Dakar, 30 avr (APS) – Le réquisitoire du procureur dans le procès de Cheikh Béthio Thioune et Cie pour le double meurtre de Médinatoul Salam est un des sujets en exergue dans les quotidiens reçus mardi à l’Agence de presse sénégalaise (APS).
Le procureur de la République près du Tribunal de grande instance de Mbour, Youssou Diallo, a requis lundi une peine de travaux forcés à perpétuité à l’encontre du guide des Thiantacounes, Cheikh Béthio Thioune et de quinze de ses disciples dans le procès pour meurtre de deux de leurs disciples en 2012.
Le ministère public a également demandé au juge de la Chambre criminelle de décerner un mandat d’arrêt contre le guide des Thiantacounes jugé par contumace dans cette affaire. M. Thioune séjourne à Bordeaux pour raisons médicales, selon ses avocats.
Le procureur a également réclamé une peine de 10 ans de travaux forcés contre Samba Ngom, Aziz Mbacké Ndour, Mamadou Hanne dit Pape et à Serigne Saliou Barro.
Auparavant, les avocats des parties civiles avaient réclamé 3 milliards de francs CFA de dommages et intérêts.
Bara Sow et Ababacar Diagne, deux membres de cette association religieuse avaient été torturés à mort et enterrés en 2012 à Médinatou Salam, une localité de la commune de Mbour, dans la région de Thiès.
Selon L’As, "le procureur requiert la perpétuité contre Cheikh Béthio Thioune".
"Béthio et Cie risquent la prison à vie", souligne à sa Une le quotidien Enquête.
"A la suite des plaidoiries, au tribunal de grande instance de Mbour où se déroule depuis mardi dernier le procès des Thiantacounes, le procureur Youssoupha Diallo a prononcé un réquisitoire sans appel pour tous les accusés. Il demande la prison à vie et requiert un mandat d’arrêt contre le guide des Thiantacounes, Cheikh Béthio Thioune. A qui il conseille de se constituer prisonnier parce qu’il ne pourra pas faire appel s’il est condamné par contumace", écrit le journal.
Parlant de ce réquisitoire, le quotidien Kritik affiche à sa Une : "Médinatoul Salam s’effondre sur Béthio". "Médinatoul Salam, c’était de la pure barbarie humaine. Pour obéir au ndiguel, le commando des Thianta a été sans pitié. Le procès qui tient en haleine le pays sent vraiment mauvais pour Béthio (…). Si le juge suit la logique du Procureur, partant pour un mandat d’arrêt et une peine à perpétuité aux travaux forcés, la messe est dite pour le guide des Thiantacounes (….)".
Sud Quotidien se fait également écho du réquisitoire du représentant du ministère public : "Mandat d’arrêt du procureur contre Béthio". "Si le juge suit le procureur, ce sera la fin des thiant", selon Source A. C’est "la totale pour Béthio", souligne de son côté Libération.
D’autres quotidiens parlent également de ce réquisitoire. "Perpète et arrestation requises contre Béhio" (Le Soleil), "Perpétuité, confiscation de ses biens et mandat d’arrêt international, Béthio exposé" (Le Quotidien) ; "Terrible !", s’exclame L’Observateur ; "Cheikh Béthio mis à nu" (Walfadjri).
En politique, Source A rapporte une réunion des députés de Benno Bokk Yaakaar (BBY) en direction du 4 mai pour la suppression du poste de Premier ministre. "Que ce fut sulfureux !", s’exclame la publication.
Vox Populi ouvre ses colonnes à Alioune Tine, grande figure de la société civile sénégalaise, fondateur d’Afrika Jom, ancien directeur d’Amnesty international.
"Dans cet entretien, explique le journal, M. Tine assène ses vérités sur les réformes annoncées par le chef de l’Etat. Il dénonce +la manière brutale, cavalière et peu concertée avec laquelle l’annonce de la suppression du poste de Premier ministre a été faite aux Sénégalais+".
BETHIO DANS DE SALES DRAPS
Sans doute, Béthio Thioune n’a pas bien dormi cette nuit. A Bordeaux pour se refaire une santé, il doit ressasser le réquisitoire du procureur près le Tribunal de grande instance de Mbour
Jugé par contumace dans l’affaire du double meurtre de Médinatoul Salam, Béthio Thioune et 15 autres accusés risquent la perpétuité. Le procureur a demandé un mandat d’arrêt international et la confiscation de ses biens.
Sans doute, Béthio Thioune n’a pas bien dormi cette nuit. A Bordeaux pour se refaire une santé, il doit ressasser le réquisitoire du procureur près le Tribunal de grande instance de Mbour : les travaux forcés à perpétuité et un mandat d’arrêt international. Jugé par contumace, il s’est retrouvé dans la ligne de mire du ministère public dont les réquisitions ne pourront pas être déconstruites par ses avocats.
Le sort en est jeté. Durant toute l’après-midi d’hier, il a relevé les preuves qui incriminent Cheikh Béthio, surtout concernant le délit de complicité. Dans ces circonstances, le rappel des faits est pédagogique. «Bara Sow et compagnie étaient allés faire un ziara auprès de leur guide. Ils étaient venus en paix. Des citoyens pas armés qui se retrouvent tout d’un coup devant des gens lourdement armés.
Une attaque qui les a surpris et les enquêteurs qui étaient sur place ont relevé des indices dont des habits tachetés qu’ils ont ramenés à la brigade de Mbour. C’est bien après qu’ils ont su ce qu’ils pressentaient», relate le procureur. Selon lui, les circonstances de la mort de MM Sow et Diagne sont atroces : «Bara Sow a été attiré à l’intérieur de la maison, kidnappé et battu par les disciples de Cheikh Béthio», rappelle Youssou Diallo.
En tout cas, il n’a pas omis de dénoncer les conditions dans lesquelles les deux hommes ont été tués. «La barbarie, c’est quand vous infligez à l’humain une souffrance injustifiée. Bara Sow, un jeune brillant, promis à un avenir radieux, a été kidnappé. Ses compagnons qui tentaient de le sauver ont été repoussés et il leur a demandé de le laisser sur place.
Ababacar Diagne, engagé aux côtés de Bara Sow, a certes reçu une décharge d’un fusil de chasse avec 6 plombs qui ont été retirés du corps. Après, il a reçu d’autres coups et le médecin légiste l’a confirmé. Il a reçu un coup, mais a également été lynché», rapporte le procureur qui a regretté la violation du principe de la sacralité de la personne humaine, consacré par les conventions internationales et la Constitution sénégalaise. Il rappelle que les enquêtes auraient pu permettre d’autres arrestations.
