LOGIQUE CONTRE LOGIQUE DANS LE DISCOURS DES CANDIDATS
EXCLUSIF SENEPLUS - Si le message du président sortant est construit autour de ses réalisations, ses challengers essayent de le déconstruire en soulignant les manquements notés dans le PSE, analyse Daouda Mine
‘’Les promesses de campagne n’engagent que ceux qui y croient’’, disait Abdoulaye Wade. Aujourd’hui, les cinq candidats engagés dans la course à la présidentielle semblent bien loin de cette logique. Si le discours du président sortant est construit autour de ses réalisations, ses challengers essayent de le déconstruire en soulignant les manquements notés dans le Plan Sénégal Emergent, analyse Daouda Mine, directeur des supports numériques de GFM, dans votre rubrique "Cinq Majeur".
Macky Sall a la faveur des pronostics : Il a un financement disponible et il met en avant dans son discours, le plan Sénégal émergent. Se basant notamment sur ses réalisations, il demande aux citoyens de choisir l’expérience parce qu’il est le seul candidat à avoir occupé le poste de président de la République.
Idrissa Seck ressuscité par le parrainage : Après 2007, il était en chute libre. Il perdait des voix à chaque élection. Mais avec le parrainage presque tous les candidats à la candidature recalés l’ont rejoint. Et sachant que ces candidats recalés à l’image de Khalifa Sall et ses lieutenants, et de Malick Gackou, entres autres, sont des monstres politiques avec des partis structurés et un discours galvaniseur, capable de matérialiser l’engagement du citoyen par un vote. Ce qui fait d’Idy le challenger de Macky. Et il peut même l’amener en ballotage au second tour, car il connaît une nouvelle jeunesse politique.
Sonko et le manque de base politique : Il draine la masse et symbolise une jeunesse en quête de rupture. Il est le candidat de la diaspora et de beaucoup d’intellectuels. Mais il sera peut être très difficile pour lui de trouver les moyens pour matérialiser cet engouement à travers le vote. Parce qu’il n’a pas un appareil politique redoutable, ni véritablement une base politique qui s’identifie à lui. Même à Ziguinchor, selon les statistiques, Abdoulaye Baldé garde toujours la majeure partie de l’électorat. En témoigne la mobilisation lors de sa dernière sortie en même temps que le président sortant dans la capitale du Sud.
Madické le petit poucet : Non seulement il est le petit poucet de cette campagne mais il souffre aussi du manque d’organisation au sein de sa coalition.
Issa Sall et la méthode moustarchidine : C’est l’un des candidats qui bénéficie d’un parti très structuré avec une méthodologie puisée dans la philosophie moustarchidine. Ce qui lui a valu d’ailleurs cette fulgurance dans la politique. Ils vont forcément grappiller beaucoup de voix.
TEXTE COLLECTIF DE MEMBRES DU PIT
LA GAUCHE N’A PAS ABDIQUÉ !
Ils sont nombreux les camarades qui, comme nous, ont choisi la lutte pour évincer Macky Sall du pouvoir et saisir le rendez-vous de l’histoire, ce 24 février 2019
C’est une première dans l’histoire du Sénégal contemporain ! L’élection présidentielle du 24 février 2019 se tiendra sans la gauche ! Les voix de la gauche sont neutralisées et totalement absentes des débats publics.
Cette situation inédite est la conséquence de manœuvres politiciennes et de l’instrumentalisation de la justice par le président candidat à sa réélection, Macky Sall. Les directions des partis de gauche (PIT-Sénégal, LD, etc.) accompagnent le régime dans sa dérive autoritaire, rompant ainsi avec une longue tradition de résistances aux politiques néocoloniales et néolibérales et de lutte pour les conquêtes démocratiques. Elles sont dans le gouvernement de Macky Sall et comptent y rester. Que le pouvoir incarne à la caricature la Françafrique ne retient pas leur attention. Elles font le pari que la manipulation du fichier électoral, la distribution sélective des cartes d’électeur aux Sénégalais permettront de sauver la mise à un président rejeté par les forces vives de la nation. Le président candidat a été élu en 2012 en ralliant à sa cause les partis de gauche sur la promesse d’instaurer « une gestion sobre et vertueuse » dans les affaires de l’État, d’appliquer les conclusions des assises nationales qui ont rassemblé, au-delà des partis, les secteurs les plus représentatifs de la société sur la base d’un diagnostic complet de la situation du pays depuis son indépendance en 1960. À l’épreuve du pouvoir, ces promesses se sont révélées fallacieuses. En avril 2018, il portait le coup de grâce à la démocratie sénégalaise en faisant voter, sans débats, par des députés godillots une loi dite de « parrainage citoyen », dans le but d’éliminer plusieurs de ses adversaires, candidats aux prochaines présidentielles, d’affaiblir les partis politiques et de faire le lit de la ploutocratie.
