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24 septembre 2025
TENTATIVE D'ASPHYXIE DES LIBERTÉS AU SÉNÉGAL
Nous dénonçons l'acte du ministre de l’Intérieur et réclament un retrait immédiat de l’arrêté retirant l'accord de siège à l'ONG Lead Afrique - COMMUNIQUÉ DES ORGANISATIONS DE LA SOCIÉTÉ CIVILE
SenePlus publie ci-dessous, le communiqué d'une coalition d'organisation de la société civile, daté du 17 novembre 2018, concernant le retrait de l'accord de siège à l'ONG Lead Afrique francophone, par l'État du Sénégal.
"Ce vendredi 16 Novembre 2018, l’ONG Lead Afrique Francophone a reçu la notification d’un arrêt du ministre de l’intérieur daté du 5 Novembre 2017, abrogeant l’arrêté autorisant la création de l’association, mettant ainsi fin à l’autorisation accordée à l’association et ordonnant la cessation immédiate de ses activités sur le territoire national.
Auparavant, les responsables de l’association avaient été convoqués le Mardi 13 Novembre pour un interrogatoire qui a duré de 15 :00 à 20 :00 au commissariat central, en même temps que trois autres responsables d’ONG (ENDA TM, OXFAM, OSIWA) dans le cadre d’une enquête ouverte sur des présumés financiers irréguliers au profit de l’association Y en a marre. Les organisations de la société civile réunies dans le cadre d’une initiative spontanée dénoncent cet acte du ministre de l’intérieur et réclament un retrait immédiat de l’arrêté. Elles témoignent leur solidarité aux associations Y EN A MARRE et ENDA LEAD AFRIQUE FRANCOPHONE qui font l’objet de persécutions injustes de la part du ministère de l’intérieur.
Au-delà de cet acte grave et inacceptable dans le fonctionnement d’un Etat de droit, il faut constater des tentatives répétées depuis un certain temps de l’autorité publique de réduire l’espace public d’expression des citoyens et des organisations de la société civile par des menaces et actes d’intimidation qui ne peuvent prospérer dans notre démocratie qui consacre les libertés individuelles et collectives et la participation citoyenne dans sa charte fondamentale et dans l’essentiel des textes juridiques organisant la république sénégalaise.
Se rappelant la décision du gouvernement sénégalais de dénoncer les accords de siège liant le gouvernement du Senegal à certaines ONG en 2011, nous considérons que les périodes électorales sont des moments de tensions et de mise en œuvre de stratégies d’endiguement des forces sociales qui pourtant ne travaillent que dans le cadre de l’intérêt public à travers des actions destinées au progrés économique et social des citoyens et au renforcement de notre démocratie. Partageant des valeurs communes de démocratie, de protection des droits humains et des libertés individuelles et collectives, de participation à l’action publique des citoyens, nos organisations renouvellent leur ferme attachement à ces principes et s’engagent à les défendre aux niveaux national et international.
Nous rappelons ainsi le gouvernement du Senegal à un respect strict des principes consacrés par la Constitution, loi fondamentale du pays ainsi que les différents engagements internationaux dont l’Etat du Sénégal est partie. Cela doit se traduire par l’annulation de l’arrêté visant l’association LEAD AFRIQUE FRANCOPHONE et respect ses droits et l’arrêt des actes d’intimidation en cours contre d’autres organisations. Le collectif mis en place à ce propos pour défendre et préserver les droits des citoyens, associations et ONG au Sénégal, informera très prochainement d’un plan d’action pour donner suite à cette prise de position qui interpelle le Gouvernement du Sénégal.
POURQUOI L'AGRÉMENT DE LEAD AFRICA A ÉTÉ RETIRÉ
L'État du Sénégal reproche à l'ONG de financer une organisation (Y'en A Marre) qui n'est pas reconnue d'utilité publique
Voir la note du ministre de l'Intérieur qui noifie au gouverneur de Dakar, la décision d'abrogation de l''agrément de l'ONG Lead Africa au Sénégal.
PAR L'ÉDITORIALISTE DE SENEPLUS, BACARY DOMINGO MANÉ
ET SI MACKY AVAIT RAISON...
