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27 juillet 2025
PAR ABDOUL MBAYE
APPEL AUX DÉPUTÉS DU PEUPLE
Refusez par dignité le jeu de cache-cache sur des questions aussi importantes que notre loi fondamentale et l’architecture institutionnelle de notre démocratie - Ce projet est d’abord fruit de tromperie et de ruse
Le Sénégal s’achemine en procédure accélérée vers la QUATRIEME modification de sa Constitution (notre loi fondamentale), en moins de sept (7) ans, sous le magistère de Macky Sall. Cela est indigne d’un système politique se présentant comme une démocratie.
Mais soyons réalistes : aujourd’hui seuls les députés de la coalition Benno Bokk Yakaar pourraient gêner ce funeste projet. Ils ne représentent certes que 49,47% des électeurs, mais ils détiennent la majorité nécessaire pour voter la révision de la Constitution du Sénégal. Parmi eux sont des patriotes, qui ont la conscience de ce qui se fait pour ou contre leur pays, pour ou contre leur peuple en faveur de quelques intérêts particuliers qui pourraient nuire à court, moyen ou long terme à la Nation sénégalaise.
C’est pourquoi je fais le choix d’adresser ce message à ceux d’entre eux qui savent qu’un député est d’abord, avant toute chose, parfois en dernier ressort, DEPUTE DU PEUPLE tout entier et non représentant de celui qui l’a mis sur une liste électorale, d’un parti ou d’une coalition de partis.
Le projet de cette quatrième révision de notre Constitution est funeste pour plusieurs raisons.
Il est d’abord fruit de tromperie et de ruse. Comment un élément aussi important du programme d’un candidat à l’élection présidentielle peut-il avoir été caché le temps de la campagne, puis annoncé et mis en œuvre trois jours après l’élection du candidat concerné ? Parce que le candidat savait qu’il aurait pu mettre en péril son élection. Parce qu’il savait que le peuple n’en était pas demandeur.
Il appartient au Député du peuple de sanctionner cette tromperie, pour que cela serve de leçon aux prochains candidats à toute élection, pour imposer le respect du peuple à tout candidat cherchant son suffrage !
Ce projet supprime le poste de Premier ministre et fait semblant de maintenir le Gouvernement comme une institution car un (ou plusieurs Premiers ministres ?) se serait montré lent à réaliser les directives présidentielles. Doit-on pour autant retenir que le vivier de grands cadres dont regorge le Sénégal ne permet pas le choix d’un Premier ministre compétent et efficace ? Nous n’avons pourtant jamais entendu le Président soutenir qu’il avait été lui-même un mauvais Premier ministre. C’est preuve que l’exception peut donc exister. Ce serait insulte à l’intelligence des Sénégalais que de soutenir le contraire. Par ailleurs lui a-t-il été impossible de donner directement des directives aux Ministres ? Lui a-t-il été impossible de trouver et conserver pendant cinq (5) ans un Premier ministre soumis et transparent en conformité avec sa méthode d’exercice du pouvoir? Bien sûr que non !
Il appartient au Député du peuple de refuser cet argumentaire qui ne tient pas, qui ne peut valoir face à un être doué de raison !
Sept (7) années de réalisations sont passées. Elles ont été présentées comme des années fastes et auraient permis la réélection de votre leader dès le premier tour. Mais alors
pourquoi pour cinq (5) nouvelles années remettre en cause l’équilibre institutionnel de notre pays et pour un avenir qui dépasse ce court terme de cinq (5) années ?
Député du peuple c’est là une autre faille dans l’argumentaire qui vous est présenté. A la station de responsabilité qui est vôtre, refusez par dignité le jeu de cache-cache sur des questions aussi importantes que notre Loi fondamentale et l’architecture institutionnelle de notre démocratie
Ce projet prépare enfin une grave crise politique qui viendra inéluctablement un jour. Les bonnes constitutions doivent prendre en compte ce type de risques susceptibles de plonger un pays dans le chaos. Par un faux semblant de rééquilibrage des pouvoirs après « suppression effective » du Gouvernement, il est proposé d’enlever au Président de la République le droit de dissoudre l’Assemblée nationale en contrepartie de celui qui lui est enlevé consistant à pouvoir faire tomber un Gouvernement. Pourtant ce droit a été nécessaire au Président Macky Sall en 2012, non pas pour accélérer la mise en œuvre de son programme, mais bien pour le mettre en œuvre. Le droit de dissolution est donc bien davantage justifié que celui de le supprimer. Par sa suppression, le Président Macky Sall propose par contre de créer un terrible piège, non pas seulement à un de ses successeurs, mais à notre Nation.
Député du peuple, vous ne serez peut être plus dans l’hémicycle ce jour là car il peut être lointain, mais vous aurez porté la responsabilité de ce qui arrivera : un Président élu par le peuple mais empêché de gouverner par une Assemblée nationale contrôlée par l’opposition. Crise institutionnelle ne saurait être plus grave.
Cependant, ce droit de dissolution pourrait être simplement caché par une ruse contenue dans l’article 52 qu’il vous importe de relire.
Honorables députés du peuple, la semaine prochaine, en procédure accélérée et dans une précipitation indigne, il vous sera demandé de voter pour ou contre une révision majeure de la Constitution de notre pays. Vous devrez faire le choix de ce qu’il y a de mieux pour l’avenir de notre Nation : sa stabilité institutionnelle, la prise au sérieux de notre Constitution, l’exigence de vérité lorsque l’on se trouve aux plus hautes fonctions dans notre pays, le respect du au peuple et à ses représentants à l’Assemblée nationale, le refus de voir les pouvoirs de notre Assemblée réduits et déplacés vers l’Exécutif à l’heure où ils devraient plutôt être renforcés, la prise en compte du futur de la Nation au delà des préoccupations d’un mandat de cinq (5) ans.