«Dans ce procès, il y a 19 accusés dont 16 sont en détention et 3 en liberté provisoire. Quand la gendarmerie a arrêté le Cheikh le 23 avril 2012, c’est après que certains se sont rendus. Pour leur implication, il y a deux séquences importantes : la mort ou la bagarre suivie de l’inhumation tard dans la soirée. Khadim Seck s’est bagarré et a sorti le fusil de calibre 12 et a tiré à bout portant sur Ababacar Diagne. Il a été constant devant les enquêteurs, mais a changé de version devant le juge.
L’accusation est tout à fait à l’aise et les gendarmes pouvaient arrêter plus de personnes», constate le procureur. Il estime que les accusés sont représentatifs pour élucider le drame de Médinatoul Salam. Ce qui montre que l’enquête a été objective. «Tous les accusés reconnaissent avoir pris part à la bagarre. Des aveux ont été faits lors de l’enquête et à la barre. Inhumation ou disais-je, l’enfouissement de deux personnes dans une fosse commune en catimini, les deux têtes croisées.
Dissimilation et mise en scène après cet acte pour brouiller les pistes, mais les gendarmes n’étaient pas distraits par cette mise en scène et ont fouiné et ont vu un doigt. C’est en creusant qu’ils ont trouvé les deux corps», détaille le parquetier. Il est convaincu que les faits sont constants. «Je vous (la Chambre) demande de tenir compte de ces témoignages et ne pas dire qu’il s’agit seulement de compagnons de Bara. Ce sont des témoins oculaires sur des faits qui remontent à avril 2012. L’ancienneté des faits est importante», tente de faire convaincre le représentant du ministère public.
? «Beau - coup de gens se sont interrogés si Cheikh Béthio Thioune était au courant. Pourtant, Cheikh Faye est venu dans sa chambre pour l’en informer. Après en avoir été informé, il n’a saisi aucune autorité», regrette le procureur. Il les enfonce davantage : «Cheikh Faye et Cheikh Béthio Thioune sont dans le même sac en ce qui concerne l’accusation de complicité de meurtre. L’auteur principal et le complice encourent la même peine. L’as - sociation de malfaiteurs est établie à l’endroit de tous», persiste Youssou Diallo.
Circonstances aggravantes
Il n’a pas tremblé pour évoquer un meurtre avec barbarie. «C’est une responsabilité collective dans la bagarre, le principe de la responsabilité individuelle ne se pose pas ici. Et tous ont reconnu avoir pris part à la bagarre, tous ont eu à donner des coups, ce qui a entraîné la mort de Bara Sow», regrette-t-il.
Dans ses réquisitions, il a rappelé que la complicité de M. Béthio Thioune s’est manifestée par une provocation, par menace, par abus de pouvoir : «Il a donné un ndiguel que plus jamais Bara Sow ne remette plus les pieds à Médinatoul Salam. C’est une provocation. C‘est un guide religieux drainant une foule, des talibés qui lui vouent une admiration.
Il est ensuite allé réitérer cette déclaration dans une télévision, mais aussi devant le magistrat-instructeur. Le ndiguel existe et ils l’ont tous confirmé. On va insister sur le fait qu’il n’a pas dit de tuer ou donner des ordres pour tuer Bara Sow, mais il l’a provoqué.» Et le reste de la bande ? «Makhtar Sow est venu le voir quand il a vu la foule et il ne l’a pas suivi dans sa volonté d’éviter la bagarre.
Il a marqué son opposition à la visite de Bara Sow et l’a signifié. Donc, il est complice au même titre que Cheikh Béthio Thioune. On a beaucoup insisté sur l’association de malfaiteurs. C’est une entente, une concertation préalable pour commettre un délit», détaille-t-il en rappelant que le juge d’instruction s’est intéressé au fonctionnement des thiantacounes qui est une organisation parfaite, qui a interdit l‘accès à Bara Sow et compagnie au domicile de Cheikh Béthio Thioune.
C’est pourquoi il a inclus même les bénéficiaires de la liberté provisoire dans le délit d’association de malfaiteurs. Quid de la nondénonciation de crimeAu final, il a requis les travaux forcés à perpétuité pour Cheikh Béthio Thioune, Khadim Seck, Demba Kébé, Cheikh Faye, 10 ans de travaux forcés contre Mamadou Hann dit «Pape», Samba Ngom, Aziz Mbacké Ndour, Serigne Saliou Barro, qui n’ont pas pris part au meurtre, mais étaient présents.
Il a également demandé un mandat de dépôt contre les bénéficiaires de la liberté provisoire. Il a ensuite sollicité un mandat d’arrêt international contre le guide des thiantacounes, la confiscation de ses biens, leur placement sous séquestre et leur publication dans le livre d’affichage au niveau du tableau du Tribunal de grande instance de Mbour. «Avec la contumace, il ne pourra pas faire appel. La seule possibilité qui lui est offerte, c’est de se constituer prisonnier pour qu’on reprenne le procès.
C’est pourquoi il faut penser par deux fois avant de le faire. On ne nargue pas la justice», conclut le patron du Parquet du Tgi de Mbour où l’ambiance est aussi glaciale que les récits qui ont escorté cette semaine de procès.
Demande de la partie civile 3 milliards réclamés au guide des thiantacounes et Cie
C’était une journée attendue pour les familles des victimes. Et leurs avocats ont enfoncé le leader des thiantacounes et ses disciples accusés d’avoir tué Ababacar Diagne et Bara Sow dans des conditions atroces. Ils ont essayé de le faire déchoir de son piédestal de guide qui faisait la pluie et le beau temps à Médinatoul Salam jusqu’à cette date dramatique du 22 avril 2019.
Me Badara Ndiaye donne le ton : «Les faits qui les inculpent sont tangibles et Cheikh Béthio Thioune est mouillé jusqu’au cou dans l’assassinat de Ababacar Diagne et de Bara Sow, car le guide des thiantacounes se prenait pour un intouchable. Le certificat de genre de mort parle d’une mort violente.» Dans son sillage, Me Khassimou Touré parle de procès historique, inédit et sensible à la fois.
Il est allé puiser dans les écrits de Cheikh Ahmadou Bamba Massalikhoul djinane pour donner un accent religieux à sa plaidoirie : «Quand on frappe à une porte avec insistance, on finit par y entrer. Nous avons frappé avec insistance devant la porte de la justice et on a fini par y entrer avec brio, avec dignité, avec humilité. Les chefs d’accusation étaient très lourds et sont au nombre de sept.
