SenePlus | La Une | l'actualité, sport, politique et plus au Sénégal
13 septembre 2025
MANKEUR NDIAYE NOMMÉ REPRÉSENTANT SPÉCIAL DE L'ONU POUR LA RCA
Diplomate de carrière, Mankeur Ndiaye a plus de 27 années d’expérience dans ce domaine et dans les affaires internationales, ayant été notamment Ministre des affaires étrangères du Sénégal de 2012 à 2017, lit-on dans le communiqué de l’ONU
Dakar, 6 fév (APS) - Le Secrétaire général de l’Organisation des nations unies (ONU), António Guterres a annoncé, ce mercredi, la nomination de l’ancien ministre sénégalais des Affaires étrangères, Mankeur Ndiaye, au poste de Représentant spécial du Secrétaire général pour la République centrafricaine (RCA) et de chef de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation en République centrafricaine (MINUSCA), a appris l’APS.
M. Ndiaye succède à ce poste au Gabonais Parfait Onanga-Anyanga, qui dirigeait la Mission depuis août 2015, renseigne un communiqué.
Dans lequel le Secrétaire général dit "est reconnaissant à M. Onanga-Anyanga pour son engagement sans faille à soutenir la RCA, en particulier durant la période de transition de 2014 à 2016 qui a abouti au Forum de Bangui et aux élections de 2016".
"Le leadership, l’intégrité, l’engagement personnel et les efforts inlassables du Représentant spécial Onanga-Anyanga ont été essentiels, de même que son appui au processus de paix en cours dans le cadre du Groupe de facilitateurs de l’Initiative africaine" ajoute M. Guterres.
Diplomate de carrière, Mankeur Ndiaye a plus de 27 années d’expérience dans ce domaine et dans les affaires internationales, ayant été notamment Ministre des affaires étrangères du Sénégal de 2012 à 2017, lit-on dans le communiqué de l’ONU.
Qui rapporte que "plus récemment, M. Ndiaye, diplômé en 1991 de l’Ecole nationale d’administration (Section diplomatique) du Sénégal, était Président du Comité national de l’Initiative pour la Transparence dans les Industries Extractives (ITIE) au Sénégal".
Les rédacteurs du texte font noter qu’"avant d’occuper le poste de ministre, M. Ndiaye a été Ambassadeur du Sénégal en France (2012) et au Mali (2010-2012). Il a également occupé le poste de Chef de cabinet du Ministre des affaires étrangères de 2003 à 2009. De 1997 à 2003, M. Ndiaye a travaillé à la Mission permanente du Sénégal auprès des Nations unies à New York".
Plus tôt dans sa carrière, la nouvelle recrue de l’ONU, né en 1960, marié et père de trois enfants, a été conseiller technique au cabinet du ministre d’État, ministre des Affaires étrangères et des Sénégalais de l’étranger, chargé de la coopération économique, technique et financière.
Mankeur Ndiaye a également été chef de Cabinet du ministre de l’Intégration économique africaine et chef de Cabinet du ministre de l’Économie, des Finances et du Plan, informe la source.
Relevant qu’auparavant, au ministère des Affaires étrangères, il a occupé les postes de chef de la division du personnel et des affaires sociales et de Directeur adjoint de l’administration et de l’équipement.
SUPPRESSION DU BACCALAURÉAT : DES EXPERTS POUR LE MOINS DUBITATIFS
"Techniquement, c’est impossible parce cela va mettre en difficulté beaucoup d’élèves qui ont des compétences en littérature et pas en sciences, et vice-versa", a soutenu Moustapha Diouck, en charge de l’enseignement moyen secondaire à l’inspection
Dakar, 6 fév (APS) - Des acteurs de l’éducation, dont des inspecteurs d’académie, s’interrogent sur la pertinence de la proposition de réforme du Baccalauréat du candidat du Parti de l’unité et du rassemblement (PUR), El Hadj Sall dit El Hadj Issa Sall, notamment en son volet portant sur la suppression des séries, une idée difficilement applicable dans le cas où elle serait adaptée au modèle sénégalais.
Dans son programme de campagne pour l’élection présidentielle du 24 février prochain, le candidat du PUR propose de supprimer les séries, pour un tronc commun de tous les élèves de la sixième à la terminale.
"Techniquement, c’est impossible parce cela va mettre en difficulté beaucoup d’élèves qui ont des compétences en littérature et pas en sciences, et vice-versa", a soutenu Moustapha Diouck, en charge de l’enseignement moyen secondaire à l’inspection d’académie (IA) de Dakar.
Il juge cette mesure "utopique", notant que dans l’élémentaire, les compétences sont orientées vers la maîtrise de la lecture et du calcul, et une fois au collège, en fonction des moyennes obtenues, l’élève est orienté vers les séries, d’où leur pertinence.
Le syndicaliste Amadou Diaouné du Syndicat unitaire et démocratique des enseignants du Sénégal (SUDES) s’interroge sur le profil des élèves devant être orientés dans l’enseignement supérieur en cas de suppression des séries, ce qui fait que cette réforme, ’’de prime abord’’, n’est pas pertinente à ses yeux.
"Il est nécessaire que les élèves soient orientés et formés en fonction de leur profil à partir de la Première et de la Terminale. Les séries +S+ et +L+ doivent subsister. En France, c’est le tronc commun jusqu’en seconde et après, il y a la spécialisation à partir de la Première et de la Terminale", dit-il.
L’inspectrice de l’enseignement moyen secondaire Fatima Ibra Sy Seck souligne également la pertinence des séries, en raison de profils "parfois plus littéraires que scientifiques" de certains élèves, et vice-versa, ajoutant que "ce n’est pour rien qu’on les oriente selon leur profil à l’issue des conseils de classe".
Même si Mme Seck estime que cette suppression des séries "n’est pas possible et ce n’est pas ce qu’il faut pour le système éducatif sénégalais", elle ajoute que "ce n’est pas une mauvaise idée en soi", à l’analyse des avantages que peut comporter une telle mesure.
"Peut-être avec des mesures d’accompagnement’’, il est possible d’arriver à la suppression des séries, explique-t-elle, ce qui supposerait que les méthodes d’enseignement soient revues, une approche nouvelle mise en place suivant laquelle on insisterait sur les compétences et "enseignerait autrement".
A en croire Mme Seck, "ce n’est pas une mesure que l’on peut appliquer du jour au lendemain. Il faut des préalables dès la sixième, faire des apprenants des élèves bivalents littéraires et scientifiques, pour qu’ils puissent se retrouver dans toutes les disciplines".
"Si l’on parle d’égalité de chance, il ne faut pas que nous imposions à nos apprenants une orientation", fait valoir Fatima Ibra Sy Seck, se prononçant pour le maintien des séries dans la mesure où les enseignements seraient adaptés aux besoins des élèves.
"Il faut revoir les programmes, former les enseignants pour qu’ils soient capables de permettre à l’élève de se mouvoir dans toutes les disciplines scientifiques et littéraires. Nous sommes dans un monde où l’élève doit être compétent et capable de réagir dans sa société et de s’ouvrir au monde et il a besoin de toutes les disciplines pour le faire", plaide Mme Seck, en poste à l’inspection d’académie de Dakar.
Son collègue Moustapha Diouck de la même inspection d’académie reprend en rappelant que l’Etat a mis en place une réforme datant de 2014 et qui vise à à financer des projets orientés vers les sciences.
"Après constat que plus de 70 % des élèves sont des littéraires, l’Etat a pris l’engagement de renverser la tendance pour avoir au moins 50/50 et par exemple, au niveau de l’IA de Dakar, un projet d’appui au développement de l’enseignement moyen est mis en place’’, avec comme premier critère d’éligibilité l’orientation des projets vers les sciences, a signalé Moustapha Diouck.
Selon lui, avec l’exploitation pétrogazière, "le Sénégal est obligé de tendre vers la formation technique et scientifique afin de préparer les élèves à gérer ces secteurs".
Pour Amadou Diaouné du SUDES, un inconvénient de la réforme prônée par le candidat du PUR tient à la difficulté d’établir les programmes d’enseignement dans le cadre d’un tronc commun.
"Les littéraires et les scientifiques auront-ils les mêmes matières et programmes et comment seront établis les coefficients ?, s’interroge-t-il.
Concernant l’enseignement obligatoire jusqu’à 16 ans, également prôné par le candidat du PUR dans son programme de campagne, ces acteurs de l’éducation rappellent que c’est une mesure qui existe déjà.
Selon le syndicaliste Amadou Diaouné, "cette mesure existe depuis 2004 avec la loi d’orientation de l’éducation modifiée dans le sens de rendre la scolarité obligatoire pour tous les enfants de 6 à 16 ans".
Mais, estime-t-il, "la mise en œuvre fait défaut car un million cinq cent mille enfants sont dans la rue, ils ne sont pas intégrés", notamment des pensionnaires des écoles coraniques.