Si de nouveau vous abdiquez par un vote sans débats face à la procédure de changement de notre Constitution encore une fois accélérée, alors il ne nous restera plus qu’à constater le pas de plus accompli vers les gros dangers qui guettent notre cher Sénégal.
PAR Moussa Bèye
LETTRE OUVERTE À KHALIFA SALL
Les hommes politiques ne sont pas pareils - La preuve, tu ne cesses de nous l’administrer du fond de ta cellule, qui à l’évidence n’est pas ta place - Si la prison est un passage obligé, qu’il en soit ainsi !
Tu me permettras de te tutoyer, malgré l’immense estime que j’ai pour toi. Cela ne saurait en aucune manière être traduit comme un signe de manque de respect, ni comme une très grande familiarité. Je t’ai connu en trois lieux ou endroits différents.
D’abord, tu as été mon professeur. Ce que beaucoup de gens ignorent sans doute dans ton parcours. L’année où tu as été élu député pour la première fois et, le plus jeune député du Sénégal, tu étais mon enseignant. Et d’ailleurs, tu nous avais abandonnés en milieu d’année scolaire, nous laissant sans professeur d’histoire et de géographie pour un long moment d’ailleurs. Bref, c’était pour la bonne cause. Dans ce collège qui avait fini par porter le nom d’un prestigieux et grand dignitaire lébou Ousmane Diop Coumba Pathé, par ailleurs père de feu Mamadou Diop ancien Maire de Dakar. J’en garde encore un souvenir ému pour plusieurs raisons.
Quelques années après, je suis passé à ton bureau à l’Assemblée nationale, tu n’y étais pas et moi, je t’avais laissé une lettre, par laquelle tu répondras bien gentiment en me donnant un rendez-vous. Dieu a voulu que le même jour où la lettre était arrivée chez moi, nous nous sommes croisés comme par hasard devant l’Assemblée nationale. Tu m’as pris par la main, tu m’as encouragé avant de me recommander à des gens avec qui j’ai eu un cheminement exemplaire, riche et enrichissant humainement et intellectuellement.
Cette rencontre m’a amené à militer activement au MES. J’ai alors été amené à te côtoyer plus fréquemment et à apprécier déjà tes convictions fortes, ton sens du combat digne et noble, avec des armes stratégiques, conventionnelles et toujours, à la loyale, ton ouverture d’esprit aussi.
Me viennent à l’esprit des réunions de stratégies, de gestion de crise à la maison du parti et, certaines duraient jusqu’à 3h voire 4h du matin.
Je me souviens des stratégies discutées, élaborées et mises en œuvre pour lutter contre des partis politiques de l’opposition qui alimentaient aussi certaines grèves scolaires.
Pour dire que la crise scolaire n’a jamais été que des revendications estudiantines légitimes pour de meilleures conditions d’études.
J’ai appris par la suite, que ce n’était qu’une vision naïve, partielle et parcellaire de cette malheureuse crise qui dure depuis au moins 50 ans.
Les partis politiques de l’opposition de l’époque, utilisaient malheureusement les élèves et étudiants, l’école en générale, comme un moyen de lutter contre les gouvernements en place.
En face aussi, certains éléments du parti socialiste avaient intérêt, selon le professeur Iba Der Thiam, à ce qu’il y ait une crise scolaire. Il parait qu’un budget était disponible à tout moment pour régler ces conflits. Par conséquent, certains dignitaires pouvaient en profiter pour se sucrer le bec ou se faire bien voir par le vizir.
Ensuite, je t’ai suivi d’assez loin comme Maire de Dakar. Ah non, il y a eu les différentes étapes dans le parti Socialiste d’abord, puis dans le gouvernement. Le PS avait quand même le secret de fabriquer des destins dans un processus de maturation très honorable qui faisait qu’une fois aux responsabilités, la personne était fin prête à les exercer avec une connaissance des procédures et du fonctionnement de l’Etat. Ce qui avait l’avantage de nous épargner de ces destins « fast-track » de parvenus qui du jour au lendemain se retrouvaient à exercer parmi les plus hautes fonctions sans pour autant y être préparés, ni y être attendus d’ailleurs. Je persiste à croire que ces dérives que nous vivons relèvent en grande partie de ces usurpateurs, comploteurs et autres spécialistes des coups tordus…
Toi Khalifa, en accédant à ces charges, tu avais fini de faire tout ce parcours initiatique… Ton attitude et ton comportement l’ont amplement démontré. Tu y es arrivé en homme d’Etat. Sans le savoir, tu faisais peur. Dans ce nouveau Sénégal, figures-toi bien que la politesse, la bonne éducation, le fait d’être bien née, la droiture, l’attachement à des valeurs morales et éthiques ou même le simple fait d’avoir des convictions fortes et de s’y tenir font malheureusement partis des nouveaux délits. Seront-ils officiellement consacrés avec les nouvelles réformes fast track à venir ? « wait and see », comme disent les Yankees. Ce dont je suis sûr, c’est que tu n’as pas fait exprès.
Tu as su avec beaucoup de diplomatie et de tact, éviter les pièges qui t’étaient tendus. Mais, il semble que tu as commis des crimes, le dernier ou plutôt l’un des derniers, est d’avoir battu une certaine première Ministre à des élections municipales de 2014. Ainsi, tu as mis à nu ses carences tant politiques, stratégiques qu’intellectuelles pour ne citer que celles-là.
