Ôter le pain de la bouche de tous les jeunes qui viennent trimer en ville, chassés des campagnes par la pauvreté, est-ce la meilleure définition de l'ordre des priorités ?
« Fast track… » des voix, plus autorisées que la mienne, ont démontré la vanité d'un slogan de plus dans la panoplie des mots saisonniers qui ne correspondent, au final, à aucun changement qualitatif dans la vie de la majorité des citoyens sénégalais. Tout au plus quelques mesures cosmétiques, tape à l'œil, pour masquer une incapacité réelle à transformer structurellement le Sénégal. Car, c'est bien d'une transformation en profondeur dont notre pays et notre Continent ont besoin pour, enfin, entrer dans le concert des nations capables de concevoir et de conduire leurs destinées.
Au lieu de cela, notre élite gouvernante, mis à part quelques rares instants de lucidité, sombre dans le mimétisme dévalorisant du modèle occidental, ses atours, ses allures, ses discours. En fait, tout ce qui donne l'air et le paraitre sans l'être. Car, en termes de bonne gouvernance par exemple, nous vidons les meilleures règles et pratiques occidentales de leur substance lorsqu'il s'agit de les mettre en œuvre pour nos peuples. Résultat : une démocratie réduite à des mécanismes électoraux piégés de manière si grossière que le cœur de la majorité des électeurs n’y est plus. Le peuple se détourne alors des simulacres et consacre ses énergies à élaborer des stratégies de survie au quotidien. Avec, pour conséquence un président élu certes, mais si mal que sa légalité souffre terriblement de légitimité. Pour faire oublier l'épisode peu glorieux de l’élection présidentielle de 2019, le président élu développe donc une hyperactivité réformatrice (sic) qui tourne essentiellement autour du renforcement de ses pouvoirs déjà exorbitants. Comme pour se rassurer. Il commence par vouloir supprimer le poste de Premier Ministre dont l’inutilité n'est démontrée ni par une étude sérieuse, ni par un argumentaire, autre qu’il constituerait un goulot d’étranglement dans la transmission et l'exécution des directives présidentielles. Ce constat est en réalité celui de l’échec personnel du Premier Ministre sortant et éventuellement, une pierre dans le jardin de ses prédécesseurs. Mais le président Macky Sall oublie qu' il fut Premier Ministre… La tare serait-elle si lointaine ? En tout état de cause, on ne modifie pas une Constitution et l'architecture institutionnelle d'un pays, qui a mis des dizaines d’années pour les consolider, pour si peu. Le tout sans débats ! Au rouleau compresseur. Avec un horizon de cinq ans de mandat seulement… Que les députés qui doivent voter cette loi méditent la gravité des propos de Serigne Abdoul Aziz Sy Dabaakh à cet égard, avant d'engager notre pays dans une aventure périlleuse pour la vanité d'un seul homme…
Pour cacher tous les non-dits dans un nuage de poussière, on en soulève ! En se lançant dans une opération dite de « désencombrement » des artères de la capitale. Une opération coup de poing comme on en a tellement vu… sans suite. Là, on confond les causes et les conséquences. Car à la vérité, il faudrait résoudre les problèmes d'emplois, d'urbanisation et d’aménagement du territoire national avant de prétendre dégager la voie publique...pour les dakarois ! Ceux qui s'y installent sont la conséquence de l’échec des politiques publiques. Ils n'en sont pas les causes. A contrario, plusieurs activités dites informelles occupent et font survivre plus de 4.000.000 de sénégalais et leurs familles ! A défaut de les organiser, et de les soutenir par des appuis institutionnels et financiers conséquents, les livrer en pâture pour le confort esthétique d'une minorité de nantis est, pour le moins, hors sujet. A côté de cela, le secteur dit formel, public et privé confondus, compte moins de 500.000 emplois. La fonction publique sénégalaise qui nous coûte si cher en « goulots d'étranglement » et en dépenses somptuaires compte 130.000 emplois !
Les paramètres de la République et de la Nation doivent être, nécessairement, reconfigurés afin que le peuple réel du Sénégal s'incarne et se reconnaisse dans les institutions qui le gouverne… Voilà une des nombreuses questions de fond que l'on esquive en se donnant des airs, important et inspiré, lorsque l'on s'adresse à la Nation en oubliant l'essentiel. Au fait où trouve t-on les 500.000 emplois par an sensés avoir été créés depuis 2012 ?
Au demeurant, et pour mieux enfumer le peuple, le quotidien national Le Soleil nous « apprend » que 500 milliards de francs CFA ont servi pendant 20 ans à acheter des véhicules administratifs… Quels sont les ayants-droits à ce privilège ? Pour quels services rendus à la Nation ? Pour quelles missions régaliennes ? S'il faut mettre de l’ordre on voit donc tous par quoi et où commencer. Combien d'hôpitaux, combien d'écoles, combien de fermes aurait-on pu financer avec 500 milliards ? Sans compter tous les milliards détournés ou distraits de leur assignation première… sans compter ? Oui on dépense sans compter pour satisfaire les lubies de quelques privilégiés. Nous savons tous comment faire pour mettre de l'ordre. Il ne manque que la volonté politique pour ce faire. Et c'est, semble-t-il, encore une fois mal parti. Pour cinq ans.