Les inspecteurs d’académie abondent dans le même sens. Si Moustapha Diouck fait observer que cette mesure portant sur la scolarisation universelle est appliquée "depuis plus de dix ans", son collègue Fatima Ibra Sy Seck relève que "théoriquement cela existe, mais dans certains coins du Sénégal, l’école n’est pas prioritaire".
Les trois spécialistes sont de même d’accord pour dire que la mesure du professeur El Hadji Issa Sall concernant le regroupement des ministères de l’Alphabétisation, de l’Education nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Formation professionnelle "est impossible" à appliquer.
"Il n’est pas possible de regrouper tous ces ministères parce que c’est balèze, c’est une utopie. Il faut plutôt un travail de synergie", suggère Mme Sy.
Amadou Diaouné voit dans cette idée "une centralisation poussée", se demandant "si les sous-secteurs du Supérieur et de la Formation professionnelle pourront s’épanouir’’ dans ce cadre. "Ce sera difficile de gérer les départements", répond-il.
Moustapha Diouck affirme des réformes doivent être entreprises et soutient qu’il "faut un nouvel organigramme pour le ministère de l’Education par exemple, la mise en place des bureaux de cycle fondamental préscolaire et moyen et une direction de l’enseignement inclusif à la place d’une coordination".
CAMPAGNE ÉLECTORALE JOUR 4 : LE MEILLEUR CANDIDAT DU JOUR EST ...
C'est inadmissible que même le plus jeune des candidats, Ousmane Sonko, suis la manière de faire des anciens du système, c'est un jeune qui devait innover sa manière de battre campagne
De qui se moque-t-on ? Pendant que la campagne électorale bat son plein et que les candidats font des promesses que nous entendons depuis des années sans qu’elles ne soient réalisées, j’ai mal quand je vois tous ces jeunes courir derrière ces caravanes pour célébrer la médiocrité de notre système. Un système hérité et qu’aucun président ne puisse changer depuis l’indépendance.C'est inadmissible que même le plus jeune des candidats, Ousmane Sonko, suis la manière de faire des anciens du système, c'est un jeune qui devait innover sa manière de battre campagne. S'il bat campagne comme les vieux du système, il risque de gouverner comme eux. Son équipe doit s'assurer de le sortir du lot de cette manière archaïque et ineffective de battre une campagne. Je ne suis pas afro-pessimiste, cependant, il sera extrêmement compliqué voire impossible de développer le Sénégal en moins de 50 ans. Il est temps que nous décidons si nous voulons le développement ou si nous voulons nous voiler la face en parlant d’émergence tout en sachant et en acceptant que nous resterons pauvres.
Réveillons-nous !
Le Sénégal aurait pu se développer si le président Senghor avait permis au président Mamadou Dia de mettre en place sa vision économique. Malheureusement, la politique politicienne commença à cette époque avec l’emprisonnement du président Dia. En regardant la campagne électorale, je me suis demandé à qui ces candidats s’adressaient tellement les discours étaient médiocres. Je me suis demandé s’il y avait un plan en place avant la venue des candidats, s’il y avait une feuille de route à suivre. Je me demande si les directeurs de campagne jouent pleinement leur rôle dans cette campagne électorale ou s’ils laissent les candidats dérouler comme bon leur semble. Quoi qu’il en soit, il est impératif de changer les discours et de nous dire comment ils vont développer le Sénégal. Nous entendons des critiques envers le président sortant et nous entendons des promesses qui sont irréalisables. En fin de compte, les candidats insultent notre intelligence ou bien sont-ils en train de suivre la majorité des gens qui vont dans leur meeting ? Il est utile de rappeler que le taux d’analphabétisme au Sénégal est de plus de 56 %. Nous avons lutté pour l’indépendance et quand nous nous sommes affranchis de la France, qu’avons-nous fait pour développer le Sénégal ? La pauvreté est de 50 % et cette pauvreté est pire en milieu rural. La monoculture arachidière durant la période post indépendance représentait plus de 80 % de nos exportations et la grande sècheresse est venue réduire notre production de près de 20 %. Avec le président Diouf, on parlait d’auto-suffisance alimentaire, durant la période de Wade, on parlait encore d’auto-suffisance alimentaire et sous le président Sall, on parle encore d’auto-suffisance alimentaire.
En 1979, il y a eu un plan d’ajustement structurel pour faire face à la crise économique. La Nouvelle Politique Industrielle en 86 pour rendre l’industrie nationale compétitive a été un échec. Il a fallu la dévaluation du franc CFA pour que la croissance puisse croître de 2 % à 5 % et l’inflation de décroître de 32 % à 0,8 %. Le Sénégal est l’un des pays les plus stables du continent africain. Notre sous-sol est très riche, il y a les minéraux précieux, les métaux de base, des minéraux lourds, des matériaux de construction et des minéraux industriels. Le gisement de fer de Falémé est l’un des plus importants en Afrique de l’Ouest. Le tourisme est très dense aussi. Maintenant tout le monde sait comment on développe un pays et tout le monde en parle, donc je ne vais pas me répéter. Pensez-vous que les dirigeants ne savent pas comment développer un pays ? Ils le savent mieux que nous, maintenant la question est pourquoi ils ne le font pas ?
Paternalisme colonial
Le candidat Macky Sall a dit que personne n’attaque son bilan. Monsieur Sall, arrêtons de jouer s’il-vous-plait. Tout ce que nous avons provient de prêts, de dons, de partenariats public-privés. Doit-on aussi se vanter de cela comme bilan ? Parmi les signes de fin de temps, il y a le fait que « le commandement sera confié à ceux qui n'en sont pas dignes ».
La vérité, mes chers concitoyens est que la décolonisation est inachevée. Nous sommes victimes de recolonisation, cette fois-ci, une recolonisation militaire, politique et économique. À chaque fois qu’il y a une guerre ou rébellion en Afrique francophone, vous voyez l’ingérence de la France. Savez-vous pourquoi ? Dans les accords de défense et de coopération signés avec la France, nous avons donné notre accord pour que la France intervienne dans nos pays en cas d’attaque pour assurer notre défense. La France est le premier investisseur au Sénégal et notre premier partenaire commercial, la France a plus d’une centaine de compagnies au Sénégal. Si notre croissance est relativement forte, la France a une part dedans. La France contribue au quart de notre PIB et de nos recettes fiscales. Nous avons signé un contrat avec Total pour l’exploration et la production de notre pétrole et de notre gaz. Il y a plus de 100 partenariats de coopération entre la France et le Sénégal dans le seul but de nous aider. Le Sénégal est aussi le premier bénéficiaire de la coopération de sécurité et de défense de la France. Dans les derniers vingt ans, la France nous a donné plus de 1,5 milliards d’euros. Ci-dessous divers dons reçus :
Le Japon a octroyé au Sénégal un don global de près de 4,5 milliards de F CFA pour l'achat d'aide alimentaire.
Don de l’Allemagne de plus de 23,9 milliards de F CFA pour réduire la pauvreté de la population.
Aide budgétaire des Pays-Bas de 44,3 milliards de F CFA.
La FAO nous a donné plus de 602 milliards de F CFA entre 2006 et 2010 pour la maîtrise de l’eau de la sécurité alimentaire.
La Fondation Jammey de l’ancien président Yahya Jammeh, a offert 20.000 dollars au Sénégal pour lutter contre les criquets.
Subvention des USA pour un montant de 16 milliards de F CFA pour lutter contre la pauvreté.
De 2012 jusqu’à nos jours, le Sénégal a reçu 1417 millions de dollars des Etats Unis, soit plus de 821 milliards de F CFA.
On se vante d’un budget de 4 000 milliards. Avec ce budget dont on se vante et tous ces dons que nous recevons depuis des années, qu’est-ce qui nous empêche alors de nous développer ?
Pensez-vous toujours que le Sénégal puisse atteindre l’émergence en moins de 50 ans ? Pour nous développer, il faut que nous reconstruisions sur de solides fondations. Il va falloir s’occuper de l’auto-suffisance alimentaire, la santé et l’éducation. Les promesses des candidats sont fantaisistes et ne peuvent pas se réaliser, car nous ne sommes pas une nation souveraine bien que nous soyons un pays indépendant. Développons les régions pour désengorger Dakar pour au moins qu’on puisse mieux vivre tout en reconstruisant notre pays. Il faut des dirigeants réalistes qui n’ont pas peur dire à la population la vérité, cette vérité qui n’est autre que nous ne nous développerons jamais comme ça. Il y a eu des plans avant le PSE et il y aura des plans après le PSE, mais cela nous mènera nulle part. Il faut reconstruire sur de nouvelles bases, non pas pour nous, mais pour nos enfants voire nos petits-enfants.