Malgré ton expérience, ta longévité politique, ta connaissance de l’Etat et de ses rouages, tu ne pensais certainement pas que ces gens-là pouvaient descendre aussi bas. Eh bien, moi non plus. Même dans nos rêves les plus fous, il nous était interdit de penser que l’on puisse utiliser les moyens de l’Etat, la puissance publique à des fins aussi viles. Et surtout que le Sénégal continue de tourner comme si de rien n’était. J’en reste encore interloqué.
Sans trop rentrer dans les détails qui t’ont amené là où tu te trouves présentement, aucune personne douée d’un minimum de lucidité, ne peut dire en toute honnêteté que c’est ta place. Bien au contraire, n’ont-ils pas entendu l’avertissement de Michel Chartrand « Quand les bandits sont au pouvoir, la place d’un honnête homme est en prison ». Cette assertion, retrouve tout son sens et s’applique pertinemment à ton cas. Khalifa, tu es victime d’une lâcheté ignoble. C’est vrai que la tendance est de glisser discrètement sous le tapis tout ce qui peut être gênant, une grande partie de notre dignité également. Le nivellement par le bas a atteint des sommets dans ce pays. Et d’ailleurs, la première fois que j’ai écris sur toi, une amie respectable, courageuse dans ses idées et constante dans ses positions m’avait interpellé en ces termes « où était Khalifa pendant qu’on emprisonnait Karim Wade ? ». J’avoue que son interpellation, au-delà de m’avoir secoué sérieusement et profondément, a sonné en moi comme un appel à lutter contre l’injustice d’où qu’elle vienne. Si toutefois nous voulons être cohérents avec nous-mêmes et, surtout combattre la justice ou même l’injustice à géométrie variable. Juste pour dire que rester insensible à l’incendie chez le voisin, n’est pas juste que lâcheté, mais ignorer les menaces qui pèsent sur sa propre demeure.
Ton kidnapping prolongé n’est malheureusement qu’une preuve supplémentaire que parler d’Etat de droit en ce qui concerne le Sénégal, est une insulte à notre intelligence … pas que d’ailleurs. Dans cette cascade de viols répétitifs en série et, circonstance aggravante en bande organisée. Les acteurs sont bien identifiés, parmi eux, figurent en bonne place certains membres de la magistrature, qui n’ont sans doute pas entendu Philippe Bilger proclamait « Les médiocres de la magistrature, quand ils se coalisent, ont un pouvoir de nuisance absolu ». Dans leur entreprise macabre, ils ont ainsi cédé, le mot est faible, aux caprices d’un chefaillon quitte à devancer ses sinistres désirs. Ont-ils eu conscience des véritables dégâts, pour ne pas dire des coups de poignard portés dans le dos de cette noble institution judiciaire ? Ont-ils pensé à leurs collègues qui se défoncent au quotidien, au prix de sacrifices énormes afin de garder la face noble de cette justice du quotidien ? Loin de nous l’idée de vouloir jeter l’opprobre sur tout un corps. Je suis intimement convaincu qu’elle recèle de grands serviteurs, des professionnels aguerris, rompus à la tâche, des hommes et femmes éprouvés avec le sens de la justice … Et c’est dommage qu’on ne parle que des trains qui arrivent en retard. Quand bien même pour ce retard-là, son ampleur est d’une magnitude digne des plus grands séismes. Et cela suffit à entamer tout un discrédit sur une corporation malheureusement. Toute proportion bien gardée.
Khalifa, je compatis sincèrement à la douleur de ta famille, de tes enfants qui vivent des situations indues, injustes et intenables. Et cela, juste parce que leur père, mari a tenu à rester un homme honorable. Dans son allocution prononcée à l’occasion de la mort de son ancien premier ministre, Pierre Bérégovoy, le président François Mitterrand disait à juste raison ceci : « Toutes les explications du monde ne justifieront pas qu’on ait pu livrer aux chiens l’honneur d’un homme… », en espérant vivement que la fin soit plus heureuse pour toi. Quel signal nous envoyons à ceux-ce qui veulent défendre l’Etat, la république, ses principes sacro-saints, une certaine idée de faire de la politique, de défendre le bien commun, public ?
Le temps est venu pour nous de donner des signaux forts à toutes ces personnes, le patriotisme chevillé au corps, la morale en bandoulière, l’éthique comme carburant pour avancer dans la vie. L’égoïsme a atteint des sommets dans ce pays, la lâcheté aussi. Nous ne devrions pas en être fiers. Hier Karim Wade, aujourd’hui Khalifa Sall, demain Ousmane Sonko ? Et qui d’autre après demain ?
Je persiste ici encore à penser que la question n’est ni juridique ni judiciaire. Même si au demeurant, la justice a été tristement et scandaleusement utilisée afin de valider un désir insensé. Cruellement, la justice a été instrumentalisée aux seules fins d’entériner une vile aspiration. Si certains magistrats n’ont pas eu le courage de refuser d’exécuter un ordre manifestement illicite et illégal, il ne faut pas après venir crier avec les loups. Et vous voulez qu’on vous respecte ? « Un magistrat n’a pas plus de droit que n’importe quel citoyen. Au contraire, parce qu’il lui appartient de faire respecter la loi, il doit être le dernier à pouvoir y contrevenir. Question d’éthique, pour ceux auxquels il en reste », écrivait Éric de Montgolfier.
Ils se sont donnés tous les droits, quitte à être incohérents devant des avocats, discrédités à jamais au regard de l’opinion publique. Des avocats qui ont fini par déposer les armes, ne plus agir face à une si grosse farce et des citoyens outrés et dégoutés. Le sentiment dominant est le dégout !