Gouverner, pour un pays où tout relève de l'urgence, c'est faire la distinction entre l'essentiel et l'accessoire. Arbitrer entre le nécessaire et le futile. Mettre l'accent sur l'indispensable. Sous ce prisme, à quoi répond le TER, sitôt inauguré, sitôt garé ? A quoi répond Dakar-Aréna ? Et cette Arène Nationale inutilisable parce que mal adaptée à la réalité de la lutte sénégalaise avec frappe ? Par ailleurs, quel sera le taux d'occupation des sphères ministérielles en sus du building administratif réhabilité ? Et voilà l'autoroute à péage qui semble déjà obsolète au vu des goulots d’étranglement aux heures de pointe. Que faire ? Que deviendront les villes et villages, jadis traversés par le trafic des routes nationales, brusquement sevrés des retombées financières qui en découlaient ? Alors ôter le pain de la bouche de tous les jeunes qui viennent trimer en ville, chassés des campagnes par la pauvreté, est-ce la meilleure définition de l'ordre des priorités ?
Tout cela, et bien d'autres questions auraient pu être abordées au cours d'un dialogue social et politique, sincère et refondateur. Mais, hélas. Le choix semble être la gouvernance solitaire à coup de bâtons et de carottes…des centaines de « pupilles » de la République attendent ainsi, chaque mercredi, anxieusement, le communiqué du Conseil des Ministres pour être promus, réhabilités ou récompensés pour avoir pris une part dans la « victoire »… Et le chef, pour mieux tenir son monde, a commencé par se séparer de ses 300 plus proches collaborateurs. Juste pour faire monter la tension et titiller Damoclès. Juste pour tempérer les ardeurs des uns et des autres. Puis il a tancé ses compagnons de Parti en laissant entendre qu'il y en aura pour ceux qui sauront se taire et se tenir tranquilles. Il a, dans la foulée, reçu ses députés pour leur laisser entendre que si certains d’entre eux étaient appelés à d'autres fonctions, la nouvelle loi qu'il leur demande de voter ouvrirait la possibilité de retrouver leur siège de députés en cas de… Tout cela fait manœuvres et stratagèmes. Pilotage à courte vue. Combines d'épicerie de quartier.
Nous rêvions d’une VISION ambitieuse et mobilisatrice qui se projette au-delà de nos vies singulières. Nous voulions voir grand, faire mieux que le Rwanda et même les pays nordiques ! Si. Si.
Au fond, chacun fait ce qu'il peut. Mais si l’on peut si peu, cela finira par se savoir !
L'OPPOSITION RÉPROUVE LA RÉFORME DE MACKY
Idy, Sonko, Madické et Issa Sall condamnent la démarche entreprise pour modifier à nouveau la Constitution, sans concertation préalable et par voie parlementaire - COMMUNIQUÉ CONJOINT
SenePlus publie ci-dessous, le communiqué conjoint des quatres candidats de l'opposition à la dernière présidentielle, daté du 25 avril 2019, relatif au projet de révision constitutionnelle entreprise par le président Macky Sall.
« Les Présidents Idrissa Seck, Ousmane Sonko et Maître Madické Niang se sont réunis le jeudi 25 avril 2019 au domicile de ce dernier.
Le Président Issa Sall, absent du territoire national, après avoir échangé avec le Président Madické Niang, a marqué son accord sur la position des trois autres candidats.
Les candidats de l’opposition ont examiné la situation nationale particulièrement l’introduction, par voie parlementaire, d’une nouvelle réforme constitutionnelle par le pouvoir en place.
Ils réprouvent le fait que des modifications aussi substantielles de la Constitution aient été initiées en l’absence de toute forme de concertation.
Ils estiment aussi que des réformes d’une si grande ampleur ne seraient légitimes que si elles sont effectuées par voie référendaire.
En effet, pour une Constitution modifiée par référendum seulement en 2016, l’initiative de supprimer le poste de Premier Ministre exige une nouvelle consultation du Peuple souverain, d’autant plus que ce projet n’a été mentionné dans aucun des programmes proposés aux Sénégalais lors de l’élection présidentielle du 24 février 2019.
En conséquence, ils condamnent la démarche entreprise pour modifier à nouveau la Constitution, sans concertation préalable et par voie parlementaire.
S’agissant des autres aspects de cette question et d’autres sujets d’actualité nationale, les candidats de l’opposition ont décidé de poursuivre ultérieurement leurs discussions. »
PAR Mouhamadou Madana KANE
LA LOI RELATIVE AU CONTENU LOCAL DANS LE SECTEUR DES HYDROCARBURES RISQUE D’ÊTRE INAPPLICABLE
Dans un contexte où le Sénégal entend tirer le maximum de profit des nouvelles découvertes d’hydrocarbures, assurer une harmonie entre la loi sur le contenu local et les traités d’investissement revêt une urgence capitale
L’Assemblée Nationale vient d’adopter, le 24 Janvier 2019, la loi relative au contenu local dans le secteur des hydrocarbures, dont le but est de « promouvoir l’utilisation des biens et des services nationaux ainsi que le développement de la participation de la main-d'œuvre, de la technologie et du capital nationaux dans toute la chaine de valeur de l’industrie pétrolière et gazière ».
