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30 juillet 2025
CHEIKH ET MAT !
Longtemps, il a été un prophète du profane et le Cheikh d’affirmation d’une jeunesse-désespoir - Il vivait trop près du soleil et s’est longtemps cru intouchable - À 80 ans, le guide religieux voit sa vie basculer dans les abysses
Marié à 7 femmes, père de plusieurs enfantas, Cheikh Béthio Thioune a été condamné à 10 ans de travaux forcés par la chambre criminelle Tribunal de grande instance de Mbour. A 80 ans, il est dans les sombres abysses après avoir tutoyé les étoiles.
Il vivait trop près du soleil et s’est longtemps cru intouchable. Pour non-dénonciation de crimes, Cheikh Béthio Thioune a été condamné hier à 10 ans de travaux forcés par la Chambre criminelle du Tribunal de grande instance de Mbour. A 80 ans, le guide religieux voit sa vie basculer dans les abysses. Après qu’elle a touché son Everest. Chef d’une entreprise florissante (les thiantacounes), M. Thioune a toujours eu cette attention extrême portée tant à ceux qui l’entourent qu’à ses propres fantasmagories, le laissant étourdi et émerveillé par sa propre personnalité. Où se trouve la frontière entre le réel et l’imaginaire ? Entre sa vie et celle de ses talibés ? Si, ces dernières années, il est au bord de l’effondrement, on a supposé un homme exceptionnel, une divinité en chair fraiche, un puits de dévotion sans fond pour ses disciples, un leader aussi crédible que son marabout mais aussi un Cheikh sans frontières (11 millions de talibés) et surtout un bienfaiteur invétéré. Avec une amusante propension à l’exhibitionnisme. On se souvient de ses séances publiques de Thiant teintées de provocation gothique et de scarifications personnalisées et transformées en show aguichant. L’homme, comme investi d’une mission, est devenu une messe courue par les jeunes.
Face au Béthio d’aujourd’hui, tout se complique : car, il ne cesse de couvrir de boue l’idole qu’il «fut» pour ses (ex) disciples avec ces actes indicibles. Longtemps, il a été un prophète du profane et le Cheikh d’affirmation d’une jeunesse-désespoir. A ce jeu, il a été leur guide suprême pendant plusieurs décennies. Lui aussi a été rattrapé par le côté pervers du pouvoir. Grisé par son aura et son succès, Béthio Thioune contemplait son monde avec mépris et arrogance. Ecartelé entre ses aspirations religieuses, financières et politiques, l’ex-«souverain de Mermoz et de Médinatoul Salam» a chuté de son olympe. De façon tragique. Comme Jekyll ? Fasciné par son pouvoir, sa propre personnalité incarnait pourtant depuis quelques années un succès répugnant. Ces dernières années, Béthio Thioune est devenu un ambivalent, tenté par le bien et le mal : attaques contre les convois des hommes politiques, provocation électorale, religieuse et confrérique, mariages sans consentement parental, scènes de meurtre dans ses propres locaux. Est-il le dieu et le diable ? Il n’aime que les extrêmes et l’intensité qui déchirent. On a longtemps cru que Cheikh Béthio Thioune est une existence sans désaccords. Béthio s’est étalé totalement dans la rue. Une chute aussi spectaculaire que sa notoriété !
Grandeur et décadence
L’histoire est aussi faite de coïncidences. Cette affaire de Médinatoul Salam le rattrape alors qu’il s’était investi dans la campagne de Me Wade. Béthio, qui revendiquait 5 millions de talibés, engagés pour la réélection du Président sortant de 2012, remarquera que sa réputation est surfaite après la défaite de son candidat. Cela sera accompagné par l’érosion de son aura et de sa réputation. Tout s’écroule le 22 avril 2012. Bara Sow, 37 ans et Ababacar Diagne, 40 ans, sont tués de manière abominable à Médinatoul Salam, où il étalait sa toute sa puissance. Fini tout ça ! Le bouillant guide des thiantacounes est ramené à sa position de simple citoyen, de simple justiciable qu’on expédie en prison sans tambours ni trompettes. Les chefs d’inculpation sont lourds :
complicité d’homicide, recel et inhumation de cadavres sans autorisation, détention d’armes sans autorisation et association de malfaiteurs. Exit le puissant guide religieux. Depuis 7 ans, M. Thioune vivait dans un sursis permanent, après avoir réussi à saboter son miracle de ses propres mains. A ses pieds est inscrite désormais une date historique : 6 mai 2019. Le jour où il a été condamné aux travaux forcés avoir été reconnu coupable de non-dénonciation de crimes.
Il ne devait pas ignorer les risques. Administrateur civil de classe exceptionnelle, M. Thioune est un énarque à la retraite. Il a servi dans la haute administration avant d’étrenner son titre de Cheikh en 1987. Mais l'empreinte de M. Thioune se retrouvera bien au-delà de sa vie de fonctionnaire. Il atteint l’Everest dans ses nouveaux habits de guide religieux sans formation coranique. Chambellan de Serigne Saliou Mbacké, cinquième khalife général des mourides, décédé en 2007, qu’il côtoyait à l’âge de 8 ans, Thioune a réussi sa reconversion grâce à cette proximité. Elle lui a apporté la respectabilité et l’influence dans le monde politico-religieux. Son succès l'a installé comme une figure du paysage religieux vénéré et comparé aux hommes sanctifiés du Mouridisme. A la barre du Tgi de Mbour, Adja Déthié Pène, sa septième épouse, a dit que «Cheikh Béthio est Serigne Touba». Grosse provocation ?
«J’ai eu mal quand j’ai entendu l’une des épouses de Cheikh Béthio Thioune dire que Cheikh Béthio, c’est Cheikh Ahmadou Bamba. J’ai dit que là, c’est allé trop. Cheikh Béthio n’est pas Cheikh Ahmadou Bamba et Cheikh Ahmadou Bamba n’est pas Cheikh Béthio. Cheikh Ahmadou Bamba était à un autre degré beaucoup plus élevé, beaucoup plus spirituel. Dire que Cheikh Béthio est Serigne Touba, c’est une offense à la communauté mouride, c'est un manque de respect, c’est une offense à Cheikh Ahmadou Bamba, qui n’est pas Cheikh Béthio Thioune, quel que soit le respect et la considération que j’ai pour lui. Cheikh Béthio Thioune ne peut pas être Cheikh Ahmadou Bamba et Cheikh Ahmadou Bamba ne peut pas être Cheikh Béthio», réplique Me Khassimou Touré. Jugé par contumace, Cheikh Béthio est sans doute en train d’échafauder un plan pour sortir de cette galère judiciaire, après avoir longtemps carburé pour les honneurs de la vie quotidienne, la propension à profiter de ses opportunités les plus ordinaires jusqu’à en être aviné. Il n’y a pas loin du Capitole à la roche Tarpéienne.
«NOUS DEVONS SOUTENIR NOS JOUEURS POUR GAGNER LA CAN»
Profitant de l’Assemblée générale ordinaire de la fédération sénégalaise de football (Fsf), Me Augustin Senghor a lancé un message en faveur des « Lions »
Remporter la Can 2019 reste l’objectif majeur des dirigeants du football sénégalais. Profitant de l’Assemblée générale ordinaire de la fédération sénégalaise de football (Fsf), Me Augustin Senghor a lancé un message en faveur des « Lions ». Selon lui, la bande à Mbaye Niang a besoin d’un soutien pour revenir de l’Egypte avec le trophée.
