Le secrétaire général du Syndicat démocratique des travailleurs de la santé et du secteur social (Sdt3s) revient sur l’impact de la rétention de l’information sanitaire, cette forme de grève adoptée par ce syndicat depuis le 5 octobre dernier. Cheikh Seck estime que le système sanitaire est aujourd’hui aveugle et que les effets de la grève commencent à se faire sentir. Et si cette situation perdure, les bailleurs de fonds ne pouvant pas disposer des rapports d’informations seront obligés de fermer les robinets. Le secrétaire général du Sdt3s, critiquant la gestion du système de santé, a indiqué que les infirmiers et les techniciens supérieurs sont les plus frustrés du régime de Macky Sall. Le syndicaliste promet de poursuivre le combat afin d’amener le gouvernement à ouvrir des négociations sérieuses.
Votre syndicat a commencé à faire de la rétention de l’information sanitaire depuis le 5 octobre dernier. Quel est l’impact de cette grève dans le système de santé ?
L’information sanitaire permet d’abord de faire le suivi et l’évaluation. Cela permet aussi d’avoir des données statistiques en matière épidémiologique. Tout le monde sait que le financement de la santé est en partie assuré par les bailleurs. Et le système de décaissement de l’argent de ces bailleurs est assujetti aux dépôts des différents rapports d’informations. Nous avons constaté que cette grève est largement suivie sur l’étendue du territoire. Hier, j’étais en contact avec les camarades de Kédougou, tous suivent le mot d’ordre. Certains même sont en intersyndicale avec les autres organisations syndicales pour les actions futures.
Au niveau de la région de Dakar aussi, nous avons constaté avec plaisir que la grève a eu ses effets parce que, pas plus tard qu’hier (Ndlr : mercredi), un médecin-chef de district m’a appelé par rapport aux informations liées à la supplémentation à la vitamine dans le district de Mbao. Le médecin voulait que j’intervienne pour qu’il reçoive les rapports, mais je lui ai répondu que c’est un mot d’ordre que le Conseil national a décrété pour obliger le gouvernement à ouvrir des négociations sérieuses sur le régime indemnitaire et les autres points en rapport avec le plan de carrière parce qu’aujourd’hui, malgré la signature du décret pour la modification et la création de nouveaux corps pour ce qui concerne les infirmiers et les anciens techniciens supérieurs, le décret est effectif, mais le dispositif de passerelles qui permettent à ces corps d’être dans leur nouveau corps n’est pas effectif. Nous avons noté du retard. Il faudra que le gouvernement aille jusqu’au bout de sa logique.
Où en sont les négociations avec le gouvernement ?
Mais il n’y a rien. Le gouvernement ne réagit même pas. Vous avez vu nos collègues d’And gueusseum qui en sont à leur 15ème plan d’actions, mais l’Etat ne réagit pas.
Il y a des problèmes de trésorerie. Est-ce que l’Etat a les moyens de satisfaire vos revendications, surtout celles à incidence financière ?
A qui la faute ? Le seul responsable, c’est l’Etat. Le gouvernement nous a dit que le budget a été doublé. Il nous a même dit qu’il était liquide, qu’il a un taux de croissance de 7 à 8%. Il nous a fait faire croire que ça allait bien. Et nous avons demandé à ce que l’Etat satisfasse à nos revendications. Ça, c’est la première des choses.
La deuxième, aujourd’hui regardez la masse salariale : Il y a moins de 10 ans, nous étions à moins de 175 milliards. Aujourd’hui, d’après les informations sur la Loi des finances qu’on prépare pour 2019, nous sommes presqu’à plus de 700 milliards de francs Cfa. Entre 2012 et aujourd’hui, nous avons une augmentation de presque 300 milliards de francs Cfa sur la masse salariale. Moi en tant que fonctionnaire, je n’ai pas eu d’augmentation de salaire depuis l’arrivée du Président Macky Sall à la tête de ce pays. Je me demande où est-ce que cet argent est passé. Autre chose : dans notre ministère de tutelle, celui de la Santé et de l’action sociale, combien de contrats spéciaux a-t-on fait signer à des gens extérieurs au système ? On a préféré laissé en rade les gens issus du secteur de la santé pour signer des contrats avec d’autres.