Nous avons procédé méticuleusement à situer les responsabilités des uns et des autres, à asseoir la culpabilité des uns et des autres. Je le disais : ils ont été sauvagement tués, ils ont été sauvagement ensevelis.» Me Touré insiste sur la culpabilité de Béthio Thioune et de ses talibés : «Une concertation a eu lieu, une réunion nocturne a eu lieu pour se répartir les tâches, pour protéger certains et jeter l’opprobre sur les autres. Nous avons dénoncé tout cela devant la barre de cette juridiction.
Et comme notre système judiciaire l’autorise et le permet, j’ai dit que les héritiers de Bara Sow et les héritiers de Ababacar Diagne, aucun montant, si important soit-il, ne peut réparer le préjudice qui a été causé à leurs familles, à leurs héritiers et à leurs ayants droit. Il ne faut pas oublier qu’Ababacar Diagne a été enterré vivant. C’était atroce.
Bara Sow a été torturé, sauvagement agressé. C’était douloureux. C’était atroce.» Il a demandé que les familles des victimes soient indemnisées à hauteur de 3 milliards F Cfa. «En tant que leur conseil, leur porte-voix, j’ai demandé à ce que les accusés soient condamnés à leur payer solidairement la somme de 3 milliards de francs Cfa.
En taquinant, j’ai dit que ces 3 milliards ne vont pas servir à faire du ‘’pouthie-paathie’’, mais ils vont constituer un plat de résistance digne, un plat de résistance confortable pour ces gens qui ont subi un préjudice doloris, un préjudice économique, social, des coups psychologiques et psychiques, mais qui continuent à vivre dans la dignité et dans l’honneur», dit-il. «Les victimes ont laissé une progéniture à bas âge et leur avenir doit être assuré», rappelle-t-il.
Cette demande n’est pas un moyen de battre monnaie. Il explique : «Aucun montant ne peut réparer le préjudice qui a été causé. Je n’ai pas fait cette demande par pure fantaisie ; j’ai fait cette demande en me fondant sur le droit, sur les faits. Il faut une réparation pécuniaire.
J’aurais pu demander le franc symbolique, mais ce serait triché de ma part. C’est trahir la confiance de mes mandants qui m’ont demandé de frapper fort pour que pareille atrocité ne se reproduise dans ce pays, dans ce beau pays, le Sénégal où l’harmonie, la concorde, la vie en société sont érigées en règles de principe.» Dans sa plaidoirie, Me Touré a aussi épinglé Adja Déthié Pène qui avait déclaré à la barre que «Cheikh Béthio Thioune est Cheikh Ahmadou Bamba».
«J‘ai dit que là, c’est aller trop loin. Cheikh Béthio n’est pas Cheikh Ahmadou Bamba et Cheikh Ahmadou Bamba n’est pas Cheikh Béthio. Cheikh Ahmadou Bamba était à un autre degré beaucoup plus élevé, beaucoup plus spirituel. Et je dis que c’est une offense à la communauté mouride, c’est une offense à Cheikh Ahmadou Bamba qui n’est pas Cheikh Béthio Thioune, quels que soient le respect et la considération que j’ai pour lui.
Cheikh Béthio Thioune ne peut pas être Cheikh Ahmadou Bamba et Cheikh Ahmadou Bamba ne peut pas être Cheikh Béthio. Ils ont chacun un champ d’applications bien déterminé», enrage Me Khassimou Touré.
Au final, les avocats de la partie civile espère un verdict à la hauteur de leurs attentes : «Nous attendons de notre justice qu’elle dise le droit, qu’elle se soucie un tout petit peu de la veuve et de l’orphelin, qu’elle réhabilite moralement, socialement, sociologiquement Bara Sow et Ababacar Diagne.Donc les 3 milliards que j’ai demandés rentrent parfaitement dans ce qu’on peut appeler la catégorisation des réparations pécuniaires.»
«CERTAINS JEUNES MUSICIENS SONT PARTISANS DE MOINDRES EFFORTS »
«Autour de minuit », initié par le choriste Abdoulaye Cissokho se déroule à l’Ici sur l’ile Saint-Louis, dans le quartier Nord.
Saint-Louis est depuis quelques jours le lieu de convergence des artistes, musiciens, compositeurs et producteurs. ils sont nombreux à rallier la capitale du nord pour les besoins de la vingt-septième édition du festival international de jazz de Saint-Louis à la place Faidherbe, d’After jazz au Tennis club ou «Autour de minuit» à l’institut culturel et linguistique ex ccf. Pour ce dernier lieu, un vibrant hommage a été rendu à Habib Faye. Fallou Dieng a servi une belle prestation lors des oFF du Festival de Jazz 2019. Sur un autre registre, il demande aux acteurs politiques, culturels, de montrer la bonne voie aux jeunes générations en « perte de repères».
«Autour de minuit », initié par le choriste Abdoulaye Cissokho se déroule à l’Ici sur l’ile Saint-Louis, dans le quartier Nord. L’initiateur est lui aussi orphelin de son ami Habib Faye avec qui il avait monté le projet « Autour de minuit». Il a tenu à jouer à la mémoire du regretté bassiste sénégalais. Mais, le clou a été la prestation de Fallou Dieng. « L’ambianceur » de la musique sénégalaise a égayé le public, venu nombreux assister à sa prestation empreinte de tristesses, mais aussi de dignité et de joie. Joie d’entendre ces belles mélodies bercer le public. L’ancien lead-vocal du Groupe Lemzo-Diamono n’a pas tari d’éloges sur le défunt Habib Faye. « Je suis venu à Saint-Louis pour rendre hommage à Habib Faye et soutenir Abdoulaye Cissokho. Je suis très content d’être à Saint-Louis, une ville chargée d’histoire et de civilisation. Cet hommage est à la dimension de l’homme qui constitue une grande perte pour la musique sénégalaise et africaine. Habib Faye a marqué de son empreinte le festival. Nous nous réjouissions de cette belle initiative d’Abdoulaye Cissokho. Il est une légende et est l’un des meilleurs bassistes du Sénégal et de l’Afrique. C’est un monument de la musique sénégalaise. La jeunesse doit perpétuer son œuvre», a déclaré Fallou Dieng, précisant qu’Habib avait une « idée progressiste ». Se prononçant sur la musique sénégalaise, il estime que les jeunes musiciens doivent œuvrer pour maintenir le cap. Selon lui, les choses ne marchent pas comme il se doit. « La musique sénégalaise est en perte de vitesse. Il n’y a plus de marché, ni de producteur. La technologie a tout gâché. Les jeunes doivent travailler davantage pour exporter notre musique comme les autres de la sous-région. Les Maliens croient en leur tradition et leurs sonorités. Leur album local constitue celui international. Ils vendent bien leur musique contrairement aux jeunes sénégalais qui n’ont même pas encore franchi le seuil de la porte. Ils doivent redoubler beaucoup d’efforts», a martelé Fallou Dieng. Pour lui « il faut aller vers l’autre : Enracinement et ouverture ». Dépité, il dénonce la nonchalance de certains artistes. « La musique sénégalaise est bloquée du fait du manque de volonté des jeunes dont certains sont des Partisans de Moindres Efforts (Pme) et des Partisans de Moindres Intelligences (Pmi) », se désole-t-il. Parlant du mbalakh, il déclare : « Notre musique nationale a perdu de son élan. Il faut trouver des palliatifs. Le mbalah nous appartient ».Leader d’opinion, Fallou Dieng pense que les parents doivent prendre leur responsabilité. « Ils doivent éduquer leurs enfants qui sont obnubilés par internet. Jadis, tout était naturel. L’éducation de base est importante. Les politiciens doivent être des références pour les jeunes générations. Tout doit être revu au Sénégal car tout est bloqué », a déploré Fallou Dieng pour qui, l’avenir de la musique est « compromis » du fait du laxisme des acteurs
LA PARTIE CIVILE RECLAME UNE REPARATION DE 3 MILLIARDS
«Béthio Thioune était au courant de tout… » dans l’affaire du double meurtre de Médinatoul Salama. Me Khassimou Touré, avocat de la partie civile, en est convaincu.