Président, que retenir de cette AG ordinaire de la Fsf ? « Les grandes décisions qui ont été prises touchent à la validation des rapports financiers et d’activités. On sort d’une année 2018 très riche en activités, avec notamment la participation à la coupe du monde. Il y a aussi les éliminatoires de nos équipes nationales aux différentes CAN. Et il était important de présenter ce rapport d’activités et financier à l’assemblée générale. Ils ont validé cela et l’autre point saillant, c’était le rapport financier. Nous constatons que la situation financière de la FSF s’est beaucoup améliorée. La cérémonie s'est déroulée dans une bonne ambiance et je voudrais féliciter l'ensemble des participants.
vous avez évoqué le projet FIFA Foward. En quoi cela consiste réellement ?
Aujourd'hui, la Fifa a accepté d'accompagner les différentes fédérations, avec des montants conséquents. Et il était important de passer par cette étape de validation de projet pour qu'on puisse avancer. Le financement de ces projets est estimé à 2 300 000 dollars. Cela nous permettra de réaliser des investissements dans le domaine des infrastructures. Nous avons le centre Toubab Dialao ou celui de Gueréo. Il faudra injecter des moyens pour la construction de terrains et des infrastructures qui permettront le développement du football dans ce pays.
quels sont les chantiers auxquels vous allez vous attaquer ?
Il y a aussi la nécessité de renforcer notre administration, avec le recrutement de personnes ressources. Aujourd’hui, je pense que l'administration doit être au niveau de la vitalité de nos équipes nationales, de notre football. Nous n'oublions pas aussi l'acquisition de matériel roulant. Et tout cela a été validé.
Les ligues ont adopté une motion en faveur de l’équipe nationale A. Comment appréciez-vous cela ?
« Il faut se féliciter de ces motions de soutien qui ont été déposées ici à l'initiative des ligues. La plus importante est sans doute celle qui va vers le soutien à nos équipes nationales, notamment l'équipe nationale A. Elle va prochainement jouer une Can très importante. Ce sera la première fois qu'on aura cette compétition avec 24 équipes. Comme vous le savez, tant qu’on n’aura pas gagné une Can, toutes les compétitions sont importantes. On a besoin non seulement de soutenir nos joueurs, mais surtout de l'union des cœurs. C'est très important que cette demande vienne de la base pour dire aux dirigeants : soyez ensembles, accompagnez l'équipe. Nous avons besoin de soutenir nos joueurs pour gagner la CAN. Si nous parvenons à faire cela, nous pouvons espérer de bons résultats.
LES PRODUCTEURS SE REBELLENT CONTRE LES INDIENS
Les producteurs de pommes de terre de la zone des Niayes ne savent plus où donner de la tête.
Les producteurs de pommes de terre de la zone des Niayes ne savent plus où donner de la tête, parce partagés entre le marteau des banques qui réclament le paiement des dettes et la mévente de la production, suite à la saturation du marché. En assemblée générale ce week-end à Diogo, le collectif des producteurs de pommes de terre des Niayes a affirmé que plus de 30.000 tonnes sont actuellement en souffrance dans la zone. Il s’est par ailleurs rebellé contre les Indiens avant d’indexer la complicité des services de l’Etat.
Le collectif des producteurs de pommes de terre de la zone des Niayes a laissé éclater sa colère ce week-end à Diogo. C’était pour protester contre la mévente de la pomme de terre, pour cause de saturation du marché, suite à la production versée par les exploitants indiens. Partagé entre le marteau des institutions financières qui réclament le paiement des dettes contractées et l’enclume de cette mévente, le collectif s’est rebellé contre les Indiens, avant d’indexer la complicité des services de l’Etat. Il s’agit de l’Agence de Régulation des Marchés (ARM) et la direction de l’horticulture qui, aux yeux du collectif, n’ont rien fait pour protéger les producteurs nationaux. C’est pourquoi, souligne le producteur Issa Oumar Basse, qui porte la parole du collectif, pas moins de 30.000 tonnes de pommes de terre sont actuellement en souffrance dans la zone des Niayes. Selon lui, sur la base des semences et des superficies emblavées, mais aussi de la productivité dans les Niayes, qui avoisine les 30 à 35 tonnes à l’hectare, il y a plus de 30.000 tonnes de pommes de terre en souffrance, faute d’opportunités d’écoulement, parce que tout simplement l’Etat du Sénégal a choisi d’emprunter la voie de la création artificielle de milliardaires indiens. A l’en croire, sur le marché, la pomme de terre est bazardée à moins de 200 Fcfa le Kg et dans ces conditions, les producteurs ne peuvent pas du tout s’en sortir, d’autant plus qu’il faut dépenser pas moins de 1,7 million de Fcfa, pour exploiter correctement un ha de pommes de terre. Il ajoute que l’Etat du Sénégal a donné aux Indiens 3.000 ha de terres, qu’ils utilisent pour concurrencer de façon abusive et déloyale les producteurs nationaux qui évoluent dans la zone des Niayes.
Et pourtant, dit-il, ces producteurs sont en mesure de satisfaire la demande nationale estimée à 95.000 tonnes par année. A l’en croire, l’année dernière, à cause des indiens, il y a eu une production globale de 150.000 tonnes, soit presque le double des besoins du marché. C’est parce que la stratégie des indiens, c’est d’inonder le marché de manière à ce que tous les prix s’affaissent, pour décourager les petits producteurs sénégalais, dans l’objectif de contrôler le marché ensuite et gérer le monopole de cette production. Il rappelle qu’il y a deux ans, les sénégalais consommaient de la pomme de terre pourrie qu’ils achetaient à 700 Fcfa le kg, au mois d’Août, notamment durant la période de la tabaski. C’est parce que tout simplement ces indiens avaient inondé le marché avec une production de 60.000 tonnes, avant de mettre une partie dans des chambres froides pendant 5 mois. C’est ce qui est à la base du pourrissement car la pomme de terre ne peut résister dans une chambre froide pendant 5 mois. C’est ainsi qu’il a appelé l’Etat du Sénégal à arrêter cette invasion indienne dans un secteur qui peut être tenu efficacement par des nationaux.
Dans toute la zone des Niayes dit-il, de Cayar à Potou, il n’y a que des maisons modernes qui ont été construites alors que c’était des cases il y a 10 -15 ans. C’est avec l’agriculture, l’horticulture, le maraîchage, la production de pommes de terre, d’oignons, que ces sénégalais ont pu changer leur mode de vie et leurs conditions d’existence se sont améliorées. Et tout d’un coup, se désole-t-il, des étrangers sont venus casser cette dynamique. L’Etat doit prendre ses responsabilités et jouer le rôle qui est le sien.
Il ajoute : « nous ne sommes pas contre les étrangers, mais il est du devoir de l’Etat de protéger ses petits producteurs, surtout quand ils sont bien capables d’approvisionner correctement le marché. Un sénégalais ne peut pas avoir un seul lopin de terre en Inde, pour exercer une concurrence déloyale contre des indiens ». D’après lui, il y a actuellement une surproduction de pommes de terre et d’oignons sur le marché et les prix sont en train de s’affaisser. C’est pourquoi les producteurs ne parviennent plus à vendre, alors qu’ils ont emprunté de l’argent au niveau des banques. C’est ainsi qu’ils risquent de se décourager et de ne pas produire l’année prochaine, ce qui se traduira par une misère au niveau des foyers respectifs.
LES PRODUCTEURS DE DAGANA INCRIMINENT LES INDUSTRIELS
Le courant ne passe plus vraiment entre les producteurs de tomates de Dagana et les industriels intervenant dans le secteur.
Les responsables des 09 unions villageoises de Dagana ont vigoureusement dénoncé l’attitude de ces derniers qui ont unilatéralement violé les contrats qui les lient concernant la campagne fraiche 2019. Des manquements qui ont occasionné de lourdes pertes dans les productions. La situation risque de causer le non-remboursement par les producteurs de leurs dettes s’élevant à hauteur de 225 millions de nos francs contractées à la Cncas pour la présente campagne. Lesquels producteurs de tomate ont aussi profité de l’occasion pour lister les nombreux maux qui plombent leur filière.
