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27 juillet 2025
Par Dr. Abdoulaye TAYE
NÉCESSITE INSTITUTIONNELLE OU DÉCOR INSTITUTIONNEL
Faut-il adapter les régimes politiques importés à nos réalités sociologiques et traditionnelles ? Quel rôle joue un Premier Ministre qui tire sa légitimité de celle du Président de la République qui le nomme et peut le limoger à tout moment ?
Le débat sur le régime présidentiel ou parlementaire résulte d’un discours importé qui reflète notre mimétisme infertile et impuissant. Nous importons tout, les marchandises, les idées politiques, les idées économiques, les idées scientifiques,… que sais-je encore. Un régime présidentiel est-il plus adapté à notre culture politico démocratique qu’un régime parlementaire ou vice versa.
Quelles études ont montré que les régimes présidentiel et/ou parlementaire sont réalistes et plus efficaces vis-à-vis de nos réalités politiques? N’existe-t-il pas d’autres régimes politiques plus adaptés à nos traditions démocratiques ? Voilà les bonnes questions qu’il faut se poser ! Beaucoup de pays ont inventé leur régime politique en s’inspirant de leurs réalités traditionnelles politiques mais aussi et surtout socioculturelles. Il revient aux théoriciens du droit d’étudier ces régimes, de les caractériser et de les classer. Il n’est nullement écrit quelque part qu’un régime politique doit être présidentiel ou parlementaire sinon il n’en sera pas un. L’objectif et la mission de tout régime politique est de favoriser le contrôle, l’expression et la participation démocratique des citoyens mais également de se doter d’une capacité d’éviter et de résorber les crises dans une perspective d’efficacité.
Le véritable débat doit tourner autour de la nature du régime politique adapté à nos cultures sociopolitiques. Faut-il adapter les régimes politiques importés à nos réalités sociologiques et traditionnelles ? Quel rôle joue un Premier Ministre qui tire sa légitimité de celle du Président de la République qui le nomme et peut le limoger à tout moment ? Quelle valeur ajoutée démocratique apporte un Premier Ministre nommé et limogeable par un Président de la République ? Nous vivons depuis 1962 dans un régime présidentialiste malgré le décor institutionnel en vigueur qui prend selon les angles de vue théoriques l’apparence d’un régime parlementaire ou présidentiel.
L’expérience de 1962 nous enseigne qu’un pouvoir bicéphale est inadapté à nos réalités traditionnelles sociopolitiques. Nous remercions le bon Dieu qu’une telle configuration politique ne s’est jamais plus présentée depuis au Sénégal. Imaginer un premier ministre Idrissa Seck qui cohabite avec un président Macky Sall en 2022 ? Tout semble corroborer que le peuple sénégalais a opté définitivement pour un régime qualifié de présidentiel fort. Les sénégalais élisent un Président de la République, lui donnent une majorité législative et une majorité locale. La majorité écrasante à l’Assemblée est totalement acquise au Président de la République et lui obéit au doigt et à l’œil. L’essentiel des communes sont contrôlées par le parti ou la coalition du président.
Au total, tout le pouvoir revient au président qui fait et défait, ordonne et commande. Il détient dans les faits tous les pouvoirs aussi bien exécutif, législatif que judiciaire. C’est ainsi que le réalisme politique du peuple sénégalais s’est exprimé il y a plus de 50 ans de souveraineté nationale. Tout porte à croire qu’il s’agit ici d’exorciser les traumatismes des évènements de 1962 refoulés dans notre subconscient collectif. Notre imaginaire politique est bâti sociologiquement et culturellement sur un pouvoir fort incarné par un roi. La notion moderne de république nous est imposée de manière verticale par une culture politique étrangère et dominante. Nous ne remettons pas en cause l’universalisme. Nous l’approchons comme un idéal auquel toutes les démocraties tendent dans une marche rythmée par un souffle socioculturel qui préserve l’équilibre dans le dynamisme. Un pouvoir politique fort enfoui dans notre imaginaire profond est refoulé dans notre langage quotidien. Ce pouvoir fort se manifeste dans nos idées, nos pensées et nos comportements. Nous savons exercer et abuser d’un pouvoir mais nous ne savons pas le partager.
En outre, nous sommes dans des sociétés politiques fragilisées par les forces centrifuges originaires de la pauvreté, du sous-développement, de l’ignorance et de l’hétérogénéité sociale identitaire. Le Président Chirac disait que la démocratie est un luxe pour l’Afrique. Les contradictions manifestées par cette réalité environnante développent des résistances qui s’opposent à la bonne gouvernance démocratique. Dans un contexte de liberté d’expression, de liberté d’action et de liberté d’association et de réunion, un président élu et fort n’est pas en contradiction avec la démocratie. C’est un président qui détient un mandat renouvelable à travers des élections qui peuvent le sanctionner ou le réélire. Une assemblée a un rôle et une mission. Elle est la source du pouvoir législatif, expression des lois qu’elle propose ou qu’elle valide à travers des propositions ou des projets de lois. La mission d’une assemblée nationale n’est pas de censurer un gouvernement et de le faire chuter.
Le président installé par une légitimité électorale choisit une équipe pour satisfaire les besoins économiques, sociaux, sécuritaires et démocratiques des populations. Un gouvernement jouit de la légitimité tirée du président élu qui seul a le pouvoir de nommer et de limoger ses membres. Les ministres ne répondent que du président et sont responsables devant lui. Le président et les députés sont responsables devant le peuple, ils détiennent un mandat à renouveler. Ils sont comptables devant le peuple. Leur mandat a une origine électorale. Il s’acquiert par l’élection et se perd par l’élection. Seuls les électeurs peuvent les remercier ou les reconduire. Ils sont les seuls habilités à juger de la légitimité populaire du président ou des députés. Autant le président de la république ne peut juger de la légitimité populaire des députés pour dissoudre l’Assemblée Nationale, autant les députés ne peuvent juger de la légitimité populaire du président de la république pour censurer un gouvernement qui tire sa légitimité exclusivement de la légitimité du président. Toutefois, n’est-il pas plus pertinent, raisonnable et convenable de supprimer les groupes parlementaires et la loi sur la transhumance des députés à l’intérieur de l’assemblée pour leur permettre de se libérer et de se débarrasser de leur représentativité partisane ? Ils assumeront mieux leur qualité et leur mission de représentant du peuple.
L’indépendance des deux institutions ne peut que renforcer leur autonomie d’action et de réflexion ainsi que leur prise de conscience de leur mission et de leur rôle. La suppression du poste de premier ministre dans le tissu institutionnel n’a aucune conséquence sur la gouvernance démocratique du pays. Le poste de premier ministre n’est pas nécessaire pour une bonne gouvernance démocratique. Si le président peut supporter la charge de travail qu’entraine l’absence d’un premier ministre et nous épargner en conséquence des douloureuses rivalités au sommet de l’Etat pourquoi ne pas le faire ? Dans nos pays en proie à des forces centrifuges, diluer le pouvoir dans des pôles multiples peut être plus dangereux que le concentrer aux mains d’un président démocratiquement élu. C’est le prix de la stabilité politique et de la paix civile. Le poste de de premier ministre n’est pas une nécessite institutionnelle. En tant que décor institutionnel, on peut s’en accommoder ou s’en passer.
