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27 juillet 2025
LES DRONES LIVREURS DE SANG ET DE MEDICAMENTS BIENTOT AU SENEGAL
Le Sénégal, à l’image du Rwanda et du Ghana, ambitionne de se lancer dans la « nouvelle mode » de livraison de produits médicaux essentiels par drones jusque dans les zones les plus reculées pour une meilleure prise en charge des malades.
Le Sénégal, à l’image du Rwanda et du Ghana, ambitionne de se lancer dans la « nouvelle mode » de livraison de produits médicaux essentiels par drones jusque dans les zones les plus reculées pour une meilleure prise en charge des malades. L’Etat y travaille avec la société américaine Zipline International. D’ailleurs une délégation sénégalaise s’est rendue mercredi dernier à Accra, au Ghana, pour assister à l’inauguration d’un centre de distribution de ces drones.
Ce n’est plus de la science-fiction ! au contraire, il s’agit d’une révolution pour tous les hôpitaux desservis. La livraison par drones est devenue une réalité en Afrique notamment au Rwanda et au Ghana où l’on utilise ces petits avions sans pilote pour acheminer des médicaments et même du sang dans les zones les plus reculées. en effet, avec ce système autonome, les colis arrivent en quelques minutes dans des zones totalement isolées. Jadis, les centres de santé étaient approvisionnés par des ambulances à partir de la capitale où la collecte de sang est presque centralisée. Ces moyens logistiques à usage médical faisaient plusieurs heures de trajet pour arriver à destination là où il faut au maximum 30 minutes pour le drone. avec ce petit appareil ultrasophistiqué, nul besoin de pilote pour une livraison d’urgence.
L’outil va suivre un trajet déjà enregistré. au-delà du gain de temps, qui est plus que considérable, les utilisateurs gagnent plus d’argent tandis que les services de santé, eux, bénéficient de plus d’efficacité. Pour le Professeur Awa Oumar Touré Fall du Centre national de Transfusion sanguine (Cnts), cette nouvelle technologie qu’offre la firme américaine Zippline pourra permettre de faire parvenir le sang au lieu indiqué et en un temps record pour sauver des malades. C’est également l’avis du directeur du service d’aide médicale urgente (Samu national), le Pr Mamadou Bèye, selon qui « l’utilisation des drones serait une très bonne chose pour la distribution de certains produits rares dont le sang, le plasma frais congelé, certains nouveaux médicaments qui sont très chers qui pourraient être centralisés et distribués en cas de besoin et dans des délais compatibles. Je pense que cela peut être une très belle expérience ». Le Pr Fall se dit convaincue que l’arrivée des drones au Sénégal sera un « grand apport » pour le pays eu égard au problème de mobilité à Dakar mais aussi, dit-elle, de l’enclavement de certaines localités de l’intérieur du pays. Aujourd’hui, le projet avance à pas de géant, selon les explications du patron du Samu national. « Avec Zipline, on est en train de travailler depuis plus d’un an pour essayer de partager l’expérience sur l’utilisation des drones par rapport à la distribution de certains produits d’urgence mais aussi de voir comment et dans quelles conditions utiliser cette technologie pour améliorer l’offre de service en matière de soins », révèle un communiqué du ministère de la santé et de l’action sociale. selon la même source, une délégation sénégalaise a d’ailleurs pris part, la semaine dernière, à l’inauguration d’un centre de distribution de ces drones installé à Omenako, à 70 kilomètres d’accra.
La représentante de Zipline Afrique francophone, Mme Hadiatou Barry, pense que cette technologie, dont la principale fonctionnalité est de livrer des produits médicaux essentiels, devrait intéresser « tout pays avec une inefficience dans la chaine d’approvisionnement en produits de santé ». en attendant l’installation de centres de drones dans d’autres pays d’Afrique comme le Sénégal, la firme américaine entend construire trois autres centres au Ghana d’ici à la fin de l’année pour élargir la couverture de districts sanitaires. Quatre centres seront donc implantés à Ghana et vont couvrir 2 000 structures de santé.
«CES DECISIONS DE RECONDUIRE SERIGNE MBAYE THIAM ET AMINATA MBENGUE NDIAYE SONT INCOMPREHENSIBLES (…)»
Après les exclusions de Khalifa Sall, Barthélémy Dias et autres, voilà que cette formation sexagénaire perd un autre de ses membres, et pas n’importe lequel puisqu’il s’agit de son porte-parole adjoint, le très médiatique Me Moussa Bocar Thiam
Le Parti socialiste va-t-il imploser comme nous le susurrions la semaine dernière ? Après les exclusions de Khalifa Sall, Barthélémy Dias et autres, voilà que cette formation sexagénaire perd un autre de ses membres, et pas n’importe lequel puisqu’il s’agit de son porte- parole adjoint, le très médiatique Me Moussa Bocar Thiam. Hier, lors d’une conférence de presse, le maire de Ourossogui a officialisé son départ de cette formation en l’expliquant par sa frustration devant la reconduction, inopportune à ses yeux, de ses deux camarades siégeant au gouvernement depuis 2012.
C’est un me moussa Bocar Thiam frustré qui s’est prononcé, samedi dernier, sur son ancienne formation. L’avocat et responsable politique du Parti socialiste a dénoncé (ou)vertement à cette occasion l’illégalité dans laquelle marcherait, selon lui, son ex- parti. a l’en croire, le Ps serait pris en otage par une bande de vieillards qui ne compteraient pas céder la place aux jeunes. « Cette rencontre avec l’opinion publique se tient au lendemain de l’élection présidentielle qui a vu le succès sans appel de notre candidat macky sall. Qui, d’emblée, nous honore par les mesures audacieuses prises en faveur de la poursuite de la relance de notre économie, la rationalisation de notre régime politique et surtout le pari misé sur la jeunesse », a déclaré me Thiam en revenant sur le rôle joué par son ex-parti dans la réélection de l’actuel chef de l’etat. « L’autorité suprême de l’etat a compris que dans le paysage politique actuel, les partis, pour être dynamiques et attractifs, doivent répondre aux ambitions mesurées des jeunes leaders politiques qui ont un sens élevé de l’engagement militant.
Donc la jeunesse ne saurait être un handicap surtout lorsqu’elle est politiquement engagée et techniquement compétente. au Parti socialiste, mon parcours pourrait finir par convaincre plus d’un de ma servitude à l’idéal socialiste à travers car la lutte contre les injustices. etant un avocat au barreau de Paris, j’ai fait le choix de revenir au sénégal, berceau de mes rêves et de mon idéal de solidarité humaine afin de servir au mieux mon pays ». expliquant le sens de son engagement au Parti socialiste, me moussa Bocar Thiam confie que « c’est dans ce contexte de nécessaire renouvellement de la classe politique que je me suis engagé au Parti socialiste à l’époque où ce parti, essoufflé par 40 ans de pouvoir, avait besoin de sang neuf qui sera incarné par de dignes socialistes au moment où le parti était déserté et ses messages étaient inaudibles dans l’espace médiatique. C’est ainsi qu’en arborant la bannière socialiste et accompagné de jeunes et de femmes, nous avons gagné la mairie de ville la plus importante du nord, Ourossogui.