Une justice qui arrive à être toujours faible devant le fort et féroce devant le faible. Malgré vos statuts, grades et fonctions, vous avez irrémédiablement perdu notre estime. Vous avez ainsi « … perdu les repères éthiques indispensables à l’exercice des fonctions de magistrat en même temps que tout crédit juridictionnel à l’égard des auxiliaires de justice et des justiciables »
Khalifa, ton incarcération reste une honte pour le pays de feu Kéba M’Baye, mais encore plus pour notre système judiciaire, qui globalement, l’endosse pitoyablement, un véritable marchepieds. Honte à vous ! A force de vouloir persévérer dans cette voie, n’avez-vous pas peur qu’un jour, que j’espère proche, que des ressorts sautent ? Vous serez alors mis en face, non plus du miroir intime de vos petites consciences, mais du vrai juge.
La brutalité, n’est pas toujours une affaire de force, de torture physique, d’exécution sommaire. La brutalité, c’est aussi utiliser des pouvoirs régaliens afin d’exécuter de basses besognes. La brutalité c’est empêcher des enfants d’accéder à leur père, la brutalité c’est d’empêcher une femme d’être aux côtés de son mari, la brutalité c’est d’empêcher, mais surtout de torturer psychologiquement une veille femme qui a passé sa vie à inculquer de bonnes valeurs à son fils, de pouvoir le serrer dans ses bras…. Cultivons cette mentalité de la tolérance qui est le fondement de cette Nation, au lieu de semer cette fâcheuse mentalité de représailles, de méchanceté au risque de tout détruire !
Après, c’est facile de venir plastronner, déclamer à qui veut l’entendre, que force restera à la loi. Non mais allô quoi… Quelle est la portée d’une loi injuste, manifestement illicite, illégale en plus d’être cynique ?
Encore qu’ici, ce n’est même pas la loi qui est en cause, mais son application, vicieuse et tendancieuse… et ridicule pour ne pas dire plus.
Avant le droit ou des juristes tordus, nous avons besoin de citoyens honnêtes, équilibrés avec le sens humain des normes sociales civilisées.
« Les fonctions régaliennes exigent que ceux qui les exercent soient respectés. L’évolution de la société a sensiblement modifié le respect qu’on leur porte désormais. Il était acquis et voici qu’il faut maintenant que ceux qui y prétendent fassent la preuve qu’ils les méritent. On est respecté que si on est respectable ».
J’entends souvent parler de réformes de la justice avec une insistance sur le fait de sortir le président du Conseil Supérieur de la Magistrature. Mais comment donner une aussi grande liberté à des gens qui ont montré leur appétence à la soumission ? Assurément, rien de ce qui nous a était donné de constater n’est rassurant pour militer en faveur de cette option.
Et pourtant Khalifa, mon intime conviction me dit que tu as eu l’occasion de transiger, d’accepter un deal qui aurait rassuré tous ceux pour qui ton existence constituait dans leur sinistre et cynique calcul, une menace. Tu n’es pas du genre à sacrifier, ni tes convictions ni tes camarades encore moins ton amour pour l’Etat, pour la république. Accepter un deal politique qui t’aurait épargné de subir cette foudre rancunière. C’était aussi une façon de plonger dans ce qu’il y a de plus trash dans la politique, mais comme tu es noble, tu es digne, tu es fier, cette fierté qu’on ne retrouve plus facilement dans ce monde de brutes, de cynisme et de trahison… Tu es resté socialiste dans toute sa splendeur, toute la noblesse qui véhicule avec elle les idéaux humanistes ... Une transaction qui t’aurait permis de faire d’une pierre deux coups : envoyer tes ennemis à l’interne à une retraite définitive, voire à la mort politique, et rester en liberté auprès de tes familles biologique et politique. Cette dernière aurait subi par la même occasion une OPA. Et d’ailleurs la seule fois où je t’en ai véritablement voulu, c’était quand tu avais décliné l’offre d’Aissata. En effet, vous aviez eu l’occasion de reprendre le PS à la régulière. L’histoire politique du Sénégal aurait pris une autre tournure. Mais enfin ... Avoir des principes a aussi un prix, y compris celui de subir une humiliation historique dans sa bassesse et son mode exécutoire.
Je déteste entendre certains de nos compatriotes y compris des analystes politiques chevronnés, dire que tous les hommes politiques sont pareils. Cela a le don de me hérisser les poils. Nous devons récuser ce qui est au mieux une paresse intellectuelle, un manque de courage et au pire, une lâcheté. Non, ils ne sont pas tous pareils, la preuve tu ne cesses de nous l’administrer du fond de ta cellule, qui à l’évidence n’est pas ta place. J’ose espérer que tu la gardes bien au chaud pour les véritables et légitimes ayants droit.
Pour terminer Khalifa, juste un petit rappel qui je n’en doute pas, aura son pesant d’or. Nelson Mandela parait-il, n’a jamais perdu sa dignité, il a toujours été ce dirigeant, ce leader, qui luttait du fond de sa cellule avec ses amis. Si la prison est un passage obligé, qu’il en soit ainsi ! Louons alors d’ores et déjà tes persécuteurs.
Ps : Je saisis cette occasion pour rendre hommage à nos amis disparus, Mohamed Seck (Hezbollah) et Jacques Tissera. Deux amis aux destins exceptionnels. Paix à leurs âmes.