Les dispositions de cette loi viennent compléter l’article 58 du nouveau Code Pétrolier de 2019 qui, par ailleurs, impose certaines obligations de contenu local aux titulaires de contrats pétroliers, y compris en matière de formation du personnel local, de transfert de technologie, de participation des investisseurs privés nationaux aux opérations pétrolières et d’octroi de contrats de fourniture de travaux, biens et services aux entreprises nationales.
En adoptant ce texte, le Sénégal se dote assurément, à l’instar de pays comme le Ghana, d’un cadre propice à l’augmentation de la valeur ajoutée locale et à la création d’emplois locaux dans la chaine de valeur des industries pétrolières et gazières.
Cependant, le caractère salutaire de ce nouveau cadre juridique ne doit pas occulter la nécessité d’une prise en compte des engagements internationaux de l’Etat du Sénégal en matière de traitement, de protection et de garantie des investissements étrangers.
En effet, il est nécessaire, pour assurer la pleine effectivité du dispositif, de s’assurer de sa compatibilité avec les engagements souscrits par l’Etat au niveau communautaire et au niveau international à travers les traités bilatéraux d’investissement (TBI) conclus avec des pays tiers. Cet exercice est d’autant plus utile que la Constitution sénégalaise établit une hiérarchie des normes en vertu de laquelle les engagements internationaux de l’Etat priment sur les lois nationales.
Quoique la loi sur le contenu local soit en parfaite adéquation avec le droit communautaire et le droit de l’Union Africaine, en raison de la possibilité offerte par l’Acte Additionnel de la CEDEAO portant adoption des règles communautaires sur l’investissement et le Code Panafricain des Investissements, d’introduire des prescriptions de résultats pour encourager les investissements et le contenu local, cette harmonie n’est pas assurée concernant les TBI. L’analyse des traités conclus par le Sénégal avec des pays comme le Royaume Uni, les Etats-Unis et la France, d’où ressortissent la plupart des investisseurs étrangers dans le domaine pétrolier et gazier au Sénégal, permet de constater une asymétrie.
D’abord, le fait que ces traités interdisent à l’Etat de discriminer les investisseurs étrangers par rapport aux investisseurs nationaux constitue un décalage par rapport à l’esprit de la loi sur le contenu local. Le traité avec les U.S.A va plus loin car contenant une disposition qui interdit expressément à l’Etat d’imposer des prescriptions de résultats, ce qui englobe bien entendu les mesures de contenu local. Celui conclu avec la France dispose, dans le même sens, que l’imposition par l’Etat de toute restriction à l’achat ou au transport de matières premières et de matières auxiliaires pourrait s’assimiler à une violation de l’obligation prévue par le traité d’accorder à l’investisseur étranger un traitement juste et équitable.
Ensuite, l’exigence découlant de la loi sur le contenu local d’instituer une société de droit sénégalais aux fins de réaliser les investissements pétroliers et gaziers pourrait se heurter à l’obstacle de la définition consacrée au terme « investisseur » dans les traités. La plupart de ces derniers définissent l’investisseur personne morale comme étant une société immatriculée dans le pays d’origine. Or, exiger que l’investissement soit réalisé par l’entremise d’une société qui aura de facto la nationalité sénégalaise pourrait conduire à priver les traités d’effet puisqu’il s’agirait de contourner la nationalité étrangère de l’investisseur étranger alors même que celle-ci est la condition première pour bénéficier de la protection du traité.
Dans un contexte où le Sénégal entend tirer le maximum de profit des nouvelles découvertes d’hydrocarbures au bénéfice de ses populations, assurer une harmonie entre la loi sur le contenu local et les traités d’investissement revêt, pour diverses raisons, une urgence capitale. La première tient à la nécessité de garantir l’effectivité de la loi, au vu des enjeux de développement économique qu’elle comporte. Or, dans la mesure où la constitution sénégalaise fait primer les conventions internationales sur la loi, les dispositions conventionnelles interdisant le contenu local, l’emportent sur les dispositions législatives.
La deuxième raison de l’urgence tient à la nécessité de prémunir l’Etat contre de potentiels litiges qui pourraient être portés devant les juridictions arbitrales par les investisseurs étrangers. En effet, les traités d’investissement donnent à ces derniers un accès à l’arbitrage international en cas de violation par l’Etat de ses obligations internationales envers l’investisseur. Alors, nul doute que les mesures que l’Etat sénégalais sera amené à prendre au titre de la loi sur le contenu local pourraient donner lieu à des contentieux sur le fondement des traités.
Au vu des enjeux énoncés, l’Etat du Sénégal gagnerait à clarifier la portée de ses obligations internationales en matière de protection des investissements étrangers au regard des nouvelles exigences relatives au contenu local. A ce titre, deux options, toutes deux préconisées par la Conférence des Nations Unies pour le Commerce et le Développement (CNUCED), s’ouvrent à l’Etat.
Une première pourrait aboutir à la formulation par les parties contractantes d’une interprétation conjointe des dispositions incompatibles, laquelle engagerait tout tribunal d’arbitrage saisi de ces questions. Une deuxième alternative consisterait à renégocier les traités concernés en vue de les amender purement et simplement, et d’y inclure, par la même occasion, une disposition consacrant le droit de l’Etat de réguler, dans un but d’intérêt général, les investissements étrangers.