Mais si ces gens sont compétents, il ne devrait pas y avoir de problème…
Quand on cherche la compétence, on cherche la solution interne qui coûte moins cher. Quand vous avez un agent de santé, un infirmier, une sage-femme, un technicien supérieur, un médecin qui est déjà un fonctionnaire et qui a un diplôme qui fait de lui un expert dans le domaine de l’administration et de la gestion des services de santé dont vous avez besoin, c’est lui que vous devez prendre. Celui-ci connaît le système et il aura moins de charge. Mais si vous prenez quelqu’un qui ne connaît pas les structures sanitaires, qui est détenteur d’un diplôme non reconnu par le Cames (Ndlr : Conseil africain et malgache de l’enseignement supérieur), qui est allé dans les écoles de formation de management ou de gestion et vous le nommez chef de service administratif et financier, vous créez des problèmes. Cela crée des frustrations dans les services. Il trouve des personnes beaucoup plus compétentes qui sont dans les structures depuis plus de 20 ans. Pendant ce temps, vous allez dans les services d’urgence, il n’y a pas de personnels qualifiés. On ne recrute plus d’infirmier, plus de sage-femme. Pis, on est même en train de tuer la formation.
Aujourd’hui à l’Ecole nationale de développement social et sanitaire (Endss) où on forme les infirmiers et les sages-femmes, on ne recrute que 15 infirmiers et 15 sages-femmes sur 200. Au même moment, vous prenez 2 000 nouveaux bacheliers dans le cadre de la convention signée avec les Etablissements d’enseignement supérieurs, vous leur envoyez tout ce lot… Une école a pris, à elle seule, presque 700 étudiants. Où est-ce que ces étudiants vont faire leur stage ? On est en train de former des criminels. J’ai rencontré des étudiants jusqu’en 3ème année et ils n’ont fait qu’un stage, alors qu’ils sont appelés à servir dans les structures de santé. De qui se moque-t-on ? Les politiques ne nous respectent pas et ne respectent pas la santé dans ce pays. Ils sont en train de tuer le système.
Quelle est maintenant la suite de votre combat ?
Nous ne sommes pas pressés. Aujourd’hui, nous faisons la rétention de l’information sanitaire. Qu’il vous le dise ou pas, le système est en train de souffrir. J’ai participé à plusieurs réunions avec des bailleurs de fonds. D’ailleurs au moment où je vous parle, il y a une rencontre à Saly pour la mise en place du Plan de développement sanitaire pour les 10 prochaines années.
Lors de toutes les rencontres avec les bailleurs, les gens posent le problème de la rétention de l’information, parce qu’ils travaillent sur ces données. La rétention d’informations a commencé à faire ses effets. Aujourd’hui, le système est aveugle. Et si ça continue, les bailleurs ne pourront plus décaisser de l’argent pour la suite des activités. Cela va sûrement perturber le système. Nous menons nos activités de consultation, de soin. Nous continuons de vacciner et nous gardons nos informations.
Vous semblez intraitables sur la question de l’indemnité…
(Il coupe) On ne peut pas venir dans un système, penser qu’il n’y a qu’un seul corps, sous prétexte que ces gens-là ont fait plus d’années d’études. C’est totalement erroné. Allez sur le terrain, vous verrez la responsabilité de tout un chacun ! Dans mon service kinési et rééducation, il n’y a pas un seul service dans cet hôpital qui n’est pas demandeur. Si le kiné n’intervient pas, le travail du spécialiste ne sera pas parfait. Qu’ils soient neurologues, neurochirurgiens, gynécologues, urologues, à chaque fois qu’ils finissent de traiter, il y a la paralysie qui reste. Pourquoi vous voulez prendre ce même médecin spécialiste à qui vous donnez 100 mille francs pour sa spécialisation, ce même médecin, vous lui donnez l’indemnité de responsabilité à 250 mille francs, vous lui donnez encore l’indemnité médicale à 200 mille, ce qui fait 550 mille francs pour un seul corps. Et pour les autres, vous leur dites : vous n’avez rien. Le gouvernement, en le faisant, pense régler le problème, mais il va avoir l’effet contraire.
