Promettez-nous qu’au lieu de proposer des ministres à votre mari vous l’aiderez plutôt à être plus proche des citoyens sans distinction aucune - S’il vous plait, promettez-nous que vous ne ferez pas du palais un lieu de bombance
Dites-moi, chères probables futures premières dames,
Serez-vous une première dame discrète, dont les actions se feront dans la pudeur et au nom de l’État ou au contraire perpétuerez-vous cette ère de première dame folklorique et extravagante dans l’aide aux démunis ?
Promettez-nous, chère probables premières dames, que vous incarnerez la pudeur dans les actions caritatives et que vous ne politiserez jamais la fondation que vous mettrez en place. Promettez-nous que vous ne conditionnerez pas la prise en charge des malades démunis et des célébrités en difficulté à leur engagement politique et que vos actions seront enfin républicaines. Promettez-nous que vous utiliserez votre influence pour assister les écoles coraniques, les femmes rurales démunies, les femmes de la banlieue pour les sortir de la précarité et non pour les appâter vers le parti de votre époux.
Chère future première dame, promettez-nous qu’en tant que mère, vous comprendrez combien c’est important que l’aide qu’une maman reçoit pour nourrir ses enfants soit entourée de SOUTOURA et non exposée à l’objectif des caméras. Promettez-nous qu’avec vous il y aura moins de danse et ce, non pas parce que vous n’êtes pas par nature joyeuse, mais parce que le mal qui ronge vos sœurs vous tourmente et que, par compassion, vous resterez toujours digne et sereine. Jurez devant Dieu et devant la nation que votre action sera plus sociale que politique, que vous ne renforcerez pas le pouvoir de votre mari déjà trop écrasant. Promettez-nous qu’au lieu de proposer des ministres à votre mari vous l’aiderez plutôt à être plus proche des citoyens sans distinction aucune.
Chère future première dame, vous êtes aujourd’hui presque dans l’anonymat : promettez-nous que vous ne ferez pas abondamment irruption dans nos maisons par votre omniprésence à la télévision nationale au point de nous saturer de votre présence. Je vous en conjure, chère première future dame, restez à l’écart du pouvoir et ne nous imposez pas une nouvelle dynastie qui nous étouffera encore pendant cinq longues années !
S’il vous plait, promettez-nous que vous ne convierez pas les membres de votre famille à la gestion du pouvoir, parce que vous ne considérez pas celui-ci comme un gâteau que votre mari doit distribuer à des amis. Chère première dame, convainquez-nous que vous ne ferez pas de votre fondation un repaire de transhumants ni un centre de reconversion d’anciennes plumes acerbes en vulgaires dames de compagnie.
Madame, la future première dame, j’espère qu’avec votre magistère notre pays rompra avec cette indécente pratique consistant à faire des électeurs de pauvres nécessiteux dont le vote peut être influencé ou acheté par quelques sacs de riz. J’espère que vous travaillerez à affranchir vos sœurs de l’emprise des entrepreneurs politiques.
Chère future première dame, aurez-vous suffisamment foi en Allah au point de doter les mosquées et les églises sans en attendre un profit politique quelconque et sans que cela se sache ? S’il vous plait, promettez-nous que vous ne ferez pas du palais un lieu de bombance où se retrouveraient quelques femmes de la haute société pendant que leurs sœurs sont en train de croupir dans la misère en dépit des sacrifices qu’elles consentent dans la dignité et l’abnégation.
Promettez-nous que vous, accompagnée de quelques collaborateurs, sortirez du palais, dans l’aurore de la discrétion, pour aider sans être reconnue ces femmes anonymes qui se lèvent tôt le matin pour nourrir leur famille ! Êtes-vous vraiment prête à être la mère « invisible » des orphelins que la communauté n’a pas réussi à intégrer ou à adopter ? Êtes-vous celle qui paiera un avocat à toutes ces femmes battues, violées, ou victimes d’harcèlement dans leur lieu de travail ?
Êtes-vous la première dame d’une nation de croyants et qui, pour cela, préférera la télévision et la reconnaissance de Dieu à celles, trop artificielles et mensongères, des hommes ? Serez-vous une première dame plus sensible à l’amour de la lecture chez les jeunes filles qu’aux pas de danse d’un club de femmes d’en-haut ? Jurez-nous que, par reconnaissance à la communauté qui a fait confiance à votre époux, vous n’userez jamais de votre fondation pour servir vos amis et parents.
Serez-vous cette première dame déterminée à sacralisez davantage ce lieu qui vous hébergera et ce, non pour vous couper de la société, mais pour garder le mythe qui entoure les affaires de le république ?
