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15 septembre 2025
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CHRONIQUE DE PAPE ALE NIANG DU 23 JANVIER 2019
Le journaliste revient sur la décision du Conseil constitutionnel, se désolant de la fragilité du pouvoir judiciaire transformé en bras armé dans des règlements de compte politique
Dans sa chronique de la semaine Pape Alé Niang revient sur la décision du Conseil constitutionnel. Il se désole de la fragilité du pouvoir judiciaire transformé en bras armé dans des règlements de compte politique.
DES MALFAITEURS ARRETES PAR LA GENDARMERIE
La gendarmerie de Thiès vient de frapper un grand coup dans le milieu de la délinquance routière avec l’arrestation de trois individus spécialisés dans le rechapage et la revente de pneus usés.
La gendarmerie vient de frapper un grand coup dans le milieu de la délinquance routière par le biais de sa brigade de recherches de Thiès. Il s’agit de l’arrestation de trois individus spécialisés dans le rechapage et la revente de pneus usés. Des activités accidentogènes puisque la plupart des accidents mortels de la circulation sont dus à des crevaisons ou des éclatements de pneus abimés.
Ces dernières années, la gendarmerie a constaté que la plupart des accidents routiers sont causés par des problèmes de pneus usés. Des accidents entraînés donc soit à des crevaisons, soit à des éclatements de pneus usés voire abimés. Ce qui provoque des défaillances liées au système de freinage provoquant des dérapages mortels. Forts de ce triste constat annuel basé sur des statistiques, le commandement de la gendarmerie de Thiès s’est rendu compte que la plupart des accidents avaient pour cause soit l’éclatement des pneus ou des défaillances liées au système de freinage (problèmes de dérapages). Pour pousser leur curiosité, les éléments de la gendarmerie ont investi les différentes filières de revente de pneus d’occasion ayant pignon à Thiès afin de mieux cerner le phénomène.
Ainsi, plusieurs opérations ont été menées dans des secteurs infiltrés par les gendarmes. Des opérations qui ont fini par porter leurs fruits. En effet, la brigade de recherches de Thiès a réussi à mettre la main sur trois individus spécialisés dans le rechapage voire le recyclage criminel de pneus usés jusqu’à la corde. Selon la division de la communication de la gendarmerie, le mode opératoire de ces recycleurs-réchappeurs consistait à recreuser les sillons des pneus, c’est-à-dire les bandes de roulement des pneus usés afin de leur redonner un aspect neuf moyennant la somme de deux mille (2000) francs le pneu.
En clair, le rechapage est une technique bien de chez les revendeurs de pneus établis aux allés Papa Guèye Fall à Dakar. Comme chez les délinquants « pneumatiques » de Thiès, ils remplaçaient la bande de roulement et les flancs des pneus usés et ramassés dans la rue pour les retaper afin de leur donner l’apparence du neuf avant de les repeindre en gomme-caoutchouc. Et le tour est joué ! Et à leur tour, la gendarmerie a procédé à l’arrestation de tous ces individus de la délinquance routière. Malheureusement, le phénomène a longtemps prospéré avant d’être enfin mis à nu par la gendarmerie. Un grand bravo à nos pandores !
ABDOULAYE FOFONA SECK TRAINE LE DG DE LA RTS DEVANT LES TRIBUNAUX
Entre le directeur général de la Rts (Radio Télévision du Sénégal), Racine Talla, et son employé Abdoulaye Fofana Seck, rien ne va plus !
Entre le directeur général de la Rts (Radio Télévision du Sénégal), Racine Talla, et son employé Abdoulaye Fofana Seck, rien ne va plus ! Se disant rétrogradé au rang de simple journaliste débutant alors qu’il fut directeur commercial — et doit donc conserver ce rang de directeur —, Abdoulaye Fofana Seck a porté plainte contre son employeur pour laver l’affront de cette humiliation professionnelle. L’affaire sera évoquée et plaidée en référé social devant le Tribunal du Travail Hors Classe de Dakar le 29 janvier 2019, c’est-à-dire mardi prochain.