Au 21e siècle, on reste encore surpris par le poids de ce que l’on appelle « les races » sur les relations sociales. Le titre d’un article récent publié par le New-York Times en fait preuve : « Qui a peur de la fin de la domination blanche ? »
Un débat sur les « races » dans le monde et sur le continent africain avec Séloua LUSTE BOULBINA (Philosophe et spécialiste du post-colonial), Doudou DIENE (Spécialiste des formes contemporaines du racisme), Louis-Georges TIN (Président honoraire du Conseil Représentatif des Associations Noires) et Théophile OBENGA (Égyptologue, linguiste et historien).
par Saouti Haïdara
LE MALI MALADE DE SON PRÉSIDENT
Dès sa prise de fonction, en septembre 2013, le président quasi plébiscité a révélé une propension au laxisme - Avec le temps, elle s’avèrera être un trait de caractère à l’origine de tous les malheurs qui frapperont le pays
Nicolas Sarkozy s’est vu attribuer le sobriquet de » président hyperactif » parce que ce bout d’homme débordant d’énergie était constamment sur tous les dossiers importants en France, en Europe, dans le monde. Au point d’empiéter sur les plate-bandes de son Premier ministre voire de ses ministres.
Brillamment reconduit à la magistrature suprême du Sénégal, Macky Sall a décidé de supprimer le poste de Premier ministre. Il cumulera désormais les fonctions de président de la République et celles de chef de gouvernement. Ceci pour donner plus de chance de succès à son Plan Sénégal Emergent (PSE) durant son second et ultime mandat de cinq ans qu’il vient d’entamer.
Le président Alassane Ouattara a doté l’exécutif ivoirien d’un vice-président ( Daniel Kablan Duncan) en plus du Premier ministre Amadou Gon Coulibaly. Cela ne l’empêche pas de suivre de très près tous les dossiers sensibles notamment ceux relatifs à la transformation de l’agriculture, à l’industrialisation, aux infrastructures pour propulser la Côte d’Ivoire dans le club des pays africains émergents en gestation.
Nous serions heureux et fiers d’en dire autant de notre président IBK. Hélas ! Nous ne le pouvons faute d’arguments. L’affligeante réalité qui s’impose à nous, comme à des millions de nos concitoyens, c’est que IBK, au lieu d’être le remède tant espéré pour remettre sur pied et redonner vigueur au grand malade qu’est le Mali, est devenu un facteur d’aggravation de son mal.
Dès sa prise de fonction, en septembre 2013, le président » quasi plébiscité « a révélé une propension au laxisme. Avec le temps, elle s’avèrera être un trait de caractère à l’origine de tous les malheurs qui frapperont le Mali. L’homme censé réunifier le pays et le libérer de l’hydre terroriste n’arrive sur son lieu de travail à Koulouba qu’à partir de 11 heures, midi voire 13 heures. La session du Conseil des ministres, qui se tenait depuis 53 ans chaque mercredi, a lieu désormais de façon irrégulière et sur une périodicité de plus en plus espacée, au gré de l’humeur et de la disponibilité du chef de l’Etat plus fréquent à l’étranger que chez lui.
C’est dire le peu de cas qui est fait des affaires nationales dans un environnement de détresse.
Une fois son Premier ministre nommé, le président considère avoir accompli son devoir constitutionnel. C’est à l’heureux promu de s’occuper du reste, de tout le reste. Le voici donc propulsé au rang de seul et vrai patron de la République.
Il la gère comme il l’entend avec les moyens en sa possession, qui ne sont pas toujours à hauteur de souhait. Et le président n’exerce pas toujours son pouvoir de contrôle ni ne procure les moyens souhaitables. Au chef du gouvernement de se démener comme un beau diable pour se tirer d’affaire.
Ainsi nos concitoyens étaient sidérés de constater, lors de la grève de 37 jours du personnel de la santé en 2017 qui a accusé des décès supplémentaires dans les hôpitaux, que le président IBK se tenait loin en retrait, comme s’il n’était nullement concerné par la tragédie qui se jouait. Lors de » la grève illimitée « (elle durera une centaine de jours) des magistrats qui suivra en 2018, il aura fallu une vigoureuse campagne d’opinion pour que le président IBK sorte de sa torpeur. Et plutôt que d’apparaître comme un recours pour aller à l’apaisement, il a opté pour la démarche contre-productive d’appuyer son Premier ministre dans le rejet des doléances des grévistes.
Depuis quatre mois, la nième grève des enseignants pour réclamer des primes de logement que le gouvernement leur refuse pour manque de ressources menace de conduire l’école à une nouvelle année blanche. Que croyez-vous que le président fait ? Il se tait et observe la scène. Impassible.
Enfermé dans sa forteresse de Sébénicoro, IBK n’entend pas les suppliques des mères de familles ne supportant pas voir leur progéniture trainer à la maison plutôt que d’aller étudier. Il ne perçoit pas non plus les cris de colère des enseignants qui ne veulent plus être la lanterne rouge des couches laborieuses maliennes.
En France, lorsque les conflits sociaux s’exaspèrent, l’Elysée n’hésite pas à intervenir pour tenter de leur trouver un dénouement acceptable. Tel devrait être le cas chez nous.
IBK déclarait, il y a peu, que lorsqu’on exerce le pouvoir, l’on est forcement bien renseigné. L’on s’en doutait. Il doit donc savoir que les recettes fiscales perçues sur l’or exploité au Mali sont passées de 48 milliards de FCFA en 2016 à seulement 8 milliards de FCFA en 2018 alors que la production du métal jaune n’a cessé d’augmenter.
Où sont donc passées les dizaines de milliards qui ont manqué à l’appel ?
Ce n’est pas tout. Durant la période considérée, aucun dividende n’a été versé à l’Etat pourtant actionnaire à hauteur de 20 % dans les sociétés exploitatrices de l’or. Où est donc passé le pactole qui devait lui revenir ?
