SenePlus | La Une | l'actualité, sport, politique et plus au Sénégal
15 septembre 2025
MÉDIAS : MACKY SALL PLAIDE POUR UN MESSAGE POSITIF SUR L’AFRIQUE
"Le problème de l’émigration touche à la dignité de l’Afrique. C’est un phénomène très difficile, et la meilleure des solutions pour lutter contre ce fléau, c’est de porter un message positif de l’Afrique et un message positif sur l’Afrique", a estimé le
Kaolack, 22 jan (APS) - Le président de la République, Macky Sall invite Africains et Occidentaux à porter "un message positif de l’Afrique et sur l’Afrique", le meilleur moyen selon lui de lutter contre l’émigration clandestine.
"Le problème de l’émigration touche à la dignité de l’Afrique. C’est un phénomène très difficile, et la meilleure des solutions pour lutter contre ce fléau, c’est de porter un message positif de l’Afrique et un message positif sur l’Afrique", a estimé le chef de l’Etat.
Il présidait lundi à Kaolack la cérémonie de présentation de l’ouvrage du journaliste Aliou Fall, intitulé "Macky Sall, la réponse en action".
"Si tous les jours, les télévisions occidentales et médias ne disent de l’Afrique que du mal, nos jeunes ont toujours le souhait de s’expatrier. Les Occidentaux comme les Africains doivent tenir des discours positifs sur l’Afrique", a exhorté le président Sall.
Après cinquante ans d’indépendance, "l’Afrique est bel et bien en marche", a-t-il souligné, conseillant d’"éviter le discours destructif pour l’Afrique".
"Nous sommes fiers de nous, nous sommes des Africains et nous travaillons", a fait valoir le président de la République, selon qui la situation sur le continent africain "est devenue meilleure".
Au Sénégal, "il y a des défis dont la formation professionnelle", a toutefois signalé Macky Sall.
"JE SUIS UN EXEMPLE VIVANT DE LA CAPACITÉ D’ADOPTION DU SINE’’
Venu rehausser de sa personne cette cérémonie de dédicace, Macky Sall a une fois de plus rappelé la place qu’occupe l’ancien royaume du Sine dans sa vie, dans son parcours politique
Diakhao, (Fatick) 22 jan (APS) - Le président de la République, Macky Sall, a dit, mardi à Diakhao, incarner l’"exemple vivant de la capacité d’adoption et d’accueil du Sine pour avoir vu le jour et grandi à Fatick avec ses parents originaires du Fouta’’, région du nord du Sénégal.
"Je suis moi-même un exemple vivant de cette capacité d’accueil, de cette capacité d’adoption mais aussi de partage du Sine", zone correspondant à la région de Fatick (ouest), a-t-il déclaré lors de la cérémonie de dédicace de l’ouvrage intitulé "Le Sine d’hier", une publication de de Joseph Latyr Faye, qui fut surveillant au CEM de Diakhao.
Venu rehausser de sa personne cette cérémonie de dédicace, Macky Sall a une fois de plus rappelé la place qu’occupe l’ancien royaume du Sine dans sa vie, dans son parcours politique, bref dans son identité même.
"Je suis né à Fatick, mes parents venus du Fouta s’y étaient établis. Donc, je suis moi-même un produit de la tradition d’intégration du Sine", a-t-il dit dans un témoignage retranscrit dans l’ouvrage de Joseph Latyr Faye.
"A travers son livre, Joseph Latyr Faye a le grand mérite de rappeler notre mémoire collective, une séquence majeure de notre histoire commune dont le Sine, pays sérère par excellence, mais aussi terre d’accueil et d’intégration", a-t-il poursuivi.
"(…) En définitive, ce livre est une invite à une réappropriation de notre patrimoine historique, et c’est important car selon l’heureuse expression du professeur Joseph Ki-Zerbo, un peuple sans histoire est un monde sans âme", a-t-il encore écrit dans l’ouvrage préfacé par l’ancien ministre et philosophe à la retraite, Abdoulaye Elimane Kane.
En présence du Premier ministre Mahammed Boun Abdallah Dionne, de plusieurs membres du gouvernement, des autorités administratives de la région, du député-maire de Diakhao, Pape Birahim Touré, ainsi que de représentants des populations locales, il a résumé tout ce qu’il doit à l’ancien royaume sereer par cette formule : "Le Sine m’a couvé et m’a porté".
"Donc, le Sine a une part particulière dans mon identité, dans mon parcours politique. C’est la raison pour laquelle j’ai accepté d’apporter un témoignage lorsque l’auteur du livre Joseph Latyr Faye m’a soumis son ouvrage", a-t-il encore souligné.
Avant la cérémonie de dédicace qui s’est déroulée à la grande place publique de Diakhao, le président de la République a tenu à faire un tour au domicile du roi Bour Sine Coumba Ndoffène.
"Je suis comblé après avoir fait ce pèlerinage dans la maison du bour Sine Coumba Ndoffène avant de monter sur ce podium", a-t-il lancé, recommandant au public de lire cet ouvrage.
"Ce livre est plein d’informations, d’enseignements sur la vie de la communauté sérère, sur la richesse de la culture sérère et sur les valeurs de civilisation et sur la royauté du Sine", a-t-il souligné.