Depuis plusieurs années, les téléspectateurs de la Rts ont perdu de vue le charismatique et éloquent journaliste Abdoulaye Fofana Seck, un des pionniers et piliers de la maison. Et personne n’aurait imaginé qu’Abdoulaye Fofana Seck l’objet d’une « sanction » professionnelle justifiant sa mise en quarantaine par de la direction générale de la Rts incarnée par Mamadou Racine Talla. Pourtant, c’est ce qui est réellement passé ! Car au regard de l’exposé de sa plainte, Abdoulaye Fofana Seck, journaliste et ancien directeur commercial et Marketing, dit avoir subi une rétrogradation depuis le 23 mai 2017.
Autrement dit, le directeur général Mamadou Racine Talla, non content d’avoir mis fin à ses fonctions de directeur, l’a rétrogradé au rang de simple journaliste-reporter débutant alors qu’il n’a commis aucune faute professionnelle. Dans sa plainte, Fofana Seck se désole d’être resté de 2003 à 2017 soir sept ( 07) ans sans travailler en sa qualité de journaliste. Pire, il s’est vu rattacher injustement à la direction des ressources humaines où il se tourne les pouces et regarde les mouches voler tout en les comptant. Mais la goutte d’eau qui a fait déborder le vase, c’est lorsqu’il a été affecté par une « décision illégale et non datée » signée du directeur général par intérim Pape Atou Diaw, au Departement Rsi et Chaine thématique de la direction des antennes et programmes de la Radio nationale. Une humiliation pour lui qui a toujours évolué à la Télévision nationale où il a gravi les échelons jusqu’à atteindre le rang de directeur !
Pour Fofana Seck, cette décision constitue une violation grave de la législation du travail. Tout en convenant que l’affectation à un poste ou le choix de nomination à une fonction spécifique entre le cadre des pouvoirs discrétionnaires du directeur général, « FOF », comme l’appellent les intimes, déplore et condamne le fait que son rang de directeur lui soit ôté. Il estime que ce statut constitue désormais un véritable droit acquis et que donc tout acte contraire relève d’une injustice voire d’une violation flagrante de la législation du travail. Aux yeux du brillant et très réseauté journaliste sportif, cette mise à l’écart ne serait rien d’autre qu’une volonté manifeste d’humiliation de la part du directeur général de la Rts par méfiance et par manque de reconnaissance à un travailleur à la fois loyal, compétent et disponible. Plus grave, Abdoulaye Fofana Seck n’a pas manqué de souligner à l’attention du juge des référés la suppression de son indemnité spéciale de sujétion et son salaire du mois de décembre 2018 sans motif réel et valable. Pour cette voie de fait manifeste, Abdoulaye Fofana Seck réclame à son employeur des arriérés de salaire et autres indemnités estimés à 1.800.000 cfa.
Malheureusement, nous n’avons réussi à joindre le Dg de la Rts Mamadou Talla pour le confronter à cette plainte dont il fait l’objet de la part d’Abdoulaye Fofana Seck. Nos colonnes restent ouvertes…en attendant sa comparution devant les référés du tribunal régional hors classe de Dakar. Pour rappel, le journaliste Ibrahima Ndoye, actuellement conseiller spécial du président de la République, avait voulu déposer une plainte contre le même Racine Talla et pour les mêmes raisons, il y a quelques mois. Il en avait été dissuadé in extrémis par le président de la République en personne…
LES ÉCURIES S’ÉCHAUFFENT
Après la publication de la liste définitive des candidats par le Conseil constitutionnel, l’heure est à la formation des équipes de campagne.
