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28 juillet 2025
LE GÉNIE CONTRE LA MURAILLE
Une demi-finale de Ligue des Champions avec de nombreux grands joueurs se jouera mercredi au Camp Nou entre le Fc Barcelone et Liverpool, une demi-finale pour une place précieuse pour la finale du Wanda Metropolitano.
Une demi-finale de Ligue des Champions avec de nombreux grands joueurs se jouera mercredi au Camp Nou entre le Fc Barcelone et Liverpool, une demi-finale pour une place précieuse pour la finale du Wanda Metropolitano.
Pour remporter cette belle coupe dont rêve Leo Messi jour et nuit, le Barça doit rester concentré, et ne pas reproduire les mêmes erreurs que la saison passée contre la Roma.
Et ce ne sera pas facile, car les joueurs de Klopp sont en grande forme, et ont un joueur remonté à bloc : Virgil Van Dijk. Considéré comme le meilleur défenseur central cette année en Europe, le joueur néerlandais a été sacré dimanche nuit Meilleur Joueur de la saison de Premier League par la Pfa (Association des joueurs professionnels), succédant à son coéquipier Mohamed Salah.
Van Dijk entre aujourd’hui dans le Top 3 des défenseurs que tous les grands clubs rêveraient de pouvoir recruter, et sera le rempart principal pour empêcher un gros problème d’atteindre les cages de Alisson : Lionel Messi.
Car la star argentine est un génie du football, et personne ne semble capable de l’arrêter cette saison, en championnat comme en Ligue des Champions. Sa technique est incroyable, sa précision légendaire et son esprit ne semblent vivre que pour le football.
Un génie du football qui cherchera à dépasser la muraille néerlandaise des Reds, une muraille qui impose avec son physique impressionnant, si on sait que Van Dijk est le roi des un contre un, sans parler de son excellent jeu aérien.
Messi a été le calvaire de défenseurs renommés comme Sergio Ramos ou Jerome Boateng, et tout le monde sait que lorsqu’il est dans un grand soir, il est presque impossible de l’arrêter. Vous l’aurez compris, la bataille entre Messi et Van Dijk, sera l’une de celles, si ce n’est la plus grande, que tout le monde attendra de voir mercredi soir sur le terrain du Camp Nou. On en salive déjà !
LES JOUEURS ADORENT BEYE ET DÉTESTENT MÉNES
Dans un sondage effectué par France Football, plus de 100 joueurs de Ligue 1 ont élu les consultants qu’ils aiment et détestent le plus
Sports.fr |
Thomas Pisselet |
Publication 30/04/2019
C’est, selon France Football, "le vote qui va faire parler". Dans son édition de mardi, l’hebdomadaire dévoile les résultats d’un sondage effectué auprès de plus de 100 joueurs de Ligue 1, invités à donner leur avis sur les différents consultants qui, après chaque rencontre, les encensent ou les critiquent sur les plateaux de télévision. Une manière d’inverser les rôles qui pourrait irriter les plus susceptibles... A commencer par Pierre Ménès ?
A la question "quel est le consultant que vous n’aimez pas ?", celui qui officie chaque dimanche soir dans l’émission Canal Football Club est en tout cas le plus cité. Il recueille 30% des voix et devance ses petits camarades de RMC Sport, qui réussit un "joli" tir groupé en plaçant Daniel Riolo (25%), Christophe Dugarry (23%) et Jérôme Rothen (14%) derrière lui. Daniel Bravo, qui commente sur beIN Sports, complète le top 5 avec 3%.
Jallet future star de télé ?
Mais le groupe Canal+ peut se féliciter d’avoir sur ses antennes deux des trois chouchous des joueurs. Habib Beye est effectivement le consultant préféré de plus de la moitié des acteurs interrogés (51%), loin devant son collègue Eric Carrière (15%), qui trouve une place sur le podium à côté du folklorique Omar Da Fonseca (beIN Sports), nommé par 21% des pensionnaires de l’élite. Brahim Thiam (6%) et Christophe Dugarry (3%) suivent.
LES FRAUDES SUR L'ÂGE VIENNENT (ENCORE) DÉCRÉDIBILISER LA CAN U17
Le Cameroun a remporté dimanche face à la Guinée la Can U17, organisée cette année en Tanzanie. Mais plus que son bilan sportif, ce sont les fraudes sur l’âge qui auront nourri les commentaires sur cette édition 2019
Le Cameroun a remporté dimanche face à la Guinée la Can U17, organisée cette année en Tanzanie. Mais plus que son bilan sportif, ce sont les fraudes sur l’âge qui auront nourri les commentaires sur cette édition 2019.
La Can U17 2019 s’est terminée dimanche à Dar es Salam sur une victoire du Cameroun. Vainqueurs de la Guinée à l’issue de la séance des tirs au but (0-0, 3-5 tab), les Lionceaux de Thomas Libiih offrent à leur pays son deuxième titre après celui remporté en 2003.
Mais, précisément, il y a fort à parier que cette édition 2019 de la Can U17 ne restera pas dans les mémoires pour son bilan sportif, marqué par l’indécision avec une finale ainsi que deux demies vierges de but. Et pour cause : de son premier à son dernier jour, l’épreuve a été totalement éclipsée par les polémiques relatives aux fraudes sur l’âge. Dès la journée inaugurale, tombaient les résultats des examens Irm.
Le fameux “test du poignet” généralisé par la Caf pour débusquer les tricheurs était fatal à six joueurs : trois Camerounais, deux Tanzaniens et un Guinéen se trouvaient recalés et n’allaient pouvoir jouer le tournoi avec leurs équipes respectives. Aucune sanction supplémentaire n’est alors prise contre les pays concernés.
Le Maroc et le Sénégal vent debout
Fin des polémiques ? Pas du tout. Les défaites subies lors de la 2ème journée par le Maroc (1-2 contre le Cameroun) et par le Sénégal (1-2 contre la Guinée) vont mettre ces deux pays vent debout. Des réserves sont alors déposées contre leurs adversaires respectifs : le Maroc accuse l’attaquant camerounais Aliom Moubarak Saidou d’être bien plus âgé qu’un U17, tandis que le Sénégal pointe du doigt les Guinéens Ahmed Tidiane Keïta et Aboubacar Conté.