Dans un district, vous avez un médecin, une vingtaine d’infirmiers et une vingtaine de sages-femmes. Vous réglez le problème d’une seule personne et vous frustrez plus de 20 autres. C’est une question de justice sociale. Je vous donne mon bulletin de salaire et vous prenez un fonctionnaire dans les autres corps, il peut me payer doublement.
Or dans notre travail de tous les jours, nous prenons des risques. Le gardien dans son service, il a son revolver pour assurer sa sécurité. Quand il voit l’ennemi, il peut tirer. Et moi, vous pensez-vous que je peux voir le microbe ? Mais je ne le verrai jamais. Et quand on m’envoie un malade, je suis obligé de le soigner. Je peux contracter des maladies qui peuvent me tuer. J’amène ma blouse chez moi pour que ma femme la lave parce qu’ici dans le dispositif, ce ne sont pas eux qui nous lavent nos blouses. Nous les amenons chez nous et exposons nos familles. Tous les agents de santé sont extrêmement frustrés de ce régime.
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LE PSE EST UN ÉCHEC
EXCLUSIF SENEPLUS - Pour Malick Gackou, l'aveu du ministre Amadou Ba sur les difficultés budgétaires du pays, sonne le glas du Plan Sénégal Émergent, présenté par le pouvoir comme la matrice du décollage économique sénégalais
Le candidat à la candidature du Grand Parti, Malick Gackou pense que le Plan Sénégal émergent est un échec. ‘’ La sortie du ministre des finances Amadou Ba vient de confirmer tout ce que j’ai dit sur ce plan. Il a lui-même avoué aux sénégalais que ce plan est un échec’", déclare-t-il.
Le refus de la société des Terminaux vraquiers du Sénégal (Tvs) de faire peser ses produits au niveau du port par la Cciad va entraîner une perte de 45% des recettes de cette institution et une mise à la rue d’une centaine de ses employés, dénonce le collège des délégués du personnel de la chambre consulaire qui était en sit-in hier.
Les travailleurs de la Chambre de commerce, d’industrie et d’agriculture de Dakar (Cciad) sont très remontés contre le Directeur général du Port autonome de Dakar (Pad) et le directeur de la société des Terminaux vraquiers du Sénégal (Tvs). En sit-in hier devant la Chambre consulaire de Dakar, ils ont dénoncé, brassards rouges au poignet, au bras ou au niveau du cou, le refus de la Tvs de faire peser ses marchandises au niveau du Pad, par la Cciad, alors que cette mission lui est dévolue.
Selon Abdoul Aziz Sabaly, le retrait de cette prérogative au profit de la Tvs va entrainer un renvoi d’une centaine d’employés du Cciad. «Les recettes issues des produits transportés par Tvs représentent 45% de celles de la Cciad», a fait savoir ce membre du Collège des délégués du personnel de la Cciad. Alors que, rappelle-t-il, la Cciad dispose depuis 1949, de stations de pompage dans l’enceinte du Pad qui sont en cours de renouvellement avec plusieurs dizaines de millions d’investissement.
Pour les représentants des travailleurs de la Cciad, «le refus de la Tvs de faire peser ses produits sur les ponts bascules de la Cciad comme elle l’a toujours fait est une violation grave des textes réglementaires, notamment le décret 2014-47 du 20 janvier 2014 portant organisation et fonctionnement des Chambres de commerce d’industrie et d’agriculture du Sénégal, mais également une atteinte à la neutralité du pesage. Et si des menaces de boycott des ponts bascules de la Cciad avaient été formulées par Tvs, elles ont été exécutées en début de semaine, au grand dam des travailleurs de la Cciad». «Nous avons assisté à l’exécution des menaces de boycott desdits ponts. Les autorités de la Cciad ont tenté vainement de saisir le Port et la Douane. Cette indifférence constitue une violation flagrante des dispositifs réglementaires du pays», s’est désolé M. Sabaly.
A l’en croire, des démarches ont été effectuées auprès des autorités portuaires sans succès. «Le Dg du Pad, de connivence avec Baidy Agne de Tvs, veut s’accaparer des prérogatives de la Cciad», accuse le délégué bouleversé par la situation. Des actions plus fortes ne sont pas exclues pour avoir gain de cause.