Dans les deux cas, le Sénégal ne ferait que s’inscrire dans une mouvance déjà engagée par de nombreux pays comme l’Inde, l’Afrique du Sud et le Nigeria qui ont emprunté avec succès la voie de la réforme de leurs traités d’investissement pour garantir l’effectivité des politiques publiques.
Mouhamadou Madana Kane est Docteur en droit et contentieux international des investissements
"JE SUIS UN HOMME LIBRE"
Le roi du mbalax, désormais ministre-conseiller du président Macky Sall, sort l'album « History », une véritable plongée dans l'Afrique musicale d'hier et d'aujourd'hui - Il s'est confié au « Point »
Le Point Afrique |
Olivier Ubertalli |
Publication 25/04/2019
Youssou N'Dour arbore une chemise blanche soignée tout en buvant à petites gorgées son café crème dans le bar d'un hôtel parisien. Décontracté, il se définit comme un « happy man », glisse au fil de la conversation en français des « no problem », « all right » et « cool », avant de filer prendre son avion pour retourner chez lui, à Dakar. Qu'il semble loin ce jour de 2012 où le chanteur annonçait sa candidature à la présidence sur sa chaîne de télévision TFM ! À l'époque, il se rallie finalement à la candidature de Macky Sall, qui détrône Abdoulaye Wade et qui fait du chanteur son ministre de la Culture et du Tourisme (2012-2013).
Aujourd'hui, Youssou N'Dour est un simple ministre-conseiller du président Macky Sal, réélu en février 2019. Cela lui laisse plus de temps pour se consacrer à sa passion : la musique. Touché il y a un an par la mort de son ami bassiste, claviériste et multi-instrumentiste Habib Faye, il sort ce vendredi 26 avril un nouvel album éclectique, History (Naïve Records). Il y dédie notamment une chanson à celui qui fut le directeur musical de son Super Étoile (voir clip ci-dessous) et qu'il décrit, au Point, la gorge nouée, comme « l'architecte de sa musique ». À 59 ans, la star du mbalax (musique populaire sénégalaise) et interprète en 1994 du duo « Seven Seconds » avec Neneh Cherry a mûri. Dans ce disque, il parle beaucoup d'amour, de valeurs, et puise son inspiration dans tous les styles africains d'hier et d'aujourd'hui. Entretien.
Le Point : Comment est née l'envie de faire cet album ?
Youssou N'Dour : L'année dernière, j'ai perdu Habid Faye, un compagnon, un très grand musicien, et j'ai voulu saluer sa mémoire en écrivant une chanson. Cela m'a ensuite plongé dans l'histoire de la musique sénégalaise et africaine. Je suis ainsi arrivé à Babatunde Olatunji (1927-2003), ce grand percussionniste. Il fut un précurseur. Même Serge Gainsbourg l'a copié en France (il lui a volé trois musiques de Drum of Passions pour son album Percussions, dont le fameux « Akiwowo » devenu « New York USA », NDRL). Babatunde avait laissé ses derniers enregistrements à son neveu, qui me les a confiés. Puis, l'année dernière, je vais à Lagos pour célébrer Fela dans son club du Shrine et j'en sors avec l'envie de terminer ces chansons avec un jeune Nigérian, Spotless, qui a travaillé sur mon album Africa Rekk (2016). Ce disque s'est fait au fil des rencontres. Mon petit frère m'a ainsi présenté une jeune femme exceptionnelle, Seinabo Sey, une métisse suédoise, sénégalaise et gambienne, qui m'a dit que ma chanson « Birima » l'a bouleversée. Alors, nous l'avons récréée ! Au lieu d'« History », c'est un album qui aurait pu s'appeler « Partage ».
Finalement, vous revisitez plusieurs de vos chansons avec un son de 2019…
Il y a un grand philosophe marabout Cheikh Ahmed Tidiane Sy qui disait : « C'est bien de ressembler à son père, mais c'est mieux de ressembler à son époque. » Ces mélodies et ces chansons sont là depuis longtemps et arrangées aujourd'hui différemment grâce à la nouvelle génération africaine.
La foi et notamment l'islam sont très présents dans votre vie et musique…
La foi est très importante pour moi. C'est sacré. On ne se pose pas de questions. Je ne crois pas les gens qui n'ont pas de valeurs. Nous avons aussi un devoir de transmission aux enfants. L'islam est une religion de paix et de tolérance. Le premier mot qu'on prononce, c'est « assalamu alaykum » qui signifie « paix pour tout le monde », et pas seulement pour les musulmans ! Arrêtons d'associer l'islam au terrorisme. Dans toutes les religions, il y a des extrémistes.
Votre chanson « Confession » évoque la vie d'un immigré qui va soutenir sa famille et le titre « Makoumba » parle d'un jeune prié d'aller bosser...
Oui, car à travers mes chansons, outre le fait de faire plaisir, j'essaie de faire passer des messages aux jeunes qui ont perdu certaines valeurs ou aux parents qui ont démissionné de l'éducation de leurs enfants. C'est important, la valeur du travail.
Comment l'Afrique peut-elle aujourd'hui éviter de voir ses jeunes quitter le continent ?
