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14 septembre 2025
PAR NDIAGA GUEYE
LE NUMÉRIQUE AU-DELÀ DES DISCOURS
EXCLUSIF SENEPLUS #Enjeux2019 - Promouvoir le développement de l’industrie des TIC n’est possible qu’avec un leadership politique de haut niveau, une stratégie claire et cohérente, un cadre juridique adéquat et une meilleure régulation du secteur
#Enjeux2019 – Le Plan Sénégal Emergent (PSE), document de référence du gouvernement pour le développement du Sénégal accorde une place très secondaire au secteur des TIC. En effet, dans le plan d’actions prioritaires du PSE d’un montant de 9 685 milliards, seuls 60 milliards sont destinés au numérique. Parmi les 27 projets prioritaires du PSE, aucun ne concerne spécifiquement le secteur des TIC.
Pendant 7 ans de gouvernance du président Macky Sall, les autorités ont alloués en moyenne 0,20% du budget national au ministère des Postes, des Télécommunications et de l’économie numérique. Il n’a atteint 0,68% qu’en 2019 (28 056 604 939FCFA sur un budget national de 4 071 770 000 000). Budget dérisoire encore au moment où la tendance mondiale est d’utiliser les TIC comme principal levier de développement.
Au regard de tout cela, il ressort que les autorités ne considèrent pas dans le PSE, les TIC comme un secteur important pour booster le développement du Sénégal. C’est seulement durant l’année 2016 qu’une stratégie nationale de développement des TIC « Sénégal Numérique 2016-2025 », a été présentée par les nouvelles autorités.
Paradoxalement, la stratégie « Sénégal Numérique 2016-2025 » a été élaborée, sans dresser au préalable un état des lieux clair et précis du secteur des TIC au Sénégal. En effet, la dernière enquête nationale sur les TIC, réalisée par l’Agence Nationale de la Statistique et de la Démographie (ANSD) et dont les résultats ont été présentés par l’Autorité de régulation des télécommunications et des postes (ARTP) remonte à 2009. Depuis lors, aucune collecte officielle de données n’a été effectuée.
Les données statistiques sur les TIC comparables au niveau international sont très rares et limitées au Sénégal. Les quelques chiffres que nous avons sont celles collectés par l’ARTP auprès des opérateurs. Des données parcellaires sur les télécommunications modélisées par ces derniers suivant une logique commerciale plutôt que de politique publique.
Aussi, les autorités ne disposent-elles d’aucun tableau de bord qui permette une analyse du secteur des TIC afin, d’une part, de mesurer sa taille, la portée des produits, les services offerts, les usages, les ressources humaines, les besoins, et de l’autre, identifier les défis réglementaires et politiques.
Au regard de ce constat, il résulte que la stratégie « Sénégal Numérique 2016-2025 », qui a été adoptée, est truffée d’affirmations gratuites, avec des approximations, non soutenues par aucun chiffre et quand on se hasarde à livrer des statistiques, les sources ne sont pas précisées.
Ainsi, les objectifs contenus dans cette stratégie, d’atteindre la 4e place en Afrique et au moins la 90e place mondiale dans l’indice développement des TIC de l’IUT, la contribution du numérique au PIB à hauteur de 10% avec la création de 216 000 emplois d’ici 2025, sont plus que fantaisistes et illusoires. Nous irons plutôt à l’horizon 2025 à reculons, au grand dam du peuple Sénégalais. Le classement 2017 du Sénégal est déjà un indicateur pertinent de la trajectoire empruntée.
- Une régulation imparfaite du marché des TIC -
Beaucoup de décisions ont été prises par le gouvernement depuis 2012, avec les résultats négatifs que l’on sait sur le développement du secteur. Aussi, malgré les discours de circonstance, le gouvernement du Sénégal, dans toutes ses décisions, ne vise en réalité que trois (3) objectifs :
Donner des assurances aux bailleurs de fonds qu’il est en train de se conformer à leurs recommandations de libéralisation du secteur des TIC en vue d’obtenir des financements ;
Consolider et pérenniser le quasi-monopole de la Sonatel pour préserver ses intérêts financiers liés à sa participation au capital de cette société ;
Engranger le maximum de ressources financières de la vente des licences et des ressources rares.
En outre, il y a eu le favoritisme manifeste en faveur de Sonatel sur l’attribution des fréquences 4G. Une discrimination des opérateurs Expresso et Tigo opérée par l’ARTP à l'issue d'un processus de gré à gré opaque qui a permis à la Sonatel d’avoir une longueur d’avance sur ses concurrents.