Macky Sall finalise un directoire large avec ses alliés. Ousmane Sonko, lui, devrait nommer un directeur de campagne. Issa Sall s’y met aujourd’hui, Madické Niang n’a pas encore statué sur le schéma. Le camp de Idrissa Seck, lui, reste injoignable.
Macky finalise un directoire de campagne
A dix jours du démarrage de la campagne, les différents candidats peaufinent leurs stratégies. Les réunions se multiplient, les schémas ne sont pas les mêmes. Pour l’heure, la discrétion est de mise sur les hommes et femmes qui accompagneront les candidats. Tout est soigneusement et rigoureusement choisi. Des équipes sur le terrain des meetings, sur les plateaux et radios pour la bataille de la communication. Du côté du candidat sortant, Macky Sall, l’idée d’un directeur de campagne est presque exclue. «C’est même improbable. Le Président est en train de finaliser plutôt le schéma d’un directoire. Dans tous les cas, il y a la Conférence des leaders de Benno bokk yaakaar et de la Grande coalition de la majorité présidentielle (pour ceux qui sont venus après comme Modou Diagne Fada, Abdoulaye Baldé, Souleymane Ndéné Ndiaye et autres) qui va jouer un rôle important de conseil stratégique auprès du candidat. Il y aura aussi des structures opérationnelles pour l’organisation de la campagne», soufflent des sources proches de Président Macky Sall. L’on explique ce choix par le fait que «le Président veut quelque chose de très huilé et léger pour plus d’efficacité».
«Sonko va nommer un directeur de campagne incessamment»
Le candidat de la Coalition Sonko Président, lui, est en train de dessiner son organigramme «progressivement». Ses proches confient qu’il a déjà installé la Conférence des leaders et des commissions techniques ont commencé à fonctionner. Mais sauf surprise, ajoute-t-on, Ous¬mane Sonko va «nommer incessamment son directeur de campagne». Le candidat El Hadji Issa Sall est encore à l’étape de l’itinéraire de campagne qui a été retenu lors de sa dernière réunion. Mais nous avons appris que sa coalition va «statuer sur le schéma d’un directoire de campagne» aujourd’hui. Me Madické Niang, qui est présentement dans le Sud du pays, n’a pas encore retenu le format qu’il va utiliser. «On est encore à l’étape de l’organisation. La seule certitude, c’est qu’on a un coordonnateur de la coalition, Ibra Diouf Niokhobaye, pour ne pas le nommer. Au-delà, il y a une entité globale qui s’appelle Coalition Madické2019, composée d’une vingtaine de partis dont une bonne dizaine d’anciens candidats déclarés. Les plus emblématiques, c’est Habib Sy, Ngouda Fall Kane, Ndella Diouf», soupire un membre de la coalition. Nous avons tenté de joindre la cellule de communication de Idrissa Seck en vain.
LE SENEGAL PECHE 300 LICENCES
Le ministre de la Pêche et de l’économie maritime, Oumar Guèye et Emma Metieh Glassco, ministre, directrice de l’Autorité de la pêche et de l’aquaculture du Liberia ont sogné hier, un accord qui ouvre aux pécheurs sénégalais les eaux libériennes.
Les pêcheurs artisanaux et semi industriels sénégalais peuvent désormais investir les eaux libériennes. Un accord en ce sens a été signé mardi entre les deux pays. Le ministre de la Pêche et de l’économie maritime, Oumar Guèye, et Emma Metieh Glassco ministre, directrice de l’Autorité de la pêche et de l’aquaculture du Liberia ont paraphé au ministère de la Pêche l’accord qui ouvre aux pêcheurs sénégalais de nouvelles perspectives. «Cet accord permet à la pêche artisanale et semi industrielle de pouvoir disposer de licences de pêche dans les eaux sous juridiction libérienne», a révélé le ministre de la Pêche procédant à la lecture du document après sa signature par les deux parties. «100 embarcations de pêche artisanale par an pour des puissances inférieures ou égales à 60 chevaux, 200 embarcations de pêche semi industrielle par an pour des puissances supérieures à 60 chevaux sans dépasser les 100 chevaux», a détaillé le ministre, annonçant aussi une possibilité pour la pêche industrielle dans les eaux libériennes «sous certaines conditions».