Des voleurs de bétail font encore une victime au Sud du pays. En essayant de sauver son troupeau, Malang Diatta, un berger originaire du village de Kossi, commune de Mangaroungou Santo, département de Gou¬domp, a perdu la vie dans des circonstances tragiques.
Le drame est survenu dans la nuit du mercredi au jeudi dans cette localité de l’arrondissement de Djibanar. Des voleurs qui ont fait irruption aux environs de 23 heures ont voulu enlever le troupeau parqué à l’orée du village. Armés jusqu’aux dents, des assaillants ont fait face à la résistance farouche du berger qui veillait au grain. Il s’ensuit une confrontation au cours de laquelle Malang Diatta, grièvement atteint, a succombé à ses blessures. «Il a reçu un coup de feu au niveau du thorax», rapporte une source.
Après cette rixe sanglante qui a ameuté le voisinage, la bande de voleurs n’a pas trouvé mieux que de prendre la clé des champs. Craignant d’être poursuivis par des militaires alertés pour la circonstance, ils sont obligés de surseoir à leur funeste dessein de faire main basse sur le troupeau laissé intact après ce forfait.
La mort de ce berger, marié, âgé d’une cinquantaine d’années et père de six enfants, intervient dans une zone frontalière qui fait les frais d’une véritable razzia du bétail.
DEFENSE SANS FRONTIERES POUR LE CORRESPONDANT DE RFI
Mouctar Bah est suspendu au moins jusqu’au mois de février 2019 par la Haute autorité de la communication (Hac) de la Guinée. L’organe lui reproche d’avoir manqué d’équilibre et de recoupement. Reporters sans frontières considère que le journaliste n’a fait que son travail et veut qu’il continue à exercer son métier.
Trêve forcée pour Mouctar Bah. Le correspondant de Radio France internationale (Rfi) n’a plus le droit d’exercer en terre guinéenne. La Haute autorité de la communication du pays de Alpha Condé l’a suspendu au moins jusqu’au mois de février 2019. Cette sanction fait suite à une plainte du ministère de la Défense. Il est reproché au reporter de Rfi d’avoir manqué de «recoupement de l’information, de preuves et d’équilibre» dans son reportage diffusé sur les ondes de ladite radio et sur le fil de l’Agence France-presse (Afp) le 8 novembre dernier.
Dans l’article en question, le journaliste relate «la mort par balles de deux personnes, victimes selon des témoins de tirs de militaires, identifiés par leurs béret rouge, lors de la soirée du 7 novembre à Conakry». Un travail basé sur des «témoignages dont la mère de l’une des victimes citée» dans la production, d’après Reporters sans frontières (Rsf).
Arnaud Froger et ses confrères estiment que le journaliste n’a fait que son travail en «rassemblant des témoignages pour établir les faits lors de cette soirée meurtrière du 7 novembre». Selon eux, Mouctar Bah a tenté «d’obtenir la version des autorités militaires à de multiples reprises pendant toute la journée qui a suivi sans recevoir de réponse. Nous appelons donc la Hac à réexaminer la situation de ce journaliste chevronné, connu pour son professionnalisme, afin de lui permettre d’exercer son travail librement».
La Hac a déclaré que le journaliste avait «reconnu qu’il n’avait pas de preuves». Des allégations qui sont également aussi balayées d’un revers de la main par le mis en cause.
A l’instar de Rsf, la direction de Rfi déplore l’annulation de l’accréditation de son correspondant. Le média s’étonne de la mise en demeure de la station adressée par la Hac dans cette affaire pour lui demander d’accorder un droit de réponse au ministère guinéen de la Défense. La boîte dirigée par Marie Christine Saragos rappelle que cette réaction avait été sollicitée par son correspondant par des «appels et messages répétés» et que le directeur régional de la police de Conakry, également porte-parole du ministère de la Sécurité et de la protection civile, s’était exprimé sur ce sujet diffusé à l’antenne le lundi 12 novembre.
Reporters sans frontières rappelle que la Guinée est à la 104ème place du classement mondial de la liberté de la presse.
PAR MAMADOU OUMAR NDIAYE
SI KARIM FAIT L’OBJET D’UN BANNISSEMENT, QU’ON NOUS LE DISE!
