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22 septembre 2025
LE GOUVERNEMENT VA TENIR UN CONSEIL INTERMINISTÉRIEL SUR SAINT-LOUIS
Le Premier ministre invité d'associer l’ensemble des parties prenantes, afin de renforcer les mesures préventives et les réponses pour préserver les quartiers, villages et localités exposés à l'avancée de la mer - COMMUNIQUÉ DU CONSEIL DES MINISTRES
SenePlus publie ci-dessous, le communiqué du Conseil des ministres du 28 novembre 2018.
« Le président Macky Sall a réuni le Conseil des ministres, mercredi 28 novembre 2018 à 10 heures, au Palais de la République.
Entamant sa communication autour de la préservation du littoral et de l’intensification de la mise en œuvre de la stratégie nationale de lutte contre l’érosion côtière, le chef de l’Etat réaffirme sa solidarité et son soutien aux populations de Cayar et de Saint - Louis, victimes des effets de la houle.
Dans ce cadre, le président de la République demande au gouvernement de recenser, avec précision, les pertes constatées et d’apporter l’assistance habituelle aux populations et pêcheurs sinistrés.
En outre, le chef de l’Etat rappelle au gouvernement l’urgence d’accélérer la mise en œuvre de la stratégie nationale de lutte contre l’érosion côtière conformément à ses directives relatives à la sauvegarde et l’aménagement des zones côtières vulnérables notamment Saint- Louis, Dakar, Bargny Cayar, Saly Portudal, Popenguine et Ziguinchor. A ce titre, il convient d’intensifier la finalisation de toutes les études techniques, la mobilisation des ressources et l’exécution rapide des projets financés par l’Etat avec le concours de la Banque mondiale et de l’Agence française de Développement.
Par ailleurs, au regard de la situation préoccupante de Saint – Louis, le président de la République demande au Premier ministre de tenir un Conseil interministériel avec l’ensemble des parties prenantes, afin de renforcer les mesures préventives et les réponses durables pour préserver les quartiers, villages et localités exposés.
Appréciant la participation du Sénégal à la 24ème Conférence des Nations Unies sur le changement climatique, le chef de l’Etat invite le gouvernement à accorder une priorité spéciale à la prise en charge optimale de la problématique du climat dans le développement économique et social durable du Sénégal et à prendre toutes les dispositions pour une participation de qualité du Sénégal.
Poursuivant sa communication autour de la reconstruction et de la modernisation des marchés, le président de la République salue les avancées encourageantes constatées dans la réalisation du nouveau marché de dernière génération de Thiaroye gare, intégré dans le projet du TER, qui permettra aux commerçants, d’exercer leurs activités dans d’excellentes conditions de sécurité, de fonctionnalité et d’accueillir au mieux la clientèle.
Ainsi, au regard de cet élan de renouveau de la politique d’urbanisme commercial, le chef de l’Etat invite le gouvernement à hâter, en relation avec les communes concernées, la reconstruction des marchés de Pikine, de Kaolack, de Tilène à Ziguinchor, de Diourbel et Sandaga.
Abordant la disponibilité des denrées et produits de première nécessité et la stabilité des prix, le président de la République indique au gouvernement l’impératif de lutter efficacement, sur l’ensemble du territoire national, contre toute spéculation et de veiller à l’approvisionnement régulier et correct des marchés, notamment par la disponibilité de la production rizicole et céréalière locale.
Par ailleurs, évoquant le soutien et la solidarité à l’endroit des personnes handicapées, à l’occasion de la célébration le 03 décembre, de la Journée internationale des Personnes handicapées, le chef de l’Etat rappelle au gouvernement la place primordiale qu’il leur accorde dans sa politique de protection et d’inclusion sociales.
A ce titre, le président de la République rappelle au gouvernement, l’impératif de veiller au respect scrupuleux des droits fondamentaux des personnes handicapées, qui doivent davantage jouer un rôle majeur dans le développement national, à travers une insertion socio-économique meilleure, et à la prise en compte prioritaire dans la formation et la répartition des financements et appuis de la DER de nos compatriotes vivant dans les villages de reclassement social.
Le chef de l’Etat a terminé sa communication par le suivi de la coopération et des partenariats et son agenda diplomatique.
Le Premier ministre a axé sa communication sur la valorisation et la commercialisation des produits locaux avant de rendre compte de la coordination des activités gouvernementales.
Le ministre des Affaires étrangères et des Sénégalais de l’Extérieur a fait le point de la situation sous régionale, africaine et internationale.
Le ministre de l’Agriculture et de l’Equipement rural a rendu compte de la préparation de la campagne de commercialisation arachidière en mettant l’accent sur la stratégie de financement et le dispositif itératif de suivi-évaluation.
Le ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche a rendu compte de la rencontre du Comité de pilotage du Campus franco-sénégalais.
Le Ministre de la Jeunesse et de la Construction citoyenne a informé les membres du Conseil du projet de plateforme digitale multifonctionnelle axée sur l’employabilité, l’entreprenariat et l’engagement civique par l’innovation.
Au titre des textes législatifs et réglementaires le Conseil a examiné et adopté :
le projet de loi autorisant le Président de la République à ratifier l’Accord portant création de la Zone de Libre Echange continentale en Afrique (ZLECA), adopté à Kigali, le 21 mars 2018 ; »
LA CHRONIQUE HEBDO D'ELGAS
MALAYE, UNE TRANSHUMANCE SILENCIEUSE
EXCLUSIF SENEPLUS - Comme une nostalgie toujours heureuse, on entendra à nouveau, dans la tête, le son de sa voix - Mais rien d’autre - Lui, comme beaucoup d’autres, n’a pas laissé d’empreinte à la RTS - INVENTAIRE DES IDOLES
Je garde, comme bon nombre de sénégalais, de formidables souvenirs des journaux télévisés présentés par Mamadou Malaye Diop. Il avait une voix rassurante. Un visage sérieux. Un ton solennel propre à la messe d’informations du soir. Le phrasé, la diction, le regard, la présence, il avait presque tout pour lui, et remplissait le petit écran. Comme pour tous les présentateurs de JT aux carrières longues, on finit par s’identifier à eux. On joue à deviner leur voix. Mais plus encore cette présence dans notre quotidien finit par les rendre familiers. On avait rendez-vous avec eux comme on l’avait avec les repas et les parents, et il naissait de cette relation une admiration ordinaire. Je sais, pour en avoir discuté avec beaucoup d’amis et professionnels journalistes, que l’on garde une affection toute spéciale pour Mamadou Malaye Diop. Si le même sentiment est aussi éprouvé pour Minielle Barro, Tidiane Barry, ou encore Oumar Seck, à des degrés variables, Malaye Diop incarnait un charisme propre à lui, une aura et un magnétisme que l’on ne saurait expliquer par des logiques rationnelles. Il avait un truc… Il n’était sans doute pas le plus doué de sa génération, ni même peut-être le plus bosseur, mais la gloire s’attache parfois à ces petits détails indicibles, que l’on appelle variablement, chance, fortune, baraka…mérite.
