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11 septembre 2025
DEVOIR D'EXPLICATION DANS L’AFFAIRE DITE DES 94 MILLIARDS
Les députés ont voté vendredi à une large majorité une résolution consacrant la création d’une commission d’enquête parlementaire dont la mission consiste à élucider une affaire de détournement présumé portant sur un montant de 94 milliards de francs CFA
Dakar, 15 fév (APS) – Les députés ont voté vendredi à une large majorité une résolution consacrant la création d’une commission d’enquête parlementaire dont la mission consiste à élucider une affaire de détournement présumé portant sur un montant de 94 milliards de francs CFA.
"Le député Ousmane Sonko a publiquement accusé Mamour Diallo, directeur des Impôts et Domaines, d’avoir détourné 94 milliards FCFA, au préjudice de l’Etat du Sénégal, dans le cadre d’une transaction foncière portant sur un immeuble, objet du titre foncier", a indiqué l’Assemblée nationale dans un document remis à des journalistes.
"Le mis en cause a catégoriquement nié, dans une interview accordée au journal l’Observateur. Cela crée un climat de malaise dans l’opinion et chez bon nombre de citoyens", rappelle le document.
"La commission d’enquête vise, en réalité, le directeur des Impôts et Domaines, Mamour Diallo et ne viserait pas spécifiquement le député Ousmane Sonko", a-t-il relevé.
Il a rappelé : "si l’accusateur est de l’Assemblée nationale, il devient opportun pour les députés de créer cette commission d’enquête".
"Les commissions d’enquête sont instituées et encadrées par l’article 48 du règlement intérieur de l’Assemblée nationale", souligne la même source qui rappelle que la commission a pour mission d’élucider les différentes transactions dont a fait l’objet le titre 1451/R, de retracer tous les décaissements par le trésor public ou les sociétés à capitaux public majoritaires relatifs à ce titre et d’évaluer les pertes subies par l’Etat, le cas échéant".
"La commission sera composée de neuf membres dont sept du groupe parlementaire Benno Bokk Yaakaar, un membre du groupe parlementaire Liberté et Démocratie et un représentant des Non-inscrits", a-t-il précisé.
"La commission d’enquête parlementaire déposera son rapport dans un délai maximum de son rapport dans un délai maximum de six mois", a-t-il ajouté.
LA DÉMOCRATIE SÉNÉGALAISE FACE À L'INTERDICTION DES SONDAGES
Les enquêtes d’opinion sont pratique courante en période électorale - Pourtant, une loi de 1986 en interdit la diffusion - Petit tour de ce paradoxe, qui vient entacher la démocratie
Carnets du Sénégal |
Domicile Lehman |
Publication 15/02/2019
« C’est sûr, Macky Sall va passer dès le premier tour« , entend-on partout au Sénégal, à moins de deux semaines du scrutin présidentiel. Pourtant, aucun sondage ne permet une telle affirmation. Si tous les candidats admettent faire appel à des instituts de sondage pour connaître leur cote de popularité, la diffusion de ces estimations est prohibée en période électorale, depuis la loi du 14 avril 1986.
Chargé de communication du président Macky Sall, Oumar Ndiaye admet ainsi bien volontiers faire appel à des instituts de sondage « pour demander à la population leurs attentes, leurs déceptions et leurs satisfactions« . « C’est d’ailleurs sur cette base qu’a été établi notre programme« , précise-t-il. Une pratique courante mais dénoncée par la presse. Valdez Onanina, journaliste pour Africa Check, est inquiet: « Macky Sall fait comprendre lors de ses meetings qu’il sait qu’il a déjà gagné. Mais il ne se base sur rien de concret pour les électeurs.«
Son confrère du Soleil Mailick Ciss va encore plus loin. « Il n’y a jamais eu un sondage où le candidat qui l’a commandé ne sort pas gagnant. C’est celui qui paye qui gagne« , affirme-t-il. Et celui-ci de poursuivre : « les journalistes se débrouillent toujours pour donner les résultats de ces sondages sans donner les chiffres : ils parlent donc de tendances« . Une pratique à laquelle le quotidien refuserait de s’adonner.