POINT DE MIRE SENEPLUS - Macky Sall voudrait le faire retourner en prison ? Grand bien lui fasse, mais au moins qu’il permette que celui présenté comme son plus sérieux rival à la présidentielle puisse rentrer d’abord
L’homme de la gouvernance sobre et vertueuse vient d’avouer ce que les Sénégalais avaient toujours soupçonné et même — pour certains d’entre eux — clamé : La neutralisation de Karim Meïssa Wade (KMW) et Khalifa Ababacar Sall n’obéit qu’à l’impératif de lui permettre d’avoir un second mandat les doigts dans le nez. Après, eh bien, après avoir rempilé, ces deux dangereux empêcheurs d’être réélu pourront recouvrer tous leurs droits, être amnistiés et, si tel est leur vœu, se présenter à la présidentielle de 2024. L’important, c’est qu’ils ne soient pas un obstacle à sa victoire au soir du 24 février prochain. Ils ont refusé de jouer le jeu ? Tant pis pour eux, je vais leur montrer que la « justice », dans ce pays, est à mes ordres ! Ainsi fut fait.
Sous la grotesque accusation d’ « enrichissement illicite » à hauteur de plus de 1 000 milliards de nos francs — les juges ont finalement ramené le « préjudice » à 138 milliards —, Karim Wade a été condamné à l’issue d’un procès loufoque à six ans de prison ferme et à payer la somme prétendument détournée. Après trois ans de prison, il a bénéficié d’une grâce présidentielle et mis dans un avion le soir même de sa libération pour un exil forcé au Qatar. Apparemment, les termes du « deal », c’était qu’il devait se tenir à carreau jusqu’après l’élection présidentielle de l’année prochaine.
Seulement voilà : le candidat du Parti démocratique sénégalais (PDS) n’entend pour rien au monde rater cette importante échéance. Il ne fait pas mystère de son intention de revenir par tous les moyens participer au scrutin du 24 février 2019. Ce que sachant, les responsables du parti au pouvoir multiplient les menaces du genre : « il sait bien que sa grâce n’était que partielle ; par conséquent, s’il s’amuse à revenir au Sénégal, il sait ce qui l’attend puisqu’il devra payer les 138 milliards de dommages et intérêts qu’il doit à l’Etat. Nous n’hésiterons pas à appliquer la contrainte par corps ».
Autrement dit, à jeter Karim Meïssa Wade en prison dès qu’il rentrera dans son propre pays ! et nous qui pensions naïvement que le président Macky Sall et ses sbires se réjouiraient d’un retour du seul condamné de la CREI — à part Tahibou Ndiaye, dont la condamnation à une peine ferme n’a jamais été exécutée, Dieu sait pourquoi !—, en se disant qu’il va enfin renflouer le trésor public dont le manque de liquidités est désormais reconnu même par le ministre de Finances !
Logiquement, s’ils ne se souciaient que des seuls intérêts financiers du pays, les gens du pouvoir devraient donc, au contraire, tout faire pour que l’exilé du Qatar décide d’abréger son séjour afin de revenir au Sénégal et payer sa « dette » de 138 milliards au trésor public. Au lieu de quoi, on le met en garde de revenir—en tout cas pas avant février 2019 —, allant même jusqu’à sous-entendre qu’il ne serait même pas autorisé à débarquer à l’aéroport de Diass. Autrement dit, qu’on lui ferait subir le sort de l’opposant congolais Moïse Katumbi, lui aussi principal obstacle à une réélection du président Joseph Kabila—finalement, après avoir tenté de violer la constitution de la République démocratique du Congo, le président congolais a reculé sous les pressions—ou à une élection du dauphin de celui-ci, le sieur Emmanuel Ramazani Shadary. Katumbi, donc, après avoir lui aussi été condamné à trois ans de prison pour une fantasque affaire d’«escroquerie immobilière » avait réussi à quitter le pays avant de décider d’y revenir pour présenter sa candidature à la présidentielle de décembre prochain. Eh bien, son avion avait été interdit d’atterrissage dans tous les aéroports du pays et les compagnies aériennes avaient été sommées de ne pas l’embarquer à bord de leurs vols. Ayant voulu pénétrer malgré tout en territoire congolais, il s’était rendu en Zambie d’où il avait tenté de pénétrer dans son pays par la voie terrestre. La frontière avec ce pays avait été fermée et l’armée déployée. Bref, c’est le traitement que l’homme à la gouvernance sobre et vertueuse et son régime voudraient réserver au fils du président Abdoulaye Wade. Or, si l’on a bien compris, même si l’on veut exercer la contrainte par corps, on doit au moins laisser le concerné revenir dans son pays, lui faire une sommation de payer avant, en cas de refus de s’exécuter de sa part, le prendre pour le conduire en prison.