Le présentateur donnait pourtant à voir un aperçu de la RTS de l’époque. Une petite équipe aux troupes connues qui essayait de faire battre tant bien que mal, avec des moyens dérisoires, une idée de la télévision sénégalaise. Sada Kane avait imposé Sans détours et Regards comme rendez-vous culturels, Martin Faye célébrait la culture générale et la saine compétition avec Génies en Herbe. Aziz Samb et Ambroise Gomis s’occupaient des paillettes, des vacances et des fêtes. Amadou Mbaye Loum nous entretenait des affaires militaires et surtout casamançaises. Cheikh Tidiane Diop avec sa caméra et avec sa troupe « Daaray Kocc » venait régulièrement interroger le fait social à la télé à travers des téléfilms courus…Tous ces personnages, inégalement aimés, parfois vilipendés en place publique, composaient néanmoins la belle petite maison de la RTS. On ne manquait pas dans les messes basses, ou même dans la critique publique, de dénigrer la télé « rien tous les soirs ». On accablait la télé gouvernementale, fait du prince. On fustigeait ces journaux interminables où les journalistes vantaient le bilan du président. N’empêche, tout ceci ne changeait rien, une petite affection restait car la télé nationale était un repère pour tous. On critiquait autant qu’on aimait. Le monopole de la RTS à l’époque en faisait la station incontournable. On peut sans doute et à postériori, avec le confort de la posture critique, juger de la qualité des journalistes et conclure que beaucoup ne furent pas au niveau. Ce serait, je crois, bien simpliste et sans doute injuste. Les collègues de Malaye Diop étaient généralement de bons journalistes avec une conscience de génération, et une implication dans le travail. Cela était d’ailleurs perceptible dans le privé, dans la presse écrite, avec des vraies signatures et de vrais grands journalistes. Malgré tout le désamour qui s’installait progressivement entre les désireux de nouveauté à la RTS, et l’incapacité de la chaîne à satisfaire les besoins nouveaux, il existait tout de même quelques journalistes intouchables par la critique, qui gardaient, un vrai prestige. Mamadou Malaye Diop en était l’emblème, ambassadeur d’un journalisme qui avait encore un peu de panache. J’aime à penser entre autres aux Mame Less, Camara et Dia.
Quand il quitte le navire de la RTS au début des années 2000 pour Africable, dans des circonstances assez floues du reste, c’est comme l’annonce d’une nouvelle ère médiatique. Si on peut y voir tour à tour une quête d’aventure personnelle, une promotion qui sanctionne son mérite, son départ pose la question de la longévité des journalistes dans leur métier, et de leur tentation d’aller voir ailleurs et pas nécessairement dans le pur journalisme. Au même moment ou presque, l’offre nouvelle de télévision, la multiplication des journaux, des radios, les timides débuts de la presse en ligne, reconfigurent un paysage médiatique qui dessinait déjà les contours actuels. Tout en offrant une respiration nouvelle et plus de choix, ces nouveautés ne corrigent pas le désir de montée en gamme du journalisme que développaient les populations. Elles contribuent même à vicier un peu plus le secteur avec une démocratisation de la médiocrité. Il ne se passe un jour sans que l’on accable les journalistes sénégalais. C’est devenu un jeu au risque même de l’injustice. Entre la quête de survie à travers le perdiem, le déficit de rigueur, la pauvreté éditoriale, les vols d’articles, et l’absence de professionnalisme, les griefs pleuvent contre ce monde. Il y a très certainement du vrai dans ces remarques. Nul ne peut nier qu’il existe une forme de journalisme dévitalisé, sans moyens véritables et qui, en conséquence, s’adonne à des pratiques détestables. Mais il serait bien peu utile d’arrêter la critique à ce niveau.
Faire un état des lieux du journalisme sénégalais, en effet, doit revenir à interroger son legs, à partir de l’histoire, à s’inviter sur le banc des promotions du CESTI entre autres totems de l’élite, et à explorer réellement ce que ce journalisme a produit pour pouvoir assurer sa pérennité. Très souvent cet effort de connaissance globale de l’origine du malaise n’est pas fait. On s’en tient ainsi à une critique très facile qui a tendance à n’épingler que la presse en ligne alors qu’il existe une homogénéité dans les contenus, dans les esprits, dans les lignes éditoriales, et un déficit commun dans la rigueur. Si on doit le dire sèchement, le journalisme sénégalais n’a à son actif pas un véritable héritage qui aurait pu constituer un modèle pour les jeunes générations. Pas une émission propre et historique qui traverse les âges en célébrant un vrai savoir-faire local. Assez peu d’investigations sérieuses pour débusquer les pratiques du pouvoir ou des classes dominantes. Pas une habitude des livres fouillés et pédagogiques sur les grands sujets nationaux (santé publique, école, économie, culture). Pas de profonds diagnostics sur l’état du pays, laissant ainsi le fait national à la merci de médias étrangers qui viennent s’adjuger, et à raison, le crédit de l’information. Faudrait ajouter au désert d’héritage une importation souvent mal assimilée, ou appropriée, de beaucoup d’émissions ou de rendez-vous français dont on singe jusqu’au titre. Curieux en période d’émancipation. Aucun concept n’a non plus été exporté ailleurs. On pourrait ainsi continuer sur l’absence d’une culture de veille, de débat, toutes choses que doit mettre en scène la presse. Mais encore plus, en plus de trente ans, pas un média indépendant, d’enquête réelle, de contribution à l’assise démocratique, n’a vu le jour. En un mot, le legs du journalisme sénégalais est presque inexistent. Alors en l’absence de produit, on s’entiche de quelques figures qui, comme des étoiles filantes, finissent leur trajectoire hors du journalisme (comme Latif Coulibaly, Malaye Diop…).
Le prestigieux CESTI[i] qui a produit des générations de brillants journalistes n’a pas non plus contribué à asseoir un journalisme de référence, curieusement. Il a formé, assuré une transmission sur les fondamentaux et les bases. L’élitisme de la sélection aidant, il garde un prestige dont le produit ne corrige cependant pas les méfaits, et dans certains cas, nombres d’anciens pensionnaires de l’école finissent dans d’autres médias plus offrants et d’autres organisations ou entreprises. Les compétences échappent ainsi au corps malade qui a besoin de souffle nouveau. A quelle hauteur le CESTI, comme corps d’élite, peut-il aussi être rendu responsable de l’état général du journalisme sénégalais ? Voilà question qui mérite réponse sans se ruer dans les accusations faciles. Si la précarité est un vrai problème qui peut expliquer le rendement modeste voire pitoyable du journalisme sénégalais, il ne faut s’enfermer dans ce prête-excuse, explication-à-tout. La presse sénégalaise est une presse de restitution - dans les meilleurs & rares cas - de vérification, et pas une presse d'initiative et de flair. C’est une presse liée à la délibération sinon gouvernementale, alors politique. Les relations de dépendances la rendent tributaire du pouvoir face auquel il s’ajuste au risque parfois d’un mélange des genres ou pire : un glissement d’un champ à un autre. Tant de formidables, urgentes et indispensables enquêtes à mener, jamais initiées. Il faut plus d'idées que de moyens. C’est le basculement vers ce tropisme qu’il faut essayer de susciter : si les moyens sont indispensables pour un travail de qualité, sans réelle optique ou inspiration ils ne servent en revanche à rien, sinon à nourrir les prédations. Comment se fait-il que si peu de documentaires, de films, d’enquêtes d’intérêts publics, ne viennent pas régulièrement jouer ce rôle de quatrième pouvoir, et du droit de savoir, ce fondement du journalisme ? Pourquoi le journalisme national ne fait-il pas briller le pays, plutôt que de cristalliser toutes les brimades et moqueries, et ce légitimement ?