Manipuler la population
D’autant plus que la fiabilité des estimations pose question. « Au Sénégal, explique Mailick Ciss, c’est très rare que l’échantillonnage compte plus de 100 personnes, et on ne cherche évidemment pas à savoir l’âge des répondants et leur catégorie sociale. On n’interroge que des urbains, alors que la majorité de la population est rurale ».
C’est pourquoi, de nombreux intellectuels, comme Gille yabi, directeur du think tank Wathi, considèrent que si les sondages doivent être de nouveaux autorisés, « il faudra un sérieux encadrement pour empêcher les instituts de se laisser corrompre, et de manipuler la population ». Selon Amadou Pouye, directeur de communication digitale d’un proche du candidat Idrissa Seck, « le danger, c’est que ça donnerait un pouvoir important aux instituts de sondage, qui pourrait en profiter. Et ça, l’Etat ne le permettrait pas. »
Une loi qui profite au président sortant
A la question, « à qui profite cette loi ? », journalistes et politiques sont unanimes : au président sortant. « Il faut savoir lire entre les lignes : la loi vient du pouvoir. Ils veulent tout contrôler, sinon ça pourrait les contredire », souligne Elimane Kane, directeur de la communication du candidat Sonko. Pour lui, le président profite de cette absence d’études pour laisser « planer un flou » afin de ne pas avoir à admettre que sa cote de popularité a baissé. « Ça pourrait lui être fatal« , analyse-t-il.
Dans l’équipe de campagne du candidat Sall, on abonde : « personne ne veut voir des sondages qui ne sont pas en sa faveur « . Mais Oumar Ndiaye ajoute cependant: « Jusqu’à maintenant, on contient l’interdiction, mais avec les réseaux sociaux, on ne peut plus. Pour maîtriser ce phénomène, il va falloir autoriser les sondages crédibles. » Une façon d’annoncer l’ouverture prochaine des discussions sur l’abrogation de cette loi.
Pour lui, c’est aussi un enjeu de démocratie. « Nous considérons que le Sénégal est assez mature pour passer à ça« , indique-t-il. Un avis partagé par beaucoup, mais nuancé. Pour Amadou Gaye, il est « inintelligent « de vouloir calquer le modèle occidental dans un pays où « rien n’est rationnel, tout est passionnel et subjectif « . Il s’explique: « Notre peuple n’est pas complètement alphabétisé. Les gens pourraient penser que le plus haut dans les sondages est le meilleur« .
PAR IDRISSA DIALLO
IDY, LE CANDIDAT DU RECUL ET DU FAUX CHANGEMENT
Passer de Macky Sall à Idrissa Seck équivaut à ce que le philosophe français, Jean Claude Michéa, appelle « l’alternance unique » : le pareil qui succède au même tout en se donnant les apparences du changement
Prendre le pouvoir dans les mains de Macky Sall pour le mettre dans celles d’Idrissa Seck, est-ce là la consécration d’un authentique changement ? C’est une des questions que les Sénégalais devront impérativement trancher avant de glisser dans l’urne le bulletin du candidat de la coalition Idy2019, le 24 février prochain. Passer de Macky Sall à Idrissa Seck équivaut à ce que le philosophe français, Jean Claude Michéa, appelle « l’alternance unique » : le pareil qui succède au même tout en se donnant les apparences du changement. Idrissa Seck est le calque de Macky Sall. Tous les deux sont les parfaits représentants de ces caciques de la vie politique sénégalaise qui ont conduit le pays dans les gouffres du sous-développement dans lequel il se trouve. Ils sont les représentants organiques de ce système dont les Sénégalais ne veulent plus. Il n’y a qu’à regarder la composition des deux coalitions pour se faire une idée de leur gémellité. Les deux ont réuni toute la classe politique traditionnelle en ce qu’elle a de pire : si Macky Sall a recyclé les vieux routiers de la politique et la clique des opportunistes et autres arrivistes, on peut dire qu’Idrissa Seck a coalisé autour de lui les mécontents et les aigris, qui à un moment ont été des parties intégrantes du système, qui se sont nourris de prébendes, avant de connaître la disgrâce. En se rangeant tous derrière l’ancien Premier ministre par un fin calcul intéressé, ces hommes politiques ont montré qu’ils n’étaient pas mus par la consécration de la rupture radicale à laquelle aspire le peuple mais bien au contraire à la restauration de leurs privilèges perdus.