Abdoulaye Taye est Enseignant-chercheur à l’Université Alioune Diop de Bambey Initiateur du projet RBG-AMO
UN INDIVIDU INTERPELLÉ APRÈS LA FAUSSE ALERTE D'UN COLIS SUSPECT
Selon les flics, «il s’agissait d’une valise de couleur bleu-ciel verrouillée. Sa position et son volume n’étant pas propices à une quelconque manipulation, il a été procédé à une mise en rubis nette à distance avec une charge explosive»
Un colis suspect découvert à Dakar Plateau a semé la panique hier au centre-ville. La quiétude des populations de Dakar a été secouée dans la journée d’hier par la découverte d’un colis suspect.
Un fait peu habituel qui a mis sens dessus sent dessous la tranquillité du Boulevard Djily Mbaye X Ngalandou Diouf. Abandonné le long de la rue, le colis suspect a provoqué l’angoisse des uns et des autres qui ont mis au parfum les forces de sécurité.
Informés par les éléments du Commissariat central, les agents de la Brigade d’intervention polyvalente (Bip) ont illico quadrillé le secteur afin de procéder à l’identification du colis. «Ils ont d’abord délimité le périmètre de sécurité qui a été élargi pour des raisons de sécurité, jusqu’à un rayon de cent cinquante mètres, avant de déployer un robot de reconnaissance», a renseigné le Bureau des relations publiques de la police dans un communiqué.
Selon les flics, «il s’agissait d’une valise de couleur bleu-ciel verrouillée. Sa position et son volume n’étant pas propices à une quelconque manipulation, il a été procédé à une mise en rubis nette à distance avec une charge explosive». Une fois la destruction effective, renseigne la police, «il ne restait que les débris de la valise, des journaux, des magazines, des livres et des habits».
Après sa destruction, un individu s’est présenté comme étant son propriétaire et arguant, selon la police, «qu’il l’aurait laissée au niveau du Centre culturel français sans aucune autre précision». «Il a été interpellé et transféré au commissariat du Plateau pour la suite de l’enquête», informent les policiers.
Une équipe de sapeurs-pompiers déployée pour la circonstance «a pris le relais pour effectuer des tests pour écarter tout risque de contamination». Ilot de stabilité dans un océan d’instabilité, le Sénégal retient son souffle durant ces situations quasi-inconnues sur son sol.
La crise au Mali, la présence d’Aqmi dans la sous-région ouest africaine et les attentats perpétrés par le Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao) et Boko haram rappellent que la menace terroriste est omniprésente... La police, qui a finalement détruit la valise, a interpellé un individu qui serait le propriétaire.
L'OR NE BRILLE PAS POUR TOUS À SABODALA
Aujourd’hui, les communautés impactées égrènent les préjudices subis et ruminent leur dépit. M. B avoue que les populations «reçoivent très peu de retombées de l’exploitation aurifère alors qu’elles subissent la pollution
L’or ne brille pas pour les populations des villages de Sabodala. Malgré les importantes quantités du métal aurifère extraites de leur sous-sol par Sabodala gold operations (Sgo), une société de droit sénégalais, filiale de Teranga gold corporation, une société canadienne, elles profitent à peine des retombées et subissent en retour des impacts négatifs au plan environnemental, sanitaire et social. Dans cette zone traditionnellement appelée Bélédougou où des villages comme Faloumbou et son hameau Dambankhoto, entre autres, ont fait l’objet de déplacement physique et économique, le système de compensation a peu pris en compte les dommages et pertes réellement subis par les populations.
A Faloumbou, Dambankhoto et environs, on a oublié la quiétude d’autre fois. Sur ces terres de l’extrême orient sénégalais, dans la région de Kédougou, l’environnement biophysique a tout autant été bouleversé. Un autre monde a surgi. De jour comme de nuit, des véhicules de tous genres traversent la zone dans un vrombissement qui fait trembler jusqu’au toit de chaume des cases.
Les sols s’envolent en nuées, l’air se charge de poussière, les eaux deviennent un réceptacle de toutes les pollutions, la biodiversité végétale et animale se meurt. Sabodala gold operations (Sgo), une société de droit sénégalais, filiale de Teranga gold corporation, cherche l’or dans la zone et la poussière que laissent leurs camions n’est rien face aux impacts destructeurs qui ont transformé le quotidien des populations en enfer. En fait, tout change et même quand vous allez à Dambankhoto, vous ne trouverez plus ce hameau à sa place.
Il a fait l’objet d’un déplacement physique pour se situer à presqu’un kilomètre plus loin. D’autres localités comme Faloumbou, Sabodala, Madina Bransan et Bransan ont ainsi subi «un déplacement économique». Menacés par la pollution que va causer «l’aménagement du deuxième bassin de stockage des eaux résiduelles chargées en polluants chimiques dangereux (mercure, cyanure…) appelés Tailing storage facility (Tsf)», selon le rapport d’étude sur les compensations dans les zones d’exploitation minière du Réseau parlementaire pour la bonne gouvernance des ressources minérales (Rgm), ces quatre villages ont été expropriés de leurs espaces de culture et de pâturage.
Des mesures de compensation auraient dû s’ensuivre, mais elles ne viennent jamais. Le rapport d’étude du Rgm sur «les compensations dans les zones d’exploitation minière au bénéfice des communautés locales im - pactées» détaille le projet.
Selon ce document, «l’occupation de l’emprise du bassin Tsf2 a été autorisée par l’Etat par décret n°2013-902 du 1er juillet 2013. Dans la convention minière de Sabodala de 2015, l’Etat s’est engagé à donner une suite à la demande de rattachement de l’emprise du bassin Tsf2 à la concession minière de Sabodala. Ce bassin de résidus n°2 est aménagé dans une zone appelée localement Dokhorokondi. Le bassin de résidus à lui seul nécessitera une occupation du Dokhorokondi sur 311 ha, mais l’assiette foncière qui sera retirée sera de 431 ha.
Ce projet a été lancé en 2011 et son étude d’impact a débuté en 2012». Le Dokhorokondi, dont l’Etat a ainsi autorisé la «coloni - sation», est un espace vital pour les populations. Il abrite des cours d’eau saisonniers, des forêts, des terres en jachère matures, des pâturages et rythme l’existence de quatre villages, dont Fa loumbou et son hameau Dam bankhoto. Outre les ressources communautaires (pâturage, exploitation forestière, cours d’eau, etc.), dixhuit ménages vivent dans ces localités.
Propriétaires de ces terres en jachère, ils accueillent aussi des éleveurs transhumants, venant des régions du nord. Aujourd’hui, un malheur les guette. Outre la réduction de la superficie totale des terres agricoles disponibles dans les villages, ils vont perdre des ressources fourragères et des points d’eau pour le bétail, sans compter la disparition de produits forestiers naturels récoltés pour le combustible, la construction, l’artisanat, la nourriture, les médicaments et autres utilisations.
Ces ravages auraient pu être atténués, mais les mesures compensatrices annoncées n’ont jamais été à la hauteur. Selon un document du Rgm, «Sgo a initié (dans une perspective de mitigation durable des impacts du Tsf2) une approche de politique d’acquisition foncière dont la philosophie et la démarche sont inspirées par la législation sénégalaise et les normes internationales, en particulier la Norme de performance 5 de la Société financière internationale (Sfi)» (voir encadré).
Dans ce cadre, les négociations avec les communautés ont abouti à la signature, en novembre 2012, d’un Accord collectif sur les mesures de compensation pour les impacts. Ce document, signé par tous les membres du Forum de négociation, dont Le Quotidien a pu avoir copie, décrit les engagements et les actions entreprises par Sgo pour compenser et rétablir les moyens de subsistance des personnes, des ménages et des communautés touchés par le projet Tsf2. Mais ce qui aurait dû être fait ne l’a pas été.