EXCLUSIF SENEPLUS - Le président qui parle d'une volonté affirmée de créer les conditions d’un exercice libre du journalisme en Afrique, doit comprendre l’enjeu de la dépénalisation des délits de presse
Bacary Domingo Mané de SenePlus |
Publication 17/11/2018
Le président de la République, Macky Sall, a déclaré, lors du forum pour la paix, organisé le week-end dernier à Paris, que les menaces qui pèsent sur le métier de journalisme sont de deux ordres : le pouvoir de l’argent et celui de l’Etat. Mais les grands ennemis, concède-t-il, ce sont ces « pouvoirs obscurantistes qui créent des organes de presse pour en faire des instruments de propagande et de pression. Il cite nommément, dans les colonnes de journal Le Soleil, « les opérateurs économiques qui, pour gagner des marchés publics, créent des journaux et mettent la pression ». Et de rappeler que depuis qu’il est à la tête du pays, aucun journaliste n’a été interpellé, encore moins, mis en prison. Le président Sall a aussi parlé du vote du « code de la presse qui consacre la dépénalisation des délits de presse ».
Nous partageons, à quelques nuances près, l’analyse de son Excellence, M. Macky Sall, lorsqu’il indexe les « pouvoirs » de l’argent et de l’Etat, comme forces d’inertie qui entravent un journalisme de qualité, au service des populations.
Pourtant, aucune occasion n’a été ménagée par les organisations de presse, pour attirer l’attention des pouvoirs publics et de l’opinion sur la précarité dont souffrent les journalistes et les techniciens des médias. La majorité n’a même droit à la survie, tellement les conditions de rémunération – pour les plus « chanceux » - sont exécrables. Nombreux sont ceux qui n’ont pas de contrat de travail, après avoir passé cinq, sept ans, voire plus, à exercer le métier dans les salles de rédaction.
Le Synpics, le syndicat des journalistes, dirigé, à l’époque, par Mme Diatou Cissé, avait sollicité une descente des inspecteurs du travail dans les rédactions, pour mesurer l’étendue des conditions de travail inhumaines des confrères qui souffrent le martyre. Mais des forces tapies dans l’ombre ont eu raison de cette initiative salutaire.
La totalité ou presque des entreprises de presse est déficitaire. C’est un fait. Mais entre la précarité des reporters et le train de vie de certains « patrons », la distance doit être évaluée en années lumières. Qu’est-ce qui le justifie ? Le sauvetage des emplois explique-t-il à lui tout seul le maintien de certaines entreprises sous perfusion ?
Des journalistes et techniciens sont atteints, de plein fouet, dans leur dignité, parce qu’ils peinent à enjamber la première étape de la pyramide de Maslow (la survie, satisfaction des besoins primaires : manger, boire, se soigner etc). Cette situation de précarité peut expliquer – le président a raison - leur vulnérabilité face au pouvoir d’argent. Même si cela ne justifie pas la corruption, loin s’en faut.
Quant au « pouvoir de l’Etat », il devient un danger pour la liberté de presse, avec ses lois liberticides (comme c’est le cas dans le présent Code de la presse : articles 18, 192, 193 etc). L’autre modus operandi, c’est le chantage de l’Etat contre des « patrons » mauvais payeurs du fisc. Il y a aussi les dossiers occultes, ou l’envoie des gros bras pour faire la fête à un journaliste impénitent. Ajouter à la liste, sa force de corruption imparable : pécules mensuels, octroi de marchés, de terrains, voyages etc.
Cet environnement économique morose des médias, qui souffre de son manque d’organisation et de déficit de vision, devient un terreau fertile pour les bandits « économiques », qui veulent, à tout prix, faire prospérer leur business. Certains mettent en place des groupes de presse, comme outils de pression, pour gagner des contrats juteux ou bénéficier de passe-droits. Et cela peut avoir comme conséquence, le non-respect de la politique éditoriale. Dans ce désordre « organisé », certains ne définissent même pas de ligne éditoriale claire, tellement la recherche de gains a pris le dessus. Les « pouvoirs obscurantistes » - comme le président les désigne - qui font parler leur puissance d’argent, ne mettront pas du temps à trouver des hommes et des femmes, prêts à faire le sale boulot de propagande, moyennant quelques billets de banque.