NUMÉRIQUE : LE SÉNÉGAL DANS "UNE PHASE D’OPPORTUNITÉS SANS PRÉCÉDENT",
"Il y a dans les cinq prochaines années, un enjeu capital, si notre pays joue la partition qu’il faut – aussi bien l’Etat, le milieu de l’enseignement, le secteur privé, les étudiants
Thiès, 22 jan (APS) - Le Sénégal est dans une phase d’opportunité sans précédent dans le domaine du numérique qu’il doit valoriser, pour devenir une "nation numérique majeure", a indiqué, mardi, Ibrahima Nour Eddine Diagne, président d’African Performance Institute (API).
"Le Sénégal est un pays jeune avec des compétences avérées en matière de numérique. Nous pensons que nous sommes dans une phase d’opportunité sans précédent, mais (qui) est appelée à disparaître si elle n’est pas valorisée", a dit M. Diagne, selon qui c’est "le moment de provoquer ce débat".
Il s’exprimait en marge d’une conférence, dans le cadre des "Mardis du numérique", un cycle de conférences organisé par l’API.
A cette occasion, plusieurs panélistes sont intervenus sur les défis de l’enseignement supérieur dans les domaines de l’innovation et de l’entreprenariat dans une économie numérique, en présence d’universitaires, d’étudiants et d’acteurs de la société civile.
"Il y a dans les cinq prochaines années, un enjeu capital, si notre pays joue la partition qu’il faut – aussi bien l’Etat, le milieu de l’enseignement, le secteur privé, les étudiants -, nous pouvons vraiment prétendre être une nation numérique majeure", estime Ibrahima Nour Eddine Diagne.
"A contrario, nous risquons, si nous ne faisons rien, d’être une économie marginale", poursuit-il, estimant qu’avec la révolution numérique, le monde ne se rattrape plus.
"Quand on prend cinq ans de retard, on a perdu cinq ans", au moment où "les autres ont pris l’avance et ont fini de valider les opportunités qui auraient dû être les nôtres", a-t-il fait valoir.
Les jeunes principaux destinataires de ces réflexions, doivent comprendre que "dans le monde d’aujourd’hui, c’est les compétences qui font la différence".
Ils doivent aussi avoir à l’esprit qu’ils "ne sortiront pas avec des diplômes qui les rendront compétents, mais avec des diplômes qui leur donneront des connaissances", a-t-il souligné.
Il a salué la création de l’Université virtuelle du Sénégal (UVS) que le Sénégal "n’a pas copiée", et qui malgré des problèmes, portera ses fruits avec le temps avec "un gain de compétitivité".
Ibrahima Nour Eddine Diagne a évoqué "les profondes mutations" d’un monde passé d’une "domination par la force", à travers l’esclavage et la colonisation, à une "domination par les compétences".
Un monde dans lequel la souveraineté ne s’applique plus à un territoire, et où "Facebook connaît plus les Sénégalais que l’Etat du Sénégal", en maîtrisant leurs préférences et autres caractéristiques.
Pour cheikh Thiam, directeur exécutif du Club des investisseurs du Sénégal et ancien directeur général du quotidien Le Soleil, un des panélistes, le Sénégal a déjà réalisé des avancées numériques en matière de procédure dans plusieurs secteurs.
Il devrait désormais mettre l’accent sur le paiement numérique pour gagner du temps et régler certaines "petites corruptions", a-t-il dit, avant d’inviter à établir "des ponts entre les écoles de formations, les universités et le monde de l’entreprise".
Cette perspective peut être accompagné par la création d’un fonds d’appui à l’innovation et à la recherche, qui serait à frais partagés entre l’Etat et les entreprises.
Il propose aussi un système d’incitation par la défiscalisation en faveur des entreprises qui créent des laboratoires de recherche.
"Le Sénégal est en train de progresser en matière d’innovation", a dit pour sa part le professeur Amadou Thierno Gaye, directeur de la recherche et de l’innovation au ministère de l’Enseignement supérieur.
Il note que le Sénégal a gagné six places, selon le rapport 2018 du Global Innovation Index, publié par l’Organisation mondiale de la propriété intellectuelle (OMPI).
Le concept des "Mardis du numérique", qui en en est à sa 11-ème édition, vise à "provoquer ce dialogue" qui manque sur une question aussi transversale que le numérique, a dit Ibrahima Nour Eddine Diagne président de African Performance Institute (API), à l’origine de cette initiative.
Chacun fait de son côté ce qu’il pense être plus pertinent, alors que le rôle des uns et des autres "n’est pas de trouver des solutions, mais de poser les bonnes questions", selon M. Diagne.
BERNARD CASIMIR CISSÉ ASSURE
"Ceux qui soulèvent la question comme quoi il y aurait 2 à trois fichiers ignorent, peut-être de bonne foi, qu’il n’y a qu’un seul fichier mais qui dispose de 2 compartiments", a-t-il dit à l’ouverture de la première session des "mardis de Brottier 2019".
Dakar, 22 jan (APS) - Le directeur de la formation et de la communication à la Direction générale des élections (DGE), Bernard Casimir Cissé, assure qu’il n’existe qu’un seul fichier pour la prochaine présidentielle, lequel, concède-t-il, dispose toutefois de deux compartiments, dont celui régissant les électeurs de la diaspora.