Me Khassimou Touré, le porte-parole des conseils de la partie civile au procès sur le double meurtre commis à Médinatoul Salam sur Ababacar Diagne et de Bara Sow, a demandé, lors de sa plaidoirie, de déclarer Cheikh Béthio Thioune et ses coaccusés, coupables, des faits qui leur sont reprochés, en plus de les condamner à payer solidairement la somme de trois (3) milliards de francs aux familles des victimes. En outre, Me Khassimou Touré, est revenu hier lundi, quatrième jour de procès, sur les propos de Adja Déthié Pène, épouse du guide des Thiantacounes déclarant est «Cheikh Béthio est Serigne Touba». Il trouve que ces paroles sont «offensantes» à l’endroit de la communauté mouride, vu la dimension de Cheikh Ahmadou Bamba.
«Béthio Thioune était au courant de tout… » dans l’affaire du double meurtre de Médinatoul Salama. Me Khassimou Touré, avocat de la partie civile, en est convaincu. Dans sa plaidoirie hier, lundi 29 avril 2019, quatrième jour d’audience à la Chambre criminelle du Tribunal de grande instance de Mbour, il a déclaré que le guide spirituel des Thiantacounes, Cheikh «Béthio Thioune était au courant de tout et on nous parle d’imputabilité». Selon lui, la parte civile a frappé à la porte de la justice pour demander qu’elle se prononce. Les défunts Bara Sow et Ababacar Diagne avaient place à la vie et à l’intégrité physique, mais aussi au respect d’une sépulture respectable, à leur décès. Le dossier, à l’en croire, cache l’inédit. Citant l’un des accusés du nom de Pape Hanne qui, par rapport aux traces de sang trouvées sur un véhicule qu’il conduisait, parle de transport de carcasse de moutons, il se désole que ce dernier ne soit pas cité dans ce procès comme témoin.
«NOUS ATTENDONS LA JUSTICE AVEC DIGNITE ET RESPONSABILITE»
Revenant sur les faits ayant entraîné la mort des deux victimes, la robe noire rappelle: «leur forfait accompli, les corps sont cachés dans une maison en construction. Et ensuite le charretier est venu transporter les corps pour les enterrer dans des conditions indécentes. Mamadou Gueye dit Malaka, pour le conseil de la partie civile, est clair dans ses explications sur la bagarre. Ce sont les mêmes considérations qu’il colle à Pape Ndiaye, le conducteur du tracteur car c’est lui qui a amené du renfort pour prêter main forte dans la bagarre». A son avis, «chacun a joué sa partition avec minutie, des concertations nocturnes ont eu lieu pour décider de ce qu’il faut faire. On nous dit que, le Cheikh n’était pas au courant et Béthio n’a rien vu ni entendu. Pourtant, Makhtar Sow, à la venue des gendarmes questionnant sur des bagarres et des morts d’hommes, les réponses de Cheikh Béthio et Cheikh Faye sont sans équivoque. Il n’y a ni blessés graves, ni morts». L’enterrement suivi d’exhumation, pour la partie civile, en dit long sur les accusés et leur barbarie. Il exclut une disqualification des faits, tout comme les excuses de la légitime défense ou de la provocation. «Nous avons frappé avec insistance à la porte de de la justice, avec un accueil agréable, par le partage de nos douleurs. On a déballé notre souffrance. Finalement, la porte de la justice nous est ouverte avec dignité. On veut que justice soit rendue», martèle l’avocat de la partie civile. C’est «un dossier est intéressant, à l’en croire et nécessite une opération chirurgicale pour situer les responsabilités et prendre les mesures adéquates. La société n’a pas besoin de cela. Nous attendons la justice avec dignité et responsabilité».
«AUCUN MONTANT (D’ARGENT) NE POURRA REPARER LE PREJUDICE»
Il n’a pas manqué de rendre un vibrant hommage à ses collaborateurs, les autres conseils de la partie civile. Selon lui, Me Badara Ndiaye, le mérite pour son travail fait avec minutie dans le dossier, traçant des sillons. La société a besoin d’être protégée et d’entendre la voix du ministère public, lance la partie civile, à l’endroit du Procureur de la République. «Les ayants droits présents, avec des actes d’état-civil, des veuves et des orphelins ont, selon le Code pénal, droit à des réparations. Je me suis constitué partie civile avant la clôture des débats. J’ai communiqué avant la clôture des débats. J’aurais pu demander le franc symbolique pour des héritiers dignes dans l’épreuve, mais aussi généreux et dignes». Pour Me Touré, «aucun montant d’argent ne pourra réparer le préjudice ; Ababacar Diagne a été enterré vivant avec beaucoup de douleurs et de sauvagerie. La vie n’a pas de prix, un lourd préjudice moral, un préjudice économique. Barra Sow faisait le droit, il était en deuxième année et pouvait être avocat». Suffisant pour qu’il réclame trois (3) milliards en guise de dommages et intérêts pour ses clients. «Je demande la condamnation solidaire des coaccusés à la somme de trois (3) milliards de francs Cfa, pas dans un but fantaisiste: un milliard cinq cent millions de francs à chaque partie civile et une exécution provisoire», avance Me Khassimou Touré.