Il est plus aisé de s’en prendre aux jeunes journalistes mal formés en quête de leur pitance et qui piétinent les règles de bases. Mais il faudrait lever la tête et voir le sommet, et se convaincre qu’il y a bien un problème général dont les petites mains ne sont que les exhausteurs. Dans bien des journaux jusqu’à présent, plein de rubriques sont remplies à partir d’articles repris entièrement de médias étrangers. Dans les rubriques sports, on ne s’embarrasse même pas de produire des contenus propres sur les compétitions internationales. A l’heure où les vœux d’indépendance s’affirment de plus en plus, il est étonnant de voir que les journaux sont aussi à la remorque et trahissent ainsi leur dépendance. Le sentiment de fatalisme qui frappe le journalisme est le même ou presque à l’échelle nationale : un pilotage à vue et un confort à rester dans ce bain-marie qui satisfait les hiérarques et condamne les nains de l’ouvrage. Comme souvent, on fustige les seconds, avec une grande tolérance pour les premiers.
C’est ainsi que le naît le discrédit de la presse et le sentiment d’un univers incontrôlable à la merci des aléas, parce que l’absence de modèle réel ne produit pas d’émulation, de course vers la qualité. C’est donc le temps des transhumances. On quitte le navire du journalisme. Face à toute difficulté, la fuite. C’est le cas presque partout, du politique malade au jeune sans horizon, la disqualification locale, pousse à la volonté vers l’ailleurs. Pour les journalistes réputés, il s’agit d’aller vers des salaires et perspectives de carrière plus intéressants dans les cabinets ministériels. C’est le choix de beaucoup d’anciens journalistes de qualité, devenus conseils en communication. Les deux métiers, si différents, sont fondus en un. C’est une transhumance silencieuse dont on ne parle presque pas. Plus qu’une transhumance, une désertion en rase campagne, une capitulation. Il faut croire qu’il en est de la transhumance comme du plagiat. Le tout est dans la subtilité de la manœuvre. Le politique sera toujours la brebis galeuse. Le journaliste, le fier bouc imprenable.
Alors que reste-il de Malaye Diop ? Des souvenirs. Comme une nostalgie toujours heureuse. On entendra à nouveau, dans la tête, le son de sa voix. Mais rien d’autre. Lui, comme beaucoup d’autres, n’a pas laissé d’empreinte à la RTS. La presse gouvernementale qui a concentré l’élite du journalisme a été un des freins majeurs à l’épanouissement du métier, il n’est pas rare d’ailleurs que ses symboles aient fini dans les bureaux du pouvoir dont ils assuraient déjà la promotion. La RTS est pillée par la maison-mère : le pouvoir. La maison est restée une famille élargie, sujette aux directions changeantes, aux règlements de compte sous forme de restructuration. Malaye Diop en a d’ailleurs fait les frais avant de transhumer vers des cabinets plus confortables. C’est encore une preuve que, dans chaque domaine, il n’existe pas de notion de responsabilité. On n’est comptable de rien. On essaie de gouverner sa barque. Avec la multiplication des initiatives personnelles, des sites individuels parfois, le journalisme n’est qu’un prétexte dans la quête de fortune, sans prendre le temps d’en bâtir la légitimité. Pour Malaye Diop et ses collègues de ce fugace âge d’or sans legs, nous aurons plus que nos souvenirs. C’est un trait persistant du reste à l’échelle du continent : on s’attache tant aux héros du passé parce qu’en réalité on est impuissants à faire fleurir leurs graines, soit parce qu’elles n’existent pas, soit parce nous en sommes incapables. Il faut oser confronter les élites, voilà un des chemins d’une refonte totale. Valoriser les idées et s’y tenir. Eprouver la solitude de la difficulté. Sans être naïf, poursuivre un idéal d’un journalisme fort, indépendant, et d’intérêt général. Le respect s’acquiert par les actes et le legs. Tous les transhumants, dont Malaye Diop que j’ai pourtant tant aimé, pionniers d’un journalisme sénégalais, qui se sont retrouvés peu ou prou dans la politique, malgré la discrétion des cabinets, ne seront comptables ni de la défaite du journalisme, ni de l’incurie politique, deux champs qui ont pourtant requis leur expertise. Silencieuse ou pas, la transhumance a toujours la douleur de l’écartèlement ; le bref soulagement alimentaire contre la destitution de l’héritage. Mais enfin quel tribunal est assez souverain pour en juger, si l’on en croit la phrase de Jean Renoir « ce qui est effroyable dans ce monde, c’est que chacun a ses raisons. ». Vous avez mieux, vous ?
[i] Centre des Sciences et Techniques de l’Information
LE SÉNÉGAL VA RÉCLAMER À LA FRANCE SES ŒUVRES D'ART
L’annonce a été faite par le ministre de la Culture Abdou Latif Coulibaly, lors d'une conférence de presse en amont de l'inauguration, le 6 décembre prochain, du Musée des civilisations noires
Visite au Musée des civilisations noires de Dakar. Un bâtiment immense à quatre niveaux, construit juste en face du Grand théâtre national à Dakar. Son architecture est inspirée des cases rondes de Casamance, la région du sud du Sénégal.
Musée des civilisations noires
Le Musée des civilisations noires a une capacité d’environ 18.000 pièces. Il pourrait accueillir des œuvres d’art restituées par la France car le ministre de la Culture, Abdou Latif Coulibaly, a déclaré que son gouvernement avait formulé des demandes de restitution des œuvres prises durant la période coloniale à la France.
Nous sommes un gouvernement, la France en est un mais avec lequel on entretient les relations les meilleures. Je pense que nous trouverons toujours, entre amis, les moyens de faire en sorte que, s’ils ont décidé de restituer définitivement, nous trouverons les moyens d’avoir ces œuvres-là. S’ils ont décidé une autre forme de restitution : dépôt ou prêt, nous sommes également tout à fait disposés à trouver les solutions avec la France. Mais pour les besoins spécifiques de nos expositions, nous avons formulé un certain nombre de demandes à la France qui vont tourner autour d’une centaine d’œuvres", a déclaré Abdou Latif Coulibaly, ministre de la culture du Sénégal.
Le Sénégal réclame à son tour ses objets d’art à la France
"Nous avons demandé des objets qui appartiennent au Sénégal mais nous avons demandé également à la France des objets qui pourraient nous permettre d’enrichir davantage une section de nos expositions, par exemple le dialogue des masques", a précisé le ministre, Abdou Latif Coulibaly.