Au regard de ce constat, il résulte que la démarche constante des autorités depuis 2012 est la protection de la Sonatel de la concurrence pour préserver les intérêts à très court terme du gouvernement, liés aux taxes et dividendes, au détriment de l’intérêt national. Toute la politique gouvernementale du secteur est alignée sur les objectifs de la Sonatel qui donnent le cap à suivre.
La présence de l'Etat du Sénégal dans le capital de la Sonatel apparaît ainsi comme un obstacle majeur au développement de l'industrie des télécommunications au Sénégal. A l’évidence, ce gouvernement, toujours entre deux marchés financiers pour lever des fonds, concilier des objectifs nombreux, prioritaires et parfois contradictoires est problématique. En effet, Il exerce en même temps les rôles d'actionnaire, de porteur de politiques publiques, de gestionnaire des finances publiques, de régulateur, et de client.
En conséquence, il est temps que le gouvernement du Sénégal choisisse de n’exercer que les attributions liées à la définition du cadre juridique, des stratégies, de la régulation et se retire du capital de la Sonatel mettant ainsi fin à la dépendance financière de cette société. On ne peut pas être juge et partie.
- Un cadre juridique imparfait -
Le code des communications électroniques adopté le 28 novembre 2018, qui actualise le code de 2011, en plus de contenir beaucoup d’articles problématiques, imprécis, flous, et des manquements délibérés, comporte des dispositions qui portent atteinte directement aux droits fondamentaux des sénégalais.
Le code comporte beaucoup d’imperfections, d’articles problématiques sur les questions liées à la protection des utilisateurs, la portabilité, le nom de domaine.
Après avoir consacré un accès ouvert à internet en ses articles 26 et 26, l'article 27 du même code insère des exceptions à la neutralité du net sous le couvert de mesures raisonnables de gestion du trafic. Ces dernières peuvent être mises en œuvre par les opérateurs sur la base de considérations techniques et sécuritaires ou l’autorité de régulation (ARTP) peut en donner l’autorisation pour motif économique. Cela aboutira à des situations où des contenus, des services ou, plus généralement, des communications peuvent être surveillés, filtrés, ralentis ou bloqués par les opérateurs. C’est la censure d’internet.
A l’inverse, ils peuvent aussi les favoriser, mettre en avant, ou imposer, c’est la discrimination. En somme, un internet à deux vitesses, un pour les riches et un autre pour les pauvres dans un pays ou la fracture numérique est déjà béante. Autrement dit, l’ARTP et les opérateurs déciderons désormais de ce que les sénégalais doivent voir et faire sur internet.
En outre, il y a le risque certain de comportement anticoncurrentiel dans la gestion du trafic de la part d’opérateurs ayant une position dominante sur au moins un des segments de la chaine de valeur du marché de l’accès à internet.
Dorénavant, la liberté d'expression, le libre accès à l'information, la liberté de choix des utilisateurs et le pluralisme des médias ainsi que la compétitivité et l'innovation sont menacés au Sénégal.
- Quelques recommandations –
Le Sénégal a déjà raté plusieurs virages, qui auraient dû en faire un pays émergent. Aujourd’hui, le virage technologique est à notre portée. On peut choisir, soit de le prendre, soit encore une fois de le rater, et attendre le prochain qui arrivera dans un siècle ou deux … ou peut-être jamais. Le monde avance, et il avancera avec ou sans nous … C’est en devenant contributeur au progrès technologique, qu’un pays affirme sa souveraineté et devient ainsi une terre d’espoir pour sa jeunesse.
Aussi, des réformes s’imposent pour promouvoir le développement de l’industrie des TIC, de créer un environnement favorable à la création de richesses et d’emplois afin que le secteur soit le moteur de développement du Sénégal.
Elles ne sont possibles qu’avec un leadership politique de haut niveau, une stratégie claire et cohérente des TIC, un cadre juridique adéquat et une meilleure régulation du secteur.