Mesures de compensation
Pour compenser les pertes de terres à l’endroit des 18 ménages et celles à caractère communautaire pour l’ensemble des 4 villages et du hameau, Sgo s’était engagée à appliquer deux séries de mesures en vue de réaliser «une compensation totale et équitable». Une première série de mesures était destinée aux ménages affectés et une seconde aux villages.
Les ménages se sont ainsi vu proposer un «accès à des terres de remplacement d’une superficie égale, avec un potentiel productif égal et un emplacement acceptable par rapport à la terre en jachère perdue, qui seront identifiées et attribuées par le Conseil municipal de Sabodala».
Ils devaient ensuite avoir droit à «une allocation financière unique de 200 mille francs Cfa (soit 20 francs Cfa le m²) par ha de terre en jachère touchée». La dernière mesure consistait à allouer «une contribution financière unique aux 18 ménages pour aider à la mise en production de nouvelles terres en jachère de remplacement, y compris 60 mille francs Cfa par ha affecté pour contribuer au coût du défrichement, sur la base des tarifs locaux en vigueur, un montant supplémentaire de 100 mille francs Cfa par ménage affecté pour couvrir le coût d’autres améliorations (par exemple un abri et/ou des intrants agricoles et des équipements qui peuvent contribuer à une utilisation plus rentable des terres de remplacement ou d’autres terres disponibles)».
Sur la base de cet accord, chacun des quatre villages concernés a été invité à choisir une zone adéquate de remplacement. La zone de Bangouraya a ainsi accueilli Faloumbou et, comme mesure d’accompagnement, la Sgo devait y aménager des terres de culture pour les populations.
Sabodala s’est retrouvée à Tonokho. Et devant l’accès difficile, il a été prévu de doter chacun des six ménages éligibles de cette localité d’une charrette et d’un âne, mais aussi d’aménager des points bas pour faciliter la traversée. Le total des compensations financières était ainsi estimé à 32 millions 840 mille francs Cfa, en plus d’une aide pour préparer la terre (9 millions 852 mille francs) et une aide supplémentaire pour les améliorations et les intrants (1 million 700 mille francs Cfa). Le protocole d’accord de novembre 2012 a été ainsi évalué à 44 millions 392 mille francs Cfa.
Les mesures pour les villages
Sept ans après, beaucoup reste à faire. Les pertes de terres consécutives à l’affectation du Tsf2 vont au-delà de la diminution des terres agricoles, des ressources fourragères, des points d’eau pour le bétail, des produits forestiers naturels, etc. Sabodala gold operations s’était donc engagée à la restauration des moyens de subsistance en mettant en place, entre autres, un site de maraîchage en saison sèche et en créant des routes accessibles en toutes saisons à partir de Faloumbou et Sabodala vers Kéniaba.
La société devait aussi assister chaque village concerné par la mise en place d’un verger. Ces derniers devaient être divisés en parcelles familiales allant jusqu’à 1 ha par ménage, comprendre au moins un point d’eau pour l’arrosage des jeunes arbres et fournir cinq arbres fruitiers de qualité à chaque ménage. C’était le temps des promesses. Elles ont été vaines.
Aujourd’hui, les communautés impactées égrènent les préjudices subis et ruminent leur dépit. M. B avoue que les populations «reçoivent très peu de retombées de l’exploitation aurifère alors qu’elles subissent la pollution. Elles n’ont plus de terres de culture et l’orpaillage leur est interdit. Les parcelles familiales qui ont été promises ne sont pas aménagées.
Les montants qui ont été alloués pour les impenses agricoles sont très faibles. On vit dans une précarité indescriptible. Nous n’avons plus de revenus agricoles, ni de revenus tirés de la vente des produits forestiers et les denrées coûtent cher dans la localité». Le rapport du Rgm confirme la faiblesse de l’enveloppe financière allouée.
«Dans le cas du Tsf2, note-t-il, si on fait le rapport entre la somme totale versée et la superficie, on se rend compte que le mètre carré est compensé à moins de 15 francs Cfa, même s’il y a des terres de remplacement qui sont proposées». On pourrait crier au scandale.
Au Comité sénégalais des droits de l’Homme (Csdh), on n’en pense pas moins. «En matière de compensation au Sénégal, ce qui est frappant, c’est le caractère obsolète des lois. Nous avons des lois qui datent de 1974…», souligne M. Thadée A. Seck, juriste au Csdh. Selon lui, l’entreprise fixe les barèmes et vient à la table de négociations avec ses bases de référence. Les populations, elles, ne sont pas à l’avance informées des opportunités qui s’offrent à elles.
Géné - ralement prises au dépourvu, elles entrent dans des négociations perdues d’avance. Quand on parcourt Sabodala, on se rend tout de même compte que la Sgo a laissé quelques maigres empreintes. Deux périmètres maraîchers équipés de points d’eau, avec des grillages métalliques, trônent à Faloumbou et à Dambankhoto. Deux réalisations au profit des femmes qui sont d’autant plus remarquables que le reste des engagements pris demeurent dans les tiroirs. «Il faut que la société respecte les engagements pris à la lettre.
Toutes les promesses n’ont pas été respectées et on est en train de négocier d’autres projets. Après le Dokorokhondi, on a été sur le projet de Golouma, un autre village qui a été spolié de ses terres de culture. Actuellement, on est sur le projet de recasement des villages de Sabodala et Médina Sabodala à Niakafiri», affirme Dité Diallo, conseiller municipal, ayant participé au forum de négociation du Tsf2.
Les textes sont par contre clairs. Selon l’article 103 du Code minier de 2016, le titulaire d’un titre minier est tenu d’indemniser l’Etat ou toute personne physique ou morale pour les dommages et préjudices matériels causés. Ce texte innove également en obligeant les titulaires des titres miniers à respecter et à protéger les droits humains dans les zones affectées par les opérations minières (article 94). Ce qui n’est pas toujours le cas dans les zones d’exploitation aurifère de Kédougou.
LES CENTRES SYNDICALES DÉPOUSSIERENT LEURS DOLÉANCES
Les centrales syndicales dépoussièrent leurs cahiers de doléances ce 1er mai. Cheikh Diop, secrétaire général de la Cnts/Fc, rappelle que «les cahiers de doléances sont un stock, une banque de demande sociale.
Tout gouvernement responsable, en élaborant les politiques publiques, doit tenir compte des cahiers de doléances». A l’en croire, les revendications urgentes sont la normalisation des relations entre le patronat et les travailleurs, la stabilisation du système éducatif en réglant le passif social, l’application des accords signés et des engagements, notamment la satisfaction des revendications du Syndicat des inspecteurs et inspectrices de l’enseignement du Sénégal (Siens), qui est en mouvement depuis mai 2017.
Quid de la situation des techniciens supérieurs, «sous-classés par rapport au personnel qu’ils supervisent ou forme» ? Lamine Fall insiste sur l’augmentation générale des salaires. «Au niveau du secteur privé, nous n’avons pas encore paraphé l’accord parce que nous ne sommes pas d’accord sur le niveau des hausses des retraites et la pension minimale.
Le système de rémunération dans le secteur public, entre autres, constitue les grandes questions qui interpellent le mouvement syndical», informe le 1er adjoint de la Cnts. Par ailleurs, le secrétaire général de la Confédération des syndicats autonomes dénonce aussi le statu quo constaté dans la mise en œuvre des accords signés par l’Etat dans les secteurs de la santé et de l’éducation.