"Ceux qui soulèvent la question comme quoi il y aurait 2 à trois fichiers ignorent, peut-être de bonne foi, qu’il n’y a qu’un seul fichier mais qui dispose de 2 compartiments", a-t-il dit à l’ouverture de la première session des "mardis de Brottier 2019".
Un des compartiments de ce fichier "régit les électeurs établis au Sénégal et un autre ceux répartis dans 50 pays au niveau de la diaspora. Mais il n’y a qu’un seul fichier pour l’organisation de l’élection présidentielle" prévue le 24 février prochain, a ajouté Bernard Casimir Cissé au cours de cette rencontre qui se veut un espace de dialogue et d’échange, à l’initiative de l’association Présence chrétienne et de la radio "Espérance FM".
La première session des "mardis de Brottier 2019", portant sur le thème "Dialogue, Transparence et Paix", a enregistré la participation de représentants du ministère de l’intérieur, du Conseil national de régulation des médias (CNRA) et des experts électoraux.
L’exposé du directeur de la formation et de la communication à la Direction générale des élections (DGE) portait sur le fichier électoral, les acteurs du processus électoral, le compte à rebours, qui est d’au moins 35 jours avant le scrutin, la carte électorale et les cartes d’électeur.
Selon Bernard Casimir Cissé, la carte électorale sera publiée "au plus tard le 25 janvier", soit vendredi, après quoi le ministère de l’Intérieur "va mettre le fichier, dans ses versions papier et électronique, à la disposition de tous les acteurs au plus tard le 8 février" prochain.
"C’est très légitime pour les acteurs de réclamer le fichier. Mais aux yeux de la loi L11 du code électoral, le ministère de l’intérieur ne peut publier le fichier que 15 jours avant le scrutin", a renseigné Bernard Casimir Cissé.
Le président de l’association Présence chrétienne, Auguste Charles Turpin, revenant sur l’initiative de cette édition des "mardis de Brottier 2019", souligne que cette rencontre s’inscrit dans le cadre de l’appel à la paix et à la concorde de l’Eglise "pour une préservation de la paix sociale avant, pendant et après le scrutin du 24 février 2019".
PAR IBRAHIMA SILLA
LE SABAR HALLAL SOUS LE HAUT PARRAINAGE DE MACKY
Une mosquée n’est pas le lieu le mieux indiqué pour organiser un sabar - Ne soyez pas étonnés, chers compatriotes, de voir demain un imam danser entre deux prières pour rendre grâce à la générosité du président de la République ou de la première dame
Ce vendredi 18 janvier 2019, le jardin des délices démocratiques s’est transformé en jardin de Satan. A Guédiawaye, on vient d’inventer brutalement le concept de « sabar hallal » sous le haut parrainage et la présence effective du chef de l’Etat qui a inauguré une mosquée sous des décibels inappropriés, sur fond de discours propagandistes et d’actes folkloriques. Il n’est pas nécessaire d’inaugurer une mosquée avec autant de bruit et de tintamarre. Des prières désintéressées et dépolitisées auraient suffi, en ce vendredi saint, à rendre grâce à Dieu et non à un mortel. Depuis longtemps, le scandale est banalisé dans ce pays et les banalités scandalisées. Pour un rien, l’on s’insurge. Et pour le pire, l’on se terre dans un mutisme déconcertant. Une mosquée n’est pas le lieu le mieux indiqué pour organiser un sabar.
Les funérailles sont même devenues des tribunes politiciennes au cour desquelles l’on ne se gêne pas d’organiser, séance tenante, la transhumance partisane. Ne soyez pas étonnés, chers compatriotes, de voir demain un imam danser entre deux prières pour rendre grâce à la générosité du président de la République ou de la première dame. « Quand l’argent parle, la vérité se tait », dit le proverbe togolais. Dieu ne semble plus suffire aux croyants déclarés et obnubilés par la conservation du pouvoir politique. Ils vont consulter les charlatans pour espérer redoubler au pouvoir en doublant leur mandat. La médiocrité de leur foi républicaine et de leur action politique devrait nous inciter à les exclure définitivement du pouvoir. La légèreté de leur foi en Dieu les conduit à remettre leur espoir entre les « prières » des charlatans de toutes obédiences qui leur promettent, à la place de Dieu, enrichissement, mandat, célébrité et même immortalité, moyennant les futilités et les biens éphémères de ce bas monde.
Je leur rappelle ces paroles d’une sagesse incommensurable de Cheikh Ahmadou Bamba, qu’eux tous devraient méditer : « Penche vers les portes des rois, m’ont-ils dit, afin d’obtenir des biens qui te suffiraient pour toujours. Dieu me suffit, ai-je répondu, et je me contente de Lui et rien ne me satisfait si ce n’est la religion et la science. Je ne crains que mon roi et n’espère qu’en Lui, car c’est lui le majestueux, qui m’enrichit et me sauve. Comment disposerais-je mes affaires entre les mains de ceux-là qui ne sont même pas capables de gérer leurs propres affaires à l’instar des plus démunis ? Et comment la convoitise des richesses m’inciterait-elle à fréquenter ceux dont les palais sont les jardins de Satan ? Au contraire, si je suis attristé ou éprouve un quelconque besoin, je n’invoque que le Propriétaire du Trône (Qu’est Dieu). Car il demeure l’Assistant, le Détenteur de la Puissance Infinie qui crée comme Il veut tout ce qu’Il veut. S’il veut hâter une affaire, celle-ci arrivera prestement, mais s’Il veut l’ajourner, elle s’attardera un moment. Ô toi qui blâmes ! N’exagère pas dans ton dénigrement et cesse de me blâmer ! Car mon abandon des futilités de cette vie ne m’attriste point… Si mon seul défaut est ma renonciation aux biens des rois, c’est là un précieux défaut dont je ne rougis point ! ». N’est pas saint qui veut, certes. Mais en attendant respectez le sacré non institutionnalisé qu’est une mosquée – ou tout autre lieu saint – qui n’a pas moins de dignité que votre institution constitutionnellement sacralisée mais non éternelle.