Les apparatchiks de la gauche sénégalaise alliés à Macky Sall présentent sa politique économique et sociale comme répondant à une volonté de lutter contre les inégalités et d’instaurer un régime d’équité et de justice sociale. La réalité est bien loin de tout cela. La propagande officielle complaisamment relayée par les institutions financières internationales présente une situation macroéconomique reluisante. Cette prétendue croissance, fruit d’artifices comptables et de mensonges d’État, ne se traduit pas par une amélioration des finances publiques. Pour preuve, l’État étrangle le peu d’entreprises nationales en étant incapable d’honorer ses dettes, du fait de fortes tensions de trésorerie. La pauvreté augmente comme en témoignent ces nombreux jeunes bravant la mort, dans les déserts et océans. Le programme de couverture maladie universelle, lancé à grand renfort de publicité en 2012, n’a pas atteint les objectifs fixés. Le régime a engagé le pays dans une politique d’endettement inconsidéré pour financer des projets de prestige sans aucun impact sur la structure de l’économie sénégalaise et l’emploi.
S’il est vrai que le pouvoir a vassalisé les appareils des partis de gauche, il n’a pas réussi à annihiler chez les militants et les démocrates la ferme volonté de travailler pour l’avènement d’une société démocratique et de justice. Ils sont nombreux les camarades qui, comme nous, ont choisi la lutte pour évincer Macky Sall du pouvoir et saisir le rendez-vous de l’histoire, ce 24 février 2019.
Félix Atchadé, Sette Diop et Mohamed L. Ly, membres du Parti de l’indépendance et du travail (PIT) du Sénégal
"JE NE PEUX PAS CONFIER MA SÉCURITÉ PERSONNELLE À ALY NGOUILLE NDIAYE"
Le candidat Ousmane Sonko a donné de la voix ce vendredi à travers un point de presse sur l'offre du ministre de l'Intérieur pour sa sécurité
SenePlus publie ci-dessous, la déclaration produite par Ousmane Sonko sur sa page Fcaebook ce vendredi, relative à l'offre qui lui a été faite par le ministre de l'Intérieur pour assurer sa sécurité pour le reste de la campagne électorale.
"Une information fausse circule depuis hier faisant croire que Ousmane Sonko aurait refusé les éléments envoyés par le Ministère de l'intérieur pour assurer sa sécurité.
Voici la seule et unique vérité:
1. Ousmane Sonko respecte les forces de défense et de sécurité et ne voit aucun problème à ce que ces derniers viennent renforcer le dispositif sécurité mis en place autour de lui par la Coalition Sonko Président et qui fonctionne parfaitement depuis le début de la campagne.
2. Ousmane Sonko n'a pas rejeté l'offre de sécurité mais a posé des conditions parfaitement légitimes et compréhensibles puisqu'il ne fait aucune confiance au Ministre de l'intérieur et à toute personne envoyée par lui.
3. Il a proposé la reconduction du dispositif léger mais efficace mis à sa disposition depuis son entrée en Casamance, consistant à positionner des éléments de gendarmerie en tête et en queue de caravane lors des voyages en zones rurales, relayés par des forces de police dans les villes;
4. Ousmane Sonko a refusé l'offre du Ministre de l'intérieur qui a exigé le désarmement des agents de sécurité de la Coalition Sonko Président et leur remplacement par 5 ou 6 personnes, parfaitement inconnus, envoyés par un Ministre de l'intérieur politicien et partisan. L'histoire du gendarme envoyé dans la Maison familiale de Sonko à Ziguinchor, à l'insu de sa hiérarchie, est encore fraiche dans les mémoires.
5. Ousmane Sonko préfère rester avec sa propre garde rapprochée, qui assure sa sécurité depuis plusieurs années et lui est dévouée, loyale et fidèle.
