L’ancien ministre de la Communication et député à l’Assemblée Cheikh Bamba Dièye ne comprend pas pourquoi l’Autorité de Régulation des Télécommunications et Postes (ARTP) est directement rattachée à la Présidence. Il l’a fait savoir hier lors de l’examen du budget du ministère de la Communication à l’Assemblée nationale.
Le député Cheikh Bamba Dièye n’est pas en terrain inconnu lorsqu’il parle du fonctionnement du ministère de la Communication. Et pour cause, il a géré ce département ministériel. Ce qui lui donne manifestement les coudées franches pour en parler. C’est pourquoi, il ne s’est pas privé hier pour relever ce qu’il appelle une anomalie. «Le fait que l’ARTP soit rattachée à la Présidence est une anomalie, une fuite en avant, car elle a un budget de plus 12 milliards», dit-il. De l’avis de l’ancien maire de Saint Louis, «un président de la République ne peut pas avoir le temps pour s’occuper d’agences, ce n’est pas possible. Tout le monde court se réfugier à la Présidence de la République, parce que tout le monde a l’intime conviction qu’en y étant, on n’est pas contrôlé et surveillé. Et on échappe au principe de la réédition des comptes et de la redevabilité».
Très imprégné des questions relatives à la communication, Cheikh Bamba Dièye pense «qu’on ne peut pas avoir un ministère qui porte la totalité de la politique du gouvernement et que ce ministre soit totalement démuni. Il n’a pas de prise et de jonction avec la Sonatel, l’ADIE et l’ARTP. Alors que c’est lui qui porte la responsabilité de la faillite dans le secteur, c’est une aberration. Le Président prendre les mesures qui s’imposent, parce qu’une personne nommée ministre doit avoir des responsabilités pleines et entières». Revenant par ailleurs sur le travail de la presse, Cheikh Bamba Dièye trouve qu’il y a beaucoup d’efforts pour mettre le journaliste dans les conditions optimales de travail. A propos du rendu, il rappelle le caractère extrêmement stratégique du secteur de l’information. «Chaque information divulguée qui est fausse est difficilement rattrapable. C’est pourquoi, cela requiert, de mon point de vue, une formation de qualité et une formation continue», soutient le président du Fsd/Bj .
LES ETUDIANTS MENACENT DE PASSER A LA VITESSE SUPERIEURE
Apres des marches pacifiques dans les artères de Ziguinchor
A Ziguinchor, les étudiants orientés dans les instituts privés en ont assez de leur exclusion des amphithéâtres. Ils veulent reprendre, dans les plus brefs délais, le chemin de l’école. En conférence de presse hier, ils ont menacé de passer à la vitesse supérieure en perturbant le fonctionnement du système éducatif.
Les étudiants des universités et instituts privés de Ziguinchor se sont fait entendre, hier, lors d’un point de presse, pour réclamer leur droit à l’éducation. «Nous voulons tout simplement étudier à l’instar de nos camarades des universités publiques», ont-ils clamé face aux journalistes. Très en colère, leur porte-parole dénonce la récente sortie du ministre des Finances Amadou Ba. «Le ministre a déclaré que l’Etat du Sénégal n’est pas en mesure de payer tout le reliquat qu’il doit aux instituts privés», indique Bacary Sano qui estime que cette décision du gouvernement anéantit les espoirs des étudiants. «Car, les directeurs de ces écoles privées campent toujours sur leur position. Ils veulent que l’Etat rembourse toute la dette qu’il leur doit.
À l’instar des autres étudiants du pays, nous réclamons notre droit à l’éducation. Nos camarades du public sont en train d’étudier, pourquoi pas nous. Nous n’avons pas demandé à être orientés dans les universités privées», peste Bacary Sano entouré de ses camarades. Après avoir épuisé toutes les voies de recours sans succès, les étudiants comptent désormais passer à la vitesse supérieure. Ils n’excluent pas de perturber le fonctionnement du système éducatif à Ziguinchor. Ils prévoient de déloger chaque jour les élèves de la maternelle à l’université en passant par les lycées et collèges. «Nous sommes dos au mur. Nous avons épuisé toutes les voies de recours afin de trouver un dénouement heureux à calvaire.