Ibrahima Silla est président du Mouvement Lénène Ak Niénèe, membre du Directoire de FIPPU
LE PREMIER CARREFOUR MARKET S'INSTALLE À DAKAR
Après la Côte d'Ivoire et le Cameroun, CFAO a ouvert son premier magasin Carrefour au Point E, un quartier huppé de la capitale
Jeune Afrique |
Nelly Fualdes |
Publication 22/01/2019
Avec 800 mètres carrés de surface commerciale – loin derrière les 20 000 m2 du centre commercial PlaYce Marcory en Côte d’Ivoire ou même les 8 250 m2 du Carrefour Market de Bonamoussadi, au Cameroun -, l’enseigne Carrefour « commence doucement » au Sénégal, où le marché de la grande distribution « est très concurrentiel », a précisé Jean-Christophe Brindeau, le directeur général de CFAO Retail, à l’occasion d’une conférence de presse le 22 janvier à Paris.
Installée à proximité de la piscine olympique, dans le quartier huppé du Point E, la nouvelle enseigne vise « les 3 % de CSP+ et les 12 % de classe moyenne » du Sénégal tout en promettant « le même niveau de prix qu’Auchan », son concurrent implanté dans le pays depuis 2015.
Avec 48 employés sur place, CFAO se fixe notamment pour objectif de nouer des contacts avec des fournisseurs locaux, à même de lui fournir une partie de ses produits, notamment alimentaires. « Nous adapterons nos références au fur et à mesure, en fonction de nos fournisseurs et de la demande », explique Virginie Patry, la directrice commerciale de CFAO Retail, qui met en avant une « volonté de s’ancrer dans le paysage local sur du long terme ».
Une chaîne low-cost pour aller vers la consommation de masse
Outre ce supermarché qui cible les plus aisés, CFAO a prévu d’ouvrir au Sénégal, d’ici 2020, trois magasins de son nouvelle enseigne low-cost destinée aux couches populaires, Supeco. Déjà présente en Europe de l’Est et du Sud et au Brésil, cette enseigne fera son entrée en concomitamment au Sénégal, au Cameroun et en Côte d’Ivoire, avec « 8 à 10 magasins » d’ici la fin de l’année 2019 dans les trois pays.
Le premier est prévu dès le premier trimestre 2019 sur le site de l’ancien cinéma El Mansour, à Grand Dakar. Y seront proposées quelques 2 500 références, dont du vrac, à destination des consommateurs mais aussi éventuellement des revendeurs. « Nous n’avons pas la prétention d’aller lutter contre l’informel, mais nous allons essayer de nous en approcher », précise Jean-Christophe Brindeau.
Jean-Christophe Brindeau se dit conscient d’un risque de « scénario à la Auchan » – en misant sur les volumes et en cassant les prix, le groupe français s’est heurté au Sénégal à une brusque réaction des petits commerçants, qui manifestent régulièrement à l’appel du collectif « Auchan dégage ». Cela ne l’inquiète pourtant pas outre outre mesure. « Cette réaction peut arriver, mais elle ne reflète qu’une petite partie de l’iceberg. La plus grande partie des consommateurs sont favorables à la grande distribution », assure-t-il.
VIDEO
LES CANDIDATS DU C25 MENACENT MACKY SALL ET LUI DONNENT UN ULTIMATUM POUR LIBERER KHALIFA SALL
EXCLUSIF SENEPLUS #Enjeux2019 - Les expériences réussies au Sénégal, la quasi-unanimité autour de l’importance de la langue parlée par les enfants dans l’apprentissage autorisent de facto, une introduction du bilinguisme dans notre système éducatif
#Enjeux2019 - Avec l’appui de l’USAID, le Ministère de l’Education nationale est en train de mettre en œuvre un programme intitulé “Lecture pour tous’’, (LPT) dans les académies de Diourbel, Matam, Kaolack, Kaffrine, Louga et Fatick. Basé sur les langues nationales (le sérère, le wolof et le pulaar). Ce programme quinquennal aura pour cible les élèves des classes de CI, CP, CE1 de 3 637 écoles élémentaires publiques et 100 daara.
Il nous paraît indispensable de poser un débat national sur les orientations de ce programme, afin que les importantes ressources mobilisées permettent, de manière efficace et efficiente, d’atteindre des résultats significatifs pour notre système éducatif.
- Pourquoi a-t-on abandonné le bilinguisme ? -
Contre toute attente, on parle de « langue nationale comme béquille pour le français », dans les options de LPT. Cette posture attribuée à nos langues est en deçà de l’état de la recherche, et surtout des riches expériences réussies dans notre pays, par l’Etat lui-même et par des ONG.
