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15 septembre 2025
par Ousseynou Touré
LES TERRITOIRES AU BON ENDROIT
Le nuage des mots issu de l’Agenda national de Transformation et des documents opérationnels y afférents, renvoie, avec une forte occurrence, à des termes « territoire », « Pôle-territoires » et dévoile plusieurs considérations pratiques.
Jusque-là, aucun document de référence de notre pays n’avait accordé autant d’importance aux territoires. Avec l’Agenda national de Transformation (ANT) et ses documents opérationnels décennal et quinquennal (Masterplan et Stratégie nationale de Développement (SND)), il y a bien lieu de prendre en considération le message, à nous transmis, par les plus Hautes Autorités. Ni plus, ni moins, mieux réaligner les politiques sectorielles aux ambitions territoriales énoncées dans le nouveau modèle de développement du Sénégal. Signe de rupture ou volonté de repenser autrement le développement ? Une première à analyser et à mettre sur le divan, pour un mieux-être des citoyens.
Le nuage des mots issu de l’Agenda national de Transformation et des documents opérationnels y afférents, renvoie, avec une forte occurrence, à des termes « territoire », « Pôle-territoires » et dévoile plusieurs considérations pratiques.
Allons-nous vers une ère de territorialisation des politiques publiques avec une séquence temporelle chargée d’innovations ? Cette question mérite d’être posée d’autant que les protagonistes territoriaux se sont trop longtemps accommodés d’une décentralisation administrative bien trempée. Avec son lot de corollaire, une relation normative entretenue avec les Autorités administratives, caractérisée par un contrôle de légalité, pour mieux marquer leur territoire. Les espaces d’expression et de « challenge » trop souvent régulés, les besoins et attentes des communautés de base portés par une société civile plus ou moins suivie, et les implications territoriales des élus locaux souvent timorées. Autant de raisons parmi tant d’autres qui font que notre questionnement fait sens. En l’espèce, une clarification s’impose en termes de concept. Il ne faut surtout pas confondre, comme c’est souvent le cas, une politique publique territorialisée et une territorialisation des politiques publiques.
Politique publique territorialisée, quel sens ?
Ce sont les acteurs au niveau national qui conçoivent, mettent en œuvre et associent les acteurs des territoires. Entre le niveau national et celui territorial, il y a un « effet miroir », avec une transposition presque à l’identique des méthodes et outils de travail. Dès lors, les services techniques déconcentrés agissent en parfait respect des lignes de conduite édictées depuis le niveau national. Ce cas de figure qui était jusque-là en vigueur, reste marqué par une insuffisance d’innovations et une rareté de créativité. En conséquence, les acteurs techniques étatiques évoluant au niveau des territoires mettent en œuvre les instructions et recommandations, dont le mode d’élaboration, souvent, les échappe. En cas de défaillance, ce serait une erreur partagée, avec une marge de responsabilité qui est souvent circonscrite.
C’est un statut quo ambiant qui caractérise cette option de développement. Les conflits de gouvernance administrative sont peu fréquents et au cas où ils adviendraient, les modes de traitement des litiges sont loin d’être alternatifs, mais suivent un processus procédural stabilisé et maîtrisé. A l’analyse, ce cas de figure peut bien se mouvoir dans une déconcentration plus responsabilisante, pour paraphraser Odilon Barrot, (premier vice-président du Conseil d’État sous la IIIe République française), s’adressant aux préfets, bénéficiaires traditionnels de la déconcentration, « c’est le même marteau qui frappe ; seulement on en a raccourci le manche ».
En pratique, quelques errements
En guise d’exemple, l’on peut convoquer la matière relative à la planification territoriale, où les « copier-coller » sont érigés en règle dans leur conception. Les mêmes documents peuvent s’appliquer d’une collectivité territoriale à l’autre, sans coup férir. Aussi, tutti quanti, les budgets de plusieurs collectivités territoriales sont systématiquement reconduits, sans un effort d’ingéniosité dans les postes de recettes à mobiliser. En outre, la mise en place des pôles-emplois, au niveau des départements n’a pas fait l’écho d’un traitement territorial depuis la commune jusqu’au département. Le résultat est connu. L’appropriation est faible. Le même constat est noté avec la DER, dans ses modes de financement de proximité. Il y a lieu de repenser l’approche de l’action territoriale souvent trop superficiellement adressée.
Sans aucun doute, le domaine de « compétence fléchée » de la santé est le plus exacerbé au niveau territorial. La mise en œuvre de la politique publique territorialisée de la santé ne prend pas en considération les aspects liés à l’étendue et à l’ampleur des attributions, l’opérationnalité des comités de santé et l’appropriation de la carte sanitaire par les exécutifs locaux, etc…. Cette logique implacable de gestion des domaines de « compétence fléchée » par nos Collectivités territoriales doit faire l’objet d’une révision en profondeur. Ici, la collectivité subit puisqu’elle n’agit. Dans la chaîne des parties prenantes, il y a manifestement une insuffisante appropriation du rôle de la collectivité territoriale dans ce cas de figure.
A l’inverse, la territorialisation des politiques publiques, pourquoi ?
Il faut l’avouer, la forme de politique publique territorialisée ci-dessus évoquée ne met pas trop à l’aise les tenants d’une approche alternative disruptive, souvent porteuse de renouvellement et d’innovations. C’est là où gît toute la pertinence de la proposition faite dans le second cas qui est la territorialisation des politiques publiques. Ce qui nous est proposé dans les documents stratégiques, s’annonce comme un vrai ancrage d’une décentralisation technique.
Cette dernière est plutôt complexe avec un jeu d’acteurs et de parties prenantes plus denses et une utilisation d’outils et de techniques administratives plus conséquentes ; et naturellement, les litiges et interprétations voire délimitation des frontières des pratiques entre acteurs deviendront plus fréquents. Or donc, il faudra alors s’y préparer intensément et conséquemment. Ici, le territoire est au-devant, agit et contrôle son action sous la nouvelle modalité d’un État arborant les fonctions de régulation.
Un changement d’angle d’intervention est en vue. Cette option de développement consiste en une (re)localisation des politiques publiques au niveau des territoires, y compris les fonctions de conception, de mise en œuvre et réédition des comptes. Dans la même séquence, l’État régulateur aménage des espaces de suivi, de contrôle et d’évaluation. Par exemple, la gouvernance des pôles-territoires devrait-elle être évaluée suivant des critères consensuellement admis.