De saintLouis à Bakel, Ourossogui est la seule commune dirigée par un socialiste », rappelle me Thiam. Le démissionnaire est aussi revenu au cours de cette conférence de presse sur les événements qui ont poussé à l’exclusion de l’ancien maire de la ville de Dakar, Khalifa sall. « en 2014, le Parti socialiste a connu des soubresauts qui se sont traduits par l’exclusion de camarades en contradiction avec la nécessité de consolider le Benno Bok Yakaar. Cette période a été difficile, et nous avons tenu grâce à l’abnégation, la loyauté, la fidélité et du courage des responsables autour de Tanor, », explique-t-il. a l’en croire, des responsables de sa trempe se sont sacrifiés pour le Parti socialiste afin que personne ne puisse le déstabiliser. mais malheureusement, se désole-t-il, il n’y a pas eu retour de « gâteau » pour la jeunesse. « Ces efforts semblent vains aujourd’hui. Puisque les décisions visant à ancrer le parti dans un conservatisme injustifié et anachronique sont prises dans l’unique but de faire la rosée d’une minorité de personnes qui ont achevé de servir l’etat et devraient faire valoir leurs droits au repos bien mérité. Ces décisions de reconduite de certains camarades dans ce gouvernement sont à la fois incompréhensibles, inopportunes, et sans intérêt pour la relance de l’attractivité du Parti socialiste », peste-t-il. Ce sont ces frustrations qui font que me moussa Bocar Thiam quitte le parti de senghor pour se mettre à la disposition du président macky sall. « Je ne vais pas dans l’opposition, mais je reste à la disposition du président macky sall pour l’aider à faire émerger le pays. Le Parti socialiste est un parti qui ne donne pas l’opportunité aux jeunes de servir leur pays. et moi, je ne suis pas dans la logique de créer des frondes ou autres, mais j’ai décidé de prendre mes responsabilités. Je suis un avocat et libre. Je ne sens plus la démarche du Parti socialiste. C’est pourquoi, je quitte définitivement cette formation pour enfin accompagner le président macky sall et travailler pour le Sénégal », conclut-il
« GOR DU DIAP DI BAYI », REPONSE DE WILLANE A ME BOCAR THIAM
Comme il fallait s’y attendre, le porte-parole du Parti socialiste, le député Abdoulaye Willane, n’a pas tardé à réagir aux propos de son ancien camarade. « moi, j’applique les enseignements de Khalifa Ababacar Sy qui disait ceci : ‘Gor du diap di bayi’ (un homme digne ne trahit jamais). nous prenons acte de la démission de me moussa Bocar Thiam. mais moi, aujourd’hui, plus que jamais, je demeure socialiste. Je n’ai jamais postulé pour quoi que ce soit sauf à la mairie de Kaffrine et à l’assemblée nationale. J’exprime ma solidarité à tous les socialistes sincères, lucides. Je suis un militant de conviction et mon patriotisme de parti est inoxydable. si je devais appeler les socialistes à quelque chose, je lancerais ce message : vigilance socialiste», recommande le parlementaire.
SALIF SADIO, UN MAITRE CHANTEUR SORT DU BOIS…
Très attendu à la réunion qu’il avait convoquée samedi dernier dans le village de Koudjoughor, département de Bignona, le chef rebelle Salif Sadio a fait faux bond à ses invités.
Après avoir annoncé sa présence, il a envoyé des émissaires. Dans le message porté par ces derniers, le chef du front Nord du Mouvement des forces démocratiques de Casamance (Mfdc) a dénoncé la lenteur des négociations avec l’Etat avant de réitérer l’inéluctabilité, selon lui, de l’indépendance de la Casamance. Selon lui, par la bouche d’un de ses émissaires, « si les choses continuent comme elles sont, nous serons obligés de reprendre les armes » ! Aveu que cette rébellion ne combat plus depuis longtemps et vit de petits et grands trafics. Il convient de dénoncer là une faiblesse coupable de la part de l’Etat du Sénégal qui ne devrait même pas céder à ce coupeur de route un pouce du territoire pour qu’il puisse s’exprimer librement !
Porté disparu suite aux multiples traques de la part de nos vaillants soldats, le chef rebelle Salif Sadio est sorti de son trou. Et d’une triste manière ! Ou, plutôt, il s’est terré davantage et a envoyé au front cinq pauvres émissaires. attendu samedi dernier 27 avril dernier au village de Koudjoughor où il devait faire, avait-il promis, une importante déclaration sur les négociations Etat-Mfdc, Salif Sadio a posé un lapin à tout le monde. Dans une déclaration remise à l’un de ses émissaires et recueillie par l’Afp, Salif Sadio a accusé l’état de ne manifester aucune volonté de respecter ses engagements. et de soutenir que les négociations (ndlr, avec l’Etat par le biais de la communauté de sant’ egidio en Italie) avancent à pas lents certes « mais elles avancent à pas sûrs vers l’indépendance de la Casamance » ! Le chef rebelle du Mfdc, qui vit dans la clandestinité, s’est exprimé, en français et en mandingue, depuis un village proche de la frontière gambienne. Ce qui est regrettable, c’est le fait de voir Salif Sadio s’exprimer librement en territoire sénégalais ou dans un village frontalier avec la Gambie d’Adama Barro jusqu’à pouvoir réitérer sa revendication d’indépendance de la Casamance. De là, on se demande où se trouvent les forces de défense et de sécurité censées ne laisser squatter aucun pouce du territoire national occupé des bandits ou rebelles armés ?
En tout cas, depuis la tuerie sauvage de Boffa, l’armée poursuivait ses opérations de ratissage dans la Casamance des profondeurs. Outre les nombreuses arrestations effectuées par les gendarmes, les militaires avaient pulvérisé à l’artillerie lourde les bastions et zones tampons où s’étaient retranchés des groupes de rebelles. Lesquels persécutaient, tuaient, volaient et pillaient les populations locales. et depuis presque 40 ans ! Une rébellion qui a fait depuis son début en 1982 des centaines de morts et causé des dizaines de milliards de francs de dégâts.
Malgré tout, sa cause indépendantiste n’a jamais évolué. Conscients du fait qu’ils n’obtiendront jamais cette indépendance, beaucoup de rebelles ont d’ailleurs déposé les armes et rejoint la société des honnêtes citoyens. Les autres se sont reconvertis dans le grand banditisme transfrontalier, histoire d’évoluer comme des poissons dans l’eau, à la lisière des frontières poreuses séparant le Sénégal des pays voisins comme la Gambie et la Guinée-Bissau. Des rebelles en errance qui se sont payé le « luxe » de s’organiser en associations de malfaiteurs jusqu’à se spécialiser dans les braquages, les cambriolages à main armée, les trafics d’armes légères, les embuscades, les trafics de drogue, le commerce de noix d’anacarde etc. Ces dernières années, ce sont ces bandes de malfaiteurs qui sévissent impunément en Casamance. et ce sont ces malfaiteurs que l’état a invités autour d’une table de négociations qui n’est autre qu’une tribune de chantage. souhaitons que le président de la république Macky Sall, un homme épris de paix mais connu pour sa fermeté, ne cèdera pas aux oukases de ces maitres chanteurs du genre Salif Sadio !
par Seydou KA
LE POUVOIR DE NOMMER L’AFRIQUE
Faudrait-il rappeler que l’Afrique n’est pas un pays, mais un continent ! Une confusion que les médias occidentaux, peu soucieux d’exactitudes dès lors qu’il s’agit du « continent noir » et des malheurs qui lui sont naturels, se plaisent d’entretenir
De quoi l’Afrique est-elle le nom ? L’appellation fut d’abord forgée à l’extérieur et appliquée au continent par un pouvoir de nommer qui ne lui appartenait pas, mais que s’étaient donné les Romains
De quoi l’Afrique est-elle le nom ? L’appellation fut d’abord forgée à l’extérieur et appliquée au continent par un pouvoir de nommer qui ne lui appartenait pas, mais que s’étaient donné les Romains. Ce sont eux qui ont dit « Africa », avant que l’Europe n’élargisse la dénotation du mot à l’ensemble du continent. De ce point de vue, comme l’a dit Valentin Mudimbe, l’Afrique est une « invention » coloniale. Du reste, la même remarque peut s’appliquer aux autres continents comme l’Europe, l’Asie, l’Océanie ou les Amériques, qui sont également des créations datées historiquement et qui n’ont vu le jour qu’à la suite de la disparition de la vieille conception des « quatre parties du monde ». Toutefois, l’origine du nom Afrique est interne au continent. Les historiens s’accordent sur le fait que le mot « Afer » (approximativement), qui désignait une tribu ou un territoire ou une divinité (ou les trois), est devenu le nom, « Africa », de toute une province centrée sur Carthage. Cette province et le nom ont fini par inclure les terres au sud de la Méditerranée et à l’ouest de l’Égypte que les Arabes baptisèrent « Ifriqiyya ». L’usage a été ensuite d’appliquer « Afrique » à la totalité du continent lorsque les circumnavigations européennes en révélèrent de mieux en mieux la forme et les contours.
L’écrivaine camerounaise Léonora Miano relève, à juste titre, l’ironie à voir des habitants du Maghreb parler de « l’Afrique » comme si eux-mêmes vivaient sur un autre continent. Faudrait-il aussi rappeler que l’Afrique n’est pas un pays, mais un continent ! Une confusion que les médias occidentaux, peu soucieux d’exactitudes dès lors qu’il s’agit du « continent noir » et des malheurs qui lui sont naturels, se plaisent d’entretenir. Comme ce fut le cas avec la récente épidémie d’Ebola « en Afrique », alors que seuls quelques pays étaient concernés… De ce qui suit, on peut tirer un constat : hier comme aujourd’hui, c’est l’Autre qui a le pouvoir de nommer les réalités du continent. Le discours sur l’Afrique n’est pas celui des Africains. L’Europe (puis l’Occident) s’est toujours donné le droit et le pouvoir de qualifier l’Afrique, sans prendre en compte le point de vue des Africains. Ce sont eux qui décident quels pays africains sont pauvres, sous-développés, en voie de développement, démocratiques ou émergents. Ce sont eux qui décident du niveau de risque de tel ou tel pays africain et par conséquent s’il mérite qu’on lui accorde des financements à des taux préférentiels ou non.