Aussi, les mesures minimales suivantes sont à prendre :
Définition d’une nouvelle stratégie de développement des TIC ;
Définition d’une lettre de politique sectorielle ;
Mise en place d’un observatoire des TIC ;
Refonte du code des communications électroniques ;
Assurer l’indépendance de l’ARTP pour une meilleure régulation du secteur ;
Indépendance du Fonds de Développement du Service universel des Télécommunications (FDSUT) ;
Vente des actions détenues par l’Etat dans le capital de la Sonatel par une offre publique de vente ;
Entrée d’un 4e opérateur dans le marché ;
Amélioration du service de la portabilité ;
Création d’un Fonds pour l’innovation qui permettrait de soutenir les entrepreneurs numériques.
Titulaire d’un Master 2 en Informatique (Université Lumière Lyon 2, France) et en Gestion de projets numériques (Université Paris 10 Nanterre, France) ; Ndiaga Gueye est ingénieur en réseaux informatiques (Houston, Texas). Auteur du livre "Conception et gestion de projets numériques territoriaux" publié aux éditions universitaires européennes en 2016 (ISBN 978-3-639-54136-6), il est consultant en TIC et président de l’Association Sénégalaise des Utilisateurs des TIC (ASUTIC).
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"SONKO EST UN PHÉNOMÈNE DE MODE"
Le maire de Kaffrine, par ailleurs porte-parole du Parti socialiste, Abdoulaye Wilane, réduit à zéro les chances de l’opposition de vaincre Macky Sall à l’élection présidentielle du 24 février prochain
Avec son franc parler habituel, le maire de Kaffrine, par ailleurs porte-parole du Parti socialiste, Abdoulaye Wilane, réduit à zéro les chances de l’opposition de vaincre Macky Sall à l’élection présidentielle du 24 février prochain. Selon Abdoulaye Wilane, l’opposition ne présente aucun candidat capable de battre Macky Sall et la grande coalition qui le porte.
Dans cet entretien avec IGFM, il évoque également, entre autres sujets, les cas «Karim Wade et Khalifa Sall», et l’avenir du Parti socialiste qui ne présentera pas de candidat à l’élection présidentielle du 24 février.
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LE CASSE-TÊTE DE L'EMPLOI DES FEMMES
EXCLUSIF SENEPLUS - Les femmes racontent les différentes difficultés auxquelles elles font face dans le cadre de la recherche du travail - VIDÉO EN PULAAR
Au Sénégal les femmes rencontrent beaucoup de difficultés pour trouver un emploi. Quelques unes se prononcent sur la question au micro de SenePlus.
Voir la vidéo.
LE TEMPS D'ANTENNE ET L'ORDRE DE PASSAGE DES CANDIDATS DÉVOILÉS
Chaque candidat aura 7 minutes de temps d’antenne, soit 2 minutes de plus que durant la présidentielle de 2012 - Madické Ndiang débute chaque soir à partir de 21h, suivi de Macky Sall, de Cheikh Issa Sall, d’Idrissa Seck, et d'Ousmane Sonko
Le Conseil National de Régulation de l’Audiovisuel (CNRA) et les mandataires des cinq candidats à l’élection présidentielle du 24 février 2019 se sont accordés sur le temps d'antenne et l'ordre de passage des candidats sur la chaine publique (RTS) lors de la campagne électorale qui démarre le 3 février.
Cette rencontre s'est tenue dans locaux du CNRA sur la direction de Babacar Diagne, président de cette structure chargée de veiller à la régulation audiovisuelle de la campagne. A l'issue de cette rencontre, il a été arrêter que chaque candidat aura 7 minutes de temps d’antenne, soit 2 minutes de plus que durant la présidentielle de 2012.
Pour ce qui est de l'ordre de passage, il est défini comme suit: Madické Ndiang débute chaque soir à partir de 21h, suivi de Macky Sall, de Cheikh Issa Sall du PUR, d’Idrissa Seck. Et c’est Ousmane Sonko qui va conclure le temps d’antenne tous les soirs.
L'élection présidentielle au Sénégal est prévue le 24 février 2019. Le candidat sortant Macky Sall fera face à quatre autres candidats: Idrissa Seck de la coalition "Idy 2019", Ousman Sonko de la coalition "Sonko Président", Madické Niang de la coalition "Madické 2019" et El Hadj Issa Sall du PUR.
Une enveloppe de 14 milliards de FCFA a été mobilisée pour l'organisation du scrutin dont le premier tour aura lieu le 24 février prochain, a annoncé le ministre de l’Intérieur Aly Ngouille Ndiaye.
6 683 043 électeurs répartis dans 14 651 bureaux de vote à travers le territoire national seront appelés aux urnes. 746 bureaux de vote pour les Sénégalais résidant à l’étranger, soit un total de 15 397 bureaux de vote, a indiqué le ministre de l'Intérieur.
