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8 août 2025
«LE MESSAGE QUE WADE AVAIT DELIVRE …»
Kalidou Diallo a été le dernier ministre de l’Education du régime dirigé par Abdoulaye Wade (2000-2012). Il revient sur l’ambiance de la dernière réunion du Conseil des ministres présidée par l’ancien président, après la défaite de 2012.
Comment avez-vous vécu le dernier Conseil des ministres présidé par Abdoulaye Wade en 2012 ?
Notre dernier Conseil des ministres de 2012 et celui de l’actuel gouvernement qui aura lieu demain (aujourd’hui) sont différents. En 2012, nous avions un changement de régime. D’abord, dès qu’il y a eu un deuxième tour, il y avait des doutes. On s’attendait à cette défaite. Les élections ont eu lieu le 25 mars. Le pouvoir a été complètement perdu au profit du président, Macky Sall. Et le dernier Conseil des ministres a eu lieu le 28 mars. Beaucoup de personnes comme moi avaient déjà avalé la pilule. De mon point de vue, ce n’était pas la fin du monde, parce que sur le plan personnel, j’ai pensé avoir servi l’Etat pendant un certain nombre d’années. J’étais très satisfait de mon bilan dans l’éducation. D’autant plus satisfait que dès que nous avons terminé ce dernier Conseil des ministres, j’ai déposé mon rapport bilan du secteur de l’éducation, notamment les réalisations qui ont été faites et les perspectives, le même jour, à 18 heures. Nous avons reçu les Conseils et les orientations du président demandant aux ministres d’appuyer le présidentMacky Sall. Lorsque le président Sall m’a reçu une année après, le 25 mars 2013 au palais, nous avions discuté de ce rapport. J’ai passé mon dernier Conseil des ministres tout à fait satisfait, mais avec la certitude de savoir que notre pays est dans de bonnes mains. Je connaissais l’homme. Et le président Abdoulaye Wade avait dit : « c’est toujours mon fils qui est resté au pouvoir ».
Il l’a dit en Conseil des ministres ?
Oui, il a dit cela en Conseil des ministres. Le président Wade avait dit : « de toute façon, Macky Sall, c’est le moindre mal ». De tous les candidats qui étaient en course, Abdoulaye Wade estimait que Macky Sall était le moindre mal. Il avait souligné que c’est son fils et un libéral. C’est pourquoi il avait demandé à tous les ministres de l’appuyer. Des gens comme moi étaient très à l’aise. Quand on est carriériste et qu’on n’a pas de perspectives de vie, on se pose des questions. Mais ce n’est pas la fin du monde. Quand on a des perspectives, on ne se pose pas beaucoup de questions. J’ai repris service à l’université le 2 avril, le jour de la prestation de serment du président Macky Sall pour continuer à service la Nation en tant qu’universitaire. Le poste de ministre est un simple boubou qu’on porte et qu’on enlève. Je pense aussi qu’être ministre est un sacerdoce. Il faut être fier d’avoir servi les Sénégalais. Le moment venu, il faut savoir partir. Si je regarde sept ans avant, je ne vois pas de regrets. Le changement de régime est un approfondissement de la démocratie. Un changement de génération. C’est aussi d’autres perspectives pour notre pays.
Y avait-il de l’émotion ou de la peur dans la salle ?
C’est normal que les gens soient crispés. C’est la défaite. Est-ce qu’un lutteur qui a perdu un combat doit être heureux ? Mais il faut être républicain. C’est ça la valeur. Je ne sentais pas que les gens étaient tristes, revanchards, etc. On ne pouvait pas avoir une atmosphère joviale, mais le président Wade a parlé à chaque ministre. Après le Conseil, nous sommes allés prendre une photo devant les marches du palais. Il a serré la main à chacun. C’était impressionnant. C’était un beau souvenir. J’étais très fier de ce que j’avais fait. J’étais fier d’avoir travaillé pour mon pays.
Wade était-il serein ?
Il était très serein. Je n’avais pas vu en lui une attitude qui montre qu’il regrettait quelque chose. Je ne peux pas juger mes collègues, mais personnellement, j’étais serein. C’est évident que quand on change de régime, des avantages sautent. Il fallait aussi rendre compte. Personnellement, j’n’avais aucune peur. Je n’avais pas de problème personnel par rapport à la gestion. J’étais à l’aise. Je n’avais aucun souci pour l’avenir. Ça doit être ainsi en République. Quand on gère bien, on ne doit se faire aucun souci.
Quels conseils donneriez-vous à vos collègues qui n’auront pas la chance d’être reconduits ?
Macky Sall n’a pas beaucoup remanié son gouvernement contrairement à Wade. Sous le président Wade, nous avions même un ministre qui n’a pas fait 24 heures. Nous avions des ministres qui ont fait un mois. Je ne peux pas les citer. Nous avons d’autres qui n’ont pas fait un an, mais avec le président Macky Sall, il y a une stabilité gouvernementale assez longue. Il y a des ministres qui sont là depuis son arrivée. Je pense que tous les ministres qui sont avec Macky Sall n’auront aucun regret à quitter. La fonction de ministre n’est pas une profession. Ils ont servi la République et le président. C’est la fin de leur mission. Ils peuvent avoir d’autres postes. En tout cas, pour la première fois, nous avons un président de la République qui a les coudées franches. Il est dans un dernier mandat. Il ne se représente pas. Il n’a pas de pression. La seule pression qu’il peut avoir est celle du choix des députés qui doit intervenir à deux ans de la fin de son mandat. Etant donné qu’il lui restera deux ans, il peut avoir des difficultés pour choisir les députés de sa coalition. Certains peuvent refuser la discipline de parti. Cela peut mettre le président dans une situation inconfortable et le pousser à mal terminer son mandat. C’est pourquoi, je fais partie de ceux qui pensent qu’il doit proroger le mandat des députés.
«JE VAIS RETOURNER AU PS»
« Je ne connais que le Ps. J’ai décidé de ne jamais transhumer. Je vais donc retourner au Parti socialiste. C’est mon parti. C’est le seul parti que j’ai connu », a déclaré Bamba Fall, interrogé par nos confrères de Rfm.
Le maire de la Médina, Bamba Fall, va retourner au Parti socialiste.
Il a révélé avoir échangé avec le secrétaire général du Ps devant qui il a juré n’avoir jamais été au courant du saccage de la salle du bureau politique. « J’ai fait la prison pour cette affaire. C’est mon destin. Je n’y peux rien, mais je ne suis pas l’auteur de cette scène », a-t-il martelé.
Bamba Fall a dit souhaiter voir le Ps s’organiser pour avoir un groupe parlementaire lors des prochaines élections législatives et un candidat à la prochaine élection présidentielle. Toutefois, il a précisé n’avoir ciblé aucune personnalité pour être le candidat du parti.
MOMAR FALL ECHAPPE A LA PERPETUITE ET PREND 20 ANS DE TRAVAUX FORCES
Ainsi, se basant sur le statut de délinquant primaire du sieur Fall, le ministère public a sollicité de lui faire bénéficier de circonstances atténuantes,
Ibrahima Momar Fall a vu sa peine infirmée vendredi dernier, à la barre de la Chambre criminelle d’appel de Dakar. Condamné aux travaux forcés à perpétuité en première instance, il a, en effet, eu la chance de voir sa peine revue et il a écopé de 20 ans de travaux forcés, à la demande du procureur général. En effet, dans son réquisitoire, le parquetier a déclaré ne pas partager la première sentence prononcée par la Chambre criminelle.