6. Ousmane Sonko rejette le chantage du Ministre de l'intérieur disant que s'il ne prend pas les 5 ou 6 éléments dans sa garde proche, il n'aura pas le dispositif de sécurisation du convoi .
7.Ousmane Sonko poursuivra sa campagne telle qu'il l'a commencée, se remettant intégralement à la volonté de Dieu, à la présence et la protection des milliers de sénégalais qui sont prêts à sacrifier leur vie pour le voir réaliser le projet qu'il porte pour le Sénégal et à l'action efficace des agents qui le sécurisent de nuit comme de jour.
8. L'Etat du Sénégal est parfaitement informé du parcours qui sera emprunté par Ousmane Sonko. Il sera donc tenu pour responsable de tout ce qui arrivera à ce Candidat si la fierté du Ministre de l'intérieur l'empêche de sécuriser le convoi d'Ousmane Sonko."
"LE FCFA, C'EST NOTRE MONNAIE"
Le chef de l’Etat ivoirien Alassane Ouattara a appelé, vendredi à Paris, à «cesser» le « faux débat » sur le franc CFA qu’il a qualifié de «monnaie solide», à l’issue d’une audience avec son homologue français, Emmanuel Macron à l’Elysée
« Le francs CFA, c’est notre monnaie. C’est la monnaie des pays qui l’ont librement consentie et qui l’on mise en place de manière souveraine depuis l’indépendance en 1960», a expliqué Alassane Ouattara, faisant remarquer que cette monnaie est «plus ancienne que l’Euro». « Je ne comprends pas ce faux débat sur le franc CFA », a ajouté M. Ouattara.
«Je crois qu’il faut que ce débat cesse, les gens en parlent sans savoir de quoi ils parlent », a poursuivi l’ancien Gouverneur de la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) qui émet cette monnaie.
De son avis, « cette monnaie est solide, appréciée et bien gérée par la BCEAO dont je suis aujourd’hui Gouverneur honoraire, c’est une monnaie gérée uniquement par les Africains ».
« Les huit économies qui la composent sont parmi les meilleurs en performance économique », a ajouté M. Ouattara qui note que cette monnaie est «stabilisante pour nos économies, nos pays, nos populations».
Le franc CFA est la devise officielle des huit Etats membres de l'Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) que sont le Bénin, le Burkina Faso, la Côte d'Ivoire, la Guinée-Bissau, le Mali, le Niger, le Sénégal et le Togo.
« C’est une monnaie qui est en circulation pas seulement dans les huit Etats membres de l’UEMOA, mais dans l’ensemble de l’Afrique de l’Ouest. Si vous allez en Mauritanie, au Ghana, au Nigeria, au Libéria, en Sierra Leone, en Gambie …Dans tous ces pays les populations acceptent et utilisent le franc CFA », a encore expliqué M. Ouattara.
« C’est une monnaie pour laquelle nous allons faire des réformes en temps opportun (…) », a conclu le Chef de l’Etat ivoirien.
Le débat autour du franc CFA a opposé idéologiquement les économistes africains ces dernières années. Certains prônent d’en sortir, quand d’autres soutiennent les pays à y rester.
Le franc CFA, officiellement franc de la Communauté financière africaine est le nom de deux monnaies communes héritées de la colonisation et utilisées par 14 pays d'Afrique constituant en partie la zone franc : l’Union économique et monétaire ouest africaine (UEMOA) et la Communauté économique et monétaire de l'Afrique centrale (CEMAC).
Les pays de la zone franc doivent obligatoirement déposer 50 % de leurs réserves de change auprès du Trésor public français. En 2014, la Banque centrale des Etats de l’Afrique centrale (BCEAC) et la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) disposaient d'un dépôt, respectivement, de 3706 et de 5605 milliards de francs CFA (environ 14,3 milliards d’euros) auprès du Trésor public français.
Créé initialement en 1939, juste avant la seconde guerre mondiale, le franc CFA est officiellement né le 26 décembre 1945, jour où la France ratifie les accords de Bretton Woods et procède à sa première déclaration de parité au Fonds monétaire international (FMI). Il signifie alors « franc des colonies françaises d'Afrique ». Il est alors émis par la caisse centrale de la France d'outre-mer.