PAR L'ÉDITORIALISTE DE SENEPLUS, USMAN TUREY
LES DANGERS DU JOURNALISME IMPOSTEUR
EXCLUSIF SENEPLUS - Il y a une réelle sensibilité due au fait que le terrain de la presse en ligne n’est pas souvent occupé par des professionnels - C’est une menace colossale à la survie de la transparence, de la vraie information
L’information en ligne constitue une nouvelle tendance grâce à l’apparition du média internet qui a occasionné la profusion de sites d’information en ligne, le tout convergeant dans l’information du public de manière particulière. Il s’agit de mettre en place un site web avec tout son langage, ses valeurs et représentations à travers lequel on va communiquer des informations d’ordres générales ou stratégiques dépendant de l’orientation de l’éditeur.
L’internet regroupe un public vaste et hétérogène présentant ainsi des techniques assez nouvelles pour toucher les cibles. Ici il n’y a plus de distributeur, ni de point de vente pour diffuser son produit mais l’usage de liens et la recherche de présence et de position sur les réseaux sociaux, et sur internet en général, afin de pouvoir être indexé par les moteurs de recherche et d’attirer des lecteurs à travers des contenus diffusés.
Un site web d’information n’est pas un journal
Au Sénégal on retrouve plusieurs sites d’information en ligne parmi lesquels « SenePlus », « Seneweb.com », « Leral.net », « Rewmi.com », « Nettali.net », « PressAfrik », « Ferloo », « L’observateur », « Walfadjri », « Le Soleil » entre autres. Ces sites peuvent être considérés comme des journaux en ligne car traitant de l’information d’opinion publique générale et présentent des rubriques concernant tous les domaines allant de la politique aux divers, en passant par la santé, l’économie, l’actualité, l’agriculture, l’élevage, la pêche, la société etc. Parmi ces sites d’information en ligne, on en retrouve ceux qui sont fortement investis dans l’information régionale, même si cela ne les empêche pas de traiter l’actualité quelque fois. Autrement dit, il y a des sites d’information en ligne qui se constituent en outil de promotion de l’information locale et régionale afin de promouvoir le territoire et d’offrir à ses originaires, éparpillés dans les différents coins du monde, la possibilité d’être informés sur ce qui se passe en temps réel : le cas de Ndarinfo pour la région de Saint-Louis, Thiès-info pour la région de Thiès etc.
Cependant, il y a un problème inquiétant au niveau des processus de mise en place de ces sites qui doit attirer notre attention. Il semblerait que la plupart des sites d’information en ligne sont animés par des gens qui ne sont pas des journalistes de métier et qui donc, ne possèdent pas les compétences requises pour traiter et diffuser une information. Ce sont des informaticiens pour la plupart du temps, des techniciens sans oublier les bloggeurs et les « journalistes citoyens » à côté.
Une légitime inquiétude
Ils sont rares les journalistes de formation qui animent des sites web d’information du fait qu’ils n’ont pas encore rattrapé la révolution technologique. Ceci s’explique par le manque de formation appropriée pour la préparation des véritables journalistes à la transition numérique qui les doterait de compétences nécessaires à l’utilisation, au maniement des nouveaux outils d’information et de communication. En effet, cet état de fait est très inquiétant dans la mesure où ce sont maintenant, des individus hors du métier, ayant une familiarité avec le nouveau média (internet), qui remplissent naturellement ce vide.
Cependant, le risque d’une recrudescence de la désinformation, de la manipulation et de la médiocrité atteint la barre rouge. Car même les journalistes qui connaissent la déontologie du journalisme et maitrisent les rouages de l’information restent vulnérables face à la manipulation et la propagande des institutions politiques et publiques. Alors, ce serait une hérésie que d’imaginer de pouvoir disposer d’une information juste et impartiale, dans le cas où ce sont des personnes qui n’ont aucune connaissance sur l’éthique et la déontologie journalistiques qui sont aux commandes des sites d’information en ligne.
Une médiocrité et une pusillanimité journalistiques sans précédent
L’expression écrite sur les blogs et certains journaux en ligne est tellement médiocre, dépourvue de punch et ne respecte aucunement les règles d’écriture ainsi que les bases du Quintilien (QUI ? QUOI ? QUAND ? OU ? POURQUOI ?). Il y a une réelle sensibilité, à mon sens, due au fait que le terrain de la presse en ligne n’est pas occupé par des professionnels en la matière. Ceci une menace colossale à la survie de la transparence, de la vraie information, de la conscience professionnelle et de l’impartialité dans le métier du journalisme.