Toutes les autorités administratives, politiques, religieuses, coutumières ont été saisies, mais notre situation n’a pas connu de suite», indique Bacary Sano. Cela dit, lui et ses camarades demandent la clémence des propriétaires des écoles privées. «Nous demandons la clémence des patrons de ces écoles privées. Nous les supplions de nous accepter en attendant que l’Etat épure la dette qu’il leur doit», affirment-ils.
Soigner les douleurs articulaires et redonner de la vigueur au système immunitaire affaibli est désormais possible grâce à l’api thérapie. L'information est donnée par l’autodidacte Omar Abulhassan qui élève des milliers d’abeilles domestiques sur son toit dans le district de Munib au Caire en Egypte.
«L’ARTP A BLOQUE POUR LE MOMENT LA COMMERCIALISATION DES DECODEURS DE STARTIMES»
Abdoulaye Bibi Balde, ministre de la communication
Suites aux nombreuses interpellations des députés sur le Groupe EXCAF et la TNT, notamment la mise en circulation des décodeurs de StarTimes, le ministre Abdoulaye Bibi Baldé a répondu ceci : «Ce décodeur est de type satellitaire avec une sortie TNT. Cependant, selon lui, la sortie TNT n’est pas activée, parce qu’elle ne fonctionne que dans le cadre d’un programme de télévision satellitaire».
Le ministre de renseigner «l’ARTP a bloqué, pour le moment, la commercialisation des décodeurs de StarTimes, parce que ceux-ci ne sont pas homologués et le Ministère avait demandé l’arrêt de leur commercialisation».
Nonobstant, le ministre a aussi rappelé que «l’Etat du Sénégal a un contrat de 5 ans, depuis 2014, qui arrive normalement à expiration en 2019». Avant d’ajouter que «ce contrat peut être renouvelable si les conditions de réussite sont réunies, après une évaluation pour situer son niveau d’exécution».
Toutefois, il précise: «Aujourd’hui, sur le plan géographique, il y a une bonne couverture, mais beaucoup de régions, notamment celles du Sud et de l’Est, ne sont pas couvertes par la TNT. La mise à disposition des décodeurs est aussi insuffisante. Car, sur un objectif de 800 000 décodeurs à terme, EXCAF en a fourni à peu près 450 000».
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JAMAÏQUE: LE REGGAE SUR LA LISTE DU PATRIMOINE CULTUREL DE L'HUMANITÉ
Le reggae, musique popularisée dans le monde entier par son icône Bob Marley, a été inscrit jeudi sur la liste du patrimoine culturel immatériel de l’Humanité par un comité spécialisé de l’Unesco réuni à Port-Louis, capitale de l’Ile Maurice.
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LA MEDIOCRITE DES MOYENS ET LA NON IMPLICATION DES COLLECTIVITES DECRIEES
Désastre écologique de la profusion des feux de brousse
Les forêts de la région de Sédhiou ont brulé plus que toutes autres au Sénégal en 2017. En tout 89 cas sont officiellement répertoriés cette année-là pour une superficie de 17.820,5 hectares. Vue sous l’angle de l’étendue du sinistre à l’échelle du territoire national, Sédhiou occupait la troisième place des régions les plus touchées, derrière Matam et Louga. 2018 a également connu des incendies de forêts. L’absence de la culture de la dénonciation et la médiocrité des moyens d’intervention annihilent la lutte contre les feux. A cela s’ajoute la non implication des collectivités territoriales dans les stratégies opérationnelles de lutte contre ces incendies de forêt. Le film de ce désastre écologique dans ce dossier réalisé en collaboration avec l’Institut Panos Afrique de l’Ouest (IPAO), au travers du projet «Médias citoyens pour une gouvernance environnementale participative».