Les observateurs parlent d’un musée moderne, atypique et universel. Un lieu où il n’y aura que des expositions temporaires. L’idée est de montrer notre culture, explique le directeur général du musée, Hamady Bocoum.
"On va construire notre propre synthèse. Il n’y aura pas d’expositions permanentes dans ce musée. On va être dans le renouvellement constant. Et c’est dans le renouvellement qu’on va essayer d’être le plus représentatif possible des civilisations noires."
L’exposition inaugurale est intitulée : "Civilisations africaines, création continue de l’humanité". Elle prévoit de mettre en exergue les contributions scientifiques et techniques de l’humanité, telle que la métallurgie du fer découverte en Afrique 2.500 ans avant Jésus-Christ.
PAR CHARLES FAYE
JE T'AIME !
Difficile de lire le livre du président-candidat sans en pincer pour lui - Pourquoi diable Macky Sall n’est-il pas entré dans nos cœurs ? L’aurait-on mal jugé ?
La souffrance en bandoulière. Supportée. Sans mot dire. Jusqu’à la lie. Juste attendre. Savoir attendre son heure. Pour parler. Se libérer de la douleur parce que, comme le dit un internaute, la souffrance morale est une douleur qui transperce tout le corps, donnant une envie de crier haut et fort qu’on a de la peine.
Quoi de mieux comme thérapie donc que cette main tendue d’un parent, d’un enfant, d’un ami, des Sénégalais-électeurs pour redonner une paix intérieure.
Demande et je te donne. Le Sénégalais, cet Homme si sensible. Si généreux. Il faut savoir lui parler. A trois mois d’une présidentielle insondable, lourde de menaces, chargée d’incertitude. Magistral !
C’est dans cette ambiance délétère, faisant redouter des lendemains d’empoignades musclées, queCherche Midi, la maison d’édition, sort Macky Sall/Le Sénégal au cœur à la demande certaine de l’écrivain président sortant. Candidat à sa propre succession. Pour un deuxième mandat achevant ce qu’il a commencé.
Difficile de lire le livre du président-candidat sans en pincer pour lui. Tant ça froisse. Pique au vif. Emeut.
Comment peut-on autant souffrir dans sa chair et continuer la marche. Debout. Droit dans ses bottes. Fier de ses parents. En homme libre. Rien d’esclave.
L’insulte est terrible. Indigne en nos temps. Me Wade est allé trop loin. Assourdissant. Impardonnable.
Fort heureusement Dieu existe. Et la présidence est son don. J’y crois.
Mais alors pourquoi diable Macky Sall n’est-il pas entré dans nos cœurs ? Lui qui tient à cœur son Sénégal et donc nous autres ? Mais oui, le contraire n’a aucun sens. Pourquoi alors ce désamour ?
L’aurait-on mal jugé le Macky au point de lui fermer nos cœurs ?
L’homme souffre. Terriblement. Son appel en témoigne.
«Aimez moi, s’il vous plait. J’ai tant souffert et souffre toujours tant ! »
Pour peu, je croirais sortir de sa bouche ces mots qui :
– me bousculent, déferlent dans ma tête, tonnent dans ma poitrine meurtrie par des promesses non tenues.
– Interpellent la remise en question de ma perception de l’homme à la descente aux enfers déclinée d’abord en vœux pieux par l’«autoritaire» Idrissa Seck, fan de Shekeaspir, ensuite de dieu Wade à qui l’on ne refuse rien et face à qui on fait profil bas, si l’on veut exister en cirant les bottes à Karim Wade.
La défiance a un prix. Tout comme la liberté. La vie !
La déprogrammation enclenchée d’une carrière politique et le purgatoire servis à Macky Sall parce qu’il a osé défié l’antécédent constant, la seule constante du et au PDS.
Ne s’attaque pas au rouleur compresseur, à l’hamster qui mange ses petits, qui veut.
Idrissa Seck, le crack de la maison, s’y est essayé. Il en est sorti. Broyé. Plongé dans la sauce caca ngomasque.
Et dire que c’est devant ce même Idrissa Seck tombé en disgrâce que le père Wade, rusé comme un sioux, place l’ancienne victime de caractériel Ndamal Cadjor. Macky Sall himself, pour la mise à mort.
Chacun son tour chez le coiffeur.
L’exception confirme la règle. Il faut être Macky Sall pour s’attaquer ouvertement à Me Wade en 2008, avant de l’envoyer définitivement dans les cordes sur une droite monumentale en 2012, avec l’aide du peuple. Celui là-même à qui il ouvre son cœur et déclame sa flamme d’amoureux fou. En attestera Marème Faye Sall, la brave mère, qui a tout lâché pour lui au nom du projet familial.
Derrière chaque grand homme, il y a une grande dame.
Oui, ce Macky Sall, a genoux devant la mémoire de ses parents qui lui ont tout donné ; qui a été combattu dans la maison du père libéral aussi bien par les fils que lui-même ; qui s’est battu pour des principes et pour les valeurs auxquelles il croit, est celui là à qui une femme a fait confiance au point de tout lâcher pour lui, celui là à qui nous avons confié la gestion de notre pays en 2012.
Comment ne pas l’aimer ?
Sa rigidité ? Qui est parfait ?
PAR IBOU DIOUF
DÉSHONORABLE !
A la force des arguments, nos «vaillants députés du peuple», grassement payés par le contribuable Sénégalais, ont préféré la consistance de leurs biceps - Ceux que nous avons aujourd’hui à l’Assemblée nationale ignorent la signification d’un député
Quand le temps de parole mène tout droit au temps du combat. Quand un débat dégénère et vire à la bagarre presque générale. On est loin de l’honorabilité qui doit caractériser tout bon député.
Parce qu’on n’a pu s’entendre sur le temps de paroles pour les interventions, bonjour le désordre. A la force des arguments, nos «vaillants» «députés du peuple», grassement payés par le contribuable Sénégalais, ont préféré la consistance de leurs biceps. Sans retenue.
Le sens de l’écoute, on ne connait pas à l’hémicycle de la place Washington. Adieu les valeurs qui fondent toute démocratie. Le respect de l’institution, s’en fiche. La considération du collègue député peut attendre. Le temps est à la démonstration de force. Qui hurle plus haut, tape plus fort, remporte la manche. L’Assemblée est ainsi transformée en ring. Et les Sénégalais sont condamnés à assister, impuissants, à ces scènes moyenâgeuses. Ils peuvent encore attendre, nos chers compatriotes, pour avoir une «Assemblée nationale de rupture» tant convoitée, de dignes représentants, «des députés du peuple».
Ceux que nous avons aujourd’hui à l’Assemblée nationale Sénégalaise ignorent jusqu’à la signification d’un député. Jusqu’à leur travail. Jusqu’à leur «dignité» de parlementaire.
Pour représenter le peuple, il faut un esprit de dépassement, un sens de la responsabilité et du patriotisme. Et ça, nos députés l’ignorent.