Il faut rappeler qu’« on ne s’improvise pas journaliste en 3 minutes, le journalisme est un vrai métier, une vrai profession », pour reprendre les propos de Laurence Mazurel, ancienne chef de rédaction à Paris Match et Chroniqueuse politique à la radio Notre Dame. Cependant, un journaliste n’est pas un « faiseur » d’informations mais plutôt un « couloir de transmission » d’informations qui doit simplement se contenter de jouer le rôle d’intermédiaire entre l’information et le public.
Mais il devient de plus en plus commode de constater que, pour la plupart du temps, toute la presse se focalise sur un seul fait (phénomène) qu’elle cherche à amplifier, à amplifier et à amplifier jusqu’à en faire une actualité. Ce qui dénote d’un traitement déséquilibré et démontre une certaine logique de programmation de l’information. Il faudrait, à cet effet, lire les travaux des chercheurs américains Maxwell McCombs et Donald Shaw qui ont « décrit initialement la fonction des médias de masse qui exercent un effet important sur la formation de l'opinion publique, en imposant le calendrier de certains événements et la hiérarchie de sujets », pour comprendre la profondeur de ce mécanisme.
Un journalisme complice de la manipulation des masses à travers la manipulation des opinions
Quel manipulateur ne profite pas de la réalité très bien décrite par le spécialiste des médias Harold Laswell quand il dit qu’« à défaut d’avoir recours à la force pour contrôler les populations, on peut parfaitement la contrôler par l’opinion » ? La presse étant, ainsi, le meilleur outil d’accès aux publics et à leurs consciences ; et dont tout gouvernement, homme politique ou lobby aimerait avoir une mainmise sur elle. En effet, des journalistes recevraient des mails depuis la présidence de la République ou d’autres institutions publiques et privées, qui leur indiqueraient, voire leur imposeraient de publier des contenus sans modification ni vérification. Aujourd’hui, des journalistes d’investigation de haut niveau et des patrons de presse ont trouvé refuge dans la générosité gouvernementale pour en taire les dérives évidentes.
Ne fut-il pas ce genre de constat déplorable et moralement condamnable qui poussa le Docteur en Sociologie Monsieur Mor Faye de l’Université Gaston Berger de Saint-Louis à mener une enquête dans trois pays d’Afrique à savoir le Bénin, le Sénégal et le Togo afin de décliner et expliquer les mécanismes de corruption du secteur ? Il désigna ainsi sous le vocable d’« activisme médiatique » le fait que bon nombre de journalistes se sont fait de véritables instruments de pression et de lobbying au profit d’intérêts occultes par la couverture d’actes de détournement de deniers publics, de défense d’hommes politiques douteux etc.
En fin de compte, le devoir du journaliste, son éthique et sa conscience professionnelle en deviennent tout bonnement bafoués. Mais de toute évidence, les dégâts auraient été moindres si c’étaient des journalistes de profession imbus des valeurs déontologiques, soucieux de la transparence, de la liberté de la presse et fervents défenseurs du droit des publics à disposer de bonnes et justes informations.
Mais avec des imposteurs aux commandes, l’information qui devait servir d’oxygène à la démocratie devient le gaz carbonique qui étouffe les peuples et ralentit le moteur du véritable développement social et économique du pays.
EXCLUSIF SENEPLUS - AFRICAN TIME - Dame Babou revient sur la fin (temporaire ?) du shutdown, synonyme de capitulation pour le président américain, qui n'abandonne pas pour autant l'idée de la construction du mur anti-immigration à la frontière mexicaine
Il aura fallu 35 jours pour que le shutdown trouve une issue. En effet, Donlad Trump a accepté vendredi de rouvrir le gouvernement fédéral jusqu'au 15 février pendant des négociations sur la frontière. Une décision d'autant plus difficile pour le président américain qu'elle ne prend en compte aucun financement sur l'érection du mur à la frontière mexicaine. Le locataire de la Maison Blanche refuse cependant de concéder la défaite et n'exclue pas de passer outre l'accord du Congrès dans trois semaines.