En outre la personnalité d’Idrissa Seck, son parcours, nous dirions même son passif, laissent planer d’énormes doutes sur ses capacités à conduire les destinées du Sénégal. Se considérant lui-même comme un personnage rusé, Ndamal Kadior, comme on le surnomme, pense sans doute que les Sénégalais sont amnésiques, et ne se souviennent pas de ces pantalonnades, reniements et autres déclarations à l’emporte-pièce. Non, les Sénégalais n’ont pas oublié l’affaire des chantiers de Thiès, qui, quoi qu’on en dise ont révélé aux yeux du monde entier le peu de moralité du personnage dans la gestion des deniers publics. Les Sénégalais n’ont pas oublié non plus sa déloyauté envers son mentor, l’ex Président Wade, qu’il enregistrait à son insu pour mieux pouvoir le nuire. On vous fera l’économie de ses déclarations incendiaires prononcés dans des foyers religieux ou de ses propos malencontreux sur « Baka et Maca ». Personnage mystérieux, Idrissa Seck ressemble à bien des égards à ce personnage de bande dessinée française, qui n’avait qu’une seule obsession : « devenir Calife à la place du Calife ». Et pour y parvenir, faisons l’économie des principes, au diable les convictions, seul compte l’atteinte du but, la fin justifiant les moyens. Telle aura été la ligne directrice d’Idy tout au long de son parcours politique. Avec tout ça, comment croire au changement ?
La configuration de cette élection présidentielle sénégalaise offre enfin l’occasion de donner un coup de balai à toute la vieille classe politique sénégalaise réunie dans Benno Bok Yakaar et la coalition Idy2019. L’occasion est, enfin, donnée aux Sénégalais d’entamer un véritable changement de cap. Ce renouveau ne saurait s’effectuer en confiant les rênes du gouvernail à ce que le système politique a engendré de pire. Ce dont le Sénégal a besoin c’est d’un souffle nouveau, d’un changement de paradigme, d’un nouveau cap. Finissons en une bonne fois pour toutes avec cette classe politique discréditée, ces élites qui se perpétuent et qui font semblant de s’affronter dans ce qui apparaît de plus en plus comme “des fausses luttes spectaculaires des formes rivales du pouvoir séparé”, comme disait Guy Debord.
Ne soyez pas dupes, Sénégalais, et optez pour le véritable changement car vous savez très bien qu’on ne se réinvente pas à 65 ans.
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NA ÑU KO WAXTAANEE AK NDAW-YI
EXCLUSIF SENEPLUS #Enjeux2019 - Pour Ndioro Ndiaye, l'école doit être le lieu d'éducation, de prépraration et de sensibilisation des enfants contre les violences faites aux femmes - VIDÉO EN WOLOF
#Enjeux2019 - L’ambassadeur de la campagne On Billion Rising, Ndioro Ndiaye a procédé le 14 février 2019 à son lancement officiel sous le thème ‘’ Enjeux de l’égalité femmes-hommes et la lutte contre toutes formes de violences faites aux femmes dans la société sénégalaise’’. Elle livre au micro de SenePlus, les enjeux de cette question éminemment sociétales.