Le Cameroun et la Guinée répondent à leurs adversaires, communiqués à l’appui. Et si les réserves sont rejetées par la Caf, qui fait confiance aux tests Irm, l’atmosphère d’une compétition déjà plombée d’entrée par les flagrants délits de fraude est pourrie.
D’autant plus que le Sénégal ne lâche pas le morceau : quelques jours après le rejet de sa requête, la Fédération sénégalaise reçoit de son homologue japonaise des documents de voyage tendant à démontrer que les deux joueurs guinéens suspectés ont changé d’identité entre le tournoi «Dream Club» organisé par le Japon en juin 2017 et la Can U17 en cours en Tanzanie, perdant un an dans l’intervalle.
Des prolongations devant les tribunaux ?
Aux dernières nouvelles, le Sénégal envisage de saisir le Tas dans ce dossier, qui ne peut laisser la Caf sans réaction. Le règlement de la compétition ne stipule-t-il pas dans son article 32 que «si la Caf apprend, quelle que soit la source, qu’une fraude et/ou falsification de documents par quelque moyen et/ou support que ce soit, a été commise par une ou plusieurs équipes, une enquête sera ouverte ?». Cette Can U17 pourrait donc se terminer devant les tribunaux, comme elle avait commencé.
Au Gabon, prison ferme pour les fautifs
En effet, lors du tournoi de qualification de la Zone Ufoa B, le Bénin avait en effet été disqualifié, 10 des 18 Ecureuils cadets ayant été recalés aux tests Irm. Après le placement des joueurs et de leur staff sous mandat de dépôt, le Tribunal de Cotonou avait infligé des peines de prison ferme, visant notamment l’ancien président de la Fédération, Anjorin Moucharafou, et les joueurs fautifs.
De mieux en mieux dotée par la Caf (le vainqueur de cette édition 2019 a empoché 50 000 dollars), cette compétition voit donc sa crédibilité sportive sérieusement mise à mal.
LES NON-DITS DE LA SUPPRESSION DU POSTE DE PREMIER MINISTRE
Selon la version officielle, ce changement obéirait à des impératifs «d'efficience», sans pour autant bousculer les équilibres institutionnels - Mais c'est également une réforme qui pourrait renfermer certains messages politiques
Le Sénégal va se passer de Premier ministre pour assumer son régime politique présidentiel. Selon la version officielle, ce changement obéirait à des impératifs «d'efficience», sans pour autant bousculer les équilibres institutionnels du pays. Mais c'est également une réforme qui pourrait renfermer certains messages politiques. Analyse.
À l'instar de ses prédécesseurs, particulièrement du Président Abdoulaye Wade et son célèbre wax waxeet (renoncement, en wolof), Macky Sall n'a pas été avare en réformes institutionnelles depuis sa victoire en 2012 sur son ancien mentor, ledit Abdoulaye Wade. Alors qu'il avait été élu sur la promesse d'un retour au quinquennat, il s'est pourtant gardé d'appliquer ce changement à son premier mandat, réduisant significativement sa portée politique. Dès sa réélection, le 24 février dernier avec plus de 58% des suffrages, pour un deuxième mandat, de cinq ans cette fois-ci, il donne le ton en annonçant la suppression du poste de Premier ministre.
Alors que la question ne figurait pas comme thème de sa campagne, le Président sortant a annoncé, lors de sa prestation de serment du 2 avril 2019, des «changements dans la gouvernance de l'exécutif pour un meilleur suivi des politiques publiques». À la suite de la démission «de courtoisie» présentée par son Premier ministre, Mohamed Dionne, dès le 5 avril, il s'est plus clairement exprimé en faveur d'un renforcement du régime présidentiel.
«Nous avons un régime où le Premier ministre tire l'essentiel de ses pouvoirs du Président. Le Premier ministre n'a pas de pouvoirs autonomes qui soient délimités de manière expresse dans la Constitution. La réforme n'entraînera pas, donc, une modification substantielle de la Constitution, d'autant plus que le texte fondamental du Sénégal n'oblige pas le Président à nommer un Premier ministre. C'est dire que nous ne sommes pas dans un régime parlementaire», a déclaré à Sputnik El Hadj Hamdiou Kassé, ministre conseiller et porte-parole du Président de la République.
Un constat que rejoint en partie Emmanuel Desfourneaux, directeur général de l'Institut de la culture afro-européenne à Paris, partenaire officiel de l'Unesco. Ce juriste et ancien conseiller du Président sénégalais Abdoulaye Wade estime que la Constitution sénégalaise et sa pratique consacrent bien une forme de régime présidentiel, alors même qu'il existe un Premier ministre. C'est la conclusion tirée, d'une part, des dispositions de l'article 36 de la Constitution, qui attribue au Président la détermination de la politique de la Nation, une fonction qui échoit au gouvernement dans un régime parlementaire. D'un autre côté, le fait majoritaire empêche, dans la pratique, que l'Assemblée nationale mette sérieusement en cause la responsabilité du gouvernement, comme c'est, là encore, le cas dans les régimes parlementaires. «Il y a bien eu des ministres qui ont été démis de leurs fonctions. Mais était-ce le fait de l'Assemblée? Non, mais du Président!», analyse le juriste français.
«Cela veut dire qu'on est dans un régime que j'appellerais, quasi-présidentiel, se situant entre le régime présidentiel pur et dur et le régime semi-présidentiel à la française. Ici, le Chef de l'État est Président, mais aussi chef du gouvernement, puisque, avec cet article 36, le Premier ministre joue un rôle de pure coordination, de courroie entre le Président et les différents ministères du gouvernement.
Donc, la suppression du Premier ministre ne va pas remettre en cause cet équilibre des pouvoirs. En ce sens que c'est bien le Président qui continuera d'exercer la réalité des pouvoirs et qui restera le maître absolu du jeu institutionnel. Ceux qui parlent d'un changement de régime vers un hyperprésidentialisme se trompent totalement. Il n'y aura pas de chamboulement réel dans l'équilibre des pouvoirs, d'un point de vue technique, si ce n'est qu'on sera dans un régime présidentiel plus assumé», analyse Emmanuel Desfourneaux.
Si cette révision constitutionnelle ne risque donc pas d'affecter les équilibres institutionnels, c'est à l'aune de l'histoire politique sénégalaise qu'il convient d'en examiner les ressorts. En effet, le Premier ministre a toujours été le parent pauvre des institutions sénégalaises. Dès 1963, le bicéphalisme de l'exécutif a été sacrifié par Léopold Sédar Senghor, avant qu'il ne le rétablisse sept ans plus tard pour servir de tremplin au «meilleur d'entre nous», à savoir Abdou Diouf.