Mais lorsqu’on suit à la lettre les directives de son chef de parti plutôt que la volonté du peuple souverain, on ne peut qu’avoir de tels comportements. On peut alors se permettre certaines scènes dignes des arènes de lutte. Au grand dam de la démocratie. Honorables, un peu plus de retenue, vous aussi !
LES DAC AU CHOMAGE
Objectifs d’emplois non atteints, financements à l’arrêt…
Lancé en grande pompe en 2014, le Programme des domaines agricoles communautaires n’a finalement pas produit les résultats escomptés. De l’objectif de 300 000 emplois en 5 ans, le Prodac n’a même pas produit le 1%. Alors que le chômage devient de plus en plus rural, les autorités ont décidé de changer de cap. Le Quotidien a visité quelques Dac pour tenter d’expliquer les causes de l’échec. Ce dossier a été réalisé grâce au programme Ethique et excellence dans le journalisme de l’Ecole supérieure des métiers de l’internet et de la communication (Ejicom).
La gare routière de Sédhiou porte des habits de souk. Conducteurs de motos Jakarta, essentiellement de jeunes, guettent le moindre client. Dans ce quartier de Santassou, une ville périphérique de la capitale régionale, le lieu de destination n’est pas le Domaine agricole communautaire (Dac). Situé à Nimaya, une commune du quartier de Koussy, le Dac, de loin, semble capter l’attention du visiteur par sa large superficie enveloppée d’une bâche blanche. Dans la cour de cette superficie de 1000 ha, le visiteur est impressionné par les installations de haute technologie. Les gazouillements des oiseaux bercent le calme olympien qui enveloppe le site. Cependant, ce calme plat est perturbé par le fracas d’une machine bruyante et terrible en apparence. Il s’agit d’un groupe électrogène chargé d’électrifier le Dac. La somptueuse verdure des plantations en dit long sur l’envergure du projet : le Programme des domaines agricoles communautaires (Prodac).
Ce programme cher au gouvernement avait comme but initial de contribuer à la réduction de la précarité sociale en milieu rural par la promotion de l’entreprenariat agricole des jeunes. La barre a été placée assez haut par le président de la République, Macky Sall, qui tablait sur 300 000 emplois en 5 ans. Plus de 4 ans plus tard, le programme n’est pas loin de l’échec. A Sédhiou qui a inauguré la naissance des Dac, les jeunes souffrent du chômage. En septembre, le site ne comptait que de 1413 emplois. Encore que beaucoup de ces emplois ne sont pas pérennes. Même des élèves de l’élémentaire sont engagés durant la période des grandes vacances pour travailler dans le Dac. Dans l’exploitation piscicole mise en place grâce à la Délégation à l’entreprenariat rapide (Der) à hauteur de 30 millions de francs Cfa pour accompagner les 10 unités d’exploitation, c’est une soixantaine de jeunes qui entretiennent les bassins avec des outils de dernière génération.
Moins de 3000 emplois en 4 ans
Pourtant, la région de Sédhiou offre de grandes opportunités et potentialités d’affaires dans le secteur agricole en raison des conditions écologiques et pluviométriques. Les spéculations dominantes sont l’arachide, l’anacarde, la banane, le coton, le mil, le sorgho, le maïs, le riz, le fonio… Essentiellement rurale et jeune, la population de la région est estimée à 517 016 habitants avec une densité de 70 habitants au km2 (Ansd 2017). Près de 68,3% des ménages vivent en dessous du seuil de pauvreté affectant particulièrement les hommes contre 47% au niveau national. Le fort taux de ruralité, soit 4/5 de la population, pose de nombreux problèmes d’accès à l’eau potable, l’insuffisance d’infrastructures, d’éducation, de santé, de transports et l’aménagement des espaces jeunes. Ici, la plupart des jeunes font du transport par moto jakarta leur gagne-pain.
Député-maire de Madina Wandifa, une commune du département de Sédhiou, Malang Sény Faty ne s’y trompe pas : «Le Prodac est un bon projet mais les jeunes ne sentent pas le Dac de Séfa.» Kédougou par contre n’a pas les mêmes infrastructures que Séfa. Situé entre les collines de Bandafassi et les chutes de Dindifélo, le Dac d’Itato est sortie des terres, avec la première station piscicole du Sénégal. Le maraîchage complète la chaîne de production sur une superficie de plus de dix ha et dispose d’une délibération sur 1000 ha votée par le conseil communal de Bandafassi. Les activités dans le Dac de Itato ont démarré en 2014, mais dans cette région minière, les jeunes peinent à rompre les amarres avec le chômage. Pour le reste, ce ne sont uniquement que des infrastructures sur place.
2 Dac fonctionnels sur 5
A Keur Samba Kane, commune nichée dans le département de Bambey, les instruments de travail sont sur place. Faute de financement, les activités n’ont toujours pas démarré. Dans cette localité de 20 000 âmes, 10 containers contenant du matériel agricole et piscicole décorent le vaste espace de 1000 ha. «Je demande au Prodac et au gouvernement d’accélérer la pédale pour la matérialisation du Dac de Keur Samba Kane. C’est le seul moyen pour lutter contre le chômage, mais aussi pour que l’autosuffisance alimentaire ait lieu au Sénégal. C’est vrai que le monde ne s’est pas fait en un seul jour, mais je demande au gouvernement d’accélérer le pas en ce qui concerne Keur Momar Sarr, Keur Samba Kane, Séfa et Itato», sollicite Khalil Ibrahima Fall, député-maire de Keur Samba Kane, qui a effectué le déplacement jusqu’à Sédhiou pour apprécier le Dac de Séfa. A Keur Momar Sarr, le démarrage des activités n’est aussi pas prévu pour demain. Fruit d’une union de communes Syer, Nguer Malal, Gangué et Keur Momar Sarr, ce Dac s’étale sur 6000 ha.
L’idée était de mutualiser leurs forces pour sortir la zone Sylvo-pastorale de son sous-développement et insécurité alimentaire. 4 ans plus tard, le site est toujours en chantier. Enfin, le Dac de Sangalkam a été lancé samedi dernier par le président de la République.
Pour expliquer les causes de cet objectif non atteint, il faut remonter aux contrats signés entre d’abord l’Etat du Sénégal et la société Green 2000 chargée de la réalisation du projet, et entre l’Etat du Sénégal et la société Locafrique, bailleur du projet. Ministre de la Jeunesse, c’est Mame Mbaye Niang en septembre 2015 qui a signé avec Daniel Pinhassi, patron de Green 2000. Ensuite, le contrat de financement a été signé entre le ministre de l’Economie, des finances et du plan, Amadou Ba, et le boss de Locafrique, Khadim Ba. Cependant entre l’ordre de service survenu en mars 2016 et le début des virements marquant le début des travaux de réalisation des Dac, 3 mois se sont écoulés. Ce qui est matière à suspicion. Mame Mbaye Niang demande et obtient le départ du coordonnateur Jean-Pierre Senghor en janvier 2017 même s’il «ne lui reproche pas grand-chose sur ce projet». Il est remplacé par l’ancien directeur technique du Prodac, Mamina Daffé. Le projet balbutie. En définitive, les 4 Dac qui devaient être réalisés en 8 mois pour 29 milliards 536 millions traînent en longueur.