Trump a-t-il reculé pour mieux sauter ? Risque-t-on un nouveau shutdown d'ici le 15 février ? Quelle pourrait être l'issue de ce bras de fer entre les Démocrates et le président ? Le spécialiste de la politique américaine, Dame Babou donne quelques éléments de réponses dans sa chronique, diffusée depuis New-York, sur les antennes d'AfricanTime.
PAR L'ÉDITORIALISTE DE SENEPLUS, USMAN TUREY
IDRISSA SECK "HAUT" DE "LA"
EXCLUSIF SENEPLUS - Indignons-nous lorsque les bases de nos valeurs communautaires sont menacées, sanctionnons dans les limites de nos prérogatives citoyennes - Mais ne nous improvisons pas Dieu pour juger les gens
Il n’y a pas pire malhonnêteté que le fait de nier l’évidence que l’on sait évidente.
Ceux qui me connaissent, avec qui je discute de politique et de la situation du pays en général, savent pour ma profonde affection à l’endroit de Idrissa SECK et Cheikh Tidiane GADIO. Je ne cesse pratiquement jamais de les citer en référence dans mes débats: Cheikh Tidiane GADIO pour sa parfaite maîtrise des questions géopolitiques africaines (diplomatie, paix et sécurité, intégration) et Idrissa Seck pour son génie irréfutable et son noble caractère.
Je rappelle que ces appréciations ne datent pas d’aujourd’hui. Je n’ai pas attendu qu’il soit l’approche des élections présidentielles pour dire ce que je pense d’eux. Il faudrait, pour s’en convaincre, tout simplement faire le tour dans mes publications antérieures sur Facebook pour retrouver les témoignages que j’ai faits, avec constance, à l’endroit de ces deux personnalités.
Quoi qu’on puisse dire de ces deux sommités, quelle que soit la nature des procédés par lesquels ils opèrent en politique, nul ne peut leur enlever le mérite qu’ils ont d’être des personnalités de haut niveau. Ils l’ont prouvé. C’est cela que je dit. C’est cela que je ne cesserai de dire. Car c’est cela la vérité.
Cela dit, Il faudrait qu’on apprenne à développer une pensée critique, logique et objective autour des faits qui se présentent à nous avant de nous mettre à épiloguer. Indignons-nous quand il le faut lorsque des idées ou des actions perturbent les bases de nos valeurs communautaires, sanctionnons quand il le faut en restant dans les limites de nos prérogatives citoyennes; mais de grâce n’exagérons pas en nous improvisant Dieu pour juger les gens (surtout quand on ne connaît pas grand chose d’eux à part ce qui nous est rapporté).
Combien parmi les sénégalais qui répètent les mêmes calomnies sur Idrissa SECK, issues des accusations fabriquées de toutes pièces par un état décadent, ont sacrifié quelques unes de leurs précieuses minutes sur l’autel de la recherche de la véritable version des faits? Combien ont écouté ce qu’avait à dire Idrissa SECK? Pourquoi demeurer, malgré l’inexistence de preuves tangibles pour déterminer la culpabilité du Leader de REWMI, réfractaires à l’idée d’une machination politique orchestrée pour salir, détruire et en finir avec l’Homme dont l’intelligence, l’intégrité, le sérieux et la rigueur dérangent? Pourquoi se suffisent-ils de ce qui leur a été dit et ne cherchent-ils pas à vérifier, de par leur propre investigation, les informations reçues des médias et diverses personnalités politiques?
Idrissa a, lui-même, coutume de rappeler les paroles du Coran qui mettent en garde en ces termes: "Lorsque vous parvient une information venant d’un pervers, vérifiez-la – avant d’offenser un honnête individu et de finir par le regretter" . En effet, Dieu vous a donné vos sens, mais vous restez responsables de l’usage que vous en faites.
Ainsi, ayez l’habitude et le courage d’aller au delà de ce qui se présente à vous, de confronter les opinions souvent cramées par le feu de la calomnie qui vous sont partagées afin de ne pas participer à l’alimentation du fourneau de la désinformation par des charbons toxiques (mensonges) qui n’ont rien de concret pour défier la raison.
Vous pouvez défendre ce en quoi vous croyez et celui ou celle en qui vous avez confiance en restant humain et décent. Mais c’est malhonnête que de vouloir réduire toute l’expérience de la vie d’un homme à une simple expression conjoncturelle.
Pape Ndao fait le tour des faits marquants de la semaine, au micro d'AfricanTime, partenaire de SenePlus à New-York.