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ATTENTION ! ELLES SONT LÀ
EXCLUSIF SENEPLUS - Nous sommes dans une société qui occulte le signalement, mais les violences exercées à l’encontre des femmes séniores ou en situation d’extrême vulnérabilité se passent chez nous, estime Penda Seck Diouf
C’est une question sociétale. Tous les jours la presse relaie des informations portant sur les violences basées sur le genre. Ce qui est plus inquiétant selon Penda Seck Diouf, c’est que ces violences se passent dans la sphère privée, familiale et s’exercent avec des armes. Elle prône un changement de regard à l'égard des femmes victimes de violences.
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PAR MOUMINY CAMARA
L'AFFICHE ÉLECTORALE D'ISSA SALL
El Hadji Issa Sall est mis en perspective, souriant avec un regard tourné vers les électeurs pour exprimer son désir de dialogue - On comprend mieux les propos du candidat : "Je suis en coalition avec le peuple"
Toute affiche conduit à articuler des messages en provenance de codes sémiologiques différents, à savoir les codes linguistique, chromatique, graphique et iconique.
Celle d'El Hadji Issa Sall est bâtie sur la mise en scène du candidat du PUR représenté dans un cadre rectangulaire sur un fond monochrome en vert, symbole à la fois d'espérance, d'harmonie et d'équilibre. L'échelle de plan rapproché explique que le regard du spectateur soit plus centré sur le personnage. L'éclairage utilisé est directionnel. A la verticale comme à l'horizontale, le candidat du PUR , quoique décentré sur la droite, est mis en avant dans une image réaliste et objective.
La mise en scène iconique révèle un homme simple avec des lunettes, une chéchia en guise de couvre-chef, vêtu d'un boubou traditionnel vert foncé qui contraste avec le vert clair donnant du même coup plus de relief à l'affiche. El Hadji Issa Sall est mis en perspective, souriant avec un regard tourné vers les électeurs pour exprimer son désir de dialogue. L'orientation du corps et le sourire construisent l'image d'une interaction dont l'électeur à distance communicative est le partenaire. Ici, aussi bien le regard que le sourire nous communique une humeur, un état d'âme, une personnalité. Chaque passant qui regarde l'affiche est donc pris en interaction avec l'image du candidat. L'angle de prise de vue sur un même niveau dynamise le regard caressant, le sourire complice adressés aux électeurs qui construisent un rapport de place "égalitaire" reposant sur les modalités de convivialité, de dialogue, de proximité, de bienveillance, de disponibilité.
L'affiche convoque un levier d'acceptation pris en charge par une triangulation entre l'image du spécimen de bulletin de vote à gauche, celle du candidat à droite et le code linguistique "LE CHOIX PUR, LE VOTE UTILE". en lettres capitales. De façon subtile, est mise en jeu une opération déterminative ou prédicative par laquelle le candidat El Hadji Issa Sall se voit affecter des qualités spécifiques enrobées dans un discours allusif - pédagogique- qui permet d'établir une relation d'équivalence sémantique entre les termes " PUR" "UTILE" et l'ethos candidat: "LE CHOIX PUR, C'EST EL HADJI ISSA SALL", "LE VOTE UTILE, C'EST EL HADJI ISSA SALL". Cette détermination construit une auto-référence reposant sur la qualification positive et semble être édictée par un énonciateur abstrait comme une sorte d'évidence; une amplification de la vox populi. On comprend mieux les propos du candidat: "Je suis en coalition avec le peuple."