Le triste constat de la profusion des feux de brousse est sans appel dans la région de Sédhiou. Ces feux sont des incendies incontrôlés ou criminels de forêts liés à l’activité de l’homme. Dans cette partie de la moyenne Casamance, ces feux de brousse n’apparaissent pas sous la forme d’un embrasement généralisé, mais en des foyers d’incendie localisés dans des collectivités territoriales.
Selon le rapport général de présentation rendu publique l’an dernier par l’Inspection régionale des eaux, forêts et chasse de Sédhiou lors d’un Comité régional de développement (CRD), «la région de Sédhiou a enregistré 89 cas de feu de brousse en 2017; soit le nombre le plus élevé au Sénégal. En termes de superficies brûlées, elle occupe la troisième place avec 17.820,5 hectares (ha), après les régions de Matam (22.318 ha) et de Louga (21.870 ha).
En 2018, l’on note 68 cas de feux de brousse enregistrés dans la région de Sédhiou pour 6.947 hectares brûlés, selon l’Inspection régionale des eaux et forêts. Le département de Sédhiou, à lui seul, a enregistré 64,32% des feux déclarés au travers des communes de Diendé, Sansamba et Samé Kanta. Le département de Goudomp cède une superficie de 74,47% sous le crépitement des flammes notamment dans les communes de Niagha, Karantaba et Kolibantang, contre 54,29% pour le département de Bounkiling, précisément dans les communes de Madina Wandifa, Tankon et Diaroumé. Ce qui décèle une moyenne générale de 66,98% pour seulement ces neuf communes, contre 68% la superficie totale brûlée dans la région de Sédhiou. Rien de surprenant tout de même au regard de l’évolution récente des incendies de forêts. Entre 2012 et 2016, une moyenne annuelle de 99 cas de feu de brousse est notée dans la région de Sédhiou.
VISAGES MULTIFORME ET INSAISISSABLE DES PYROMANES
Les auteurs des feux de brousse ne sont pas très souvent appréhendés par les services forestiers et leur qualité varie en fonction de leurs activités en zone forestière. Si l’on en croit Djimanga Diédhiou, l’inspecteur régional des eaux et forêts de Sédhiou, sont auteurs des feux de brousse «les charbonniers, les récolteurs de miel, les chasseurs, les contrebandiers qui cherchent à s’échapper des patrouilles de la douane, la culture sur brûlis, le renouvellement des pâturages, l’imprudence des fumeurs et des campeurs. Les feux sont aussi provoqués volontairement par les bandits ou les voleurs de bétail juste après leur forfait, surtout en zone de frontière avec la Guinée-Bissau et la Gambie».
Et l’inspecteur Djimanga Diédhiou de relever que «l’absence de collaboration des populations locales complique l’identification des pyromanes. Seule la culture de la dénonciation peut nous aider à traquer les auteurs. Et les poursuites qui pourraient s’en suivre seront dissuasives au crime d’incendie de forêts», déclare-t-il.
LES COLLECTIVITES TERRITORIALES ABDIQUENT, MAIS LORGNENT LES RECETTES CONTENTIEUSES
Les agents des services des eaux et forêts sont formels, les acteurs des collectivités territoriales ne s’impliquent pas dans la lutte contre les feux de brousse. A l’occasion du Comité départemental de développement (CDD) qu’il a animé le vendredi 23 novembre dernier, sous l’autorité de l’adjoint au préfet, le lieutenant Antoine Thiaw, commandant le secteur des eaux et forêts de Bounkiling a indiqué que «notre difficulté majeure, c’est le manque d’implication des collectivités territoriales dans la lutte contre les feux de brousse. Cela, je l’ai fait remarquer aux autorités présentes au CDD en rappelant que la gestion des ressources naturelles et de l’environnement est une compétence transférée aux collectivités territoriales. Par conséquent, elles se doivent de s’impliquer dans la lutte contre les feux de brousse. Cependant, nous poursuivons la sensibilisation des communautés en différentes langues sur les risques et l’urgence d’accroître la lutte».