Nous avions estimé, avec beaucoup d’espoir, que notre pays a aujourd’hui une excellente opportunité de faire des pas décisifs dans l’utilisation des langues locales. C’est devenu un truisme de parler de l’importance de la langue parlée par les enfants dans l’acquisition du savoir. De nombreux psychologues s’accordent sur le fait que le développement de l’enfant s’effectue plus harmonieusement lorsqu’il n’y a pas de rupture brutale entre la langue maternelle et la langue d’enseignement. L’utilisation des langues maternelles des élèves au début de la scolarité permet de faciliter les apprentissages et de les rendre plus durables. Elle permet, par ailleurs, de réconcilier l’école avec son milieu (participation des communautés à la mise en œuvre des curricula, intervention facile des personnes ressources du milieu…). Les enfants auront ainsi, plus de respect pour leur langue et la confiance en soi rendra les acquisitions plus solides. Il est clair que nous plaçons nos enfants dans une position d’échec en leur faisant aborder des acquisitions scientifiques dans une langue qu’ils ne connaissent pas. Aussi avons-nous été fort découragé de constater que le programme national de lecture a abandonné le bilinguisme. Au cours de l’atelier de validation du « Modèle harmonisé d’enseignement-bilingue au Sénégal », il avait été retenu : « le bilinguisme proposé dans le présent modèle est de type additif en ce qu’il permet un ancrage plus solide de la langue première, rendant ainsi possible un meilleur gain au plan des apprentissages et des performances des élèves. Il s’appuie sur le principe de l’utilisation des langues nationales comme médium et objet d’apprentissage durant tout le cycle élémentaire, en même temps que le français ». Et, le schéma d’utilisation des langues adopté préconisait ceci :
A la première année, la langue nationale (L1) est le seul médium d’enseignement-apprentissage
Le français (L2) est introduit à l’oral au premier trimestre de la deuxième année (CP) et en lecture-écriture à partir du deuxième trimestre de la même année
- Pourquoi a-t-on choisi de ne travailler que sur la lecture ? -
L’option de travailler exclusivement sur la lecture pose un sérieux problème de cohérence pédagogique. Même si le programme traite de la lecture en priorité, il ne saurait ignorer sa relation ombilicale avec l’apprentissage de l’oral et la production d’écrits. Nous pensons qu’il est incongru, dans un CI, d’enseigner en pulaar la lecture et en français la communication orale et la production d’écrits. Pourtant, avec les mêmes moyens humains, techniques et financiers, on peut parfaitement éviter cette étrangeté déstabilisatrice pour les enseignants.
- Pourquoi a-t-on choisi le décodage exclusif ? -
Dans le guide de lecture produit par LPT, on parle de décodage systématique, mais on opte pour un décodage exclusif. Les concepteurs semblent être fascinés par la prétendue supériorité de la « méthode syllabique » sur la « méthode globale ». Nous pensons que les « récentes » affirmations de monsieur Stanislas Dehaene, basées sur les neurosciences, sont passées par là ! Pourtant ces affirmations avaient déjà fait polémiques en 2006. Et, de multiples raisons invitent à ne pas les prendre pour argent comptant. En effet, de graves lacunes méthodologiques ont été constatées sur les études qui ont été à la base de ses déclarations. La « guerre des méthodes » n’a quasiment existé ou alors elle n’existe plus.
Une enquête dirigée par Roland Goigoux, professeur à l’Université de Clermont Ferrand, pendant 3 ans, a été réalisée sur 2800 élèves de CP par une équipe de 60 chercheurs (13 universités) et 140 intervenants pendant 3 000 heures de cours filmées, 8 000 photos de cahiers d’écoliers… Cette enquête s’est intéressée à ce qui se fait réellement en classe en apprentissage de la lecture et de l’écriture. Les conclusions de cette étude ont montré qu’il n’existe pas de supériorité d’une méthode sur une autre.
- Pourquoi avoir négligé les composantes de la lecture ? -
Les conclusions des recherches basées sur la psychologie cognitive ont permis d’identifier de façon rigoureuse a) les composantes indispensables à la maîtrise de la lecture, b) les processus développementaux du savoir lire et c) les caractéristiques liées à la langue d’enseignement apprentissage. C’est pourquoi on parle d’approche cognitive de la lecture.
En ce qui concerne les composantes de la lecture-écriture, on peut retenir :
Les concepts liés à l’écrit
Établir les correspondances entre les unités orales (phonèmes) et les unités écrites (lettres) : la connaissance des lettres, la conscience phonologique, la conscience phonémique, la compréhension du principe alphabétique, l’enrichissement du vocabulaire, la compréhension en lecture, la fluidité, l’écriture.
Dans quel ordre doit-on prendre en charge ces composantes ?