Il n’occulte pas la question liée aux disparités salariales dans la Fonction publique. «La rémunération dans le secteur public et parapublic pose problèmes et le Président avait commandité une étude. Des propositions ont été faites et les négociations ont commencé, mais jusqu’à présent on n’arrive pas à formaliser le rétablissement de l’équité dans le traitement des salaires des fonctionnaires.
Et il y a aussi la révision de la Convention nationale interprofessionnelle qui date de 1982. Sur cette dernière, nous avons noté des lenteurs au niveau du patronat sénégalais.» En revanche, Elimane Diouf a tenu aussi à rappeler les acquis obtenus durant le septennat de Macky Sall, à savoir «une baisse de la fiscalité sur les salaires, le loyer, les denrées de première nécessité, la stabilisation du prix du pétrole, le coût de l’électricité».
LE RÉQUISITOIRE DANS LE PROCÈS DE CHEIKH BÉTHIO THIOUNE ET CIE À LA UNE
Dakar, 30 avr (APS) – Le réquisitoire du procureur dans le procès de Cheikh Béthio Thioune et Cie pour le double meurtre de Médinatoul Salam est un des sujets en exergue dans les quotidiens reçus mardi à l’Agence de presse sénégalaise (APS).
Le procureur de la République près du Tribunal de grande instance de Mbour, Youssou Diallo, a requis lundi une peine de travaux forcés à perpétuité à l’encontre du guide des Thiantacounes, Cheikh Béthio Thioune et de quinze de ses disciples dans le procès pour meurtre de deux de leurs disciples en 2012.
Le ministère public a également demandé au juge de la Chambre criminelle de décerner un mandat d’arrêt contre le guide des Thiantacounes jugé par contumace dans cette affaire. M. Thioune séjourne à Bordeaux pour raisons médicales, selon ses avocats.
Le procureur a également réclamé une peine de 10 ans de travaux forcés contre Samba Ngom, Aziz Mbacké Ndour, Mamadou Hanne dit Pape et à Serigne Saliou Barro.
Auparavant, les avocats des parties civiles avaient réclamé 3 milliards de francs CFA de dommages et intérêts.
Bara Sow et Ababacar Diagne, deux membres de cette association religieuse avaient été torturés à mort et enterrés en 2012 à Médinatou Salam, une localité de la commune de Mbour, dans la région de Thiès.
Selon L’As, "le procureur requiert la perpétuité contre Cheikh Béthio Thioune".
"Béthio et Cie risquent la prison à vie", souligne à sa Une le quotidien Enquête.
"A la suite des plaidoiries, au tribunal de grande instance de Mbour où se déroule depuis mardi dernier le procès des Thiantacounes, le procureur Youssoupha Diallo a prononcé un réquisitoire sans appel pour tous les accusés. Il demande la prison à vie et requiert un mandat d’arrêt contre le guide des Thiantacounes, Cheikh Béthio Thioune. A qui il conseille de se constituer prisonnier parce qu’il ne pourra pas faire appel s’il est condamné par contumace", écrit le journal.
Parlant de ce réquisitoire, le quotidien Kritik affiche à sa Une : "Médinatoul Salam s’effondre sur Béthio". "Médinatoul Salam, c’était de la pure barbarie humaine. Pour obéir au ndiguel, le commando des Thianta a été sans pitié. Le procès qui tient en haleine le pays sent vraiment mauvais pour Béthio (…). Si le juge suit la logique du Procureur, partant pour un mandat d’arrêt et une peine à perpétuité aux travaux forcés, la messe est dite pour le guide des Thiantacounes (….)".
Sud Quotidien se fait également écho du réquisitoire du représentant du ministère public : "Mandat d’arrêt du procureur contre Béthio". "Si le juge suit le procureur, ce sera la fin des thiant", selon Source A. C’est "la totale pour Béthio", souligne de son côté Libération.
D’autres quotidiens parlent également de ce réquisitoire. "Perpète et arrestation requises contre Béhio" (Le Soleil), "Perpétuité, confiscation de ses biens et mandat d’arrêt international, Béthio exposé" (Le Quotidien) ; "Terrible !", s’exclame L’Observateur ; "Cheikh Béthio mis à nu" (Walfadjri).
En politique, Source A rapporte une réunion des députés de Benno Bokk Yaakaar (BBY) en direction du 4 mai pour la suppression du poste de Premier ministre. "Que ce fut sulfureux !", s’exclame la publication.
Vox Populi ouvre ses colonnes à Alioune Tine, grande figure de la société civile sénégalaise, fondateur d’Afrika Jom, ancien directeur d’Amnesty international.
"Dans cet entretien, explique le journal, M. Tine assène ses vérités sur les réformes annoncées par le chef de l’Etat. Il dénonce +la manière brutale, cavalière et peu concertée avec laquelle l’annonce de la suppression du poste de Premier ministre a été faite aux Sénégalais+".
BETHIO DANS DE SALES DRAPS
Sans doute, Béthio Thioune n’a pas bien dormi cette nuit. A Bordeaux pour se refaire une santé, il doit ressasser le réquisitoire du procureur près le Tribunal de grande instance de Mbour
Jugé par contumace dans l’affaire du double meurtre de Médinatoul Salam, Béthio Thioune et 15 autres accusés risquent la perpétuité. Le procureur a demandé un mandat d’arrêt international et la confiscation de ses biens.
Sans doute, Béthio Thioune n’a pas bien dormi cette nuit. A Bordeaux pour se refaire une santé, il doit ressasser le réquisitoire du procureur près le Tribunal de grande instance de Mbour : les travaux forcés à perpétuité et un mandat d’arrêt international. Jugé par contumace, il s’est retrouvé dans la ligne de mire du ministère public dont les réquisitions ne pourront pas être déconstruites par ses avocats.
Le sort en est jeté. Durant toute l’après-midi d’hier, il a relevé les preuves qui incriminent Cheikh Béthio, surtout concernant le délit de complicité. Dans ces circonstances, le rappel des faits est pédagogique. «Bara Sow et compagnie étaient allés faire un ziara auprès de leur guide. Ils étaient venus en paix. Des citoyens pas armés qui se retrouvent tout d’un coup devant des gens lourdement armés.
Une attaque qui les a surpris et les enquêteurs qui étaient sur place ont relevé des indices dont des habits tachetés qu’ils ont ramenés à la brigade de Mbour. C’est bien après qu’ils ont su ce qu’ils pressentaient», relate le procureur. Selon lui, les circonstances de la mort de MM Sow et Diagne sont atroces : «Bara Sow a été attiré à l’intérieur de la maison, kidnappé et battu par les disciples de Cheikh Béthio», rappelle Youssou Diallo.
En tout cas, il n’a pas omis de dénoncer les conditions dans lesquelles les deux hommes ont été tués. «La barbarie, c’est quand vous infligez à l’humain une souffrance injustifiée. Bara Sow, un jeune brillant, promis à un avenir radieux, a été kidnappé. Ses compagnons qui tentaient de le sauver ont été repoussés et il leur a demandé de le laisser sur place.
Ababacar Diagne, engagé aux côtés de Bara Sow, a certes reçu une décharge d’un fusil de chasse avec 6 plombs qui ont été retirés du corps. Après, il a reçu d’autres coups et le médecin légiste l’a confirmé. Il a reçu un coup, mais a également été lynché», rapporte le procureur qui a regretté la violation du principe de la sacralité de la personne humaine, consacré par les conventions internationales et la Constitution sénégalaise. Il rappelle que les enquêtes auraient pu permettre d’autres arrestations.