Les temps ne sont plus comme avant chez les producteurs de tomates. Des unions villageoises de Dagana ont exprimé leur colère fustigeant ainsi le manque de considération notoire de la part des industriels. A en croire le secrétaire administratif de l’union zone A de Dagana, les agriculteurs n’en peuvent plus de cette situation qui est de trop. « La filière tomate est à l’agonie et va sûrement à sa mort si rien n’est fait pour arrêter les industriels véreux. Depuis plus de 20 ans, la filière tomate ne fait que chuter d’année en année. Le prix du kilogramme de la tomate est resté toujours à 51,5 francs pendant deux décennies, alors que les prix des intrants ne cessent de flamber. Cela est vraiment une injustice. Même le son du bétail « ripass » qui est un sous-produit du riz coûte trois fois plus cher que le kilo de la tomate fraiche », a déploré Iba Diop.
Très remonté contre les industriels, M. Diop de révéler que des milliers de tonnes pourrissent dans les périmètres, faute de moyens de transport pour les évacuer vers les usines. « Dans les contrats, ce sont les industriels qui doivent procéder à l’enlèvement en nous fournissant des camions quotidiennement pour que la production ne pourrisse pas dans les champs. Mais ils ne le font pas pour mieux spéculer. Or, sous le magistère de Feu président Fédior, avec un seul industriel, la filière parvenait à produire plus de 80.000 tonnes, alors qu’avec 03 industriels, les producteurs peinent terriblement à écouler moins de 50.000 tonnes. Ce qui montre qu’il y a un sabotage de leur part pour tuer la filière et les producteurs. Mais nous ne l’accepterons jamais car nous ne connaissons que l’agriculture » a-t-il martelé.
Raison pour laquelle les unions de Dagana invitent les autorités étatiques à se pencher rapidement sur cette situation catastrophique. D’autant que les producteurs de Dagana ont emprunté un crédit de 225 millions de francs Cfa auprès de la Cncas pour la campagne saison froide 2019. « Les manquements des industriels constituent un goulot d’étranglement pour les producteurs parce que nous sommes endettés jusqu’au cou et les pertes subies ne favorisent pas le remboursement des crédits. Heureusement, les dirigeants de la Cncas sont descendus sur le terrain pour constater de visu la violation des contrats par les industriels », a expliqué Lamine Diop, avant d’ajouter que la liste des difficultés des producteurs de tomates est loin d’être exhaustive.
Selon le président de l’Union de Dagana, cette situation critique pousse à exiger l’audit de la filière tomate et la destination des 0,5F prélevés sur chaque kilogramme de tomate pesée pour que la structure puisse retrouver sa véritable place de défense des producteurs de tomates. Pour Lamine Diop, l’Etat est aussi interpellé sur l’enveloppe de plus de 1 milliard 500 millions francs Cfa qui a été allouée à l’épongement des dettes des producteurs et du matériel agricole de mauvaise qualité octroyé à leur union. A l’issue de la rencontre, les producteurs ont tendu une main au nouveau ministre de l’Agriculture et au patron de la Saed pour une collaboration franche au bénéfice des acteurs du secteur agricole.
YVES TENDENG
LES JOURNAUX DISSÈQUENT LA CONDAMNATION DE BÉTHIO THIOUNE
Dakar, 7 mai (APS) – La condamnation du guide des Thiantakounes, Cheikh Bethio Thioune, à 10 ans de travaux forcés, dans l’affaire du double meurtre de Médinatoul Salam (Mbour), est largement commentée par les journaux parvenus mardi à l’Agence de presse sénégalaise.
La Chambre criminelle du Tribunal de grande instance de Mbour a condamné lundi à 10 ans de travaux forcés, le guide des Thiantakounes pour ’’complicité de meurtre’’ et ’’non dénonciation de meurtre’’.
Le tribunal a également ordonné le placement sous séquestre de tous ses biens et a accordé 100 millions de francs de dommages et intérêts à chacune des (deux) parties civiles.
Le guide des Thiantakounes, une organisation religieuse d’obédience mouride, a été jugé par contumace dans le cadre du procès pour meurtre de deux de ses disciples, Bara Sow et Ababacar Diagne. Ils avaient été torturés et enterrés en 2012 à Médinatoul Salam, une localité de la commune de Mbour (ouest).
La Chambre criminelle a, en revanche, acquitté Béthio Thioune et cinq de ses co-accusés du chef d’accusation d’association de malfaiteurs.
Parmi les 19 coaccusés de M. Thioune, 16 ont écopé de peine de travaux forcés allant de 5 à 15 ans, alors que trois ont bénéficié d’un acquittement.
‘’Lourde peine pour Béthio !’’ s’exclame à sa Une Le Soleil qui rappelle que le guide des Thiantakounes a été condamné à 10 ans de travaux forcés au même titre que son chambellan Cheikh Faye, un peu plus de 7 ans après l’éclatement de cette affaire.
‘’S’il a été acquitté des chefs d’accusation d’association de malfaiteurs et recel de malfaiteurs, le guide des Thiantakounes a été déclaré coupable de non dénonciation de crime. Un grief qui a amené la Chambre criminelle à prononcer cette peine qu’il partage avec son chambellan’’, croit savoir le quotidien de Hann.
‘’La justice s’abat sur Béthio’’, affiche de son côté Vox Populi. ‘’Le Cheikh condamné à 10 ans de travaux forcés, ses biens placés sous séquestre. Ses coaccusés écopent de peines allant de six mois à 15 ans de travaux forcés. Deux accusés acquittés, les familles des victimes dédommagées à hauteur de 200 millions de francs’’, résume la publication.
Usant de son jeu de mots habituel, Le Quotidien écrit : ‘’Cheikh et Mat’’.
‘’Ils ont signé la fin des +thiant+, mais les juges auront-ils le courage d’aller jusqu’au bout de leur logique d’appliquer la sentence contre le guide des Thiantakounes ?, s’interroge le journal qui souligne que le ‘’Cheikh’’ s’est grandement rapproché du pouvoir politique.
‘’Ce dernier laissera-t-il son nouvel allié moisir dans les geôles de la République ? Rien que pour voir cela, il faut tout faire pour vivre longtemps’’, conclut, un brin pessimiste, le journal.
La réponse à ces interrogations semble avoir été trouvée par Le Témoin, lequel détaille à ses lecteurs les raisons pour lesquelles, bien que condamné, Béthio Thioune n’ira pas en prison.
Selon le journal, le juge n’a pas ordonné la contrainte par corps contre le guide des Thiantakounes jugé par contumace. ‘’En d’autres termes, Béthio Thioune, 81 ans, actuellement en France, sauvé par contumace d’un retour en prison’’, indique Le Témoin dans ses colonnes.
Walf Quotidien opte pour l’analyse du verdict en évoquant des faits pour lesquels ‘’Cheikh Béthio a été presque mis hors de cause’’.
‘’Il est innocenté pour la plupart des chefs d’accusation. Il est seulement déclaré coupable de non dénonciation de crime et complicité de crime. S’il en est ainsi c’est que la reconstitution des faits n’avait pas permis de prouver de façon formelle son implication, alors que l’expertise sur le sang trouvé dans son véhicule avait démontré qu’il s’agissait de sang animal’’, explique le quotidien du Groupe Wal fadjri.