DIRE QUE CHEIKH BETHIO EST SERIGNE TOUBA EST UNE OFFENSE A TOUS LES MOURIDE, SELON ME TOURE
Toujours dans sa plaidoirie, Me Touré, juge que les propos d’Adja Déthié Pène, épouse du guide des Thiantacounes disant que «Cheikh Béthio moye Serigne Touba» sont «graves et dérapant». Il faut, à l’en croire, voire dans cette déclaration, une offense à la communauté mouride car Cheikh Béthio ne sera jamais Serigne Touba, ils n’ont pas la même mission ni le même itinéraire. Il souligne, en fin, que les conseils de Cheikh Béthio, le guide des Thiantacounes jugé par contumace parce que présentement à Bordeaux, en France, pour raison médicale, n’ont pas voix au chapitre durant ce procès.
TRAVAUX FORCES A PERPETUITE ET MANDAT D’ARRET INTERNATIONAL CONTRE CHEIKH BETHIO !
La peine de travaux forcés à perpétuité et un mandat d’arrêt international contre Cheikh Béthio Thioune! C’est la sentence que le procureur de la République, Youssoupha Diallo, a requise contre les prévenus impliqués dans le double meurtre de Médinatoul
Hier lundi, quatrième jour d’audience sur l’affaire du double meurtre de Médinatoul Salam devant la Chambre criminelle du Tribunal de grande instance de Mbour, le Procureur de la République a requis les travaux forcés à perpétuité et un mandat d’arrêt international contre Cheikh Béthio Thioune qui, selon lui, «veut se soustraire de l’action de la justice», selon le magistrat.
La peine de travaux forcés à perpétuité et un mandat d’arrêt international contre Cheikh Béthio Thioune! C’est la sentence que le procureur de la République, Youssoupha Diallo, a requise ce lundi, 29 avril 2019, contre les prévenus impliqués dans le double meurtre de Médinatoul. Il a retenu contre Cheikh Béthio, le guide des Thiantacounes jugé par contumace, les travaux forcés à perpétuité et la confiscation de ses biens. La peine des travaux forcés à perpétuité est prononcée contre les 17 de ses coaccusés notamment Cheikh Faye, Pape Ndiaye, Ablaye Diouf, Serigne Khadim Seck, Mame Balla Diouf, Demba Kébé, Aliou Diallo, Al Demba Diallo. Des peines de 10 ans de travaux forcés sont aussi requises contre Pape Hanne, Aziz Mbacké Ndour Samba Ngom, Serigne Saliou Barro poursuivis pour association de malfaiteurs avec des mandats d’arrêt à décerner contre ces accusés en liberté provisoire.
Selon le représentant du ministère public, les faits retenus contre les accusés sont tangibles. Mieux, il a indiqué que l’implication de Cheikh Béthio Thioune dans cette affaire ne peut pas être contestée, compte tenu de tout ce qui a été dévoilé devant le prétoire. Il s’y ajoute les déclarations circonstanciées du guide des Thiantacounes à l’enquête préliminaire. Très en verve, le maître des poursuites demeure convaincu que c’est le «Ndiguel» du «Cheikh» qui a occasionné la mort des deux victimes, Bara Sow et Ababacar Diagne. Pour lui, Cheikh Béthio Thioune était bien au courant de la machine qui a exécutée ses deux disciples en ce sens qu’il a clairement indiqué vouloir la mort de Bara Sow et a donné le feu vert pour que ce dernier soit tué.
En plus de la peine de travaux forcés à perpétuité, Youssoupha Diallo a demandé qu’un mandat d’arrêt international soit décerné contre Cheikh Béthio Thioune, jugé par contumace parce qu’étant présentement hors du territoire sénégalais, il est à Bordeaux, en France, pour raison médicale. A en croire le Procureur, le guide des Thiantacounes s’est soustrait à l’action de la justice sénégalaise d’autant plus qu’il est à l’étranger contre l’avis de ladite justice et que son dossier médical est vide. C’est pourquoi, il a ordonné son «arrestation immédiate», en réponse à une injustice. Le magistrat Diallo a, par ailleurs, demandé au juge Thierno Niang de prendre toutes les garanties pour assurer la représentation en justice de Cheikh Béthio Thioune. «Le mandat d’arrêt serait la suite logique. Il faut que les Chambres criminelles assument et assurent leur autorité. Béthio Thioune ne pourra pas faire appel, car jugé par contumace». Non sans indiquer que «le ministère public n'a pas ce dossier entre les mains, alors que c'est lui qui porte l'accusation», a-t-il regretté.
Pourtant, rappelle le procureur de la République le principal mis en cause, est sous contrôle judiciaire depuis le 21 février 2013, avec des autorisations de sortie du territoire. Ce qui, selon le magistrat, devrait imposer à l'accusé certaines rigueurs. «C'est une atteinte au droit. Nous sommes en matière criminelle». Auparavant, le Procureur est revenu sur des questions fondamentales du droit pénal. Relevant qu’une fois condamné pour les travaux forcés à perpétuité, le Cheikh n’aura aucune possibilité de faite appel, parce que n’ayant pas de défense. La seule issue pour Cheikh Béthio Thioune est la constitution en prisonnier pour la reprise du procès. Il faut toutefois préciser que le réquisitoire du parquet ne lie pas forcément le juge qui donne son verdict par intime conviction. L’audience reprend, ce mardi 30 avril, avec la plaidoirie des avocats de la défense.
CES SÉNÉGALAIS D'ORIGINE QUI DÉFIENT LES XÉNOPHOBES OCCIDENTAUX
Portés au pinacle de la vie publique occidentale, ces compatriotes intégrés répondent positivement à la montée du racisme dans ce continent
L’élection de Luc André Diouf Dioh au parlement espagnol après la victoire des socialistes est historique. En effet il est le premier noir à entrer dans le parlement ibérique. Une consécration qui vient se greffer à celles de Karamba Diaby en Allemagne et Sibeth Ndiaye en France. Portés au pinacle de la vie publique occidentale, ces compatriotes intégrés répondent positivement à la montée du racisme dans ce continent.
Le ministre de l’Intérieur italien, l’ultranationaliste Mattéo Salvini, qui appelle à 100000 expulsions d’immigrés par an, le hollandais Geert Wilders connu pour sa xénophobie ou encore Marine Lepen peuvent déchanter. Les africains installés en Europe comptent y rester pour apporter leur pierre à l’édification d’une Europe multiculturelle. Et ce sont les Sénégalais qui sont en première ligne de front de cette déconstruction des idées nationalistes.