Sitôt élu, en 1983, ce dernier se passa à son tour de Premier ministre, avant de rétablir la fonction à la faveur de la réforme constitutionnelle de 1991. Dans les deux cas, il s'agissait de «contextes particuliers», selon Emmanuel Desfourneaux, qui cite à titre d'exemple la crise institutionnelle de 1962 et le duel entre Leopold Sédar Senghor et Mamadou Dia, le Président du Conseil, qui en a résulté. Dans la logique du vainqueur, Senghor, il s'agissait d'éviter qu'il y ait «deux caïmans dans le même marigot», d'après l'adage africain, abondamment cité par les commentateurs de l'époque. Pour Diouf, en revanche :
«La Constitution de l'époque [1983] m'imposait de nommer un Premier ministre. Pourtant au lendemain de ces élections, Jean Collin et Moustapha Niasse me dirent: M. Le Président, le peuple vous a élu, il vous a même plébiscité. D'après tous nos renseignements, il attend de vous que vous gouverniez directement. Senghor avait créé le régime présidentiel déconcentré pour préparer sa succession, mais vous, vous êtes au début de votre présidence, par conséquent vous n'avez pas besoin de Premier ministre. Il faut que vous soyez en même temps chef de l'État et chef de gouvernement», peut-on lire dans l'autobiographie de l'ancien Président (Mémoires, p231, Seuil, 2014).
Un conseil suivi à la lettre par Abdou Diouf, bien qu'il estimât que «compte tenu de la complexité des problèmes dans le monde, il était bon qu'un Président ait un Premier ministre» (ibid). Inversement, rétablir la Primature a souvent été perçu comme le signe d'une succession que l'on préparait, dans le cas de Senghor, ou d'une distanciation des affaires publiques rendue nécessaire par la complexité de la situation sociopolitique.
C'est justement dans ces conditions que Habib Thiam fit son entrée au Gouvernement, en 1991, trois ans après les élections difficiles de 1988, mais aussi, pour tenir compte de la montée en puissance du Parti démocratique sénégalais (PDS) d'Abdoulaye Wade. C'est la même logique de puissance qui faisant défaut à Abdoulaye Wade, au plus bas de sa popularité, pour aller au bout de sa réforme devant aboutir à la suppression du Premier ministre, en 2011.
Partant, il serait possible de lier la réforme envisagée par Macky Sall à la question de sa succession, mais aussi aux équilibres des pouvoirs sur la scène politique sénégalaise. C'est toute la question du «timing politique» de la réforme sur laquelle s'attarde Emmanuel Desfourneaux.
«Certains commençaient à dire que c'était son dernier mandat, qu'il serait diminué, et que c'est maintenant sa succession qui est en jeu. Cette réforme, c'était donc aussi pour dire qu'il reste le maître du jeu. Ce message était adressé, notamment, à son propre camp, et les ambitions grandissantes des uns et des autres. C'est le cas avec Amadou Ba, à qui l'on prête des ambitions présidentielles, et dont Macky Sall a scindé le ministère de l'Économie en deux, avant de lui confier les Affaires étrangères. Même chose pour le ministère de l'Intérieur, avec la sécurité publique qui relèvera, désormais, d'un autre ministre délégué», décrypte Emmanuel Desfourneaux.
Mais le timing de la réforme obéit également à d'autres tempos. Ceux qui rythment la marche du Sénégal vers le développement. Dévoilé au début du premier mandat de Macky Sall, le Plan Sénégal Émergent (PSE) est une vision stratégique visant l'émergence économique du pays à l'horizon 2035. Dans une réunion qui s'est déroulée à Paris, en décembre dernier, en amont de la phase deux du projet (2019-2023), les autorités sénégalaises ont pu récolter 14 milliards de dollars auprès des bailleurs institutionnels, une somme «bien au-delà de leurs espérances», alors qu'ils tablaient sur quelque 4,9 milliards de dollars, témoigne Emmanuel Desfourneaux. Alors que la réalisation de certains projets accuse un certain retard, le changement institutionnel est aussi un message «d'assurance» et «un gage d'efficacité», envoyés aux bailleurs institutionnels, poursuit l'expert français. En ce sens, il rejoint, El Hadj Hamidou Kassé, qui cite également les impératifs «d'efficience».
«Le Président Macky Sall, qui n'a plus que cinq ans [d'exercice, ndlr], a estimé que nous devions travailler en mode d'accélération, de fast-track. D'autant plus que nous allons bâtir une nouvelle économie pétrolière et gazière après les récentes découvertes. Il pense que pour la réalisation de tous ces projets, il faut faire une réforme qui lui donnera une visibilité directe sur la mise œuvre politique qu'il a proposée aux Sénégalais. Cette réforme lui permettra de contrôler directement cette mise en œuvre, pour assurer son suivi et sa validation», explique le ministre conseiller sénégalais.
Pour illustrer ce souci d'efficacité, le responsable sénégalais rappelle le précédent du XVe sommet de l'Organisation internationale de la francophonie (OIF), à Dakar, capitale du pays en 2014. Le pays ne disposait alors pas d'un centre de conférences à même d'accueillir la soixantaine de chefs d'État et de gouvernement, mais aussi les milliers de journalistes et de fonctionnaires internationaux devant prendre part à cet événement international. «Le Président a piloté directement le projet. Bien que tout le monde fût sceptique, au début, on a pu finir les travaux en 11 mois, au lieu des 24 prévus», illustre El Hadj Hamidou Kassé.