Ainsi, se basant sur le statut de délinquant primaire du sieur Fall, le ministère public a sollicité de lui faire bénéficier de circonstances atténuantes, tout en infirmant la première peine et ainsi de le condamner à 20 ans de travaux forcés Attrait pour avoir porté un coup de couteau violent à son protagoniste, El Hadji Gassama- qui essayait de lui faire la morale suite à un échange que l’accusé avait avec son oncle- Momar Fall s’est dédouané à la barre tout en déclarant n’avoir jamais eu l’intention de tuer. En tout état de cause, le parquet général a relevé que Momar Fall s’est livré tout seul à la police avec l’arme du crime. Car, il savait bien que c’est lui qui a commis ce meurtre. Et dans sa narration des faits, il a noté que c’est suite à une information reçue par l’oncle de l’accusé, le défunt El Hadji Gassama, qu’il avait laissé dans la maison, qu’il est venu poignarder ce dernier, avant de se replier. Retrouvée à 200 mètres de sa maison, la victime baignait dans une mare de sang.
Evacué à l’hôpital Mame Abdou Aziz Sy, Gassama y a succombé à ses blessures, 15 minutes après son admission. Car l’hémorragie ne pouvait être arrêtée. C’est ainsi que son corps a été acheminé à l’hôpital Le Dantec le 19 octobre 2010, pour une autopsie. Et le certificat de genre de mort, délivré par l’homme de l’art, a conclu à une plaie cutanée profonde avec lésions pulmonaire gauche, a expliqué le procureur général.
Entendu, Momar Fall a reconnu les faits et déclaré qu’il n’avait pas l’intention de tuer El Hadji Gassama en le poignardant, car il a logé chez lui pendant 8 ans. Sur ce, revenant sur les circonstances du crime, il a confié que le jour des faits son oncle, Cheikh Tidiane Fall, lui faisait des remarques par rapport à ses amis qui fumaient de la cigarette dans sa chambre. C’est sur ces entrefaites qu’il a rétorqué à son oncle de saluer les gens, avant de faire des remarques. C’est donc au cours de ce face à face qu’El Hadji Gassama est sorti de sa chambre, avant de lui ordonner de revoir les propos qu’il adressait à son oncle. C’est dans ces circonstances qu’ils en sont venus en main, avant que l’accusé n’aille se procurer, dans la chambre de son oncle, un couteau neuf qui servait à tuer le mouton de Tabaski et le dissimuler dans son pantalon.
Des déclarations qu’il a changées à la barre. D’après l’accusé, le couteau servait à ouvrir la chambre de son oncle où on l’avait enfermé. C’est après qu’il l’a gardé par devers lui, avant d’aller s’asseoir à la rue avec ses amis. Toujours dans ses déclarations, il soutient que c’est tout d’un coup qu’il a aperçu Gassama avec un bâton. Sur ce, ce dernier l’a attaqué deux fois avec le bâton. Alors, selon lui, à la troisième tentative, il a riposté avant de lui donner un coup de couteau. Ce que le témoin Daouda Diallo a confirmé à la barre. Alors que devant le juge d’instruction, l’accusé avait déclaré avoir agi sous l’emprise de la colère. Malgré ces déclarations, les avocats de la défense ont plaidé la disqualification des faits de l’assassinat en coups et blessures ayant entrainé la mortsans avoir l’intention de le donner et l’infirmation de la première peine.
Finalement, après délibéré, Momar Fall a été condamné à 20 ans de travaux forcés.
UN AFRICAIN SUR TROIS EST PRÊT À ÉMIGRER
Malgré une croissance économique importante dans de nombreux pays africains au cours des deux dernières décennies, beaucoup d'Africains considèrent encore le départ de leur pays comme la meilleure option pour un avenir meilleur
Malgré une croissance économique importante dans de nombreux pays africains au cours des deux dernières décennies, beaucoup d'Africains considèrent encore le départ de leur pays comme la meilleure option pour un avenir meilleur. Selon une nouvelle étude réalisée par Afrobaromètre, un réseau de recherche panafricain, les jeunes adultes et les citoyens très instruits du continent sont les plus prompts à quitter leur pays.
Les nouvelles données d'Afrobaromètre concernent 34 pays et explorent les perceptions, ainsi que les préférences des Africains ordinaires, lorsqu'il s'agit de migration internationale.
Les résultats montrent qu'un Africain sur trois envisage d'émigrer. Parmi eux, environ 10 % se préparent actuellement à quitter leur pays.
L'étude indique qu'en moyenne, plus de la moitié des personnes interrogées ayant fait des études postsecondaires envisagent d'émigrer. Ces proportions sont plus élevées au Zimbabwe et au Lesotho que dans les autres pays étudiés.
Trouver du travail et échapper aux difficultés économiques sont les raisons les plus souvent invoquées par les prétendants à la migration.
Au niveau régional, c'est en Afrique centrale et en Afrique de l'Ouest que le désir d'aller vivre et travailler hors de son pays est le plus fort. Plus de quatre citoyens sur dix (46 % et 41 %, respectivement) ont songé à quitter leur pays. Le fait que les adultes les plus scolarisés et les plus jeunes sont les plus prompts à quitter leur pays confirme les préoccupations au sujet de la perte de précieuses ressources humaines pour les économies émergentes.
Les Africains veulent que les gouvernants s'attèlent en priorité à la réduction du chômage, selon l'étude. Afrobaromètre appelle les gouvernements africains à trouver les moyens de développer leurs économies, à être suffisamment inclusifs et à créer des opportunités pour les jeunes au chômage.
Ces nouvelles données montrent que la migration de nombreux Africains se fait essentiellement à l'intérieur du continent, et non vers l'extérieur, comme on le croit souvent.
Plus d'un tiers des migrants potentiels aimeraient déménager dans un autre pays dans leur région (29 %) ou ailleurs en Afrique (7 %). Cette préférence pour les pays du continent est particulièrement forte en Afrique australe (58%). Elle surtout faible dans les pays d'Afrique du Nord (8 %).
Mais là encore, les variations d'une région à l'autre sont énormes : au Niger, 83 % souhaiteraient rester en Afrique, comme 63 % des Burkinabè. Mais en Sierra Leone (91 %), au Sénégal (91 %), en Gambie (94 %) et au Cap-Vert (98 %), plus de neuf émigrants potentiels sur dix sont susceptibles de choisir de quitter le continent.
La Journée mondiale du théâtre, célébrée ce mercredi, nous a servi de prétexte pour revisiter quelque peu le théâtre au Sénégal, notamment les pionniers qui lui ont donné ses lettres de noblesse. Un article publié sur notre site
Le Sénégal, à l’instar du reste de la communauté internationale, célèbre, ce mercredi, la Journée mondiale du théâtre. Une occasion saisie pour revenir sur l’âge d’or du théâtre sénégalais avec des artistes comédiens qui ont marqué leur époque à travers leurs jeux d’acteur. Il s’agit, entre autres, de feus Doura Mané, Daniel Sorano, Djibril Diop Mambéty, Douta Seck, Jacqueline Lemoine... Le journaliste culturel, Mouhamadou Fadel Lo, a fait la genèse de ce secteur, tout en essayant des pistes de réflexions pour sortir le théâtre de sa situation actuelle plus ou moins reluisante.
Ces grandes pièces classiques qui ont fait la renommée du Sénégal
Rappelant que le premier président de la République du Sénégal, feu Léopold Sédar Senghor, était un homme de culture d’une dimension internationale, il souligne qu’il était aussi un mordu de théâtre et de poésie. «C’est ce qui fait que son magistère qui fut placé sous le sceau de l’enracinement et de l’ouverture, avait laissé une part très importante au théâtre et à la création artistique de manière générale», dit-il. Par ailleurs, il souligne : «C’est certainement ce qui l’a poussé à mettre sur orbite le Théâtre national Daniel Sorano. Un haut-lieu destiné à la promotion des grandes pièces d’ici et d’ailleurs. C’est ainsi que cette salle mythique a servi de tremplin à ces artistes de renom comme Doura Mané, Daniel Sorano, Djibril Diop Mambéty, Douta Seck, Jacqueline Scott Lemoine et tant d’autres». Aussi, il renseigne que cette première cuvée a valu d’innombrables satisfactions au Sénégal. «Ces grands comédiens issus du cycle académique, pour ne pas dire classique, ont représenté le Sénégal un peu partout à travers le monde. C’était l’époque des grandes productions comme la ‘Tragédie du Roi Christophe’, ‘Othello’ et d’autres grandes œuvres issues du répertoire classique», relève-t-il.