AIR SÉNÉGAL PRÉPARE SON PREMIER VOL LONG-COURRIER
L'Airbus A330neo Casamance n'est pas près d'être livré, faute de moteurs - En attendant, la compagnie nationale sénégalaise loue un appareil pour assurer dès le 1er février la desserte quotidienne Dakar-Paris-Dakar
Le Point Afrique |
Thierry Vigoureux |
Publication 26/01/2019
Rassurons-nous, il n'y a pas de complot contre la nouvelle compagnie nationale Air Sénégal. Pour démarrer l'activité long-courrier vers Paris, celle-ci connaît simplement les aléas industriels classiques des avionneurs, fréquents chez Airbus comme chez Boeing. Les sous-traitants et, en particulier, les motoristes sont souvent en retard, ce qui plante les plannings de livraison. Ainsi en est-il du premier Airbus A330neo commandé par Air Sénégal, qui attend, entre autres, ses moteurs Rolls-Royce (ainsi que des équipages formés à son pilotage). Les problèmes de mise au point rencontrés par Rolls-Royce avec les moteurs Trent 7000 de l'A330neo ont quasiment retardé d'un an l'entrée en service chez TAP Air Portugal, compagnie de lancement, du premier exemplaire de la nouvelle version. Ce biréacteur long-courrier remotorisé se présente comme un concurrent du Boeing 787, qui connaît lui aussi des soucis comparables avec ses moteurs Trent 1000.
Des problèmes techniques fréquents
Le 1er février prochain, lors de l'ouverture de la desserte Dakar-Paris-Dakar, l'A330neo immatriculé 9H-SZN et nommé Casamance sera toujours au sol sur la ligne d'assemblage final à Toulouse et sans moteur sous les ailes. Pourtant, les formalités administratives étaient bien avancées avec l'attribution de l'immatriculation 9H, celle de Malte. Cette aviation civile a l'énorme avantage d'être du ressort de l'Agence européenne de la sécurité aérienne. Même si son homologue maritime n'a pas une réputation en béton, ce tampon maltais en aviation est apprécié par les compagnies d'assurances et surtout par les organismes financiers qui doivent épauler l'État sénégalais. Au travers de sa caisse de dépôts et de consignations, il s'est porté acquéreur de deux A330neo au tarif catalogue Airbus de 296 millions de dollars pièce. Le deuxième, baptisé Sine Saloum, est attendu l'an prochain. Air Sénégal sera la première compagnie à exploiter en Afrique cette nouvelle version de l'A330 avant Air Mauritius. L'aménagement cabine retenu, pour un total de 290 passagers, est réparti en 3 classes : 32 sièges-couchettes en classe affaires, 21 sièges en premium économie et 237 en classe économie. Une configuration assez proche de celle des avions d'Air France, l'autre compagnie qui vole sur Paris-Dakar. On sait que Corsair a été priée de se retirer d'Orly-Dakar à la fin de ce mois.
Faire du Sénégal un « hub » aérien
Le chef de l'Etat Macky Sall a fait l'annonce des noms de baptême fin décembre lors de la cérémonie de dédicace de son livre Le Sénégal au cœur. Ces deux localités seront érigées en pôle de développement. Air Sénégal se retrouve, elle aussi, au cœur, cette fois, des élections présidentielles et de quelques polémiques. Aussi est-il important que l'ouverture de la ligne vers Paris intervienne avant le scrutin du 24 février. Ce déploiement aérien s'inscrit, en effet, dans le cadre du plan Sénégal émergent (PSE). Il vise à faire émerger un pays et une économie, mais comporte donc de nombreuses arrière-pensées électorales.
Comment décoller « sans avion » avec un appareil encore en assemblage à Toulouse ? Les dirigeants de la compagnie ont trouvé un intérimaire sous la forme d'un A330 (d'ancienne génération) loué à HiFly. L'avion appartenait autrefois à Emirates et en a conservé la cabine haut de gamme avec une classe affaires de 24 sièges-lits plats de 2 mètres et une classe économique aux sièges largement espacés. Cette compagnie portugaise, qui dispose d'une flotte d'Airbus, y compris un super-jumbo A380, est spécialiste de la location d'avions avec équipage. Elle est le dernier recours quand un appareil est en panne, quand un transporteur est en grève, quand il faut faire face à une pointe de trafic, etc. Cela a un coût sur la base d'environ 12 000 euros de l'heure. Pour un aller-retour Paris, il faut compter entre dix et douze heures. La facture salée ne devrait pas être assumée par Air Sénégal, mais donne lieu à une négociation entre Airbus et Rolls-Royce. Il y aura donc bien le 1er février un vol vers Paris avec un A330 avec des navigants de HiFly portant sur le fuselage un autocollant Air Sénégal. Et la direction de la compagnie de Dakar, experte en langue de bois, d'affirmer pudiquement : « Air Sénégal commence l'exploitation de la ligne Dakar-Paris le 1er février 2019. » Vrai et faux à la fois.