Messages politiques et souci d'efficacité… mais les considérations purement institutionnelles ne seraient pas pour autant totalement absentes de cette réforme, estime Mohamed Sy, président du Think Tank Ipode. Dans un entretien avec Sputnik, cet expert sénégalais rappelle d'abord que celle-ci s'inscrit dans une tendance générale de «rationalisation du pouvoir exécutif» au Sénégal. La fluctuation historique de la Primature se calque, selon lui, sur les changements fréquents de la durée des mandats présidentiels, qui sont plusieurs fois passés des quinquennats aux septennats et vice-versa. «Les temps politiques n'étant pas les mêmes, pour une Assemblée législative et pour le pouvoir exécutif, cela posait souvent un problème de légitimité justifiant, parfois, la suppression du Premier ministre, des fois que le Président voulait avoir la mainmise directe sur les réformes.» Par ailleurs, Nous avons une Constitution jeune qui s'adapte à la marche du pays. On découvre la sociologie politique de nos acteurs et il faut, à chaque fois, ajuster selon ces impératifs. Certes, la Constitution avait besoin de s'adapter aux nouveaux droits des Sénégalais, à la mondialisation et à la création des droits inaliénables des citoyens. Elle avait également besoin d'être plus claire au regard de nombreux points. C'est en cela qu'elle était nécessaire. On s'étonnait, par exemple, qu'elle ne contînt aucun article gérant, en cas de cohabitation, les relations entre le Président et le Premier ministre. Que se passerait-il, par exemple, en cas d'une majorité à l'Assemblée nationale qui ne serait pas de la même couleur politique que celle du Président? On aura un Premier ministre qui ne déciderait pas de la politique de la Nation, puisque l'article 36 attribue cette prérogative au Président! Aujourd'hui, la décision du Président d'engager une réforme institutionnelle nous donne des réponses», analyse Mohamed Sy.
Reste la question de savoir dans quelle mesure la réforme prévue ira jusqu'au bout de sa logique institutionnelle. Contrairement à une croyance populaire, le régime présidentiel n'est pas forcément un régime consacrant un Président de la République omnipotent. En ce sens, l'appellation forgée vers la deuxième moitié du XIXe siècle par «un auteur britannique, Walter Bagehot, impressionné [alors] par le rôle exceptionnel joué par Abraham Lincoln» (Droit constitutionnel, François Chevalier) aux États-Unis prête à confusion. Le régime présidentiel est en effet plutôt défini comme un régime de séparation stricte des pouvoirs, contrairement au régime parlementaire, marqué par une forme de collaboration des pouvoirs. «C'est ainsi que les procureurs américains, disposant d'une véritable indépendance, ont été à même de mettre en difficulté le Président Trump sur certains dossiers», rappelle Desfourneaux.
Au Sénégal, en revanche, le basculement vers le régime présidentiel ne semble pas devoir imposer à Macky Sall de se démettre de la présidence du Conseil supérieur de la Magistrature (CSM), regrette le juriste français. «C'est une réforme qu'on a déjà proposée, dès 2013, dans le cadre des 35 propositions de l'IPODE», insiste, pour sa part, Mohamed Sy. «On avait dit qu'il serait à la fois logique et symbolique de modifier toute référence au Président de la République, dont le rôle sera uniquement de veiller au respect de cette indépendance et non d'en être le garant», poursuit-il.
Le ministre Kassé a pour sa part jugé que quand bien même le régime présidentiel impose une séparation stricte des pouvoirs,
«Je ne crois pas que l'on puisse interpréter un fait politique à partir d'un référentiel purement juridique ou constitutionnel. Celui-ci devrait évoluer pour prendre en compte d'autres réalités et spécificités politiques. Quant au Parlement, il continuera d'exercer ses fonctions, comme avant. Le Président n'aura plus la possibilité de dissoudre le Parlement, de même que celui-ci ne pourra plus proposer, ni faire voter, une motion censure», a-t-il déclaré à Sputnik.
Concernant la nature des relations que sera amenée à entretenir l'Assemblée législative avec l'Exécutif à l'issue de cette réforme, Mohamed Sy regrette que la première mouture du projet de réforme qu'il a consultée accroisse les pouvoirs du Président, sans pour autant renforcer ceux du Parlement. Or, si les régimes présidentiels concentrent, habituellement, l'essentiel du pouvoir exécutif aux mains du Président et mettent l'exécutif à l'abri des moyens de pression du Parlement (comme la motion de censure), c'est au généralement prix d'une marge de manœuvre renforcée au niveau des attributions législatives.
«Il aura été intéressant de prévoir, par exemple, une deuxième chambre qui puisse donner une possibilité à l'opposition d'être plus présente, plus forte, notamment grâce à des commissions d'enquête parlementaires. C'est une garantie et une solution consacrées, par exemple, au Bénin. Ce n'est pas encore le cas aujourd'hui au Sénégal. Or, l'opposition ne pourra rien faire à l'Assemblée tant qu'elle n'a pas la majorité simple», compare le juriste français.
D'où l'intérêt, voire la nécessité pour l'opposition de se réorganiser pour gérer son espace d'expression, qui va s'arrêter à l'Assemblée nationale, suggère Mohamed Sy.
«Une opposition qui va à l'assaut d'une législative pour espérer récupérer le poste de Premier ministre et des postes d'exécution au gouvernement est certainement plus motivée à mettre le Président en difficulté qu'une opposition qui va au combat seulement pour espérer récupérer un nombre de sièges de députés», conclut Mohamed Sy.
par Damien Glez
LE PAPE FRANÇOIS ET LES COIFFEURS
Dieu étant partout, aucun aspect de la vie sociale n’échappe au Pape - Le chef de l’Église catholique s'est notamment mêlé ce lundi d’un domaine fondamental en Afrique : la coiffure
Jeune Afrique |
Damien Glez |
Publication 30/04/2019
Les déclarations du souverain pontife sont toujours scrutées sur le continent africain qui, statistiques à l’appui, représente l’avenir de la chrétienté. Tantôt Jean-Paul II invoque la mémoire d’Abraham devant des musulmans marocains, tantôt Benoît XVI s’oublie, sur le préservatif, dans un avion qui le conduit au Cameroun. Et voilà François qui s’est adressé, ce lundi au Vatican, aux artistes capillaires du Comité Saint Martin de Porrès – du nom du moine dominicain considéré comme le saint patron des coiffeurs, métis né d’une ancienne esclave péruvienne noire.
Moins anodins qu’il n’y paraît, les conseils pontificaux ne pouvaient que résonner dans des contrées africaines où les salons de capilliculture sont de véritables temples et où les enseignes constituent des œuvres d’art esthétiquement parentées aux icônes chrétiennes.
« Évitez la tentation des potins qui arrive facilement dans votre milieu » : voilà la substance de l’adresse du pape François aux coiffeurs et esthéticiens, à qui il conseille une pratique de leur profession « avec un style chrétien ».