L’épopée de la seconde vague de talents
Ainsi, après cette première vague de comédiens aguerris, des jeunes ont pris le relais avec plus ou moins de bonheur. Parmi eux, des acteurs comme feus Omar Seck, Coly Mbaye, Daouda Lam, Charles Foster, Souleymane Ndiaye, Ismaël Cissé, Assy Dieng Ba, Joséphine Zambo, feu Marie Augustine Diatta… «Ces comédiens, pétris de talent, ont eu moins de visibilité et d’opportunités que leurs éminents prédécesseurs, parce que tout simplement, au milieu des années 84, les politiques d’ajustement structurel sont passées par là et le Président Poète avait quitté le pouvoir. Son successeur Abdou Diouf, qui vivait sous la pression des instructions restrictives des institutions internationales, ne disposait pas de tous les atouts en main pour suivre le rythme imprimé par le Président Senghor», note-t-il. Selon lui, «une forme de léthargie s’est installée et a poussé certains comédiens professionnels à prendre le chemin de l’exil et d’autres ont préféré se lancer dans des troupes privées. C’est le cas de Pape Faye qui a créé ‘Zénith Arts’ et feu Macodou Mbengue et ses amis ont mis sur orbite les ‘Gueules Tapées’».
«Le théâtre sénégalais orphelin de ses grandes figures théâtrales»
«Sans doute refroidis par la rareté des grosses productions au niveau national, des comédiens professionnels comme Abdoulaye Diop Danny, Awa Sène Sarr ou encore feu Younouss Diallo, ont choisi la Belgique pour poursuivre leurs carrières. Auparavant, Doura Mané avait aussi choisi d’émigrer, avant sa disparition. L’acteur Nar Sène avait lui aussi choisi de s’établir en France, avant de quitter ce bas-monde», a déclaré M. Lo. D’après lui, les comédiens sont conscients qu’il faut continuer de mettre l’accent sur la formation et surtout de mobiliser des fonds énormes. «C’est seulement de cette manière que le théâtre sénégalais arrivera un jour à retrouver son lustre d’antan. Paradoxalement, tous les acteurs sont conscients de ce fait, mais les solutions peinent à être trouvées». «Toujours est-il que le théâtre sénégalais est vraiment orphelin de ses grandes figures théâtrales issues de tous les milieux, à savoir le circuit académique ou le circuit populaire. On peut citer de manière exhaustive, des figures comme Doura Mané, Douta Seck, Omar Seck, Coly Mbaye, Abou Camara, Makhourédia Guèye, Baye Peulh et tant d’autres. Il faut donc procéder à une introspection profonde pour arriver à remettre notre travail sur les rails du succès…», souhaite-t-il.
L’essor du théâtre populaire
Pendant que le théâtre classique prenait son envol, le théâtre populaire était aussi très dynamique au Sénégal. C’était l’époque de lancement de la radiodiffusion, un médium qui a grandement contribué à populariser les comédiens non issus du cycle de formation académique. «C’était l’âge d’or des grands feuilletons radiophoniques. Feu Ibrahima Mbengue, le père de Sokhna Benga, a été le premier à s’engouffrer dans la brèche. Il a vite fait de créer la fameuse pièce titrée ‘Makhourédia Guèye, chauffeur de taxi’. Cette satire narrait tous les soirs, les aventures de Makhourédia Guèye, un chauffeur de taxi roublard et débonnaire et de son employeur, très radin, avec El Hadji Mor Mbaye. Ce patron qui aimait l’argent pardessus tout, menait la vie dure à son chauffeur. Il avait à ses côtés sa douce moitié ‘Diek Tank’, qui a inspiré le personnage de «Diek» à TT Fons pour les aventures de ‘Goorgoorlu’», indique le journaliste culturel Fadel Lo.
L’âge d’or des feuilletons radiophoniques
Par la suite, dit-il, cette belle réussite a fait des émules. Et à Kaolack, la chaine régionale diffusait «Journaliseraient», les aventures d’Ibra Faty Ndao, un paysan Saloum-Saloum confronté aux pièges de la grande ville. «Cette œuvre écrite et interprétée par le comédien Maguette Ngom a connu un franc-succès jusqu’à être diffusée sur la chaine nationale. A Louga aussi, le ‘Cercle de la Jeunesse de Louga’ trônait vraiment sur le secteur en raflant tous les prix au niveau national, sous la houlette de feu Mademba Diop, le père de Pape Dembélé Diop, le grand bassiste qui a fait les beaux jours du ‘Super Diamono’», informe-t-il. «Après ces succès initiaux, le vieux Abdoulaye Seck a pris le relai avec les fameuses pièces radiophoniques de la troupe ‘Jamonoy Tey’. Une occasion qui a servi à révéler au grand public de grands comédiens comme Cheikh Tidiane Diop, Loulou Diop, Moustapha Diop, Khoy Dima Kounta, Late Déguène Samb, Ken Bougoul et tant d’autres», se rappelle-t-il.
L’irruption des troupes régionales
Fadel Lo confie que, par la suite, il y a eu scission et la troupe «Daaray Kocc» a pris le relai. Plus tard, des troupes comme «Libidoor» de feu Malick Ndiaye Fara Thial Thial a aussi vu le jour. «Deux à trois décennies plus tard, des troupes régionales comme celle de ‘Radio Saint-Louis’, ‘Janxeen’ et ‘Soleil Levant’ de Thiès, ont pris le relai avec plus ou moins de bonheur. De nouveaux noms comme Golbert Diagne, Marie Madeleine Diallo, Daouda Guissé, El Hadji Mansour Seck, Mame Sèye, Serigne Ngagne, Baye Cheikh, Ndèye Sine, Bella, Ngoury, Cheikhou Guèye dit Sanekh, Cheikh Ndiaye, Aziz Niane, et tant d’autres ont fait irruption sur la scène», égrène-t-il. Cependant, M. Lo souligne que cette vitalité a connu un brusque coup d’arrêt à l’entame des années 2000. «Ce qui a poussé le promoteur Guédél Mbodj à créer le ‘Festival du rire’ de Kaolack. Une initiative qui a permis de mettre sur pied l’Association des comédiens du théâtre sénégalais (ARCOTS). Il se trouve que le théâtre filmé a fini par enterrer plus ou moins le théâtre sur scène», confie-t-il.
Les séries télévisées, un mal nécessaire
Avec l’avènement des nombreuses chaînes de télévision au milieu des années 2000, il a fallu concocter un programme et proposer de nouvelles choses au public. «Les producteurs n’ont pas cherché loin pour proposer des séries télévisées à la sauce sénégalaise. La première à connaitre un éclatant succès fut sans doute un ‘Café avec…’, diffusée sur la TFM et produite par Cheikh Yérim Seck, avec l’animateur Boubacar Diallo comme acteur principal», renseigne-t-il. «Il y a eu aussi des créations comme ‘Dina ma nekh’, ‘Wiri-wiri’, ‘Dikoon’ et tant d’autres. Finalement, tout le monde s’est engouffré dans la brèche et les nouvelles productions voient le jour comme de petits pains», explique-t-il, en insistant sur le fait que «cela a forcément un impact sur la qualité de la production». «Au début, beaucoup de comédiens professionnels comme Baye Eli, Lamine Ndiaye ou Pape Faye étaient sceptiques sur cette intrusion de non professionnels. Finalement, devant le succès et la multiplication de ces séries, ils ont été obligés de se fondre dans la moule et de jouer dans ces séries marinées à la sauce sénégalaise. Même si tout n’est pas rose avec certains écarts ou débordements notés et condamnés comme dans la série ‘Pod et Marichou’, force est de constater que le public raffole de ces séries. Il faut donc essayer de tirerle meilleur de cette nouvelle habitude», analyse-t-il.