«Dans ce procès, il y a 19 accusés dont 16 sont en détention et 3 en liberté provisoire. Quand la gendarmerie a arrêté le Cheikh le 23 avril 2012, c’est après que certains se sont rendus. Pour leur implication, il y a deux séquences importantes : la mort ou la bagarre suivie de l’inhumation tard dans la soirée. Khadim Seck s’est bagarré et a sorti le fusil de calibre 12 et a tiré à bout portant sur Ababacar Diagne. Il a été constant devant les enquêteurs, mais a changé de version devant le juge.
L’accusation est tout à fait à l’aise et les gendarmes pouvaient arrêter plus de personnes», constate le procureur. Il estime que les accusés sont représentatifs pour élucider le drame de Médinatoul Salam. Ce qui montre que l’enquête a été objective. «Tous les accusés reconnaissent avoir pris part à la bagarre. Des aveux ont été faits lors de l’enquête et à la barre. Inhumation ou disais-je, l’enfouissement de deux personnes dans une fosse commune en catimini, les deux têtes croisées.
Dissimilation et mise en scène après cet acte pour brouiller les pistes, mais les gendarmes n’étaient pas distraits par cette mise en scène et ont fouiné et ont vu un doigt. C’est en creusant qu’ils ont trouvé les deux corps», détaille le parquetier. Il est convaincu que les faits sont constants. «Je vous (la Chambre) demande de tenir compte de ces témoignages et ne pas dire qu’il s’agit seulement de compagnons de Bara. Ce sont des témoins oculaires sur des faits qui remontent à avril 2012. L’ancienneté des faits est importante», tente de faire convaincre le représentant du ministère public.
? «Beau - coup de gens se sont interrogés si Cheikh Béthio Thioune était au courant. Pourtant, Cheikh Faye est venu dans sa chambre pour l’en informer. Après en avoir été informé, il n’a saisi aucune autorité», regrette le procureur. Il les enfonce davantage : «Cheikh Faye et Cheikh Béthio Thioune sont dans le même sac en ce qui concerne l’accusation de complicité de meurtre. L’auteur principal et le complice encourent la même peine. L’as - sociation de malfaiteurs est établie à l’endroit de tous», persiste Youssou Diallo.
Circonstances aggravantes
Il n’a pas tremblé pour évoquer un meurtre avec barbarie. «C’est une responsabilité collective dans la bagarre, le principe de la responsabilité individuelle ne se pose pas ici. Et tous ont reconnu avoir pris part à la bagarre, tous ont eu à donner des coups, ce qui a entraîné la mort de Bara Sow», regrette-t-il.
Dans ses réquisitions, il a rappelé que la complicité de M. Béthio Thioune s’est manifestée par une provocation, par menace, par abus de pouvoir : «Il a donné un ndiguel que plus jamais Bara Sow ne remette plus les pieds à Médinatoul Salam. C’est une provocation. C‘est un guide religieux drainant une foule, des talibés qui lui vouent une admiration.
Il est ensuite allé réitérer cette déclaration dans une télévision, mais aussi devant le magistrat-instructeur. Le ndiguel existe et ils l’ont tous confirmé. On va insister sur le fait qu’il n’a pas dit de tuer ou donner des ordres pour tuer Bara Sow, mais il l’a provoqué.» Et le reste de la bande ? «Makhtar Sow est venu le voir quand il a vu la foule et il ne l’a pas suivi dans sa volonté d’éviter la bagarre.
Il a marqué son opposition à la visite de Bara Sow et l’a signifié. Donc, il est complice au même titre que Cheikh Béthio Thioune. On a beaucoup insisté sur l’association de malfaiteurs. C’est une entente, une concertation préalable pour commettre un délit», détaille-t-il en rappelant que le juge d’instruction s’est intéressé au fonctionnement des thiantacounes qui est une organisation parfaite, qui a interdit l‘accès à Bara Sow et compagnie au domicile de Cheikh Béthio Thioune.
C’est pourquoi il a inclus même les bénéficiaires de la liberté provisoire dans le délit d’association de malfaiteurs. Quid de la nondénonciation de crimeAu final, il a requis les travaux forcés à perpétuité pour Cheikh Béthio Thioune, Khadim Seck, Demba Kébé, Cheikh Faye, 10 ans de travaux forcés contre Mamadou Hann dit «Pape», Samba Ngom, Aziz Mbacké Ndour, Serigne Saliou Barro, qui n’ont pas pris part au meurtre, mais étaient présents.
Il a également demandé un mandat de dépôt contre les bénéficiaires de la liberté provisoire. Il a ensuite sollicité un mandat d’arrêt international contre le guide des thiantacounes, la confiscation de ses biens, leur placement sous séquestre et leur publication dans le livre d’affichage au niveau du tableau du Tribunal de grande instance de Mbour. «Avec la contumace, il ne pourra pas faire appel. La seule possibilité qui lui est offerte, c’est de se constituer prisonnier pour qu’on reprenne le procès.
C’est pourquoi il faut penser par deux fois avant de le faire. On ne nargue pas la justice», conclut le patron du Parquet du Tgi de Mbour où l’ambiance est aussi glaciale que les récits qui ont escorté cette semaine de procès.
Demande de la partie civile 3 milliards réclamés au guide des thiantacounes et Cie
C’était une journée attendue pour les familles des victimes. Et leurs avocats ont enfoncé le leader des thiantacounes et ses disciples accusés d’avoir tué Ababacar Diagne et Bara Sow dans des conditions atroces. Ils ont essayé de le faire déchoir de son piédestal de guide qui faisait la pluie et le beau temps à Médinatoul Salam jusqu’à cette date dramatique du 22 avril 2019.
Me Badara Ndiaye donne le ton : «Les faits qui les inculpent sont tangibles et Cheikh Béthio Thioune est mouillé jusqu’au cou dans l’assassinat de Ababacar Diagne et de Bara Sow, car le guide des thiantacounes se prenait pour un intouchable. Le certificat de genre de mort parle d’une mort violente.» Dans son sillage, Me Khassimou Touré parle de procès historique, inédit et sensible à la fois.
Il est allé puiser dans les écrits de Cheikh Ahmadou Bamba Massalikhoul djinane pour donner un accent religieux à sa plaidoirie : «Quand on frappe à une porte avec insistance, on finit par y entrer. Nous avons frappé avec insistance devant la porte de la justice et on a fini par y entrer avec brio, avec dignité, avec humilité. Les chefs d’accusation étaient très lourds et sont au nombre de sept.
Nous avons procédé méticuleusement à situer les responsabilités des uns et des autres, à asseoir la culpabilité des uns et des autres. Je le disais : ils ont été sauvagement tués, ils ont été sauvagement ensevelis.» Me Touré insiste sur la culpabilité de Béthio Thioune et de ses talibés : «Une concertation a eu lieu, une réunion nocturne a eu lieu pour se répartir les tâches, pour protéger certains et jeter l’opprobre sur les autres. Nous avons dénoncé tout cela devant la barre de cette juridiction.
Et comme notre système judiciaire l’autorise et le permet, j’ai dit que les héritiers de Bara Sow et les héritiers de Ababacar Diagne, aucun montant, si important soit-il, ne peut réparer le préjudice qui a été causé à leurs familles, à leurs héritiers et à leurs ayants droit. Il ne faut pas oublier qu’Ababacar Diagne a été enterré vivant. C’était atroce.