Des salons de coiffure transformés en plateaux TV
Nul ne conteste que les prouesses des capilliculteurs et autres perruquiers relèvent parfois du miracle christique. Et tout le monde sait combien les salons sont des carrefours sociaux incontournables, sur un continent noir où fleurit l’expression « chacun son tour chez le coiffeur ». Dans ces espaces de détente chevelue et de souffrance capillaire s’affirment les identités à grand renfort de tissage, de tressage, de perruques ou de revendication « nappy ».
Les salons de coiffure ressemblent à ce point à des scènes théâtrales qu’ils deviennent même des plateaux de télévision. En 2015, une société de production de République démocratique du Congo et la chaîne A+ élaboraient l’émission de télé-réalité « Koiffure Kitoko ». Côté fiction, la web-série humoristique « Barber Show », de Hugues Lawson-Body, plonge l’internaute au cœur d’un salon afro du quartier parisien de Strasbourg-Saint-Denis. Quant au « barbershop » télévisuel du quartier voisin de Château d’eau, fief de la diaspora africaine, il est géré par un personnage au surnom qui plairait sans doute au Pape : « Grand Prêtre ». Mauvais coiffeur mais grand… bavard.
Le pape François devrait donc se méfier des lieux communs sur les commérages des artistes capillaires. À moins qu’il ne tienne le même discours aux taximen…
UN SÉNÉGALAIS D'ORIGINE DÉPUTÉ EN ESPAGNE
Luc André Diouf Dioh, est le premier député espagnol d'origine sunugaalienne.
Il a en effet été élu, le dimanche 28 avril, sur la liste Las Palmas (Îles Canaries) du Parti socialiste, à l'issue des élections générales. M. Dioh qui vit en Espagne depuis près de 30 ans, a tenu à remercier tous les électeurs qui l'ont soutenu. Il s’est dit prêt à mettre son mandat au profit du peuple espagnol dans toute sa diversité.
LE PROCES EN APPEL RENVOYE AU 12 JUILLET PROCHAIN
Suite à la sentence, en première instance par le tribunal des flagrants délits de Dakar en relaxant Kemi Séba, le mardi 29 août 2018, la BCEAO, qui avait engagé de traduire en justice l’activiste, a interjeté appel dans le but de contester cette décision
Suite à la sentence, rendue en première instance par le tribunal des flagrants délits de Dakar en relaxant le Franco béninois Kemi Séba, le mardi 29 août 2018, la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO), qui avait engagé de traduire en justice l’activiste, a interjeté appel dans le but de contester cette décision.
Poursuivi pour destruction volontaire et publique d’un billet de banque, Kémi Séba avait vu le ministère public demander 3 mois avec sursis contre lui. Une requête que le tribunal n’avait pas suivie. En appel, hier, le procès n’a pu se tenir. Il a été renvoyé au 12 juillet prochain. Pour rappel, le président de l'ONG Urgences Panafricanistes, Kémi Séba, avait été placé sous mandat de dépôt le vendredi 25 août par le procureur de la République. Il lui était reproché d'avoir brûlé un billet de 5 000 francs CFA qu’il a qualifié de «scandale économico politique d’ordre coloniale», lors d'un rassemblement à la Place dela Nation (ex Obélisque), le 19 août. Et c’est à son domicile que la police l’avait arrêté, après son geste.
A la barre du tribunal de Dakar, le sieur Séba avait reconnu les faits, tout en déclarant qu’il avait brûlé ce billet dans l’optique d’enfreindre la loi sénégalaise. Pour lui, il s’agissait d’un acte symbolique pour alerter l’opinion publique. D’ailleurs, c’est suite à ses propos que son expulsion a été ordonnée par le ministère de l’Intérieur pour «menace grave de trouble à l'ordre public». Une expulsion immédiatement exécutoire.
C’est ainsi que Giles Robert Capo Chichi alias Kemi Séba a été renvoyé par le Sénégal vers la France. Son procès en appel aura lieu le 12 juillet prochain.
«LA FRAUDE SUR L’AGE DES JOUEURS TERNIT L’IMAGE DE L’AFRIQUE»
Réagissant au débat sur la fraude sur l’âge de joueurs, le président de la Fédération cap-verdienne de Football (FCF), Mario Semedo pense que cette pratique ternit l’image de l’Afrique.
Absent de la CAN U17 de football, en Tanzanie, le Cap-Vert a présenté deux sélections au Tournoi international U16 «Africa Youth Cup 2019» que sa capitale a abrité du 19 au 27 avril dernier. Réagissant au débat sur la fraude sur l’âge de joueurs, le président de la Fédération cap-verdienne de Football (FCF), Mario Semedo pense que cette pratique ternit l’image de l’Afrique.
«Pour nous, le tournoi Africa Youth Cup est très important. Parce que, comme vous le savez, le Cap-Vert est toujours absent dans les compétitions africaines de catégories de jeunes. Donc, ce tournoi est une grande opportunité pour montrer nos talents et motiver les joueurs, la jeunesse cap-verdienne, lors d’une compétition internationale. L’expérience est enrichissante. Parce que nos joueurs ont pu se frotter avec des adversaires qui ont beaucoup d’expérience, notamment, les équipes du Nigeria, d’Abidjan (Côte d’Ivoire) et Benfica du Portugal. Ce sont des équipes qui participent toujours aux tournois internationaux. Pour nous, c’est une belle opportunité».
La fraude sur l’âge des joueurs
«Je peux assurer et confirmer que nous avons engagé des joueurs qui ont réellement 16 ans. Ça c’est très important pour nous et pour le football de l’Afrique. Parce qu’il y a beaucoup de problèmes par rapport à l’âge des jeunes joueurs. Nous avons vu avec la CAN U17, en Tanzanie, qu’il y a des problèmes avec les âges. Ce débat n’est pas bon pour le développement du football. Il faut que tous les pays combattent la fraude sur l’âge des joueurs. Je pense que ce n’est pas une bonne chose pour l’image du football africain. C’est très important qu’on discute, qu’on ait un dialogue sincère au niveau du continent, au niveau de la CAF. On doit sensibiliser tous les pays. C’est une question très importante pour nous Africains, pour l’image de notre football. On doit sensibiliser pour que tous les pays combattent ce fléau. C’est une pratique contraire aux valeurs fondamentales du sport. Ça ne respecte pas le fair-play».