Hélas, nos gens ne veulent même pas voir Karim Wade roder autour du Sénégal à partir des pays voisins, à plus forte raison revenir au bercail. Et pourtant, il faut bien qu’il rentre avant la prochaine échéance électorale, le candidat du PDS. Car non seulement les militants de son parti l’attendent, mais aussi d’innombrables sénégalais qui souhaitent qu’il prenne part à la présidentielle du 24 février prochain. Disons-le clairement : nul ne devrait pouvoir empêcher Karim Wade de revenir dans son pays. Macky Sall voudrait le faire retourner en prison ? Grand bien lui fasse, mais au moins qu’il permette que l’homme présenté comme son plus sérieux rival à la présidentielle puisse rentrer d’abord ! et puis, encore une fois : il n’est pas admissible que l’actuel président de la République se présente à un scrutin à la participation duquel il aura écarté de la manière que l’on sait — c’est-à-dire par le biais de juges aux ordres —, ses deux plus redoutables adversaires. À savoir, encore une fois, Karim Meïssa Wade et Khalifa Ababacar Sall.
C’est facile de considérer la réélection comme acquise après avoir mis en prison ou exilé ses deux principaux challengers. Dire qu’après la présidentielle, et donc en cas d’obtention d’un second mandat, tout est envisageable, y compris une amnistie, c’est avouer crument que tout le monde savait déjà, à savoir que la justice a été instrumentalisée pour neutraliser deux dangereux rivaux. Or, encore une fois, Karim Wade et Khalifa Sall doivent absolument participer à la prochaine présidentielle. Le Sénégal ne va pas faire moins que le Mali voisin quand-même qui a permis à 24 candidats de briguer la dernière présidentielle. Tout s’était bien passé et le président Ibrahima Boubacar Keïta avait été réélu haut la main. Notre justice en prend pour son grade dans toutes les instances régionales (Cedeao pour les affaires Khalifa Sall et Karim Wade) et internationales (groupe de travail des nations unies pour les détentions arbitraires puis, cette semaine même, Comité des droits de l’Homme de l’Onu) où ses décisions sont considérées comme des torchons. Normal, une juridiction d’exception comme la CREI ne saurait trouver grâce aux yeux d’aucun État de droit, aucun organisme, aucune juridiction régie par le droit et travaillant sur le droit.
C’est une juridiction destinée à faire le sale boulot pour le président Macky sall et elle l’a bien fait. Quand elle a voulu dépasser la limite et convoquer d’autres personnalités figurant dans la fameuse liste de 25 dirigeants de l’ancien régime soupçonnés de s’être enrichis illégalement, on lui a dit : « stop » et elle a arrêté. Ce qu’on lui demandait, c’était de coffrer Karim Meïssa Wade, guère plus. Après quoi, mission terminée pour elle. Une chose est sûre en tout cas : avec le cinglant désaveu que le Comité des droits de l’Homme de l’Onu vient d’infliger au Sénégal à travers la CREI, on se demande encore qui pourra bien empêcher Karim Meïssa Wade de rentrer et de se présenter à la prochaine présidentielle. Et tant pis si cela fout la frousse à certains !
«L’INDEMNISATION DES SINISTRES DU PAVILLON VERT EST PROBLEMATIQUE MAIS ELLE SE FERA»
Ousmane Guèye, président du conseil d’administration du Cices (Pca)
La 27e Fidak (Foire internationale de Dakar) se tiendra du 29 novembre au 16 décembre 2018. Plus de 26 pays sont attendus à cet événement. Pour cette année, le thème est ainsi libellé : « La compétitivité des petites et moyennes entreprises (pme) des pays en développement, face aux défis de la mondialisation… ». Le président du conseil d’administration du Cices (Centre international du commerce extérieur du Sénégal) revient à cette occasion sur les grandes innovations de la 27e FiDaK mais aussi sur les difficultés auxquelles fait face le CiCes. il a aussi abordé le problème de l’indemnisation des sinistrés du pavillon vert.
