer se tirer d’affaire, en cas de condamnation, aujourd’hui.
L’avocat explique que son client devait se rendre en France bien avant. C’est à cause de la célébration du grand Magal de Touba qu’il a retardé son rendez-vous médical de deux à trois mois, renseigne Me Sèye. “Quand il est allé voir ses médecins, ils l’ont retenu parce qu’il ne pouvait plus reprendre l’avion. Il a même perdu 20 kg. Ceux qui pensent que Cheikh Béthio est volontairement resté à Bordeaux ont totalement tort. Il n’a pas fui la justice de son pays. C’est un citoyen ordinaire et se considère comme tel. Il croit à la justice de son pays. Nous avons déposé devant le juge et au parquet un dossier médical très sérieux’’, ajoute le conseil. Qui s’en prend à ceux qui, à ses yeux, veulent faire condamner son client. Il écrit : “Il y a manifestement certains acteurs dont ceux de la justice qui préparent l’opinion à une éventuelle condamnation de Cheikh Béthio.
Cela est injuste et malheureux. Il y a des choses qui n’ont rien à voir avec les faits et qui ont été évoqués. Je crois que c’est une certaine forme de pression sur la justice et cela est inadmissible dans un pays de droit où l’on prône l’indépendance de la justice. Je crois que la justice ne va pas céder à cette pression qui n’a rien à voir avec le dossier.’’ Ce procès, qui tire à sa fin, s'est ouvert le mardi 23 avril dernier au tribunal de grande instance de Mbour. Béthio Thioune (jugé par contumace) et 19 de ses disciples sont accusés d'avoir, le 22 avril 2012, tué et inhumé Bara Sow et Ababacar Diagne.
Les avocats de la partie civile, coordonnés par Me Khassimou Touré, ont demandé un dédommagement de 3 milliards pour les familles des victimes. Dans son réquisitoire, le procureur Youssoupha Diallo a requis la perpétuité pour Béthio Thioune, Cheikh Faye, Serigne Khadim Seck, Demba Kébé, Pape Ndiaye, Ablaye Diouf, Alassane Ndiaye, Mame Balla Diouf, Mamadou Guèye, Aliou Diallo, Al Demba Diallo, Momar Talla Diop, Samba Fall, Mouhamed Sène, Adama Sow et Aly Diouf. Et 10 ans de travaux forcés contre Samba Ngom, Aziz Mbacké Ndour, Mamadou Hanne, Serigne Saliou Barro.
Le verdict est attendu ce lundi.
DES INTERMEDIAIRES POURISSENT LE MARCHÉ
La commercialisation de l’oignon au Sénégal pose problème
Le président du collège des producteurs d’oignon demande que l’Etat mette son grain de sel dans la régulation de la filière, pour que les intermédiaires ne consomment pas toute la plus-value de ce produit, au détriment des producteurs et des consommateurs.
La commercialisation de l’oignon au Sénégal pose problème. L’avis est du président du collège des producteurs d’oignon du Sénégal, Boubacar Sall. Il prenait part à une rencontre de présentation et de vulgarisation de nouvelles variétés d’oignon aux producteurs et autres acteurs de la filière organisée par Top Mountain. Selon lui, les producteurs rencontrent beaucoup de difficultés pour commercialiser l’oignon. Il explique : «Il est incompréhensible que l’on laisse les intermédiaires se livrer à des fluctuations incontrôlées sur le prix de l’oignon. Des fluctuations qui sont à leur avantage au détriment des producteurs et des consommateurs. Surtout qu’il y a présentement une quantité suffisante d’oignon sur l’ensemble du marché national. Le consommateur sénégalais paie le kg d’oignon entre 400 et 450 francs Cfa alors que les intermédiaires l’achètent à 100 ou 150 francs Cfa bord champ. Un bénéfice exorbitant qui fait que l’intermédiaire gagne trois ou quatre fois plus que le producteur. Et ceci au détriment du consommateur.».
Pour dire, comme Boubacar Sall, «il faut que l’Etat prenne des dispositions appropriées pour mettre un terme à de telles pratiques». Pour cela, le producteur a demandé la mise en place de lieu de stockage sur toute l’étendue du territoire pour régulier le marché. «Si nous avons des sites de stockage et de conservation de la production, nous pouvons réguler le marché, mais aussi décrocher de débouchés dans la sous-région puisque le seuil de l’autosuffisance est aujourd’hui largement atteint».Il a poursuivi : «Aujourd’hui nous avons un problème de débouché au niveau de la sous région. Parce que nous avons assez d’oignon à Dakar et dans l’intérieur du pays au point que nous avons demandé aux producteurs d’arrêter la production. Nous sommes la premières péculation qui a atteint, avant2017 date échue, les objectifs fixés par l’Etat.» Revenant sur la rencontre de présentation et de vulgarisation de nouvelles variétés d’oignon aux producteurs et autres acteurs de la filière, organisée par Top Mountain, le président du collège des producteurs d’oignon du Sénégal, Boubacar Sall, a signalé, que ces «variété shybrides après test ont donné des rendements record. Elles se conservent mieux mais elles ont un cycle long de quatre mois et demi alors que les locales mettent seulement trois ou quatre mois au maximum pour arriver à maturité. S’y ajoute que certaines de ces nouvelles variétés peuvent être cultivées pendant la saison des pluies. L’avantage étant que nous pourrons produire toute l’année».
A sa suite, la directrice de la société Top Mountain, Marième Sy Top, spécialisée dans la fourniture d’intrants et de matériels agricoles, a indiqué que l’introduction de ces nouvelles variétés hybrides répond à une volonté de contribuer à l’atteinte des objectifs d’autosuffisance fixés par l’Etat sénégalais, qui sont l’un des axes prioritaires du Plan Sénégal émergent (Pse). Car, selon elle, ce sont des variétés très performantes qui permettent aux producteurs d’être actifs en toute saison. «Nous voulons apporter notre contribution dans le développement de l’oignon au Sénégal.
A cet effet, Top Mountain a eu à mener des contacts à l’extérieur pour introduire des variétés de semences hybrides pour le développement de la culture de l’oignon. Des variétés très performantes, surtout pour la culture pendant l’hivernage. Donc c’est pour favoriser un étalement de la culture de l’oignon en toute saison au Sénégal. Ce qui participe à l’autosuffisance en oignon qui est déjà amorcée à travers le Pracas.»Mme Top va expliquer que «les semences hybrides ont la spécificité de pouvoir résister à la chaleur, surtout dans nos zones tropicales. Ensuite elles sont résistantes à certaines maladies et ont des rendements plus élevés».Marième Sy Top conclura en notant que «les semences hybrides sont plus adaptées aux changements climatiques et peuvent être une alternative à l’oignon local qui a moins de performance dans ce que nous venons de citer à savoir les maladies, les rendements et la précocité des conditions culturales».