En juin 2018, dans un rapport, l’Inspection générale des finances dénonce des «surfacturations» de la part de Green 2000 qui rejette les accusations. Il faut relever que les paiements à Green 2000 se font sur demande formelle du Prodac qui est le maître d’ouvrage délégué représentant les intérêts du Sénégal. Cependant, pour bien encadrer l’opération, la convention de financement est liée aux conditions de validité du contrat de marché entre Green 2000 et le ministère de tutelle. Ayant constaté, comme il ressort dans le rapport de l’Igf, des «manquements graves dans la mise en œuvre du projet», Locafrique demande des «corrections pour une conformité aux dispositions du Code des marchés publics et à la convention de financement». Ainsi, plusieurs courriers d’alerte à l’ensemble des parties prenantes, y compris le ministre de tutelle, ont été documentés par l’Igf, un organe logé au ministère de l’Economie, des finances et du plan. Après une année d’approche pédagogique faite de lettres d’alerte, de sensibilisation sur les manquements graves, Locafrique, à titre de partenaire financier de l’Etat, prend ses responsabilités pour suspendre tous les paiements.
Le Dg du Prodac : «On est dans une approche expérimentale»
Aujourd’hui, le Directeur général du Prodac préfère ne pas s’attarder sur cette polémique. Mamina Daffé se pointe vers l’avenir : «On est dans une approche expérimentale. Séfa est le premier Dac où les structures sont terminées, les autres sont en période de mise en œuvre, que ce soit à Itato, Keur Momar Sarr ou Keur Samba Kane.» Président de la Commission des lois de l’Assemblée nationale, Seydou Diouf trouve qu’au Sénégal, «on doit accepter dans le cadre du lancement des programmes de cette dimension que forcément au début, il peut y avoir des difficultés. Mais c’est dans la correction des difficultés que l’on atteint le stade de maturité d’un programme pour permettre de donner les résultats escomptés». Il ajoute : «Tous les problèmes d’emplois ne peuvent pas être réglés. Dans aucun pays du monde, les problèmes d’emplois ne sont réglés y compris dans les pays les plus développés. Le chômage demeure une problématique sérieuse que tout gouvernement sérieux doit embrasser à bras-le -corps. Ici (à Séfa), c’est l’expérimentation d’une réponse possible. Mais toute la réponse par rapport à la politique d’emploi du gouvernement ne peut pas résider dans les Dac. On a une perspective de réponse, il faut la consolider, maîtriser la chaîne des valeurs, communiquer davantage sur la réalité de ce que cela peut apporter comme plus-value dans la vie des gens, sur leur territoire pour développer d’autres perspectives.» En attendant, le chômage persiste toujours…
Un député du Pds a interpellé hier le ministre de l’Intérieur sur l’exil de Karim Wade. Pour Aly Ngouille Ndiaye, il n’a qu’à poser la question à Me Madické Niang.
«Karim Wade est-il parti en exil ?», a demandé hier un député du Pds au ministre de l’Intérieur et de la sécurité publique. Aly Ngouille Ndiaye a renvoyé le libéral à l’ancien président du groupe Liberté et démocratie. «Il faut demander à Madické Niang parce que lorsqu’il (Karim) partait, je n’étais pas au courant», a-t-il répondu lors du vote du budget de son département.
Toujours sur la question relative au candidat du Parti démocratique sénégalais, le ministre a laissé entendre qu’il ne dispose pas de sa carte d’électeur, et que, par conséquent, il ne peut pas la donner. Sur un autre point, Marie Sow Ndiaye du Pds a porté la voix de ses collègues de l’opposition sur la nomination d’une personnalité «neutre et consensuelle» pour l’organisation de l’élection présidentielle du 24 février prochain. «Le Président Macky Sall n’a pas le droit de faire moins que ses prédécesseurs. Vous pouvez rester ministre de l’Intérieur. Mais, pour l’amour de Dieu, il faut céder l’organisation des élections à une personnalité neutre. Vous avez mieux à faire que d’organiser des élections. Vous avez remarqué un niveau élevé de l’insécurité dans ce pays, surtout dans la banlieue», martèle la députée libérale. Et la réponse de Aly Ngouille Ndiaye est sans équivoque : «Je vais gérer les deux.»
Par ailleurs, sur la requête de Mamadou Diop Decroix et Cie pour l’accès au fichier électoral, le ministre est allé dans le sens du directeur de l’Automatisation des fichiers, Ibrahima Diallo. «Je ne peux pas mettre le fichier à la disposition des candidats à la candidature pour des raisons de sécurité et de protection de données personnelles. Le fichier ne sera remis qu’aux candidats qui seront connus au plus tôt le 19 janvier 2019», insiste-t-il.
Aly Ngouille Ndiaye a aussi fait le point sur la situation de la distribution des cartes d’électeur. «Sur les cartes issues de la refonte en 2017, nous avons distribué plus de 97% et sur pratiquement 386 mille cartes qui ont été déjà éditées et mises à la disposition des centres de distribution, nous avons distribué plus de 124 mille. Pour le moment, ça se passe bien mais globalement, il reste à peu près 460 mille cartes au niveau des centres de distribution», résume-t-il.
«MACKY AVAIT MARCHE AVEC CETTE MEME SOCIETE CIVILE EN 2011»
Le secrétaire général du Gradec, membre de la société civile, rappelle à Macky Sall que sous Wade, Alioune Tine et Cie avaient marché aux côté des opposants. Dans cet entretien, Ababacar Fall parle de l’organisation du Forum des partis politiques prévu le jeudi 29 novembre à l’initiative du Gradec et avec l’appui de l’Osiwa.
Que peut-on retenir du Forum des partis politiques qui sera organisé par le Gradec jeudi ?
Pourquoi le Forum des partis politiques d’abord ? Nous avons constaté que les acteurs ne s’entendaient pas sur l’essentiel des modifications du Code électoral et sur les règles du jeu en général. Les dernières rencontres remontent à la tenue du Cadre de concertation dirigé par l’ambassadeur Seydou Nourou Ba. Sur les 8 points, il y a eu 3 accords et 5 désaccords. Ces 5 points de désaccord tournaient justement autour des conditions de participation à l’élection présidentielle et constituaient quand même des questions politiques majeures. Il s’agit du parrainage, du bulletin unique, de la caution, etc. Donc, nous avons vu qu’à chaque fois que les acteurs se retrouvent sur les questions essentielles liées au processus électoral, à la définition des règles du jeu, ils ne s’entendaient pas. Alors, nous avons pensé qu’il était possible, sur la base de ces constats-là, d’essayer peut-être de réunir ces acteurs dans un cadre moins passionné parce que quand les acteurs se retrouvent à l’initiative de l’autorité en charge des élections comme vous l’avez constaté la dernière fois, une frange importante de ce qu’on a appelé «l’opposition significative» n’est pas venue participer aux discussions, simplement parce qu’il y a une crise de confiance entre les acteurs. Depuis le Référendum de 2016, nous notons une quasi impossibilité de dialogue. C’est quand même un problème.