Ces dernières informations sur l’or sont extraites de la motion de censure qui devait être soumise aux députés pour faire tomber le gouvernementSoumeylou Boubèye Maïga. Avec la démission anticipée de ce dernier, le texte n’a pu être diffusé à la télévision nationale comme prévu. Nous vous le proposons en intégralité dans cette édition. Un réquisitoire accablant. Pas seulement pour le Premier ministre sortant. Mais surtout pour le président de la République lui-même qui n’a pas été à la hauteur de sa mission.
Dakar, 25 avr (APS) - La cinéaste franco-sénégalaise Mati Diop, dont le long métrage ’’Atlantique’’ fait partie des films retenus pour la compétition officielle de l’édition 2019 du Festival de Cannes (14-25 mai), perpétue un héritage culturel transmis par sa famille dont certains membres ont accédé à une notoriété qui a contribué à la renommée du Sénégal sur la scène internationale.
Mati Diop a de qui tenir, avec un père musicien, Wasis Diop, compositeur atypique devenu un auteur inventif de musique de films, et un oncle comédien, scénariste et réalisateur. Un cinéaste africain marquant de sa génération, bien qu’il soit un peu moins connu que ’’le père des aînés’’, Ousmane Sembène, véritable icône du cinéma sénégalais.
Avec Wasis Diop et Djibril Diop Mambety, Mati Diop a pu compter sur deux modèles, deux pères spirituels caractérisés par un génie incontestable, inclassable parfois, sauf à rapporter leurs œuvres dans la quête d’un humanisme qui s’inspire de la culture pour dire l’homme : lire la société.
La réalisatrice-autodidacte a de cette manière naturellement trouvé ses marques au sein d’une famille qu’elle n’a pourtant véritablement découverte que dix ans après la mort de son oncle, en 2008. Elle marche depuis sur les pas de cet oncle sélectionné en compétition officielle à Cannes en 1992, avec son film "Hyènes", une œuvre lointainement inspirée d’une pièce du dramaturge suisse Friedrich Dürrenmatt, dans laquelle il est notamment question d’argent.
Ce long métrage culte met en scène une richissime vieillarde, Linguère Ramatou, revenue dans son village d’origine, nommé Colobane, comme le quartier de Dakar qui a vu naître le réalisateur. Il se dit qu’elle a fait fortune dans de lointains pays étrangers, elle-même se disant aussi fortunée que la Banque mondiale, naturellement tout le monde espère qu’elle dispensera ses faveurs à la population locale.
Le maire lui-même démissionne, laissant la place à Draman Drameh, un ancien amoureux de la dame, pour l’inciter à être encore plus généreuse. Mais, si Linguère Ramatou est de retour au bercail avec ses milliards, c’est pour se venger de ses anciens concitoyens qui veulent son argent, oubliant qu’ils l’ont jadis abandonnée à son sort. Elle avait été obligée de quitter le village, puis de se prostituer, après que ledit Draman a refusé d’admettre qu’il l’avait mise enceinte.
Ce film renseigne, comme nul autre, sur la puissance poétique et l’humour de son cinéma, une maîtrise de l’art de la narration se traduisant par des messages profonds et un regard lucide sur les travers de la société. Dans ce même sillage, par le biais d’une succession symbolique, Mati Diop a réalisé en 2013 un moyen métrage documentaire intitulé "Mille Soleils", prolongement du chef-d’œuvre "Touki Bouki" (Le voyage de l’hyène) de Djibril Diop Mambety, produit en 1972.
Elle se lance dans ce film sur les traces de Magaye Niang, Mory dans "Touki Bouki’’, et de Anta, actrice principale du film qui vit désormais en Alaska, aux Etats-Unis. ’’Touki Bouki’’ traite en effet de la déchirure d’une société dont tous les membres sont écartelés entre racines et fascination pour l’ailleurs.
Mory, un berger venu à Dakar vendre son troupeau rencontre Anta, une étudiante à l’université. Ensemble, ils chevauchent une moto montée avec le crâne d’une vache (une image empruntée par les stars américaines, Beyonce et Jay-Z), et rêvent de partir en France, de quitter le Sénégal et l’Afrique. Tous les moyens sont bons pour trouver l’argent pour le voyage. Mory vole des vêtements et de l’argent d’un riche homosexuel qui l’avait invité chez lui. Mais au moment de partir, Anta prend le bateau pour l’Europe et Mory reste et retourne à ses racines.
Après ’’Mille Soleils’’ qui s’inspire de ’’Touki Bouki’’, Mati Diop récidive dans le même esprit avec "Atlantique", son premier long métrage portant sur une histoire d’amour avortée par le départ d’un jeune homme en mer et les difficultés rencontrées par sa bien-aimée, restée à terre.
Un parallélisme pour une réflexion sur le temps qui passe, et non un hommage à Djibril Diop Mambety, si l’on en croit la réalisatrice. Un subterfuge qui permet à la cinéaste de parler entre les lignes d’amour et de politique.
"J’ai voulu, à travers +Mille Soleils+, parler du temps et expérimenter les formes entre le réel et la fiction", une manière de montrer à quel point la réalité à rattraper la fiction, explique Mati Diop, en réponse à ceux qui présentant ce film comme un hommage à son oncle décédé en 1998.
LE BLOG DE NIOXOR TINE FÊTE DIX ANS
Cette plateforme s’est positionnée comme un ardent défenseur des thèses portant sur la souveraineté nationale, la refondation institutionnelle et la responsabilisation citoyenne - Un panel est prévu pour célébrer l'événement - COMMUNIQUÉ DE PRESSE
SenePlus publie ci-dessous, le communiqué daté du 25 avril 2019, marquant la célébration du dixième anniversaire du blog de Nioxor Tine.