Omar Guèye a fait savoir que l’accord «avec effet immédiat dès sa signature» s’étale sur une durée de 5 ans renouvelables. «Cet accord est l’aboutissement d’un processus de négociations intenses et fructueuses des représentants et experts de nos deux pays, alternativement à Dakar et à Monrovia», a expliqué le ministre de la Pêche. Il a fait savoir que l’accord fait suite à la visite du Président George Weah à Dakar le 15 janvier 2018. «Nos deux chefs d’Etat avaient donné instruction pour l’ouverture des négociations pour la signature du présent accord», a rappelé M. Guèye qui a soutenu qu’en contrepartie «la partie libérienne bénéficie de l’expertise sénégalaise dans le domaine de la pêche».
Mme Glassco s’est réjouie pour sa part de la nouvelle coopération. «Je suis heureuse que l’on ait conclu cet accord dans des délais aussi courts. Nous espérons rendre plus dynamique la coopération entre nos deux pays (…) Notre Président dit que sa seconde maison c’est le Sénégal. Nous nous attendons au meilleur dans la coopération entre le Sénégal et le Liberia», a-t-elle expliqué.
Exploitation et gestion des ressources marines, valorisation et commercialisation des produits de la pêche et de l’aquaculture, recherche halieutique, préservation de l’environnement marin et côtier, contrôle et surveillance des pêches, partage d’informations sur les pêches et l’aquaculture, renforcement et développement des communautés de pêche. Tels sont entre autres, les points qui composent le cadre de la coopération établie par la signature de l’accord.
UN INFORMATICIEN RISQUE 2 ANS DE PRISON
Il a été arrêté pour avoir détecté une faille dans le système informatique de la Police nationale. Le juge correctionnel lui a accordé hier une liberté provisoire.
Pour les délits d’accès et de collecte frauduleux dans un système informatique, le jeune informaticien Souleymane Fall risque 2 ans dont 6 mois de prison.
Agé de 21 ans, Souleymane Fall est accusé d’avoir accédé frauduleusement au système informatique de la Police nationale. Le Parquet a requis hier 2 ans dont 6 mois ferme à son encontre. Il est retenu contre lui les délits d’accès et de collecte frauduleux dans un système informatique. Jeune programmeur et cyber-défenseur, il avait une fois décelé une faille dans le système de la Police nationale. Un fait qui lui a valu son séjour carcéral depuis mai 2018. Les faits se sont passés lors d’une journée portes ouvertes de cybersécurité organisée par la police au King Fahd. Et c’est en visitant les stands qu’il a montré ses capacités aux policiers en face de leurs ordinateurs.
Hier, face au juge de la Chambre correctionnelle du Tribunal de grande instance de Dakar, M. Fall s’est expliqué sur son geste. «J’ai découvert que leur télévision avait une faille. J’en ai parlé à la policière en lui faisant comprendre que n’importe qui pouvait y diffuser des images. Pour la convaincre, je l’ai éteinte grâce à un programme que j’ai installé sur mon téléphone», a-t-il laissé entendre.
Toutefois, il a précisé qu’il a agi avec l’accord des policiers présents. A son arrivée, le commissaire n’a pas digéré le comportement du jeune garçon car, pour lui, il s’est introduit frauduleusement dans les données de la police. Après une fouille dans l’un de ses ordinateurs, il a été découvert des données de la Sonatel, de Microcred et un permis canadien. Selon lui, il ne les a pas installées lui-même dans son système. Pour le procureur, même si le système de la Police nationale a des failles, le prévenu n’avait pas l’autorisation d’y pénétrer. De l’avis de la défense, l’enquête ne précise pas si le mis en cause avait utilisé, supprimé ou modifié un quelconque mot de passe. Pour les avocats, à la place de la prison, leur client devrait être honoré pour son geste. Selon eux, le doute est permis dans cette affaire et il doit être appliqué à l’informaticien. En attendant le délibéré fixé au 12 février, Souleymane Fall a obtenu la liberté provisoire après 8 mois de prison.