Ce n'est pas un problème simple à résoudre. Je crois qu'on ne propose pas assez d'options aux jeunes. L'éducation, c'est d'abord les parents. Ensuite, il y a l'école. Si les jeunes ne réussissent pas à l'école, il faut leur proposer une formation pour s'en sortir. À l'instar des pays de l'Occident, il faut développer plus la formation professionnelle, qui devrait être obligatoire. En Afrique, nous avons des besoins dans des domaines où nous n'avons pas assez de main-d'œuvre qualifiée. Au Sénégal, il y a des réformes en cours, mais ce n'est pas encore assez, il faut accélérer.
Si les jeunes ne trouvent pas de boulot et voient les familles de ceux qui sont partis en Occident avec une meilleure vie matérielle grâce à l'argent envoyé, ils vont regarder l'Occident comme l'eldorado et vouloir y aller à tout prix. Aujourd'hui, plus de 60 % des Africains ont moins de 25 ans. Il faut des réponses, sinon, cela va toujours être ces images terribles de migrations, ces va-et-vient.
Trouvez-vous les Européens intolérants ou condescendants vis-à-vis des Africains, notamment quand on parle de migrations ?
En Europe, quand les politiques n'ont pas de réponses pour les citoyens, notamment sur le plan économique, la première chose qu'ils font est de parler d'immigration en disant : « Il y a trop d'immigrés. » C'est comme un réflexe. Et ils arrivent à séduire des gens qui votent pour eux, car ils ont peur de perdre leur travail. Cette attitude est déplorable. La montée du racisme est inquiétante.
C'est surréaliste de voir un sommet européen juste parce qu'il y a un bateau de migrants qui veut accoster en Espagne ou en Italie. Les Européens ne doivent pas sombrer dans des accusations faciles envers les migrants africains. Ils ont une responsabilité vis-à-vis des jeunes Africains. Il faut des politiques en amont et la coopération entre l'Europe et l'Afrique doit être du « win-win » (gagnant-gagnant). L'Europe doit comprendre qu'une Afrique forte est forcément une Europe forte. Une Afrique faible, c'est une Europe faible, et donc une France faible vu nos liens historiques. Sur le plan économique, l'Europe doit aussi ouvrir ses marchés pour l'Afrique. En France, on compte, hélas, sur les doigts de la main les entreprises sénégalaises.
Pourquoi êtes-vous resté domicilié au Sénégal ?
Je suis très attaché à mon pays et je pense que ma musique a besoin de mon pays. La musique, ce n'est pas que de « l'entertainment ». C'est une force qu'on peut utiliser pour faire avancer les choses. Très jeune, je me suis engagé dans les droits de l'homme. À Washington, j'ai lutté avec d'autres pour avoir plus de moyens contre le paludisme et effacer la dette du pays. Au Sénégal, j'ai toujours mon Groupe Futurs Médias, qui détient le quotidien L'Observateur, la radio RFM et la chaîne TFM et où cinq cents personnes travaillent. Mais je ne m'en occupe pas, je ne suis pas journaliste. Ces investissements ne sont pas pour gagner de l'argent, mais d'abord pour partager, donner du travail aux Sénégalais. Comme j'ai eu la chance d'être célèbre, je reçois et je donne. Et ce groupe permet de tendre le micro à tout le monde, d'aider au pluralisme des idées et à la démocratisation du pays.
Vous avez été ministre de la Culture et du Tourisme. Quels souvenirs gardez-vous de cette expérience ?
Avant d'accepter le poste de ministre de Culture et du Tourisme en 2013, j'ai demandé des conseils au musicien brésilien Gilberto Gil qui a été ministre pendant cinq ans. Ce que j'en retiens, c'est qu'en dehors de la politique on pense qu'il suffit d'être aux manettes et d'appuyer sur des boutons pour que tous les problèmes se résolvent. En réalité, en travaillant à l'intérieur d'un gouvernement, on se rend compte que ce n'est pas aussi évident. J'ai proposé des réformes. Certaines ont été poursuivies, d'autres pas. Cela reste pour moi une très belle expérience. Le principal problème est qu'en étant ministre je n'ai pas pu exercer ma passion pour la musique. Aujourd'hui, je suis ministre-conseiller. Concrètement, j'évoque avec le président Sall des directions qui peuvent être suivies pour le bien du Sénégal. Cela me laisse ma liberté pour faire ma musique.
N'ambitionnez-vous pas d'être président comme ce fut le cas en 2012 ?
Aujourd'hui, ce n'est pas le débat ni l'intérêt du Sénégal. Je n'ai aucune carrière politique. Je me suis engagé en 2011 quand il y a eu cette tentative de changer la Constitution. Je suis un homme libre, un « happy man », j'ai réussi ma vie, je touche du bois. Ce qui m'importe, c'est que mon pays puisse profiter de mon expérience, de mon réseau, et qu'il soit stable.
Comment va aujourd'hui le Sénégal sur le plan politique et économique ?
On vient de sortir des élections avec la réélection Macky Sall qui a une vision du pays avec le Plan Sénégal émergent. Au bout de sept ans, le président a accompli énormément de choses. C'est impressionnant toutes les nouvelles infrastructures, notamment pour l'agriculture.