Mohamed Dia, Consultant bancaire
VIDEO
NOUS N'AVONS PAS LE DROIT
EXCLUSIF SENEPLUS - Y'en à marre s'élève contre l'appel au boycott lancé par Abdoulaye Wade, jugé contre-productif - Fadel Barro et les siens invitent l'opposition à ne pas répéter "l'erreur" de 2007
Alioune G Sall et Mame Diéyté |
Publication 07/02/2019
Pour y’en à marre, le boycotte n’est pas la meilleure manière de consolider une démocratie. Fadel Barro et les siens demandent à Abdoulaye Wade de ne pas boycotter les élections même s’ils ne sont pas d’accord avec Macky Sall. ‘’La meilleure manière d’aider Macky Sall à gagner dès le premier tour, c’est de boycotter. En 2007, l’opposition avait boycotté et Wade avec Macky Sall à ses cotés avait remporté l'élection dès le premier tour’’, rappelle Fadel Barro.
Voir vidéo.
MACKY RAILLE L'OPPOSITION
«Ils vous vendent des chimères - Ceux sont des marchands d’illusions, sans expertise ni science - Rien de ce qu’ils vous promettent ne peut être traduit en acte»
Matam n’a pas dérogé à la règle. Elle surfe sur la vague des meetings et rassemble pleines à craquer qui rythme la campagne électorale du chef de l’Etat, Macky Sall. Les travées du stade communal, le gazon synthétique et même les murs ont accueilli un monde fou, venu de toutes les contrées du Fouta et du Walo. Des militants, sympathisants du Benno, mais également de simples citoyens qui n’avaient d’yeux que pour le Président Macky Sall. Un Foutanké né à Fatick, mais qui se défini comme le véritable prototype du Sénégalais.
«Au-delà de mes origines et de ma terre natale, je suis le fils adoptif de toutes les villes et village du pays. Je suis un homme transversal qui parle Pulaar, Sérère et Wolof… le Fouta, c’est ma famille. Le Sine, mon soutien à tout épreuve. Le reste du pays m’a adopté». La mise au point était nécessaire aux yeux de Macky Sall qui ne comprend pas que certains esprits tordus le raillent sur son usage du Pulaar à chaque fois qu’il séjourne au Fouta.
Ceci dit, le chef de l’Etat entonne la trompette politique pour souligner qu’il ne se fait aucun doute sur sa victoire à Matam et dans le reste du Fouta. «Kartal co gotal», le bulletin est unique (en transcription littérale), affirme le candidat de Benno Bokk Yakaar (Bby). Sûr de son bilan et confiant pour sa réélection au premier tour, Macky Sall confie que l’opposition ne l’attaque jamais sur ses résultats. Car ceux ci sont inattaquables, ajoute-il.
Le chef de file de « Benno Bokk Yaakaar » alerte les Sénégalais sur le danger que représentent ses opposants. «Ils vous vendent des chimères. Ceux sont des marchands d’illusions, sans expertise ni science. Rien de ce qu’ils vous promettent ne peut être traduit en acte», assène Macky Sall.
Densification du réseau routier
Après sa réélection, le 24 février prochain, il va engager le chantier de la route Ndioum, Bakel, Kidira, long de plus de 300 kilomètres, dit-il. Le financement qui s’étend à 250 milliards FCfa, est déjà bouclé, selon le chef de l’Etat. Les tronçons Ndioum-Thilogne d’un montant de 47 milliards FCfa et Thilogne-Ourossogui évalué à 48 milliards seront aussi construits. Sans oublier l’édification de l’axe Hamady Hounaré-Bakel dont l’enveloppe nécessaire de 17 milliards FCfa est déjà disponible. Les ponts de Wendou Bosséabé et Ganguel Souleye vont également être batis. «S’il plait à Dieu, le Dande Mayo sera ceinturé et traversé dans tous les sens par des routes bitumées».
Un aéroport à Ourossogui en 2020
Macky Sall a, par ailleurs, décidé d’aménager 30 000 hectares de terre entre Matam et Kanel pour la riziculture. Un programme qui sera mis en œuvre avec la coopération indienne dont le rendement est estimé à 10 tonnes à l’hectare.
Le PRODAC, annonce M. Sall, va être étendu au département de Matam où il est envisagé des blocs à Agnam, Ogo et Orkadiéré. Le PRODAM également interviendra dans la Zone en bénéficiant de 2 milliards FCfa sur les 20 milliards FCfa qui constituent le budget global du programme. Cinq des 24,4 milliards FCfa du PADER vont aussi être consacrés à la région de Matam. La région profitera en outre de 32 milliards FCfa dans le cadre d’un programme mis en œuvre par la SAED en attendant l’érection d’un aéroport desservi par Air Sénégal à Ourossogui.
Pour rendre l’Université Virtuelle plus performant, le prochain gouvernement du Président Sall dotera tous les chefs lieu de département d’espace numérique ouvert pour un financement global de 60 milliards. Ce projet viendra en appoint au Université virtuelle du Sénégal. Dans la commune de Matam, il est prévu d’ériger un Bloc Scientifique et technologique pour former les jeunes et susciter chez eux une vocation. Le coût du programme, d’après le président Sall, est de 340 millions FCfa.
"MACKY UTILISE LES GENDARMES POUR DE BASSES BESOGNES"
Ousmane Sonko a évoqué depuis la région de Diourbel, l'actualité liée à la condamnation d’un des gendarmes cités dans la descente musclée à sa permanence
Que pensez-vous de la condamnation d’un gendarme à Ziguinchor suite à une plainte de Pastef ?
Aujourd’hui, c’est un tribunal qui a reconnu coupable un gendarme, et c’est là où que c’est grave et dangereux. Nos forces de défense et de sécurité, qui ont toujours fait preuve de grandeur républicaine, Macky Sall et son régime sont en train de les utiliser pour de basses besognes politiciennes. Et c’est dangereux pour ce pays. C’est la preuve que tout ce qu’on a dit jusqu’à présent par rapport à ces agressions, est vrai.
Apparemment, donc, vous faites confiance en la justice sénégalaise ?
Malgré les pressions qu’ils ont mises sur le juge, aujourd’hui le tribunal de Ziguinchor est assiégé par des dizaines et des dizaines de gendarmes armés jusqu’aux dents pour éviter que les militants puissent assister, ce juge a pris son courage à deux mains pour dire le droit et attester pour dire que tout ce qu’on dit par rapport aux agressions est avéré. Nous faisons confiance à la justice d’un côté et nous prendrons les dispositions qu’il faut, de l’autre.
Pourtant, le ministre de l’Intérieur avait nié toute implication d’un gendarme ?
Cela met à nu les contrevérités de Aly Ngouille Ndiaye qui était allé faire sa déclaration pour dire qu’aucun gendarme n’est allé chez la maman de Sonko encore moins au siège de Sonko. Aujourd’hui, le tribunal vient d’attester que le gendarme s’est bien présenté chez nous et a fait ce qu’on appelle un abus d’autorité. Ce qui est extrêmement grave pour la gendarmerie nationale et la République sénégalaise. Je tenais à évacuer cet aspect.
« NOUS ALLONS ACCUEILLIR WADE À BRAS OUVERTS »
Les menaces d’Abdoulaye Wade de perturber l’élection présidentielle du 24 février prochain n’ébranlent pas le ministre de l’Intérieur, Aly Ngouille Ndiaye
Les menaces d’Abdoulaye Wade de perturber l’élection présidentielle du 24 février prochain n’ébranlent pas le ministre de l’Intérieur, Aly Ngouille Ndiaye. Ce dernier minimise et en rigole même. Car, à son avis, le scrutin se tiendra à date échue, sans heurts. « J’ai entendu le président Abdoulaye Wade que nous respectons tous pour ce qu’il a fait dans ce pays. Je pense que ce sont des positions d’homme politique qu’il exprime mais, le scrutin aura lieu le 24 février prochain », a déclaré le ministre de l’Intérieur et de la Sécurité publique, joint au téléphone. Qui souhaite la bienvenue à l’ancien président de la République et promet, avec un ton ironique, de l’accueillir avec tous les honneurs. « On va l’accueillir à bras ouverts. Il a fait beaucoup de choses pour ce pays. C’est un ancien président de la République et il mérite tous les égards », a souligné le premier policier du Sénégal.
Profitant de l’occasion, le ministre de l’Intérieur a répondu à Habib Sy, numéro 2 de la coalition « Madické 2019 » qui l’accuse d’avoir créé des bureaux fictifs dans la cité religieuse de Touba. Le ministre rappelle, dans ses explications, que la carte électorale est déjà disponible. Et poursuit-il, qui dit carte électorale parle de l’ensemble des bureaux de vote dans toutes les circonscriptions avec une implantation physique. A l’en croire, dans le cadre de la modification de la carte électorale, ils ont augmenté le nombre de bureaux de vote à Touba. Ce qui, à son avis, a généré la réédition de 15 mille cartes d’électeurs sur Touba. Dans le même sillage, Aly Ngouille Ndiaye a précisé que plus de 8 millions de bulletins de vote ont été produits pour chacun des candidats en lice. Selon lui, cette année, des innovations de taille ont été apportées pour éviter les problèmes liés au déficit de bulletins de vote. « Cette fois-ci, nous avons conditionné des bulletins de vote à partir de l’imprimerie », rassure-t-il pour dire que la présidentielle se déroulera correctement.