‘’Cheikh Béthio peut faire revenir devant la Chambre criminelle de la Cour d’appel de Dakar. Il a été jugé par contumace bien qu’il n’était pas en fuite parce qu’ayant obtenu l’autorisation de sortie du territoire des autorités sénégalaises’’, croit savoir Sud Quotidien qui cite le professeur Mady Mary Bouaré, spécialiste du droit pénal.
Il a été dit que le guide des Thiatakounes ne pouvait pas faire appel après avoir été condamné par contumace.
Le journal Libération semble avoir échappé à cette apparente passion autour de cette affaire en mettant l’accent une passation de marché d’un montant de 78 milliards de francs de l’ASER à une entreprise allemande.
‘’Sans le moindre appel d’offres, l’Agence sénégalaise d’électrification rurale (ASER) a attribué un gré à gré de 78, 7 milliards de francs Cfa à l’entreprise allemande Gauf Gmbh & Co Engineering Kg pour la fourniture, la livraison et l’installation d’équipements d’électrification pour 300 villages y compris la coordination, la supervision et le renforcement de capacités dans le cadre du Programme national d’électrification rurale (PNER)’’, fait savoir le journal.
Selon ce quotidien, plus rien ne s’oppose à l’exécution de cette entente directe, bénie d’ailleurs par la Direction centrale des marchés publics (DCMP) après la signature d’un accord entre Baba Diallo, directeur général de l’ASER et Uwe Gauff, associé principal de l’entreprise allemande.
‘’Quelle sera la part des entreprises sénégalaises ? Pourquoi n’a-t-on pas éclaté le marché ?’’, s’interroge le journal qui rappelle que le projet a bénéficié de financements de la filiale d’une banque allemande.
Autre marché public, même procédé. Enquête évoque ainsi un ‘’gré à gré qui fâche’’, au sujet de l’attribution du marché de la sûreté de l’Aéroport international Blaise Diagne de Diass (AIBD) d’un montant annuel de 6 milliards de francs à l’entreprise Téranga Sûreté aéroportuaire, au grand dam de la concurrence qui rue dans les brancards.
‘’Dans cette affaire, malgré le montant important en jeu, et alors qu’un appel d’offres s’imposait conformément au Code des marchés publics, il n’en a rien été. Téranga a pu facturer 500 millions de francs par mois’’, les arguments des autorités politiques ont été de dire que le marché de la sûreté de l’AIBD relève du secret défense’’, analyse le journal.
LES CONSTITUTIONNALISTES DIVISES
Contrairement aux constitutionnalistes Mounirou Sy et Ngouda Mboup qui soutiennent la dissolution obligatoire du gouvernement, après l’effectivité de la suppression du poste de Pm, un de leurs collègues, pense que tout dépend des décrets de nomination
Contrairement aux constitutionnalistes Mounirou Sy et Ngouda Mboup qui soutiennent l’idée de la dissolution obligatoire de l’actuel gouvernement, après l’effectivité de la suppression du poste de Premier ministre, un de leurs collègues qui a requis l’anonymat, pense que tout dépend des décrets de nomination. Il estime, en fait que, si le Pm et les autres membres du gouvernement ont été nommés dans deux décrets différents, sans aucun lien, cela n’aura aucune incidence sur le gouvernement.
Vont-ils ou non, les ministres, démissionner de leur poste, dès que la station de Premier ministre (Pm) sera rayée de l’attelage gouvernemental du Sénégal ? Une question qui taraude l’esprit de bon nombre de Sénégalais, après la sortie de certains observateurs, estimant que la suppression du poste de Pm entrainerait de facto la dissolution de l’actuel gouvernement. Cependant, un autre avis diverge de celle donnée par ces derniers. En effet, sous le couvert de l’anonymat, un professeur constitutionnaliste nous indique d’abord que «la suppression du poste de Premier ministre devrait entrainer logiquement la démission collective du gouvernement». Pour cause, il trouve que le Pm, qui est censé se présenter devant l’Assemblée nationale pour faire sa déclaration de politique générale, pourrait faire l’objet de sanction par une motion de censure. Celle-ci aurait pu entrainer la démission du gouvernement tout entier.
Toutefois, il a vite fait de préciser qu’il faudrait relativiser. En fait, il trouve que «si c’est un décret global de nomination avec le Pm et tous les autres membres du gouvernement après, cela devrait normalement entrainer la démission collective». Pour ce cas d’espèce, la démission semble être écartée. Cela, d’autant plus que le Pm a été nommé par le Décret n° 2019-759 du 06 avril 2019, pendant que les autres membres du gouvernement l’ont été sur la base du décret n°2019-762 du 07 Avril 2019.
Donc, pour le constitutionaliste, «dès lors qu’ils ont été nommés dans deux décrets différents, on ne risque pas alors d’avoir la démission du gouvernement». Cela, poursuit-il, à moins qu’on ait annoncé dans le deuxième décret que «c’est sur proposition du Pm que les ministres ont été nommés». Dans le décret n°2019-762 du 07 Avril 2019, fixant la Composition du Gouvernement, aucune mention du genre n’est notée. Si l’on se fie à la logique du professeur, l’actuel gouvernement de Macky II n’a pas de soucis à se faire à cause des deux décrets différents, sans aucun lien entre eux.
Auparavant, d’autres observateurs avaient émis un avis contraire, en citant l’article 56 de la Constitution. En effet, Mounirou Sy avait indiqué que ladite suppression ne sera pas sans conséquence. Pour le constitutionnaliste, celle-ci va entraîner la dissolution du Gouvernement nouvellement formé. Il dira, dans un quotidien de la place que, «l’article L.56 de la Constitution est sans équivoque et ne suscite aucune autre interprétation. Le Gouvernement est une institution collégiale et solidaire. La démission ou la cessation des fonctions du premier ministre entraîne la démission de l’ensemble des membres du Gouvernement».
Abondant dans le même sens, notamment sur les conséquences juridiques de l’acte posé par le président Macky Sall, le Professeur-enseignant chercheur en Droit public à l’Ucad, Ngouda Mboup, dans une tribune publiée à Sud Quotidien, avait indiqué que «si vous supprimez le Premier ministre, vous supprimez de fait le gouvernement». Ainsi donc, contre l’argument de la collégialité du gouvernement, notre constitutionnaliste anonyme avance celui des décrets de nomination. Jusqu’à l’effectivité de ladite suppression, la polémique est loin de s’estomper.
LES PASSAGERS A BORD ETAIENT PARTIS POUR LA REINCARNATION DE LEURS MORTS
Le chavirement de la péniche survenu non loin du village d’Enampore a mis les populations du royaume Mov Avi dans une consternation sans précédent.
Le chavirement de la péniche survenu non loin du village d’Enampore a mis les populations du royaume Mov Avi dans une consternation sans précédent. D’après les témoignages recueillis auprès de sources concordantes, ces passagers de la pirogue étaient allés participer à la fête traditionnelle appelée «afouga», ou la réincarnation de l’esprit des morts.
La grande faucheuse a encore frappé fort dans le département de Ziguinchor, notamment dans la commune d’Enampore avec le chavirement de la péniche survenu dimanche dernier. Pour le moment, on dénombre six passagers morts, mais le bilan pourrait s’alourdir. Car, une personne est toujours portée disparue. Une situation qui plonge parents, amis et proches dans une très grande consternation. A l’hôpital où sont déposés les corps, la tristesse est énorme. Les parents des victimes sont inconsolables. Il ressort des témoignages glanés ça et là que les trente passagers de la pirogue rentraient d’Eloubalir après avoir participé à une cérémonie traditionnelle dénommée «Afouga». «C’est une cérémonie où les gens se penchent sur la réincarnation de l’esprit de leurs parents disparus», explique un notable du village, accompagné de plusieurs personnes venues apporter leur soutien aux familles éplorées. Selon nos informations, la péniche était en surnombre, et les passagers à bord ne portaient pas de gilets de sauvetage. En outre, les villageois informent que cette embarcation a sombré neuf jours après sa réception. «La plupart des passagers étaient des élèves», témoigne un rescapé du naufrage qui fait état d’un bilan de six morts et d’un disparu.