Etes-vous optimiste quant à la réussite d’une telle mission ?
D’abord, notre projet a trouvé un écho favorable au niveau de l’Osiwa qui nous a fait confiance en acceptant de nous accompagner et nous sommes optimistes par rapport aux résultats que nous attendons de ce forum. Nous aurions pu concevoir notre projet et envoyer aux partis politiques des invitations. Peut-être que ceux qui sont convaincus de son utilité et de sa pertinence peuvent venir, les autres peuvent se dire que ça ne marchera pas et, par conséquent, ils n’y participeront pas. Mais nous avons pris le soin, après avoir identifié les acteurs que nous voulons impliquer, d’aller les rencontrer. Nous nous sommes dit dans un premier temps que nous sommes aujourd’hui à plus de 300 partis et quand vous réunissez même plus de 100 personnes dans une salle, l’expérience a montré que ce n’est pas productif. Les gens ne s’écoutent pas. Le temps de parole est très infime. Alors, nous avons conçu le forum sous un format qui permet de réunir un certain nombre d’acteurs, et nous avons ciblé dans toutes les coalitions les forces les plus représentatives qui sont soit à l’Assemblée nationale soit dans le gouvernement ou qui ont quand même une présence significative sur l’échiquier politique. Nous avons fait un ciblage et nous avons porté notre choix sur à peu près une cinquantaine de partis politiques sur les 320 qui existent et qui sont représentatifs : opposition, pouvoir, non-alignés. Pour autant, cela ne veut pas dire que nous ne considérons pas les autres, c’est juste pour des raisons d’efficacité que nous avons procédé de cette manière en attendant de partager les conclusions avec tout le monde. Nous leur avons présenté le projet et les termes de référence. En tant que société civile, nous voulons jouer notre partition dans le rapprochement des positions en faisant en sorte que les acteurs puissent s’asseoir et discuter d’un certain nombre de choses, relativement à la situation actuelle. Nous avons divisé le déroulement du projet de forum en plusieurs étapes. En fait, nous avons senti chez tous les acteurs que nous avons rencontrés un besoin de dialogue et une bénédiction de notre projet, et cela nous réconforte. Il y a le premier forum que nous allons faire ce 29 novembre, où on va discuter de la gestion des opérations électorales. Il sera question d’aborder la question du fichier, la production et la distribution des cartes, et le fonctionnement des commissions. Ensuite lors du deuxième forum que nous prévoyons de faire en mi-décembre, nous allons examiner la question de l’intégrité du système, la sécurisation du vote des citoyens, la transmission des procès-verbaux et la proclamation des résultats. Nous aborderons également les facteurs qui peuvent être à la base de conflits électoraux ou de violences électorales. Donc dans les premières séquences, ce sont ces deux forums que nous allons faire avant les élections. Et après les élections, nous allons aborder d’autres questions plus importantes, des questions de fond qu’on aurait pu examiner au stade actuel, mais compte tenu de la proximité de l’élection, du climat tendu qui prévaut, nous avons préféré les différer comme par exemple la question de l’autorité en charge des élections. Aujourd’hui, comme vous le constatez avec nous, le ministre de l’Intérieur est récusé par l’opposition. Cela constitue quand même une ligne de fracture importante entre les acteurs.
Faudrait-il nommer un ministre chargé des élections comme l’avait fait Wade ou laisser l’organisation au ministre de l’Intérieur ?
Il y a plusieurs points de vue qui s’affrontent : Ceux qui estiment aujourd’hui qu’on peut avoir un ministre de l’Intérieur partisan qui organise les élections en toute impartialité et ceux qui pensent qu’il faut mettre un ministère de l’Intérieur en charge de la sécurité et un autre en charge des élections. Nous, en tant que société civile, nous n’avons pas une position tranchée sur la question. Ce que nous voulons, c’est réunir les acteurs, faire en sorte que la discussion s’instaure et qu’on voit ce qui est mieux pour notre pays. Personnellement, ça ne me gêne pas qu’on ait un ministre de l’Intérieur, membre d’un parti, qui organise les élections. Mais encore faudrait-il que les règles du jeu soient respectées, que le processus électoral soit transparent, que tous les acteurs soient associés à tout ce qui est fait en toute équité. Donc, nous voulons susciter la discussion autour de cette question. Mais comme c’est une question de fond, nous avons préféré la renvoyer après l’élection pour voir à l’avenir ce qui est mieux pour qu’on s’entende une bonne fois pour toutes.
Cette situation ne risque-t-elle pas de créer des tensions pré et postélectorales ?
C’est justement la raison pour laquelle nous voulons dans le cadre de la prévention de ces conflits électoraux amener les acteurs à discuter, au moins dans un premier temps, sur les questions que nous avons pensé être prioritaires : C’est la gestion des opérations électorales, la sécurisation du vote, etc. Maintenant, sur la question du ministère en charge des élections qui est partisan, il y a d’autres démarches qui sont entreprises par la société civile pour discuter avec les autorités pour essayer peut-être de trouver une solution. La solution est entre les mains du président de la République qui doit être ouvert sur cette question comme par le passé avec ses prédécesseurs, si c’est le prix à payer pour qu’on ait des élections transparentes, crédibles et apaisées. Sous le Président Abdou Diouf, nous avons eu une personnalité neutre, en l’occurrence le général Cissé. En 2012, Wade a nommé Cheikh Guèye ministre chargé des Elections, en cédant à la revendication de l’opposition. Si cette question du ministre de l’Intérieur est un point de fixation, cela risque de cristalliser des tensions qui peuvent nous amener à des élections difficiles. Nous pensons que le président de la République doit prendre la pleine mesure de la situation et aller dans le sens de faire une concession à ce niveau.
L’agrément de Lead Afrique francophone, partenaire de Y’en a marre, a été retiré, même si le gouvernement est dans les dispositions de le rétablir et le président de la République accuse certains membres de la société civile de marcher avec l’opposition. Qu’en dites-vous ?
Nous ne posons pas les problèmes en termes de pour ou contre un gouvernement parce que nous ne sommes pas l’opposition. Nous n’avons pas vocation à conquérir le pouvoir politique. Quel que soit le gouvernement qui sera là, que ce soit la majorité actuelle ou l’opposition d’aujourd’hui qui arrive au pouvoir demain, nous aurons toujours cette posture de sentinelles pour veiller et alerter. Le gouvernement a essayé, peut-être à travers le retrait de l’agrément de Lead Afrique francophone, de porter un coup à un mouvement citoyen comme Y’en a marre qui est de la société civile. Parce que justement ces gens, dans l’exécution de leur programme, insistent sur un aspect qui est important, à savoir la conscientisation des populations, la sensibilisation sur le retrait des cartes d’électeur, entre autres. Le gouvernement, peut-être, pense que cela est fait contre lui, mais ça c’est une vue de l’esprit.