UN GENDARME CONDAMNÉ POUR ABUS D'AUTORITÉ SUR LA MÈRE DE SONKO
Il écope de trois mois de prison avec sursis pour avoir fait une incursion au domicile de la mère du leader Pastef, à Ziguinchor afin de récupérer des fiches de parrainage
Un gendarme a été condamné à trois mois de prison avec sursis pour abus d'autorité envers la mère d'Ousmane Sonko, l'un des cinq candidats à l'élection présidentielle du 24 février prochain.
Il lui est reproché d'avoir fait une incursion au domicile de la mère de l'opposant, dans un quartier de Ziguinchor (sud), pour récupérer des fiches de parrainage appartenant au parti de M. Sonko, explique l'Agence de presse sénégalaise.
La mère d'Ousmane Sonko et quelques membres de la famille s'étant opposés à la volonté du gendarme. Il s'en est suivi une polémique. Les faits se sont déroulés au mois de septembre dernier.
"Le juge a déclaré le gendarme coupable de l'infraction d'abus d'autorité parce que c'est un agent militaire qui a posé un acte de droit civil", a expliqué à BBC Afrique l'avocat de la partie civile, Djiby Diagne.
L'agent de maintien de l'ordre a comparu devant le tribunal de grande instance de Ziguinchor, où réside la mère de l'opposant.
Les militants du parti d'Ousmane Sonko et la mère de ce dernier ont réclamé le franc symbolique, autrement dit, ils ont renoncé à tout dédommagement, estimant que leur objectif a été atteint.
"Il s'agissait de faire voir à la justice la violation de la loi par le prévenu. (…) Nous sommes très satisfaits. J'avais la conviction que j'allais le faire condamner", ajoute Me Diagne.
Un impressionnant dispositif sécuritaire était déployé aux alentours du tribunal où s'étaient réunis de nombreux militants du parti d'Ousmane Sonko pour assister au procès.
PAR MANDIAYE GAYE
LE SILENCE SUR LA DÉCLARATION DE WADE DÉNOTE UNE HYPOCRISIE
Ce ne serait pas trop demander que d’exiger des cinq candidats de se prononcer sur cette déclaration et son auteur - Ils seraient tous bien naïfs de croire qu’ils représentent aux yeux de Wade une importance quelconque
Pour dire la vérité, la déclaration de l’ancien président du Sénégal, A Wade, est irresponsable, démesurée et absolument condamnable. Mais voici, presque tout le monde se tait ou se cache derrière son petit doigt. Même ces victimes d’hier qui le connaissaient pourtant bien pour avoir subi ses foudres semblent tout oublier. Vraiment, le Sénégal est le pays des paradoxes, des scandales… comme je le disais ici [1]. Alors, Me Wade déclare publiquement et sans ambages à la face du monde qu’il vient au Sénégal pour empêcher la tenue de l’élection présidentielle. Et pour le seul motif de l’absence de son fils, recalé, parmi les candidats en lice. Mais, Me Wade allait-il observer la même position si Karim était admis comme candidat ? Absolument non ! Et, cela est sûr pour tous ceux qui connaissent l’homme, si toutefois, la mauvaise foi et l’hypocrisie sont mises de côté. L’attitude de Me Wade montre encore à suffisance que ce dernier n’a aucun respect pour le peuple sénégalais et pour lui, son fils vaut plus que tous les Sénégalais réunis. Me Wade, en fait ne vit que pour son fils et c’est cela uniquement qui commande aujourd’hui tous ses faits et gestes. Il est complètement obnubilé et tenaillé par ce rêve fou de faire de son fils le président de la République du Sénégal, à défaut de brûler le Sénégal. Et, à y regarder de près, il me semble que certains Sénégalais sont vraiment amnésiques, sinon ce sont des pluies de condamnations qui devaient tomber. Le silence assourdissant de ceux qui furent prompts à appeler au calme et à condamner les va-t-en-guerre est trouble. Est-ce parce qu’il s’agit de Me Wade, leur « ami » ? Mais les Sénégalais ont-ils déjà oublié que le président A. Wade préparait minutieusement la dévolution du pouvoir pour son fils ? Et en l’absence de prudence de certains Sénégalais patriotes, cette machination allait passer. Mais, fort heureusement, elle a capoté grâce à la vive et prompte réaction patriotique du peuple sénégalais debout, le 23 juin 2011, pour dire catégoriquement, non.
Mais Me Wade dans son for intérieur, il prend sérieusement les Sénégalais pour des amnésiques, des demeurés ou ses obligés pour ne pas dire ses esclaves. Car, la déclaration faite hier 05/02/2019 est une provocation, ni plus ni moins de tous les Sénégalais épris de paix pour leur pays, sans exception. Parce que, ce qu’il reproche en substance à Macky Sall, n’est en vérité que la leçon qu’il a apprise auprès de lui et applique textuellement et mécaniquement. Et pour preuve, Me Wade n’avait-il pas confié à son fils Karim, qui n’a jamais auparavant occupé un emploi dans l’Administration sénégalaise et le plus minime poste de responsabilité qu’il soit, quatre ministères parmi les plus importants du gouvernement ? Me Wade n’avait-il pas aussi déclaré aux Sénégalais et à la coalition alternance 2000 que, c’est lui qui était élu et personne d’autre et, à ce titre, il fera ce que bon lui semblerait. Ne disait-il pas également que : « ses promesses n’engageaient que ceux qui y croyaient ? » Et qui a dit aussi, s’adressant aux Sénégalais pour se renier : « bu féke ma ko waxoon, kon nag waxeet. » Une expression devenue populaire et que bon nombre de nos politiciens et des dirigeants imitent parmi lesquels, son successeur, Macky Sall. Mais qui, en outre, a créé cette loi de la vice-présidence au Sénégal qui est encore en vigueur, parce que non abrogée ? « LOI CONSTITUTIONNELLE n° 2009-22 du 19 juin 2009 » Et les Sénégalais ne doivent pas non plus oublier aussi, la loi Ezzan avec son effet rétroactif que Me Wade avait arbitrairement et d’autorité imposée. Le Président sénégalais Abdoulaye Wade a promulgué jeudi 17 février la loi Ezzan relative à l’amnistie politique. Ce texte offre l’impunité à tous les crimes politiques commis entre 1993 et 2004 en relation avec les élections. Qui avait dit qu’il venait au pouvoir et comptait y rester pour cinquante ans ? C’est toujours Abdoulaye Wade.
Enfin, tout ce que le président Wade a fait voir et endurer au peuple sénégalais pendant ses douze ans de pouvoir est encore frais dans certaines mémoires. Et c’est ce qui lui a valu d’être remercié de manière propre et nette et cela devait suffire pour ne plus prendre au sérieux ses dires. Ainsi, objectivement, je pensais en toute logique qu’avec tous ces dégâts dont il est auteur et notamment les faits si graves, comme le pillage, la corruption, l’impunité, la gestion solitaire et royaliste du pouvoir, l’intention de fonder une dynastie au Sénégal, etc. que sa parole ne devait plus être tenue en compte par les Sénégalais, parce que ne valant même plus un kopeck. Au total, tout ce qu’il reproche aujourd’hui à Macky Sall, il a été le premier à le pratiquer dans des proportions plus grandes. Et c’est justement pour n’avoir pas rompu avec ces pratiques-là que beaucoup de Sénégalais sont déçus par le président Macky Sall. Car, il s’était justement engagé publiquement à opérer cette rupture indispensable que réclamaient les 65% des Sénégalais qui avaient renvoyé Me Wade du pouvoir, à cause de sa gestion cahoteuse et patrimoniale. Mais en fin de compte, de rupture, il n’en est rien. Cela peut se comprendre dans une certaine mesure, car les deux hommes proviennent tous de la même source libérale avec comme seule arme et seul bagage, le populisme trompeur. C’est cela la triste vérité à retenir par les Sénégalais et les électeurs.
C’est dommage que le président Macky Sall ait une faiblesse ou une peur bleue de Me Wade au point qu’il ne lui a, jusque-là, pas appliqué la loi malgré toutes ses fautes et bavures. Et certainement, c’est pourquoi Me Wade agit de la sorte, comme un souverain roi dans un pays conquis, nommé le Sénégal. Est-ce un deal entre un père et son fils adoptif ou bien, un retour d’ascenseur de Macky Sall à son bienfaiteur Me Wade pour services rendus ? Ou bien, est-ce la confirmation de ce que je disais dans une de mes contributions, à savoir les retrouvailles de la famille libérale[2], car sur les cinq candidats en lice, trois se réclament du libéralisme. Donc, les Sénégalais doivent prendre garde pour ne pas être victimes d’un piège cousu de fil blanc par les libéraux toutes tendances confondues. Tout cela pour dire que la vigilance des Sénégalais, doit être de rigueur pour éviter encore de tomber sur une erreur fatale de choix du mauvais candidat populiste.