CINQ CHOSES À SAVOIR SUR MBAYE DIAGNE
Le Sénégalais (27 ans), qui vient de s’engager pour le Galatasaray Istanbul, est le meilleur buteur tous championnats européens, à égalité avec un certain Lionel Messi (21 buts)
Jeune Afrique |
Alexis Billebault |
Publication 15/02/2019
Né dans la capitale sénégalaise en octobre 1991, Mbaye Diagne a commencé à jouer dans la rue, comme une majorité de jeunes Africains. Il a ensuite intégré l’École de foot ouverte par Mbaye Fall, un ancien joueur du Jaraaf, un des meilleurs clubs sénégalais, dans le quartier de HLM 5. Mbaye Diagne, qui n’a jamais joué au niveau professionnel dans son pays, n’avait guère de chances d’être appelé en sélection nationale dans les catégories de jeunes, ce qui constitue encore aujourd’hui un de ses principaux regrets.
L’Italie à 16 ans, la Juventus à 22 ans
Encore adolescent, l’attaquant s’exile en Europe, et plus précisément en Italie, où vit son père. Mais pour des questions de législation, Diagne, faute de carte de résident, ne peut signer de licence que dans un club amateur, l’ASD Brandizzo, dans la banlieue de Turin. Le nombre de buts qu’ils inscrits – 40 – attire l’attention d’un autre club piémontais, l’AC Bra, en Série C (Division 3), où il signe un contrat semi-professionnel. Ses 23 buts décident la Juventus Turin à verser 30 000 € pour l’acquérir. Mais il ne jouera jamais pour la Vieille Dame, qui le prête à de nombreux clubs.
Le grand voyage
Son périple commence à l’AC Ajaccio où, pour des raisons administratives, il ne peut pas jouer de matches officiels. De retour à Turin au bout de six mois, Diagne est prêté à Lierse, en Belgique, où il marque 7 buts en onze matches, puis à Al-Shabab, en Arabie Saoudite, où l’expérience est nettement moins concluante.
Puis, après un nouveau passage en Belgique (Westerlo), la Juve l’expédie à Ujpest (Hongrie), où il retrouve son efficacité (11 buts). Les Turinois, qui veulent se séparer du Sénégalais, pensent alors conclure un deal avec le Sporting Lisbonne, à hauteur de 1,5 million d’euros. Jusqu’à ce les Chinois de Tianjing TEDA proposent un contrat beaucoup plus rémunérateur à Diagne. En une saison en Chine, il marque 16 buts et décide de revenir en Europe.
Kasimpasa, le grand déclic
En janvier 2018, Diagne s’engage avec Kasimpasa, un modeste club turc, basé à Istanbul. En six mois, il marque à douze reprises. Puis, lors de la saison 2018-2018, il se hisse au sommet de la pyramide des meilleurs buteurs européens en trouvant le chemin des filets vingt fois en dix-sept matches. Assez pour convaincre le prestigieux et fortuné Galatasaray Istanbul d’accepter l’indemnité de transfert de 12 millions d’euros exigée par son voisin, un des plus importantes réalisées lors du mercato hivernal 2019, alors que les Français de Lille et Nice étaient venus aux renseignements. Sans quitter les rives du Bosphore, le Sénégalais, qui a signé un contrat de quatre ans et demi, voit son statut s’améliorer et ses revenus exploser : il touche désormais 2,7 millions d’euros par saison, hors primes.
S’imposer en sélection
Aliou Cissé, le sélectionneur des Lions de la Teranga, a convoqué pour la première fois l’attaquant lors du match face à Madagascar disputé le 9 septembre 2018 à Antananarivo, en qualifications pour la CAN 2019 (2-2). Il a ajouté deux autres sélections à son CV, sans pour autant inscrire son premier but avec son pays. Si tout va bien, Diagne sera de nouveau dans la liste de Cissé le 23 mars prochain, pour le match retour contre les Malgaches, eux aussi qualifiés pour la CAN 2019. La première grande compétition pour le très prolifique attaquant…
PAR AHMED BAMBARA
LA LUBIE DE TROP DE GORGUI
Il est bon de vouloir reconquérir son pouvoir perdu, mais il est malheureux de le faire en démolissant l’œuvre démocratique qu’on a soi-même contribué à construire
Aujourd'hui Au Faso |
Ahmed Bambara |
Publication 15/02/2019
Macky Sall n’est pas irréprochable. Le processus électoral sénégalais n’est pas exempt de reproches. C’est certain. Il y a des choses à améliorer. Mais faut-il pour cela imaginer un scénario nihiliste ? Et nourrir en plus les volontés de le mettre en œuvre sur le terrain ? Evidemment non !