GASTON MBENGUE PERD SON COMBAT
Le verdict de l’affaire d’association de malfaiteurs et d’extorsion de fonds, impliquant le promoteur de lutte Gaston Mbengue, Moïse Rampino et Cheikh Mbacké Gadiaga, est tombé hier
Le juge correctionnel a condamné Gaston Mbengue à 2 ans avec sursis. Le jeune Rampino a lui écopé de 2 ans d’emprisonnement dont 10 mois ferme. Quant à Cheikh Mbacké Gadiaga, il a pris 2 ans de prison dont 10 mois ferme. Ils doivent également, chacun pour sa part, allouer à Pape Maël Diop et au colonel Issa Niang, parties civiles, la somme de 2 millions de francs Cfa.
LE GARDE DU CORPS DU MAIRE DE GRAND-YOFF RELAXE
Mamadou Lamine Diop a été condamné à 2 ans dont 2 mois ferme. Au vu par contre du temps qu’il a passé en détention, il va aussi retrouver les siens.
Le maire de Grand-Yoff n’aura plus à craindre pour sa sécurité. Son garde du corps a recouvré la liberté. En rendant hier sa décision, le Tribunal correctionnel a relaxé Charles Mandiang des fins de la poursuite. Cependant, son coprévenu n’a pas eu la même baraka que lui. Mamadou Lamine Diop a été condamné à 2 ans dont 2 mois ferme. Au vu par contre du temps qu’il a passé en détention, il va aussi retrouver les siens.
Les prévenus étaient poursuivis pour rassemblement illicite, destruction de biens appartenant à l’Etat. Les faits ont eu lieu lors des manifestations des populations de Grand-Yoff après l’arrestation de Khalifa Sall. Pour exprimer leur courroux, des habitants de Grand-Yoff, fief de l’ex-maire de Dakar, avaient saccagé un bus de Dakar dem dikk.
LA CHRONIQUE HEBDO D'ELGAS
PIERRE-HENRI THIOUNE, ORACLE, Ô DÉSESPOIR
EXCLUSIF SENEPLUS - L’idéal de souveraineté, de véritable dialogue religieux sans la seule rescousse de l’apparence, toutes ces idées qu'il défendait avec son célèbre doigt accusateur, sont restées sans héritiers - INVENTAIRE DES IDOLES
L’œuvre d’Ousmane Sembène n’est pas seulement prophétique et immortelle. Quand on l’explore, c’est l’une des plus édifiantes, tant la plume et la caméra du natif de Casamance ont su confesser et accoucher une société, et bien au-delà. On retrouve tous les types de héros chez Sembène. Dans la Noire de (1966), celle à qui Mbissine Thérèse Diop donne une vie est une jeune immigrée humiliée, employée domestique, essorée par le racisme, le rêve défait, qui finit par se suicider dans la salle de bain. Sembène nous donne là, la figure du héros candide que percute la violence de l’histoire. Dans le Camp de Thiaroye (1988), le sergent-chef Diatta, démobilisé de l’armée française, tient tête aux futurs bourreaux de son unité et rivalise avec eux dans leurs codes. Il est le héros discret, dont l’aura émerge et croît à mesure que le film avance, dont on sent aussi le déchirement entre le désir de revenir aux traditions ancestrales et la réalité d’une acculturation occidentale. Même déchirement dans Xala (1974) pour El Hadji Abdou Karim Beye. Seulement, ce héros est celui de la honte et du reniement. Dans Emitaï (1971), les héros sont multiples : la révolte contre l’effort de guerre mobilise tout ce village où l’on peut percevoir l’héritage d’Aline Sitoé Diatta. C’est l’héroïne et les héroïnes que Sembène met en scène, dans un féminisme précurseur.