Cette situation menace le journalisme de qualité qui met un point d’honneur à vérifier l’information, la recouper, l’approfondir ; tout en cultivant l’équidistance par rapport à tous les pouvoirs (économique, politique etc). Son rôle de veille, d’alerte et de vigie, est sérieusement entamé par un journalisme alimentaire qui ne se gêne pas à tronquer l’information, à être le bras armé de forces tapies dans l’ombre etc.
Par ailleurs, le président Sall, s’est réjoui du fait qu’aucun journaliste ne se trouve en prison. Mais cela est loin d’être un indicateur de bons rapports entre les acteurs des médias et les tenants du pouvoir. Combien de journalistes et techniciens ont été entendus à la Division des investigations criminelles (Dic) et à la section recherches de la gendarmerie à Dakar ? A titre d’exemple, nos confrères Alioune Badara Fall (ABF), Directeur de publication du journal ‘’L’Observateur’’, et Mamadou Seck, ont déféré, en 2015, à la convocation de la section recherches de la gendarmerie de Colobanne. On leur reproche d’avoir publié des informations concernant le déploiement des troupes sénégalaises en soutien des opérations au Yémen et sont, à ce titre, accusés de « violation de secret défense ».
Mamadou Wane, dirpub du journal « L’Enquête » et ancien enfant de troupe, a aussi été convoqué pour avoir mis en ligne des informations relatives à des nominations au sein de l’armée.
Ajouter au tableau, le refus des députés de la majorité à voter, de 2012 à 2016, le projet de loi portant Code de la presse. Ils ont exigé que l’Etat enlève du texte toutes les dispositions relatives à la dépénalisation des délits de presse. C’est à ce prix que le Code a été voté à l’unanimité le 20 juin 2017. Notre pays est, sur ce plan, très en retard par rapport à beaucoup de pays africains, parmi lesquels le Libéria, le Burkina et le Niger.
ET SI SON EXCELLENCE FORCAIT…
En dépit de tout cela, le président de la République, Macky Sall, continue à affirmer que le « Code de la presse consacre la dépénalisation des délits de presse ». Il n’en est rien ! L’abandon des dispositions relatives à la dépénalisation était la seule condition posée par les députés pour voter texte. Alors, de deux choses l’une : soit le président est mal informé, soit il a forcé les traits de la réalité pour charmer Reporter Sans Frontières (RSF) qui encourage la dépénalisation des délits de presse dans le continent africain.
M. Macky Sall qui soutient qu’en Afrique, il y a une volonté de plus en plus affirmée d’assurer la protection des journalistes et de créer les conditions d’un exercice libre de cette profession, doit alors comprendre l’enjeu de la dépénalisation des délits de presse. C’est la première porte d’entrée pour la protection des journalistes et techniciens Sénégalais exposés à des lois liberticides. Et le vrai sens du « Pacte sur l’information et la démocratie » initié par RSF.
PAR CHARLES FAYE
DEVOIR D'INQUIÉTUDE !
Egorgement par-ci, brûlures criminelles par là, sur l’autel d’un holocauste que l’on trouve malin plaisir à inventer dans un Sénégal pourtant de paix - Serions-nous damnés ?
Serions nous en train de basculer dans la folie ! Il n’y a pas de jour où le sang ne dégouline hors des veines, pour rougir nos épidermes et inonder nos sols de notre démence.
On tue. Sans répit.
Pourvu seulement que le sang coule. De nos épouses et époux, mères et pères, filles et fils.
Egorgement par-ci. Brûlures criminelles par là, sur l’autel d’un holocauste que l’on trouve malin plaisir à inventer dans un Sénégal pourtant de paix, quand bien même nous serions tous nostalgiques des heures de gloire, les premières, de la première alternance.
Mais tout passe. Comme un cycle. Le propre de l’évolution. Cyclique. Non sans crise. Et ce ne sont pas les mauvais choix stratégiques orientés sur les «projets structurants» plutôt que sur les ménages qui vont nous rendre heureux. Nous souffrons. Sommes malheureux. Quelque chose d’inachevé pour que nous devenions si tristes au point de nous étriper à la maison. Sous les regards consternés, à jamais traumatisés, de nos progénitures. Serions-nous damnés ?