Enfin, ce sont eux qui décident, au gré des circonstances, si l’Afrique est un continent « sans espoir » ou celui « de l’avenir ». « L’Afrique n’existe pas en soi, elle est un réceptacle qui a été l’objet de projections et d’investissements divers au gré de tous les énoncés qui se sont emparés d’elle en fonction d’intérêts contradictoires, variant selon les époques et les situations politiques », explique l’anthropologue français Jean-Loup Amselle. Difficile de lui donner tort sur ce point. D’abord scindée entre une Afrique du Nord « blanche » et une Afrique subsaharienne « noire » par les conquérants coloniaux (qui seront plus tard suivis par les ethnologues et les anthropologues), elle a été en outre divisée en plusieurs centaines de langues correspondant à autant d’ethnies. Aujourd’hui encore, le discours colonial (sous la plume d’anthropologues « occidentaux », mais aussi d’auteurs africains) continue de brandir cette diversité culturelle ou linguistique pour justifier l’œuvre « salvatrice » de la colonisation ou les bienfaits de la Francophonie qui, par le biais de la langue française, aurait le mérite de « sauver » l’unité culturelle de certains pays, en permettant à ses populations de pouvoir communiquer entre elles. Le même discours extérieur nous dit aussi que l’Afrique est en retard, qu’elle doit suivre le chemin linéaire, le même que l’Europe, pour rattraper son retard. Comme si le développement était une « course olympique » (Joseph Ki-Zerbo) ! Or, nous dit Felwine Sarr, l’Afrique n’a personne à rattraper, elle ne doit plus courir sur les sentiers qu’on lui indique, mais marcher prestement sur le chemin qu’elle se sera choisi et que sa seule urgence est d’être à la hauteur de ses potentialités. Cependant, une telle démarche ne peut s’entreprendre sans une « ré-articulation » du rapport à soi-même, perturbé par des siècles d’aliénation. Autrement dit, pour achever sa décolonisation, l’Afrique ne peut pas faire l’économie d’une « rencontre féconde avec elle-même ». A commencer par élaborer son propre discours sur elle-même.
SPORT ET DOPAGE, DANGEREUX FLIRT !
Encore un coup dur pour l’athlétisme kényan Abraham Kiptum, affaibli par de nombreuses accusations de dopage.
Recordman du monde du semi-marathon, le Kenyan Abraham Kiptum n’était pas hier sur la ligne de départ du marathon de Londres remporté par son compatriote Eliud Kipchoge, vainqueur de l’épreuve pour la quatrième fois après 2015, 2016 et 2018 avec un temps de 2 h02'37''. Et pour cause, Kiptum a tout simplement été suspendu jusqu'en 2022 par l’Unité d’intégrité de l’athlétisme (Aiu) pour infraction aux règles antidopage.
Encore un coup dur pour l’athlétisme kényan, affaibli par de nombreuses accusations de dopage. Ces dernières décennies, le Kenya, avec l’Éthiopie bien sûr, a conforté son hégémonie sur les courses de fond et de demifond ; que ce soit pour le 3.000 m steeple, le 5.000 m, le 10.000 m ou encore le marathon. Ce pays de la vallée du Rift nous a habitués, nous autres Africains, à occuper les devants de la scène sportive mondiale à la faveur des performances supersoniques de ses athlètes.
Le Kenya a ainsi vu émerger une légion de phénomènes dont les noms sont inscrits au panthéon de l’athlétisme mondial. Samuel Kamau Wansiru, Naftali Temu, Moses Kiptanui, Kipchogu Keino, John Ngugi, Richard Telimo, Paul Tergat, Isabella Ochichi, Wilson Kipketer, David Rushida, Eliud Kipchogue, Asbel Kiprop, Jemima Sumgong, Mary Keitany, Brigid Kosgei Vivian Cheruiyot ou encore Rita Jeptoo, pour ne citer que ceuxlà, font partie des légendes qui ont marqué les esprits. Malheureusement, l’avalanche des contrôles positifs a jeté un discrédit sur les performances établies par ces champions, jusqu’alors adulés et loués pour leur détermination. L’admiration qui leur était vouée dans tous les coins du globe a fait place à la suspicion. Le sport et le dopage, c'est une réalité historique. Et c’est presque un secret de Polichinelle qu'il est devenu un véritable fléau dans des disciplines comme l’athlétisme. Depuis plusieurs décennies, des sportifs de haut niveau, en quête de gloire et de renommée, cherchent, dans une démarche perverse, à améliorer leurs performances. Ce qui explique les mille et un subterfuges utilisés par les uns et les autres pour briller et réaliser des chronos d’exception. Un flirt très imprudent aux conséquences dangereuses. Le dopage, il faut le souligner, n’est pas seulement une tricherie. Il constitue un risque pour la santé des personnes qui s’y adonnent. Ses conséquences sont nombreuses. Les accrocs sont exposés aux cancers, à des dérèglements hormonaux, des troubles psychologiques et du comportement, des déchirures musculaires, des troubles du foie ou même cardiovasculaires pouvant entraîner la mort. La liste des effets secondaires du dopage est longue, ce qui en fait un problème de santé publique. Flirt dangereux aussi parce qu'il a terrassé beaucoup de légendes.
L'affaire Balco, du nom d’un laboratoire pharmaceutique américain établi à San Francisco, qui a éclaté en 2003, a déclenché l’un des plus importants séismes de l’histoire du sport américain. Elle a emporté la grande Marion Jones devenue en 2000, à Sydney, la première femme athlète à décrocher cinq médailles dans les mêmes Jeux Olympiques. La sprinteuse américaine, reconnue coupable de dopage, a été obligée de restituer ses titres. Avec la publication de plusieurs autres nom de stars de l'athlétisme américain, des mythes se sont effondrés. Beaucoup d'autres scandales ont permis de corser la lutte contre cette tricherie qui viole les valeurs immanentes et immuables intrinsèques au sport. Le dopage est devenu, aujourd'hui, un véritable cancer pour le sport. Il est omniprésent et n’épargne aucune discipline. Au Sénégal, la lutte est depuis des années dans le viseur. L’on s’étonne toujours de la rapidité avec laquelle certains lutteurs parviennent, en un temps record, à accroître leur masse corporelle, musculaire. Ce qui laisse planer le doute sur un recours à des produits dopants illicites.
Tant de muscles et pas de contrôle, serait-on tenté de dire. Le Code du Sport est pourtant clair. « L’utilisation de substances ou de procédés de nature à modifier artificiellement les capacités d’un sportif ou à masquer l’emploi de substances ou procédés ayant cette propriété », nous dit-il en son article L.232-9 de la loi n°2006 405 du 5 avril 2006 pour définir le dopage. Plus question de s'accommoder de la triche. L’usage de substances dopantes doit être totalement interdit afin de conserver un sport « propre ». Pour promouvoir une pratique saine et équitable dans la lutte, il urge de mener une croisade contre ce fléau en mettant en place tous les éléments de base d’un programme antidopage efficace. Celle-ci devrait être une priorité du ministère des Sports qui doit donner le signal de départ de la traque aux tricheurs pour que le sport puisse garder ses belles valeurs et ses grands idéaux.
LA TUMULTUEUSE ODYSSÉE VERS LE «PARADIS»
Les 3.100 migrants morts ou disparus dans la Méditerranée en 2018 et les 5005 autres en 2017 n’ont pas fait baisser les flux migratoires - Des Africains sont déterminés à accomplir leur rêve : regagner l’Europe, quitte à y laisser leur vie
Idrissa SANE, envoyé spécial à Marrakech et à Berlin |
Publication 29/04/2019
Dans la cité rose de Marrakech, des Africains, qui ont frôlé la mort dans le Sahara, sont déterminés à accomplir leur rêve : regagner l’Europe, quitte à y laisser leur vie. De l’autre côté de la Méditerranée, plus précisément à Berlin, peu d’entre eux s’en sortent. Le parc de Kreuzberg, un quartier cosmopolite de Berlin, regorge d’Africains en situation irrégulière qui s’abandonnent au désespoir.