Assurément, de nouveaux outils devront voir le jour. Cette option de développement devrait s’adosser sur des outils de pilotage éprouvés similaires à ceux de la gestion de projets/programme. (manuel de procédures, de mise en œuvre des opérations, de gestion des ressources, de suivi-évaluation, de performance, de mesure des rendements, des outils de communication et de marketing territorial).
Un intéressant jeu territorial
Les nouvelles Autorités ont proposé plusieurs scénarii de développement. Celui territorial est assez explicite. A examiner les contours de l’ANT et des documents opérationnels, particulièrement l’objectif global, aucun doute n’est permis. Le jeu de la territorialisation démarre par une focalisation assez intéressante entre un droit au mieux-être et un besoin économique. Dès lors, il s’agit d’un face à face entre des « citoyens à satisfaire » engagés et une « souveraineté économique » à rechercher. Le cadre d’intervention de ce jeu territorial, serait porté par des « territoires responsabilisés » qui vont désormais accueillir la seule compétition proposée, c’est-à-dire « le développement endogène ».
En vérité, il s’agit d’amener les citoyens à se sentir à l’aise dans la mise en œuvre des politiques publiques. Cela inclut, au niveau des territoires responsabilisés, une libération des énergies, une autonomisation des terroirs et une implémentation d’une nouvelle citoyenneté, pourquoi pas, à travers la mise en place des budgets participatifs ou l’observatoire sur la citoyenneté et le civisme tels que prescrits par le référentiel du pays.
Nos ressources publiques d’abord
La mise en œuvre de cette compétition se base aussi sur une rupture. En lieu et place des prêts concessionnels, et autres formes de financement de nature à renchérir la dette publique et à grever notre déficit budgétaire, il est fortement recommandé de miser d’abord sur nos ressources publiques, avec une réorientation stratégique de la fonction budgétaire. Aussi, dans le jeu des parties prenantes, un nouvel acteur, le secteur privé occupe-t-il une place centrale. Là où les collectivités territoriales n’avaient pas pleinement exploité l’idée de collaborer avec le privé même si l’opportunité a toujours existé, il s’agit maintenant de se départir de toute frilosité et d’entrer en action dans un système de jeu offensif. Par exemple, la titrisation comme modalité financement des investissements pourrait être une innovation pour nos collectivités territoriales. C’est une modalité intéressante avec un allègement des charges du côté de la collectivité territoriale et une disponibilité des ressources dans l’immédiat.
Mais à vrai écrire, des réformes libératrices sont nécessaires et justement, elles ont été proposées. Cela inclut l’amélioration du cadre des affaires, la formalisation de l’économie, la lutte contre la corruption et la mise en place d’un régime fiscal incitatif.
Une instrumentation de la planification socio-économique et spatiale
Désormais, l’on devrait en finir avec les planifications approximatives. Les pôles-territoires, dans une démarche qualité, devront identifier leurs investissements structurants, avec en ligne de mire, un « delta rentabilité » positif. A ce niveau, une rupture doit être opérée. La planification ne va plus apparaître comme un instrument de prévisibilité seulement, mais plutôt comme un instrument de pilotage, et de guidance des choix des investissements structurants, mais surtout de mesure de performance. Ce sera un moment crucial dans la gouvernance des pôles-territoires.
Cette fois-ci, la planification se fera avec un nouvel ordre d’acteur, c’est à dire le secteur privé, en lui démontrant l’impératif d’une bonne et fine appropriation des enjeux et finalités de la territorialisation des politiques publiques. Cela lui facilitera, demain, l’établissement d’un choix motivé. Il s’en suivra naturellement une inversion de la charge de polarité de financement. Maintenant, c’est le territoire qui devrait inviter le niveau national, dans sa large diversité, à prendre part à l’identification, à la priorisation des investissements et surtout à leur financement. Toute la pertinence de l’ANT et de la SNT peut se lire dans la préconisation d’une co-collaboration dans l’élaboration des documents de planification des pôles territoires. C’est le premier niveau de maîtrise, par les territoires, des nouvelles options des plus Hautes Autorités.
Pour ce faire, il faudra préparer, ici et maintenant, les nouveaux outils de la planification (socio-économique et spatial) qui intègreront les objectifs de développement durable, misant essentiellement sur des investissements durables, résilients et (surtout) rentables pour le secteur privé.
Les compétences et le savoir-faire, moteurs de croissance du développement endogène
Dans l’objectif global poursuivi par la SND, il est noté une « viabilité et une compétitivité des territoires ». Le point d’attention réside ici dans l’établissement d’un lien étroit entre un bilan de compétences des acteurs territoriaux et la compétitivité des territoires. Dans l’absolu, seuls des acteurs territoriaux aux compétences variées et pointues, à l’ère de l’intelligence artificielle, seront à même de porter un conflit cognitif positif. Une spécialisation des compétences en fonction des pôles-territoires est à prévoir, avec l’établissement d’un plan de « compétence-pôle » très ciblé. Les compétences et les savoir-faire seront un levier de développement, et pour ne pas extrapoler, un des moteurs de croissance.
La tendance à la production des connaissances des acteurs des territoires (avec la parution d’ouvrages aux méthodes scientifiques rigoureuses, le positionnement des acteurs territoriaux dans les profils de poste au niveau national dans des structures appréciées), est très rassurante. C’est vrai, une hirondelle ne fait pas le printemps, mais il est annonciateur d’un message à décrypter. Il ne faut pas que cela constitue les rares arbres qui cachent la forêt. Non, il faut une massification des savoirs, des connaissances et des compétences, pour apporter de la valeur. Le nouvel ordre d’intervention sera dès lors le management par la valeur.
Des réformes, une réadaptation du cadre de la décentralisation
Le référentiel n’a pas ignoré les réformes. Autant les pratiques vont évoluer, autant elles se feront accompagnées de réformes. Celles-ci concernent, à la fois, la gouvernance territoriale, l’aménagement du territoire et les finances territoriales. Tout un vaste chantier, heureusement largement à la portée du ministère de l’Urbanisme, des collectivités territoriales et de l’Aménagement des Territoires. Sa technostructure est suffisamment organisée pour apporter des vraies réponses inclusives et durables aux défis persistants. C’est ce que reflète, la démarche méthodologique qui est certes prudente, mais qui sera progressivement évolutive et invariablement robuste, en fonction des thématiques, des contextes et des finalités.