Ce courroux est également partagé par l’inspecteur régional des eaux et forêts de Sédhiou. Djimanga Diédhiou ajoute qu’«on ne sent pas du tout les collectivités territoriales dans la lutte contre les feux de brousse. Et pourtant, ce sont des compétences qui leur sont transférées par décret. Hélas, les maires sont prompts à réclamer les recettes contentieuses qui se chiffrent à 70% rétribués à la collectivité territoriale où l’infraction a été commise. Les 30% reviennent aux agents verbalisateurs».
Toutefois, l’inspecteur se console quelque peu de l’appui en carburant qu’a octroyé le maire de Oudoucar, Sankoung Sagna, au service forestier et de celui de quelques rares maires, toujours en carburant, dans le département de Bounkiling. Au juste, ce qui est attendu, renchérit-il, «c’est de porter le plaidoyer en inscrivant clairement dans leurs lignes budgétaires des activités de lutte contre les feux de brousse, de concert avec nos services techniques.»
Les maires dont les forêts ont le plus brûlé ne sont manifestement pas dans les dispositions à en parler à la presse. Ceux de Diendé, Amadou Diallo, et de Madina Wandifa, Malang Sény Faty, n’ont pas donné de suite à notre interpellation sur le sujet. L’édile de Niagha, Yoro Mballo a, par contre, expliqué qu’il a beaucoup travaillé avec l’agent en poste à Tanaff dans la création des pare-feux notamment. «Lesquels pare-feux sèment la discorde entre les villages notamment entre Bambadala1 et 2 ainsi que bien d’autres localités qui pensent que ce sont des limites (territoriales) faites à leurs villages et tente de s’opposer à l’ouverture de ces pare-feux», a dit Yoro Mballo.
LES CONTRAINTES MULTIFORMES : Enclavement, sous équipement et présence de mines anti personnelles
La région de Sédhiou fait une superficie de 7.341 km². Elle partage une frontière commune de 80 kilomètres avec la Gambie au Nord. Cette longue distance en zone d’insécurité (conflit armé en Casamance) et la forte mobilité transfrontalière constituent une contrainte majeure à la lutte contre les feux de brousse, selon les agents des eaux et forêts. Du côté du département de Goudomp frontalier à la Guinée-Bissau, «l’enclavement routier, accentué par de nombreux cours d’eau, limite la mobilité de nos services jusqu’à l’intérieur des localités en zone de frontière. Il s’y ajoute la présence confirmée des mines anti personnelles dans les forêts classées de Bafata, en zone de frontière avec la Guinée-Bissau», dixit l’inspecteur Diédhiou.
Dans un tout autre registre et non des moindre, la médiocrité des moyens et le sous équipement des agents ne sont pas pour faciliter les interventions de lutte contre les incendies de forêt. «La région ne dispose que d’une seule unité d’intervention, même si les autorités sont en train de renforcer progressivement les moyens logistiques. Le secteur de Bounkiling a une petite citerne qui les aide à prendre en charge les demandes. Le Projet de renforcement de la gestion des terres et des écosystèmes en Casamance et dans les Niayes (PRGTE), dans le contexte des changements climatiques, œuvre aussi à la mise à disposition de brouettes, de pelles, de râteaux, entre autres, aux comités de lutte contre les feux de brousse notamment à Diendé», renseignent les forestiers.
Certains comités villageois du département de Bounkiling sont aussi appuyés par l’entreprise en charge de la construction de la piste de Djinany, dans le cadre de la Responsabilité sociétale de l’entreprise (RSE). L’inspection régionale des eaux et forêts de Sédhiou se réjouit, tout de même, des efforts en cours entrepris par l’Etat dans le recrutement des agents, la mise à disposition progressive des véhicules, entre autres. En attendant, à ce jour, la région compte 462 comités de lutte contre les feux de brousse dont 49 nouvellement crées, 220 redynamisés. Mais aucun n’est équipé à faire face à un sinistre d’envergure.
Le désastre écologique est monstre, avec des conséquences à court, moyen et long terme qui accablent. Elles se résument à la destruction de la faune, la perte de matières organiques du sol, la savanisation progressive, l’épuisement des réserves d’humidité du sol, l’évaporation intense, la destruction du couvert végétal et le réchauffement climatique dû à la forte émission de CO2 dans l’atmosphère.