Sous le choc, le maire d’Enampore, Khalifa Bassène, retrace le film du drame. «Effectivement, l’accident a eu lieu non loin du village. Les passagers rentraient de Eloubalir, une ile située dans la commune de Oukout. Comme c’est une ile, il faut une pirogue pour s’y rendre. Au retour, les passagers constitués pour la plupart de femmes et qui habitent à Enampore ont été surpris par un vent violent. Comme les passagers étaient gagnés par la panique, la pirogue s’est renversée», explique M.
Bassène avant de revenir sur le bilan macabre : «six corps ont été repêchés, mais il reste encore un enfant qui est introuvable». La liste des victimes du naufrage Jean Pierre Bassène dit Adioma (64 ans), Nestor Diatta (4 ans), Aissatou Manga (80 ans), Modou Mbaye (7 ans), Mouskéba Assine (35 ans).
CE QUE DIT LE JUGEMENT RENDU PAR LA CHAMBRE CRIMINELLE DU TGI DE MBOUR
Voici le texte intégral du jugement rendu par la Chambre criminelle du Tribunal de grande instance de Mbour, après 6 jours d’audience dans l’affaire du double meurtre de Médinatoul Salam
Après 6 jours d’audience dans l’affaire du double meurtre de Médinatoul Salam, commis le 22 avril 2012 sur Bara Sow et Ababacar Diagne (disciples de Cheikh Béthio Thioune), la Chambre criminelle du Tribunal de grande instance de Mbour a retenu des peines de prison ferme allant de 5 à 15 ans contre le guide des Thiantacounes et certains de ses coaccusés. Le procès qui a ouvert, le mardi 23 avril 2019, la première session de cette Chambre criminelle qui doit connaître de 13 affaires inscrites au rôle dont ce dossier, a été clôturé hier, lundi 6 mai. Voici le texte intégral du jugement rendu.
PAR CES MOTIFS
Statuant publiquement, par contumace à l'encontre de Béthio THIOUNE dit Cheikh, contradictoirement à l'égard des autres accusés et des héritiers de Bara SOW et d'Ababacar DIAGNE, en matière criminelle et en premier ressort;
EN LA FORME
▪ Rejette l'exception de nullité soulevée par le conseil d'Aly DIOUF;
▪ Déclare la procédure régulière;
AU FOND
Sur l'action publique :
▪ Prononce l'acquittement de Serigne Saliou BARRO, d'Aziz Mbacké NDOUR et de Mamadou HANN dit Pape de tous les chefs d'accusation;
▪ Prononce l'acquittement de Béthio THIOUNE dit Cheikh, Serigne Khadim SECK, Samba NGOM, Pape NDIAYE, Aly DIOUF et Demba KEBE du chef d'association de malfaiteurs;
▪ Prononce l'acquittement d’Ablaye DIOUF et de Samba FALL du chef de meurtre avec actes de torture ou de barbarie;
▪ Prononce l'acquittement de Samba NGOM du chef de non dénonciation de crime;
▪ Prononce l'acquittement de Béthio THIOUNE dit Cheikh, Cheikh FAYE, Serigne Khadim SECK, Demba KEBE et Aly DIOUF du chef de recel de malfaiteurs;
▪ Disqualifie les faits de meurtre avec actes de torture ou de barbarie initialement reprochés à Serigne Khadim SECK, Mame Balla DIOUF, Mamadou GUEYE, Moussa DIEYE, Aliou DIALLO, Al Demba DIALLO, Momar Talla DIOP, Mohamed SENE dit Eumeu, Adama SOW dit Doss et Aly DIOUF en meurtre;
▪ Les déclare coupables de ce chef;
▪ Disqualifie les faits de meurtre avec actes de torture ou de barbarie reprochés à Demba KEBE et Pape NDIAYE en complicité de meurtre;
▪ Les déclare coupables de ce chef;
▪ Disqualifie les faits de complicité de meurtre avec actes de torture ou de barbarie initialement reprochés à Béthio THIOUNE dit Cheikh et Cheikh FAYE en complicité de meurtre;
▪ Les en déclare coupables;
▪ Déclare Béthio THIOUNE dit Cheikh coupable de non dénonciation de crime;
▪ Déclare Ablaye DIOUF, Mame Balla DIOUF, Mamadou GUEYE, Moussa DIEYE, Samba FALL, Aliou DIALLO, Al Demba DIALLO, Mohamed SENE dit Eumeu, Adama SOW et Momar Talla DIOP coupables d’association de malfaiteurs délictuelle, de recel de cadavres et d'inhumation sans autorisation administrative ou judiciaire;
▪ Déclare Cheikh FAYE également coupable d'association de malfaiteurs délictuelle;
▪ Déclare Serigne Khadim SECK et Samba NGOM coupables de détention d'arme sans autorisation administrative;
▪ Condamne Serigne Khadim SECK, Mame Balla DIOUF, Mamadou GUEYE, Moussa DIEYE, Aliou DIALLO, Al Demba DIALLO, Momar Talla DIOP, Mohamed SENE dit Eumeu, Adama SOW dit Doss et Aly DIOUF à quinze (15) ans de travaux forcés chacun;
▪ Condamne Béthio THIOUNE dit Cheikh et Cheikh FAYE à dix (10) ans de travaux forcés chacun;
▪ Condamne Demba KEBE et Pape NDIAYE à huit (8) ans de travaux forcés chacun;
▪ Condamne Ablaye DIOUF et Samba FALL à cinq (5) ans d'emprisonnement ferme chacun;
▪ Condamne Samba NGOM à six (6) mois d'emprisonnement ferme;
▪ Ordonne la confiscation du fusil de calibre 12/76 numéro 567540, du fusil de calibre 12m/m n° 497951, du pistolet de marque Walther n°2021500 de et de ses deux chargeurs, des cinq (5) cartouches, de la barre de fer, du manche en bois, saisis, et des six (6) balles extraites du corps d’Ababacar DIAGNE;
▪ Place sous séquestre les biens de Cheikh Béthio THIOUNE dit Cheikh;
▪ Désigne le conservateur de la propriété et des droits fonciers de Mbour en qualité de séquestre;
Sur l'action civile :
▪ Reçoit la constitution de partie civile des héritiers de Bara SOW et d’Ababacar DIAGNE;
▪ Alloue aux héritiers de Bara SOW la somme de cent millions (100 000 000) francs CFA et à ceux d'Ababacar DIAGNE également la somme de cent millions (100 000 000) francs CFA, à titre de réparation;
▪ Condamne solidairement Béthio THIOUNE dit Cheikh, Cheikh FAYE, Serigne Khadim SECK, Mame Balla DIOUF, Mamadou GUEYE, Moussa DIEYE, Aliou DIALLO, Al Demba DIALLO, Momar Talla DIOP, Mohamed SENE dit Eumeu, Adama SOW dit Doss, Aly DIOUF, Demba KEBE, Pape NDIAYE, Ablaye DIOUF et Samba FALL au paiement desdites sommes;
▪ Ordonne l'exécution provisoire;
▪ Condamne solidairement Béthio THIOUNE dit Cheikh, Cheikh FAYE, Serigne Khadim SECK, Mame Balla DIOUF, Mamadou GUEYE, Moussa DIEYE, Aliou DIALLO, Al Demba DIALLO, Momar Talla DIOP, Mohamed SENE dit Eumeu, Adama SOW dit Doss, Aly DIOUF, Demba KEBE, Pape NDIAYE, Ablaye DIOUF, Samba FALL et Samba NGOM aux dépens.