PAR LES LANCEURS D'ALERTES DU SÉNÉGAL
PERSONNE N’A LE DROIT DE BRÛLER LE PAYS
il est impératif de rappeler aux politiques que quels que puissent être les motifs pour lesquels ils se battent, rien ne les autorise à chercher d’embraser le pays
Les Lanceurs d'alerte du Sénégal |
Publication 18/02/2019
Les Lanceurs d’Alertes du Sénégal très préoccupés par la situation politique en cette période d’élections présidentielles tirent sur la sonnette d’alerte pour attirer l’attention de tous sur les menaces réelles qui planent sur notre pays.
L’opinion nationale doit être avertie que le Sénégal, un pays de longue tradition démocratique et un exemple de stabilité en Afrique, risque d’être entrainé dans une direction inquiétante qui requiert la vigilance de la communauté internationale.
Les hommes politiques de tous bords débitent des langages qui sont tout simplement des appels à la violence qui risquent d’aboutir si on n’y prend garde à une confrontion dont les conséquences peuvent remettre en cause la cohésion nationale du Sénégal.
Les Lanceurs d’Alertes du Sénégal viennent rappeler aux acteurs politiques et à leurs partisans de ne pas s’aventurer à poser des actes qui peuvent aller dans le sens de créer des troubles, ou d’installer l’instabilité.
Aujourd’hui il est impératif de rappeler aux politiques que quels que puissent être les motifs pour lesquels ils se battent, rien ne les autorise à chercher d’embraser le pays.
Les Lanceurs d’Alertes du Sénégal lancent un appel urgent et pressant au peuple sénégalais, aux chef religieux et coutumiers, à la société civile, aux médiateurs et modérateurs sociaux, aux porteurs de voix, et aux familles d’œuvrer à la préservation de la paix.
Nous demandons à la jeunesse de ne jamais se laisser entrainer dans la violence ou de poser des actes qui pourraient aboutir à des lendemains troubles qui assombriraient ou hypothéqueraient l’avenir du Sénégal.
Que ceux qui ont encore de l’autorité ou de la crédibilité dans notre pays s’impliquent sans réserve pour que le pouvoir et l’opposition rétablissent le dialogue dans le sens de trouver des points de convergence pour faire retomber la tension, et de ne privilégier désormais que l’intérêt exclusif du Sénégal.
La réalité géopolitique aujourd’hui impose au Sénégal qui est un ilot de paix dans un cercle de feu, d’être très vigilant et de prendre en compte les convoitises dont notre pays aujourd’hui est l’objet.
Le peuple sénégalais devra dans le cadre de l’élection présidentielle faire librement son choix, et voter pour le candidat qui réponde le mieux à ses aspirations, qui saura veiller au développement économique et social, au renforcement de la démocratie, et surtout à la préservation des ressources minières, (surtout pétrolières et gazières) que Dieu Le Tout Puissant vient de doter notre pays.
C’est le moment ou jamais de prendre conscience de la nécessité urgente pour les acteurs de la vie politique de n’avoir en ligne de mire que l’intérêt exclusif du Sénégal, et pour y arriver, le dialogue doit être rétabli.
Toute la classe politique, et tous les acteurs de la société civile devront se mettre autour de la table pour discuter de tous les contentieux qui sont à l’origine de tensions récurrentes, et dont les répercussions et les conséquences peuvent être grosses de danger pour notre pays.
Et qu’à l’issue de l’élection présidentielle, quel que soit celui qui sera élu, des réformes profondes, significatives et impérieuses devront être engagées pour corriger tous les points de contestations liés au code ou au processus électoral.
Comme par exemples : la concertation et le consensus sur le fichier électoral, l’accès libre des organisations politiques au fichier électoral, l’accès libre et équitable aux médias publics, la sécurisation de la carte d’électeur, l’option du bulletin unique, le statut du chef de l’opposition conformément à l’article 58 de la constitution qui stipule que : « La Constitution garantit à l’opposition un statut »,une réforme totale pour une indépendance de la justice ( ce qui ne voudra pas dire une république des juges ), la révision de la loi sur le parrainage , une autorité indépendante pour organiser et superviser toutes les élections , la réforme du conseil constitutionnel, la nomination de juges indépendants et de membres de la société civile sans étiquette politique qui seront chargés de proclamer les résultats, la séparation des votes des militaires et des civils , le financement des partis politiques, et de permettre à tout sénégalais qui dispose de sa carte d’électeur le droit de voter .
Nous en appelons à la responsabilité de tous et de chacun, et de dire tout simplement que : « Personne n’a le droit de bruler le Sénégal »
Amadou Moustapha Gaye, président des Lanceurs d’Alertes du Sénégal
MACKY VERS UN COUP K.O ?