"Le blog de Nioxor Tine est né le Jeudi 07 juillet 2009, quelques semaines après la cérémonie de clôture des Assises Nationales du Sénégal. Ce n’est donc point un hasard, si tout au long de cette décennie, ce blog s’est positionné comme un ardent défenseur des thèses portant sur la souveraineté nationale, la refondation institutionnelle et la responsabilisation citoyenne.
L’accession en mars 2012 de Macky Sall au pouvoir avait pu susciter des espoirs quant à l’application des conclusions les plus pertinentes issues de ces Assises Nationales. Mais après plusieurs années de louvoiements et de tergiversations, le président Macky Sall a fini, par concéder,à la veille du dixième anniversaire des Assises Nationales, que les conclusions des Assises n’étaient ni la Thora ni la Bible, ni le Coran.
Cette non-application des réformes institutionnelles venues à maturité a engendré une gouvernance calamiteuse, qui a exacerbé les tares inhérentes à notre système politique et brillamment diagnostiquées par les initiateurs des Assises. Il s’agit essentiellement du clientélisme politique et d’un leadership autoritaire voire despotique se traduisant par des atteintes aux droits des citoyens et aux libertés démocratiques, par la judiciarisation de la vie politique et par l’instrumentalisation du système judiciaire et de la manipulation du processus électoral.
Mais à côté de cette thématique citoyenne et politique, le blog a également abordé la question des droits économiques et sociaux des Sénégalais mis à mal par une gestion peu vertueuse de notre économie, dominée par les puissances étrangères (surtout la France). Là également, les prétendues mesures de réduction du train de vie de l’État, ne semblent avoir qu’une visée cosmétique et de dissimulation du prochain ajustement structurel, que certains économistes annoncent pour bientôt.
Enfin, le blog traite de certains aspects de la politique de santé de notre pays.
Pour discuter de toutes ces questions, Dr Dialo DIOP, médecin et homme politique va animer un panel comprenant :
Mme Lika Sidibé, journaliste,
Dr Cheikh Atab BADJI, médecin, politiste et
Dr Mohamed Lamine LY, médecin et animateur du blog de Nioxor Tine.
La manifestation aura lieu le samedi 04 mai 2019, à ENDA-Tiers Monde, à 10H"
L’audition des 21 témoins a démarré, ce jeudi, à la chambre criminelle de Mbour. Ce, dans le cadre du procès ouvert sur le double-meurtre de Médinatoul Salam. Et dans la matinée, c’est le témoignage de Khady Penda Fall, mère de la victime Ababacar Diagne, qui a captivé l’attention de l’assistance, rapporte Iradio.
Elle raconte que le jour du drame, son fils n’avait pas passé la nuit chez lui. Et quand elle a appris, sur les ondes d’une radio, que deux personnes étaient portées disparues dans les rangs des "thiantacounes", elle a subitement appelé l’un des amis d’Ababacar Diagne, tard dans la nuit.
«Espérons que Ababacar n’ait pas subi le même sort que bon nombre de disciples qui disparaissent subitement, de façon inexplicable», lui a répondu ce dernier. «Ce sont des "thiantacounes" qui conduisent ces personnes loin des regards. Et ces personnes ne reviennent pas», indique l’interlocuteur de Khady Penda Fall.
A la barre, elle avoue qu’elle a appris, depuis très longtemps, qu’un groupe d’individus, surnommé les “commandos de Cheikh Béthio”, exécute des gens sans remord. Et pourtant, Penda Fall précise qu’elle n’a jamais voulu que Ababacar Diagne intègre les rangs des "thiantacounes", à fortiori le groupe des "commandos de Cheikh Béthio".
Ousmane Sow, frère de Bara Sow, l'autre victime, indique que ce dernier jouissait de toutes ses facultés mentales. Mais, quand il a intégré les rangs des "thiantacounes", il avait totalement changé. Il a même abandonné la prière prétextant que c’est son guide, Cheikh Bethio Thioune, qui lui a donné la garantie qu’il irait au paradis. Ce qui le dispensait de la prière, disait-il. Il précise, cependant, que Bara Sow, de son vivant, avait bien mémorisé le Saint Coran.
LA CEDEAO VEUT REDUIRE LE TAUX DE CHOMAGE, L’EXODE RURAL ET L’EMIGRATION INCONTROLEE
La CEDEAO, à travers un atelier ouvert, hier, à Dakar, s’est lancée dans un projet d’employabilité des jeunes dans le secteur agro-sylvo-pastoral, pour réduire le taux de chômage, l’exode rural et l’émigration incontrôlée.
Le Département Agriculture, Environnement et Ressources en eau de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), en partenariat avec la Confédération Suisse, a tenu, hier, à Dakar, un atelier régional de validation technique de la stratégie d’appui à l’employabilité des jeunes dans le secteur agro-sylvopastoral et halieutique. Cet atelier, qui a vu la participation des acteurs de la CEDEAO, s’étale sur quatre jours et entre dans une perspective de lutte contre l’exode rural et l’émigration incontrôlée dans l’espace CEDEAO. Ce, pour offrir des emplois et des revenus aux jeunes. Le Directeur de l’Agriculture et de l’Equipement rural de la commission de la CEDEAO, Alain Sy Traoré, a estimé que «le chômage massif limite la participation des jeunes qui constituent la force vive au processus du développement économique et social de nos pays. Et par conséquent, des communautés économiques régionales. En effet, 30% seulement des 3 000 000 de jeunes qui arrivent chaque année sur le marché du travail parviennent à accéder à un emploi décent. Et ce sont 2 100 000 jeunes qui sont laissés sur le carreau, exposés à tous les risques». «Aujourd’hui, on a un investissement global de près de 950 millions de dollars cumulés, rien que sur les projets régionaux. Les pays ont des milliards d’investissement dans ce secteur. Ce n’est peut-être pas suffisant. Mais, dit-il, il y a encore des défis, des challengers. Il y a une cruelle volonté dans les avancées significatives dans ce secteur».