▪ Dit n'y avoir lieu à appliquer la contrainte par corps à l’égard Béthio THIOUNE dit Cheikh;
▪ Fixe la durée de la contrainte par corps au maximum à l’égard des autres condamnés;
▪ Dit qu’un extrait de la décision sera, dans les plus brefs délais, à la diligence du Ministère public, inséré dans l'un des journaux de la République;
▪ Avertit les condamnés de leur droit, à l’exception du contumax, d'interjeter appel de la présente décision dans un délai de 15 jours à compter de son prononcé;
▪ Dit qu'un extrait en sera en outre affiché à la porte du dernier domicile de Béthio THIOUNE dit Cheikh, à la porte de la mairie de la commune de Malicounda ou à la porte des bureaux de l'arrondissement de Sindia et au tableau d'affichage du Tribunal de grande instance de Mbour et que pareil extrait sera adressé au représentant du service des domaines de Mbour.
Le tout en application des articles 45, 46, 47,48, 238, 239, 280, 289, 352, 353, du code pénal, de la loi 66-03 du 18 janvier 1966 sur le régime général des armes et munitions, 294, 295, 298,299 et suivants,302, 307 et suivants, 313,324, 408 et 711 du code de procédure pénale.
10 ANS DE TRAVAUX FORCES POUR CHEIKH BETHIO, 5 A 15 ANS POUR SES COACCUSES ET 200 MILLIONS DE REPARATION
L’affaire du double meurtre de Médinatoul Salam a connu son épilogue hier, lundi 6 mai 2019. Béthio Thioune et son chambellan ou «Beuk nek» Cheikh Faye écopent de 10 ans de travaux forcés
Dix autres coaccusés dans ce procès, Serigne Khadim Seck, Mame Balla Diouf, Mamadou Gueye, Moussa Dieye, Aliou Diallo, Al Demba Diallo, Momar Mohamed Sène dit Eumeu, Adama Sow dit Doss et Aly Diouf sont condamnés à 15 ans de travaux forcés chacun, Demba Kébé et Pape Ndiaye à 8 ans de travaux forcés chacun. Ablaye Diouf et Samba Fall prennent 5 ans d'emprisonnement ferme chacun. La Chambre criminelle a retenu 6 mois d'emprisonnement ferme contre Samba Ngom. Les accusés Serigne Saliou Barro, Aziz Mbacké Ndour, et Mamadou Hann dit Pape sont acquittés de tous les chefs d’accusation. Une condamnation solidaire à verser la somme de 200 millions de F Cfa est retenue comme réparation, soit 100 millions à chacune des familles des victimes. Les conseils de la partie civile et de la partie ont diversement réagi au verdict de la chambre criminelle.
10ans aux travaux forcés contre Cheikh Béthio Thioune et son «Beuk nek» Cheikh Faye, des peines allant de 6 mois à 15 ans contre certaines de ses 19 autres coaccusés et des acquittements pour tous les chefs d’accusation pour d’autres. C’est le verdict de la Chambre criminelle du Tribunal de grande instance de Mbour dans l’affaire du double meurtre de Médinatoul Salam, rendu hier, lundi 6 mai 2019. En effet, le guide des Thiantacounes, Cheikh Béthio Thioune, et son Cambellan Cheikh Faye, reconnu coupable des faits de non dénonciation de crime et complicité de meurtre ont écopé d’une peine de 10 ans aux travaux forcés. Dix autres coinculpés du Cheikh, notamment Serigne Khadim Seck, Mame Balla Diouf, Mamadou Gueye, Moussa Dieye, Aliou Diallo, Al Demba Diallo, Momar Talla Diop, Mohamed Sène dit Eumeu, Adama Sow dit Doss et Aly Diouf ont chacun été condamné à quinze (15) ans de travaux forcés. Le juge a disqualifié les faits de meurtre avec actes de torture ou de barbarie initialement retenus contre eux en meurtre. D’autres prévenus ont connu des fortunes diverses. Ainsi, Demba Kébé et Pape Ndiaye, ont tous les deux été condamnés à 8 ans de travaux forcés pour complicité de meurtre. Ablaye Diouf et Samba Fall s’en sortent avec 5 ans d'emprisonnement ferme chacun, contrairement à Samba Ngom, en liberté provisoire, condamné à 6 mois d'emprisonnement ferme pour détention d’arme sans autorisation administrative. Le juge Thierno Niang a prononcé l’acquittement de Serigne Saliou Barro, d’Aziz Mbacké Ndour et de Mamadou Hann dit Pape de tous les chefs d’accusation. Si Serigne Saliou Barro et Aziz Mbacké Ndour avaient bénéficié d’une liberté provisoire, Pape Hann a fait 7 ans derrière les barreaux, en détention provisoire.
200 MILLIONS POUR LES FAMILLES DES 2 VICTIMES
Aussi, suite à la réception de la constitution de partie civile des héritiers de Bara Sow et d’Ababacar Diagne, le juge Thierno Niang, le juge prononcé une condamnation solidaire à verser la somme de 200 millions de F Cfa, retenue comme réparation, soit 100 millions à chacune des familles des victimes, notamment aux héritiers de Bara Sow et d’Ababacar Diagne, à titre de réparation. Ainsi, Béthio Thioune dit Cheikh, Cheikh Faye, Serigne Khadim Seck, Mame Balla Diouf, Mamadou Gueye, Moussa Dieye, Aliou Diallo, Al Demba Diallo, Momar Talla Diop, Mohamed Sène dit Eumeu, Adama Sow dit Doss, Aly Diouf, Demba Kébé, Pape Ndiaye, Ablaye Diouf et Samba Fall sont condamnés solidairement au paiement de cette somme. Contrairement au souhait de la partie civile qui avait réclamé 3 milliards de F CFA pour toute cause et préjudice confondus. Le tribunal a ordonné, par conséquent, l’exécution provisoire. Toutefois, si la Chambre criminelle dit n’y avoir pas lieu à appliquer la contrainte par corps à l’encontre de Béthio Thioune dit Cheikh, elle fixe, par contre, la durée de la contrainte par corps au maximum pour les autres condamnés.
PLACEMENT SOUS SEQUESTRE DES BIENS DE BETHIO THIOUNE DIT CHEIKH
En Outre, la Chambre criminelle a ordonné la confiscation du fusil de calibre 12/76 N°567540, du fusil de calibre 12m/m N°497951, du pistolet de marque Walther N°2021500 et de ses 2 chargeurs, des 5 cartouches, de la barre de fer, du manche en bois saisis, et des 6 balles extraites du corps d’Ababacar Diagne. Elle a également ordonné le placement sous séquestre des biens de Béthio Thioune dit Cheikh et a désigné le conservateur de la propriété et des droits fonciers de Mbour, en qualité de séquestre. Elle a aussi retenu qu’un extrait de la décision sera, dans les plus brefs délais, inséré dans l'un des journaux de la République. De même, un extrait de la décision sera affiché à la porte du dernier domicile de Béthio Thioune dit Cheikh, à la porte de la mairie de la commune de Malicounda ou à la porte des bureaux de l'arrondissement de Sindia et au tableau d'affichage du Tribunal de grande instance de Mbour. Un extrait va aussi être adressé au représentant du service des domaines de Mbour.