Entre autres recommandations, l’équipement en moyens d’intervention et le partenariat avec les radios pour renforcer la sensibilisation des communautés sur les dangers des feux de brousse sont relevés par les techniciens des eaux et forêts. D’ici là, les silhouettes d’arbres calcinés animent le décor de nombre de collectivités territoriales. Au même moment, les superficies de forêts se rétrécissent comme peau de chagrin, compromettant ainsi les jours à venir et l’avenir de nos enfants.
«UN DISPOSITIF A ETE MIS EN PLACE POUR UN HOLD-UP ELECTORAL»
Me Mame Adama Gueye, Plateforme pour sécuriser les élections
Initiateur de la plateforme pour sécuriser les élections, Me Mame Adama Guèye explique les dispositions que compte prendre l’opposition dans une logique d’inclusion participative et consensuelle pour des élections transparentes. Dans cet entretien, l’ancien Bâtonnier de l’Ordre des avocats du Sénégal croit dur comme fer à un projet de hold-up électoral engagé par le pouvoir. Les éléments constitutifs d’un tel projet seraient : la réticence du ministère de l’Intérieur sur le fichier électoral; le maintien des personnes à la retraite à la tête de certaines institutions (Cena, Conseil constitutionnel et Daf).
Est ce qu’on peut frauder des élections aujourd’hui au Sénégal ?
Oui ! Je vous parle de faits. La fraude est une manière de fausser le résultat d’une élection. Il existe plusieurs manières de fausser le résultat. Si on prend les élections législatives de juillet 2017, tout le monde a constaté que plus d’un million de Sénégalais n’ont pas eu leurs cartes d’électeur. L’élection peut être faussée de cette manière. Sur un fichier électoral de 6 millions de personnes, qu’un nombre aussi important ne puisse pas voter, n’est-ce pas une manière de perturber le jeu électoral ? L’intention frauduleuse résulte du fait que, avant cette élection, il y avait un certain nombre de choses qui ont été constatées. Le gouvernement avait délibérément fait les choses de telle sorte que les zones où il estimait avoir un électorat favorable, les gens ont reçu leur carte de manière relativement satisfaisante. Dans d’autres zones, ce n’était pas le cas et le jour de l’élection, on a encore un fait indiscutable à Touba. A Touba qui est une zone peu favorable au pouvoir en place, l’élection a été sabotée, parce que les bureaux de vote ont été ouverts très tardivement. Ce sont des actes qui montrent qu’on peut effectivement frauder encore dans le pays. Il ne s’agit pas simplement de fiabilité théorique d’un fichier électoral. Le processus électoral dépasse le fichier. Ça commence en amont du vote et ça continue en aval du vote. Donc, dans tout ce processus, il y a possibilité de frauder. C’est la raison pour laquelle nous avons aujourd’hui des inquiétudes sur les élections parce qu’il n’y a pas la transparence.
L’élément fondamental pour l’élection c’est la carte d’électeur. Aujourd’hui, personne ne peut vous donner une situation fiable sur la distribution des cartes d’électeur alors qu’on a dépensé 52 milliards pour établir les cartes. C’est la raison pour laquelle nous pensons qu’il est tout à fait possible de frauder au Sénégal.
Quelles sont les initiatives prises par l’opposition pour éviter des tentatives de fraude ?
Aujourd’hui, il y a une demande élémentaire qui est faite par l’opposition qui est d’exercer le droit reconnu par l’article L.48 du Code électoral qui donne à l’opposition un droit de regard et de contrôle sur la tenue du fichier électoral. Le gouvernement est en train de biaiser. Au lieu d’accéder à ce droit de manière globale, on a simplement fait une extension d’accès sur la plateforme mise en place à la disposition des citoyens. Alors qu’aujourd’hui, quand on dit le fichier électoral, il y a tous les éléments constitutifs du fichier électoral. Qu’on permette à l’opposition d’exercer ce droit. Cette réticence du ministère de l’Intérieur par rapport à la requête de l’opposition est suspecte. Voilà le premier problème.