Impossible. Le rythme de célébration d’événements religieux qui occupent nos quotidiens et nos chaines devrait nous absoudre et nous mettre à l’abri des pêchés de sang.
Le temps de parler et venu. Pas de celui de dire n’importe quoi. Pas celui de s’installer sur nos certitudes et d’interpréter nos lois comme bon nous semble afin de nous dicter une vision unilatérale de la perception des choses et monde sénégalais.
Comme cette affaire redondante de Karim Wade que nous avons tous vue venir. Et pour cause, on ne peut pas avoir connu Me Wade et ne pas être diplômés de Sciences Po. Merci père Wade, vous nous avez affranchis de ce côté. Nous vous serons toujours reconnaissant. Alors autant arrêter les frais et composer avec la seule dynamique qui vaille dans ce pays. Le travail.
Même s’il est admis que l’heure est au parrainage, à l’anticipation de la campagne électorale pour une présidentielle sur laquelle nous devrions du reste nous pencher. Le sang des innocents qui coule n’augure rien de bon. Les Saltigués nous ont prévenus. Ne jouons pas avec le feu, pour brûler un pays béni de Dieu. Rien ne le justifierait. Absolument rien.
Certes, des frustrations nombreuses se comptent en quantité au nombre des injustices et de décisions arbitraires et sélectives. Comme s’il n’y avait que certains qui devaient payer pour tous.
Pourquoi avoir libéré Karim Wade s’il a pris nos 138 milliards ? Pourquoi ne pas lui avoir fait payer nos sous acquis à la sueur de nos fronts dégarnis et anémiés ?
Au nom de quoi, peut-on se permettre de se mettre au-dessus du peuple ? De dire tout et n’importe quoi, massacrant les moins instruits, voire cultivés, de balivernes déviantes et nauséeuses ?
La grâce de Macky Sall porte sur la peine de Karim Wade. Cela s’arrête là. A-t-il bien fait, conformément à la morale et l’éthique ? Je ne sais pas. Chacun sa conscience. Chacun son miroir.
Ce qui ne veut pas dire que la contrainte par corps convoquée par le Président Sall, dans un entretien une fois de plus accordé à une chaîne de télévision française, est impossible. Rien ne serait plus faux que de le dire. Comme rien de moral ne lui permet d’appeler l’amnistie dans son discours après un rendez-vous électoral qu’il aurait emporté en 2019.
La décence l’interdit. Le costume de Président, gardien de la Constitution, surtout.
Mais que n’a-t-on pas vu depuis 2000 ?
Enfin, à chaque président de faire comme il le sent et l’entend.
Le régime hyper présidentiel n’y ait pas étranger. Alors je ne perdrai pas plus de temps.
Sinon inviter tout le monde au devoir de conscience et d’inquiétude et le Cissé et ses Lions, à nous produire enfin de match de foot.
Parce que pour dire les choses. Son foot est une vraie souffrance et pour ce qui me concerne, j’en ai vraiment les boules.
PAR FELWINE SARR
NIOMINKA-BI, UNE TRACE LUMINEUSE
Une générosité en grenaille, une transmission de force et de lumière, le quotidien d’un semeur de courage, telle fut la gloire de Souleymane qui consista à cultiver la beauté et la transmettre
La mort pose inévitablement la question de ce que l’on laisse. Toute vie est fugace. Quelle trace aura-t-elle laissée ? Hier, avec Souleymane Diamanka, nous évoquions Niominka-bi qu’il a bien connu. Ils habitaient le même quartier à Bordeaux. Il ne m’en voudra pas de dévoiler un peu ici la teneur de notre échange.
Je me risquais à regretter que Niominka-bi n’ait pas eu la carrière qu’il méritait, ce à quoi Diamanka me répondit que ce que Niominka-bi laissait, était au-delà d’une carrière ; que cela ne se mesurait pas en nombre de disques vendus ou en distinctions. Il leur avait à tous donné de la force. Lorsque le père de Diamanka s’inquiétait du fait que son fils passait le plus clair de son temps enfermé dans une pièce à rapper au lieu d’aller en cours, il s’en ouvrit à Niominka-Bi qui était déjà une figure respectée de la scène musicale bordelaise et c’est ce dernier qui dit au père de Diamanka de le laisser suivre sa voie d’artiste, le rassurant sur son talent et son sérieux. Diamanka est devenu le grand poète que nous connaissons.