C’est pourtant ce que l’ancien président sénégalais Abdoulaye Wade lors du comité directeur du Parti démocratique sénégalais, le 13 février. Il a appelé sans équivoque à brûler le matériel électoral dans le but, qu’il clame depuis un certain temps, d’empêcher la tenue du scrutin.
On aurait compris cet appel s’il avait été exprimé par un débutant dans l’arène politique ou par quelque citoyen féru de catastrophe et de chaos. Mais que cette «envie» ait été rendue publique par un homme politique de la trempe d’Abdoulaye Wade laisse sans voix et fait plonger dans les abysses de la déception.
Ceci dénote d’un besoin inextinguible et aveugle de reprendre ce pouvoir que son disciple Macky Sall lui a ravi, dans les règles de l’art et sans jamais proférer une monstruosité comme celle de faire usage de l’allumette. Ce besoin avait été gorgé dans son fils Karim Wade qu’il a essayé de positionner. Mais le ministre du ciel et de la terre sous son père a été emmitouflé dans la toile judiciaire que le président Sall a su tisser autour de lui, le transformant en un impuissant et beau colis gigotant qui a été balancé par-dessus les frontières du Sénégal.
Cette carte ayant été brûlée, voilà l’ancien président qui est désormais prêt à user de moyens purement et affreusement déloyaux pour parvenir à ses fins. Qu’est-ce qui peut expliquer pareils dérapages ? En tous les cas, cette propension de l’ancien chef d’Etat vire aux frasques de sénile, qu’il est difficile de suivre dans de telles élucubrations. Du reste, cette sortie a divisé son parti politique et ses partisans n’ont pas manqué d’exprimer leur désapprobation et leur surprise.
Pour celui qui a suivi la carrière riche et enrichissante de Gorgui, qui a aidé à construire quelques pages importantes de l’histoire moderne du Sénégal, c’est un comportement fort pitoyable pour cet ancien chef d’Etat.
Il est temps qu’il se ressaisisse et revienne dans le chemin de la raison. Il est bon de vouloir reconquérir son pouvoir perdu, mais il est malheureux de le faire en démolissant l’œuvre démocratique qu’on a soi-même contribué à construire.
LA BATAILLE DE ZIGUINCHOR AURA LIEU
Tous les prétendants au scrutin du 24 février ont défilé en Casamance - La confrontation majeure a opposé le président Macky Sall à Ousmane Sonko, originaire de cette région
Le Monde Afrique |
Salma Niass Ba |
Publication 15/02/2019
D’habitude si propres, les rues pavées du centre-ville de Ziguinchor portent encore les traces des meetings politiques qui l’ont animé ces derniers jours. A même le sol, des sachets d’eau vidés par centaines, mais aussi des affiches aux couleurs des cinq candidats à la présidentielle du 24 février qui s’y sont tous succédé entre le 10 et le 13 février. La Casamance, située au sud du Sénégal, est en particulier un bastion à fort enjeu pour le président sortant Macky Sall et pour le candidat Ousmane Sonko, originaire de cette région et populaire parmi l’électorat jeune.
Ce 11 février, la tension est forte entre les militants des Patriotes du Sénégal pour le travail, l’éthique et la fraternité (Pastef), le parti d’Ousmane Sonko, et ceux de la mouvance présidentielle. Et pour cause : leurs caravanes électorales traversent au même moment la région de Ziguinchor et les deux hommes, favoris du scrutin dans la région selon certains observateurs, doivent s’y affronter le soir même en meeting. Chacun a en tête les violences qui ont opposé dans la matinée des militants de Tambacounda, une localité voisine, faisant un mort. Pour chaque camp, la priorité est donc d’éviter tout débordement tout en remportant cette première bataille : celle de la mobilisation.