Le deuxième problème, c’est qu’en janvier-février 2018, le rapport de la mission d’audit du fichier électoral a fait un certain nombre de constats : 38 recommandations, 38 mesures correctives pour aller à des élections dans des conditions normales. On est à 3 mois des élections, nous n’avons absolument pas l’assurance que ces 38 recommandations ont été totalement appliquées. Normalement, si on veut faire les choses de manière transparente et par parallélisme des formes, vous avez fait des constats à un moment donné qui relèvent des irrégularités et qui fait 38 recommandations, si vous êtes transparent, avant d’engager la prochaine échéance, vous faites le point dans les mêmes conditions. C’est-à-dire un audit indépendant pour vérifier si tous les dysfonctionnements constatés ont été corrigés. Ce n’est pas le cas. On va à ces élections sans qu’on ne crée les conditions pour faire ce travail. Ce travail devrait être facile à faire parce que c’est l’Etat qui avait accepté la mission d’audit du fichier électoral. Il n’a qu’à accepter la même chose. Ce qui permettra de rassurer tout le monde.
Vous avez mis en place une plateforme pour sécuriser les élections. Aujourd’hui, quels sont les moyens dont disposent cette plateforme pour une sécurisation effective des élections ?
La plateforme est en voie de constitution et comme je l’ai dit nous nous inscrivons dans une logique d’inclusion participative et consensuelle. J’ai initié l’idée de la plateforme, ce n’est pas ma plateforme. C’est toutes les parties prenantes qui discutent des modalités de la mise en place de la plateforme. On s’est vu samedi, avec tous les représentants des parties prenantes pour valider la charte. Maintenant, la charte sera signée par les leaders de toutes les parties prenantes. A partir de là, la plateforme elle-même définira son plan d’action et sa stratégie. Il ne m’appartient pas à moi de le faire. En ce moment, j’ai des idées. Je les partagerai avec les autres parties prenantes pour que la plateforme élabore elle même sa stratégie et définisse son plan d’action qui sera porté à l’attention de l’opinion nationale et internationale.
Pouvez-vous revenir sur certains faits, notamment la Cena dont le mandat du président est arrivé à terme…pour parler d’élection transparente ?
La Cena brille par sa passivité suspecte. Ce n’est pas le seul cas d’institution où il y a des membres qui ont fini leur mandat et qui sont encore en place. C’est le cas au Conseil constitutionnel aussi. Il y a un certain nombre de faits qui sont de nature à montrer qu’il y a un dispositif qui a été mis en place pour créer un hold-up électoral. Je peux ajouter à ce qu’on vient de dire, l’allongement de l’âge à la retraite de magistrats qui sont à la tête de juridictions qui ont un rôle déterminant dans le cadre des élections. Le maintien du Directeur de la Daf qui a atteint l’âge de la retraite. Pourquoi on le maintient ? Le Sénégal a assez de ressources. La question des cartes d’électeur que je viens d’évoquer, il n’est pas imaginable dans une société démocratique qu’on aille à une élection sans que tous les Sénégalais puissent avoir une carte pour voter. Il y a des constats qui ont été faits. Il y a des Sénégalais qui avaient déclaré que sur leur carte il est mentionné «non inscrit sur le fichier électoral» mais quand ils accèdent à la plateforme, ils constatent qu’ils sont bel et bien inscrits. Le ministre de l’Intérieur, à l’époque, avait dit que je parlais de choses que je ne maitrisais pas. Quelle est la portée de ces incohérences ? On ne le sait pas. C’est une raison supplémentaire pour faire le travail d’audit de la situation en parallèle à ce qui a été fait en février, dans le cadre de la mission d’audit du fichier électoral. Le parrainage est totalement dévoyé. C’était un élément de mesure de la représentativité des candidats. Aujourd’hui, ça été transformé en système d’élimination des candidats, de mesure de l’influence des responsables du parti au pouvoir dans leur propre parti. On parle de 0,8 à 1% des inscrits, aujourd’hui l’Apr nous dit qu’ils vont chercher 3 millions d’électeurs. Mais ça, ça procède d’autre chose. On veut conditionner les Sénégalais en leur faisant croire que quand on a 3 millions d’électeurs, on peut avoir la majorité absolue. C’est une manière de préparer les esprits comme la déclaration du président par rapport à ce fameux 54% que lui donnerait le sondage. On est en train de préparer les esprits à ce hold-up électoral dont les autres éléments constitutifs de la perpétration sont : l’achat d’équipements anti-émeute. On va vers des élections, pourquoi on va acheter des équipements anti-émeutes dont l’objet est d’exercer une répression sur les populations ? Pendant ce temps, il y a 40.000 jeunes sénégalais qui sont dans la rue parce que l’Etat n’a pas payé les universités privées. Il y a des étudiants qui ne peuvent pas manger parce qu’on n’a pas payé les restaurants. Quelle est l’urgence, pendant cette période de disette financière de l’Etat, de dépenser de l’argent pour des équipements anti-émeutes ? C’est une question qu’il faut se poser.