Bara Sow a été torturé, sauvagement agressé. C’était douloureux. C’était atroce.» Il a demandé que les familles des victimes soient indemnisées à hauteur de 3 milliards F Cfa. «En tant que leur conseil, leur porte-voix, j’ai demandé à ce que les accusés soient condamnés à leur payer solidairement la somme de 3 milliards de francs Cfa.
En taquinant, j’ai dit que ces 3 milliards ne vont pas servir à faire du ‘’pouthie-paathie’’, mais ils vont constituer un plat de résistance digne, un plat de résistance confortable pour ces gens qui ont subi un préjudice doloris, un préjudice économique, social, des coups psychologiques et psychiques, mais qui continuent à vivre dans la dignité et dans l’honneur», dit-il. «Les victimes ont laissé une progéniture à bas âge et leur avenir doit être assuré», rappelle-t-il.
Cette demande n’est pas un moyen de battre monnaie. Il explique : «Aucun montant ne peut réparer le préjudice qui a été causé. Je n’ai pas fait cette demande par pure fantaisie ; j’ai fait cette demande en me fondant sur le droit, sur les faits. Il faut une réparation pécuniaire.
J’aurais pu demander le franc symbolique, mais ce serait triché de ma part. C’est trahir la confiance de mes mandants qui m’ont demandé de frapper fort pour que pareille atrocité ne se reproduise dans ce pays, dans ce beau pays, le Sénégal où l’harmonie, la concorde, la vie en société sont érigées en règles de principe.» Dans sa plaidoirie, Me Touré a aussi épinglé Adja Déthié Pène qui avait déclaré à la barre que «Cheikh Béthio Thioune est Cheikh Ahmadou Bamba».
«J‘ai dit que là, c’est aller trop loin. Cheikh Béthio n’est pas Cheikh Ahmadou Bamba et Cheikh Ahmadou Bamba n’est pas Cheikh Béthio. Cheikh Ahmadou Bamba était à un autre degré beaucoup plus élevé, beaucoup plus spirituel. Et je dis que c’est une offense à la communauté mouride, c’est une offense à Cheikh Ahmadou Bamba qui n’est pas Cheikh Béthio Thioune, quels que soient le respect et la considération que j’ai pour lui.
Cheikh Béthio Thioune ne peut pas être Cheikh Ahmadou Bamba et Cheikh Ahmadou Bamba ne peut pas être Cheikh Béthio. Ils ont chacun un champ d’applications bien déterminé», enrage Me Khassimou Touré.
Au final, les avocats de la partie civile espère un verdict à la hauteur de leurs attentes : «Nous attendons de notre justice qu’elle dise le droit, qu’elle se soucie un tout petit peu de la veuve et de l’orphelin, qu’elle réhabilite moralement, socialement, sociologiquement Bara Sow et Ababacar Diagne.Donc les 3 milliards que j’ai demandés rentrent parfaitement dans ce qu’on peut appeler la catégorisation des réparations pécuniaires.»
«CERTAINS JEUNES MUSICIENS SONT PARTISANS DE MOINDRES EFFORTS »
«Autour de minuit », initié par le choriste Abdoulaye Cissokho se déroule à l’Ici sur l’ile Saint-Louis, dans le quartier Nord.
Saint-Louis est depuis quelques jours le lieu de convergence des artistes, musiciens, compositeurs et producteurs. ils sont nombreux à rallier la capitale du nord pour les besoins de la vingt-septième édition du festival international de jazz de Saint-Louis à la place Faidherbe, d’After jazz au Tennis club ou «Autour de minuit» à l’institut culturel et linguistique ex ccf. Pour ce dernier lieu, un vibrant hommage a été rendu à Habib Faye. Fallou Dieng a servi une belle prestation lors des oFF du Festival de Jazz 2019. Sur un autre registre, il demande aux acteurs politiques, culturels, de montrer la bonne voie aux jeunes générations en « perte de repères».
«Autour de minuit », initié par le choriste Abdoulaye Cissokho se déroule à l’Ici sur l’ile Saint-Louis, dans le quartier Nord. L’initiateur est lui aussi orphelin de son ami Habib Faye avec qui il avait monté le projet « Autour de minuit». Il a tenu à jouer à la mémoire du regretté bassiste sénégalais. Mais, le clou a été la prestation de Fallou Dieng. « L’ambianceur » de la musique sénégalaise a égayé le public, venu nombreux assister à sa prestation empreinte de tristesses, mais aussi de dignité et de joie. Joie d’entendre ces belles mélodies bercer le public. L’ancien lead-vocal du Groupe Lemzo-Diamono n’a pas tari d’éloges sur le défunt Habib Faye. « Je suis venu à Saint-Louis pour rendre hommage à Habib Faye et soutenir Abdoulaye Cissokho. Je suis très content d’être à Saint-Louis, une ville chargée d’histoire et de civilisation. Cet hommage est à la dimension de l’homme qui constitue une grande perte pour la musique sénégalaise et africaine. Habib Faye a marqué de son empreinte le festival. Nous nous réjouissions de cette belle initiative d’Abdoulaye Cissokho. Il est une légende et est l’un des meilleurs bassistes du Sénégal et de l’Afrique. C’est un monument de la musique sénégalaise. La jeunesse doit perpétuer son œuvre», a déclaré Fallou Dieng, précisant qu’Habib avait une « idée progressiste ». Se prononçant sur la musique sénégalaise, il estime que les jeunes musiciens doivent œuvrer pour maintenir le cap. Selon lui, les choses ne marchent pas comme il se doit. « La musique sénégalaise est en perte de vitesse. Il n’y a plus de marché, ni de producteur. La technologie a tout gâché. Les jeunes doivent travailler davantage pour exporter notre musique comme les autres de la sous-région. Les Maliens croient en leur tradition et leurs sonorités. Leur album local constitue celui international. Ils vendent bien leur musique contrairement aux jeunes sénégalais qui n’ont même pas encore franchi le seuil de la porte. Ils doivent redoubler beaucoup d’efforts», a martelé Fallou Dieng. Pour lui « il faut aller vers l’autre : Enracinement et ouverture ». Dépité, il dénonce la nonchalance de certains artistes. « La musique sénégalaise est bloquée du fait du manque de volonté des jeunes dont certains sont des Partisans de Moindres Efforts (Pme) et des Partisans de Moindres Intelligences (Pmi) », se désole-t-il. Parlant du mbalakh, il déclare : « Notre musique nationale a perdu de son élan. Il faut trouver des palliatifs. Le mbalah nous appartient ».Leader d’opinion, Fallou Dieng pense que les parents doivent prendre leur responsabilité. « Ils doivent éduquer leurs enfants qui sont obnubilés par internet. Jadis, tout était naturel. L’éducation de base est importante. Les politiciens doivent être des références pour les jeunes générations. Tout doit être revu au Sénégal car tout est bloqué », a déploré Fallou Dieng pour qui, l’avenir de la musique est « compromis » du fait du laxisme des acteurs
LA PARTIE CIVILE RECLAME UNE REPARATION DE 3 MILLIARDS
«Béthio Thioune était au courant de tout… » dans l’affaire du double meurtre de Médinatoul Salama. Me Khassimou Touré, avocat de la partie civile, en est convaincu.
Me Khassimou Touré, le porte-parole des conseils de la partie civile au procès sur le double meurtre commis à Médinatoul Salam sur Ababacar Diagne et de Bara Sow, a demandé, lors de sa plaidoirie, de déclarer Cheikh Béthio Thioune et ses coaccusés, coupables, des faits qui leur sont reprochés, en plus de les condamner à payer solidairement la somme de trois (3) milliards de francs aux familles des victimes. En outre, Me Khassimou Touré, est revenu hier lundi, quatrième jour de procès, sur les propos de Adja Déthié Pène, épouse du guide des Thiantacounes déclarant est «Cheikh Béthio est Serigne Touba». Il trouve que ces paroles sont «offensantes» à l’endroit de la communauté mouride, vu la dimension de Cheikh Ahmadou Bamba.