Une victoire à l'issue du premier tour, voilà ce que vise le président sortant à l'élection du 24 février - Et si l'opposition, plutôt clairsemée, lui permettait de gagner ce pari
Le Point Afrique avec AFP |
Publication 17/02/2019
Dans un pays friand de débat démocratique, le président sortant n'a pas (encore) donné son accord à sa participation au fameux débat auquel le #SunuDebat a réussi à attirer les quatre autres candidats retenus par le Conseil constitutionnel. Pire, il semble même parti pour refuser d'en être. Cette attitude peut paraître surprenante, mais elle peut s'expliquer. Macky Sall est le seul de tous les candidats à avoir occupé à la fois les plus hautes fonctions exécutives (président de la République et Premier ministre), mais aussi la plus haute fonction législative (président de l'Assemblée nationale). À son actif, il a de nombreuses années au pouvoir et surtout il a le bilan de son septennat à défendre et une deuxième étape de sa stratégie (le plan Sénégal émergent) à promouvoir auprès des électeurs. Dans un tel contexte, il y a lieu de parier que derrière son refus, il y a surtout la volonté de ne pas présidentialiser des adversaires plutôt en ordre dispersé et donc de se donner les moyens de gagner dès le premier tour.
Un décor électoral qui ne plaît pas à l'opposition...
Donc, face à celui qui entend conduire la deuxième phase (2019-2023) de son plan Sénégal émergent, les quatre adversaires, rescapés du nouveau système de parrainages et des décisions judiciaires qui ont éliminé des rivaux de poids, espèrent un second tour, à commencer par l'ancien Premier ministre Idrissa Seck. Devant la difficulté de la tâche, l'opposition ne manque pas de dénoncer l'invalidation des candidatures de Karim Wade, fils et ancien ministre du prédécesseur de Macky Sall, Abdoulaye Wade (2000-2012), et du maire déchu de Dakar Khalifa Sall, dissident du Parti socialiste (PS), tous deux frappés par des condamnations judiciaires. Côté logistique, le 24 février, les bureaux de vote doivent ouvrir à 8 heures et fermer leurs portes à 18 heures GMT. Les premiers résultats sont attendus dans les médias dès la fermeture des bureaux, mais ne deviendront officiels qu'à partir du 25 ou du 26 février. Compte tenu des délais légaux de leur proclamation et de possibles contestations, un éventuel second tour se tiendrait vraisemblablement le 10 ou le 17 mars.
Domination de la famille libérale
Le Sénégal, qui a connu deux alternances, en 2000 et en 2012, et aucun coup d'État, fait figure de modèle démocratique en Afrique, mais les campagnes électorales y sont souvent émaillées d'accusations de corruption, de désinformation et de violences. Des affrontements ont fait deux morts le 11 février à Tambacounda, à 420 kilomètres à l'est de Dakar, entre partisans de la coalition présidentielle et du candidat du Parti de l'unité et du rassemblement (PUR), Issa Sall, proche de la mouvance religieuse. Les deux autres candidats sont l'ancien inspecteur des impôts Ousmane Sonko et l'ancien ministre Madické Niang. Pour la première fois depuis 1978, ni le PS ni le Parti démocratique sénégalais (PDS, libéral) d'Abdoulaye Wade ne présentent leur propre candidat. Mais la famille libérale est particulièrement bien représentée, avec Macky Sall, Idrissa Seck et Madické Niang, tous trois issus du PDS.
Tandem Seck-Sall et retour d'Abdoulaye Wade
La campagne, qui a vu les candidats sillonner le pays avant de regagner Dakar pour la dernière semaine, a été marquée par le partenariat avec Idrissa Seck annoncé de sa prison par Khalifa Sall et le retour au pays de l'ex-président Wade, décidé à empêcher une élection « verrouillée » par son successeur. Abdoulaye Wade a appelé à brûler le matériel électoral et à s'attaquer aux bureaux de vote, une « attitude de subversion » dénoncée par le gouvernement, mais dont le ministre de l'Intérieur Aly Ngouille Ndiaye a minimisé la portée. « Dans ce pays-là, on ne peut pas, on ne peut plus truquer des élections », a d'ailleurs assuré le ministre. Si le partenariat avec l'ex-maire de Dakar a conforté, dans son statut de principal concurrent de Macky Sall, Idrissa Seck, candidat pour la troisième fois, après les ralliements de recalés du système de parrainages, dont deux anciens Premiers ministres, le pouvoir mise sur son bilan, notamment en termes d'infrastructures.