Pourquoi dites-vous que l’esprit du parrainage a été dévoyé ? N’est-ce pas une manière de justifier votre incapacité à réunir le nombre de personnes requis ?
C’est de la diversion. Je m’occupe des choses importantes, tout en reconnaissant le droit aux autres de donner leurs points de vue. J’attends des réponses aux problèmes qui sont posés. Qu’ils répondent aux Sénégalais ? Est-ce qu’aujourd’hui tous les sénégalais ont leurs cartes électeur ? Est-ce que le parrainage n’a pas installé la corruption à outrance dans ce pays ? Est-ce qu’aujourd’hui on n’a pas maintenu indûment des personnes à leurs postes alors qu’elles devaient partir à la retraite ? Est-ce qu’aujourd’hui on a mis quelqu’un à la tête du Cnra pour avoir un pouvoir de coercition sur les médias privés ? Qu’est-ce qui explique cette situation inédite d’avoir des militants du pouvoir à la tête des médias d’Etat (Rts, Soleil et APS) ? Qu’est ce qui explique cette velléité du pouvoir d’avoir la main mise sur les réseaux sociaux ? Voilà des faits sérieux. Mame Adama Gueye n’est pas important. C’est le Sénégal qui est important. Qu’on se focalise sur des choses importantes. Que je ne sois pas représentatif, ce n’est pas important. Ces faits ensemble donnent un puzzle ; une imagé clé d’un projet de hold-up électoral.
Quel bilan tirez-vous de votre série de rencontres avec l’opposition ?
C’est un bilan très satisfaisant. Toutes les parties prenantes ont adhéré sans réserve. Nous avons gagné le pari de l’unité. On est ensemble sur la prise en charge des questions. Toutes les parties prennent au sérieux la question du hold-up électoral en préparation. Nous allons travailler à l’empêcher. C’est pourquoi nous avons proposé cette plateforme de gestion des risques, avec toute l’expertise qui existe.
Me Mame Adama Gueye, sentinelle de la démocratie, défenseur des libertés d’expression ? N’avez-vous pas trouvé paradoxal de rencontrer toutes les parties prenantes sauf la mouvance présidentielle ?
C’est une question de cohérence. La situation que nous voulons corriger est le fait du pouvoir actuel. C’est délibéré quand on parle de projet de hold-up. Sur le terrain, les partis politiques de l’opposition portent le combat. A côté de cela, il fallait ajouter quelques choses de différent. C’est l’objectif de la plateforme fondé sur des principes de mutualisation des ressources et des forces de toutes les parties prenantes. En l’état, cela n’a aucun sens de rencontrer le pouvoir. Nous constatons la réticence à satisfaire les revendications de l’opposition sur la question du fichier électoral, la volonté de verrouillage des médias publics. Nous ne sommes pas dans une posture nihiliste. Nous travaillons à mettre en place une démarche opérationnelle de gestion des risques. La finalité est d’avoir un consensus. Si le gouvernement montre une volonté claire de travailler en consensus, les parties prenantes de l’initiative décideront. Ce n’est pas à moi de décider de l’opportunité de discuter. En définitive, depuis le Code de consensus de 1993, c’est la première fois que nous allons en élection non consensuelle. C’est le candidat sortant, Macky Sall, qui a pris cette responsabilité.