«Béthio Thioune était au courant de tout… » dans l’affaire du double meurtre de Médinatoul Salama. Me Khassimou Touré, avocat de la partie civile, en est convaincu. Dans sa plaidoirie hier, lundi 29 avril 2019, quatrième jour d’audience à la Chambre criminelle du Tribunal de grande instance de Mbour, il a déclaré que le guide spirituel des Thiantacounes, Cheikh «Béthio Thioune était au courant de tout et on nous parle d’imputabilité». Selon lui, la parte civile a frappé à la porte de la justice pour demander qu’elle se prononce. Les défunts Bara Sow et Ababacar Diagne avaient place à la vie et à l’intégrité physique, mais aussi au respect d’une sépulture respectable, à leur décès. Le dossier, à l’en croire, cache l’inédit. Citant l’un des accusés du nom de Pape Hanne qui, par rapport aux traces de sang trouvées sur un véhicule qu’il conduisait, parle de transport de carcasse de moutons, il se désole que ce dernier ne soit pas cité dans ce procès comme témoin.
«NOUS ATTENDONS LA JUSTICE AVEC DIGNITE ET RESPONSABILITE»
Revenant sur les faits ayant entraîné la mort des deux victimes, la robe noire rappelle: «leur forfait accompli, les corps sont cachés dans une maison en construction. Et ensuite le charretier est venu transporter les corps pour les enterrer dans des conditions indécentes. Mamadou Gueye dit Malaka, pour le conseil de la partie civile, est clair dans ses explications sur la bagarre. Ce sont les mêmes considérations qu’il colle à Pape Ndiaye, le conducteur du tracteur car c’est lui qui a amené du renfort pour prêter main forte dans la bagarre». A son avis, «chacun a joué sa partition avec minutie, des concertations nocturnes ont eu lieu pour décider de ce qu’il faut faire. On nous dit que, le Cheikh n’était pas au courant et Béthio n’a rien vu ni entendu. Pourtant, Makhtar Sow, à la venue des gendarmes questionnant sur des bagarres et des morts d’hommes, les réponses de Cheikh Béthio et Cheikh Faye sont sans équivoque. Il n’y a ni blessés graves, ni morts». L’enterrement suivi d’exhumation, pour la partie civile, en dit long sur les accusés et leur barbarie. Il exclut une disqualification des faits, tout comme les excuses de la légitime défense ou de la provocation. «Nous avons frappé avec insistance à la porte de de la justice, avec un accueil agréable, par le partage de nos douleurs. On a déballé notre souffrance. Finalement, la porte de la justice nous est ouverte avec dignité. On veut que justice soit rendue», martèle l’avocat de la partie civile. C’est «un dossier est intéressant, à l’en croire et nécessite une opération chirurgicale pour situer les responsabilités et prendre les mesures adéquates. La société n’a pas besoin de cela. Nous attendons la justice avec dignité et responsabilité».
«AUCUN MONTANT (D’ARGENT) NE POURRA REPARER LE PREJUDICE»
Il n’a pas manqué de rendre un vibrant hommage à ses collaborateurs, les autres conseils de la partie civile. Selon lui, Me Badara Ndiaye, le mérite pour son travail fait avec minutie dans le dossier, traçant des sillons. La société a besoin d’être protégée et d’entendre la voix du ministère public, lance la partie civile, à l’endroit du Procureur de la République. «Les ayants droits présents, avec des actes d’état-civil, des veuves et des orphelins ont, selon le Code pénal, droit à des réparations. Je me suis constitué partie civile avant la clôture des débats. J’ai communiqué avant la clôture des débats. J’aurais pu demander le franc symbolique pour des héritiers dignes dans l’épreuve, mais aussi généreux et dignes». Pour Me Touré, «aucun montant d’argent ne pourra réparer le préjudice ; Ababacar Diagne a été enterré vivant avec beaucoup de douleurs et de sauvagerie. La vie n’a pas de prix, un lourd préjudice moral, un préjudice économique. Barra Sow faisait le droit, il était en deuxième année et pouvait être avocat». Suffisant pour qu’il réclame trois (3) milliards en guise de dommages et intérêts pour ses clients. «Je demande la condamnation solidaire des coaccusés à la somme de trois (3) milliards de francs Cfa, pas dans un but fantaisiste: un milliard cinq cent millions de francs à chaque partie civile et une exécution provisoire», avance Me Khassimou Touré.
DIRE QUE CHEIKH BETHIO EST SERIGNE TOUBA EST UNE OFFENSE A TOUS LES MOURIDE, SELON ME TOURE
Toujours dans sa plaidoirie, Me Touré, juge que les propos d’Adja Déthié Pène, épouse du guide des Thiantacounes disant que «Cheikh Béthio moye Serigne Touba» sont «graves et dérapant». Il faut, à l’en croire, voire dans cette déclaration, une offense à la communauté mouride car Cheikh Béthio ne sera jamais Serigne Touba, ils n’ont pas la même mission ni le même itinéraire. Il souligne, en fin, que les conseils de Cheikh Béthio, le guide des Thiantacounes jugé par contumace parce que présentement à Bordeaux, en France, pour raison médicale, n’ont pas voix au chapitre durant ce procès.
TRAVAUX FORCES A PERPETUITE ET MANDAT D’ARRET INTERNATIONAL CONTRE CHEIKH BETHIO !
La peine de travaux forcés à perpétuité et un mandat d’arrêt international contre Cheikh Béthio Thioune! C’est la sentence que le procureur de la République, Youssoupha Diallo, a requise contre les prévenus impliqués dans le double meurtre de Médinatoul
Hier lundi, quatrième jour d’audience sur l’affaire du double meurtre de Médinatoul Salam devant la Chambre criminelle du Tribunal de grande instance de Mbour, le Procureur de la République a requis les travaux forcés à perpétuité et un mandat d’arrêt international contre Cheikh Béthio Thioune qui, selon lui, «veut se soustraire de l’action de la justice», selon le magistrat.
La peine de travaux forcés à perpétuité et un mandat d’arrêt international contre Cheikh Béthio Thioune! C’est la sentence que le procureur de la République, Youssoupha Diallo, a requise ce lundi, 29 avril 2019, contre les prévenus impliqués dans le double meurtre de Médinatoul. Il a retenu contre Cheikh Béthio, le guide des Thiantacounes jugé par contumace, les travaux forcés à perpétuité et la confiscation de ses biens. La peine des travaux forcés à perpétuité est prononcée contre les 17 de ses coaccusés notamment Cheikh Faye, Pape Ndiaye, Ablaye Diouf, Serigne Khadim Seck, Mame Balla Diouf, Demba Kébé, Aliou Diallo, Al Demba Diallo. Des peines de 10 ans de travaux forcés sont aussi requises contre Pape Hanne, Aziz Mbacké Ndour Samba Ngom, Serigne Saliou Barro poursuivis pour association de malfaiteurs avec des mandats d’arrêt à décerner contre ces accusés en liberté provisoire.