MARRAKECH : La galère aux portes… de l’éden
La vie est loin d’être rose dans la ville touristique de Marrakech pour les migrants. Aux abords des feux rouges, des jeunes originaires de l’Afrique au Sud du Sahara font la manche pour ne pas mourir de faim. Certains d’entre eux ont déjà frôlé la mort dans le Sahara. Malgré ces péripéties et des milliers de morts dans la Méditerranée, ces Africains sont déterminés à poursuivre l’aventure vers le… paradis, au péril de leur vie.
Il pleut sur la ville. Les piétons se précipitent pour s’abriter. Les belles artères se vident. Pourtant, quelques jeunes, les têtes « engoulées » dans des bonnets tombant jusqu’aux oreilles et les mains couvertes, se faufilent entre les voitures sur la grande et belle avenue Mohamed VI de Marrakech. C’est une question de vie ou de mort. Le 23 novembre 2019, Mohamed Sow et trois autres jeunes africains sont là, debout, non loin de l’intersection de la gare de Marrakech. Ils se précipitent et tendent la main aux automobilistes retranchés dans leur cabine. Ils défilent entre les rangées de voitures pour demander l’aumône. Depuis quelques années, la cité historique et touristique du Maroc, pourtant éloignée de la zone de transit vers l’Europe, est une zone de repli stratégique pour des aventuriers venus du Sud du Sahara. « Contrairement à Tanger, Nador ou Rabat, cette ville nous offre plus de possibilités d’avoir de l’argent. Nous pouvons travailler quelquefois dans les chantiers de construction. Donc, il arrive, sans ce travail, que nous soyons obligés de venir quémander dans cette avenue », confie Moussa Camara, âgé de 22 ans. Ce Guinéen, diplômé en hôtellerie qui a vécu à Ouakam à Dakar, est loin d’abandonner son projet. Trois autres Ouet-Africains traînent près d’autres feux de circulation, à l’ombre de l’imposant Hôtel Paradis. La mine déconfite, ils tendent la main tantôt aux passants tantôt aux automobilistes avec déférence malgré l’indifférence de la « masse ». Aucun centime pendant tout le temps que nous y sommes restés. « J’attends que ma famille m’envoie de l’argent pour la traversée. Entre temps, je dois travailler ou quémander pour vivre », rapporte Mohamed Sow, un autre Guinéen. Leur calvaire contraste avec la somptuosité des villas ocres et des hôtels poussant comme des champignons sur l’Avenue Mohammed VI. Ce n’est pas de gaîté de cœur qu’ils supplient les personnes pour avoir de quoi se mettre sous la dent. Ils souffrent. Ils se débattent pour éviter les embûches sur le chemin sans fin de l’endurance illustrée par le visage émacié d’Oumar Keita, un jeune malien. Il a tout vu, tout vécu dans le désert et à Tanger. « La mer, ce n’est rien. Nous avons vu des personnes mourir dans le désert. Durant deux jours, nous nous attendions au pire avec des attaques, des contrebandiers. C’est comme dans une jungle, les plus forts dictent leur loi. Nous sommes juste chanceux », raconte Oumar Keïta. Après le désert, ils font cap sur la mer. Les flots de morts remontés à la surface ne font pas frémir ces Nigériens qui grelottent de froid face au chapiteau devant abriter le festival de cinéma de Marrakech. « Les conditions de vie sont dures au Maroc ; la location est trop chère pour des jeunes qui se débrouillent », confie le jeune Diop inscrit à l’école des arts et de la cinématographie de Marrakech. Ils viennent de divers pays, leur itinéraire est différent. Mais ils reconnaissent que ce n’est pas le royaume chérifien qui est responsable de leur sort. Le sujet de l’émigration a été au cœur de la réflexion lors du sommet des Africités tenu du 20 au 24 novembre 2018. Au Maroc, 50.000 migrants ont été régularisés, 3.300 réseaux de trafiquants démantelés.
La forêt de Gourougou
Le rempart contre l’émigration clandestine reste le développement socio-économique des pays de départ. Même de l’autre côté de la Méditerranée, les rescapés de la traversée vivent le traumatisme. Sur leur chemin, certains sont obligés de vivoter durant des années dans la forêt de Gourougou, avant d’escalader les barrières de l’enclave espagnole de Mélilla, au risque et au péril de leur vie. « Je suis tombé malade dans la forêt de Gourougou. J’y ai frôlé la mort. Ici, la spiritualité est le rempart contre le désespoir et la lassitude. C’est trop dur de vivre dans cette forêt où tous ont un objectif commun : traverser les barrières pour rejoindre l’enclave espagnole. Certains montent la garde pour observer, surveiller les gendarmes marocains. En cas de défaillance de leur dispositif, nous passons à l’assaut. Certains réussissent à passer, d’autres sont attrapés et refoulés vers les villes marocaines », rapporte Abou Bakar Sidibé, né en 1985 à Abi en Côte d’Ivoire et originaire de la région de Wassalou, une localité du Mali, qui vit actuellement en Allemagne.
BERLIN : Terre d’attraits et de tourments
La ville de Berlin exerce un attrait obsessionnel sur les migrants africains. La capitale de la République fédérale d’Allemagne est devenue leur destination de choix. Mais peu d’entre eux parviennent à réaliser leur rêve.
Tout commence sur les chapeaux de roue. Le chauffeur tiré à quatre épingles, dans une tenue sombre, tient dans sa main, une tablette où il est affiché Stéphanie. C’est le nom de notre guide, une jeune journaliste allemande. Nous franchissons la double porte vitrée de l’hôtel Intercycité. A l’extérieur, ça caille. Depuis deux jours, Berlin affiche les températures les plus basses. Le chauffeur s’empresse de nous ouvrir les quatre portes. Une fois dans la limousine, d’une voix basse, il demande : « Est-ce que je peux mettre la musique ? Et la température, ça va ? » Et, c’est tout. Il fait un détour et s’engouffre dans le Tiergarten, un tunnel qui traverse le centre de Berlin. Au bout de quelques minutes, nous sortons et remontons une autre avenue avant de nous immobiliser devant le siège de Black Lane, au quartier Rosseberg-Kiroberg.
La journée commence bien pour les reporters. Coup de théâtre : « Mamadou Ben Ndao est à l’hôpital. Il se pourrait qu’il ne soit pas là », nous informe Stéphanie. Elle vient de raccrocher avec Mamadou Ben Ndao. Les locaux sont faits de briquettes de terre pressée. Au premier étage, une frêle et élancée demoiselle nous accueille avec le sourire. D’autres filles, allure de mannequin, défilent dans cet « open space ». Au deuxième niveau, comme dans un centre d’appel, des garçons, tous devant leur écran, mettent en relation des clients avec des personnalités. Black Lane est une startup présente dans 60 pays et compte près de 300 salariés. Mamadou Ben Ndao est une cheville ouvrière de ce pousse fondé en 2011. « Mamadou aide beaucoup l’entreprise à se déployer dans d’autres pays comme la France. Il est impliqué dans tous les nouveaux projets et dans l’introduction des innovations », témoigne un de ses collègues Hakan Ardic. Au-dessus de son bureau, flottent les drapeaux de l’Union européenne et de l’Allemagne.
L’esprit d’entreprise de Black Lane peut-être résumé à l’inter-culturalité. « Mamadou est un sénior, il m’a accueilli et a participé à mon intégration et à mon encadrement », reconnaît l’Italien Pierrot. Il est l’absent le plus présent le jour de notre passage. Sur son bureau, ses collègues ont laissé des témoignages sur un bout de papier. L’absence n’est que physique. Le lendemain, lorsque nous avons ouvert la porte de sa chambre d’hospitalisation, Mamadou était dans son lit d’hôpital. Il était souriant. Il a ses deux portables et sa tablette. Ses outils lui permettent de travailler à distance. Sa position dans la startup l’oblige à répondre à tout moment. Il est le premier noir à travailler à Black Lane. « Le jour de mon entretien, tous ceux qui j’ai eu à croiser m’ont dit bonjour, cela m’a marqué. Il y a l’esprit jeune. C’est cela qui m’a poussé à opter pour Black Lane », confie Mamadou Ben Ndao qui a travaillé à Amazon, en Angleterre. Ce Sénégalais, qui a fait des études supérieures en France et en Angleterre, sort du lot des milliers de migrants en situation irrégulière. Les fondements de la création de la startup expliquent son intégration dans l’une des sociétés les plus fermées d’Europe. Pour se hisser à ce niveau, il faut aller à « l’encontre des structures » pour reprendre l’expression de l’un des rares noirs enseignant à l’Université HumboldtUniversitat Zu Berlin, classée 13ème au dernier Ranking. « L’intégration ne se décrète pas. Elle s’arrache. La société allemande, y compris le milieu universitaire, est fermée. Il faut heurter les structures du racisme, de la discrimination », souligne l’universitaire, Dr Ibou Diop
Kreuzberg, son parc et les délices coupables
Gorlitzer Parc, situé dans le quartier cosmopolitique de Kreuzberg (montagne de la croix), évoque, sous plusieurs de ses traits la Conférence de Berlin, partage de l’Afrique et les tragédies qui en ont découlé. Ce jardin, qui s’étend sur plusieurs hectares, est presque la chasse gardée des Africains qui y gagnent leur vie, quelquefois de manière peu catholique.