«LA PRESIDENTIELLE A ETE PARTICULIEREMENT MARQUEE PAR DEUX GROSSES ANOMALIES»
La présidente de l’Alliance nationale pour la démocratie (AND)/Saxaal Ligguey, Aïda Mbodji, a fait, hier, le bilan de la Présidentielle du 24 février 2019, lors d’un un panel qui marquait le 5e anniversaire de la naissance de ladite entité.
Elle a, d’emblée, déclaré que «la Présidentielle a été particulièrement marquée par deux grosses anomalies, à savoir la restriction de l’offre politique et l’absence de candidature féminine à cause principalement de la loi sur le parrainage élaborée sans de larges concertations avec la classe politique et la société civile puis votée sans débat à l’Assemblée nationale».
A son avis, «cette loi a montré ses limites avec son application et sa mise en œuvre dans des conditions opaques. Cela a conduit à l’élimination injuste de plusieurs prétendants à la magistrature suprême et à l’absence d’une candidature féminine à l’élection présidentielle du 24 février 2019, contrairement aux scrutins de ces dernières années». D’après Aïda Mbodji, c’est pour ne pas cautionner cela, qu’elle a décidé, après l’invalidation de sa candidature, de ne soutenir aucun des cinq candidats en lice. Une décision qui, à l’en croire, a fait l’objet de larges concertations au sein de l’Alliance nationale pour la démocratie (AND)/And Saxaal Ligguey.
Pour l’ancienne présidente du Conseil départemental de Bambey, «le parrainage ne doit pas prévaloir pour les élections locales». Et de s’expliquer : «Jusqu’à présent, nous ne connaissons pas la règle qui prévaut pour choisir ou bien pour éliminer en ce qui concerne le parrainage. C’est très sélectif, c’est très discriminatoire. Nous devons sonner l’alerte». «La loi sur le parrainage concernant les Locales doit être retirée. Parce que les jeunes doivent être au centre des Locales. Les jeunes doivent aller à l’assaut des collectivités locales», a-t-elle soulignée. Sur l’appel au dialogue lancé par le Président Macky Sall, Aïda Mbodji a indiqué : «Nous n’avons jamais refusé le dialogue. Le problème, c’est que le Président a appelé au dialogue, mais nous, on n’a pas encore reçu d’invitation. On ne connait pas quels sont les termes de référence. On ne sait pas si le dialogue sera économique ou politique».
PAR IBRAHIMA DEME
LA CONSTITUTION PIÉGÉE POUR UN TROISIÈME MANDAT
Les interventions des juristes du camp présidentiel qui cherchent à convaincre l'opinion que la Constitution a été verrouillée et qu'elle ne permettrait pas à l'actuel président de se représenter en 2024, ne constituent en réalité qu'un piège dormitif
Au lendemain de la victoire du candidat sortant Macky Sall qui va bientôt entamer un deuxième mandat, le débat sur la possibilité pour celui-ci de se représenter pour un troisième mandat ressurgit. Ce débat, soulevé il y a près de deux ans par d'éminents juristes, avait été vite étouffé par le camp présidentiel qui le jugeait infondé et prématuré.
Actuellement, le même scénario semble se répéter, car après les inquiétudes nourries par certains membres de l'opposition sur un probable projet de troisième candidature du président fraichement réélu, des voix se sont encore élevées dans l'Exécutif pour tenter de rejeter cette hypothèse.
La présente contribution a pour objet de démontrer que la révision constitutionnelle de 2016 en a ouvert une brèche permettant une troisième candidature de l'actuel président en 2024. Cette hypothèse que le pouvoir feint de rejeter pour le moment est, en réalité, juridiquement défendable.
Mais, auparavant, il serait intéressant de revenir sur les arguments avancés par la partie présidentielle pour écarter la thèse d'une troisième candidature.
"Il faut s'en référer à la Constitution, vous vous rendrez compte que les marges de manœuvre pour interpréter sont très minces, pratiquement inexistantes", déclarait M. Seydou Guèye, porte-parole du gouvernement et du parti présidentiel dans un entretien avec Apanews le 12 mars 2019 avant d'ajouter : "Le problème qu'on avait connu par le passé, le président Macky Sall y a apporté une réponse en limitant le nombre de mandats, en fixant la durée du mandat du président de la République et en verrouillant un peu la Constitution pour que ces dispositions relatives à l'élection du président de la République soient pratiquement intangibles."
Son collègue Ismaïla Madior Fall, ministre de la Justice, affirmait, le 12 octobre 2017 : "La Constitution du Sénégal est très claire sur la question du mandat du président de la République et ne laisse place à aucune interprétation sur la possibilité d'un troisième mandat. L'article 27 de la Constitution dispose : 'Le chef de l'État est élu pour un mandat de 5 ans renouvelable une fois. Nul ne peut exercer plus de deux mandats consécutifs'."
Après l'élection du 24 février, il est devenu plus nuancé dans un entretien avec le journal Enquête du 11 mars 2019 : "Moi, je pense que la Constitution est claire. En principe, c'est le deuxième et dernier mandat du chef de l'État."
Dernièrement, le docteur Mounirou Sy a, pour sa part, indiqué que pour éviter la situation de 2011, le nouvel article 27 a mis l'accent sur la personne et non le mandat, car pense-t-il, le terme "nul" de l'alinéa 2 de l'article 27 permet d'inclure le mandat en cours.
On le voit bien, la position gouvernementale faite de demi-vérités et d'omissions volontaires n'est pas de nature à dissiper les doutes quant à l'existence d'un projet caché de troisième candidature. Elle ne résiste pas en effet, à la thèse soutenue il y a deux ans, par les éminents professeurs de droit public Babacar Guèye et Jacques Mariel Nzouankeu.
Double piège
Nous estimons, avec eux, que contrairement à la promesse présidentielle, la révision de la Constitution de 2016 n'a pas verrouillé la loi fondamentale pour empêcher toute possibilité de troisième candidature. Le référendum du 20 mars 2016 renferme, en effet, un double piège ; de la Constitution d'une part et du Conseil Constitutionnel d'autre part.
C'est d'abord la Constitution qui a été piégée car le prétendu projet de diminution de la durée du mandat présidentiel de 7 à 5 ans, a subrepticement ouvert une brèche qui peut permettre à l'actuel président de briguer un troisième mandat. Il faut rappeler que la clause limitative du nombre de mandats à deux, a été pour la première fois instituée en 1970, avant d'être remise en cause plusieurs fois. Mais, avec la réforme de 2001, le peuple sénégalais, en décidant que cette clause ne pouvait être révisée que par la voie référendaire, a voulu lui conférer un caractère intangible, donc à l'abri de toute manipulation politicienne.
Ainsi, sachant qu'aux yeux du peuple, l'impératif de limitation du nombre de mandats à deux a toujours prévalu sur la volonté de stabiliser la durée du mandat présidentiel à 7 ou à 5 ans, c'est par le truchement de la diminution de la durée du mandat que les experts du président sont parvenus à manipuler la clause limitative du nombre de mandats.
Pour s'en rendre compte, analysons l'article 27 issu de la révision constitutionnelle adoptée par référendum et promulguée le 5 avril 2016 qui est ainsi libellé : "a durée du mandat du président de la République est de cinq ans. Nul ne peut exercer plus de deux mandats consécutifs."