Le silence des candidats à la présidentielle sur la déclaration de Me Wade est très inquiétant et cache un opportunisme voilé injustifiable ou de l’hypocrisie politicienne. C’est comme si chacun d’eux hésitait à condamner sa déclaration cependant irresponsable, à tous égards, simplement de peur de perdre, éventuellement le bénéfice du soutien de Me Wade. Alors que ce dernier menace de provoquer des troubles, voire un chaos dans le pays par sa décision de vouloir empêcher à tout prix, l’élection présidentielle d’avoir lieu, parce que son fils n’est pas de la partie. En clair, Me Wade compte troubler leur pays. Ce pays qu’ils veulent diriger demain. C’est lamentable de la part d’un ancien président de la République de son pays. Par conséquent, si les candidats sont vraiment honnêtes avec eux-mêmes et dignes à diriger le Sénégal, ils ont l’obligation de se prononcer clairement sur la question devant le peuple sénégalais, aujourd’hui et maintenant afin que nul n’en ignore. A défaut d’une telle attitude responsable, les Sénégalais sont en droit de croire qu’il y a anguille sous roche. Autrement dit, de l’hypocrisie qui ne dit pas son nom. Si tel est le cas, l’on comprendra alors que, c’est seulement le pouvoir qui intéresserait les candidats et non un Sénégal qui doit vivre dans la tranquillité et la paix sociale et ou la loi doit s’appliquer à tous sans exception donc, Me Wade y compris. Mais au fond, l’on peut se demander, pour qui finalement se prend Me Wade pour défier la loi et à la limite, le peuple sénégalais uniquement à cause de son fils ? Cela dit, je pense que ce ne serait pas trop demander que d’exiger des cinq candidats de se prononcer sur cette déclaration et son auteur en donnant une position nette et claire. Absolument pas ! Et ils seraient tous bien naïfs, de croire qu’ils représentaient aux yeux de Me Wade une importance quelconque devant son fils.
Ceci étant, pour éviter un précédent d’impunité à l’avenir dans notre pays, il faut mettre fin à l’escalade de ce vieux pyromane. Le président Macky Sall a mis en prison des Sénégalais pour des déclarations moins graves et moins incendiaires que celle de Me Wade. Je donne en exemple le cas de Barthélemy Diaz qui avait appelé à descendre dans la rue pour libérer Khalifa Sall. Ce qui avait valu dès sa sortie des studios de Dakaractu d’être arrêté pour menace et trouble à l’ordre public. Il y a là, naturellement deux poids et deux mesures dans l’application de la loi.
Oui, il faut le dire tout net. Si réellement, le chef de l’État est bien à la hauteur des fonctions et des responsabilités qu’il assume dans un État souverain et de droit où la loi est pour tous, l’avion qui transporte Me Wade ne devrait pas recevoir l’autorisation d’atterrissage à l’aérodrome. Et ce serait à juste raison pour sa déclaration qui est une véritable déclaration de guerre bien plus qu’une menace ou un trouble à l’ordre public. Mais, j’ai bien peur que le président Macky Sall n’ait pas cette hauteur de vue. Ensuite, comme nous sommes au Sénégal, dans un État où des privilégiés bénéficient d’impunité totale quelle que puisse être la gravité de leurs fautes, s’ils ont la protection du président de la République rien ne leur arrivera. Hé bien oui, ce sont de telles conduites invraisemblables qui se passent dans notre Sénégal. Un Sénégal, orphelin de dirigeants justes et honnêtes, courageux et respectueux des citoyens et de la loi pour le conduire vers un devenir meilleur.
Par conséquent, que personne ne s’étonne ou s’émeut demain de voir des troubles se produire. Car, nous sommes tous avertis à l’avance et le pouvoir en premier, celui-là qui doit garantir l’ordre et la sécurité de tous les Sénégalais. Si un vrai État, de droit était à la place du nôtre, il aurait pris en amont pour prévenir, des dispositions adaptées pour écarter tout danger contre son peuple aux fins de lui assurer la paix et la tranquillité. Hélas, au Sénégal le pouvoir ne s’attaque qu’aux faibles, qu’aux pauvres et démunis sans défense. Comme pour dire que nous sommes dans un système de classes et que celui-ci agit effectivement par solidarité de classe, ce qui nous renvoie encore et toujours dans la lutte des classes.
EXCLUSIF SENEPLUS #Enjeux2019 - La politique des quotas ne suffira pas à renforcer la voix des femmes - Elles doivent traduire leur présence politique en influence - Une présidentielle sénégalaise sans figure féminine
#Enjeux2019 - Aucune voix féminine ne retentira durant la campagne présidentielle de février 2019 ici au Sénégal, hélas ! Malgré la Loi sur la parité, il faut reconnaître qu’il s’agit là d’un recul. Comment l’expliquer ? En dépit de tous les arguments développés sur le conservatisme de la société sénégalaise, le manque de ressources des femmes, il faut continuer à s’interroger car les hommes ne sont pas nés avec les ressources ; où trouvent-ils les moyens ? Qui les finance ? Les femmes ont l’impératif devoir de développer de véritables stratégies.
Pourtant, si on passe en revue les différentes prétendantes à la magistrature suprême, on peut observer des éléments d’analyse intéressants. Me Aissata Tall Sall et Mme Aida Mbodj peuvent se prévaloir d’un véritable leadership politique, Mme Yacine Fall économiste a une approche fort intéressante sur l’intégration du travail domestique des femmes dans le Produit Intérieur Brut (PIB), leur accès à la terre, leur rôle dans l’agriculture et l’autosuffisance alimentaire. Mme Nafissatou Wade préconise une vision réelle de l’éradication du chômage des jeunes et l’amélioration de notre système éducatif. Quant au Professeur Amsatou Sow Sidibé, elle nous permet de jauger comment passer d’un discours plus au moins neutre de la société civile à celui d’une véritable opposante.
Malheureusement cette diversité ne franchira pas l’étape du parrainage. On a remarqué que les innovations en matière politique, les grandes coalitions sont souvent défavorables aux femmes car elles arrivent difficilement à s’émanciper et se développer à l’intérieur des formations politiques. La politique, le pouvoir seraient-ils misogynes ?
Dans la suite de cet article, nous élargissons la réflexion au-delà du Sénégal et nous essayons de retracer la dialectique femme et pouvoir en Afrique.
La question « Femme et pouvoir » est au cœur des processus de démocratisation des systèmes sociaux et politiques africains. Analyser la problématique femme et pouvoir revient à questionner le rôle et la place de la femme, la construction sociale des identités attribuées aux hommes et aux femmes mais surtout les rapports sociaux dans les sociétés africaines (Fall, 1994[1], Ayesha Imam, Amina Mama et Fatou Sow, 2004[2], Mbow, 1999[3]). Ce qui montre que l’analyse du pouvoir ne peut se faire en dehors des rôles et statuts de la femme en Afrique.
Depuis des siècles, la question de la différence des sexes et de la domination masculine continue de susciter de débats houleux. Longtemps, les femmes africaines, ont été considérées comme inférieures à l’homme et, devant se soumettre à lui. Elles ont pour vocation d’être épouse, de s’occuper du foyer, et d’assurer l’éducation des enfants. Elles n’accèdent qu’occasionnellement à la parole, sont moins présentes dans les parlements, aux sommets des universités, peu visibles dans les conseils d'administration, des sociétés privées comme publiques (Nodjilelem, 1997[4]).
La masculinisation de l’espace privé et public en Afrique prospère et résiste au temps, en raison des représentations que la communauté a de la place des femmes. Chacun des deux sexes dans les institutions fondamentales de cette société, s’inscrivent dans un ordre préétabli qui détermine toute l’organisation sociale, qui malheureusement ne souffre d’aucune remise en question. En effet, les pratiques culturelles, l'organisation sociale, donc familiale reposent sur un système patriarcal qui ne facilite pas les femmes à devenir des citoyennes responsables pour participer de manière solidaire à la construction et au développement socioéconomiques des pays en développement (Mbaye, 2011). Ce qui montre que le rapport au pouvoir est fonction de l’organisation sociale. Les traditions, l’interprétation de la religion, le déficit d’éducation, les pesanteurs socio-économiques, autant de facteurs qui justifient la condition inférieure la femme en Afrique.