L’entrée est peu captivante ; aucune inscription. A l’intérieur, un homme allongé sur un banc en bois soutenu par des structures métalliques. Il est d’une forte corpulence, presque titubant. A une encablure, deux autres hommes se « planquent » dans un abri abandonné. Ils sont isolés. A la sortie, nous allons à la rencontre de quatre adultes noirs. Le premier a les dreadlocks cachés dans un chapeau oblong. Les deux mains sont enfoncées dans les poches de son pantalon moulant. Il feigne de prendre un bain de soleil. Dans ce coin, on n’aime pas trop papoter avec un étranger au premier contact. Le mot d’ordre, c’est la méfiance. Dès l’arrivée d’un intrus inconnu, les codes sont communiqués dans une des langues africaines. Malheureusement pour eux, la leur ne m’est pas étrangère. Alors la méfiance laisse place à la confiance. Ils fulminent contre les pays d’accueil et les dirigeants de leurs terres d’origine. « C’est lorsqu’on foule le sol européen que l’on se rend compte de la valeur de l’Afrique. Nous avons des ressources naturelles, mais le problème, ce sont nos dirigeants », se désole le jeune S. D., originaire de Bassé, en Gambie. Il est le plus réceptif. Trois jeunes compatriotes gambiens demandent avec insistance les raisons de notre présence en Allemagne et au parc. « Qu’est-ce que vous faites ici. Vous êtes envoyés par qui ? » se demandent des jeunes gambiens. L’un d’entre eux s’éloigne en grillant sa cigarette. Nous rebroussons chemin et croisons un homme barbu aux paupières ampoulées. Il répond à notre salutation par un hochement de tête. Aucune lueur de lucidité sur son visage. Il donne l’impression de sommeiller.
Hantise
A quelques mètres de là, deux hommes et une femme d’un pays africain. L’Afrique s’est partagé le jardin de Kreuzberg. C’est une réplique de la Conférence de Berlin et le partage de l’Afrique. « Des choses pas du tout catholiques se passent dans ce jardin. C’est connu de tous que des Africains y vendent de petites quantités de drogue. Aujourd’hui, ce commerce s’est étendu dans tout le quartier de Kreuzberg. Les gangs se battent pour contrôler des rues », témoigne un journaliste résident à Kreuzberg. Dans le vallon du parc, des personnes de couleur blanche se prélassent. D’autres cherchent le plaisir dans la lecture. Sur les allées, des éducatrices et leurs élèves se promènent dans cet espace vert. Des couples et leurs enfants sont dans des aires de jeux. Le parc est scindé en deux mondes : ceux qui luttent pour la vie et ceux en quête de la paix de l’âme. M.D., originaire de Sérékunda en Gambie, est loin de réaliser son rêve de départ. Aujourd’hui, il a grossi les rangs d’autres Africains qui passent leur temps dans le parc. Il avait traversé la méditerranée en 2011 pour regagner l’Espagne. En 2012, il a travaillé dans des fermes agricoles à Barcelone où il a gagné de l’argent et obtenu des papiers de séjour. Mais, il en voulait plus pour améliorer les conditions de vie de ses parents restés au pays. « La vie est trop dure pour les Africains en Allemagne. C’est plus compliqué pour ceux qui n’ont pas de papier », confie M.D. Cet espace vert n’est point un cadre de répit pour les migrants. Certains peuvent être appréhendés à tout moment par la police. Ici, ils vivent également la pression sociale. Ils sont dans une sorte de hantise. Les témoignages de ceux qui les défendent font froid dans le dos. « J’ai défendu un jeune gambien pris avec sept kilogrammes de drogue, alors que la quantité tolérée est de deux grammes pour sa propre consommation. Il disait qu’il vendait cette quantité parce qu’on l’avait appelé pour lui dire que ses frères et ses sœurs n’étaient pas allés à l’école, faute de moyens. Il a été condamné à sept ans de prison. Sa famille a préparé le voyage de son jeune frère qui est mort lors de la traversée de la mer méditerranée », se souvient l’avocat Benjamin Dusberg qui a eu une séance d’échanges avec les journalistes ivoiriens et sénégalais bénéficiaires d’un atelier de formation organisé par la Fondation Friedrich Naumann.
REGULARISATION DES MIGRANTS EN ALLEMAGNE : Le chemin de croix
L’obtention d’une régularisation ou d’un droit d’asile en Allemagne est une autre aventure pour les migrants. Ceux issus des pays en confit ou en crise sont plus chanceux. L’administration a déjà délivré 35.000 autorisations d’expulsion qui tardent à être exécutées.
Les conditions de sécurité sont strictes à l’Office des migrants et des réfugiés de l’Etat fédéral d’Allemagne. Dans un quartier huppé de Berlin, leur imposant siège donne à apprécier une architecture moderne avec des rectangulaires lignes vitrées, en harmonie avec les nouvelles habitations. Notre guide nous fait découvrir une vaste salle ressemblant à celle d’embarquement avec des baies vitrées et quelques familles accompagnées qui se présentent avec leur papier comme au comptoir d’enregistrement des aéroports. En réalité, ils entament un autre voyage sur le sol allemand. Leur enregistrement est la première escale dans un labyrinthe à l’issue incertaine. La salle de 500 places est vide durant notre passage. Mais, en 2015 et 2016, elle était très exiguë. Plus de 2.000 migrants frappaient tous les jours à la porte de ce service. Dans les couloirs, on peut voir des migrants faire face aux agents comme dans un interrogatoire. Après quelques tours, nous voici dans une petite pièce. Un téléphone fixe est relié à un ordinateur. Un agent prélève les empreintes d’un demandeur d’asile. C’est avec minutie que l’on vérifie l’origine du migrant en utilisant le nom de sa famille pour vérifier s’il existe dans son pays d’origine. « Certains migrants nous arrivent sans papier donc nous utilisons ces méthodes pour confirmer leur origine », justifie un des agents du Bmf.
35.000 autorisations d’expulsion
Après l’authentification de la nationalité ou de l’origine du candidat, place au contrôle du passeport dans un autre petit bureau encombré d’ordinateurs, de scanners, d’appareils munis de système infrarouge. Après cette étape, nous entrons dans une petite pièce où deux ordinateurs reliés à un appareil qui ressemble à un abat-jour. C’est le système qui passe au peigne fin les téléphones portables des migrants. L’inspection des appareils téléphoniques offre une mine d’informations sur les conversations, l’itinéraire des demandeurs d’asile. « Nous ne regardons pas les photos prises par des migrants. L’inspection des appareils nous permet d’avoir des informations sur les pays traversés par les migrants et voir aussi dans quel pays le téléphone présenté a été utilisé. Ces informations nous aident à savoir s’il avait déjà fait une demande dans les pays d’entrée dans l’espace de l’Union européenne », détaille notre guide. Cette collecte d’informations aide les techniciens à prendre des mesures justes. Mais l’obtention d’une régularisation dépend de la stabilité ou de l’instabilité du pays d’origine. La Syrie, l’Afghanistan, l’Irak et le Soudan ont les meilleurs taux d’acceptation. A part ce critère, le candidat doit prouver qu’il est persécuté dans son pays à cause de ses idées politiques ou religieuses, entre autres. « Pour obtenir des papiers en Allemagne, la voie la plus facile, c’est de se marier avec une Allemande ou de dire qu’on est homosexuel », affirme le lauréat du Festival la Berlinale qui s’est vu refuser à plusieurs fois l’obtention de la régularisation. Aujourd’hui, l’administration fédérale a délivré plus de 35.000 autorisations d’expulsion qui ne sont pas exécutées. Il y a encore tout un processus à respecter
UN PAS DE PLUS VERS LA SÉCURISATION DE L’ALIMENTATION EN EAU DE DAKAR
Selon Serigne Mbaye Thiam, c’est une solution pérenne qui nous met à l’abri des aléas des fuites et des difficultés qu’on pouvait avoir sur la pièce
De nombreux ouvriers et ingénieurs se sont réunis dans la cour de l’usine de Keur Momar Sarr. Ils attendent le ministre de l’Eau et de l’Assainissement. Le périmètre d’intervention est sous un soleil de plomb ce samedi 27 avril 2019. Ces manœuvres qui ont bouclé l’opération s’abritent sous les arbres se trouvant à côté du bâtiment où est logée la direction générale. Ils ont tous le visage radieux. Heureux d’avoir réussi, en moins de 48 heures, la déconnexion de la pièce en forme de «Y» pour la remplacer par une autre en forme de «T». Ces travaux ont été lancés depuis le 25 avril dernier. Serigne Mbaye Thiam, en sa qualité de ministre de tutelle effectue sa première sortie à l’usine qui assure plus de 35 % des besoins en eau de Dakar. Il est arrivé sur les lieux vers 15 heures. Accueilli par les directeurs généraux de la Sones, Charles Fall, et de la Sde, Abdoul Ball, le ministre a eu droit à un exposé sur la méthodologie et le programme des travaux servi par le coordonnateur technique, Abdoul Niang, avant de faire le tour de l’usine.