Cet article régit donc, dans son premier alinéa la fixation de la durée du mandat à 5 ans et dans son deuxième alinéa, la limitation des mandats à deux. Toutefois, il importe de préciser que pour une bonne interprétation de l'alinéa 2 qui prévoit le nombre de mandats, il est indispensable de le relier à l'alinéa 1 qui prévoit la durée du mandat présidentiel, car l'article 27 doit être compris dans son ensemble, dans son indivisibilité.
En effet, au sens de cet article, le quinquennat allant de pair avec la limitation des mandats, l'exigence de limiter la durée du mandat à 5 ans doit coïncider avec la nécessité de ne pas pouvoir l'exercer plus de deux fois consécutives. Or, il est incontestable que la durée du mandat que le président Macky Sall est sur le point de terminer, est de 7 ans. N'ayant donc pas encore exercé un mandat de 5 ans prévu à l'alinéa 1, son septennat sera hors du champ d'application de l'alinéa 2 de l'article 27 précisant que "nul ne peut exercer plus de deux mandats consécutifs". Ainsi que l'a soutenu le Professeur J. M. Nzouankeu dans sa contribution du 12 octobre 2017 : "L'élection de 2019 n'est pas le renouvellement de celle de 2012. C'est une élection nouvelle. C'est la première élection d'un nouveau cycle institué par l'article 27 de la Constitution. Si le mandat exercé de 2012 à 2019 était considéré comme le premier mandat au sens de l'article 27, une élection du président de la République devait être organisée en 2017 au cinquième anniversaire de la date de l'élection du président Macky Sall. S'il n'y a pas eu d'élection en 2017, c'est parce que le mandat en cours n'était pas compris dans le décompte de l'article 27 de la Constitution."
En d'autres termes, le mandat en cours ne peut faire partie du décompte des mandats parce que ce n'est qu'après sa prestation de serment prévue le 2 avril prochain que l'actuel président entamera son premier mandat de 5 ans au sens de l'article 27 de la Constitution. Il apparait donc clairement, que le nombre de mandats exercés par l'actuel président ne pourrait pas faire obstacle à la recevabilité de sa candidature en 2024.
Bien entendu, cette thèse peut être infirmée par des juristes de plus ou moins bonne foi, mais la seule instance habilitée à interpréter la Constitution reste le Conseil constitutionnel. Or, cette juridiction a aussi été piégée par l'avis consultatif donné à propos du projet de diminution de la durée du mandat présidentiel de 7 à 5 ans. En effet, dans son avis consultatif du 12 février 2016, le Conseil Constitutionnel a retenu que "le mandat en cours au moment de l'entrée en vigueur de la loi de révision, par essence intangible, est hors de portée de la loi nouvelle". Il a, par ailleurs, précisé dans le dispositif que "la disposition transitoire prévue à l'article 27 dans la rédaction que lui donne l'article 6 du projet et aux termes de laquelle, 'cette disposition s'applique au mandat en cours' doit être supprimée ; elle n'est conforme ni à l'esprit de la Constitution, ni à la pratique constitutionnelle, la loi nouvelle sur la durée du mandat du président de la République ne pouvant s'appliquer au mandat en cours".
Par conséquent, les sept sages, saisis d'une demande consultative ou d'un contentieux lié à une troisième candidature du président Sall, ne pourront en toute logique, que confirmer leur jurisprudence.
Il ne fait donc l'ombre d'aucun doute que les dispositions de l'article 27 de la Constitution combinées à la jurisprudence du Conseil constitutionnel ouvrent un grand boulevard pour la recevabilité d'une candidature du président Macky Sall en 2024. Tout le monde doit en être conscient dès à présent.
Pour "régler définitivement le quiproquo constitutionnel”…
Il est aussi important de souligner que seule l'adoption de dispositions transitoires par la voie parlementaire, précisant que le mandat en cours fait partie du décompte des mandats, peut régler définitivement ce quiproquo constitutionnel. Malheureusement, l'adoption de telles dispositions transitoires ne pourra probablement pas se faire d'ici la prestation de serment, date à laquelle les dispositions de l'article 27 vont entrer en vigueur et ne pourront plus faire l'objet de révision à cause de la clause d'intangibilité prévue par l'article 103 de la Constitution.
C'est pourquoi, les interventions des juristes du camp présidentiel qui cherchent à convaincre pour le moment l'opinion publique que la Constitution a été verrouillée et qu'elle ne permettrait pas à l'actuel président de la République de se représenter en 2024, ne constituent en réalité qu'un piège dormitif. Si telle était l'intention présidentielle, plusieurs questions ne resteraient pas jusqu'à présent sans réponses :
1. Pourquoi, contrairement à la promesse faite lors du référendum de 2016, le président Macky Sall n'a pas tiré les leçons de la douloureuse et dramatique période préélectorale de 2011 à 2012, en évitant toute controverse constitutionnelle liée à une éventuelle troisième candidature ?
2. Pourquoi, lorsque le débat sur la possibilité d'une troisième candidature a été soulevé par d'éminents juristes comme les professeurs Babacar Guèye et Jacques Mariel Nzouankeu, le président de la République et ses partisans, bien que conscients des failles contenues dans l'article 27 de la Constitution, n'ont pas définitivement mis fin à la polémique en faisant adopter par l'Assemblée nationale, des dispositions transitoires précisant que le mandat en cours fait partie du décompte des deux mandats prévus par l'article 27 ?
3. Pourquoi, enfin, dans leurs interventions sur cette question, les responsables et les autres juristes de la mouvance présidentielle, se bornent-ils à donner leur interprétation de la Constitution au lieu d'affirmer clairement la volonté du chef de l'État de ne plus briguer un autre mandat ?
En définitive, si nous avons décidé d'intervenir dans ce débat, ce n'est pas pour participer à une querelle juridique. Mais, c'est surtout pour donner un signal d'alarme et prévenir la résurgence des dangers vécus en 2011 et en 2012 et qui peuvent encore porter atteinte à la paix sociale et mettre en péril la démocratie et la République. En effet, la stratégie perverse déroulée depuis des années et qui a abouti récemment à une large victoire électorale peut évidemment renforcer les velléités de se maintenir au pouvoir surtout que les sénégalais ont semblé banaliser depuis 2000, les multiples abjurations "wakh wakhet " de nos dirigeants.
Pourquoi agiter maintenant la question d'une troisième candidature alors que l'actuel président n'a même pas encore débuté son deuxième mandat ? En notre sens, le débat est loin d'être prématuré, au contraire ! En effet, la question n'est pas de savoir si les Sénégalais accepteront ou non le moment venu une troisième candidature ; mais c'est surtout de sortir pour une fois de l'impasse de la politique politicienne avec un Président qui ne pensera plus dès le début de son mandat, à vaincre ses adversaires et remporter la prochaine élection. Car il reste évident que si l'éventualité d'une troisième candidature n'est pas définitivement écartée, le prochain quinquennat sera encore miné par la mal gouvernance, l'instrumentalisation de la justice, le clientélisme, l'accaparement des médias de service public, la gabegie, etc.
Comment alors mettre fin aux incertitudes ?
Pour mettre définitivement un terme au débat, le président de la République à qui appartient seul cette prérogative, doit dès à présent, saisir le Conseil Constitutionnel pour avis sur cette question.
- Si le Conseil Constitutionnel est d'avis que l'actuel Président ne peut pas se représenter pour un troisième mandat, le débat sera définitivement clos.
- Si en revanche, il est d'avis contraire, il faudra trouver au plus vite, une solution politique pour que tout le monde soit convaincu que les manœuvres politiciennes ne pourront pas remettre en cause la sacralité conférée par les sénégalais à la clause limitative des mandats à deux.