L’inégalité de chance
«Je dirais même que la fraude sur l’âge des joueurs ternit l’image de l’Afrique. Lors des compétitions des jeunes, il y a toujours des doutessur l’âge réel des joueurs. Et, franchement, ce n’est pas honorable pour un football qui se respecte. Ce n’est pas bon pour l’équité et l’égalité de chance. Pendant le tournoi zonal de l’UFOA qualificatif pour la CAN U17, à Dakar, il y avait des pays dont des joueurs ont été exclus à cause de leur âge. Car l’IRM a montré qu’ils ont fraudé sur leur âge. Donc, il faut des sanctions très sévères pour la pénalité des pays qui s’adonnent à cette méthode. Moi je propose que la pénalité soit prononcée contre l’équipe et qu’elle ne soit limitée qu’aux joueurs épinglés. Si on laisse les choses passer sans des sanctions exemplaires contre les équipes coupables de fraude, il n’y aura jamais d’égalité dans la compétition. Le vrai développement ne peut être envisagé que si on joue les compétitions avec des joueurs qui ont leur âge réel. On ne peut faire une compétition des jeunes contre des joueurs seniors. Sinon, ce n’est pas la peine d’organiser des compétitions de catégories de jeunes. C’est inimaginable !»
Avenir du football cap-verdien
«Le travail de base qu’on abat quotidiennement, notamment avec la participation de nos sélections de jeunes à ce genre de tournois, contribuera à assurer la relève. Les chantiers sont énormes. Nous avons commencé avec la formation à la base des équipes nationales pour développer notre football. Dans quelques années, nous arriverons en force avec des joueurs de qualité. C’est normal qu’on rate les dernières CAN seniors, c’est la fin d’un cycle. Il y a des joueurs en fin de carrière, il faut donc restructurer et rajeunir la sélection. C’est ce que nous sommes en train de faire. Dans les prochaines années, on va remonter en puissance. Nous sommes un petit pays qui a aussi des contraintes économiques et financières. Nous réfléchissons et étudions les voies et moyens pour contourner la situation. Nous travaillons beaucoup, on forme des sélections de jeunes. Il y a des académies de football qui se développent pour nous aider à monter en puissance».
Les infrastructures sportives
«Nous avons beaucoup d’infrastructures, on a plus de 30 terrains synthétiques à travers le pays. Nous avons des terrains de qualité dans toutes les îles. Ça participe au développement de la discipline. Il y a une parfaite symbiose entre l’Etat, les différentes municipalités et la Fédération, à travers les programmes de la FIFA. Mais la plupart des terrains sont réalisées par les municipalités. C’est cette bonne politique d’infrastructures sportives qui nous permet d’organiser un championnat national avec des équipes compétitives. On démarre d’abord par des phases régionales. Après, les champions régionaux se retrouvent pour une compétition nationale avec 12 équipes».
«DES MESURES SERONT PRISES TRES RAPIDEMENT EN VUE D’ASSURER UNE SECURITE OPTIMALE AU TUNNEL»
Le chef de la Division ouvrage d’art de l’Agence de gestion des routes (AGEROUTE), Cheikh Tidiane Thiam, a attiré, hier, l’attention sur les risques que la population court en cas de catastrophe sur le tunnel de Soumbédioune.
M. L. CAMARA (Vox Populi) |
Publication 30/04/2019
«Les pirogues qui sont sur le tunnel sont un point à risque important, du fait qu’on est sur une dalle à béton. Le béton ne tient pas au feu. Si on a un incendie au dessous du tunnel, avec tout ce qu’on a comme potentiel calorifique constitué par les pirogues, le tunnel peut s’affaisser. C’est un point sur lequel on peut agir tout de suite pour éviter des désagréments. Avec le nouveau quai de pêche, il est prévu que toutes les pirogues soient déplacées de l’autre côté», a alerté M. Thiam, lors de la visite de chantier des ministres sur la corniche de Dakar. «Pour la sécurité du tunnel, en cas d’accident ou autres catastrophes, il est préférable d’ouvrir un angle versle cimetière ‘Abattoir’ de la Médina pour faire passer la bretelle.
Raison pour laquelle, il est impératif de déplacer deux à trois tombes afin de faciliter le travail», a préconisé le chef de la Division ouvrage d’art d’AGEROUTE. Pourse faire, il a préconisé la voie de la concertation en vue de trouver une solution consensuelle. «Cela nécessite d’aller voir les populations pour leur expliquer le but de ce projet. Une grande sensibilisation et des discussions doivent être entamées avec les populations, les dignitaires, les mouvements de jeunes et mêmes les Associations sportives et culturelles(ASC), avant d’entamer une étude globale du projet qui impacte l’environnement, la situation de la commune et les mesures à entreprendre», a-t-il indiqué.
Réagissant à cette interpellation, Me Oumar Youm, qui a annoncé des mesures urgentes, a aussi privilégié la concertation. «Des mesures seront prises très rapidement en vue d’assurer une sécurité optimale au tunnel qui est sous surveillance 24 heures 24. Mais il y a des occupations qui empêchent et obstruent la viabilité de cette surveillance. Nous allons, avec les ministres de l’Urbanisme et de l’Environnement, essayer de trouvé les meilleures solutions», a répondu le ministre des Infrastructures.
«C’EST TOTALEMENT DEPASSE DE S’ENFERMER SEUL DANS SON BUREAU ET DE DIRE VOILA CE QUI EST BIEN POUR LE PEUPLE»
Dans cet entretien, l’ancien directeur d'Amnesty International pour l'Afrique de l'Ouest, Alioune Tine assène ses vérités sur les réformes annoncées par le chef de l’Etat et son appel au dialogue
Barka Isma BA (Vox Populi) |
Publication 30/04/2019
Fondateur d’Afrikajom Center, Alioune Tine est un observateur très averti de la scène politico-sociale. Dans cet entretien, l’ancien directeur d'Amnesty International pour l'Afrique de l'Ouest assène ses vérités sur les réformes annoncées par le chef de l’Etat. Il dénonce «la manière brutale, cavalière et peu concertée avec laquelle l’annonce de la suppression du poste de Premier ministre a été faite aux Sénégalais».
Quelle analyse faites-vous des réformes annoncées par le Président Macky Sall et qui devraient être avalisées par l'Assemblée nationale ?