La 27e Fidak se tient dans un contexte marqué par les élections à venir et à un moment de croissance économique et de déroulement de grands projets pour le Sénégal émergent. « Il n’y a pas d’innovations majeures cette année. Sinon, nous avons échangé sur le déroulement de l’événement Et il y a, à l’heure actuelle, 26 pays qui vont participer à cette 27ème édition de la Fidak.
Pratiquement, tous les continents vont être présents » a confié à la presse le Pca du CiCes. et pour la première fois dans l’histoire de la Fidak, des exposants de la grande Bretagne et du Népal seront de cette édition. Ce qui est incontestablement une preuve de l’ouverture de notre pays au niveau mondial. il y aura aussi un village sur la biodiversité. a quelques jours de l’ouverture de la Fidak, le Cices en est à 90 % de remplissage des stands. et cerise sur le gâteau, tous les pavillons ont été aménagés. si les autres pavillons sont au complet, celui dit Brun est vide. « C’est un pavillon destiné aux ministères techniques. Malheureusement, le remplissage pose problème. Alors que ce sont des gens qui ont des facilités de paiement.
Et c’était l’occasion rêvée, à quelques mois des élections, pour que ces ministères viennent mettre l’accent sur les réalisations du président de République », s’est désolé M. Guèye. La Fidak, qui était auparavant une biennale, ouvre maintenant ses portes chaque année à l’instar des foires de beaucoup de pays africains. Cependant, fait savoir le M. Guèye, le CICES connait quelques difficultés. « Le volet exportation n’est plus une prérogative du CICES car, en 2005, nous avons créé l’Agence sénégalaise pour la promotion des exportations (ASEPEX).
La deuxième difficulté, c’est que le CICES a, dans ses missions, la vocation de gérer les foires internationales. Et pourtant, dans toutes les régions il y a des foires internationales alors que, encore une fois, la prérogative d’organiser ces foires internationales est dévolue au Cices. Il faut que tout cela change », demande M. Guèye. Cependant, fait-il savoir, l’organisation d’une foire tous les ans devient problématique dès lors que cela nécessite beaucoup de charges
LES SINISTRES DU PAVILLON VERT SERONT INDEMNISES
se prononçant sur le projet de parc d’expositions de l’etat pour accueillir des foires et salons, M. Guèye annonce qu’il est en construction, mais ignore la structure qui l’aura la charge tout en souhaitant que cela soit dévolu au Cices qui, selon lui, est un patrimoine national. sur l’indemnisation des victimes de l’incendie du pavillon Vert, intervenu il y a quelques années, le président du conseil d’administration du Cices indique que c’est problématique tout en faisant savoir que sa structure est également victime dans cette affaire. « Le CICES est sinistré car ses constructions ont été détruites à 100 % lors de l’incendie et c’est le CICES qui a mobilisé des fonds pour reconstruire le pavillon Vert. Malgré cela, les gens pensent que seuls les exposants victimes de l’incendie sont des sinistrés », dit-il. pour le pca du Cices, l’indemnisation a été posée et elle a été chiffrée. « L’Etat est en train de voir avec l’agence judiciaire de l’Etat et le ministère du Commerce pour définir les modalités devant permettre d’indemniser toutes les victimes. «En tout cas, on est à ce niveau » informe M. Ousmane Guèye, histoire de rassurer les sinistrés tout en précisant qu’au niveau des responsables du Cices, ils ne peuvent fixer de jour ou de délai pour une éventuelle indemnisation.
ACHILLE MBEMBE LAURÉAT DU PRIX ERNST BLOCH
"La ville de Ludwigshafen-sur-le-Rhin rend hommage à l'un des plus grands penseurs du continent africain qui, avec sa vision des bouleversements sociaux et des dangers de la démocratie à travers les frontières, prône un monde humain"
Selon les membres du jury, "avec Achille Mbembe, la ville de Ludwigshafen-sur-le-Rhin rend hommage à l'un des plus grands penseurs du continent africain qui, avec sa vision des bouleversements sociaux et des dangers de la démocratie à travers les frontières, prône un monde humain dans l'esprit d'Ernst Bloch."