Dans son bel album l’Hiver Peul, il rend hommage à Niominka-bi, l’homme qui vient de la mer. Il ajouta, Niominka bi permit à mes parents de relever la tête à Bordeaux en faisant sonner la beauté de nos langues dans sa musique ; en étant un artiste respecté, il inspira toute une génération de musiciens de Tribal Jam à Rockers Melody. Je retiens ce : il nous a donné à tous de la force. Et Diamanka d’ajouter : « Sa sève, elle irrigue et continuera à irriguer ». Je pense aux artistes qui parfois, ne voyant pas la reconnaissance arriver doutent de leurs accomplissements.
Une générosité en grenaille, une transmission de force et de lumière, le quotidien d’un semeur de courage, telle fut la gloire de Souleymane qui consista à cultiver la beauté et la transmettre. Tel fut son sacerdoce : enrichir les données de nos existences et par là, notre humanité.
Il fallait que le maitre s’absentât pour que l’on saisisse sa leçon dans sa plénitude. Rude sagesse.
La trace que Niominka-Bi laisse est lumineuse, elle ne s’éteindra pas, car nous la portons au creux le plus intime.
PAR JEAN-BAPTISTE PLACCA
À QUOI JOUENT TSHISEKEDI ET KAMERHE ?
Lorsque les opposants font passer leur petite personne avant l'Etat, ils étalent au grand jour leur incapacité à s'affirmer comme hommes d'Etat - Sans compter que c'est le meilleur moyen pour consolider le pouvoir des régimes qu'ils prétendre combattre
En République démocratique du Congo, l’encre était encore en train de sécher, et les congratulations commençaient tout juste à affluer, lorsque deux des signataires de l’accord de l’opposition ont annoncé le retrait de leurs signatures, parce que leurs bases s’y opposeraient. Pourquoi les opposants congolais peinent-ils autant pour s’unir et affronter un régime que tous prétendent pourtant combattre ?
Ce retournement soudain est un drame terrible. Pour le peuple congolais, comme pour tous les peuples africains, qui aimeraient tant voir les Congolais changer de destin. Trahir ainsi sa propre signature, sous prétexte que quelques centaines de militants protestaient devant le siège de leur parti, dénote, à tout le moins, une couardise. Comme si ces deux responsables de partis politiques, pas assez courageux pour reconnaître, devant la Fondation Kofi Annan, qu’ils n’accepteraient de candidature unique que la leur propre, avaient attendu d’être un peu loin pour faire étalage de leur lâcheté. Les gardiens du temple Annan ont joué le jeu, en se rendant disponibles, alors qu’ils avaient été bousculés pour parrainer, dans la précipitation, cet accord et lui donner l’onction de « Kofi Annan ».
Il en est qui suggèrent déjà mais ce ne sont probablement que de mauvaises langues qu’un reniement aussi soudain ne devrait étonner ni de Félix Tshisekedi ni de Vital Kamerhe. Et nombre de Congolais estiment que ces deux-là viennent de faire au camp de Joseph Kabila, un cadeau inespéré.
Ils se seraient engagés à mettre fin à leur carrière politique et admettraient même d’être soumis à l’opprobre de la nation, s’ils venaient à ne pas respecter leur engagement.
L’opprobre du continent tout entier s’est abattu sur eux, à la minute même où ils ont renié leur signature. Mais pour être capable de cela, il faut être déjà peu sensible soi-même au déshonneur. Avec de tels opposants, l’on ne devrait plus s’étonner que Mobutu Sese Seko ait pu tenir ce peuple en joug pendant… « 31 ans, 5 mois et 22 jours », Wikipedia dixit.
Tshisekedi et Kamerhe semblaient se plaindre des 21 ans des Kabila, père et fils. Mais ils viennent peut-être d’offrir à Joseph Kabila une dizaine d’années de règne par procuration, en attendant de revenir en personne, pour dix autres années. Et, qui sait, tant qu’il y aura des Tshisekedi et des Kamerhe dans l’opposition, Joseph Kabila pourra toujours espérer perpétuer l’exercice, et même, un jour, passer le relais à un de ses enfants.