Ibrahima Hamidou Deme est du Mouvement "Ensemble"
ALIOUNE TINE ALERTE LA SOUS-RÉGION SUR LA SITUATION DU MALI
L’Expert indépendent sur la situation des droits de l’homme au Mali appelle la CEDEAO à organiser un sommet sur la situation - COMMUNIQUÉ DES NATIONS UNIES
SenePlus publie ci-dessous, le communiqué du bureau des Nations Unies, daté du 26 mars 2019, sur la situation de crise qui prévaut au Mali.
« L’Expert indépendant sur la situation des droits de l’homme au Mali, M. Alioune Tine, a exprimé sa profonde tristesse face aux massacres du samedi 23 mars 2019 qui ont fait au moins 134 morts dans la région du Mopti au Mali. Ces massacres interviennent dans le contexte des violences sur fond des tensions communautaires. L’Expert tient à adresser ses condoléances aux familles des victimes.
L’Expert indépendent souligne la dimension sous-regionale de ce phenomène et voudrait alerter sur l'urgence de s'y attaquer fermement pour prévenir les risques de commission des crimes contre l'humanité. Dans cette dynamique M. Tine appelle l'Union Africaine et la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) à organiser un sommet sur la situation au Mali.
M. Tine est particulièrement préoccupé par la création de groupes armés dits « d’autodéfense » communautaires dans la région de Mopti. L’installation progressif des groupes armés et des groupes violents extrémistes dans ces localités depuis 2015, la déstructuration des systèmes traditionnels de résolution de conflits, et le retrait de l’État malien ont entrainé la dégradation de la situation sécuritaire, et des droits de l’homme, dans la région.
Les amalgames et stigmatisations entre les deux communautés consitituent un phenomene inquiétant. Ainsi, les membres de la communauté peule sont abusivement assimilés aux groupes extrémistes violents, ou tout du moins complices, alors que ceux de la communauté dogon sont assimilés aux dozos (chasseurs traditionnels) à la solde de l’État. Ces confréries de chasseurs traditionnels (dozos) se sont graduellement tournées vers des activités d’autodéfense communautaire. et ont conduit de plus en plus d’attaques ciblées contre la communauté peule dans la Region de Mopti au centre du Mali.
Il s’agit de la protection de la vie et de l'intégrité physique des civils. L’Expert en appelle à toutes les forces de securité sur le terrain, les Forces Armée Maliennes et la MINUSMA de renforcer leurs actions en matière de protection des populations civiles.
Finalement l’Expert demande aux autorités maliennes de diligenter des enquêtes approfondies, promptes et impartiales sur les cas de violations et abus des droits de l’homme qui auraient été commis et de traduire en justice les auteurs présumés. L’Expert note que depuis janvier 2019, au moins 18 cas de violations des droits de l'homme imputables à des groupes d'autodéfense ayant entraîné la mort d'au moins 70 personnes a recensé dans l'unique zone du cercle de Bankass - cette localité dans la région de Mopti.
FIN
M. Alioune Tine (Sénégal) a pris ses fonctions d’Expert indépendant sur la situation des droits de l’homme au Mali le 1er mai 2018. M. Tine a été un membre fondateur et le Président de la Rencontre Africaine Pour la Défense Des Droits de l’Homme (RADDHO) et Coordinateur du Forum des ONG Africaines à la Conférence Mondiale contre le Racisme en 2000. Il a publié beaucoup d’articles et d’études sur la littérature et les Droits de l’Homme.
Les Experts indépendants font partie de ce qui est désigné sous le nom des procédures spéciales du Conseil des droits de l’homme. Les procédures spéciales, l’organe le plus important d’experts indépendants du Système des droits de l’homme de l’ONU, est le terme général appliqué aux mécanismes d’enquête et de suivi indépendants du Conseil qui s’adressent aux situations spécifiques des pays ou aux questions thématiques partout dans le monde. Les experts des procédures spéciales travaillent à titre bénévole ; ils ne font pas partie du personnel de l’ONU et ils ne reçoivent pas de salaire pour leur travail. Ils sont indépendants des gouvernements et des organisations et ils exercent leurs fonctions à titre indépendant.
Droits de l’homme de l’ONU – Page d’accueil du Mali
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LES VERITES DU SPECIALISTE THADDEE ALDIOUMA SECK SUR DES DECOUVERTES «INSIGNIFIANTES»
Avec une production attendue de près de 100.000 barils de pétrole par jour, le Sénégal ne figurera même sur la liste des 20 producteurs mondiaux. Vérités sur des découvertes « insignifiantes »…
L es hydrocarbures représentent plus que jamais un sujet central pour l’équilibre de la planète. En août 2018, la production mondiale de pétrole a atteint un record avec 100 millions de barils produits par jour.
En 2014, le Sénégal a découvert des hydrocarbures, du pétrole et du gaz naturel plus précisément, dans ses côtes. Le gaz naturel se trouve au Nord du pays, notamment dans les blocs Saint-Louis Offshore et Cayar Offshore. Pour le pétrole, les blocs se trouvent notamment à Sangomar Offshore profond (SNE) et tous les forages subséquents. Le pétrole sénégalais serait de plus ou moins bonne qualité dans la mesure où, selon les dernières évaluations faites, il serait de 32 degrés api. Autrement dit, ce serait un pétrole léger et susceptible d’être privilégié par les raffineries de façon générale car très facile à raffiner. Ce qui pourrait permettre au Sénégal de vendre très facilement son pétrole. Le tout, bien évidemment, sera de voir ce que sera la conjoncture mondiale lors de l’exploitation. Mais, à l’état actuel des informations obtenues, le Sénégal sera un pays beaucoup plus gazier que pétrolier
Réserves
Par rapport aux hydrocarbures découverts dans nos eaux, les quantités obtenues sont très modestes. Même si on a entendu énormément de spéculations soutenant notamment que le Sénégal sera un émirat pétrolier et gazier, voire Sénégal 7ème puissance mondiale, il faut souligner que, pour ce qui concerne le pétrole, les choses tournent entre 600 millions et 670 millions de barils sur une durée d’exploitation de 10 à 15ans. Donc, les quantités sont très modestes. Pour le gaz, nous sommes entre 20 et 25 Trillion Cubit Feet de gaz. Ce qui fait un total d’environ 750 milliards de mètres cube. Ce qui nous place très loin derrière les pays producteurs de pétrole et de gaz. « D’ailleurs, quand le Sénégal commencera sa production, elle sera estimée quotidiennement entre 100 et 125 milles barils. Là où le Nigéria avait fait respectivement 2.2 millions de barils par jour et 1.900.000 barils par jour en 2017. Et très loin derrière des pays comme les Etats-Unis, l’Arabie Saoudite, etc. Donc, je pense qu’il y a un réel besoin de réalisme parce que nos découvertes sont modestes. Toutefois, même si elles sont modestes, elles peuvent nous permettre de transformer structurellement le cadre économique du Sénégal si elles sont très bien gérées », explique Thaddee Adiouma Seck, spécialiste en géopolitique pétrolière
Contrat de partage de production
Pour pouvoir explorer les hydrocarbures découverts sur son sol, l’État du Sénégal a signé des contrats de partage de production. Ce type de contrat a la particularité de relever des nouvelles formes contractuelles dans le secteur pétrolier. En effet avant le Contrat de partage de production, nous avions les contrats de concession qui, à un moment donné, étaient considérés comme des contrats qui avantageaient beaucoup plus les entreprises internationales. Donc, le contrat de partage de production vient rompre ce qu’on avait l’habitude de voir dans le secteur. Il faut aussi préciser que, dans le contrat de partage de production, la propriété des ressources est attribuée à l’Etat contrairement à ce qu’on a dans les contrats de concession. En dehors de ces avantages, il y a aussi l’association de l’Etat ou l’entreprise nationale préposée à la gestion du pétrole aux prises de décision. Ce qui est essentiel, c’est que cela permettra à nos experts d’apprendre davantage de ce secteur mais aussi de participer aux prises de décision. Ce qui fait que les ressources ne seront plus gérées seulement par les entreprises internationales qui décident de toute la destinée de nos ressources, mais ça sera de concert avec l’Etat. « D’ailleurs, vous allez voir dans la plupart des contrats que nous avons signés, il y a toujours en annexe des accords d’association ou les règles de prises de décision sont précisées. Ça, c’est dans la théorie.