L'émancipation des femmes ayant été longtemps subordonnée à des intérêts politiques, les femmes sont restées une masse silencieuse dans l'histoire politique africaine. Centrés sur les « pères » de la nation, le leadership et le pouvoir d'État se déclinent plutôt en termes et en atours masculins (Angelo, 2017)[5]. Le faible leadership des femmes dans la sphère publique s'explique par le refus de l'élite masculine de lâcher ses privilèges à de potentielles compétitrices. Ce qui montre que les rapports de genre en Afrique ont une forte influence sur les processus politiques institutionnels et de manière récursive, ces processus ont influencé la participation politique des femmes, car étant la conséquence d’une combinaison de facteurs culturels, historiques et biologiques (Awono, 2009). Cette combinaison de facteurs fait que malgré une relative volonté de prendre en charge la question du genre à travers des instruments aussi bien nationaux qu’internationaux, les Etats d’Afrique n’arrivent toujours pas à opérer une mutation vers le respect des principes démocratiques. Cet article essaie de passer en revue :
La reconnaissance de la marginalisation des femmes au niveau international
Des avancées significatives pour les femmes africaines
Les femmes de plus en plus présentes dans les cercles décisionnels
L’égalité, un chemin chargé d’embuche
Enjeux et perspectives
- La reconnaissance de la marginalisation des femmes au niveau international -
Quelle soit la société, la race ou la nation, la domination de la femme par l’homme est restée une constante (Sarr, 2008[6]). Nombre de jeunes filles et de femmes continuent d'être ignorées, et non intégrées dans les processus de développement. Ainsi, il existe encore de profondes disparités entre les hommes et les femmes dans les processus de gouvernance (Mbaye, 2011[7]).
Ce qui justifie la revendication féminine tout au long de l’histoire, appuyée par les hommes pour le respect de l’égalité et la justice. La décision d’instaurer une année pour les femmes était non seulement un prétexte pour intensifier les pressions, mais aussi un moyen d’assurer la reconnaissance du bien-fondé des révoltes et des revendications des femmes qui avaient secoué l’ensemble des sociétés industrialisées. C’est pourquoi, l’ONU a créé des espaces internationaux de débat et de participation avec les conférences mondiales sur les femmes qui ont influencé beaucoup de pays et amener les Gouvernements africains à entreprendre des réformes sous la pression conjointe des mouvements de femmes et des Institutions internationales (Mama, 1997, Sarr, 2008).
Aujourd’hui, l'égalité de la condition de la femme est désormais reconnue par un grand nombre de pays africains. En effet, la question des femmes a fait l’objet d’une attention remarquable, non seulement au plan international, mais aussi au plan national des différents Etats mobilisés dans ce travail.
Les droits de la femme sont affirmés dans la Charte des Nations Unies et ont été proclamés dans le monde entier par la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme.
Cette préoccupation au sujet de la marginalisation de la femme dans les sociétés africaines n’a véritablement pris place dans la conscience des africains que lorsque la Décennie pour la femme a introduit un discours qui, toutefois, ne remettait pas en cause les inégalités criantes des rapports sociaux de sexe existant, sous la rubrique « femmes et développement » (Mama, 1997).
Les documents internationaux tels que le Plan d’Action de Beijing (1995) et celui du Caire (1994) sont les principaux ; mais à côté de ceux-ci, il existe un ensemble d’autres dispositifs sur les droits des femmes. « Convention pour l’Élimination de toutes les formes de Discriminations à l’égard des Femmes » (CEDEF/CEDAW), Maputo le Protocole à la Charte africaine des droits de l’Homme et des 9 peuples relatifs aux droits des femmes en Afrique (1998).
Ces instruments internationaux et régionaux couvrent toutes les catégories de droits relatifs à la femme, des droits économiques (travail et emploi, propriété, terre, production…) aux droits socioculturels (santé, éducation, formation, famille, violences…) en passant par les droits civils et politiques (participation à la vie politique et publique, représentation dans toutes les structures…).
L’amélioration du statut des femmes, l’égalité à promouvoir entre hommes et femmes sont devenues des passages obligés de tous les discours, programmes et déclarations sur la question du développement. En dépit des difficultés, de plus en plus de femmes parviennent à sortir du lot dans l’occupation de hautes fonctions politiques et à ce niveau, nous pouvons citer : Ellen Johnson Sirleaf (Libéria), Joyce Banda (Malawie), Catherine Samba Panza (Centrafrique). Et pour la première fois de son histoire, la Commission de l'Union africaine est dirigée par une femme, la Sud-africaine Nkosazana Dlamini-Zuma qui, lors de son allocution à la conférence de Durban, mentionnait que :
dans nos sociétés traditionnelles, les femmes exerçaient beaucoup de pouvoir dans les affaires de leurs communautés, tant du point de vue de la reproduction que de la production. Elles étaient les dépositaires de nos cultures et de nos langues. Le colonialisme qui a affecté le pouvoir des femmes, a peu à peu miné nos cultures, nos valeurs et nous a spoliés de nos terres en particulier. Elle poursuit en mentionnant qu’avec l’industrialisation, les femmes ont été marginalisées et discriminées par les administrations coloniales. C’est ainsi qu’elles ont perdu de leur pouvoir et vu leur rôle réservé au travail domestique, réduites à faire des enfants sans avoir les moyens de les élever[8].
Par conséquent, même si des efforts de promotion des droits humains de la femme se sont intensifiés au niveaux international, national et régional, une énorme tâche reste à accomplir. En effet, même si les Etats affichent un discours de mise en place d’un système de gouvernance démocratique, ils peinent néanmoins à intégrer dans leur démarche de participation globale, toutes les variables notamment en termes de participation politique des femmes (Awono, 2009). Dans la région africaine, la participation politique des femmes continue toujours d’être le maillon faible de la gouvernance démocratique. Car, l’on note toujours un décalage entre la position officielle, en faveur de l'égalité des sexes, et le traitement accordé à cette question dans les faits (El beblawi, 2015).
Ainsi, malgré les efforts de démocratisation engagés en Afrique, les femmes restent toujours frappées par leur sort biologique et social, dont la société politique a profité pour faire une construction sociale. En effet, la société politique en Afrique a attribué un sexe à la femme ; faisant d'elle un être incapable de participer aux affaires politiques au même titre que les hommes. Cette vision périlleuse est tout sauf gage de démocratie. Dans un monde qui se veut d'égalité, l'Afrique se doit de faire une mutation en repensant la question du genre pour en faire une variable de démocratisation (Awono, 2009).
- Des avancées significatives pour les femmes africaines -
La quête d’une équité et d’une égalité de genre en Afrique a connu des avancées significatives. Globalement, le contexte politique régional est favorable et est influencé par un environnement international qui réaffirme son ouverture aux questions d’égalité et d’équité de genre.
Au plan continental, l'Union africaine (UA) a adopté un protocole qui réaffirme les droits de la femme au sein de sa Charte africaine des droits de l'homme et des peuples. Ce protocole décrit les droits de la femme à l'égalité et à la non-discrimination dans plusieurs domaines, ratifié par un nombre croissant de pays africains.
Ainsi, de nombreux pays africains s'orientent vers une protection des femmes, notamment dans le domaine des droits. Les 20 dernières années (Afrique Renouveau, 2012) ont vu l'émergence de législations contre la violence à l'égard des femmes, notamment la violence sexuelle. Cette évolution s'est accompagnée d'amélioration dans la représentation politique des femmes. L'UA a fixé un quota de 50 % de représentation féminine, quota respecté par sa Commission.
En outre, de multiples initiatives sont mises œuvre par les acteurs et partenaires au développement, lesquelles ont permis d’enregistrer des progrès remarquables en ce qui concerne l’amélioration de l’égalité de genre et plus spécifiquement celle des conditions de vie des femmes.
Les efforts déployés par la plupart des pays africains ces dernières années (BAD, 2015) pour renforcer le statut, la position et les capacités des femmes ont fait état de gains significatifs en faveur des femmes africaines dans plusieurs domaines (éducation, santé, pauvreté, politique, etc.). Car la plupart des gouvernements africains admettent les inégalités socio-économiques des hommes et des femmes dans leurs plans de développement. En effet, les Gouvernements considèrent les inégalités de genre comme un problème de développement qui appelle à des interventions publiques.
Ce qui justifie l’adoption progressive d’une démarche soucieuse d’égalité entre l’homme et la femme et la volonté d’intégrer les questions de genre dans les priorités de développement dans la plupart des pays. Ce qui montre une reconnaissance de la volonté des Etats africains pour défendre les droits des femmes (Gueye, 2013).
Toutefois, l’analyse de la situation de l’équité et de l’égalité de genre en Afrique laisse apparaître un déséquilibre manifeste en ce qui concerne la jouissance des droits et l’exercice des devoirs pour l’homme et la femme (Nicolas, 2006). Malgré les avancées constatées en faveur de l’équité et l’égalité entre les hommes et les femmes, il importe de relever que celles-ci demeurent très fragiles car les résultats ne sont pas à la hauteur des attentes des femmes africaines. Ces avancées restent incertaines et inégales, en face, des résistances qui persistent[9]. Ce qui atteste qu’il reste encore beaucoup à faire pour les circonscrire de manière durable. Car, l’on note un problème d’harmonisation des codes suivant les conventions ratifiées et beaucoup de résistances au niveau des politiques dû à une mauvaise compréhension du genre, mais également une faible capacité technique à prendre en charge cette question dans les interventions du gouvernement.