Ces deux opposants disent pourtant se plier à la base de leurs partis…
Ils sont certainement d’excellents chefs de partis, et ils le resteront à jamais. Mais ils ne deviendront probablement jamais des hommes d’Etat. Car lorsque l’on prétend prendre en main le destin d’une nation, de tout un peuple, la moindre des choses est de savoir faire passer l’intérêt de l’Etat, l’intérêt général, avant ceux, dérisoires, de son clan, ou de son parti. Aussi importants que puissent être leurs partis, ils n’ont pas, dans cette coalition, le poids qui était, par exemple, celui du MLC, lorsque son leader, Jean-Pierre Bemba, était dans la course, notamment lors de l’élection la plus crédible organisée à ce jour, dans ce pays.
De là à prédire une perpétuation du règne des Kabila, n’est-on pas un peu dans l’excès ?
La cruauté de l’histoire fait que l’on peut déterrer votre passé et vous le mettre sous votre nez. Avec tout le respect dû à un mort célèbre, l’on ne peut tout de même pas oublier que Etienne Tshisekedi, le père de Félix, a passé le meilleur de ses années à subir, de la part de Mobutu Sese Seko, humiliations et vexations. Comme s’il donnait à Mobutu le bâton pour se faire humilier.
A l’issue de la Conférence nationale, certains s’en souviendront, Etienne Tshisekedi avait été désigné comme Premier ministre. Mais ses propres maladresses le fragiliseront, le livrant à l’habileté manœuvrière de Mobutu, qui le démettra sans cesse, notamment en février 1993, sans que le peuple congolais ne se soulève.
Et lorsque Mobutu, affaibli par la maladie, était devenu politiquement prenable, et alors même que Laurent-Désiré Kabila et ses alliés fondaient littéralement sur le pays, Etienne Tshisekedi avait préféré s’allier… à Mobutu. Ce dernier l’a fait Premier ministre, pour la énième fois. Et, pour la énième fois, il était sans aucun pouvoir, avant de s’évanouir dans la nature, lorsque Laurent-Désiré Kabila, porté par les Rwandais, prendra Kinshasa.
Au total, la vie du père n’aura été qu’une succession de rendez-vous manqués avec l’Histoire. Et voilà que le fils semble reproduire les mêmes erreurs, les mêmes mauvais choix stratégiques.
VIDEO
LE SÉNÉGAL DOIT RESPECTER SA PAROLE
Qu'est-ce que la décision du comité des droits de l'homme de l'ONU implique pour l'État sénégalais ? Quelles sont les prochaines actions prévues par le clan Karim Wade ? Réponse avec Michel Boyon, un des avocats du fils de l'ancien président - ENTRETIEN
La réaction des autorités sénégalises suite à la décision du comité des droits de l'homme de l'ONU, dans l'affaire Karim Wade, est loufoque, selon Michel Boyon. L'avocat du l'ancien ministre estime que le Sénégal n'a pas d'autres choix que d'appliquer la recommandation de l'organisme onusien. Il affirme par ailleurs que l'enjeu immédiat pour le clan Karim Wade, concerne son inscription sur les listes électorales, en vue de sa participation à la prochaine élection présidentielle.
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MUSÉE SENGHOR, À LA RENCONTRE DE L'HOMME CULTURE
Lorsque l’on entre dans la vaste maison ocre de Léopold Sédar Senghor près de la Corniche Ouest, à Hann, on a l’impression que le temps s’est arrêté - Depuis que son illustre occupant s’en est allé, rien n’a changé ou presque
Senghor occupa cette maison après son départ du pouvoir, de 1980 à 1992. Dessinée par l’architecte français Ferdinand Bonamy, elle a été construite entre 1975 et 1978 sur une parcelle de près de 8000 m2 et décorée par Jean-Pierre Brossard. Pour des raisons de santé, à partir de 1992, Senghor ne pouvait plus prendre l’avion et resta avec sa femme Colette en Normandie jusqu’à sa mort en 2001.