Dans la pratique, malheureusement, comme beaucoup de règles en droit, les règles de fonctionnement sont parfois dévoyées. Parce que les entreprises ont une armada d’experts qui leur permettent parfois de contourner la règlementation. En réalité, contourner la règlementation, ce n’est pas violer la législation. Vous pouvez contourner la loi tout en restant en conformité avec la loi. Malheureusement, c’est des pratiques qui ont cours dans le secteur. Et je pense que le moyen pour le Sénégal d’éviter cela, c’est surtout dans le cadre d’un contrat de partage de production. Là où les entreprises trompent généralement les Etats, c’est la maitrise des coûts. Parce que quand on ne maitrise pas les coûts, on va grossir la partie Cost Oil c’est-à-dire la partie où on devra rembourser l’entreprise et il y aura moins de parts restantes. Donc, moins de ressources pour l’Etat. Alors, l’enjeu principal pour l’Etat c’est de contrôler les coûts. Quand je dis contrôler les coûts, cela peut paraitre très simple pour nous mais dans le secteur pétrolier c’est très difficile. Beaucoup d’Etats, qui ont même une longue expérience dans ce domaine là comme par exemple le Ghana, ont encore des difficultés dans ce domaine. Pour moi, l’Etat devrait investir dans ses ressources humaines pour qu’on aille vers la maitrise des coûts. L’autre élément se trouve dans la définition du Cost Oil, il faut veiller à ce qu’elle soit rationnelle. On ne peut et ne doit pas considérer ce que l’entreprise fait dans le cadre de la Responsabilité sociétale d’entreprise (Rse) comme du Cost Oil. Ce n’est pas de la Rse parce que c’est un coût supporté par le pétrole sénégalais. Je pense donc qu’il y a ce défi de la formation à la maitrise des coûts et ce défi de la rationalisation de la définition des coûts pétroliers. Si on relève ces défis et qu’on gère bien tous les flux émanant de l’exploitation de la ressource, on peut avoir un très bon contrat de partage de production », explique le professeur en géopolitique pétrolière et gazière à l’institut de formation Perform. Qui martèle que le partage de production est dans le principe très bon « mais il peut être détourné à d’autres fins. Donc, il faut que l’Etat soit vigilant pour que le contrat puisse honorer tout ce qui est attendu de lui ».
Sur la part que devra obtenir le Sénégal, lors du partage des ressources, M. Thaddee Adiouma Seck tient d’abord à rappeler que beaucoup d’interventions ont été entendues sur la part du Sénégal à terme. Certains ont même, selon lui, avancé des chiffres allant jusqu’à dire que le Sénégal aura jusqu’à 50 ou 60 % des parts. Mais, cela ne semble pas convaincre notre interlocuteur. Qui dit ne pas savoir sur quel argument les gens qui soutiennent de telles assertions se basent. Et les calculs qu’il dit avoir vus lui semblent trop simplistes dans la mesure « où certains s’aventurent simplement à multiplier le nombre de barils en réserve en prix potentiel du baril par exemple en prix à 50 dollars ». Et M. Seck de terminer sa démonstration : « Ce qui fait 600 millions de barils multiplié par 50 dollars. On aura un chiffre et ils en déduisent que le Sénégal aura tel pourcentage. Personnellement, je trouve que ce calcul est très simpliste dans la mesure où 100 % du pétrole n’est jamais extrait. Le taux de récupération tourne autour de 30 à 40 % du pétrole. Donc, tout ce qui est considéré comme réserve ne sera pas exploité. Seule une partie sera exploitée. Premièrement ! Deuxièmement, la part du Sénégal est plus ou moins modeste. Et nous ne savons pas si le Sénégal prendra le risque d’acquérir des parts supplémentaires. L’autre élément qu’il faut prendre en compte, c’est que notre Cost Stop est très élevé. Nos gisements se trouvent à plus de 500 mètres de profondeur et pour ces gisements le Cost Stop est fixé à 70. En effet, la plupart des contrats pétroliers qui ont été signés avec le Code 98 ont leur Cost Stop qui tourne autour de 70 %. Alors qu’avec le nouveau Code pétrolier, le Cost Stop est à 40 %. Et quand il y a une élévation du Cost Stop, il y aura une réduction de la part qui sera partagée. Donc, jusquelà, je n’ai pas vu quelque chose qui me prouve que le Sénégal aura impérativement 50 % ». Toutefois, selon notre interlocuteur, le fait que le Sénégal n’ait pas 50 % ne veut pas dire qu’il aura perdu. Parce que dans les mécanismes de partage prévalant au sein du secteur pétrolier, il y a, à l’en croire, toujours des niches d’opportunités que l’Etat pourrait exploiter et qui font qu’il pourrait capter le plus de ressources.
THADDEE ADIOUMA SECK « Le partage est très déséquilibré »
Dans tous les cas, estime-t-il, le cadre de gouvernance qui sera défini d’ici là « nous le dira et nous verrons si le Sénégal pourrait avoir moins ou plus de 50 % des retombées du pétrole ». Poursuivant, l’animateur à l’Observatoire National pour le Respect des Droits Humains dans le Secteur Extractif (ONRDH-SE) précise que les 10 % que le Sénégal compte acquérir et dont l’éloge est souvent fait à travers les médias s’arrête à la phase d’exploration. Mais dès lors que cette phase est bouclée, le Sénégal se devra de participer pour prétendre à des dividendes à terme en cas de partage. « Donc, si le Sénégal ne participe pas ou ne fait pas d’apport une fois la phase d’exploration terminée, il ne pourra pas prétendre à des dividendes. Ce qui va réduire substantiellement sa part des retombées du pétrole. Je pense que les autorités sont assez conscientes de ces enjeux et feront le nécessaire pour que le Sénégal puisse acquérir 10 % mais aussi la part additionnelle qui lui est reconnu par le Code pétrolier qui varie entre 10 % et 20 %. Mais, il faut noter que les 20%, ce n’est pas 20% du pétrole qui sera exploité mais 20 % des parts. Ce qui veut dire que le Sénégal va participer au niveau des dépenses à hauteur de 20 % mais aura aussi 20 % des bénéfices qui seront distribués sans compter les autres flux monétaires, etc. Autant de choses qui font que notre pays gagnerait à participer à la phase de production. Mais, en général, les pays en voie de développement empruntent souvent de l’argent sur le marché financier international pour honorer leur contribution. Mais, quoiqu’il en soit, le Sénégal gagnerait mieux à participer à la phase de production. Toujours sur le mécanisme de partage, il faut noter qu’il y a d’abord un remboursement des coûts pétroliers et ensuite un partage de la production restante selon des proportions prédéfinies. Il y a beaucoup de proportions selon le niveau de proportion. Et au Sénégal, pour le pétrole, je pense qu’entre 100 mille et 150 mille barils par jour, le pourcentage est défini comme suit : 25 % pour l’Etat et 75 % pour l’entreprise. Donc, sur 100 barils produits par jour, par exemple, et si on considère que le Cost Stop est 70 %, les 70 % sont affectés à l’entreprise pour remboursement et les 30 % restants seront ê partagés entre l’entreprise et l’Etat, explique notre interlocuteur. Maintenant, est-ce que le Sénégal va tirer son épingle du jeu ou pas ? M. Seck pense qu’il faut une modélisation financière pour répondre avec exactitude à cette question. Mais, à priori, l’Etat peut, estime M. Seck, tirer beaucoup davantage sur les autres sources de financement telles que « le levier fiscal, le levier environnemental, levier social, économique, etc. » Malgré toutes ces possibilités, cependant, M. Seck ne s’emballe pas puisque, reconnaît-il, « je reste perplexe… »
Retombées financières : « le Sénégal ne va pas se transformer en 2022 » selon le spécialiste en géopolitique pétrolière
Depuis quelques années, les spéculations vont bon train par rapport aux retombées de flux financiers par rapport à l’exploitation de nos hydrocarbures. Mieux, les politiques nous disent qu’à partir de 2022, nous allons commencer l’exploitation. Mais, pour le spécialiste en géopolitique pétrolière et gazière, l’exploitation n’est pas synonyme de retombées financières automatiques. En effet, M. Thaddee Adiouma Seck pense qu’il faut parfois observer certains temps c’est-à-dire « le temps de récupérer l’investissement, de rembourser les dettes, etc. pour que les flux financiers soient à leur maximum ». « Personnellement, je pense que c’est une erreur de considérer que notre pays va se transformer en 2022. Je pense qu’il faut calmer les esprits et il faudra faire preuve de beaucoup plus de prudence parce que le secteur pétrolier se démarque par les incertitudes. C’est pourquoi, je considère que 2022 ne sera pas l’avènement de la transformation du Sénégal. Il faudra attendre quelques années le temps d’avoir les flux financiers nécessaires et de réfléchir sur un nouveau cadre de gouvernance permettant de transformer structurellement le Sénégal », soutient en conclusion, sous forme de conseils, M. Seck par ailleurs enseignant à l’institut Perform.