Si les experts se sont pour l’essentiel entendus sur ce qu’on ne peut pas ne pas enseigner, ils sont par contre très prudents sur l’ordre à adopter. La prudence des experts sur l’ordre à adopter est bien synthétisée, dans un livre écrit sous la direction de Stanislas Dehaene, par Ghislaine Dehaene-Lambertz, Edouard Gentaz, Caroline Huron et Liliane Sprenger-Charolles. Les auteurs affirment : « Disons d’emblée : la connaissance du cerveau ne permet pas de prescrire une unique méthode de lecture. Au contraire, la science de la lecture est compatible avec une grande liberté pédagogique, des styles très variés d’enseignement et de nombreux exercices qui laissent le champ libre à l’imagination de l’enseignant et des enfants. Un seul objectif doit nous guider : aider l’enfant à progresser, le plus vite possible, dans la reconnaissance fluide des mots écrits… »
- Pourquoi a-t-on négligé les contenus d’enseignement apprentissage ? -
Le Guide du maître du Programme national « lecture pour tous » pose à notre avis, beaucoup de problèmes. D’abord, il n’y a aucun objectif d’apprentissage défini, encore moins une compétence de lecture. La planification globale des apprentissages ne liste que des titres de « leçon », se réduisant à des sons programmés : leçon1 : a ; leçon 2 : b ; leçon 3 : i, leçon 4 : t…
On n’est pas dans un décodage systématique, on est bien dans un décodage exclusif. Ensuite, on ne voit apparaître la fluidité et la compréhension qu’à la 23ème semaine de l’année ! En outre, aucun objectif en vocabulaire. Enfin, la construction de sens sur des textes est totalement ignorée. Le guide énonce des activités de pré-lecture et écriture, mais il ne dit rien sur les contenus encore moins sur la démarche préconisée.
- Pourquoi les tergiversations sur la modalité de planification ? -
Le guide LPT mentionne curieusement des « activités d’intégrations ». Après avoir fait les leçons a, b, i, t, n…il est légitime de se demander sur quoi porteront les activités d’intégration.
Les activités d’intégration ne doivent pas être convoquées comme une mode. Elles constituent la base méthodologique de l’Approche par les compétences, qui est encore l’option choisie par le système éducatif sénégalais. Il faut préciser les apprentissages ponctuels concernés et même proposer une démarche et des exemples.
Les expériences réussies au Sénégal, l’importance des ressources humaines existantes, la quasi unanimité autour de l’importance de la langue parlée par les enfants dans l’apprentissage, les moyens mobilisés par le Programme national de lecture… autorisent de facto, une introduction du bilinguisme dans notre système éducatif.
En outre, il est indispensable de disposer d’un programme de lecture basé aussi bien sur nos langues nationales que sur nos options de planification de l’éducation (APC).
Dans tous les cas, les compétences de communication (lire et écrire) sont inter reliées. Et, l’apprentissage de la lecture ne peut jamais se réduire à l’acquisition des sons et des lettres. Nous pensons qu’il est encore possible de revoir le programme en revisitant les options et les orientions pour maximiser les ressources mobilisées.
Kaba Diakhaté est Inspecteur de l’Education à la retraite, Ex coordonnateur du Groupe Langue et Communication, Curriculum de l’éducation de base (CEB).
Documents cités
Le Guide de l’enseignant, wolof, /Programme national « lecture pour tous » , août 2017
Modèle harmonisé d’enseignement bilingue au Sénégal /MEN,2015
Apprendre à lire : des sciences cognitives à la salle de classe, sous la direction de Stanislas Dehaene, 2007
PAR RACINE ASSANE DEMBA
PARLER DES FEMMES, UN IMPÉRATIF
EXCLUSIF SENEPLUS #Enjeux2019 - La réforme foncière en privilégiant l’accès des femmes aux terres, le renforcement de la loi sur les violences faites aux femmes, sont autant de sujets sur lesquels les candidats devraient se prononcer
#Enjeux2019 - « Le Sénégal est un pays misogyne ». L’affirmation d’Aissata Tall Sall, candidate recalée à l’élection présidentielle du 24 février prochain, est d’une douloureuse réalité. La condition de la femme sénégalaise oscille, en effet, entre aspiration légitime à un mieux-être socio-économique et violence subie tant verbale, quand il s’agit de la parole publique, que physique. Il ne se passe pas une semaine sans que le drame d'une femme battue ne fasse les gros titres des journaux de notre pays. Les médias, dans le traitement de cette information, tendent souvent à en minimiser la gravité.
Il y a au Sénégal, un réel problème avec la parole publique concernant le sort des femmes. Lorsqu'une femme est sauvagement rouée de coups par son conjoint, un journal peut titrer « Une femme un peu battue... ». Lorsqu'un sociologue se voit offrir la Une d'un journal pour en parler, il déclare : « la violence se féminise car on ne verra jamais un homme ébouillanter son épouse ». Les exemples de propos du genre relégués dans la rubrique « faits divers » peuvent être égrenés à l'infini à travers prêches, talk-shows, scènes de téléfilms ou de la vie quotidienne.
Or, les chiffres (voir ici http://www.seneplus.com/opinions/un-appel-aux-hommes-du-senegal) parlent d’eux-mêmes : 3 600 cas de viols répertoriées pour l’année 2014, 62,5% disent être l’objet d’insultes et 44,5% d’humiliations récurrentes, 37, 3% sont confrontés au harcèlement sexuel et 13,8% au viol.
Chez nous, comme partout ailleurs dans le monde, les inégalités se creusent et les femmes en pâtissent le plus. Elles portent le poids de la déchirure du tissu social et du manque d’accès aux services sociaux de base.