Dans le Mandat (1968), le héros est naïf, balloté dans les mouvements de la modernité, polygame qui entretient des traditions par la perfusion de cet argent extérieur qu’il attend. C’est un héros presqu’absurde qu’offre là, Sembène, que l’on plaint mais pour qui l’on ressent une vague affection. Dans Molaadé (2004), le dernier film du cinéaste, l’héroïne lutte contre ses traditions et l’excision. Comme une évolution, l’écrivain, a su tirer le portrait avec une lucidité toujours renouvelée. Dans lesBouts de bois de Dieu (1960), comme dans les autres œuvres majeures, la plume ou la caméra savent suggérer, militer, sublimer, avec la réserve et avec la pondération de l’homme à la pipe. Tous ces héros multiples semblent fusionner dans la personne de Pierre-Henri Thioune, le personnage central dans Guelwar (1992). Thierno Ndiaye Doss qui prête son jeu d’acteur à ce personnage est resté mythique dans les cœurs et dans les annales du cinéma national avec ce rôle. C’est le héros magnifique et grandiose. Solennel et grave. Impétueux quand il faut, humain quand il le faut. Il agrège presque tous les types de la galerie de personnages que Sembène a offert.
Si l’auteur a décliné ses héros à travers de multiples expressions, il faut noter qu’il avait aussi le culte de la scène symbole. Dans chaque film, il y a ce moment où la gravité atteint son comble. Scène souvent sans paroles, relevée par la bande originale tragique, où le message est visible, fort, et direct. Dans le camp de Thiaroye, c’est l’attaque nocturne qui causa les morts dans la nuit. Lâcheté historique pendant laquelle Pays, joué par Sidiki Bakaba, muet et traumatisé par la guerre en Europe verse des larmes. A la fête des soldats qui croyaient enfin recevoir leurs droits, succède la tuerie dans le silence. Dans Emitaï, c’est la destruction des réquisitions de riz qui atteint le sommet du drame. Dans Molaadé, c’est la destruction des radios que brûlent les hommes pour mieux ensevelir les femmes dans la nuit des traditions. Dans Xala (1974), c’est les crachats de la rédemption. Dans Ceddo (1977), c’est le baptême des païens quand ils reçoivent leurs prénoms musulmans.
L’on pourrait à loisir trouver un, voire deux moments, dans chaque film, où le temps se fige et où le spectateur est seul juge. Ces moments, il y en a eu deux très forts dans Guelwar : dans le premier, Pierre-Henri Thioune est mort et enseveli. Abou Camara procède à l’exhumation du corps. Saisissante scène, ponctuée des cris et saillies religieuses stupéfaites, que la chanson Njilou de Baaba Maal enrobe d’un voile de magie. Dans la deuxième scène, en flashback Pierre-Henri Thioune fustige dans ce discours mythique, l’aide internationale qui suscite et alimente les prédations de l’élite politique. On y voit alors, la procession, mimétique et décidée, éventrer les sacs de riz de l’aide alimentaire comme jadis dans Emitaï. Les lettres de noblesse du refus, portées par des enfants, rendent la séquence inoubliable. Cette tradition de la destruction salvatrice chez Sembène est un élément fondateur, comme la métaphore sur la nécessité d’un divorce violent, pour libérer le cri de la naissance. Mort ou vivant, Sembène a fait porter un discours à Pierre-Henri Thioune, un discours de vérité, un discours de refus.