L’idée d’avoir une porte d’entrée qui superpose les « thématiques » avec le croisement « des expériences » à l’avantage de mieux identifier « les pratiques clandestines », qui ont parasité, de manière exogène, l’action de la réforme de l’Acte 3 de la décentralisation. Dès lors, une catharsis nationale devra être provoquée pour mobiliser les Sénégalais autour du ministère en charge des collectivités territoriales, afin de gagner le défi territorial, un des plus stratégique. Les réformes portant sur le cadre de la décentralisation ainsi que les déclinaisons territoriales devront faciliter aux départements ministériels, un alignement et une prise en compte des options stratégiques en termes d’investissements autour des pôles-territoires. Mais il est à surveiller la cohérence des propositions en fonction des spécificités des pôles-territoires.
Des préconisations opérationnelles
La porte d’entrée « territoire » dans l’ANT et la SND est certes correcte, donc au bon endroit, mais il faut se doter de soupape de sécurité, pour avoir un « effet centrifuge » renforcé sur les pôles-territoires. Cela voudrait dire que l’Etat devra :
valoriser la centralité du ministère en charge des Collectivités territoriales, par une mobilisation des différents départements sectoriels en une contribution en données et informations techniques, pour qu’il trace, de manière collaborative, les sillons de la territorialisation des politiques publiques, en vue d’un positionnement du statut, du dispositif de gouvernance y compris les profils requis, des outils de gestion et de déploiement des pôles-territoires ;
aligner la planification des investissements des départements sectoriels en fonction de la cohérence des prévisions d’investissements des pôles-territoires et non le contraire ; ou à tout le moins donner la parole aux territoires pour qu’ils s’expriment durant la déclinaison sectorielle de l’ANT ;
renforcer les dispositifs déconcentrés par un reprofilage du personnel pour une proximité de l’ingénierie requise et la fonctionnalité des pôles-territoires ; cela inclut une approche stratégique pour une gestion prévisionnelle des effectifs et des carrières, avec l’introduction de bonus, pour les pôles territoires frontaliers ;
instruire au niveau des différents départements ministériels, en relation avec le ministère en charge des collectivités territoriales, l’impératif de travailler sur une approche de conduite de changement incluant une fine démarche de stratégie de communication ;
miser sur l’élaboration des schémas économiques des pôle-territoires en vue d’une définition de la stratégie de gestion des filières porteuses et des options de contractualisation avec le secteur privé, pour une pleine exploitation de toutes les potentialités existantes ;
promouvoir la labélisation des pôle-territoires, dans l’ancrage d’une marque territoriale spécifique et dédiée, ceci grâce à une stratégie marketing offensive ;
actionner la réflexion sur le financement endogène des pôle-territoires responsabilisés, pour créer leur autonomie et leur compétitivité voire performance en vue d’une souveraineté économique ;
innover en lançant une étude sur l’établissement du produit intérieur territorial (autour du pôle-territoire), pour mieux agréger vers le produit intérieur brut au niveau national ; Cela aura l’avantage de connaître la contribution, dans des domaines précis de chaque pôle-territoire, à la souveraineté économique du Sénégal.
Au total et au vu de ce qui précède, nous pouvons bien confirmer que l’approche territoriale, en guise de rupture, semble être, pour une fois, au bon endroit. Tout le reste n’est qu’un défi de mise en œuvre. Nous devons tous nous y engager. Territorialement Vôtre….
Par A. K. DIARRA
PASTEF, LE CHOIX RAISONNABLE
La victoire de Pastef aux législatives de ce 17 novembre est belle. Elle est vraiment belle et rassurante pour la vitrine démocratique sénégalaise. Et en même temps, elle clôture la séquence senghorienne de près de 64 ans.
La victoire de Pastef aux législatives de ce 17 novembre est belle. Elle est vraiment belle et rassurante pour la vitrine démocratique sénégalaise. Et en même temps, elle clôture la séquence senghorienne de près de 64 ans. Des indépendances à nos jours. Diomaye et Sonko ont envoyé à la retraite des hommes politiques cette séquence première de notre indépendance.
En attendant que les constitutionnalistes s’épanchent sur l’avènement d’une nouvelle République, arrêtons-nous pour tirer les leçons de ce 17 novembre 2024. Seulement osons le dire, il est arrivé à un certain moment de la campagne électorale que la violence et les invectives fassent redouter le pire. Avant, pendant et après le scrutin. Et ce qui était dramatique, les empoignades ne se faisaient pas autour des problèmes des Sénégalais, des programmes et des visions des têtes de files des coalitions.
Le discours était nauséabond et souvent des attaques en-dessous de la ceinture. Ce, avec un lot de violences qui faisaient peur. Ils étaient tout simplement devenus fous, brutes et lamentables. Sur cette approche, celui qui méritait un coup de sabot était véritablement le leader de la coalition Samm Sa Kadd, Barthélémy Dias. L’homme a raté complètement sa campagne en surfant sur une approche de délations, de dénigrement en direction du leader de Pastef Ousmane Sonko. Pourtant, Barth avait une coalition de rêve supervisée voire une équipe de prestige ayant à sa tête un mentor respectable en la personne de Khalifa Sall.
Et également des hommes et des femmes politiquement ambitieux à l’image de Bougane Guèye Dany, Cheikh Tidiane Youm du Pur, Anta Babacar Ngom et Pape Djibril Fall. Cette coalition avait des atouts pour prendre date avec les Sénégalais et l’histoire. Seulement en laissant Barth être l’Alpha et l’Oméga de ladite coalition, l’approche ne fut pas payante puisqu’à l’arrivée, la sanction du peuple est sans équivoque. Samm Sa Kaddu et surtout les deux coalitions de Takku WALLU du président Macky Sall et Jamm ak Njarin du Premier ministre Amadou Ba ont été sanctionnées par les électeurs du fait qu’elles sont essentiellement issues du pouvoir à la gestion non sobre et non vertueuse.
Toutes les autres coalitions n’ont même pas vu venir les violents vents de l’Ouragan Pastef. Et pendant ce temps ou mauvais temps, Ousmane Sonko s’est évertué à démontrer ce pourquoi les Sénégalais doivent leur donner la majorité absolue ou écrasante pour gouverner pendant cinq (05) ans un pays dans la stabilité démocratique. Le discours du leader de Pastef a été poignant, mais surtout efficace puisqu’il s’est focalisé, durant toute la campagne, à mettre à nu la prévarication des ressources et la dilapidation des deniers publics par l’ancien régime du président Macky Sall.