Mais cela n'est pas suffisant. Macky Sall a un deuxième mandat pour des réalisations plus concrètes et rapides. Le Sénégal est un petit pays de 15 millions d'habitants, mais un grand pays par ses ressources, sa culture et ses grands hommes, à l'image de Senghor. Nous avons récemment découvert des richesses naturelles, comme le pétrole et le gaz. Il faut qu'on arrive à les transformer, pas juste à les vendre. Cela pour nous permettre d'être un pays plus stable et donner du travail aux jeunes. Nous avons encore des réponses à donner. Mais si nous restons sur nos valeurs, le Sénégal est bien parti pour être une vitrine de l'Afrique pour la démocratie et le développement. Mais il ne faut rien lâcher. Chacun doit être responsable et jouer sa partition.
Quel regard portez-vous sur les événements en Algérie avec le début de l'ère post-Bouteflika et le Soudan avec le renversement par l'armée du président Omar el-Béchir le 11 avril sous la pression de la rue ?
Je salue la force du peuple et des jeunes qui savent ce qu'ils veulent et n'acceptent plus l'usure du pouvoir, les prolongements, les dictatures et s'expriment de manière non violente. C'est d'autant plus remarquable qu'à Paris on voit beaucoup de violence aujourd'hui. Mais l'Afrique ne doit pas tomber dans l'autosatisfaction. Il y a encore énormément de choses à mettre en place. L'Afrique est un continent où tout est encore à faire.
* « History » (éd. Naïve Records), sortie le vendredi 26 avril.
** En concert le 18 mai au stade de Vitry-sur-Seine, le 8 juin à Forest (Belgique) et le 20 juillet aux Nuits de Fourvière, à Lyon.
par Samantha Tracy
LA SÉRIE QUI CASSE LES CODES
Nous sommes des centaines de jeuns africains ne parlant pas wolof et désormais obnubilés par les aventures de Marème, Lalla, Dialyka, Racky et Dior - Cette série montre le revers de la société sénégalaise… et ça, naturellement, ça dérange
Le wolof, la langue nationale du pays de la Teranga, n’aura jamais été autant sexy que depuis quelques mois. S’il est vrai que les réseaux sociaux – Twitter en particulier – pullulent de références sur les succès hollywoodiens Game of thrones et Avengers : EndGame, il n’en demeure pas moins qu’un « outsider » a su se faire la belle part sur la Twittosphère africaine francophone : la série sénégalaise Maitresse d’un homme marié.
Des dialogues en wolof, des acteurs locaux et une diffusion nationale… Tout était pensé pour que la série ait un attrait local. Mais c’était sans compter sur la magie d’Internet et la puissance d’un sous-titrage en français.
Retour sur la grande histoire d’une petite série qui fait parler d’elle.
Recadrons les choses. Je m’appelle Samantha, je suis congolaise, je vis au Sénégal et mon niveau de wolof se situe quelque part entre le « Nanga Deff » *glissé à mes collègues et « Niatala ? »* glissé à un vendeur à Sandaga*. Vous comprendrez donc que je ne suis pas forcément la cible des séries télévisées locales dont les dialogues sont majoritairement en wolof.
Seulement, depuis quelques semaines, je suis une groupie assumée de la série télévisée Maîtresse d’un homme marié. Oui ! Rien que ça ! Une série en wolof, made in Sénégal et qui, a priori, ne m’avait pas identifiée comme potentielle cible.
Mais aujourd’hui – c’est un fait – nous sommes des centaines de jeunes africaines (hommes et femmes) ne parlant pas wolof et désormais obnubilés par les aventures de Marème, Lalla, Dialyka, Racky et Dior.
A la découverte de cinq jeunes femmes…
Dans un Dakar suspendu entre tradition et modernité, Maîtresse d’un homme marié retrace la vie de cinq femmes. Si le titre semble, de premier abord, lié aux problèmes conjugaux, la série met en avant des femmes dont les existences et les histoires interpellent.
Dialyka est une jeune femme dans la trentaine. Épouse, mère de famille et cadre dans une entreprise, elle semble avoir une vie de rêve. Pourtant, dans le secret de sa maison, elle subit les coups et les injures de son mari, l’indifférence de sa belle-mère et le côté traditionaliste de son père.
Sa meilleure amie, Dior, se veut indépendante, libre de ses actes et n’ayant de comptes à rendre à personne ; pourtant derrière son apparence de rebelle se cachent bien des problèmes.
Vient ensuite Racky, jeune femme au passé tumultueux qui entretient une relation complexe avec sa mère. Abusée depuis son plus jeune âge, Racky a une peur maladive des hommes mais en même temps souhaite s’affirmer dans une carrière que l’on dit réservée aux hommes.
Lalla, elle, est la femme africaine par excellence ! Ou du moins, comme la décriraient plusieurs stéréotypes : soumise, patiente, à l’écoute ; elle est épouse, mère, belle-sœur et belle-fille parfaite.
Enfin, Marème est la « maitresse d’un homme marié » et doit vivre avec les restrictions dues à son « titre ».
Ces choses qui ne se disent pas…
J’ai entendu parler de la série Maîtresse d’un homme marié après qu’une polémique ait éclaté sur les réseaux sociaux au Sénégal. En effet, une plainte aurait été déposée devant le Conseil national de régulation de l’audiovisuel accusant la série, principalement, de dépravation de mœurs.