LA PROCEDURE JUGEE REGULIERE, LES COINCULPE DE BETHIO ONT 15 JOURS POUR INTERJETER APPEL
La Chambre criminelle a relevé que les condamnés, à l’exception du guide des Thiantacounes jugé par contumace, peuvent interjeter appel de la présente décision dans un délai de 15 jours à compter de la prononciation de la sentence. Auparavant, la Chambre criminelle du Tribunal de grande instance de Mbour, statuant publiquement, par contumace à l'encontre de Béthio Thioune dit Cheikh, contradictoirement à l'égard des autres accusés et des héritiers de Bara Sow et d'Ababacar Diagne, en matière criminelle et en premier ressort, a rejeté l'exception de nullité soulevée par le conseil d'Aly Diouf; et a déclaré la procédure régulière. Les conseils de la partie civile et de la défense ont diversement réagi au verdict de la chambre criminelle. (Voir par ailleurs).
CONDAMNE A 10 ANS DE TRAVAUX FORCES Béthio «échappe» à la prison
Cheikh Béthio Thioune condamné à 10 ans de travaux forcés pour avoir été reconnu coupable de complicité et non dénonciation de meurtre n’ira pas en prison, conformément à la loi. Mieux, le mandat d’arrêt international requis par le Procureur de la République contre le guide des Thiantacounes, jugé par contumace, n’a pas été confirmé par le juge. En plus, la contrainte par corps n’a pas été retenue contre Cheikh Béthio Thioune, 81 ans. C’est ce qu’explique le juriste Me Ibrahima Mbengue, une des avocats de la défense. «La contrainte par corps, c’est pour permettre à une partie civile d’amener un prévenu qui ne paie pas sa condamnation civile de rester en prison. C’est à dire quand un accusé condamné ne paie pas, vous avez la possibilité de l’amener en prison, mais pour une durée qui ne peut pas dépasser 2 ans. La contrainte par corps peut être fixée au minimum ou au maximum. Le maximum, c’est 2 ans. Mais, la loi dit clairement, si le prévenu est âgé de 70 ans ou plus, on ne peut plus exercer contre lui la contrainte par corps. Donc, ce n’est pas un privilège du tribunal, c’est la loi qui parle. Le juge n’avait même pas besoin de faire ces précisions-là. C’est la loi elle-même qui parle. Et si la contrainte par corps est exercée sur un condamné, c’est la partie civile qui débourse pour que ce dernier mange en prison. C’est 1000 F CFA par jour. Un an, c’est 360 mille F CFA; deux ans c’est 360 mille fois 2. Si on exerce la contre par corps sur vous ceci ne veut pas pour autant dire que vous n’allez plus payer. Même si vous sortez, vous endossez la créance. La contrainte par corps n’efface pas les intérêts civils», a-t-il précisé.
REACTIONS… REACTIONS…
ME KHASSIMOU TOURE, COORDINATEUR ET PORTE-PAROLE DES AVOCATS DE LA PARTIE CIVILE : «Le droit a été dit et bien dit»
«Notre réaction est de rendre grâce à Dieu qui nous a permis de vivre ces moments historiques. Je profite de l’occasion pour féliciter la Chambre criminelle du Tribunal de grande instance de Mbour avec à sa tête le président Thierno Niang. Comme il nous l’avait promis à l’occasion de la clôture des débats, nous avons assisté aujourd’hui à une bonne et saine application de la règle de droit. Le droit a été dit et bien dit; les coupables ont été sanctionnés. La partie civile que je représente a joué sa partition et a eu à recevoir des dommages conséquents. On a alloué à chaque partie civile la somme de 100 millions. Ce n’est pas l’argent qui nous intéresse, quel que soit le montant qui serait alloué, même si c’était le franc symbolique. Nous avons aujourd’hui un sentiment de soulagement, d’humilité, de satisfaction parce qu’ils ont été sauvagement tués; ils ont été ensevelis comme des «Tutsis» mais le tribunal, dans son impérium, après avoir écouté toutes les parties et le ministère public qui a joué sa partition conformément aux règles de l’art a dit le droit. Ce tribunal a décidé du sort des uns et des autres. Le tribunal a tamisé la procédure, il a cherché les coupables. Il a acquitté 2 ou 3 personnes qui, d’après le tribunal, n’ont rien à voir à cette affaire. Nous n’avons pas encore discuté sur les principes de relever appel parce que nous avons obtenu une décision satisfaisante. La partie civile, sa partition, c’est essentiellement sur les dommages et intérêts. J’ai entendu certains condamnés dire qu’ils vont relever appel; s’ils relèvent appel, nous serons encore là ; nous allons poursuivre ce dossier jusqu’au bout. Ce qui m’intéresse, c’est que la voix des parties civiles soit entendue. Et, à l’occasion de ce procès, les voix des parties civiles ont été entendues et c’est l’essentiel. En définitive, la règle de droit a été dite et bien dit. Nous avons gagné le procès, c’est évident, mais pas de triomphalisme béat, nous avons gagné dans l’humilité. Nous garderons toute notre modestie parce que nous continuons à pleurer nos morts. Aucun centime, aucun montant ne peut remplacer les vies d’Ababacar Diagne et de Bara Sow mais, pour l’essentiel, la décision qui a été rendue est une bonne décision pour la partie civile parce qu’il a aussi bien sanctionné par la privation de de liberté que par la sanction pécuniaire».
PROCES ET CONDAMNATION DE CHEIKH BETHIO DANS L’AFFAIRE DU DOUBLE MEURTRE DE MEDINATOUL SALAM : Serigne Saliou Thioune dénonce «une cabale» montée contre son père
Suite à la condamnation de Cheikh Béthio Thioune à 10 ans de travaux forcés et 200 millions de F Cfa, à payer solidairement avec les autres condamnés, en guise de réparation à l’issue du procès du double meurtre de Médinatoul Salam, le fils du guide religieux, Serigne Saliou Thioune, n’a pas tardé à contester ce verdict de la Chambre criminelle du Tribunal de grande instance de Mbour. Selon Emedia, il considère cette décision comme une «cabale» montée contre son père. «Comment comprendre que le tribunal ait refusé l’excuse présentée par les avocats du guide religieux sur la base de dossier médical certifié par ses médecins et décidé de le juger par contumace ?», s’est interrogé Serigne Saliou Thioune, face à la presse. Qui estime que les droits de son père pour un procès équitable ont été violés.
A l’en croire, il est d’autant plus indiqué que l’état de santé actuel du chef des Thiantacounes est une résultante directe de sa première arrestation. Ce, parce que les autorités judiciaires avaient, à l’époque, refusé de lui accorder une liberté provisoire pour qu’il aille se soigner en France. «Je leur tiens exceptionnellement responsables de tout ce qui arrivera au marabout », a déclaré Serigne Saliou Thioune. Pour lui, son père est blanc comme neige dans cette affaire «parce qu’il n’y a aucun élément attestant que ce dernier coupable des faits qui lui sont reprochés. » En outre, poursuit-il, «aucun des accusés n’a soutenu, devant le prétoire, que Cheikh Béthio est le commanditaire de cette affaire. La reconstitution des faits a prouvé qu’il n’était même pas au courant des faits», a-t-il expliqué avant d’appeler les talibés au calme.