A chaque jour de campagne et à chaque étape de son convoi, des révélations sur l’ampleur du carnage financier perpétré par Macky et ses acolytes font déchirer les membranes des haut-parleurs mobiles de Pastef. A vrai dire, si demain la quasi-totalité de ces hommes et femmes de Macky Sall sont jetés en prison, personne ne crierait au scandale ! Ou à la chasse aux sorcières dès lors que l’opinion électorale était déjà bien édifiée. C’est de la mauvaise foi que d’y penser. Endossant en bandoulière le projet de « Vision 2050 », le président de Pastef n’a pas manqué, à chaque étape et localité visitée au cours de la campagne, de dévoiler sa vision du développement de la localité ou zone d’accueil. Une manière de rassurer les citoyens de la volonté de l’Etat de prendre en compte leurs préoccupations. Seulement une telle possibilité ne pouvait se faire que dans un environnement où Pastef avait la totalité des pouvoirs de décisions communales. D’ailleurs le président Ousmane Sonko n’a jamais cessé de le rappeler, la seule voie de triomphe de la rupture systémique prônée au soir de la victoire du 24 mars dernier de Bassirou Diomaye Faye est de se doter d’une majorité confortable à l’Assemblée nationale pour pouvoir mettre en place les réformes indispensables. Or à ce niveau, l’Assemblée nationale est incontournable. Un message qui a connu un écho favorable au soir du dimanche 17 novembre où les Sénégalais ont massivement voté Pastef. Et de fait, en donnant au projet Pastef la majorité requise. Un choix raisonnable parce que le contraire aurait étonné. Le peuple sénégalais est un peuple formidable et surtout cohérent globalement. Ousmane Sonko a eu alors droit, ce dimanche 17 novembre, à ce que les Sénégalais avaient offert autant à Me Wade lors des législatives de 2001 et à Macky Sall en 2012.
Pour la petite histoire, dans la foulée de la victoire d’Abdoulaye Wade à l’élection présidentielle de 2000, la coalition « Sopi » formée par son parti, le Parti démocratique sénégalais, l’avait emporté avec une large majorité. On parlait de « vague bleue », en référence à la couleur fétiche du Pape du Sopi. La coalition Sopi, soutenue par la Ligue démocratique, avait obtenu 89 députés pour une Assemblée nationale composée d’alors de 120 députés. Macky Sall avait bénéficié du même choix raisonnable du peuple sénégalais lors des législatives de 2012.
L’ancien président de la République avait aussi obtenu une majorité écrasante avec la coalition naissante de Benno Bokk Yakaar de 119 sur 150 députés. Macky Sall n’avait pratiquement laissé que des miettes à l’opposition (21 députés) incarnée par son prédécesseur Me Abdoulaye Wade qui contesta en vain ces résultats. La roue de l’histoire a tourné inexorablement alors ! Elle ne s’est jamais arrêtée. Mais d’une nouvelle espérance portée par des Sénégalais sur un homme, Ousmane Sonko, qui, finalement, qu’on le veuille ou non, est « un don de Dieu » pour un peuple désabusé par un système qui prend ses racines de nos indépendances senghoriennes à Macky Sall en passant par des étapes de Diouf et Me Wade.
En réalité, les victoires de mars et de novembre 2024, consacrent la mort de ce système politique traversant notre pays de nos indépendances à nos jours et qui n’a favorisé qu’un système des compradores accaparant depuis 64 ans les ressources de ce pays à leur seul profit et au profit de leurs descendances, sont dessouffles nouveaux de grande espérance. Parce que finalement, 64 ans de gouvernance des anciens régimes n’ont abouti depuis qu’à la stagnation du Sénégal dans les bas-fonds du développement et de la pauvreté.
Depuis 64 ans, ce système des compradores s’est surtout appuyé sur la transhumance faisant que d’un régime à un autre, on retrouve les mêmes élites dirigeantes qui parviennent encore à faire main basse sur les ressources du pays.
Le Projet Pastef a, dès son avènement, permis de mettre fin définitivement à ce système de grande prévarication. La rupture systémique prônée par Ousmane Sonko a vite trouvé un écho au sein de la population majoritairement jeune qui a définitivement perdu espoir à l’endroit de l’ancien système jusqu’à oser affronter le péril dangereux et mortel de l’émigration irrégulière. Ces jeunes ont perdu tout rêve d’un avenir meilleur au Sénégal.
Cette jeune génération et les Pastéfiens et leurs sympathisants, qui ont porté au pouvoir le duo Diomaye Faye/Ousmane Sonko pour une nouvelle espérance, permettent désormais à la nouvelle équipe de s’asseoir sur de très solides bases politiques et institutionnelles.
Désormais ayant toutes les cartes en mains, le duo n’a plus l’excuse d’avoir des mains liées. Il est attendu rapidement par une montée en puissance pour la prise en charge réelle des préoccupations des Sénégalais. Certes la gestion du pouvoir n’est pas facile surtout dans un contexte où il faut tout rebâtir sur un désastre financier, mais le peuple ne s’intéresse guère à ce qui est possible ou ce qui n’est pas possible. La seule préoccupation, c’est que les dirigeants puissent arriver à satisfaire ce quoi ils les ont été plébiscités en leur donnant la totalité du pouvoir. Alors la balle est désormais dans le camp du duo.
A. K. DIARRA
LES VÉRITÉS D'ALMAMY WANE
Le mérite de Pastef, c’est d’avoir réussi à convaincre les Sénégalais sur la possibilité d'un autre Sénégal. Le fait d’avoir réduit l’ancien, « Tout-Puissant » Macky Sall à une tête de liste en campagne sur son téléphone relève de l’exploit - ENTRETIEN
Alors que Donald Trump vient de retourner à la Maison Blanche et que les BRICSs’affirment de plus en plus comme une force alternative du sud global face à l’hégémonie occidentale, le Sénégal vote ce week-end pour les élections législatives déclenchées par le président de la République BassirouDiomaye Faye. Occasion de questionner un écrivain qui s’exprime peu. Il a arpenté les méandres de la Françafrique en compagnie de l’ancien Président de Survie François Xavier Verschave, plongé sa plumedans les convulsions politiques du Sénégal, Almamy Mamadou Wane s’est retiré un peu du monde médiatique après la parution de sa dernière poésie sociale : le secret des nuages paru en 2018. Roundup à tire d’aile d’une actualité dans un monde où comme l’effet papillon, tout est lié.