LUC ANDRE DIOUF DIOH
Luc André Diouf Dioh est le premier député espagnol d’origine sénégalaise. Il a été élu, hier, sur la liste Las Palmas (Îles Canaries) du Parti socialiste, à l’issue des élections générales. Dans ce pays où les idées conservatrices de Franco continuent de déteindre sur une partie de ce pays de la Péninsule ibérique de 46 millions d’habitants, notamment dans la Catalogne où les récessions économiques, avec un taux de chômage de plus de 13% ces derniers années, ont été imputées en grande partie aux étrangers. C’est pourquoi, le parti Vox, pratiquement inconnu jusqu’à son irruption au parlement d’Andalousie l’année dernière, a fait ressurgir l’extrême droite dans un pays où elle était insignifiante depuis la mort de Franco en 1975. Ainsi l’élection de ce fils de Joal, né en 1965, est pleine de symbole. Le nouveau député espagnol, jusqu’ici secrétaire fédéral des réfugiés du PSOE, vit depuis 27 ans à Gran Canaria, où il a été un immigrant irrégulier
KARABAM DIABY
Avant Luc André Diouf, un autre originaire du Sénégal s’était illustré en Allemagne. Né à Marsassoum, Karamba Diaby a été élu à l’issue des élections fédérales de 2013. Dans ce pays d’Hitler, symbole historique du nazisme, cet ancien étudiant de l’UCAD a su s’imposer en étant d’abord le porte-parole des étudiants étrangers de son université. Et sous l’impulsion de son leadership, plusieurs de ses camarades seront régularisés. Le docteur en géo écologie continuera son engagement en défendant le maintien de lopins de terres où des habitants de Halle, une ville réputée pourtant néonazie, cultivent des fruits et des légumes. Des investisseurs avaient en effet déclaré ces agrumes impropres à la consommation en raison de la pollution des sols. Karamba Diaby réalise une étude prouvant le contraire et acquiert une certaine notoriété dans la ville. Dans ce pays où l’homme politique Thilo Sarazin avait écrit en 2010 un brûlot, « L’Allemagne Disparaît », pour s’en prendre à l’Islam et à l’imitation montrant que les idées hitlériennes résistent toujours dans ce pays. Dr Diaby deviendra conseiller municipal dans la ville de Halle. Figurant en troisième position sur la liste du parti social démocrate (SPD) de la circonscription de Halle pour les élections fédérales de 2013, il est élu député le 22 septembre.
SIBETH NDIAYE
Fille de Mireille et de Fara Ndiaye, deux grandes sommités de la vie publique au Sénégal, Sibeth Ndiaye est le nouveau porte-parole du gouvernement français. Economiste de formation, cette femme de 39 ans, après avoir été la chargée des relations de presse d’Emmanuel Macron, le suit au palais après son élection. Mme Ndiaye, qui a fait ses humanités au collège Jeanne d’Arc de Dakar, est nommée le 31 Mars 2019 secrétaire d’Etat auprès du Premier ministre et porte-parole du gouvernement. Très décontractée dans son habillement et dans son phrasé, elle ne manque pas pour autant d’essuyer des critiques depuis sa nomination à ce poste. La presse la décrit comme exerçant des pressions sur les journalistes dont les articles lui déplaisent. Faisant partie des «Mormons», ce petit groupe de quadras et trentenaires qui ont accompagné Emmanuel Macron dans sa quête de l’Elysée, elle a tenu à remettre les pendules à l’heure dès sa première sortie. «J’espère que vous allez me juger sur mes propos, et pa sur ceux qu’on me prête». La France est avertie d’autant que Sibeth signifie en Diola celui qui a gagné beaucoup de combats. Et partant, toute l’Europe devrait compter avec ces sénégalais décomplexés et intégrés, issus de l’immigration et comptant jouer leur partition à fond. N’en déplaise à Salvini et Marine Le Pen.
«SA DEMISSION EST L’EXPRESSION D’UNE FRUSTRATION»
Le journaliste et analyste politique Momar Diongue est formel : la démission de Me Moussa Bocar Thiam n’est qu’une conséquence de la frustration du désormais ancien porte-parole adjoint du du Parti socialiste.
Le journaliste et analyste politique qui se prononçait au micro de Sud Fm s’est dit ainsi d’avis que le maire de Ouorossogui est « quelqu’un qui s’attendait sans doute à ce que l’on mette fin aux fonctions de deux personnes qui ont eu à traverser tout le premier magistère de Macky Sall, en l’occurrence Aminata Mbengue Ndiaye et Serigne Mbaye Thiam. Il pensait sans doute pouvoir entrer dans le gouvernement, à l’instar de ceux-là et que l’un des deux allait donner son poste ministériel pour qu’on puisse faire de la place à d’autres. Je pense qu’il s’agit plutôt de l’expression de cette frustration et il l’a même dit».
Et Momar Diongue de poursuivre : «Ensuite, il se trouve qu’il s’est rendu compte qu’il y a d’autres qui ont quitté leur parti et qui sont entrés directement en alliance avec le président Macky Sall et qui ont été récompensés pour le soutien qu’ils ont apporté au président. Par exemple, Mamadou Diagne Fada qui vient d’être nommé directeur de la Sonacos. Je pense aussi à Abdoulaye Sow qui a quitté le Pds pour rejoindre Macky Sall».
Sur un autre registre, Momar Diongue a tenu à souligner, sur cette affaire, que le chef de l’Etat est en train de traiter ses alliés comme il traite son opposition. «Macky Sall a une fois dit qu’il allait réduire l’opposition à sa plus simple expression. Mais je pense qu’il est en train de faire la même chose avec ses alliés. Il essaye d’équilibrer les rapports des forces entre son parti et ses alliés ou bien même de faire basculer la balance du côté de son parti ».
Et d’arguer : « Donc, il ne fera rien qui puisse renforcer ces partis. Et c’est pour cette raison qu’à chaque fois qu’il y a des gens qui ont quitté leur parti, il n’a pas hésité à leur ouvrir grandement les portes de l’Apr, parce qu’il est dans cette logique».
LE PS JOUE LA PROLONGATION
Après la mini-crise qui a failli toucher l’Apr du président Macky Sall, suite aux frustrations nées de la composition du premier attelage gouvernemental devant inaugurer le quinquennat, c’est au tour du Parti socialiste d’en ressentir les contrecoups
La démission de son porte-parole adjoint, Moussa Bocar Thiam, semblerait en effet entrer en droite ligne dans le lot des incriminations, tacites ou sourdes, contre la reconduction des ministres Serigne Mbaye Thiam et Aminata Mbengue Ndiaye, dans le nouveau gouvernement de Dionne. Un déni de turn-over difficile à accepter par certains responsables socialistes.