Prime aux réalisations et à la stabilité politique
« L'autoroute à péage Ila Touba, le pont de Farafenni, les bourses familiales, la CMU (couverture maladie universelle) », a énuméré Badré Diouf, un électeur interrogé sur les raisons de son soutien au président sortant, lors d'un meeting à Kaolack (centre), citant quelques-uns des chantiers achevés sous son mandat. Lors de son investiture le 1er décembre, en présence des présidents ivoirien Alassane Ouattara, gambien Adama Barrow, libérien George Weah, mauritanien Mohamed Ould Abdel Aziz et du Premier ministre bissau-guinéen Aristide Gomes, Macky Sall s'est engagé à amener le Sénégal « plus loin et plus haut ».
Le pays, musulman à plus de 90 %, réputé pour sa tolérance religieuse et le poids des confréries, a jusqu'à présent été épargné par les attentats djihadistes qui ont frappé d'autres pays d'Afrique de l'Ouest. Mais il a renforcé sa sécurité ainsi que sa législation, parfois au prix d'atteintes aux libertés, selon des organisations de défense des droits de l'homme. Un étudiant a été condamné cette semaine à trois mois de prison avec sursis pour « apologie du terrorisme » sur Facebook, après plus de quatre ans de détention provisoire. Pour Astou Fall, une commerçante de Bambey (centre-ouest), quel que soit le vainqueur du scrutin, l'essentiel est la stabilité du pays. « Je ne me casse pas la tête avec la politique », a-t-elle expliqué à l'AFP. « Que le meilleur gagne et que la paix perdure, nous tenons à notre stabilité nationale. »
MULTIPLE PHOTOS
CINQ AFRICAINES À SUIVRE EN 2019
Portraits de femmes qui font bouger le continent, révélées par le classement des « 100 Africains de l’année » du magazine « New African »
Le Monde Afrique |
Sandrine Berthaud-Clair |
Publication 17/02/2019
Raconter l’Afrique émergente. Dénicher aujourd’hui les talents de demain. C’est à cet exercice que le magazine New African s’est plié dans son numéro trimestriel paru début février. Pour sortir « Les 100 Africains de l’année 2019 », Hichem Ben Yaïche, le rédacteur en chef de l’édition francophone, s’est donné pour contrainte de « ne pas piocher dansles personnalités du premier cercle ». Son classement veut « se concentrer sur les forces vives, les forces de création » qui font avancer le continent.
Exit donc les indéboulonnables présidents et premiers ministres attendus, les puissants chefs d’entreprises et autres people surmédiatisés, et place au « deuxième cercle ». Si pour les hommes la recherche a été aisée, les Africaines, plus réservées peut-être, malgré leur dynamisme et leur inlassable travail, n’occupent qu’une toute petite place dans ce palmarès avec douze portraits seulement. Le Monde Afrique propose un coup de projecteur sur cinq d’entre elles. De ces femmes qui, presque en silence, avancent et font.
Najla Al-Missalati, passeuse de code
L’ingénieure libyenne a cofondé il y a deux ans, à l’âge de 27 ans, l’école SheCodes, exclusivement destinée aux filles qui veulent devenir informaticiennes et développeuses de logiciels. Convaincue que les femmes doivent conquérir l’univers du langage informatique pour se dégager d’une vision réductrice de l’émancipation les confinant à certains métiers, Najla Al-Missalati a convaincu l’Union européenne et Expertise France de la soutenir.
Les deux premières promotions de jeunes filles sont sorties en 2018, et SheCodes compte investir les écoles de Benghazi pour initier les enfants au monde du 2.0. La guerre fratricide engagée depuis la mort de Mouammar Khadafi en 2011, qui mobilise les hommes au combat, a poussé les femmes à sortir de chez elles et à travailler davantage, « obligeant les mentalités à évoluer petit à petit », explique la Benghaziote. Son ambition est désormais de former des informaticiennes « capables de concurrencer les meilleurs ingénieurs indiens ». SheCodes a remporté le deuxième prix de la compétition mondiale Seed Stars en août 2018.
Maximilienne Ngo Mbe, lanceuse d’alerte
Directrice du Réseau des défenseurs des droits humains du Cameroun (Redhac), c’est elle qui a dénoncé, début juillet 2018, l’exécution sommaire par des soldats camerounais de deux femmes et de leurs enfants. La vidéo de trois minutes montrant les faits, publiée le 10 juillet sur Internet et rapidement devenue virale sur les réseaux sociaux, avait déclenché un scandale, l’armée étant déjà suspectée de brutalité envers la population civile dans sa lutte contre Boko Haram, notamment dans la région de l’Extrême-Nord. Après plusieurs semaines d’une communication hasardeuse faite d’annonces et de démentis, les autorités camerounaises ont enfin procédé à l’arrestation, le 10 août, de sept militaires.