Le prix Ernst Bloch est l'un des prix culturels exceptionnels en Allemagne et en Europe. Il a été créé à l'occasion du centenaire d'Ernst Bloch en 1985 en mémoire et en hommage à son travail. Un des rares Prix de philosophie dans l'espace germanophone et européen, il est décerné tous les trois ans par la ville de Ludwigshafen pour honorer "un travail scientifique ou littéraire exceptionnel avec une attitude philosophique significative pour la culture et un engagement critique avec le présent."
Les lauréats précédents étaient : Hans Mayer, Jürgen Moltmann, Pierre Bourdieu, Eric J. Hobsbawm, Navid Kermani, Dan Diner, Carolin Emcke, Sébastien Benhabib, Lisa Herzog, Avishai Margalit et Axel Honneth.
Prof. Dr. Achille Mbembe (né en 1957) est un historien et philosophe politique camerounais. Il est considéré comme un pionnier du post-colonialisme et un critique des structures de pensée racistes. Dès son plus jeune âge, Mbembe prit conscience des revendications sociales et politiques et, par exemple, dans les années 1980, il participa aux campagnes d'alphabétisation de la population rurale africaine. À partir de 1982, Mbembe étudie l’histoire à l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne et obtient son doctorat en histoire en 1989.
Mbembe a travaillé dans de nombreuses universités prestigieuses, notamment l'Université Columbia, l'Université de Californie à Berkeley, l'Université Yale et l'Université Duke. Actuellement, Achille Mbembe enseigne à l'Université du Witwatersrand à Johannesburg.
Pour son livre "Criticism of Black Reason", Mbembe a reçu le 36ème prix Geschwister Scholl en 2015. Il discute et critique le fait que l'expansion du capitalisme mondial repose sur les structures de la traite négrière transatlantique. Malgré les Lumières, la pensée raciste et subalterne continue à se répandre, même maintenant. Dans son récent ouvrage "Enemy Policy" (2017), il explore le concept d'inimitié, le plaçant dans le contexte des conflits sur la décolonisation au XXe siècle, et souligne également les dangers que représentent les démocraties libérales.
LES SYNDICATS PRESSENT POUR LE VERSEMENT DE LA SUBVENTION PUBLIQUE
Les syndicats de l’enseignement privé catholique appellent au paiement de la subvention annuelle que l’état verse aux établissements concernés qui tardent à recevoir leur dû, une situation constituant selon eux «une menace» pour leur bon fonctionnement. Ils ont lancé cet appel aux pouvoirs publics, jeudi à Mbour, au terme de leur réunion annuelle avec la Coordination nationale des directeurs diocésains en charge de l’enseignement privé catholique, pour discuter des questions relatives à ce secteur d’activité.
«La subvention reste insuffisante vu le nombre toujours croissant des écoles reconnues et donc ayant droit à la subvention de l’état». il s’y ajoute que «cette subvention n’est pas encore versée, à deux mois de la fin de l’année budgétaire», ont-ils déploré par la voix de l’un de leurs porte-parole, François-Xavier Sarr. selon M. Sarr, secrétaire administratif du syndicat national des écoles catholiques du Sénégal (snecs), affilié à l’union nationale des syndicats autonomes du Sénégal (unsas), l’état doit trouver «une solution immédiate et pérenne» à cette situation. Les écoles privées ne perçoivent pas d’écolages pendant les vacances scolaires, mais sont obligées de payer les salaires. une situation qui, selon M. Sarr, «menace la survie de bon nombre d’établissements scolaires privés et, conséquemment, précarise l’emploi de milliers d’enseignants dont les salaires ne seraient plus payés régulièrement si l’état ne versait pas les subventions».
Les syndicats de l’enseignement privé catholique disent attendre du premier ministre, Mahammed Boun Abdallah Dionne, que cette question soit diligentée. «nous nous réservons le droit d’user de tous les moyens légaux pour le respect des dispositions légales et réglementaires prévues pour le versement de cette subvention qui, chaque année, était versée au mois de mai», a pour sa part déclaré Marie-Yvette Keïta Diop, autre responsable syndicaliste.