Kirinapost :Vous vous faites discret depuis un certain temps. Parfois les poètes gardent le silence ?
Almamy Mamadou Wane : J’ai observé avec joie, l’évolution de notre pays où l’humain, revient de plus en plus au centre du jeu politique malgré les soubresauts et les complots de toutes sortes. La poésie, est une « arme » contre les certitudes établies et elle permet de ramener le goût pour l’Homme c’est-à-dire un peu de lucidité dans un monde de la terreur. Nous avons connu la terreur au Sénégal sous Macky Sall.
Les cris de la jeunesse ont enfin été entendus. Une jeunesse, dont le courage et la détermination, ont permis le triomphe sur l’imposture et la servilité du dernier françafricain. Ce n’était pas un exploit intellectuel, mais un combat historique, avec ses martyrs, porté par une jeunesse décidée à changer son destin bridé, depuis les indépendances.
Kirinapost : Comment voyez-vous l’arrivée de Pastef au pouvoir justement ?
Almamy Mamadou Wane: C’est une chance pour le pays tant les hommes politiques qui se sont succédés au sommet de l’État, ont montré leurs limites dans la gestion des affaires du pays. En réalité, depuis l’alternance en 2000, des politiciens professionnels se sont illustrés par leur capacité à organiser la captation des ressources de l’État. On entre en politique pour s’enrichir et de façon plus pernicieuse pour rationaliser la pauvreté, sans oublier au passage d’enrichir toutes sortes d’investisseurs étrangers au mépris de nos lois et règlements, en toute impunité. Le duo Sonko-Diomaye, porte cette aspiration populaire pour plus de justice et surtout pour une autre façon de faire de la politique. Le mérite de Pastef et de ses dirigeants, c’est d’avoir réussi à convaincre les Sénégalais sur la possibilité de construire un autre Sénégal souverain et prospère où la bonne gestion des affaires publiques, ne serait pas une sorte de mirage électoraliste.
Kirinapost : Le parcours d’Ousmane Sonko mérite bien une cuisine non ?
Almamy Mamadou Wane : C’est un parcours hors-norme qui mérite une analyse profonde, car son ascension politique, coïncide avec l’éveil du peuple sénégalais et les fulgurantes mutations d’un monde devenu dangereux, à tout point de vue. De par sa posture politique, il rompt avec l’entre soi politique sénégalais, avec ses usages et ses fausses ambitions pour un Sénégal pour tous. On perçoit chez lui, un amour pour le pays et pour le peuple sénégalais.
Le fait d’avoir réduit l’ancien, « Tout-Puissant », président Macky Sall à une tête de liste qui fait campagne sur son téléphone, relève de l’exploit. La reddition des comptes a fait son effet. Sa stratégie pour permettre la victoire de Bassirou Diomaye Faye à l’élection présidentielle dont il était exclu, est un fait politique inédit. Le Premier ministre Ousmane Sonko, est aussi l’un des rares hommes politiques sénégalais à dénoncer ouvertement les relations asymétriques qui nous lient à l’Europe. Ce pan important, de notre longue errance économique et politique, était laissé jusqu’ici à des spécialistes et à quelques rares journalistes.
Kirinapost : Nous allons vers une recomposition politique. Comment la voyez-vous ?
Almamy Mamadou Wane : C’est une recomposition inexorable à ce stade. Elle tétanise les partisans de l’ancien régime et ses alliés. La violence qui en découle, constitue l’argument de certains politiciens professionnels qui occupent l’espace politique depuis longtemps sans changer le quotidien des Sénégalais. Les partis dans leur version classique, sont devenus au fil du temps les réservoirs d’un immobilisme qui se réfugie souvent dans la péroraison politicienne et qui accorde peu d’intérêt à l’électeur. Les élections législatives du 17 novembre, consacreront la fin de la recomposition politique qui a commencé en 2019. Deux camps distincts s’affrontent désormais, celui de la rupture systémique prônée par le duo Faye-Sonko et celui de l’immobilisme concussionnaire le plus rétrograde. L’avenir de la relation Sonko-Diomaye est intrinsèquement lié à la gestion bonne ou mauvaise des « victimes » de la recomposition politique. À mon sens, l’unité nationale dépendra aussi de la viabilité de la relation Sonko-Diomaye, car nous sommes dans une période difficile pour le pays. Les défaits de la recomposition politique ne manqueront pas de jouer la carte du « double guichet ». La rupture avec l’ancien système de prédation doit être totale. Il faut espérer, que la révolution citoyenne du 24 mars, avec l’élection du President Faye, soit complétée au soir du 17 novembre par une large victoire du camp des Patriotes.
Kirinapost :Avec feu François Xavier Verschave, vous avez écrit il y a près de 30 ans sur la gouvernance, la souveraineté et la Françafrique. Qu’est-ce qui fait que tout ça n’est audible que maintenant ?
AlmamyMamadouWane: Je pense qu’il fallait un temps de maturation, aussi, il n’y avait pas assez d’hommes politiques et d’intellectuels pour porter le combat. Certains ont considéré qu’il y avait plus de coups à prendre que de promotions.
Il est vrai que nous avions débattu longtemps de ces choses-là devant les tribunaux, car cela perturbait le « confort » de certains hommes politiques en France et en Afrique. C’était un discours révolutionnaire longtemps criminalisé. Nous avions semé des graines et le résultat est pour le moins intéressant et ce n’est qu’un début…
Kirinapost : L’avenir du Sénégal est dans la CEDEAO ou dans l’AES ?
Almamy Mamadou Wane : C’est une question à laquelle il est difficile de répondre. L’avenir du Sénégal est dans une Afrique unie et solidaire. Une Afrique qui regarde le monde avec lucidité, sans angélisme, sans complexe aucun et en toute connaissance de cause. Le Sénégal ne peut échapper à ses obligations historiques et géographiques. Il ne peut survivre artificiellement en feignant d’ignorer, les mutations en cours dans son environnement immédiat. Aujourd’hui, les relations internationales, se fondent sur des rapports de force de plus en plus aiguisés, avec une lourde tendance pour la guerre qui est redevenue, l’argument le plus usité. La diplomatie, semble figée au moment où les institutions internationales semblent disqualifiées. C’est un moment inquiétant et détonnant. Il faut souhaiter la réhabilitation du courage en politique au détriment du pessimisme largement partagé et entretenu par la terreur.