Et Macky Sall qui traite des membres de la société civile de politiques déguisés…
Il ne faut pas que les gens aient la mémoire très courte, parce qu’hier le Président avait marché avec cette même société civile contre le 3ème mandat de Abdoulaye Wade et les modifications de la Constitution. Elle a eu une posture citoyenne. A l’époque, l’actuel Président ne s’en était pas ému. Au contraire, il a soutenu le mouvement Y’en a marre en allant leur rendre visite. Aujourd’hui, ce n’est pas parce qu’on est au pouvoir et qu’on a des gens qui se réclament de la société civile ou des mouvements citoyens qui ont des positions peut-être contraires aux vôtres que vous les taxez de politiques, à moins qu’il y ait d’autres raisons que nous ignorons. Il faut qu’on ait un peu de cohérence dans ce que nous faisons. Aucun partenaire qui vous accompagne dans vos projets n’acceptera que vous utilisiez les fonds qu’il met à votre disposition pour déstabiliser des gouvernements. De toute façon, ces accusations contre la société civile ne datent pas d’aujourd’hui. Des fois, on est attaqué des deux côtés, pouvoir comme opposition. Mais cela ne nous fera pas dévier de notre trajectoire et de nos missions.
PAR BOCAR LY
LES PROMESSES DANGEREUSES DE SONKO
Il faut arrêtez de berner le peuple par des discours populistes - Le Sénégal n’a pas besoin de votre nationalisme exacerbé d’autant que cela n’a jamais donné de résultats probants
Son discours populiste accroche, surtout certaines personnes non averties. Il nous rappelle certaines figures connues en Afrique : Sékou Touré, Charles Blé Goudé et autres qui tenaient ces mêmes diatribes. Ce populisme qui porte les germes d’une rupture dangereuse et source de maints déséquilibres pour nos fragiles démocraties.
Je l’ai entendu dire : « Si je suis élu je sors le Sénégal du franc CFA, je romps les contrats signés sur le pétrole et le gaz, j’élimine toutes les exonérations fiscales. »
Pour ceux qui ne maîtrisent pas ces sujets, cela semble simple à faire et bénéfique pour le pays. Toutefois, l’ignorant, au sens premier du terme (celui qui ignore une chose parce qu’il ne la pratique pas), pense comme dans la simplicité de son raisonnement que tout ceci se fait du jour au lendemain par un coup de baguette magique suivant le bon vouloir d’un président.
Prenons la première idée très à la mode, de dire qu’il faut sortir de la Communauté financière africaine. Sur cette question, beaucoup d’économistes sont d’accord sauf que tout le monde reconnaît que le Sénégal à lui tout seul courrait un risque important en décrétant sa sortie unilatérale de ladite communauté monétaire.
Ce pourfendeur aux thèses nihilistes est censé savoir qu’une monnaie purement sénégalaise n’a aucune chance de garantir sa convertibilité vis-à-vis des autres monnaies et mènerait à coup sûr à un choc systémique dans notre économie qui demeure extravertie. Par ailleurs, le risque d’inflation serait énorme et annihilerait tous les efforts qui ont permis de la maîtriser et d’aboutir à un équilibre budgétaire ainsi qu’à un taux de croissance continu depuis 2012. Une monnaie commune ouest-africaine soutenue par des économies nationales fortes est envisageable sous réserve que les pays jouent le jeu et arrivent à s’entendre sur les critères de convergence. Sous ce rapport il est clair que cette déclaration relève plus d’un populisme et n’est soutenue par aucune réflexion scientifique sérieuse.
Sur les contrats déjà signés par le Sénégal et concernant les mines, il sait plus que quiconque que remettre en question des contrats signés par un gouvernement élu par les Sénégalais ne sera nullement bénéfique pour son peuple puisque cela engendrerait des contentieux devant les tribunaux internationaux et des condamnations à coups de milliards que le Sénégal devra payer en puisant surement tout son pétrole et son gaz. Au surplus, tout l’environnement des affaires que l’on a réussi à assainir avec tant d’efforts année après année sera complètement déconstruit et le Sénégal ne sera plus un pays considéré comme business friendly.
Sur les exonérations fiscales, sachant que la fiscalité fut son domaine de prédilection, l’honnêteté voudrait qu’il soit plus exhaustif et plus transparent dans ses déclarations. En effet, il convient d’identifier celui qui bénéficie de ces exonérations. L’ancien inspecteur des impôts sait pertinemment que sur les 500 milliards qu’il indexe, une bonne partie est constituée des facilités faites à des entreprises pour favoriser l’investissement nécessaire à la création d’emplois, sujet qui lui tient à cœur si on peut encore se fier à ses dires qui très souvent manquent de suite et de cohérence. Une autre partie de ces exonérations est liée à des besoins sociaux fournis par des tiers que l’Etat accompagne en tant que service public. Enfin, il en est une partie liée à des réalités sociales qu’il n’oserait et ne pourrait jamais remettre en question même s’il devenait empereur au Sénégal. Par conséquent, nous attendons qu’il nous dise qui bénéficie vraiment de ces avantages fiscaux.
Il faut arrêtez de berner le peuple par vos discours populistes. M. Sonko, vous n’êtes pas plus patriote que les autres et le Sénégal n’a pas besoin de votre nationalisme exacerbé d’autant que cela n’a jamais donné de résultats probants, la Guinée et la Côte d’Ivoire constituent des exemples proches dans le temps et dans l’espace.
Que Dieu nous préserve de tout cela mais aussi d’être fusillés.
Bocar Ly est président du conseil de surveillance de l’Agence sénégalaise pour la promotion touristique (ASPT)
Après les investitures des différentes instances et formations politiques alliées de l’Apr, ce sera au tour de Benno bokk yaakaar d’officialiser son choix sur Macky Sall le 1er décembre. Le président du comité d’organisation du congrès d’investiture estime que le candidat Macky Sall est «le choix du Peuple sénégalais, de l’émergence et de l’Afrique debout». Et Mbaye Ndiaye de rappeler : «En 2011, nous avions réussi à prouver aux Sénégalais que Macky Sall est un candidat sérieux. Et aujourd’hui qu’il est au pouvoir, nous envisageons de faire une démonstration grandeur nature supérieure à celle de 2011 sur tous les plans.» Le directeur des structures de l’Apr constate ainsi que son candidat n’a pas d’adversaire. «Nous avons des apprentis qui vont rentrer pour la première fois sur le terrain politique pour tendre la main au Peuple. Je ne leur souhaite pas bonne chance», a dit Mbaye Ndiaye.
Samedi prochain donc, Dakar Arena va accueillir cette manifestation. La majorité va drainer du monde. De l’argent aussi sans doute. Mais le porte-parole de l’Apr n’entend point parler du nerf de la guerre. Interpellé par un journaliste sur le budget dégagé pour l’investiture de Macky Sall, Seydou Guèye répond d’emblée : «Mon cher ami, vous n’aurez de réponse là-dessus parce que ce qui est en jeu, ce n’est pas le budget, mais la mobilisation du peuple.» Il poursuit qu’un bilan est «l’arme la plus fatale d’une compétition électorale». De ce point de vue, relève-t-il, «celui du Président Macky porte l’empreinte d’un travail bien fait et de l’appréciation positive par une très large majorité de nos compatriotes».