D’après l’ingénieur, la déconnexion de la pièce en «Y» de l’usine de Keur Momar Sarr fait partie des sept actions qui ont été retenues, en septembre 2013, après la longue pénurie d’eau ayant affecté la région de Dakar la même année. Les travaux devaient durer 48 heures, mais grâce à leur dévouement et détermination, les ingénieurs ont pu les réaliser en 44 h 51mn. Les pompes ont été remises en service à 3h 43mn dans la nuit du vendredi à samedi. « Une opération lourde et délicate », selon Abdou Niang, car il fallait déconnecter et isoler l’ancien système afin de disposer d’un seul qui fonctionne. Ce travail, renseigne-t-il, était nécessaire pour détacher le système de « toute vulnérabilité »
Résister à la corrosion
Avec le système actuel, l’usine de pompage et de traitement d’eau de Keur Momar Sarr est davantage sécurisée avec six ballons et une pièce en fonte. L’ancien système, a relevé coordonnateur technique, ne disposait que de trois ballons avec une capacité de 50 m3 chacun. Le nouveau en est pourvu de six de 50 m3 chacun. Serigne Mbaye Thiam, après avoir écouté les explications de M. Niang, a tenu à remercier les ouvriers, les agents et les ingénieurs. A son avis, ces travaux étaient nécessaires parce que tout le monde a en mémoire la pénurie d’eau de septembre 2013 avec la panne de cette pièce en «Y». Le président de la République, Macky Sall, avait alors annoncé des solutions durables qui allaient sécuriser les ouvrages névralgiques alimentant Dakar en eau.
La déconnexion de la pièce en «Y» est la dernière étape de ce processus. «Toute l’alimentation en eau venant de Keur Momar Sarr sera sécurisée », a promis le ministre. L’installation d’une autre pièce en forme «T» qui remplace la première est une solution « structurelle ». « Je voudrais saluer l’expertise de ces ingénieurs et ces ouvriers qui ont été professionnels et engagés. Le chronogramme et le protocole des travaux ont été respectés avec une avance de près de 4 h », at-il laissé entendre. Poursuivant Serigne Mbaye Thiam a déclaré : « C’est une solution pérenne qui nous met à l’abri des aléas des fuites et des difficultés qu’on pouvait avoir sur la pièce ». Le financement des sept composantes du programme de sécurisation des ouvrages névralgiques de l’alimentation en eau potable de Dakar est estimé à 6,5 milliards de FCfa.
par Madiambal Diagne
POUR QU'ENFIN LE PASSEPORT FASSE LE DIPLOMATE
En 2012, le président avait relevé que plus de 30 mille passeports diplomatiques étaient en circulation - Il est aberrant que sept ans plus tard, le même Macky revienne pour décrier la gabegie et le laxisme dans la distribution de ces documents
A l’orée de son second mandat, le Président Macky Sall a pris une décision qui a été unanimement saluée par toutes les personnes sensibles à la gestion vertueuse des affaires publiques. C’est celle de vouloir mettre de l’ordre dans la pagaille de la distribution de passeports diplomatiques sénégalais. Ce titre de voyage officiel avait fini par perdre toute sa crédibilité, au point que des ayants droit arrivaient à ne plus vouloir s’en servir pour éviter des tracasseries ou même des remarques désobligeantes au niveau des frontières étrangères. En effet, n’importe quel quidam pouvait se faire délivrer un passeport diplomatique. Les trafics étaient connus de tous. D’aucuns payaient des espèces sonnantes et trébuchantes à des personnes intervenant dans le circuit pour disposer de ce document de voyage qui leur permettrait, entre autre avantages, de franchir les frontières de l’espace Schengen sans un visa d’entrée. D’autres arrivaient à l’obtenir par toutes sortes de clientélisme. Les médias sénégalais ont souvent eu à alerter sur de telles dérives. Les chancelleries de l’Union européenne par exemple ont eu beau protester auprès des autorités sénégalaises que les assurances données ça et là ne pouvaient rien garantir quant à l’effectivité des mesures de rationalisation de la délivrance. D’ailleurs, la question du sort à réserver aux détenteurs de passeports diplomatiques sénégalais a eu à occuper les discussions au sein de l’Union européenne. De nombreux pays avaient préconisé d’exiger désormais le visa d’entrée dans l’espace Schengen aux personnes détentrices du passeport diplomatique sénégalais. Seule l’Espagne avait eu à opposer un veto à une telle mesure qui pouvait être humiliante pour le Sénégal.
Une pagaille bien sénégalaise
Des situations ubuesques avaient été observées dans les aéroports étrangers. Il a été donné de voir des membres importants du gouvernement sénégalais soumis à des questionnaires ou des auditions humiliantes par des agents de la Police des frontières, à leur entrée dans des pays européens. Ces personnes étaient considérées comme de vulgaires candidats à l’émigration clandestine qui auraient pu se faire délivrer irrégulièrement leur document de voyage. A l’occasion de la dernière Coupe du monde de football organisée en Russie en 2018, il nous a été donné de constater que la grande majorité des supporters sénégalais, des féticheurs et autres accompagnateurs, étaient détenteurs d’un passeport diplomatique sénégalais. Ce titre de voyage leur a bien facilité leur entrée et déplacements en Russie. Cette campagne de Russie avait fini par renseigner sur le degré de laxisme révoltant dans la gestion des passeports diplomatiques sénégalais. On en a ri dans l’avion affrété pour le déplacement des supporters et de la délégation sénégalaise. Il est sans doute impossible de trouver une plus forte concentration de passagers avec des passeports diplomatiques dans un vol commercial qu’à cette occasion.
Il reste que la pagaille dans la gestion des passeports diplomatiques au Sénégal remonte déjà du temps du Président Abdou Diouf. Des lots de passeports diplomatiques étaient distribués à des familles religieuses afin de s’assurer une clientèle politique. Des passeports étaient également vendus à l’aide de rabatteurs. A son arrivée au pouvoir en 2000, le Président Abdoulaye Wade avait déclaré vouloir y mettre de l’ordre. Il fera confectionner de nouveaux passeports. Très rapidement, les démons du passé l’ont rattrapé et son régime s’illustrera comme celui qui aura le plus distribué illégalement des passeports diplomatiques. En 2012, le Président Macky Sall avait tiré la sonnette d’alarme en relevant que plus de 30 mille passeports diplomatiques sénégalais étaient en circulation. Le nombre était on ne peut plus effarant. Il fera éditer de nouveaux passeports diplomatiques pour remplacer ceux qui n’avaient plus aucune crédibilité. Il est aberrant que 7 années plus tard, le même Président Sall revienne pour décrier la gabegie et le laxisme dans la distribution des passeports diplomatiques sénégalais.