BENNO BOKK YAKKAR, EN QUETE DE SURVIE POLITIQUE
En attendant la formation d’un nouveau gouvernement après la réélection pour un deuxième et dernier mandat du président Macky Sall, la coalition Benno Bokk Yakaar semble vivre ses derniers mois.
Malgré les efforts de certains de ses membres pour ralentir le chrono et maintenir la cohésion, la mouvance présidentielle est consciente de l’inéluctabilité de son implosion. Le Témoin soumet ainsi à la loupe des analystes l’état de ce patient en situation critique. Décryptage !
Au-delà de la formation, attendue dans quelques jours, d’un nouveau gouvernement après la réélection du président Macky Sall au soir du 24 février dernier, tous les yeux sont rivés vers le futur de la coalition Benno Bokk Yaakar (Bby). Sommes-nous au crépuscule de cette alliance politique qui l’a soutenu en un bloc compact sept ans durant ? Benno Bokk Yaakar a-t-elle sa raison d’être au cours de ces cinq dernières années du président Macky Sall au pouvoir ? Les positions des observateurs soit pour le moins mitigées. Ainsi, selon le journaliste et analyste politique Ibrahima Bakhoum, un diagnostic des composantes de cette alliance, s’impose d’emblée. « Macky Sall a trois générations de compagnons. Il y a ceux qui sont allés avec lui dès la naissance de l’APR pour ensuite mettre en place la coalition « Macky 2012 » et il y a ceux venus dans l’entredeux tours de l’échéance présidentielle de 2012 comme les Niasse, Tanor et autres puis enfin nous avons les arrivées de la dernière heure qu’on peut appeler les ralliés, venus la plupart du PDS sous la casquette de transhumants », énumère-t-il pour camper le sujet. Le tableau représentatif de ce cartel politique est ainsi peint à travers différentes vagues en mouvement composées par des « alliés et des ralliés ».
Depuis l’annonce de la victoire du président Macky Sall au soir du 24 février 2019, la scène médiatique est secouée par une guerre de positionnement. Si certains hommes politiques veulent monter en épingle leur contribution « décisive » supposée à la réélection du président sortant, d’autres essayent de s’exonérer de toute faute ayant conduit à la défaite du candidat de Bby dans leur bastion. Immédiatement après, a suivi le débat sur une éventuelle anticipation des élections législatives, prévues pour 2022, pour un couplage avec les municipales devant se tenir en décembre prochain. Une proposition faite par la dernière ralliée au pouvoir, l’avocate Aïssata Tall Sall, par ailleurs mairesse de Podor et leader du mouvement « Oser l’avenir ». Une proposition jugée « inopportune » et « prématurée » par le Parti socialiste, un des géants de la mouvance présidentielle, dont Me Aïssata Tall Sall était une figure de proue. Au bout du fil, le journaliste et analyste politique Ibrahima Bakhoum voit dans ce débat sur le couplage une querelle ayant pour but de se positionner dans les listes des élections législatives et municipales à venir.
Selon le vétéran de la presse, « tous les gens qui s’accrochent autour du maintien de Benno savent que, sans la coalition, ils ne représenteront plus rien du tout. Donc, en ce sens, ils ont raison de dire : ‘restons ensemble pour les échéances locales’ ». Poursuivant, notre interlocuteur met l’accent sur la question de la représentativité de la jeunesse qui semble être mise de coté dans les postes stratégiques du régime en place. Selon Ibrahima Bakhoum, en effet, « actuellement, les jeunes militants du parti au pouvoir estiment qu’il y a une relève politique qui existe au sein même de l’Alliance pour la République (APR). Et ils s’estiment lésés au profit de la vieille classe politique de la coalition Benno Bokk Yaakar composée des barons de partis traditionnels». Les couleurs d’une alternance générationnelle se voient ainsi annoncées. Macky Sall compte-t-il se plier à cette volonté « légitime » de cette frange de son parti ? En tout cas, le journaliste Bakhoum assure qu’une éventuelle fracture au sein de la mouvance présidentielle est prévisible. « Les alliés de Macky savent eux-mêmes que le compagnonnage ne va pas perdurer. Ce qui intéressait le président, c’est son deuxième mandat » explique-t-il. Quant au spécialiste en la matière, Assane Samb, lui, il précise et donne date. « Actuellement, Macky a besoin de l’appareil Benno Bokk Yaakar car il ne voudra pas s’inscrire dans une dynamique de cohabitation à l’horizon 2022 aux législatives. A partir de ce moment, il sera question pour lui de réfléchir sur la réorganisation de son parti ». Le temps du cartel politique est donc compté.
Vers un gouvernement de technocrates…
La fin des manigances politiques laisse place à l’expertise. C’est ce que soutient l’analyste politique Assane Samb, donnant son opinion sur la réorientation de l’exécutif qui se profile « Il ne s’agit plus de nominations politiques, mais Macky gagnerait à privilégier les compétences et mettre fin au fractionnement des ministères en mettant en place un gouvernement compétent et non pléthorique. Pour ce faire, le président doit se tourner vers les cadres et il y en a dans son entourage » soutient-il. Cependant, Assane Samb, en tant qu’observateur, dit ne pas s’attendre à des changements majeurs d’ordre structurel surtout dans des postes clés telle la primature
« Macky Sall doit faire preuve d’initiative, d’audace et de courage dans un environnement des affaires internationales très difficile »
Dans son analyse des enjeux socio-économiques actuels, Assane Samb estime que le chef de l’Etat doit faire œuvre d’une forte volonté politique pour sortir le pays du gouffre. A l’en croire, les jeunes attendent Macky Sall au tournant sur sa promesse de créer un million d’emplois durant son dernier mandat. Egalement, la problématique de l’éducation reste à résoudre surtout la situation des grèves cycliques dans laquelle est plongée le pays ainsi que la lancinante question des étudiants orientés dans le privé. Une forte demande sociale qui fait dire à l’analyste que « Macky Sall doit faire preuve d’initiative, d’audace et de courage dans un environnement des affaires internationales très difficile ». C’est dire que les difficultés sont partout et bousculent les coalitions politiques jusqu’à les mettre à genoux.