Kirinapost :Assiste-t-on à la fin de la francafrique ?
Almamy Mamadou Wane : Au fil du temps, elle a accumulé les défaites et cela va continuer.
Tout ce qui sera mis en oeuvre pour conduire les pays africains vers la bonne gouvernance, qui implique une gestion rationnelle des ressources naturelles et l’État de droit, contribuera de facto à l’empêcher de nuire. La françafrique, émanation du néocolonialisme, préfère toujours avoir à faire à une « élite » servile, souvent médiocre et non patriote qui montre sa capacité à organiser la mise en coupe réglée du continent. Le destin de la françafrique est, paradoxalement, entre les mains des Africains. Il appartient aux Africains, d’y mettre un terme. Ma conviction est que nous allons dans le bon sens et qu’il n’y aura pas plus de mise à jour du système d’exploitation …
Kirinpost : La victoire et le retour de Trump au pouvoir ? Cela vous inspire quoi ?
Almamy Mamadou Wane : Étrange monde dans lequel nous vivons. L’homme « décrié » a fini par l’emporter contre toute attente. À vrai dire, ce sont les citoyens américains qui ont choisi de le porter à la maison blanche par rapport à un programme bien déterminé. Il aura beaucoup de mal à recoller les morceaux dans un pays divisé et peut-être que cette mission difficile l’empêchera de faire la guerre ici ou là. Plus sérieusement, les fractures au sein de la société américaine, sont préoccupantes et les charmes d’un souverainisme étriqué, pourront, à moyen terme, avoir des conséquences économiques désastreuses dans le monde.
Kirinapost : Quid des BRICS qui s’affirment de plus en plus ?
Almamy Mamadou Wane : L’arrivée des BRICS, avec ses conséquences géopolitiques et géostratégiques, marque la fin d’un monde unipolaire. Cette période que nous vivons est aussi importante et décisive que celle qui a précédée la chute du mur de Berlin. C’est un moment aussi qui correspond à une volonté partagée d’émancipation sur le continent africain. Malgré tout cela, l’avenir semble incertain alors que nous vivons les conséquences désastreuses du passé.
Kirinapost : Nous sommes en pleine biennale. La culture est essentielle pour le renouveau africain
Almamy Mamadou Wane : La culture doit revenir au centre de nos politiques publiques. Le Sénégal a la particularité et la chance d’être à un niveau international qui ne correspond pas à sa capacité de production et d’échange. C’est par la culture, cette autre richesse naturelle, que l’Afrique pourra retrouver son chemin afin de contribuer à ré-humaniser le monde. C’est à sa portée car malgré les multiples agressions anciennes et contemporaines, l’Afrique a su faire preuve de résilience et de courage en arborant une arrogante jeunesse…
Par Kaccoor Bi - Le Temoin
LA POLITIQUE AUTREMENT
C’est à croire qu’il s’agissait d’un concours de superlatifs. A la différence des titres dithyrambiques de la presse écrite du lundi, des confrères étaient méconnaissables le jour du scrutin à la proclamation des résultats.
C’est à croire qu’il s’agissait d’un concours de superlatifs. A la différence des titres dithyrambiques de la presse écrite du lundi, des confrères étaient méconnaissables le jour du scrutin à la proclamation des résultats.
Ce n’était plus des journalistes sur un plateau, mais des « opposants » que le verdict des urnes avait subitement rendu affligeants. Peu glorieux pour la corporation ! Sur leur plateau où ils refaisaient les élections selon leurs propres grilles de lecture surannées, on sentait une rancune tenace envers une personne. Le même ressentiment qui consume le cœur de néo-opposants, vite rappelés à la réalité pour montrer leur insignifiance politique.
A ces néo-opposants, pendant que leur principal adversaire parlait des réalités du pays, eux, ils étaient là ergotés sur celui qu’ils ne veulent même pas voir en peinture avec souvent des attaques en dessous de la ceinture. Une haine qui pourrait bientôt les achever. Le même procédé depuis qu’Oscar Sierra a étrenné son costume de Premier ministre.
Cent jours après la passation du pouvoir entre l’ex- Chef et l’actuel, les arguments politiques ne se résumaient plus à une confrontation programmatique ou idéologique, mais à celui qui ferait le plus mal. La scène politique de ce charmant pays nous parait ainsi bien sordide avec des hommes qui s’engoncent dans une puérile et décevante irrévérence.
Galsen est loin de cette image qui lui conférait une terre de liberté où il fait bon vivre et où la démocratie est arrosée, irriguée par des idées et non par la force et la violence des arguments. Ce qui apparait comme un recul. L’image dégradante que certains médias présentent est à gommer. On offre une tribune à des personnes dont le seul raisonnement est de proférer des idioties. L’insulte à la bouche, ils mentent et dénigrent en se prévalant d’une liberté de presse.
Des réputations sont ainsi ternies par d’autoproclamés chroniqueurs qui pullulent dans nos médias locaux et qui sont pour la plupart d’une grande vacuité intellectuelle. Les vrais intellectuels qui auraient dû montrer le bon exemple, ne font pas mieux. Dans leurs écrits comme dans leurs paroles suintent une violence verbale et une diabolisations à outrance qui ne font pas honneur à leur statut. Des images peu reluisantes à effacer. Rapidement ! Nos enfants nous regardent.
UN ENJEU CRUCIAL POUR LA PAIX DU MONDE
La paisible cité de Cadenabbia, aux pieds des collines et lacs verdoyants, dans le Nord de Milan, en Italie, abrite depuis hier, lundi 18 novembre 2024, la conférence internationale des experts sur la Résolution de la crise dans les pays du Sahel.
La paisible cité de Cadenabbia, aux pieds des collines et lacs verdoyants, dans le Nord de Milan, en Italie, abrite depuis hier, lundi 18 novembre 2024, la conférence internationale des experts sur la Résolution de la crise dans les pays du Sahel. C’est une initiative du Bureau de Berlin, en Allemagne, de la fondation Konrad Adenauer, dans la perspective de créer un carrefour d’échanges des experts sur les axes majeurs de sortie de crise. Les enjeux et défis sont immenses et l’urgence d’une synergie des interventions est requise pour bâtir durablement la paix et la stabilité dans cette région située entre l’Afrique au Sud, le Sahara et le Maghreb.