Il faut prendre toute la mesure de ce moment historique et crucial dans lequel s’inscrivent ces réformes. Le Président détient par-devers lui la possibilité de réformer profondément ce pays et de le remettre sur les rails de la modernité. L’injonction du peuple sénégalais au Président c’est : «Président Macky, connais ton temps, connais ton moment et connais ton instant». Le Président Macky Sall doit prendre une conscience aigüe qu’il est désormais un homme en situation dans le sens sartrien du terme. Et que le moment historique qu’il traverse doit être négocié avec succès et que l’échec lui est totalement interdit, car cette transition démocratique n’importe pas uniquement pour le Sénégal et pour toute l’Afrique de l’Ouest. Les signaux venant de la majorité des pays de l’Afrique de l’Ouest ne sont guère rassurants et incitent de plus en plus à la vigilance. Quant au débat sur la nature du régime présidentiel ou présidentialiste, cela peut avoir de l’intérêt pour les scientifiques ou les constitutionnalistes, mais dans les faits, le Premier ministre n’a aucun pouvoir depuis les départs de Moustapha Niasse et Idrissa Seck de la Primature. Depuis, le Premier ministre fonctionne comme Directeur de Cabinet du chef de l’Etat. Et dans la réalité, depuis le règne du Président Abdoulaye Wade, le chef de l’Etat a toujours été au-devant de la scène politique sur toutes les décisions. Avec le Président Macky Sall, cela n’a pas changé. Il faut également rappeler que lorsque Mimi Touré a été nommée Premier ministre, les éléments proches du président de la République avaient demandé la suppression de ce poste. Ça vient d’être acté.
Concrètement, que vous inspire la suppression du poste de Premier ministre ?
Supprimer le poste de Premier ministre revient tout simplement à s’adapter à une situation de fait. Le problème va rester toujours entier, tant que le président de la République va demeurer chef de parti, tant que les réformes constitutionnelles fortes ne créent un équilibre entre l’exécutif, le législatif et le judiciaire, et tant qu’on n’aura pas une presse libre et des journalistes totalement émancipés des pouvoirs d’argent. Concernant les réformes, les reproches qu’on peut faire au chef de l’Etat, c’est la manière brutale, cavalière et peu concertée avec laquelle l’annonce de la suppression du poste de Premier ministre a été faite aux Sénégalais.
Est-ce que ce n'est pas contrevenir à la volonté du peuple qui avait adopté la Constitution avec un package de changements ?
Votre question est très bonne. Si l’horizon et le sens des réformes institutionnelles ne sont pas réfléchis, on bute toujours sur ce genre d’incohérence où l’on a l’impression d’avoir omis quelque chose qu’il faut rattraper. Et c’est ça aussi l’inconvénient de penser toujours seul, en vase clos. Il faut toujours donner une place exceptionnelle et importante aux réformes institutionnelles et toujours faire appel à une réflexion collective impliquant tous les acteurs intéressés. Aujourd’hui, la nouvelle donne démocratique, c’est une articulation harmonieuse entre démocratie représentative et démocratie participative. Ce à quoi nous avons assisté avec la réforme portant suppression du poste de Premier ministre, c’est la manière à la fois solitaire et confidentielle qui prend totalement le contrepied d’une conception actuelle et moderne de la démocratie. C’est totalement dépassé de s’enfermer seul dans son bureau et de dire voilà ce qui est bien pour le peuple. Même si la décision est juste et bonne, elle peut être rejetée, parce qu’elle n’est pas suffisamment partagée ou suffisamment comprise. D’où les bienfaits d’une démocratie délibérative avec un débat démocratique permettant de prendre la substantifique moelle et de l’appliquer sans craindre de se tromper lourdement. Le grand problème que nous avons avec la relation au pouvoir en Afrique, avec son excessive personnalisation, avec sa mise en scène, son «idolatrisation», c’est que ça rend accro comme la drogue. Si les gens ne prennent pas suffisamment de distance avec, ça met dans une situation de dépendance qui explique bien les raisons pour lesquelles certains veulent être Président à vie et d’autres veulent rester le plus longtemps au pouvoir en violation de la règle immuable de limitation des mandats. Donc, la réflexion sur les réformes ne doit pas porter uniquement sur le mode de dévolution du pouvoir, sur les procédures, sur la durée… mais aussi comment démystifier, banaliser, maîtriser le Dieu-pouvoir ou l’idole-pouvoir afin de permettre aux chefs d’Etat de recouvrer leur dimension humaine, ce qui les rend sympathique.
A vous entendre parler, la réflexion doit être beaucoup plus profonde ?
On ne peut jamais avancer sans une réflexion profonde, collective sur le sens à donner à notre horizon commun et nous disposons actuellement d’une base : les conclusions et recommandations des Assises nationales, les recommandations de la Commission nationale de réforme des institutions. Nous avons une réactualisation de l’ensemble de ces textes par le Think Tank Afrikajom Center, mais en même temps, notre récit sur la démocratie sénégalaise depuis le XIXe siècle, surtout fondamentalement à partir du code consensuel de 1991 et qui s’est achevé en 2000 avec l’alternance. Force est de constater les difficultés que nous avons à obtenir les consensus forts sur les réformes institutionnelles, sur les questions électorales depuis l’avènement des régimes libéraux. D’abord en 2007, les résultats de l’élection présidentielle n’étaient pas reconnus par une partie de l’opposition. Ensuite en 2011, une réforme constitutionnelle unilatérale a été tranchée par la rue avec les événements du 23 juin. Je passe bien entendu sous silence les dissensus et contestations de la Présidentielle de 2019. C’est pourquoi nous disons que le moment que nous vivons actuellement est le moment de Macky Sall. Moment où il doit laisser à la postérité une trace indélébile de son passage marqué du sceau du renforcement et de la stabilisation des acquis démocratiques, des acquis en matière d’Etat de droit et des droits humains. C’est le moment pour lui d’appliquer deux formules les plus heureuses et les plus belles qu’il ait énoncées en 2012 : «la patrie avant le parti» et «la gouvernance sobre et vertueuse». C’est le moment de mettre en œuvre ces valeurs et ces idéaux très largement partagés par les Sénégalais. Et vraiment, tout le monde doit l’encourager pour qu’il atteigne enfin ces idéaux.
Sur des réformes majeures qui touchent au fonctionnement de l'Etat, le Président a la propension de ne consulter personne. Quel crédit accorder donc à son appel au dialogue ?