La Redhac, ONG habituée des zones de conflits, avait affirmé avoir « recoupé »les informations contenues dans cette vidéo, disant être en mesure d’attester de « son authenticité ». Il aura fallu ensuite plus de deux mois d’enquête collaborative menée par la BBC avec Amnesty International, le site d’investigation Bellingcat et la contribution d’internautes pour déterminer avec certitude le lieu du crime, affiner la date (entre le 20 mars et le 5 avril 2015) et trouver l’identité des deux principaux soldats grâce à des outils numériques et mathématiques.
Avec l’aggravation de la crise anglophone dans l’ouest du pays, le terrorisme islamiste dans le nord et la reprise en main générale opérée par le régime après la réélection, en octobre, du président Biya pour un septième mandat, la vigilance de la Redhac sera encore utile aux Camerounais.
Kamissa Camara, diaspora gagnante
A 35 ans, Kamissa Camara a été nommée ministre des affaires étrangères et de la coopération internationale dans le nouveau gouvernement de Soumeylou Boubèye Maïga. Diplômée en relations internationales et en économie politique, elle a fait ses études en France et aux Etats-Unis. Détentrice des nationalités américaine, française et malienne et d’un carnet d’adresses à la hauteur de son parcours, la trentenaire a pris la tête de la diplomatie malienne en septembre 2018 après la réélection, en août, du président Ibrahim Boubacar Keïta pour un second mandat.
Partie un temps faire carrière outre-Atlantique au sein de plusieurs centres de recherche et ONG spécialisés dans la sécurité, la bonne gouvernance et la diplomatie, elle avait créé en 2018 le cercle de réflexion Forum stratégique sur le Sahel.
Fattoum Nasser, les délices de Yummy
A tout juste 20 ans, Fattoum Nasser faisait partie des lauréats du concours d’entreprenariat organisé par le prestigieux Massachusetts Institute of Technology (MIT) et l’incubateur de la compagnie pétrolière bahreïnie Tatweer, pour la création de l’application Yummy, une plateforme de livraison de plats faits maison installée à Sebha, ville du centre de la Libye, et lancée début 2018.
Un an plus tard, la petite entreprise (dont le nom signifie « délicieux ») s’est développée sur les réseaux sociaux grâce à une dotation de 80 000 dollars (71 500 euros). Elle livre désormais aussi les villes de Tripoli et Benghazi grâce à des dizaines de chauffeurs, et emploie onze personnes pour préparer les commandes. « On a commencé avec rien, on était tous bénévoles avec l’envie d’aider les gens », raconte volontiers Fattoum Nasser. En 2018, Yummy a remporté la troisième place aux Seed Stars, assortie d’un prix de 10 000 dollars pour continuer de se développer.
Amy Sow, peindre les voix des femmes
Depuis 2017 et la création d’Art Gallé, un lieu ouvert destiné à faire connaître les arts plastiques et les artistes dans la capitale mauritanienne, la peintre Amy Sow ne se lasse pas de travailler dans ce but, convaincue « qu’à travers l’art on peut changer beaucoup de choses ». Née en 1977 à Nouakchott, Amy Sow est « tombée » dans la peinture dans les années 2000. Comptant parmi les rares femmes de son pays à avoir choisi cette voie pour s’exprimer, elle raconte avoir dû « forcer ce chemin » alors que la Mauritanie ne compte aucune école des beaux-arts et que le rôle assigné à la femme y est encore circonscrit au foyer.
Depuis près de quinze ans, la plasticienne concentre son travail sur la figure de l’Africaine, « méprisée partout ». « Je suis porteuse de voix, et mon but, c’est d’aider, de dénoncer, de crier s’il le faut. C’est à travers ma peinture que je peux mener cette lutte-là. » Après avoir constitué plusieurs collectifs d’artistes, participé en 2014 en tant que « costumière plasticienne » au film Timbukturéalisé par son compatriote Abderrahmane Sissoko, Amy Sow est désormais l’une des rares Mauritaniennes à être exposée à l’extérieur de son pays.
200 MILLE SÉNÉGALAIS TOUJOURS SANS CARTE D'ÉLECTEUR
Face aux critiques de la société civile, le ministère de l’intérieur met en avant le défi logistique représenté par une telle distribution
Le monde Afrique |
Matteo Maillard |
Publication 17/02/2019
A une semaine de l’élection présidentielle du 24 février, près de 213 000 Sénégalais -selon le ministère de l’intérieur- ne sont toujours pas en mesure de voter, faute d’avoir obtenu leur carte d’électeur. « On m’a dit que la mienne était dans la ville de Diourbel mais une fois là-bas, on m’indique qu’elle est à Dakar. De retour à Dakar, on me réoriente encore à Diourbel, 160 km à chaque fois, c’est vraiment compliqué », s’agace Mamadou Wagne. Ce trentenaire est « loin d’être le seul », assure-t-il. Le scrutin approche et nombre de ses connaissances sont encore engluées dans un parcours du combattant pour récupérer le précieux document.