Dans son appel aux hommes à se mobiliser pour la protection et le respect des femmes d’où sont tirés ces chiffres, Pierre Sané écrivait, en janvier 2018 : « mariages d’enfants, trafic de femmes, esclavage sexuel, pénalisation de l’avortement…On peut en conclure que nos femmes et filles ne sont en sécurité ni à la maison, ni à l’école. Je ne mentionne même pas la rue ou le lieu de travail. Comment pouvons-nous dès lors prétendre construire la société de « sécurité humaine » prônée par la Communauté des Nations si on la fonde sur l’insécurité féminine, l’insécurité de la meilleure moitié de l’humanité, celle qui donne la vie ? »
Il est impossible de construire une société de progrès en laissant prospérer une telle violence sociale. Quatre femmes meurent, en moyenne, dans le pays, chaque jour, en donnant la vie. L'accès à l’éducation leur est difficile même si des avancées ont été observées ces dernières années. Lorsqu'elles sont éduquées et bien formées, elles se heurtent souvent à un plafond de verre une fois dans le monde professionnel.
Et, à compétence égale, le salaire n'est pas toujours comparable à celui des hommes. D'où une forme de discrimination que l'on retrouve aussi dans la problématique de l'accès à la terre. Il y a encore dans plusieurs endroits du pays, des femmes aux capacités productives impressionnantes qui ont du mal à accéder aux terres les plus fertiles. Comme le déclare Korka Diaw (http://livracine.overblog.com/2016/03/korka-diaw-une-femme-qui-nourrit-son-monde.html), femme d’affaires œuvrant à la promotion du « consommer locale » : « les femmes sont celles qui souffrent le plus des problèmes d’accès à la terre. Lorsqu’elles ont commencé leur processus d’autonomisation et qu’elles ont eu besoin d’espace pour concrétiser leurs ambitions, presque toutes les terres avaient déjà été mises à la disposition des hommes. La loi ne fait pas de distinction entre l’homme et la femme quant à la possibilité d’accéder à la terre. Seulement, mes congénères n’ont pas réalisé assez tôt qu’elles y avaient droit. Quand elles ont commencé à en réclamer, la majeure partie des terres appartenait aux hommes ».
A l’échelle continentale, les chiffres de cette discrimination sont encore plus parlants. Les femmes représentent la moitié de la population africaine et produisent 62% des biens économiques, mais elles ne sont que 8,5% à être salariées. 27% des femmes créent en Afrique une entreprise, soit le taux le plus important à l'échelle mondiale. L'Afrique est devenue, en quelques années, le premier continent de l'entrepreneuriat féminin. Et il y a 34% de rendement supérieur lorsque les femmes occupent des postes de direction, selon l’étude de Roland Berger de 2016 « New deal, new game for Women in Africa ».
L’accélération de la réforme foncière en cours en privilégiant l’accès des femmes aux terres et en promouvant les formes d’agriculture familiale au détriment du « patriarcat foncier » et du « tout agrobusiness », le renforcement de la loi sur la parité afin d'inciter les femmes les plus compétentes dans leurs domaines à faire la politique pour plus de qualité dans la représentativité des femmes à l'Assemblée nationale, le renforcement de la loi de 1999 sur les violences faites aux femmes notamment par une augmentation du délai de prescription du viol, sont autant de sujets sur lesquels les candidats à la magistrature suprême devraient se prononcer.
Imposer cela dans le débat passe par la promotion d’un féminisme social qui se préoccupe des inégalités et des femmes les plus vulnérables plutôt que de laisser la tête du combat féministe à celles qui s’en préoccupent moins, celles qui sont plus dans des revendications axées sur le confort, sur la préservation des intérêts de leur classe sociale que sur le vécu réel de la majorité des femmes de notre pays. Un féminisme plus politisé déboucherait sur une exigence de positionnement clair des candidats sur la question. Ces derniers pourraient dès lors difficilement s’y soustraire.
Il est, à mon avis, impératif de garder les questions suivantes au cœur du combat quotidien du féminisme : le viol et les violences, les mariages forcés, les violences conjugales, les mutilations génitales, l’accès des femmes à la terre et aux crédits.
Les femmes sont gardiennes des valeurs, gardiennes de la culture, grandes royales ou petites mains motrices de notre élan vers le progrès et notre montée en humanité. Souvent avec de faibles revenus et une pression sociale très forte, elles tiennent les foyers, éduquent les enfants et s’occupent des seniors.
Donner toute sa plénitude à la moitié de notre peuple, avec pour but le bien-être collectif, est un enjeu crucial.
Journaliste de formation, Racine Assane Demba travaille dans la communication institutionnelle. Il est l’un des auteurs de “Politisez-vous !”, manifeste publié par dix jeunes intellectuels sénégalais militant pour l’émergence d’une plus grande conscience politique dans la société.
PAR YANN GWET
LA MOBILISATION ANTI-FRANC CFA EST UN DES DÉVELOPPEMENTS LES PLUS POSITIFS EN AFRIQUE
Sortir du franc CFA exigera au préalable de remettre l’enjeu de la souveraineté au cœur du débat monétaire africain - Cela permettra de repolitiser la question monétaire, et d’emprunter les chemins fertiles tracés par nos leaders d’antan
Jeune Afrique |
Yann Gwet |
Publication 22/01/2019
« Sans forcément avoir tous les éléments techniques en main, un nombre croissant de citoyens africains sont conscients qu’il leur sera impossible de décider réellement de leur destin sans une souveraineté monétaire effective », écrivent Fanny Pigeaud et Ndongo Samba Sylla dans leur dernier ouvrage, « L’arme invisible de la Françafrique : une histoire du Franc CFA ». Analyse.