ME MOUSTAPHA DIENG, AVOCAT DU GUIDE DES THIANTACOUNES : «Cheikh Béthio reviendra immédiatement au Sénégal... et ensemble, nous démontrerons son innocence»
«Je suis déçu par la décision qui a été rendue, même si je la respecte en tant qu’acteur du droit. Je relève avec l’assistance que Cheikh Béthio Thioune a été acquitté du chef d’association de malfaiteurs. Ce qui veut dire qu’il n’y a jamais eu de sa part, une entente préalable avec d’autres, en vue de commettre des crimes ou des délits. Ensuite, Cheikh Béthio Thioune a été acquitté par le tribunal du chef de recel de malfaiteurs c’est-à-dire qu’il n’a pas essayé de soustraire les concernés dans cette affaire à l’action de la justice. Comment ces deux décisions d’acquittement peuvent cohabiter avec une complicité de meurtre, même si c’est un meurtre simple et non un meurtre avec acte de torture et de barbarie ? Comment deux décisions d’acquittement peuvent cohabiter avec la complicité de meurtre et la complicité du non dénonciation de crime ? A mon avis, la lecture qu’on peut faire de cette décision est que peut-être quelque part, en respectant son droit, le juge a mal appliqué les dispositions du Code de procédure pénale. J’ajoute, et il l’a dit, compte tenu de son âge, il n’y aura pas d’exécution de la contrainte par corps. Mais, pour moi, cette décision il n’avait pas besoin de la dire. Il nous faudra, avec mon client, examiner les voies et moyens de faire en sorte que ce qui est une évidence dans ce dossier, c’est-à-dire l’innocence du Cheikh dans cette affaire de Médinatoul Salam, soit reconnue par la justice de notre pays, sinon par les mécanismes juridictionnels qui existent dans l’ordre international. Nous irons jusqu’au bout, je n’attends qu’une chose, une décision d’acquittement parce que Cheikh Béthio Thioune n’est absolument pas coupable des faits qui lui sont reprochés. Cheikh Béthio Thioune a été jugé par contumace. La procédure de contumace ne m’autorise pas à exercer le droit d’appel. Mais, croyez le bien, Cheikh Béthio Thioune qui est malade, hospitalisé, reviendra immédiatement au Sénégal dès que sa santé le permettra. Et, ensemble, devant le peuple sénégalais, nous le démontrerons de plus fort. Parce que, sauf considération subjective, nous estimons que sa culpabilité n’a jamais été prouvée en l’espèce. Cheikh Béthio Thioune est un homme pacifique et il ne devait pas être condamné à 10 ans de travaux forcés».
Par Samba NIÉBÉ BA
LES FAMILLES DES VICTIMES DECUES
C’est une grande déception que les familles des victimes ont ressentie au sortir du procès du double meurtre de Médinatoul Salam.
Les sentiments ont été partagés après le délibéré du verdict du procès de l’affaire dite de Médinatoul Salam. Si les familles des victimes ont refusé de se prononcer, pour avoir été déçues d’une justice « à la solde des nantis », l’avocat de la partie civile, Me Khassim Touré, par contre, se réjouit d’avoir eu gain de cause. Et pour la défense, le verdict du procès est amer.
C’est une grande déception que les familles des victimes ont ressentie au sortir du procès du double meurtre de Médinatoul Salam. Les proches parents et amis des deux victimes, Bara Sow et Ababacar Diagne, ont refusé de parler à la presse au sortir de la salle d’audience. Pendant que la presse faisait des interviews, Moussa Sow, le frère de Bara, avait le téléphone scotché à l’oreille alors que les autres membres de la famille ne cessaient de rouspéter contre la décision prise par la chambre criminelle. «Au Sénégal, faire appel à la justice, c’est peine perdue ; surtout lorsqu’on est faible. On fait semblant de rendre justice, mais ce n’est qu’une parodie pour calmer les ardeurs», rouspète un jeune, visiblement très frustré.
Evitant la presse à tout prix, il va demander à Moussa Sow de ne pas accorder une interview aux journalistes. De même que Ndèye Penda Fall, la mère d’Ababacar Diagne qui, après une brève concertation avec des membres de sa famille, a demandé d’être excusée. Mais Me Khassimou Touré tempère en ces termes : «Il faut d’abord rendre grâce à Dieu qui nous a permis de vivre ces moments historiques». Avant de poursuivre : «Nous avons assisté aujourd’hui à une bonne et saine application de la règle de droit; le droit a été dit et bien dit, les coupables ont été condamnés. Ce n’est pas l’argent qui nous intéresse, quel que soit le montant qui serait alloué, même si c’était le franc symbolique. Nous avons aujourd’hui un sentiment de soulagement, un sentiment d’humilité ; un sentiment de satisfaction parce qu’ils ont été sauvagement tués. Ils ont été ensevelis comme des Tutsis ; mais le tribunal dans son impérium, après avoir écouté toutes les parties et le ministère public qui a joué sa partition conformément aux règles de l’art, ce tribunal a décidé du sort des uns et des autres. Le tribunal a fait un tamis», estime l’avocat de la partie civile.
Pour Me Touré, arriver à faire condamner le tout-puissant guide des Thiantacounes est une «décision satisfaisante».Et même si certains condamnés font appel, l’avocat de la partie civile promet qu’il ne va pas lâcher prise. « Nous serons encore là. Nous allons poursuivre ce dossier jusqu’au bout. Ce qui m’intéresse, c’est que la voix des parties civiles soit entendue et à l’occasion de ce procès, la voix des parties civiles a été entendue et c’est l’essentiel. En définitive, la règle de droit a été dite et bien dite. Nous avons gagné le procès, c’est évident, mais pas de triomphalisme béat. Nous avons gagné dans l’humilité. Nous garderons toute notre modestie parce que nous continuons à pleurer nos morts. Aucun centime, aucun montant ne peut remplacer les vies d’Ababacar Diagne et deBara Sow. Mais pour l’essentiel, la décision qui a été rendue est une bonne décision pour les parties civiles parce qu’il y a aussi bien sanction privative de liberté que sanction pécuniaire», ajoute-t-il.
LA DEFENSE S’OFFUSQUE
Pour la défense, le verdict a été une déception totale. Selon Me Dieng, un des membres du pool d’avocats, le guide des Thiantacounes ne doit pas être condamné à 10 ans de travaux forcés, du moment qu’il a été acquitté du délit d’association de malfaiteurs. «Je relève avec l'assistance que Cheikh Béthio Thioune a été acquitté du chef d'association de malfaiteurs. Ce qui veut dire qu'il n'y a jamais eu de sa part une entente préalable avec d'autres en vue de commettre des crimes ou des délits. Ensuite, Cheikh Béthio Thioune a été acquitté par le tribunal du chef de recel de malfaiteurs. C'est à dire qu'il n'a pas essayé de soustraire les concernés dans cette affaire à l'action de la justice. Comment ces 2 décisions d'acquittement peuvent cohabiter avec une complicité de meurtre, même si c'est un meurtre simple et non un meurtre avec acte de torture et de barbarie ? Comment deux décisions d'acquittement peuvent cohabiter avec la complicité de meurtre et la complicité de la non dénonciation de crime. A mon avis, la lecture qu'on peut faire de cette décision est que peut être quelque part, en respectant son droit, le juge a mal appliqué les dispositions du code de procédure pénale. J'ajoute, et il l'a dit, que compte tenu de son âge, il n'y aura pas d'exécution de la contrainte par corps.
Mais pour moi, cette décision n'est pas satisfaisante», regrette Me Dieng. C’est pourquoi l’avocat soutient que le condamné Cheikh Béthio dit Cheikh va fouler le sol sénégalais dès qu’il se sentira mieux pour se présenter devant la barre, afin que le tribunal revienne sur sa décision. «Cheikh Béthio Thioune a été jugé par contumace. La procédure de contumace ne m'autorise pas à exercer le droit d'appel. Mais, croyez le bien, Cheikh Béthio Thioune qui est malade, hospitalisé, reviendra immédiatement au Sénégal dès que sa santé le lui permettra et ensemble, devant le peuple sénégalais, nous démontrerons son innocence. Parce que, sauf considération subjective, nous estimons que sa culpabilité n'a jamais été prouvée en l'espèce. Cheikh Béthio Thioune est un homme pacifique et il ne devait pas être condamné à 10 ans de travaux forcés», rassure son conseiller juridique.