Certains observateurs parlent d’une justice à deux vitesses en parlant de l’affaire de Karim Wade, Khalifa Sall et celle du double meurtre de Medinatoul Salam dont les Tthiantacounes attendent d’être jugés ?
J’ai toujours pointé les dysfonctionnements de la justice sénégalaise. Il est manifeste qu’il y a une instrumentalisation de la justice sur les leaders politiques pour les empêcher de se présenter à la présidentielle. C’est regrettable ! La justice est à deux vitesses. C’est pourquoi j’ai préconisé les assises de la justice avec toutes les parties prenantes. Ce serait une mauvaise approche de penser que le problème de la justice doit se régler entre les magistrats et l’Etat. L’ensemble des parties prenantes doivent être impliquées dans le cadre des assises pour définir ensemble une nouvelle vision de la justice.
INTERNET SOCIETY VEUT FAIRE DU SENEGAL UN PIONNIER
Fourniture de solutions dans la sécurité de l’internet des objets
Le Sénégal présente un vide juridique concernant la sécurité de l’internet des objets. L’information a été donnée hier, mercredi 28 novembre, par Ndéye Maïmouna Diop, présidente de Chapitre sénégalais d’Internet society. Elle a révèlé qu’à travers l’initiative sur le modèle multiparties prenantes lancée au Sénégal, l’idée est de faire du pays un pionnier en matière de fourniture de solutions de sécurité de l’internet des objets.
Tous les objets connectés à Internet, à savoir les portables, les lampes, les frigos ou autres, les objets connectés entre eux, font parti de l’Internet des objets. C’est en ces quelques mots que la présidente de Chapitre sénégalais d’Internet society, Ndéye Maïmouna Diop, a résumé le concept «Internet des objets» hier, mercredi 28 novembre, en marge du lancement et de la formation sur la sécurité de l’internet des objets. Sur cette base, l’on se rend compte qu’au Sénégal beaucoup de personnes sont en possession d’objets connectés à internet. Toutefois, il semble avoir un vide juridique dans ce domaine. De l’avis de Mme Diop «au niveau du Sénégal, la législation ne prévoit pas grand chose pour la sécurité de l’internet des objets».
Ainsi donc, faisant parti des 3 pays choisis, avec le Canada et le Japon, pour démontrer l’utilisation du modèle multi parties prenantes dans l’élaboration des politiques publiques et des processus règlementaires de l’internet, le Sénégal sera le hub de la participation de l’Afrique dans la définition des normes qui font qu’Internet marche. De l’avis de Ndéye Maïmouna Diop, à partir du Sénégal, «on compte faire participer les Africains à la création de ces normes».
Embouchant la même trompette, le président du Bureau Afrique d’Internet society, David Bekele, explique que l’idée est de réfléchir sur les problèmes de sécurité de l’Internet des objets avant que d’autres pays le fassent à notre place pour nous les revendre après. Justifiant ainsi la nécessité d’être les pionniers dans ce domaine, il dira que ce sont des enjeux, au delà de l’aspect sécuritaire, mais aussi économiques. Mieux, M. Bekele et compagnie souhaitent que le Sénégal exporte cette expérience modèle dans le reste du monde et non seulement en Afrique. Sur le choix du Sénégal, il explique que c’est un pays qui regorge d’expertises, mais aussi qui présente un environnement favorable à la discussion entre les divers partenaires.
A noter, par ailleurs, qu’un protocole d’accord et de participation à l’atelier de lancement de l’initiative sur le modèle multi parties prenantes au Sénégal sera signé ce jour, jeudi 29 novembre, pour une durée de 18 mois. Il s’agira d’un partenariat entre Internet society, le ministère de la Communication, des Télécommunications, des Postes et l’Economie numérique et de l’Artp.