- Les femmes de plus en plus présentes dans les cercles décisionnels -
Si les mouvements de femmes organisés et structurés se sont affirmés après les indépendances, de nombreuses sources (Ngom, 2011[10]) attestent que les femmes s’inscrivent dans une histoire plus longue de participation effective à la gestion des affaires publiques. La plupart des historiens s’accordent sur le fait que l’histoire des femmes, de leurs rôles et de leurs statuts dans la période précoloniale indiquent qu’elles furent dotées de pouvoir matrimonial, notamment dans la transmission du pouvoir politique (Fall, 1994, Ngom, 2011).
L’entrée de l’Afrique dans le commerce transatlantique et la conquête coloniale, par la violence exercée sur les sociétés, n’ont certainement pas favorisé le maintien, encore moins la promotion des rôles et statuts politiques des femmes. Cette période voit ainsi l’érosion de leurs droits fonciers dans beaucoup de sociétés qui faisaient face à l’expropriation coloniale, qui s’accompagne d’une accentuation de la tutelle du père et du mari sur la femme, fille ou épouse[11].
Aujourd’hui, malgré la prise de conscience de l’enjeu électoral qu’elles représentent et du rôle important qu’elles jouent aussi bien aux plans économique, social que politique, les femmes participent difficilement à l’élaboration et à la détermination des politiques. A titre d’illustration, les femmes agricultrices en Afrique n'ont aucun poids décisionnaire sur les politiques agricoles de leurs pays et peu d'accès au crédit, aux engrais ou aux semences. Car leur faible présence dans les instances de décision résulte de la conjugaison de plusieurs facteurs dont le plus important demeure celui de l’ancrage d’un imaginaire politique masculin dans les mentalités (Gueye, 2013). Ce qui montre qu’en plus de l'économie, c'est par la politique que les femmes africaines améliorent leur condition et gagnent des batailles pour la reconnaissance et l'effectivité de leurs droits.
C’est pourquoi, les batailles se font désormais dans les centres de décisions et jusque dans les parlements africains où les femmes commencent à être de plus en plus représentées. En 2015, le continent africain était la deuxième région du monde où la représentativité des femmes au parlement s'est le plus amélioré au cours des 15 dernières années, selon le rapport « Women Matter Africa » 2016 de McKinsey[12].
Ainsi, si la représentation parlementaire féminine s'est accrue de 27% entre 2000 et 2015 pour les élus dans l'Union européenne, en Afrique, cette proportion atteint 25% au cours de la même période. Le continent se hisse au-dessus de la moyenne mondiale (22%). Il dame le pion à l'Asie où le taux ne s'est amélioré que de 15% et même l'Amérique (19% seulement en 15 ans) (Bayo, 2017), avec 64% au Rwanda, suivi du Sénégal, 43% (ONP, 2017).
Aujourd'hui, l'Afrique du Sud est le troisième pays africain qui compte le plus de femmes élues. Elles occupent en moyenne 42% des sièges à l'Assemblée. En dehors de l'hémicycle, 40% des postes ministériels ou de prise de décisions étatiques sont en général dévolus aux femmes. Avec une force d'influence de 30% au niveau des entreprises du pays, les femmes sud-africaines sont plus que jamais positionnées sur l'échiquier politique.
Entre 2000 et 2015, le Mozambique a considérablement amélioré la représentativité féminine au sein de son parlement avec une moyenne de 42%.
La Namibie est le quatrième sur le continent en termes de représentativité des femmes au parlement avec une moyenne supérieure à 39% en 15 ans.
Ce qui montre que les femmes sont de plus en plus nombreuses à occuper de hautes fonctions. En Afrique subsaharienne, la croissance de la représentation féminine dans les institutions d'État est l'une des plus rapides du monde. Elle résulte notamment de l'introduction de quotas paritaires. Alors qu'en 1960 les femmes ne représentaient que 1 % des parlementaires, la moyenne est aujourd'hui de 23,8 % pour l'Afrique subsaharienne (avec des variations nationales importantes) et talonne les 27,5 % des pays européens. Dès lors, la question se pose de savoir si une représentation accrue des femmes en politique implique nécessairement une redéfinition des rapports de genres dans les institutions de pouvoir[13]. Car si la politique des quotas est essentielle pour tenter de corriger des inégalités historiques, structurelles et culturelles, elle ne suffit pas à modifier profondément le jeu de pratiques politiques traditionnelles et d'institutions souvent fragiles.
Le nombre de femmes à des postes de direction continue d'augmenter sur tout le continent. Celles-ci doivent trouver les moyens de traduire leur présence politique en actes et en influence. Car la politique des quotas en Afrique ne suffira pas à renforcer la voix des femmes du continent.
Des progrès significatifs ont été accomplis en ce qui concerne la représentation des femmes à des fonctions électives et à des postes stratégiques dans les secteurs public et privé. Certains pays affichent des résultats remarquables en termes de représentation féminine au sein des parlements et à d’autres fonctions électives. Toutefois, les structures sociales et politiques existantes continuent d’empêcher les femmes de contribuer pleinement et équitablement à l’élaboration des programmes politiques, sociaux et économiques aux niveaux national et local (PNUD, 2016)[14].
- L’égalité, un chemin chargé d’embûche -
La majorité des pays africains ont ratifié la convention sur l’élimination de toutes formes de discrimination contre les femmes et ont en partie modifié leur législation. Toutefois, malgré la promulgation de ces lois, leur applicabilité pose problème.
Dans toute l’Afrique, les femmes et les hommes font souvent l’expérience de différences dans les opportunités, les conditions et les privilèges ; ils ont des salaires différents, ils n’ont pas le même accès à l’éducation et ne sont pas toujours égaux devant la loi (BAD, 2015[15]).
L’examen des tendances progressives d’élaboration de lois et de structures législatives de lutte contre l’inégalité et la discrimination liées au sexe révèle que les politiques de promotion de la femme restent insuffisantes, notamment dans le domaine de la politique. Les décisions juridiques prises sont peu appliquées et les instruments d’évaluation et de suivi de l’application du principe d’intégration du genre dans les instances de décision sont rarement mis en place dans les Etats africains (Gueye, 2013).
Ainsi, malgré l’entrée en vigueur de nouveaux instruments juridiques, la femme est souvent soumise à l’arbitrage de la coutume[16]. Dans certains domaines clés comme la succession, des lois coutumières dominent encore. Au Kenya, le «Law of succession act» reconnaît à la femme le droit d’hériter de biens qu’elle a fait tomber dans l’escarcelle du ménage. Mais les lois coutumières continuent de prévaloir.
Au Sénégal, cette même règle est en vigueur puisque le privilège de masculinité hérité du droit musulman domine le droit des successions. Au Tchad, où il n’existe de code civil que celui de la période coloniale, la coutume animiste ou musulmane impose également sa loi.
Au Cameroun, selon le droit moderne (code civil et lois diverses), la femme mariée a la capacité de gérer ses biens propres, d’en user et d’en jouir après s’être acquittée de sa contribution aux charges du ménage. Toutefois, pour disposer de ses biens, les vendre par exemple, elle doit obtenir le consentement de son mari.
Au Rwanda, le code de la famille est entré en vigueur en mai 1992 et la loi sur la sécurité sociale ne fait aucune distinction basée sur le sexe. Mais dans ce pays comme au Burundi voisin, l’incapacité successorale de la femme reste la règle, bien qu’un tel principe soit anticonstitutionnel.
Alors que selon les Nations Unies, les femmes représentent un peu plus de la moitié de la population mondiale. En plus, elles constituent l'épine dorsale des sociétés auxquelles elles appartiennent en représentant ainsi la grande majorité des travailleurs agricoles. Pourtant leur accès aux ressources et aux revenus n'est pas à la hauteur de ce chiffre.
La situation de l’équité et de l’égalité de genre en Afrique s’inscrit dans un contexte social et culturel où d’importantes mutations s’incrustent petit à petit dans le tissu complexe des valeurs traditionnelles encore vivaces. Ces mutations se situent tant sur le plan du rôle des femmes que de la reconnaissance sociale de ce rôle. La différenciation des rôles sociaux des hommes et des femmes et la vision de l’inégalité sociale entre ces catégories structurent leurs relations à tous les niveaux et dans tous les processus de la vie communautaire et sociale. Le rôle d’autorité de l’homme et la position de subordination de la femme sont traduits à travers les différentes institutions.
Le mode de distribution des pouvoirs et de dominance, est allé jusqu’à ce qu’il y ait un pouvoir absolu entre les mains de l’homme, que ce soit économique, social, politique et culturel. Il régente les sociétés et l’oriente. Ce mode de vie régentant la marche du monde continue malgré les exigences d’un monde actuel, prônant un partage équitable des ressources pour des soucis de développement inclusif. Ce mode d’organisation sociale inégalitaire continue d’être le fondement et le soubassement de presque toutes nos manières de faire, d’agir et de penser. Ce qui se répercute sur nos lois[17], nos traditions. Les inégalités de genre sont structurelles en ce qu’elles « prennent leur racine dans les représentations sexuées et manifestent la prégnance de la domination masculine[18] » (Fondimare, 2014). La persistance des inégalités résulte en ce sens des stéréotypes, qui structurent nos mentalités, qui à la fois proviennent et alimentent la construction du système de genre, entendu comme le « système de division hiérarchique de l’humanité en deux moitiés inégales » (Delphy, 2001)[19].