On en fait bien des caisses sur le courage quelquefois. On le surévalue chez les uns et on le sous-évalue chez d’autres. Mais le courage de Pierre Henri Thioune, et au-delà, celui de Sembène, est celui de nous avoir régulièrement entretenus du devoir d’entretenir ce courage. La vérité est une idole dépréciée, elle doit rester une idole vivante tout de même. Depuis Guelwar, presque 30 ans, et pas un héros à grande audience, au niveau national, n’est venu bousculer nos certitudes, nos acquis, nos reposantes commodités. La scène politique depuis Guelwar s’est ensablée dans des querelles indignes en désertant le champ des idées. L’idéal de souveraineté, de véritable dialogue religieux sans la seule rescousse de l’apparence, toutes ces idées que défendait Pierre-Henri Thioune, avec son célèbre doigt accusateur, sont restées sans héritiers multiples. La politique s’est refermée dans une consanguinité avec le pouvoir moral, pour baliser le statut quo. On peut gager que s’il était vivant, Pierre Henri Thioune aurait sans doute pointé encore son doigt accusateur vers nous autres.
Il se rencontre beaucoup de diffuseurs de cette séquence, beaucoup d’amoureux de ce passage de Guelwar, pourtant comme toujours, nous aimons les héros morts, par impuissance et incapacité à les réincarner. On les embrasse pour mieux les faire taire pour de bon, et pour nourrir une bonne conscience épisodique. A la mort récente de Thierno Ndiaye Doss, comme à celle avant d’Ousmane Sembène, c’est toute la lignée des oracles qui s’est éteinte définitivement, nous laissant le temps des héros aux galons multiples et aux faits glorieux inexistants.
En allant vers le cinéma, Sembène l’a dit : il voulait toucher plus de gens, ceux que les livres n’atteignent jamais. La littérature reste élitiste et sectaire. Elle exclut. A dessein et à décharge à cause des déficits de promotion et d’investissements culturels. La caméra de Sembène est presque restée sans héritiers. Ça en dit long sur notre époque, prompte à célébrer la libération, à s’autosatisfaire d’une ébullition de la scène intellectuelle, alors qu’à y voir de très près, le vernis couvre un vide, voire un gouffre. Dans cet emblématique Guelwar des années 90, Pierre-Henri Thioune reste un prophète qui tend l’index vers la bonne direction, mais on a regardé ailleurs, obnubilés par le doigt. C’était un héros total, presque taquin et frivole, il est l’un des premiers à apparaître nu dans un film de grande audience nationale, dans une scène encore plus incroyable d’adultère à cette époque. De ces héros qui nous plaisent, nous grondent, nous dérangent, nous interpellent et nous divertissent. C’est pourquoi il reste impérissable même si le fumier ne semble pas faire un bon engrais pour la repousse. C’est qu’il est un oracle, au sens plein et sublime du mot. Il ne faut pas désespérer qu’il y ait des héritiers. Si les livres « précèdent les lecteurs » comme le dit joliment Boris Diop, le temps est alors un allié. Il nous reste juste à arroser le champ.
PAR L'ÉDITORIALISTE DE SENEPLUS, BACARY DOMINGO MANÉ
MACKY JOUE À SE FAIRE PEUR
EXCLUSIF SENEPLUS - Pour lui, le silence, face aux attaques de l’opposition, est l’arme des faibles - C’est un homme irascible qui regarde de haut, ses opposants, ses partisans et ses collaborateurs
Bacary Domingo Mané de SenePlus |
Publication 23/01/2019
Il joue à se faire peur. Son positionnement agressif, privilégie l’adversité, la confrontation et les rapports de force. Pour lui, le silence, face aux attaques de l’opposition, est l’arme des faibles. Il est dans la réactivité, synonyme de manque de sérénité. C’est un homme irascible qui regarde de haut, ses opposants, ses partisans et ses collaborateurs. Tous ceux qui oseraient lui opposer un minimum de résistance. Il est perché là-haut. Il est tout simplement le président de la République.
« Force restera à la loi...Je ne tolérerai pas… Je ne laisserai personne brûler ce pays… Petites gens (parlant des opposants) … Je vais réduire l’opposition à sa plus simple expression… », dixit le premier des Sénégalais.