« Mettre une raclée à Sonko »
« Macky Sall a payé les jeunes pour venir le soutenir, s’énerve un cadre du Pastef. Il a loué tous les bus, même ceux qui n’étaient pas utilisés par ses militants. Cela pour nous empêcher de mobiliser. Mais les gens nous ont rejoints à pied ou en charrette et, finalement, on a davantage rassemblé qu’eux ». Même son de cloche du côté de Benno Bokk Yakaar, la coalition du président Sall, qui déclare être la plus nombreuse.
Au-delà de la guerre des chiffres, l’objectif affiché des deux hommes est d’infliger une écrasante défaite au camp adverse le 24 février. Dans la mouvance présidentielle, on vise 98 % des suffrages exprimés, quand M. Sonko n’attend pas moins de 85 % des votes. « Le président veut mettre une raclée à Sonko pour lui montrer que, même dans son fief, c’est lui qui domine. La bataille de Ziguinchor aura bel et bien lieu », avance Mamadou Mané, journaliste spécialiste de la région.
La menace semble être prise au sérieux par Ousmane Sonko qui a sillonné la Casamance trois jours durant, multipliant les meetings y compris de nuit. Originaire de Bignona, au nord de Ziguinchor, la figure montante de la scène politique sénégalaise cherche à consolider sa base électorale dans cette zone acquise depuis peu par le chef de l’Etat sortant. En effet, Abdoulaye Baldé, le maire de la ville, surnommé « l’homme fort de Ziguinchor » en raison de sa popularité, a rallié le camp présidentiel fin novembre 2018. Si Ousmane Sonko a mené la bataille de la mobilisation, il manque d’alliés. Or, les consignes de vote des dirigeants locaux pourraient être déterminantes pour le scrutin du 24 février.
Consolider le processus de paix
La Casamance revêt une importance électorale à l’échelle du pays. « Les zones de forte concentration démographique comme les régions de Dakar, Diourbel et Thiès sont les grands bastions électoraux, représentant plus de 50 % de l’électorat. Néanmoins, très souvent, la différence se fait au niveau des autres localités comme Ziguinchor, Kaolack et Saint-Louis, ainsi que dans le monde rural », décrypteMamadou Mané.
Enfin, se joue dans cette région, en proie à une crise indépendantiste depuis 1982, une question nationale : la consolidation du processus de paix, abordée par tous les candidats en meeting à Ziguinchor. Le président sortant dit vouloir parachever le processus, tandis qu’Ousmane Sonko, fils de la région, explique être le mieux placé pour mettre un terme au conflit. Lors d’une rencontre avec la plate-forme des femmes pour la paix en Casamance, le 13 février, ce dernier a déclaré que, s’il était élu, il irait chercher les rebelles retranchés dans des maquis pour les ramener à la vie civile.
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POUR UNE ENTIÈRE APPLICATION DES PEINES CONTRE LES VIOLENCES SEXUELLES
EXCLUSIF SENEPLUS #Enjeux2019 - Dior Fall Sow regrette le prétexte de situation atténuante pris par les juges pour justifier des peines moins lourdes prononcées contre certains auteurs de violences sexuelles
#Enjeux2019 - Selon Dior Fall Sow, la loi pénale bien que renforcée ne réprime pas suffisamment les cas de violence sexuelle. Selon l'avocate, certains juges en charge de ces questions rechignent à appliquer la loi dans toute sa rigueur.
‘’Un enfant de moins de 13 ans violée, normalement le juge doit appliquer les 10 ans prévus. Il n'y a pas sursis à exécution", déclare t-elle, ajoutant que la stricte application des peines prévues contribue à dissuader les indélicats.