Ce qui explique le fait que les femmes sont toujours exclues de l’accès aux moyens d’envergure et sont faiblement représentées dans les instances de prise de décision. Ainsi, malgré les efforts fournis, les hommes et les femmes n’ont toujours pas les mêmes possibilités et les mêmes opportunités en termes d’accès aux ressources. L’inégalité sociale dans les rôles des hommes et des femmes reste d’actualité, car impliquant des disparités au niveau social, et le faible pouvoir (empowerment) des femmes.
- Enjeux et perspectives -
Les mouvements féminins suivent les orientations de la coopération internationale en raison des subventions, consacrant une rupture entre une élite et la base et surtout une dépolitisation du mouvement féminin (Sarr, 2008). De ce fait, nous notons l’absence de vision politique pour les mouvements féminins. Selon Marie-Angélique Savané, nous assistons de plus en plus à l’expansion d’un féminisme alimentaire au détriment du féminisme combattant[20]. Or le féminisme qui se définit par le combat en faveur de l’égalité, est le moyen pour les femmes d’accéder au pouvoir de la parole comme au pouvoir de l’action (Verschuur et Reysoo, 2003).
Aujourd’hui, les mouvements féminins n’ont plus le temps de réfléchir sur leur propre situation car préoccupés à répondre aux exigences au niveau international. Dès lors, les mouvements féminins perdent de vue l’objectif global de transformation des rapports sociaux au profit de revendication portant sur l’amélioration ponctuelle des cadres juridiques et législatifs, mais aussi le cantonnement des femmes dans des activités de subsistance et les micro-projets.
Les mouvements sociaux africains doivent commencer par reprendre l’initiative pour la maitrise de leur devenir car le développement suppose en amont le choix d’un projet sociétaire bâti sur les mutations en cours en partenariat avec les hommes, dans laquelle doit se baser les politiques pour faire avancer la démocratie des sociétés. C’est pourquoi, il est impératif que les femmes dans leur diversité se mobilisent autour des grandes idées et des grands dessins qui agitent aujourd’hui l’Afrique (Sarr, 2008). Au lieu de suivre aveuglément les questions portées par les institutions internationales, les femmes africaines ont le devoir de vigilance face à un contexte émaillé de nouvelles menaces.
La nécessité de construire une nouvelle vision stratégique exige de s’affranchir des perspectives du court terme, or le contexte n’est pas favorable à des paris dans le long terme en raison des défis qui ne cessent de croitre dans le continent, à savoir une pauvreté chronique et des besoins primaires non résolus (eau, éducation, santé, énergie etc.) qui ne cessent d’être reportés. Or ce contexte d’insécurité et de misère rend la revendication des femmes secondaire face aux questions de survie et de sécurité (radicalisation, extrémismes violent, etc.).
Selly Ba est docteur en sociologie. Militante des droits humains, membre du Mouvement citoyen, elle est spécialiste en Genre et Religion au Sénégal. Elle est auteur de plusieurs articles et publications collectives sur le genre allié aux thématiques politique, religieuses, migratoires et sécuritaires.
Penda Mbow est universitaire, historienne et éditorialiste de SenePlus. Activiste sur les questions du genre, elle est une spécialiste de l'interprétation du féminisme en Islam. Penda Mbow est par ailleurs, ancienne ministre de la Culture et présidente du Mouvement citoyen.
AWONO (Philippe EYEBE), La participation politique des femmes en Afrique francophone entre gouvernance démocratique, genre et biologisme, http://paperroom.ipsa.org/papers/paper_46490.pdf, date de consultation le 19/05/2018.
DELPHY (Christine), 2001, L’ennemi principal II. Penser le genre, Paris, Syllepse, p. 45.
El BEBLAWI (Dina), 2015, Révolution et luttes des femmes : la dépolitisation du genre dans le discours de la gauche radicale égyptienne, université de Montréal, https://archipel.uqam.ca/8117/1/M14080.pdf, date de consultation le 26/05/2018.
FALL (Rokhaya), 1994, Femmes et pouvoir dans les sociétés nord sénégambiennes, CODESRIA.
FONDIMARE (Elsa), 2014, « Le genre, un concept utile pour repenser le droit de la non-discrimination », La Revue des droits de l’homme [En ligne], mis en ligne le 20 mai 2014, consulté le 01 juin 2018. URL : http://journals.openedition.org/revdh/755 ; DOI : 10.4000/revdh.755.
GUEYE, (Ndèye Sokhna), 2013, Mouvements sociaux des femmes au Sénégal, UNESCO-CODESRIA-ONUFEMMES.
IMAM (Ayesha), MAMA (Amina) et SOW (Fatou), (sous la direction de), 2004, Sexe, genre et société. Engendrer les sciences sociales africaines. Paris, Éditions CODESRIA-Karthala.
MBAYE (Bineta Ndiaye), 2011, L’intégration des Technologies de l’Information et de la Communication dans les programmes d’alphabétisation des femmes au Sénégal : Mythe ou réalité, Université Genève, http://tecfa.unige.ch/tecfa/maltt/memoire/ndiaye_2011.pdf, date de consultation le 27/05/2018.
MBOW (Penda), 1999, “Hommes et Femmes entre sphères publique et privée”, Bulletin du CODESRIA, Dakar.
NGOM, C., 2011, Les femmes de pouvoir au Waalo précolonial, 1795-1855, Mémoire de Maitrise, Département d’histoire, Université Cheikh Anta Diop de Dakar.
NODJILELEM (Lucie), 1997, Le statut de la femme en Afrique noire contemporaine : progression ou régression ? Genève : Université de Genève.
Rapport de mise en œuvre de la loi sur la parité au Sénégal, 2017, Observatoire national de la parité (ONP).
Rapport sur le développement humain en Afrique 2016, Accélérer les progrès en faveur de l’égalité des genres et de l’autonomisation des femmes en Afrique, PNUD, http://www.undp.org/content/dam/niger/docs/AfHDR_2016_French.pdf, date de consultation 24/05/2018.
République du Sénégal, Ministère de la femme, de l’Enfant et de la Famille : Femmes sénégalaises à l’horizon 2015, Dakar, juillet 1998, pp. 9-13.
SARR (Fatou), 2008, Les luttes politiques et les résistances féminines en Afrique, CODESRIA.
ZUMA (Nkosazana Dlamini), 2001, La voix de la femme africaine à la conférence mondiale contre le racisme, la discrimination raciale, la xénophobie et l’intolérance, www.derechos.org/nizkor/ley/doc/durban2.html, date de consultation le 10/05/2018.
[1] Fall (Rokhaya), 1994, Femmes et pouvoir dans les sociétés nord sénégambiennes, CODESRIA.
[2] Imam (Ayesha), Mama (Amina) et Sow (Fatou), (sous la direction de), 2004, Sexe, genre et société. Engendrer les sciences sociales africaines. Paris, Éditions CODESRIA-Karthala.
[3] MBOW (Penda), 1999, “Hommes et Femmes entre sphères publique et privée”, Bulletin du CODESRIA, Dakar.
[4] Nodjilelem, L., 1997, Le statut de la femme en Afrique noire contemporaine : progression ou régression ? Genève : Université de Genève.
[6] SARR (Fatou), 2008, Les luttes politiques et les résistances féminines en Afrique, CODESRIA.
[7] MBAYE (Bineta Ndiaye), 2011, L’intégration des Technologies de l’Information et de la Communication dans les programmes d’alphabétisation des femmes au Sénégal : Mythe ou réalité, Université Genève, http://tecfa.unige.ch/tecfa/maltt/memoire/ndiaye_2011.pdf, date de consultation le 27/05/2018.
[10] NGOM, C., 2011, Les femmes de pouvoir au Waalo précolonial, 1795-1855, Mémoire de Maitrise, Département d’histoire, Université Cheikh Anta Diop de Dakar.
[11] République du Sénégal, Ministère de la femme, de l’Enfant et de la Famille : Femmes sénégalaises àl’horizon 2015, Dakar, juillet 1998, pp. 9-13.
[18] Fondimare (Elsa), 2014, « Le genre, un concept utile pour repenser le droit de la non-discrimination », La Revue des droits de l’homme [En ligne], mis en ligne le 20 mai 2014, consulté le 01 juin 2018. URL : http://journals.openedition.org/revdh/755 ; DOI : 10.4000/revdh.755.
[19] Christine (Delphy), 2001, L’ennemi principal II. Penser le genre, Paris, Syllepse, p. 45.