Le président Macky Sall a choisi le positionnement agressif (territoire d’expression), chaque fois que sa communication s’adresse à ses opposants. Il brandit la force légale. Le ton est menaçant, la parole coule, les lèvres se resserrent et les sourcils baissent. Ces micro-expressions de colère (qui ne sont pas des gestes appris) prouvent qu’il ne triche pas et en veut à cette opposition « impénitente » qui agresse aussi par la parole, la plus haute institution du pays.
Lexique des lutteurs, ascendance psychologique
Et lorsque le président Sall choisit de communiquer en wolof, il puise dans le lexique des lutteurs traditionnels : beuré (lutter), mbott (ceinturer), daan ou jeul (terrasser) … Tout est confrontation chez lui. La stratégie du faire peur, de bander ses muscles, est connue des lutteurs (à l’occasion des face-à-face) pour avoir une ascendance psychologique sur l’adversaire.
Même les syndicalistes, y compris ses partisans et ses collaborateurs, n’échappent pas à la coulée de lave discursive. Des remontrances aux mises en garde, en passant par les menaces, Macky veut montrer qu’il est le maître du jeu. Et gare à ceux qui tenteront de lui résister. Il les regarde de haut et n’hésite pas à les écraser, chaque fois que le Léviathan sent que le rapport à l’autre lui est défavorable. C’est l’être des cimes, des hauteurs, accroché à son piédestal telle une abeille à sa ruche.
Communication violente et abus
Certes, le marketing politique nous enseigne que l’humour est efficace pour rallier les partisans et les indécis, mais la menace s’avère plus pertinente pour convaincre ses opposants politiques (Sonia Capelli, 2014). Mais tout abus est nuisible et la parole n’est pas à l’abri de la dépréciation lorsqu’elle suit la voie de la permanence, de la désacralisation, de la banalisation.
La communication violente du président Sall ne saurait être dissociée de l’image austère de l’Etat (le monstre froid), incarnée par le corps sacré. Renfrogné, bougon, grincheux, il a toujours le masque à portée… du visage. Il est sérieux…trop sérieux…Même quand il décide de nous ressembler (se mettant dans la peau de monsieur-tout-le-monde), en nous faisant rire, son humour vire au noir. Ses pas de danse (le numéro qu’il nous a servis au Centre Abdou Diouf), accompagnés, de poings fermés, montrent à suffisance que le président a un problème avec la spontanéité.
Il est dans la réactivité
La faiblesse de sa communication réside dans sa réactivité, en voulant répondre coûte que coûte à ses adversaires qui sont dans leur rôle de « destruction massive » de toute initiative de la majorité, susceptible de leur faire perdre la bataille de l’opinion. Cela l’expose, et le manque de sérénité se lit à travers certains glissements sémantiques maladroits qui brisent la carapace sacrée, le ravalant ainsi, au rang des hommes et des femmes ordinaires. Cette réactivité en fait un homme irascible.
Son erreur est de croire que le silence est une marque de faiblesse face à une opposition qui bande ses muscles. C’est plutôt le compagnon des grands hommes qui ont compris que la meilleure des communications, est celle basée sur les résultats. L’action assèche la bouche et évite à la parole de couler. Et pourtant, c’est le président qui nous parle du Temps de l’action !
Clash permanent
La stratégie du clash permanent génère de la violence. La parole n’est plus policée, parce qu’elle est grosse de colère. Et par un effet d’entraînement, elle est reprise au rebond par le destinataire, qui la renvoie à l’expéditeur. Ainsi, la parole coléreuse, incapable d’appréhender la réalité qui ne se dévoile pas dans le brouillard des invectives, est l’étincelle qui mettra le feu aux poudres.
Attention, le diable rode autour, il n’attend que le déclic pour habiter ces corps malades… de frustrations.