Cette conférence, ouverte hier lundi et ce pour trois jours, à Cadenabbia dans le Nord de Milan, en Italie, regroupe les experts de différents rangs sur la recherche de solution à la crise qui secoue avec fracas les pays du Sahel. L’initiative porte les empreintes du Bureau de Berlin de la fondation Konrad Adenauer et vise à créer un carrefour d’échange sur les problématiques majeures qui affectent cette région du Nord de l’Afrique. Il s’agit entre autres de l’insécurité quasi permanente sur fond d’attaques djihadistes, des questions de gouvernance, de l’impact des changements climatiques, de l’aide humanitaire aux populations de plus en plus vulnérables, de la politique migratoire et de la paix dans un contexte géopolitique mondiale en constante mutation.
Et malgré les efforts des Nations Unies (ONU), de l’Union européenne (UE), de la Communauté des Etant de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et d’autres instances notamment le G5 Sahel (Burkina Faso, Mauritanie, Niger, Mali et le Tchad, à l’origine), la situation reste préoccupante sur le terrain. L’approche de cette conférence est de porter le regard sur les besoins fonctionnels des populations de cette communauté des Etats du Sahel, en termes d’investissements structurants, de bonne gouvernance politique, sociale et économique, de la valorisation du potentiel local pour freiner la migration irrégulière et de stabilité sous régionale.
Au cours des échanges, il est plusieurs fois apparu l’influence des puissances étrangères sur fond de repositionnement notamment la Russie et la Chine, face au coup de froid qui caractérise les relations France/Afrique.
Les conclusions de cette conférence aideront sans doute les décideurs à mutualiser leurs efforts dans le sillage de la reconstruction de ces Etats du Sahel, aussi bien leurs institutions de gouvernance que les infrastructures. Ce qui, assurément, accompagnera ces communautés à retrouver l’espoir, celui d’une vie meilleure sur une terre qui les a vus naître mais, aujourd’hui, sous le contrôle des groupes armés, dans des Etats fragilisés par des coups de force (avec des régimes militaires) et sans perspective immédiate de retour à l’ordre constitutionnel.
UNE GESTION STRICTE ET RIGOUREUSE DES FINANCES PUBLIQUES S’IMPOSE...
Selon Arona Coumba Ndoffene Diouf, chercheur et consultant sur l'économie sénégalaise, Le passif financier hérité des régimes précédents est un lourd fardeau pour l’administration de Bassirou Diomaye Diakhar Faye
Par Jean-Pierre MALOU et Sidi Badji (photographe) |
Publication 19/11/2024
Le passif financier hérité des régimes précédents est un lourd fardeau pour l’administration du président Bassirou Diomaye Diakhar Faye. L’État sénégalais devra honorer des échéances financières d’un montant de 1 200 milliards de FCA, un compte qui grimpera à 3 500 milliards de FCFA en 2025. Ce poids découle des gestions financières de toutes les administrations passées, de Senghor à Macky Sall. Néanmoins, cette situation, bien que préoccupante, reste réversible, à condition que les autorités adoptent une approche rigoureuse, axée sur la transparence budgétaire, une gestion exemplaire des fonds publics et une réduction significative des dépenses publiques.
Les nouvelles autorités ont entrepris un audit des finances publiques. Elles disent avoir relevé de graves irrégularités, selon un rapport de l’Inspection Générale des Finances (IGF). Quel commentaire pouvez-vous en faire ?
Je tiens à remercier les auteurs de m’offrir l’opportunité de m’exprimer sur des enjeux cruciaux pour notre pays. Il convient de rappeler qu’une résolution de l’UEMOA impose à tout nouveau régime de présenter un état des comptes publics dans les trois mois suivant son installation. Bien que ce délai ait été dépassé – les résultats ayant été publiés après six mois – cette situation demeure compréhensible dans un contexte marqué par la complexité de la gestion financière du Sénégal. Les résultats des audits devront encore être soumis à la Cour des comptes pour vérification et validation avant leur publication officielle.
Le Premier ministre, Ousmane Sonko, a déclaré qu’un montant substantiel de fonds était entré dans le pays sous le précédent régime, sans traçabilité. Que pensez-vous de ces accusations ?
Les propos du Premier ministre dressent un tableau alarmant de l’état des finances publiques. Il a révélé que des fonds d’une valeur de 1 800 milliards de FCFA auraient été injectés dans l’économie sans qu’aucune traçabilité ne puisse en être établie. Une telle opacité est extrêmement préoccupante. Le gouvernement doit impérativement fournir des explications claires à la population sénégalaise quant à la provenance et à l’utilisation de ces fonds. De plus, il a été signalé que 651 milliards de FCFA ont été dépensés sous forme de factures non justifiées, sans que les biens acquis ou services faits ne soient identifiés. Si ces dépenses n’ont pas fait l’objet d’un contrôle adéquat par les organes compétents, cela pourrait constituer une faute grave imputable à la précédente administration.
Cette déclaration a suscité des réactions, n’est-ce pas ?
Effectivement, ces audits, menés en conformité avec les recommandations de l’UEMOA, ont provoqué des réactions diverses, notamment parmi les partenaires financiers tels que le FMI et la Banque mondiale. Ces institutions ont salué cette initiative de transparence, et la Banque mondiale a même exprimé sa volonté d’appuyer le nouveau gouvernement une fois les audits validés par la Cour des comptes. Une telle transparence envoie un signal encourageant aux bailleurs de fonds et pourrait renforcer la crédibilité du Sénégal sur la scène internationale.
Cependant, la note financière du Sénégal a baissé. Pourquoi ?
Cette dégradation s’explique principalement par le passif laissé par le régime précédent. Il a été dit que la dette publique réelle atteignait 16 000 milliards de FCFA, soit bien plus que les 13 000 milliards officiellement annoncés. En plus, que le déficit budgétaire réel s’élève à 10 %, contre 5 % déclarés auparavant. De telles manipulations ont gravement faussé la perception de la santé économique du pays.
Qu’est-ce qui pourrait justifier de telles falsifications ?
Plusieurs facteurs peuvent expliquer ces irrégularités. Dès 2020, le Sénégal s’approchait de la limite d’endettement fixée par l’UEMOA à 70 % du PIB, seuil officiellement dépassé en 2021. Le régime sortant aurait pu être tenté de dissimuler la gravité de la situation pour continuer à accéder aux financements internationaux. Les bailleurs de fonds, rassurés par des chiffres artificiellement réduits, n’avaient alors aucune raison d’exiger des garanties supplémentaires.