En 2012, nous avions applaudi comme aujourd’hui
La mesure préconisée par le Président Sall pour une gestion vertueuse des affaires de l’Etat avait été saluée et la question de la gestion des passeports diplomatiques avait été présentée comme une mesure phare. On constatera que des lots de passeports avaient continué à être distribués à des personnes qui n’y avaient point droit et que des trafics illicites de vente de passeports avaient été observés. Comme qui dirait, le Président Macky Sall avait fait un pas en avant et deux en arrière. Il faut dire que si les mauvaises pratiques avaient pu continuer, c’est simplement parce que jamais personne n’avait été sanctionné pour une gestion irrégulière des passeports diplomatiques sénégalais. Le mal avait été bien diagnostiqué, mais malheureusement le remède efficace ne lui a pas été appliqué. Le gouvernement sénégalais peut-il dire exactement le nombre de passeports diplomatiques en circulation ? Il semble nécessaire d’ouvrir une enquête exhaustive et transparente sur cette question afin de situer les responsabilités et trouver une solution définitive aux dérives et autres abus. Le trafic sur les passeports diplomatiques cachent de nombreux autres trafics les plus illicites et scandaleux. Combien de fois des personnes ont été interpellées à l’étranger pour des activités illicites et trouvées en possession du passeport diplomatique sénégalais ? Aussi, Il nous semble inacceptable que la presse puisse à nouveau révéler une confection frénétique de passeports diplomatiques, distribués à la veille du scrutin du 24 février 2019 ou avant même que le ministre Sidiki Kaba ne passât le service à son successeur, Amadou Ba, au ministère des Affaires
étrangères, de l’intégration africaine, des Sénégalais de l’extérieur et de la Francophonie. C’est comme qui dirait que les autorités sénégalaises seraient incapables de se fixer résolument et définitivement sur un objectif d’assainissement de la gestion publique. Dans d’autres secteurs, le même constat est fait. Qui ne se souvient pas des grandes annonces faites au sujet des opérations de «désencombrement humain» ou «d’occupation anarchique de la voie publique» ? Les régimes des Présidents Léopold Sédar Senghor, Abdou Diouf, Abdoulaye Wade et Macky Sall s’y étaient essayés pour, au bout du compte, baisser les bras. Il en est de même des mesures préconisées pour juguler les actes d’indiscipline sur la voie publique ou dans la circulation routière. Quid de la décision de débarrasser les rues des villes du Sénégal des jeunes talibés et autres mendiants ? A chaque fois, des mesures hardies sont annoncées à grands renforts médiatiques, mais jamais le travail n’est mené à terme. On nous annonce de nouveaux passeports diplomatiques et il semble qu’ils seront de couleur rouge-vif, attendons de voir qui va en disposer et comment.
Les passeports, l’arbre qui cache la forêt
Le Sénégal fait partie des pays qui comptent les plus gros effectifs de fonctionnaires dans leurs ambassades et autres consulats à l’étranger. La pléthore de personnels est telle que de nombreux agents arrivent à ne même pas trouver un espace de travail dans les locaux diplomatiques et consulaires. A l’ambassade du Sénégal à Paris par exemple, il peut arriver de trouver quatre conseillers entassés dans un bureau de moins de 16 mètres carrés. Aussi, des agents diplomatiques et consulaires sont affectés dans des postes où ils ne disposent pas d’activités ou de tâches à remplir. Comme ces exemples révélés par le journal Le Témoin du 26 au 28 avril 2019, avec un jardinier affecté dans une ambassade où ne se trouverait même pas un pot de plantes à entretenir. Notre confrère écrit : «Il n’est pas rare de trouver dans nos chancelleries à l’étranger des chauffeurs sans voiture, des jardiniers sans jardin, des secrétaires sans bureau et des conseillers islamiques dans des pays catholiques.» Croyez-le, ce n’est pas de la caricature ! C’est une réalité pour triste et aberrante qu’elle puisse être. Tous ces personnels inutiles consacrent leur temps à chercher à travailler dans le noir dans certains pays. Ces personnes ont pour la plupart pu trouver ces confortables planques grâce à un «piston» pour un clientélisme politique ou pour des relations familiales. Elles sont aussi nombreuses, pour les rares qui arrivent à trouver de quoi s’occuper, à ne pas avoir les qualifications et autres compétences pour remplir convenablement leurs missions. Aucune autorité sénégalaise ne pourra prétendre ignorer une telle situation dans nos représentations à l’étranger. Il s’y ajoute que ces personnels, non méritants ou non indispensables, se livrent à des comportements les plus répréhensibles et qui ternissement l’image de la diplomatie sénégalaise. Le Sénégal avait été dans ses petits souliers en passant comme le troisième pays dont les agents de la représentation diplomatique auprès des Nations unies ont commis le plus d’infractions sur la voie publique et dans la circulation routière dans la ville de New York. Pourtant, cette représentation diplomatique ne dispose pas de plus de trois véhicules. Tout le monde se plaint de ce personnel diplomatique. Les autorités des pays d’accueil, tout comme les citoyens sénégalais, ne trouvent pas de réponses à leurs préoccupations auprès des représentations de leur pays. Il convient donc de procéder à un audit rigoureux des personnels dans les missions diplomatiques et consulaires du Sénégal à l’étranger. Les personnels non nécessaires devront être rapatriés sans aucune autre forme de procès ou que leurs contrats soient résiliés. En effet, il y a eu aussi de gros abus dans les recrutements de personnels locaux dans de nombreuses ambassades.
La rationalisation des effectifs devrait permettre de réaliser des économies substantielles dans les budgets de fonctionnement. Ces économies pourraient être réaffectées à améliorer le sort des personnels diplomatiques et consulaires essentiels. Les agents diplomatiques et consulaires du Sénégal n’ont de cesse de se plaindre de leurs rémunérations. Le Sénégal ferait partie des pays notamment africains qui entretiendraient le moins convenablement leurs personnels diplomatiques à l’étranger. Une pareille situation pourrait avoir des conséquences néfastes, non seulement sur la qualité de la représentation diplomatique du Sénégal, mais aussi pousserait ces personnes à des pratiques peu orthodoxes. Le Président Macky Sall semblait être conscient de cet enjeu et avait par exemple décidé d’allouer une indemnité spéciale de 500 mille francs par mois aux conjoints/es des ambassadeurs du Sénégal à l’étranger. De même, les traitements des ambassadeurs dans les pays voisins du Sénégal avaient été considérablement revus à la hausse. Le chef de l’Etat avait pu observer que nombreuses personnalités rechignaient à accepter des postes diplomatiques à cause des traitements qui ne seraient pas très motivants.
C’est aussi l’occasion de faire le point sur les patrimoines immobiliers et fonciers du Sénégal à l’étranger. Les propriétés du Sénégal à l’étranger devraient être mieux connues et les conditions dans lesquelles de nombreux baux ont pu être passés puissent être vérifiées pour plus de transparence. Tout comme conviendrait-il de redéfinir la carte diplomatique du Sénégal. En effet, il existe des représentations diplomatiques et consulaires dont on peut douter véritablement de la pertinence de leur érection. Macky Sall avait évoqué la perspective de réduire les représentations diplomatiques du Sénégal à l’étranger pour plus d’efficience et d’efficacité.
ABDOULAYE MAKHTAR DIOP MET LES POUVOIRS DE TANOR SUR LA TABLE
L’annonce de la suppression du poste de Premier ministre par Macky Sall a rappelé aux bons souvenirs de Senghor et de Diouf qui l’avaient essayé.
Abdoulaye Makhtar Diop justifie le projet de suppression du poste de Premier ministre. L’ancien ministre ouvre les «archives» de l’ère Diouf et le pouvoir de Tanor, alors ministre d’Etat, ministre des Services et affaires présidentiels, plus fort que le Pm de l’époque.
L’annonce de la suppression du poste de Premier ministre par Macky Sall a rappelé aux bons souvenirs de Senghor et de Diouf qui l’avaient essayé. Et la nomination d’un ministre d’Etat, Secrétaire général de la présidence de la République avaient fait penser aux cas Jean Collin et Ousmane Tanor Dieng.
Abdoulaye Makhtar Diop va plus loin et défend le projet de réforme qui passe à l’Assemblée le 4 mai prochain. Invité de l’émission Jury du dimanche d’IRadio hier, l’ancien ministre dit : «L’histoire à bien montré que le Secrétaire général de la Présidence était appelé à assurer l’intérim du Pm.
En 1998, quand le président de la République, Abdou Diouf, a nommé Mamadou Lamine Loum Premier ministre, le décret pour son intérim disait qu’Ousmane Tanor Dieng, ministre d’Etat, ministre des Services et affaires présidentiels, assure l’intérim du Premier ministre.
Et, après 1993, qui a vu pour la première fois au Sénégal la création du poste de ministre d’Etat, ministre des Services et affaires présidentiels, (le même Tanor) avait tous les pouvoirs du président de la République par rapport au Pm. Et Abdou Diouf avait même ajouté une note : «Aucune lettre ne peut m’être adressée sans le visa du ministre d’Etat Ousmane Tanor. Et pourtant il y avait un Pm. Cela veut dire que le Président Macky Sall aurait bien pu garder le poste de Pm et complètement le vider.»