Depuis le 9 janvier, des commissions administratives de distribution des cartes d’électeur ont été créées dans chacune des 557 communes du Sénégal. « Afin de faciliter le retrait de sa carte, nous avons largement étoffé notre communication,explique Bernard Casimir Demba Cissé, directeur formation et communication de la Direction générale des élections (DGE). Dans les 14 régions du pays, nous diffusons notre appel à se rapprocher des commissions en six langues via la radio, la télévision, des SMS, des crieurs publics et des commissions itinérantes. Nous avons investi les réseaux sociaux et mis en place une plateforme afin de permettre d’identifier le lieu où se trouve sa carte et dans quelle commune voter. »
Des efforts qui ne sont pas suffisants selon Abdou Khafor, membre fondateur du collectif de la société civile « Y en a marre » où il suit la situation de Diourbel. « Cette région est la deuxième plus grande du pays en nombre d’électeurs et il y a encore des milliers de personnes qui ne sont pas en mesure de voter, dénonce-t-il. L’Etat envoie des SMS mais la majorité de la population est analphabète. Il communique sur les réseaux sociaux en oubliant que les villages n’ont pas encore accès à internet. »
Défi logistique ou manipulation politique
Plus qu’un problème de communication, le jeune activiste voit derrière ces difficultés de distribution une volonté politique. « Diourbel est le fief du premier parti d’opposition, le Parti démocratique sénégalais, dit-il. Si l’ensemble de la population est concerné par ces problèmes de retrait, les plus atteints sont les primo-votants, donc les jeunes. Ils sont bien souvent antisystème et le pouvoir a compris qu’ils représentent une menace pour un deuxième mandat de Macky Sall. »
Bernard Casimir Demba Cissé conteste toute manipulation mais concède que la région représente un défi logistique. « Dans la ville de Touba [la plus peuplée de Diourbel], nous avons mis en place 22 commissions de distribution au lieu d’une par commune comme dans le reste du pays, affirme-t-il. Chaque mardi, le comité électoral se réunit pour mettre à contribution les chefs de village et de quartier afin que l’information circule. Nous avons aussi dû modifier la carte électorale en y ajoutant huit nouveaux lieux de vote pour près de 15 000 personnes. Nous n’avons aucun intérêt à ce que ces cartes restent en souffrance. »
Le jeudi 14 février, un journaliste de la chaîne Africa24 a interpellé le ministre de l’intérieur Aly Ngouille Ndiaye pour lui faire part de son problème de carte. « Je lui ai dit qu’elle avait été envoyée à Diourbel alors que je n’ai aucun lien avec ce lieu, je suis né et j’ai grandi à Dakar, raconte le journaliste El Hadj Ndiaye au Monde Afrique. Il m’a juste répondu que j’avais été mal informé. Pourtant je connais beaucoup de gens à qui c’est arrivé. »
Taux de retrait à 96,7 %
Pour le militant Abdou Khafor, le ministre de l’intérieur, organisateur des élections, s’est fourvoyé lorsqu’il a annoncé le 27 février 2018 à la télévision avoir « la ferme intention de travailler pour que le président Macky Sall gagne au premier tour de l’élection présidentielle. Pour cela, d’abord, je ferai inscrire tous ceux qui veulent voter pour Macky Sall. Je m’emploierai à ce qu’ils récupèrent leur carte d’électeur et je les aiderai à aller voter ». Une intervention qui avait suscité un tollé dans le pays. L’opposition avait accusé le ministre de « partialité »et demandé sa démission.
« Notre devoir est de veiller à ce que chaque citoyen soit en possession de sa carte », réitère M. Cissé. A ceux qui n’arriveraient pas à l’obtenir, la possibilité d’un duplicata réalisé en 72 heures a été ouverte dans dix commissariats de Dakar. « Trop peu, trop tard », lance M. Khafor. La DGE se veut positive : « Lors de la dernière présidentielle en 2012, nous avions seulement 60 % des cartes retirées une semaine avant le scrutin, rétorque M. Cissé. Aujourd’hui, nous sommes à un taux de 96,71 %. Jamais dans l’histoire du Sénégal, il n’a été aussi élevé. »
Des fantômes administratifs
Sur la vingtaine de missions d’observation accréditées, aucune n’a pour l’instant fait de commentaire sur de potentielles irrégularités dans la distribution des cartes d’électeur. Mais une partie de la société civile se prononce déjà. « Sur les 22 circonscriptions électorales que nous avons visitées [soit la moitié du total], le nombre de cartes manquantes est supérieur aux chiffres officiels de la Commission électorale nationale autonome, avance Ababacar Fall, membre fondateur du Groupe de recherche et d’appui conseil pour la démocratie participative et la bonne gouvernance. Bien souvent, les cartes arrivent dans les commissions en vrac, non triées, et sans listes nominatives. C’est une situation plus grave qu’en 2012. »
Distribuer 213 000 cartes en une semaine est « un défi surmontable, rassure M. Cissé. Mais il faut considérer que nous n’atteindrons pas 100 % car malgré la refonte du fichier électoral il y a deux ans, certaines personnes sont aujourd’hui hors du pays ou décédées et ne pourront récupérer leur carte. »
Ce n’est pas la seule barrière qui empêchera tous les Sénégalais majeurs d’exercer leur droit de vote. Dans les villages reculés, les familles n’ont pas toutes pris l’habitude de déclarer à la préfecture les décès comme les naissances. Le pays compte un taux élevé d’habitants sans identité officielle, hors des registres de l’Etat civil. En 2013, une enquête de l’Agence nationale de la statistique et de la démographie a estimé leur proportion à 20,3 % de la population. Pour ces fantômes administratifs, l’élection de la semaine prochaine ne sera qu’une lointaine réalité.