En réalité, « l’arme invisible » l’est de moins en moins. Comme le reconnaissent les auteurs en introduction, « ces dernières années, de plus en plus de voix s’élèvent dans la rue, sur les réseaux sociaux, dans les milieux intellectuels ou artistiques, qui demandent la « fin du CFA ».
La mobilisation anti-franc CFA est en effet un des développements les plus positifs en Afrique ces dernières années. Mais il y a tout lieu de penser qu’elle est loin de son niveau optimal. L’ignorance domine encore. En effet, « depuis la période coloniale, tout a été fait afin que les utilisateurs du franc CFA en sachent le moins possible sur le dispositif qui se cache derrière ces trois lettres énigmatiques ». Dès lors, l’objectif de la journaliste et de l’économiste est d’abord de faire œuvre de vulgarisation. Pari réussi.
Dans les deux premiers chapitres, dans un style épuré et une langue accessible, ils relatent l’histoire de cette monnaie souillée de sang dès ses débuts. « Afin de briser les résistances locales et de faire accepter leurs monnaies, les colonisateurs utilisèrent tous les moyens de pression à leur disposition et n’hésitèrent pas à recourir alternativement au droit colonial et à la violence », écrivent-ils, avant de détailler les principes de fonctionnement du système CFA.
Le principe du tristement célèbre « compte d’opérations », dans lequel la Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO), la Banque des États de l’Afrique centrale (BEAC) et la Banque centrale du Congo (BCC) doivent déposer la part obligatoire de leurs réserves de changes (50 %), contrepartie de la garantie de convertibilité », irrite toujours autant. « Garantie » dont le président malien Modibo Keitaestimait, à juste titre, dans un discours du 30 juin 1962, qu’elle était « illusoire, plus psychologique que réelle », et que la « France ne garantit le franc CFA que parce qu’elle sait que cette garantie ne jouera pas effectivement ». Pourtant, il n’empêche qu’encore aujourd’hui « la BEAC doit communiquer au Trésor de manière quotidienne le solde en euros de ses avoirs extérieurs à J-3. Elle doit exécuter, au besoin, des virements sur son compte d’opérations afin de respecter la quotité obligatoire de 50 %. »
Résistance fragilisée et glissement idéologique
À ce stade, la question se pose de la résistance historique à ce scandale monétaire, et les moyens de la libération. Le livre y répond dans sa seconde partie. Les auteurs ne le voulaient probablement pas ainsi, mais le chapitre « Résistance et représailles », qui ouvre cette seconde partie, suscite de la tristesse. Dès le début des années 1960 et jusqu’au milieu des années 70, la résistance au franc CFA a été incroyablement vigoureuse. Guinée, Mali, Burkina Faso, Niger, République centrafricaine, Congo, Tchad, Togo, Mauritanie, Madagascar, etc. Tous ces pays se rebiffent.
La révolte, brillante dans son expression, est portée par des chefs d’État dont certains n’étaient pas exempts de tout reproche, mais qui tous ou presque avaient une certaine idée de leurs pays. Alors certes, à l’exception de la Mauritanie et de Madagascar, ils ont échoué, certains payant le prix de leur vie. Mais le contraste entre l’activisme institutionnel passé et l’apathie présente choque. Aujourd’hui, le moindre mot d’un ministre contre le franc CFA conduit à son licenciement. Terrible régression.
Les auteurs n’abordent pas la question, pourtant importante, des ressorts du tassement de la mobilisation anti-franc CFA après les années 70. Dans un premier temps, la répression française contre nos leaders, et leur remplacement par des dirigeants dociles, a fragilisé la résistance. Par la suite, à partir des années 90, un glissement idéologique subtil mais dévastateur s’est opéré : le mantra de la souveraineté (dignité), qui imprégnait la pensée des dirigeants post-indépendance, a été remplacé par celui de la « démocratie ». Tout d’un coup, la seule chose qui comptait en Afrique était les élections. Résultat des courses : trente ans après l’instauration de la « démocratie » en Afrique, celle-ci n’est ni démocratique, encore moins souveraine, mais elle est toujours plus instable. Elle ne saurait être démocratique dès lors qu’elle n’est pas souveraine. Et cette « démocratie » purement formelle est bien l’un des moteurs de l’instabilité qui l’accable.
Sortir du franc CFA exigera au préalable de remettre l’enjeu de la souveraineté au cœur du débat monétaire africain. Cela permettra de repolitiser la question monétaire, et d’emprunter les chemins fertiles tracés par nos leaders d’antan. Sans ce puissant carburant idéologique, les pistes de « libération monétaire » envisagées dans la dernière partie du livre, qui sont toutes crédibles, pourraient encore rester longtemps dans des livres. Fussent-ils de qualité.
Yann Gwet est un essayiste camerounais. Diplômé de Sciences Po Paris, il vit et travaille au Cameroun