Vraisemblablement, les frustrations nées de la formation du gouvernement semblent avoir fini de titiller le Parti socialiste d’Ousmane Tanor Dieng. Son porte-parole adjoint qui parait ne plus se retrouver dans la configuration actuelle du compagnonnage avec l’Apr a ainsi officialisé son départ dudit parti, lors d’une conférence de presse tenue samedi après-midi, pour rejoindre…l’Apr.
D’après des sources concordantes, le maire de Ourossogui digérerait difficilement sa frustration née particulièrement de la reconduction de Serigne Mbaye Thiam et d’Aminata Mbengue Ndiaye dans le nouveau gouvernement. Anciens titulaires aux départements ministériels respectifs de l’Education et de l’Elevage, les deux responsables socialistes adoubés par leur secrétaire général et président du Hcct, se sont retrouvés dans la nouvelle équipe du Pm Dionne comme ministre de l’Eau et de l’Assainissement et ministre de la Pêche et de l’économie maritime. Ousmane Tanor Dieng n’ayant pas opté pour un turn-over de ses ministres dans le nouvel attelage gouvernemental, la pilule aurait été dure à avaler pour certains Socialistes qui, du reste, râleraient dans les chaumières. Et même si les secousses ne sont pas telluriques, la formation politique fondée par Léopold Sédar Senghor serait en train de bouillonner de l’intérieur.
L’on supputerait ainsi que le départ du maire de Ouorossogui Moussa Bocar Thiam n’est que le début d’une saignée qui se prépare au sein des « Verts de Colobane ». Alors même que le parti hérité de Senghor et Abdou Diouf qui avait fini de traverser une zone de turbulence avec la « fronde » des Khalifistes tentait ces derniers temps-ci de rabibocher les positions avec ses anciens bannis ! On se rappelle ainsi l’appel de pied lancé, au lendemain de la présidentielle, en direction des anciens membres du parti qui avaient été exclus, en raison de leur proximité avec l’ancien maire déchu de Dakar, Khalifa Sall. Apparemment, le Parti socialiste dont le secrétaire général serait en « convalescence » en France est parti pour un autre épisode sombre de son itinéraire dans Bennoo Bokk Yaakaar. A moins que Tanor ne rapplique daredare pour éteindre le feu. Comme Macky Sall l’a fait dans son parti, au lendemain de la formation du gouvernement.
Pour rappel, la nomination du gouvernement, suite au passage en force de Macky Sall au premier tour de la présidentielle, n’avait pas seulement fait des heureux au sein du parti présidentiel, en l’occurrence l’Alliance pour la République. Beaucoup de frustrations avaient été ressenties, quoique non explicitement exprimées, soit par des ministres non reconduits soit par des responsables apéristes non primés pour siéger à la table du Conseil des ministres. Le chef de file de l’Apr et président de la République avait su gérer en interne ces frustrations, par le biais d’un secrétariat exécutif national transformé en «ndeup» ou en «cour martiale». Devant la détermination du patron de l’Apr, l’on est vite rentré dans les rangs. En contrepartie, Macky Sall avait su glisser dans la bouche de certains de ses partisans un petit bonbon pour calmer leurs attentes ministérielles non satisfaites. Ousmane Tanor Dieng saura-t-il user d’un pragmatisme similaire pour taire au sein du Ps toute velléité de rébellion autre que celle Moussa Bocar Thiam?
Par Youssou DAOU
FICHIER ÉLECTORAL ET PARRAINAGE, PROPOSITION DE SOLUTIONS
Il faut commencer par distribuer le stock des cartes en souffrance dans les commissions administratives - Pour éviter dans l’avenir l’existence de stock mort, la carte sera désormais délivrée au citoyen au moment de l’enrôlement
Le fichier électoral enrichi par les recommandations issues de l’audit international de 2010-2011 avait bénéficié de l’adhésion de la presque totalité des acteurs politiques.
Il faut reconnaitre cependant qu’un nombre important de cartes d’électeur non retirées qu’on appelait communément ‘stock mort’ demeurait toujours dans les commissions administratives, ce qui faussait un peu les taux de participation déclarés lors des élections car le nombre de cartes de ce stock est pris en compte dans le calcul du taux.
La révision ordinaire qui a précédé le referendum de 2016 a permis de faire une mise à jour du fichier électoral mais la production des cartes qui s’en est suivie a créé des suspicions au sein de la classe politique car pour des raisons techniques semble t-il un nombre important de cartes n’a pas été édité par le Ministère de l’Intérieur privant ainsi certains citoyens d’accomplir leur droit de vote au référendum sur les modifications de la Constitution du 20/03/2016.
PROBLEMES RENCONTRES
Refonte du fichier électoral
Devant l’importance du stock mort, le Ministère de l’Intérieur décide alors de procéder à une refonte partielle qui permet d’avoir un fichier fiable pouvant garantir des élections justes et transparentes.
Cette refonte présente un caractère très original car elle couple la carte d’identité CEDEAO et la carte électorale.
Ainsi le citoyen dispose dans une seule carte ses éléments d’identification et ses données électorales, ce qui réduit le temps du déroulement du vote car tous les éléments de contrôle se trouvent sur la même carte.
Dans son principe cette refonte a été acceptée par tous les acteurs avec la seule réserve que le temps qui séparait le démarrage des opérations et les élections législatives de juillet 2017 était relativement court.
Beaucoup de dysfonctionnements ont été rencontrés entre la production et la distribution des nouvelles cartes.
Ainsi à la date du 30/07/2017, l’audit du fichier électoral a révélé que 1.021.502 électeurs n’ont pas pu disposer de leurs cartes d’électeurs et 966.014 cartes n’ont pas été éditées.
Force est de constater que prés de deux millions d’électeurs n’ont pas pu alors accomplir leur devoir de vote lors des législatives de 2017.
Le déroulement de la refonte et ses conséquences ont créé un climat de suspicion au niveau de l’opposition qui doute de la fiabilité du fichier électoral après la refonte.
Parrainage
Le système de parrainage a toujours existé dans le code électoral mais il était appliqué aux seuls candidats indépendants.
Dans un souci de rationaliser les candidatures aux différentes élections suite au nombre relativement important de listes aux législatives de juillet 2017, la loi 2018-22 article L.57 a généralisé le parrainage qui s’applique maintenant à tous les candidats (partis, coalitions de partis ou indépendants) avec des conditions bien déterminées.
Pour l’élection présidentielle par exemple il faut un nombre de parrains compris entre 0,8% et 1% du fichier électoral et 2000 parrains au moins dans sept (7) régions.
Cette loi qui vient ajouter une étape de plus dans le processus électoral n’a pas fait l’objet d’un consensus au niveau de la classe politique.
Le Conseil constitutionnel chargé de contrôler et de vérifier les listes de parrainage a mis en place un logiciel à cet effet.