PAR SAXEWAR DIAGNE
COMPRENDRE LA STRATÉGIE DU CHAOS DE WADE
EXCLUSIF SENEPLUS - Wade a toujours une longueur d'avance - Il est temps, même pour ses critiques qui voient en lui le chantre de la mal gouvernance, de lui reconnaître une capacité particulière à voir le monde tel qu'il est - L'homme est rationnel
Le propos de Wade à quelques jours de la présidentielle est-il suffisamment précis pour être bien compris ? Si l'on analyse ce qui semble être l'intention, voici en peu de mots ce que Wade dit ou devrait clairement dire : "Faites tout pour empêcher le bon déroulement du scrutin mais si pour une raison ou une autre, vous devez voter, votez pour qui vous voulez sauf Macky et donnons-nous rendez-vous le 25 février pour empêcher le président sortant de gouverner après s'être immanquablement déclaré vainqueur au premier tour".
Wade ne se positionne pas pour le 24 mais prépare plutôt la bataille du 25. Chaque fois que le rapport de force pré-électoral ne lui a pas été favorable, c'est la stratégie que Wade a utilisée : créons une tension suffisante pour avoir un momemtum post-électoral qui mettra le pouvoir en difficulté et l'obligera à négocier, à faire des concessions majeures qui peuvent aller jusqu'à faire participer l'opposition à un gouvernement d'union nationale ou un de ses dérivés, un gouvernement de majorité élargie.
Un épilogue de cette nature pourrait paver la voie pour une sortie de l'histoire du pionnier Abdoulaye Wade. Les cartes auront été rebattues et trois critères fondamentaux auront été réunis. Un, son fils est réhabilité (suite à une amnistie générale obtenue avant la mise en place d'un gouvernement de consensus). Deux, son parti, le PDS est toujours sur pied, fort, dominant voire toujours majoritaire. Trois, un horizon politique complètement ouvert est en place vers les prochaines législatives et pour 2024.
C'est l'esprit serein, la conscience tranquille que le Pape du Sopi pourra alors définitivement tirer sa révérence. C'est là son ultime ambition.
Les convictions politiques de Wade quand il s'agit du rapport au pouvoir sont fondées sur un facteur unique : la force. La politique selon lui, c'est l'affrontement de deux forces : celle de l'Etat et celle de la rue.
Face à l'incapacité de son camp et de celui de Khalifa Sall à faire réagir la rue pour forcer le destin de candidat présidentiel de ce dernier et de son fils, Wade considère que le contrôle de l'Etat par Macky est suffisamment effectif pour le maintenir aux affaires quel que soit du reste, les résultats réels du vote du 24 février.
En d'autres termes, le postulat de départ de Wade, c'est la certitude d'une victoire de Macky au premier tour de l'élection présidentielle. Et c'est bien pour cela que toute sa stratégie consiste à préparer l'après élection et ainsi mettre en ordre de bataille, derrière lui, toute l'opposition à partir du 25 février.
Dans sa déclaration de Versailles du 4 février dernier, il a bien indiqué que sa stratégie comportait 3 phases. La première qui mène au jour de l'élection, la deuxième qui concerne le jour du scrutin et la troisième qui commencerait le jour d'après. En fait, dans cette stratégie de Wade, les étapes 1 et 2 sont préparatoires de la phase la plus importante qui elle commence le 25 février.
Afin de réussir cette troisième phase cruciale, Wade comprend qu'il lui faut absolument réunir 4 conditions :
- Rester et être reconnu comme le chef incontestable de l'opposition ;
- Rallier à sa cause et à son leadership tous les opposants : les recalés de la candidature ainsi que les candidats battus le 24 février ;
- Mobiliser la rue pour contester les élections ;
- Forcer le pouvoir à aller à une négociation qui aboutirait à une amnistie générale des acteurs politiques et éventuellement à la mise en place d'un gouvernement d'union nationale qui seul pourrait garantir un minimum de stabilité dans le pays.