LA FRANCE A LIVRÉ DES ORDINATEURS INFECTÉS AU SÉNÉGAL
La DGSE aurait réussi, dès 2002, à livrer des ordinateurs et des fax vérolés aux services de sécurité sénégalais - Ces équipements auraient permis d’accéder, dès 2004, à toutes les données qui transitaient par eux
Les attaques matérielles et logicielles au niveau de la chaîne logistique sont plus répandues qu’on ne le pense. Les Etats-Unis, la Chine, la Russie et l’Allemagne pratiquent également ce type de piratage.
L’année dernière, Bloomberg avait électrisé la planète avec une enquête qui accusait la Chine d’installer des puces d’espionnage directement sur les cartes mères de certaines serveurs vendus aux Etats-Unis. Depuis, l’enquête a fait pschitt, personne n’ayant réussi à confirmer ces informations essentiellement basées sur des propos anonymes. Mais il y a quand même un fond de vérité dans cette histoire.
Une petite dizaine de documents confidentiels publiés par The Intercept, et provenant du fond documentaire d’Edward Snowden, montrent que les services secrets américains redoutent depuis presque dix ans des « piratages subtils » des produits informatiques fabriqués en Chine. Pourquoi ? Car ce type d’attaque permettrait de compromettre de manière efficace les ordinateurs les plus sensibles dans leurs réseaux gouvernementaux, même ceux qui sont totalement déconnectés (« air-gapped »).
Des BIOS vérolés détectés
Les documents d’Edward Snowden suggèrent que les services chinois ont déjà réalisé de telles attaques en insérant des malwares dans les logiciels BIOS des fournisseurs américains American Megatrends et Phoenix Technologies. Les services secrets américains redoutent également les actions de la part des Russes qui auraient « de l’expérience avec des opérations au niveau de la chaîne logistique ». Les éditeurs de logiciels russes qui ont pignon sur rue aux Etats-Unis sont particulièrement pointés du doigt.
Mais d’autres pays s’intéressent également aux chaînes logistiques. La France fait ainsi figure de bon élève. La DGSE aurait ainsi réussi, dès 2002, à livrer des ordinateurs et des fax vérolés aux services de sécurité du Sénégal. Ces équipements auraient permis d’accéder, dès 2004, à toutes les données qui transitaient par eux. Pratique.
L’Allemagne aussi n’est pas en reste. Dès 2005, le service de renseignement extérieur allemand BND aurait commencé à créer de fausses entreprises pour avoir un accès aux circuits logistiques de certains composants informatiques. Sans plus de précisions.
La NSA mise sur l’interception de paquets
Mais les plus forts dans ce type d’espionnage restent évidemment les Etats-Unis. The Intercept rappelle que la NSA a développé une véritable expertise dans l’interception de paquets de produits informatiques sur leur chemin de livraison, avec le but d’y insérer des « implants » matériels. Ces opérations étaient réalisées par les hackers de la division TAO (Tailored Access Operations) et permettaient à la NSA de se positionner sur des « cibles difficiles ».
L’une de ces cibles était le réseau l’opérateur Syria Telecom. En interceptant des équipements destinés au cœur de réseau Internet, la NSA a finalement obtenu un accès au réseau mobile de l’opérateur. Dès lors, l’agence pouvait « exfiltrer automatiquement » des métadonnées des abonnées, comme l’heure et la destination des appels ou la position géographique. Un « véritable coup », avait estimé la NSA dans un document de 2010.
Toutefois, les documents publiés par The Intercept ne donnent aucune indication concrète relatif au mode opératoire décrit par Bloomberg, à savoir l’intégration d’une puce d’espionnage directement sur la carte mère d’un serveur. D’après les experts interrogés par The Intercept, ce type d’attaque serait parfaitement possible, mais il serait particulièrement difficile, risqué et onéreux à réaliser. Les techniques d’interception de paquets seraient finalement plus simples et tout aussi efficaces.