«La stratégie, c’est déjà endogène, très inclusive, très participative»
En termes d’employabilité dans le secteur agricole, a fait savoir M. Traoré, «le Sénégal, c’est l’exemple typique. Il y a au moins 4 agences qui font la promotion de l’emploi des jeunes. Ça montre une volonté politique. Le fait d’avoir une structure spécifiquement dédiée, pilotée par le ministère de l’Agriculture, nous pensons au niveau de la CEDEAO, que c’est un cas d’expérience, une bonne pratique, avec des chiffres probants que nous voulons, avec la stratégie mise en œuvre, partager avec les Etats. Et les Etats qui le souhaitent vont s’embarquer là-dedans pour avoir plus d’impacts. Le plus important aujourd’hui, c’est d’avoir un impact massif». «Tout le monde dit que 70% de la population est jeune et 50% d’entre eux n’ont pas d’emploi. Si on ne fait que les petites expériences isolées, cloisonnées et qu’on ne démultiplie pas les efforts pour un impact massif, on n’aura pas les résultats escomptés. Et on sera toujours spectateurs des drames que nous voyons à la mer, à l’océan. Je pense que la stratégie, c’est déjà endogène, très inclusive, très participative», a-t-il explicité.
Présidant la rencontre, au nom du ministre de l’Agriculture et de l’Equipement rural, le Secrétaire général dudit département, Dogo Seck, a souligné :«Au Sénégal, l’emploi des jeunes constitue une priorité. Des résultats réels et des perspectives certaines existent. Il y a aucun doute que de nombreux emplois vont s’ouvrir dans le secteur agro-sylvo-pastoral et halieutique qui crée 35% de la richesse régionale, apporte 80% des biens alimentaires et occupe plus de 50% de la population. Ceci permettra d’apporter des revenus supplémentaires, rémunérateurs à nos jeunes et de lutter contre l’exode rural et l’émigration». D’après lui, «il faut alors poursuivre les efforts en cours pour intensifier les investissements dans l’agriculture, afin de relever les défis de la sécurité alimentaire et nutritionnelle, d’éradication de la faim, de réduction de la pauvreté».
1,5 MILLION D’ENFANTS ET DE JEUNES SONT HORS DE L’ECOLE
Selon Moussa Mbaye, le Président du conseil d'administration de la COSYDEP, «47% des enfants, soit 1,5 million d’enfants et de jeunes sont hors de l’école. Et 27% des scolarisés sont en situation de risque de décrochage
La Coalition des organisations en synergie pour la défense de l'éducation publique (COSYDEP), en partenariat avec l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO), a tenu, hier, à Dakar, un atelier sur la cartographie et revue des principales initiatives des OSC en faveur de la qualification/certification des jeunes analphabètes, non scolarisés, déscolarisés. Prenant part à la rencontre, Moussa Mbaye, le Président du conseil d'administration de la COSYDEP, a révélé que «47% des enfants, soit 1,5 million d’enfants et de jeunes sont hors de l’école. Et 27% des scolarisés sont en situation de risque de décrochage comme le pointent certaines études, dont celles réalisées par l’USAID et la COSYDEP en 2017». «Avec un taux brut de scolarisation de 87,30% en 2017, pour seulement 61,82% comme taux d'achèvement à l’élémentaire, le constat est évident qu’une frange importante de la jeunesse est laissée dehors de l’école, a t-il dit. Cette situation est confirmée par le taux d'achèvement au moyen qui était de 34,85% en 2017». Pour lui, «la formation professionnelle ne doit plus être perçue comme une école de seconde chance. Au contraire, elle doit être accessible à tous. Des efforts sont donc à envisager, conformément à la cible 4.5 de l’ODD 4 (Objectif de développement durable 4). Car, à ce jour, le taux de transition du cycle fondamental à la formation professionnelle et technique est faible. Il est de 7,69% en 2017. Cela, tout comme celui de l'accroissement des effectifs de l’EFPT (Ecole de formation professionnelle et technique) qui est de 12,5%».
A cet effet, souligne M. Mbaye, «sur la base de ces constats, et fidèle à sa mission de force de contribution à la politique d’éducation et de formation, la CODYSEP, en partenariat avec l’UNESCO, s’est engagée à réaliser une cartographie des principales initiatives des OSC (Organisations de la société civile) en faveur de la qualification/certification des jeunes non scolarisés, déscolarisés et analphabètes, ainsi que l'analyse de leur pertinence par rapport au marché de l'emploi». Quant à Sidy Sam, directeur du Centre national des ressources éducationnelles du ministère de l’Education nationale, il a expliqué : «Le ministère est très concerné par cette initiative de la COSYDEP, en ce sens qu’il contribue à l’inclusion d’une partie de la jeunesse de notre pays dans le système éducatif et dans la formation». «Cette cartographie a montré que, d’une manière insoupçonnée, les organisations de la société civile, de leurs propres initiatives, prennent en charge la jeunesse», a-t-il confié, faisant savoir que «les phases d’éductions, notamment d’alphabétisation qui concerne les ministères de l’Education nationale et de la Formation professionnelle, ce qui implique tout le secteur de l’éducation». «L’Etat du Sénégal est dans une démarche d’inclusion. Et ces ministères sont en train de mettre en œuvre la politique de l’Etat en matière d’inclusion. Donc, cette initiative vient renforcer la synergie que tous les acteurs doivent avoir pour la prise en charge de la jeunesse et aussi des catégories vulnérables», conclut-il.