Ce n'est qu'au bout de cet ultime combat que Wade envisage de s'évanouir dans l'histoire.
L'irrationalité des principaux acteurs du champ politique sénégalais n'est pas celle de Wade. Contrairement à tous, sauf Macky peut-être, Wade réfléchit toujours avec une rationalité cartésienne. Bien loin de la réalité est cette idée que les hommes de sa génération et aussi de celle d'après avaient de lui, eux qui le présentaient comme une sorte de bouffon, d'amuseur public dont le narcissisme empêchait toute pensée rationnelle. Eux ont été laissés sur le bas-côté du jeu politique, tandis que lui a pu prendre le pouvoir et l'exercer pendant 12 ans avant de mettre sur orbite quelques-uns de ses disciples.
L'homme n'est pas irrationnel. Même aujourd'hui cet homme presque centenaire a toute sa tête et réfléchit alors que le contexte peut favoriser l'agitation à courte vue. Wade a toujours une longueur d'avance. Il est temps, même pour ses critiques qui voient en lui le chantre de la mal-gouvernance, de lui reconnaître une capacité particulière à voir le monde tel qu'il est et non pas comme nous voudrions qu'il soit.
L'histoire n'est pas un regard sur le passé mais bel et bien un regard sur le présent et le futur. Le passé se regarde avec les yeux du présent et l'imagination du futur. Au présent comme au futur, Wade écrit le dernier chapitre de son livre. Et à tous ceux qui doutent de ses talents de virtuose de l'écriture, à tous ceux qui sont dubitatifs face à sa stratégie, il suggère d'attendre avec sérénité que la dernière phrase soit écrite.
Combien de fois n'a-t-on pas entendu dire que les élites sénégalaises n'ont pratiquement jamais de plan B. Cela n'est pas le cas pour le très cartésien Wade. Il a toujours un plan B, même s'il est toujours le même comme le disait en privé un leader panafricain. Son plan B est invariablement : le chaos !
Wade est même plus sophistiqué que cela. Au-delà d'un plan B, il a toujours le même plan C. Son plan C, c'est celui de la solution du moindre mal, celle du compromis basé sur les résultats du rapport de force créé ou non à partir du plan B.
Son plan A, c'était Karim. Le plan B, c'est l'empêchement, la stratégie du chaos qui va au-delà du 24 février. Et le plan C ce sera un compromis sur la base du rapport de force créé plus ou moins par le plan B. C'est ainsi que Wade a mené toutes ses batailles politiques depuis plus de quatre décennies.
L'homme est beaucoup plus rationnel que ses critiques ne le pensent. Et en effet, comme le disait en privé un des principaux alliés de Khalifa Sall, il a toujours une longueur d'avance sur tous. Même ce voyage inopiné en Guinée est peut-être une indication qu'il prépare ardemment la transition vers son plan C. Le président Alpha Conté avait déjà demandé au président Wade de passer le voir avant même son retour à Dakar. Le Pape du Sopi n'est pas dans l'improvisation contrairement à ce que certains analystes pourraient dire.
Le tripatouillage du fichier électoral, le scandale des dernières législatives et l'incapacité de l'opposition à réagir ont fini de convaincre Wade qu'il lui est nécessaire de mettre en place une stratégie en solitaire et qui, à un moment ou un autre, lui permettra de rallier les autres forces de l'opposition qui somme toute, sont tout à fait incapables d'avoir les moyens de leurs ambitions.
Cette approche solitaire est aussi une constante de la méthode Wade telle que décrite ici sur SenePlus.com par l'éditorialiste Alymana Bathily. Dans toute sa trajectoire politique, il ressort que le Pape du Sopi a toujours cultivé le culte du "dehors". Il se met en dehors des dynamiques unitaires pour ensuite imposer son leadership solitaire à tous les autres qui n'ont plus d'autres choix que de le suivre.
Tous ses combats politiques, il les a menés du "dehors" et aujourd'hui pour l'ultime, il maintient sa stratégie de prédilection.
C'est cela qui va se passer le 25. Et c'est aussi pour cela qu'il n'appellera pas à voter Idy. Appeler à voter pour le leader de Rewmi, c'est prendre le risque de faire d'Idrissa Seck le leader de l'opposition au lendemain de la réélection de Macky. N'appeler à voter pour personne et marteler partout que les dés sont pipés, c'est la meilleure manière d'être le seul leader de l'opposition le 25 en rappelant à tous : "Je vous l’avais dit !". Waxoon naa leen ko !