Les débats ayant été lancés, j’ai été curieuse de voir par moi-même ce qu’était cette série et pourquoi elle faisait couler autant d’encre et… de salive.
Produite par Marodi, la série se présente comme une chronique qui raconte des histoires de femmes, au plus près. La réalisatrice et scénariste Khadija Sy met en avant des histoires communes, inspirées du quotidien de femmes sénégalaises, pour mettre au jour ce qui se fait dans le secret.
Loin des habituelles histoires de tromperies abordées par les séries locales, Maîtresse d’un homme marié met le doigt sur des problèmes de société : violences faites aux femmes, alcoolisme, démission parentale, poids de la culture, autonomie de la femme, vie professionnelle, kidnapping d’enfants, secrets d’hommes… Tout y passe.
S’il est vrai que Modou mécanicien a bien fait sourire, il n’en demeure pas moins que c’est avec sérieux et subtilité que d’autres thèmes ont été abordés. Et pour cela, standing ovation au travail d’écriture.
Cette série qui dérange…
Je l’ai dit plus haut, mon niveau de wolof est pitoyable. Surtout lorsqu’on a vécu 13 ans au pays du Thiep Bou Dieune. Oui, j’ai honte . Mea culpa. My bad. Balma !
Par contre, en 13 années vécues au pays de la Teranga, j’ai pu constater à quel point le « Soutoura » – la pudeur, la discrétion à la sénégalaise – était au cœur de presque toutes les relations, les échanges, les réalisations.
Au Sénégal, on ne dit pas toujours tout haut ce qu’on pense déjà très bas. Sauf dans les cas exceptionnels du genre de la blogueuse NK ou… de Maîtresse d’un homme marié.
Parce qu’à en croire une partie des sous-titres en français et le wolof natif de certains de mes amis, dans la série… les termes sont loin d’être pudiques, les expressions non plus. Bien plus, les faits relatés ressemblent drôlement au vécu de certaines personnes qui ont l’apparence de sainteté mais qui, dans le secret de leur chambre, font de bien drôles de choses. Bref, c’est ce qui dérange !
Marème, par exemple, est une femme qui assume ouvertement son statut de « maitresse » aka de « tchiza », tandis que Racky, cette femme qui exerce un métier d’homme, ose dénoncer les abus dont elle a été victime. Avec ça, il y a Dior, cette femme trop indépendante ; Dialycka qui brave l’autorité parentale et Lalla…qui cache bien son jeu. Oui, un cocktail trop dur à boire pour les puristes.
Maîtresse d’un homme marié vient casser les codes habituels et traditionnels de la société sénégalaise. Elle donne la parole à des femmes qui se prononcent et qui dénoncent, des femmes qui n’ont pas peur d’être mises à l’index ou de ne pas correspondre aux attentes. Elles montrent des femmes qui veulent suivre leurs rêves, envers et contre tous.
Cette série, peut-être trop en avance sur son temps, montre un revers de la médaille de la société sénégalaise… et ça, naturellement, ça dérange.
Une série à multiples dimensions…
S’il est vrai que la série se passe à Dakar et que les contextes ne se ressemblent pas toujours, elle touche d’une façon ou d’une autre des réalités propres à l’Afrique.
Depuis que la série a commencé à être sous-titrée en français, une audience panafricaine s’est largement développée. De la Côte d’Ivoire au Togo en passant par le Cameroun et le Bénin, de plus en plus de personnes suivent avec attention l’évolution de la série de Marodi.
Chaque semaine, c’est avec passion que les internautes se signalent l’ajout de sous-titres sur les vidéos publiées sur Youtube avec le hashtag #MaitresseDunHommeMarié.
Elle suscite des débats sur des thèmes qui passionnent et abordent, enfin, certains sujets d’un point de vue féminin et authentique.
Je n’en suis qu’à l’épisode 25 et je guette avec impatience les épisodes à venir. Les rebondissements sont intéressants et le jeu d’acteur est plutôt bon. Maîtresse d’un homme marié est, à mon humble avis, une série à suivre. Elle casse les codes (oui, je l’ai déjà dit mais il faut le répéter), elle aborde des sujets sensibles et mesdames, le trio Cheikh-Birame-Moustapha est un régal pour les yeux. Ce n’est même pas discutable.
Plongez avec moi à la découverte d’un Dakar différent où derrière chaque porte se cache une histoire, un secret, des peurs et des joies.
* Nanga Deff : Bonjour
Niatala : C’est combien ?
Sandaga : Marché bien connu de la capitale sénégalaise.
AUDIO
"MACKY RISQUE DE CONCENTRER TROP DE POUVOIR"
Amsatou Sow Sidibé exprime des réserves quant au projet de suppression du poste de Premier ministre
Amsatou sow sidibé était invitée à l’émission Rfm matin, sur la question relative aux nouvelles réformes constitutionnelles, elle affirme ne pas constater la pertinence de la suppression du poste de premier ministre. “Les présidents qui ont eu à le faire l’ont regretté amèrement et se sont vite rabattus vers la nomination d’un premier ministre, Macky risque de se retrouver avec trop de pouvoir en bandoulière”, explique-t-elle.