En réalité, le président de la République est mieux placé pour répondre à cette question. Il faut quand même rappeler que la démocratie, c’est le dialogue, c’est le logos, la raison démocratique, la consultation, la palabre. Ça commence d’abord par la représentation nationale, le Parlement. Mais comme on le sait aujourd’hui, la démocratie représentative est en panne partout, partout elle dysfonctionne parce que réduite à une chambre d’enregistrement des désidératas de l’exécutif. D’où l’intérêt d’articuler la démocratie représentative à la démocratie participative qui donne beaucoup plus de légitimité aux décisions prises par les autorités publiques. Macky Sall est un Président jeune, intelligent, travailleur, maintenant il lui faut du courage pour engager rapidement avec ses concitoyens, le dialogue nécessaire pour moderniser le Sénégal. Pour le moment, j’ai une position de principe concernant le dialogue politique. C’est d’encourager tous les acteurs, société civile, pouvoir, opposition, à y aller. Et donc, jusqu’à preuve du contraire, je donne du crédit à l’appel au dialogue lancé par le Président et j’en appelle à tous les acteurs politiques et de la société civile à y répondre.
ALIOUNE TINE SUR L’APPEL AU DIALOGUE DU CHEF DE L’ETAT : «C’EST AU POUVOIR DE DONNER LES GAGES DE RESTAURATION DE LA CONFIANCE»
Ne craignez-vous pas que cette attitude que les opposants assimilent à de la dictature ne soit à l'origine de situations dangereuses pour la stabilité du pays ?
Vous savez, on est sorti de cette élection avec un long silence de l’opposition politique qui est un silence de sidération à la suite du coup KO, et depuis lors le seul horizon qu’on guette aujourd’hui et qu’on scrute, c’est le dialogue politique comme sortie de crise, comme moyen de régulation d’une violence contenue, comme moyen également de réconciliation des Sénégalais avec leurs institutions, leurs autorités et avec la politique tout court, mais aussi comme la catharsis politique attendue de tous. Aujourd’hui, il faut créer le contexte idéal pour un dialogue consensuel, inclusif et réussi sur toute la ligne. De mon point de vue, c’est au pouvoir de donner les gages de restauration de la confiance d’abord en libérant Khalifa Sall et en mettant un terme à l’exil de Karim Wade, de manière à ce que tous les leaders politiques puissent participer au dialogue. Il faut un programme, des termes de référence et un chronogramme et donner des garanties pour que les conclusions et recommandations adoptées de façon consensuelle soient appliquées. Afrikajom Center a beaucoup travaillé sur cette question avec les partis politiques, la société civile et les organes de régulation de l’Etat et est disposé à mettre les résultats à la disposition de tous, y compris les pouvoirs publics et le Chef de l’Etat. Je pense que pour un observateur averti de la situation dans la sous-région, qui voit les dictatures et les tyrannies tomber comme des feuilles mortes, parce qu’on a augmenté le prix du pain, certains pays de la sous-région qui se débattent dans des conflits armés, asymétriques et très complexes, et qui de plus en plus évoluent vers des conflits inter ethniques particulièrement meurtriers, nous avons intérêt à nous dire que, nous aussi, nous ne sommes pas à l’abri, et que la meilleure prévention, c’est de voir comment évaluer et prévenir notre propre vulnérabilité politique, économique, sociale, sécuritaire et environnementale.
Au vu de la situation politique actuelle marquée par un dialogue de sourds entre pouvoir et opposition, la tradition démocratique du Sénégal louée partout dans le monde n'est-elle pas écornée ?
Il est évident qu’aujourd’hui, nous nous posons tous des questions par rapport aux performances démocratiques du Sénégal, avec le dialogue de sourds entre opposition et pouvoir, des processus électoraux contestés et un Président non reconnu par certains membres de l’opposition. Tout cela nous interpelle et appelle de notre part une réflexion collective pour trouver des solutions dans la durée de nos entropies et dysfonctionnements démocratiques.
Comment expliquez-vous la baisse de régime du mouvement citoyen ?
De 1990 à 2012, on a eu un mouvement citoyen très fort, avec une presse indépendante et influente sur la vie publique, des partis politiques avec des démarcations assez claires sur le plan idéologique, les réseaux sociaux n’avaient pas la force qu’ils ont aujourd’hui. Tout cela a favorisé une remontée démocratique avec des organisations de la société civile, des mouvements citoyens et une presse dynamiques, fortes dont les actions combinées ont abouti aux événements du 23 juin 2012 qui marquent une espèce d’apothéose de la démocratie sénégalaise. Le pouvoir qui a suivi a bien tiré toutes les leçons de ces évènements et c’est cela qui explique la baisse de régime des mouvements sociaux dont tout le monde se plaint. Mais il ne faut pas sous-estimer les capacités de résilience du peuple sénégalais. Les mouvements politiques et sociaux se font souvent en dents de scie. Certaines révolutions s’accompagnent d’Assemblées constituantes qui renforcent les idéaux pour lesquels les gens se sont battus tandis que d’autres révolutions peuvent être détournées de leur sens, récupérées et aller totalement à contre-courant. Il suffit de comparer le printemps arabe en Tunisie et en Egypte. Tout cela pour dire que les contextes politique, historique, culturel et les enjeux ne sont pas les mêmes partout.
La gouvernance économique du Sénégal est à l'épreuve de l’exploitation du pétrole et du gaz. Est-ce que ce n'est pas le moment pour que la société civile soit renforcée pour veiller davantage au grain ?
La société civile a fait un travail énorme sur la question. Si aujourd’hui les contrats sont signés et rendus publics, c’est grâce au travail de la société civile. Si aujourd’hui l’ITIE existe au Sénégal, c’est aussi grâce au travail de la société civile. La société civile continue à rester vigilante pour dire et répéter que les ressources peuvent connaitre une gestion vertueuse qui profite aux populations ou une gestion maudite qui devient un véritable enfer pour tous. Quand on regarde ce qui se passe dans les pays africains qui disposent de ressources stratégiques énormes, de pétrole, de gaz, ce sont souvent des pays qui sont en proie à des conflits meurtriers du fait d’une gestion catastrophique contestée qui divise et polarise les acteurs et ouvre des brèches et des failles dans lesquelles s’engouffrent des acteurs qui estiment que leur sécurité nationale dépend de vos ressources ou simplement les djihadistes qui ne guettent que ces occasions pour attaquer.