Le vice-président de l’Assemblée nationale, membre de Benno bokk yaakaar, rappelle d’ailleurs que le poste de Pm au Sénégal n’est pas une institution, mais un organe de l’Exécutif. «Le Premier ministre, au Sénégal, n’a pas de pouvoirs propres organisés par la Constitution.
Il n’est que délégataire de pouvoirs», précise-t-il. Et à ceux qui réclament la voie référendaire, Abdoulaye Makhtar Diop, qui souligne qu’il fait partie «des rares ministres à avoir vécu dans un gouvernement sans Pm pendant 4 ans et dans un gouvernement avec Pm», répond : «Le Sénat du Sénégal qui est une institution inscrite dans la Constitution a été supprimé sans référendum, rétabli sans référendum.
Est-ce qu’il est plus important de dissoudre un sénat sans référendum que de supprimer la Primature ? Donc, si le poste de Pm était une institution comme le gouvernement, j’aurais prôné un référendum.»
«A priori» pas d’accord pour le report des Locales
Abdoulaye Makhtar Diop, qui a réitéré hier son souhait de voir un lébou diriger la mairie de Dakar, a précisé qu’il ne sera pas candidat aux prochaines Locales. Et il souhaite, par ailleurs, «a priori», que les Locales ne soient pas reportées. «Si on le fait aussi, ça risque d’être la razzia parce que l’opposition risque d’être éreintée.
Mais mieux vaut le faire le 1er décembre si l’opposition le demande», a-t-il ajouté. Et sur l’élection du maire au suffrage universel direct proposée par certains comme Aliou Sall, il n’est pas contre, mais émet des réserves. «Ce n’est pas que je sois favorable ou pas. C’est très compliqué. Il faut régler plusieurs problèmes.
Est-ce que c’est le maire élu qui désigne ses adjoints ? Ou est-ce qu’on élit ses adjoints en même temps que lui ? Parce que si vous ne le faites pas, vous allez vers une instabilité. Si le maire pense qu’il est élu comme le président de la République, qu’il peut dégommer qui il veut, il y a un problème.
La deuxième chose, au Sénégal, sauf le cas de Wade, le président de la République n’a pas le pouvoir dissoudre ou de démissionner un maire. Donc, il faut y aller, mais il faut véritablement réfléchir à toutes les hypothèses et à partir d’un faisceau d’indices établir une loi qui nous permette de concilier l’élection du maire au suffrage universel, l’élection de ses adjoints et voir le pouvoir de dissolution, de démission ou de révocation des maires», argumente Abdoulaye Makhtar Diop.
«Un ancien Président doit avoir au moins entre 50 et 75 millions par mois»
Le traitement des anciens chefs d’Etat a été également un des sujets évoqués par Abdoulaye Makhtar Diop après que Me El Hadj Amadou Sall a révélé à l’émission Grand Jury de la Rfm, il y a quelques jours, qu’Abdoulaye Wade fait face à des difficultés financières.
«J’estime qu’un ancien Président du Sénégal doit avoir au moins un salaire mensuel entre 50 et 75 millions de F CFA. Les Présidents Wade et Diouf sont quand même détenteurs de secrets dans ce pays. Mais il y a aussi des anciens chefs d’Etatmajor des armées, des directeurs de renseignements généraux, dans le contexte que nous vivons, qui ont des renseignements extrêmement graves.
Alors, s’ils ne sont pas assez protégés, ils peuvent être corrompus par des chefs d’Etat étrangers», avertit-il. Le Grand Serigne de Dakar n’a pas aimé la sortie du nouveau porte-parole du Pds. «Me Sall m’excusera, mais je suis choqué de l’entendre dire que le Président Wade est fauché.
Même si c’est le cas, on ne doit pas le dire publiquement», a-t-il ajouté. Et de conclure : «Dans un pays où un entraîneur de football, des directeurs généraux, des Pca, touchent 15 millions par mois, qui ne prennent aucun risque pour le pays, alors qu’un ancien Président détenteur de secret, qui s’est sacrifié, ne peut pas avoir 50 millions au moment où le chef de l’Etat a une caisse où il y a 4 ou 5 milliards, 10 ou 15 milliards, ce n’est pas normal.»
LES DÉFICIENTS VISUELS DÉNONCENT LA DISCRIMINATION AVEUGLE DES AUTORITÉS
Le recrutement des diplômés déficients visuels dans la Fonction publique demeure une problématique.
L’Association des anciens pensionnaires de l’Institut national d’éducation et de formation des jeunes aveugles de Thiès (Inefja) a dénoncé hier l’absence de diplômés aveugles dans le dernier recrutement dans la Fonction publique.
Le recrutement des diplômés déficients visuels dans la Fonction publique demeure une problématique. Ils ont en effet été oubliés lors du recrutement de 2018. Ce que dénonce l’Association des anciens pensionnaires de l’Institut national d’éducation et de formation des jeunes aveugles de Thiès (Inefja) qui, face à la presse hier, dénonce «une injustice».
Selon Djiby Dème, président de ladite association, «les déficients visuels ont été juste laissés en rade dans le recrutement dans la Fonction publique. Parce qu’il ne figure aucun diplômé aveugle dans les deux listes des personnes recrutées», évalue le diplômé chômeur qui parle «de discrimination».
Et pourtant, fera-t-il noter, «nous remplissons tous les critères parce que nous avons tous les diplômes demandés dans tous les segments. Nous avons parcouru toute la liste et avons vu que l’Etat a recruté des titulaires de Master, de Licence et même de Baccalauréat et de Bfem alors que nous avons les mêmes profils que les recrutés».
Lesquels, renseigne M. Dème, «existent dans la base de données de la Fonction publique. C’est pourquoi nous ne comprenons pas pourquoi les aveugles sont laissés en rade dans ce type de recrutement». Il signale toutefois : «Nous avons fait des correspondances en ce sens. Et même si nous ne les avions pas faites, les autorités ont toutes les informations requises qui concernent les personnes handicapées diplômées qui répondent aux profils de l’emploi.»
Mais malheureusement, s’offusque-t-il, «nous ne sommes pas recrutés alors que la Loi d’orientation sociale, en son article 29 alinéa 2, stipule que l’Etat doit réserver un quota de 15% au moins pour les personnes handicapées lors des recrutements». Il interpelle le chef de l’Etat qui «est le garant de tous les droits, mais également le protecteur de toutes les personnes particulièrement vulnérables, de corriger cette situation afin que les demandeurs d’emploi aveugles soient pris en compte dans les recrutements».
Et cela, dit Djiby Dème, «en prenant des mesures spéciales en ce sens». Surtout que «le Président Macky Sall prône un Sénégal de tous et un Sénégal pour tous». Pour lui, «cette situation doit être corrigée parce que nous trouvons contradictoire que des déficients visuels diplômés passent leur temps à mendier pour vivre, et au même moment les autorités affichent leur volonté d’éradiquer la mendicité au Sénégal. Nous pensons que la meilleure façon de faciliter une intégration, c’est le travail.
Nous avons étudié et avons les diplômes demandés. Nous ne demandons pas de l’aumône, mais d’être recrutés pour servir notre pays. Et nous pensons que ce n’est pas trop demandé». Il dit : «Il est temps de régler la question de l’employabilité des déficients visuels au sein de la Fonction publique.» Au-delà, ils ont déploré «leur mise à l’écart dans les concours au niveau des écoles nationales».
Il dit : «Il faut que l’Etat puisse voir comment ouvrir la possibilité de l’employabilité des personnes handicapées en ouvrant les concours professionnels et directs dans certaines écoles supérieures nationales.» Djiby Dème donne l’exemple de l’Ecole nationale d’administration (Ena) qui, selon lui «est un pourvoyeur d’emplois même si ce n’est pas nombreux».
Il explique : «Si le concours à l’Ena n’était si pas sélectif, c’est-à-dire si l’Etat arrivait à réunir les conditions techniques et matérielles pour permettre aux aveugles de composer au même titre que les autres Sénégalais, nous pensons que c’est un créneau d’emplois.»
Pour dire, selon lui, «nous ne voulons pas être pris comme ça au nom de la discrimination positive, mais nous voulons réunir toutes les conditions pour réussir dans les concours nationaux». Dans son speech, il annonce un sit-in dès la semaine prochaine devant le ministère de la Fonction publique, mais également une marche nationale dans les prochains jours, si les autorités tardent à réagir.