Selon le représentant du ministère public, les faits retenus contre les accusés sont tangibles. Mieux, il a indiqué que l’implication de Cheikh Béthio Thioune dans cette affaire ne peut pas être contestée, compte tenu de tout ce qui a été dévoilé devant le prétoire. Il s’y ajoute les déclarations circonstanciées du guide des Thiantacounes à l’enquête préliminaire. Très en verve, le maître des poursuites demeure convaincu que c’est le «Ndiguel» du «Cheikh» qui a occasionné la mort des deux victimes, Bara Sow et Ababacar Diagne. Pour lui, Cheikh Béthio Thioune était bien au courant de la machine qui a exécutée ses deux disciples en ce sens qu’il a clairement indiqué vouloir la mort de Bara Sow et a donné le feu vert pour que ce dernier soit tué.
En plus de la peine de travaux forcés à perpétuité, Youssoupha Diallo a demandé qu’un mandat d’arrêt international soit décerné contre Cheikh Béthio Thioune, jugé par contumace parce qu’étant présentement hors du territoire sénégalais, il est à Bordeaux, en France, pour raison médicale. A en croire le Procureur, le guide des Thiantacounes s’est soustrait à l’action de la justice sénégalaise d’autant plus qu’il est à l’étranger contre l’avis de ladite justice et que son dossier médical est vide. C’est pourquoi, il a ordonné son «arrestation immédiate», en réponse à une injustice. Le magistrat Diallo a, par ailleurs, demandé au juge Thierno Niang de prendre toutes les garanties pour assurer la représentation en justice de Cheikh Béthio Thioune. «Le mandat d’arrêt serait la suite logique. Il faut que les Chambres criminelles assument et assurent leur autorité. Béthio Thioune ne pourra pas faire appel, car jugé par contumace». Non sans indiquer que «le ministère public n'a pas ce dossier entre les mains, alors que c'est lui qui porte l'accusation», a-t-il regretté.
Pourtant, rappelle le procureur de la République le principal mis en cause, est sous contrôle judiciaire depuis le 21 février 2013, avec des autorisations de sortie du territoire. Ce qui, selon le magistrat, devrait imposer à l'accusé certaines rigueurs. «C'est une atteinte au droit. Nous sommes en matière criminelle». Auparavant, le Procureur est revenu sur des questions fondamentales du droit pénal. Relevant qu’une fois condamné pour les travaux forcés à perpétuité, le Cheikh n’aura aucune possibilité de faite appel, parce que n’ayant pas de défense. La seule issue pour Cheikh Béthio Thioune est la constitution en prisonnier pour la reprise du procès. Il faut toutefois préciser que le réquisitoire du parquet ne lie pas forcément le juge qui donne son verdict par intime conviction. L’audience reprend, ce mardi 30 avril, avec la plaidoirie des avocats de la défense.
CES SÉNÉGALAIS D'ORIGINE QUI DÉFIENT LES XÉNOPHOBES OCCIDENTAUX
Portés au pinacle de la vie publique occidentale, ces compatriotes intégrés répondent positivement à la montée du racisme dans ce continent
L’élection de Luc André Diouf Dioh au parlement espagnol après la victoire des socialistes est historique. En effet il est le premier noir à entrer dans le parlement ibérique. Une consécration qui vient se greffer à celles de Karamba Diaby en Allemagne et Sibeth Ndiaye en France. Portés au pinacle de la vie publique occidentale, ces compatriotes intégrés répondent positivement à la montée du racisme dans ce continent.
Le ministre de l’Intérieur italien, l’ultranationaliste Mattéo Salvini, qui appelle à 100000 expulsions d’immigrés par an, le hollandais Geert Wilders connu pour sa xénophobie ou encore Marine Lepen peuvent déchanter. Les africains installés en Europe comptent y rester pour apporter leur pierre à l’édification d’une Europe multiculturelle. Et ce sont les Sénégalais qui sont en première ligne de front de cette déconstruction des idées nationalistes.
LUC ANDRE DIOUF DIOH
Luc André Diouf Dioh est le premier député espagnol d’origine sénégalaise. Il a été élu, hier, sur la liste Las Palmas (Îles Canaries) du Parti socialiste, à l’issue des élections générales. Dans ce pays où les idées conservatrices de Franco continuent de déteindre sur une partie de ce pays de la Péninsule ibérique de 46 millions d’habitants, notamment dans la Catalogne où les récessions économiques, avec un taux de chômage de plus de 13% ces derniers années, ont été imputées en grande partie aux étrangers. C’est pourquoi, le parti Vox, pratiquement inconnu jusqu’à son irruption au parlement d’Andalousie l’année dernière, a fait ressurgir l’extrême droite dans un pays où elle était insignifiante depuis la mort de Franco en 1975. Ainsi l’élection de ce fils de Joal, né en 1965, est pleine de symbole. Le nouveau député espagnol, jusqu’ici secrétaire fédéral des réfugiés du PSOE, vit depuis 27 ans à Gran Canaria, où il a été un immigrant irrégulier
KARABAM DIABY
Avant Luc André Diouf, un autre originaire du Sénégal s’était illustré en Allemagne. Né à Marsassoum, Karamba Diaby a été élu à l’issue des élections fédérales de 2013. Dans ce pays d’Hitler, symbole historique du nazisme, cet ancien étudiant de l’UCAD a su s’imposer en étant d’abord le porte-parole des étudiants étrangers de son université. Et sous l’impulsion de son leadership, plusieurs de ses camarades seront régularisés. Le docteur en géo écologie continuera son engagement en défendant le maintien de lopins de terres où des habitants de Halle, une ville réputée pourtant néonazie, cultivent des fruits et des légumes. Des investisseurs avaient en effet déclaré ces agrumes impropres à la consommation en raison de la pollution des sols. Karamba Diaby réalise une étude prouvant le contraire et acquiert une certaine notoriété dans la ville. Dans ce pays où l’homme politique Thilo Sarazin avait écrit en 2010 un brûlot, « L’Allemagne Disparaît », pour s’en prendre à l’Islam et à l’imitation montrant que les idées hitlériennes résistent toujours dans ce pays. Dr Diaby deviendra conseiller municipal dans la ville de Halle. Figurant en troisième position sur la liste du parti social démocrate (SPD) de la circonscription de Halle pour les élections fédérales de 2013, il est élu député le 22 septembre.
SIBETH NDIAYE
Fille de Mireille et de Fara Ndiaye, deux grandes sommités de la vie publique au Sénégal, Sibeth Ndiaye est le nouveau porte-parole du gouvernement français. Economiste de formation, cette femme de 39 ans, après avoir été la chargée des relations de presse d’Emmanuel Macron, le suit au palais après son élection. Mme Ndiaye, qui a fait ses humanités au collège Jeanne d’Arc de Dakar, est nommée le 31 Mars 2019 secrétaire d’Etat auprès du Premier ministre et porte-parole du gouvernement. Très décontractée dans son habillement et dans son phrasé, elle ne manque pas pour autant d’essuyer des critiques depuis sa nomination à ce poste. La presse la décrit comme exerçant des pressions sur les journalistes dont les articles lui déplaisent. Faisant partie des «Mormons», ce petit groupe de quadras et trentenaires qui ont accompagné Emmanuel Macron dans sa quête de l’Elysée, elle a tenu à remettre les pendules à l’heure dès sa première sortie. «J’espère que vous allez me juger sur mes propos, et pa sur ceux qu’on me prête». La France est avertie d’autant que Sibeth signifie en Diola celui qui a gagné beaucoup de combats. Et partant, toute l’Europe devrait compter avec ces sénégalais décomplexés et intégrés, issus de l’immigration et comptant jouer leur partition à fond. N’en déplaise à Salvini et Marine Le Pen.