Ce logiciel conçu en fonction des termes de la loi utilise le fichier électoral qui est mis à la disposition du Conseil constitutionnel par le Ministère de l’Intérieur.
Il faut reconnaitre que le Conseil constitutionnel dans un souci de transparence a invité des observateurs de la société civile à assister au déroulement du processus de contrôle et de validation des listes de parrainage des candidats à la candidature.
Une partie de la classe politique n’a pas cautionné le contrôle car elle ignore les termes de référence du logiciel et doute de la fiabilité du fichier mis à la disposition du Conseil constitutionnel.
Sur les 27 listes de parrainages déposées au Conseil constitutionnel par les candidats à la candidature à l’élection Présidentielle, 5 seulement ont été validées.
Le traitement de ces listes a produit énormément de rejets, sur 1.414.789 parrainages fournis, 720.610 ont été rejetés.
SOLUTIONS PROPOSEES
Au vu des dysfonctionnements constatés pendant la refonte, la production et la distribution des cartes d’électeurs et le contrôle des listes de parrainage, il est impératif de mettre en place un fichier électoral et un contrôle de parrainage acceptés de tous les acteurs.
Ceci nous amène à faire les propositions suivantes.
Fichier électoral
Il faut commencer par distribuer le stock des cartes en souffrance dans les commissions administratives.
Pour cela le Ministère doit regrouper toutes les cartes restantes dans les commissions administratives après l’élection présidentielle et créer une commission nationale dans laquelle sont représentés l’Administration, la CENA, les partis politique et le société civile et dont l’objectif est de distribuer toutes ces cartes afin d’apurer le stock.
Un logiciel de suivi sera mis en place par la DAF pour les besoins de cette opération.
Pour éviter dans l’avenir l’existence de stock mort, la carte sera désormais délivrée au citoyen au moment de l’enrôlement, ce qui ne doit pas poser de problème quant à la faisabilité.
Le logiciel actuel de mise à jour du fichier électoral doit être revu et corrigé par le prestataire au niveau des modules de contrôle technique pour éviter certaines erreurs décelées par l’audit du fichier électoral.
Après la réalisation des opérations énumérées ci-dessus, un audit du fichier électoral sera fait avec la participation de tous les acteurs afin de le certifier.
Parrainage
Le parrainage n’est pas un mauvais système pour la rationalisation des candidatures mais il faut nécessairement un large consensus des acteurs sur la loi qui détermine les conditions de validation.
Deux solutions peuvent entre envisagées :
SOLUTION A
Cette solution qui tient compte des résultats de la première expérience et des critiques formulées par les acteurs sur le traitement des listes permet d’améliorer le système de vérification existant.
Elle nécessite une modification de la loi qui sera suivie d’une adaptation du logiciel développé par le Conseil constitutionnel.
Les grandes lignes sont :
Faire un contrôle du nombre de parrains au moment du dépôt avant de sceller la clé et demander au candidat de compléter le nombre de parrains s’il est inférieur à 0,8 % ou d’en supprimer si le nombre est supérieur à 1 % et ceci dans 24 heures.
Les fichiers contenus dans la clé fournie par le candidat au moment du dépôt des dossiers seront copiés sur le disque de l’ordinateur du candidat et non sur celui du serveur du Conseil constitutionnel pour les besoins du contrôle avant de sceller la clé.
Les fichiers dont les enregistrements ne respectent pas le format imposé sont réorganisés par le candidat dans 24 heures.
Pour la régularisation des doublons le candidat de fournira un nombre de parrains égal à celui indiqué dans le PV et majoré de 50 %.
Le rejet ‘non électeur’ est justifié mais il faut le détailler par :
Rejet pour numéro électeur invalide
Rejet pour numéro électeur valide mais numéro CEDEAO erroné
Rejet pour numéro électeur valide mais nom erroné
Autoriser la correction du rejet pour recyclage si deux des trois informations (numéro électeur, numéro CEDEAO, nom) sont corrects.
Indiquer dans le PV les doublons à régulariser et les enregistrements à corriger et convoquer le candidat pour une deuxième vérification si le total de ces 2 groupes de rejets permet au candidat de valider le parrainage.
Porter le délai pour régularisation qui est de 48 heures à 96 heures.
Faire un audit de certification du fichier électoral avant de le donner au Conseil constitutionnel.
SOLUTION B
C’est une application via le réseau internet qui prend en charge l’acquisition des données de parrainage, les vérifie et les valide. A ce niveau nous donnerons seulement les grandes fonctionnalités de cette application, étant entendu que sa réalisation sur le plan informatique ne pose pas de grandes difficultés. Ce sont :
Mettre en ligne le fichier électoral
Créer un fichier par candidat qui reçoit ses parrains
Concevoir un module qui saisit en ‘on line’ les informations relatives à un parrain, les contrôle et les valide.
Le traitement se fait de la façon suivante :
Saisir les informations du parrain et les comparer au fichier électoral
S’assurer que l’électeur n’a pas déjà parrainé un autre candidat
Rejeter le parrainage ou le valider en mettant à jour le fichier du candidat correspondant
Refuser un parrain pour un candidat si ce dernier a atteint le quotient réclamé.
Pour les besoins de l’exploitation de cette application, les lieux et les postes de travail habilités à recevoir et à saisir les informations seront définis de sorte à garantir la transparence.
L’application sera ouverte pendant la période de parrainage et fermée au terme de la période.
Les candidats qui auront atteint le quotient national et validé au moins 7 régions seront retenus pour le dépôt des candidatures au Conseil constitutionnel.
Cette application a l’avantage de faire la vérification et la validation en temps réel, elle supprime les états de rejets et les doublons produits dans l’application existante, elle ne peut faire l’objet d’aucune contestation.
Le fichier électoral et le parrainage ont été les principaux points de désaccord de la classe politique pendant l’élection Présidentielle, une solution consensuelle est plus que nécessaire.
Au delà de ces 2 points de désaccord, les acteurs de la classe politique, dans le cadre des revues du code électoral, ont toujours connu des divergences sur certains points dont les principaux sont les suivants :
L’Autorité ou l’Organe en charge des élections,
Les modes d’élection aux élections locales et législatives,
La rationalisation des partis politiques,
Le financement des partis politiques,
La rationalisation des dépenses de campagne, etc.
L’adoption des solutions énumérées ci-dessus et une large concertation des acteurs politiques autour des autres points pourraient conduire notre pays à un code électoral consensuel qu’on pourrait appeler communément Code consensuel 2019.
Youssou DAOU est Ingénieur Informaticien, Expert électoral, Membre de GRADEC