La maison de Senghor a été rachetée par l’Etat sénégalais en 2010 et laissée plusieurs années à l’abandon. C’est Macky Sall qui décida d’en faire un musée. Celui-ci a été inauguré le 30 novembre 2014 lors du XVe sommet de la Francophonie, en présence de François Hollande et Macky Sall. Eiffage Sénéfal a financé sa réhabilitation (toiture, façades, jardin, etc.).
La visite est effectuée par Barthélémy Sarr, un ancien gendarme, qui a bien connu Senghor puisqu’il est entré à son service au palais présidentiel en 1973 et qu’il avait les clés de la maison lorsque l’ancien président partait plusieurs mois par an à Paris remplir ses fonctions d’académicien.
Les pièces d’habitations spacieuses et hautes de plafond s’ouvrent à travers de grandes baies vitrées sur de larges terrasses asymétriques. Le plan de la maison déstructuré, selon le principe du parallélisme asymétrique, est une alliance des influences africaine (notamment malienne) et occidentale. Certaines façades sont constituées de grands panneaux verticaux aux lignes aiguisées en forme de triangles. D’où le surnom « Les dents de la mer » donné à la maison, en référence au film de Steven Spielberg sorti en 1975.
On découvre au fil de la visite la salle de manger officielle où Senghor recevait notamment les personnes de sa Fondation, le petit salon d’attente, le salon rose, le salon blanc, le bureau du rez-de-chaussée où il recevait ses invités. Puis la partie plus privée de cette résidence avec une pièce où il déjeunait avec sa femme ou prenait le thé, deux chambres d’amis, et à l’étage, sa chambre, modeste, celle de sa femme, Colette, toute verte (cela lui rappelait la verdure de sa Normandie natale), et enfin celle de son 3ème fils, Philippe, toute bleue. On aperçoit un vaste jardin agrémenté d’une piscine où Senghor faisait volontiers quelques longueurs.
On devine l’homme de lettres et le poète à travers de nombreuses bibliothèques où aucun livre n’a bougé : littérature africaine, française, russe, philosophes antiques, etc. sans oublier les poèmes d’Apollinaire en collection La Pléiade, un exemplaire du Coran et de la Bible, un dictionnaire Le Robert posé sur son bureau à l’étage où il travaillait le matin et prenait plaisir à nourrir les oiseaux de quelques graines de mil sur la terrasse.
On devine également l’homme d’Etat à travers différents cadeaux reçus lors de ses nombreux voyages, venant de Chine, de Corée, d’Egypte, d’Iran ou des Etats-Unis.
On découvre également l’homme privé, le père et le mari, à travers de nombreuses photographies dont celles de ses trois fils, Francis Arfang, Guy Waly et Philippe Maguilène. Il eut les deux premiers avec Ginette Eboué, fille de l’ancien gouverneur général de l’Afrique Equatoriale française Félix-Eboué. Guy, professeur de philosophie, est mort tragiquement à 35 ans à la suite d'une chute du cinquième étage de son appartement de Paris et le plus jeune, Philippe, est décédé lors d’un accident de voiture avec sa petite amie allemande à Dakar alors qu’il était âgé de 23 ans. Francis, âgé de 71 ans, vit à Paris. La chambre de Philippe a été scrupuleusement gardée en l’état par sa mère.
On devine enfin son goût pour l’art à travers des tableaux, des bibelots, des statues africaines ou encore une tapisserie de la Manufacture des arts décoratifs de Thiès
Le Musée Senghor accueille parfois des scolaires ou quelques particuliers, mais le reste du temps, ce sanctuaire figé dans le temps semble bien silencieux.
Informations pratiques :
Musée Senghor, 6 rue Leo Frobenius, Dakar – Fann
Ouvert du lundi au samedi, de 10h à 12h et de 15h à 17h.
Tarifs : 2000 Fcfa pour les adultes, 1000 Fcfa pour les étudiants et hommes de tenue et 500 Fcfa pour les enfants de – de 10 ans.
AUDIO
L'ACTUALITÉ DE LA SEMAINE AVEC PAPE NDAO
EXCLUSIF SENEPLUS - AFRICAN TIME - La chronique hebdomadaire diffusée en wolof tous les week-end à New-York
Khadim Samb fait le tour de l'actualité au sein de l'arène, dans sa traditionnelle chronique hebdomadaire, au micro d'AfricanTime, partenaire de SenePlus à New-York.