“Le Sénégal regorge de compétences il doit songer à la concertation avant le dialogue, le Sénégal est le Sénégal de tous. Ce « Fast Track» incombe à tout le monde, lui seul ne peut pas réussir”. Amsatou Sow Sidibé propose un Comité d’Observation de la Concertation pour plus d’efficacité dans la gestion de la cité.
En ce qui concerne la nomination de l’ancien recteur du Coud au ministère de l’enseignement supérieur, l’universitaire pense que Cheikh Omar Hann devrait se faire faire une présomption d’innocence sur les faits graves qui lui sont reprochés par l’Ofnac avant d’être nommé ministre .
PAR Roger Ngoh Yom
PONT DE FARAFENNI, ET EN AFRIQUE CENTRALE ?
Les ponts de Ngueli et celui sur le fleuve Ntem entre Kye-osi au Sud Cameroun et Meyo-Kye au Nord du Gabon ont le même impact dans cette sous-région qui a encore du chemin à faire en matière d’intégration régionale
Le 21 janvier 2019, Farafenni, une petite bourgade de 36.000 habitants située dans la région du North Bank en Gambie, à proximité de la frontière sénégalaise, a fait l’actualité sur le continent avec l’inauguration du pont éponyme encore appelé pont Sénégal-Gambie.
La matérialisation de ce rêve vieux de cinquante ans permet de désengorger le réseau routier ouest-africain, de désenclaver la Casamance et développer les échanges commerciaux dans la sous-région. Long de 942 m, avec une largeur de 12 mètres pour une hauteur de 18 m, cet ouvrage a coûté 50 milliards de francs CFA (75 millions d’euros) principalement fournis par la BAD et son exécution a été portée par les deux pays, quoique entièrement sur le territoire gambien. La Gambie en assure d’ailleurs la gestion. Le pont de Farafenni est une des grandes charpentes du corridor devant relier Dakar à Lagos, capitale du Nigeria, en passant par Bissau et Conakry. C’est dire l’impact de ce type d’infrastructures.
En Afrique centrale, les ponts de Ngueli sur le lac Tchad, qui relie les villes de Kousseri à l’Extrême-nord du Cameroun et la localité de Ngueli à l’entrée de Ndjaména au Tchad, et celui sur le fleuve Ntem entre les villes de Kye-osi au Sud Cameroun et Meyo-Kye au Nord du Gabon ont le même impact dans cette sous-région qui a encore du chemin à faire en matière d’intégration régionale. Le premier est la plaque tournante des échanges entre le Cameroun et le Tchad et le Tchad et le Nigeria. Pareil pour le second qui contribue grandement à fluidifier les échanges entre le Gabon et le Cameroun et entre le Gabon et la Guinée Equatoriale.
Ce qui est jusqu’ici un gros point noir en la matière pour l’Afrique Centrale est très probablement en passe d’être résolu : le pont Kinshasa-Brazzaville. C’est en 1991 que le projet de construction d’un pont route-rail sur le fleuve Congo, reliant les deux capitales les plus proches du monde (entre 2,5 et 4 km séparent les deux villes selon l’endroit où on se trouve sur le fleuve) a germé. Sauf qu’il a pâtit de plusieurs tergiversations et même à un moment donné de la réticence de la RDC qui craignait de voir le port de Matadi perdre de sa compétitivité au profit de celui de Pointe-Noire au Congo qui aurait été le canal préférentiel des importateurs si jamais le pont était construit. Le pays a d’ailleurs à ce moment là conditionné la réalisation du projet à la construction d’un port en eau profonde à Banana, sur la côte de la RDC. Entre temps, beaucoup d’eau a coulé sous les ponts et en novembre 2018, en marge d’un forum sur les investissements organisé à Johannesburg, les deux pays ont signé un accord de financement avec la BAD pour la construction de cet ouvrage. Le coût estimé pour ce pont de 1,575 Km comprenant une route à quatre bandes, une voie ferrée et un trottoir est de 550 millions de Dollars US. Seul bémol à une éventuelle euphorie, la date des travaux qui n’est pas encore connue.
LE BUSINESS DU THÉ
Plus de 7000 tonnes ont été acheminées au Sénégal en 2018 pour un montant de 4,3 milliards de FCFA
Amateurs de thé, les Sénégalais l’ont bien intégré dans leur quotidien au point de le nommer « les trois services normaux » en référence aux trois pour une séance de « Ataya ». Un marché qui rapporte des milliards de francs CFA. C’est pourquoi l’importation a vite attiré beaucoup d’opérateurs économiques.
Le thé vert qui est le plus importé provient de la Chine.
C’est presque une habitude ou une tradition, prendre le thé en général après les repas. C’est parfois le prétexte pour se réunir et passer du temps en famille ou entre potes. Il est également présent dans presque toutes les cérémonies. Un commerce qui marche bien. En atteste toute la publicité autour de ce produit.
On en trouve à foison. Raison pour laquelle le Sénégal en importe beaucoup. Par exemple, 6285 tonnes de thé ont été importées en 2017 selon l’Agence nationale de la statistique et de la démographie. Cela représente une somme de 3,3 milliards de FCFA. La situation est en hausse de plus de 18% en 2018. Plus de 7000 tonnes ont été acheminées au Sénégal pour un montant de 4,3 milliards de FCFA.
Comme quoi, la consommation est en perpétuelle hausse. L’importation du thé est ainsi un gros business.