Pourtant, le FMI ne peut-il pas vérifier la véracité des comptes publics ?
En théorie, les institutions financières internationales, y compris le FMI, ne disposent pas d’un pouvoir d’ingérence dans les comptes souverains des États. Elles se fondent sur les données fournies par les gouvernements locaux, carle Sénégal, en tant qu’État souverain, n’est pas tenu de soumettre ses comptes à un audit externe obligatoire par ces organismes.
Le nouveau référentiel économique est présenté comme prometteur.En quoi diffère-t-il des précédents ?
Ce référentiel met l’accent sur un développement endogène en plaçant le capital humain au cœur des priorités. Il vise à soutenir les populations les plus vulnérables, notamment les agriculteurs, les pêcheurs et les artisans, pour bâtir une base économique solide et inclusive. Inspiré des réussites des « quatre dragons » asiatiques (Taïwan, Singapour, Corée du Sud et Hong Kong), il ambitionne de favoriser un développement durable et équitable.
Pensez-vous que ce référentiel est porteur d’espoir pour le Sénégal ?
En théorie, ce référentiel constitue une véritable opportunité pour sortir le pays du cercle vicieux de la pauvreté. Cependant, la réussite de cette initiative dépendra largement de la qualité des institutions et de l’engagement des responsables politiques, car c’est dans la mise en œuvre que réside le véritable défi.
Quelle stratégie le régime actuel devrait-il adopter pour remédier à l’endettement croissant ?
Il est impératif de renforcer l’efficience dans la mobilisation des recettes fiscales et non fiscales. Par exemple, de nombreuses entreprises continuent de bénéficier d’exonérations fiscales injustifiées, tandis que d’autres échappent à leurs obligations fiscales. En parallèle, l’exploitation pétrolière amorcée en juin dernier, avec une production initiale de 8,7 millions de barils, pourrait générer des revenus substantiels pour le budget national. D’ici 2025, une production quotidienne d’un million de barils est attendue. Ces ressources, intégrées à une réforme fiscale rigoureuse, pourraient significativement renforcer les finances publiques.
La situation est-elle réversible ?
Absolument. Bien que préoccupante, cette situation peut être redressée à condition que les autorités adoptent une gestion transparente et rigoureuse des finances publiques. Cela passe notamment par une réduction drastique des dépenses inutiles, telles que les déplacements coûteux ou les cortèges ministériels excessifs. Une rationalisation de ces pratiques permettrait de réaliser des économies significatives, tout en renforçant la productivité gouvernementale.
Avec les récentes visites diplomatiques du chef de l’Etat Bassirou Diomaye Diakhar Faye en Chine, en Arabie saoudite et en Turquie, peut-on s’attendre à des retombées concrètes ?
Bien que ces déplacements aient permis d’esquisser des projets d’accords prometteurs, ceux-ci restent, pour l’heure, essentiellement des engagements de principe. Une gestion stricte et rigoureuse des finances publiques s’impose donc pour optimiser les retombées éventuelles. Chaque franc économisé devra contribuer à réduire la dépendance à l’égard de l’endettement, un héritage accablant laissé par les précédents régimes.
Le retour de Donald Trump au pouvoir constitue-t-il un sujet d’inquiétude ?
À mon sens, il n’y a pas lieu de nourrir d’inquiétudes excessives. Contrairement à certaines appréhensions exprimées, ce retour pourrait même comporter des aspects bénéfiques. Lors de son premier mandat, Donald Trump a démontré une capacité à réduire l’inflation et à stimuler la croissance économique des États-Unis. L’histoire politique américaine révèle un cycle récurrent : les administrations démocrates, par leurs politiques fiscales, tendent à augmenter les taxes pour renforcer les réserves fédérales, mais ces charges, devenues trop lourdes pour les citoyens, ouvrent souvent la voie à une alternance républicaine, prônant une gestion plus libérale et une augmentation des dépenses publiques. Par ailleurs, durant son précédent mandat, Donald Trump a fait preuve d’une audace remarquable, notamment face à la crise de la COVID-19. Il a mis en place des mesures ambitieuses telles que la distribution d’aides substantielles aux ménages américains et un soutien massif aux entreprises. Ces initiatives ont largement contribué à stabiliser l’économie américaine en dépit des bouleversements engendrés par la pandémie.
ON N’A PAS DE RAISON DE PENSER A UN AUTRE COACH
Kalioub Koulibaly , capitaine des lions, parle de l’équipe nationale de football du Sénégal
Quel est l’état d’esprit du groupe avant ce match contre le Burundi ?
L’état d’esprit est vraiment impeccable. Tout le monde est motivé pour ce match. On a à cœur de bien finir l’année civile dans notre stade. On sait qu’on a eu quelques difficultés sur les derniers matchs, on a réussi à faire un gros match ici contre le Malawi, on va démontrer qu’on est capable de bien finir en beauté. Tous les joueurs sont des compétiteurs. Je pense qu’ils sont prêts à jouer ce match pour le gagner. Même si on est assuré d’être premier, on veut finir dans les meilleures conditions possibles. On veut gagner ce match qui nous permettra de bien finir cette année civile et que tous les Sénégalais soient prêts pour l’année à venir.
Il a fallu un grand Edouard Mendy pour gagner contre le Burkina Faso. Est-ce un motif pour remettre en cause la solidité défensive de l’équipe ?
On cherche toujours à être défensivement le meilleur possible et le plus applicable afin de prendre le moins de buts possible. Le foot est très difficile, et sur ce match contre le Burkina Faso, Edouard Mendy a fait une grosse prestation, il nous a sorti cinq arrêts décisifs. Ça fait plaisir, surtout pour lui. Personnellement, je n’ai jamais douté de lui. Les gens ont peut-être commencé à dire qu’on a retrouvé le Édouard Mendy de Chelsea, mais cet Edouard Mendy n’est jamais parti, il a toujours été là. Il y a eu certains matchs où il a été un peu moins sollicité, c’est pourquoi on ne voit pas son talent. Mais contre le Burkina Faso, il nous a sauvés. On peut le remercier, mais il fait partie de notre équipe. Défensivement, il nous a aidés à être solides. Peut-être qu’il y a des imperfections sur la ligne défensive, mais on est en train de travailler sur ça. Le plus important et qu’on est sorti de ce match contre le Burkina Faso avec un clean-sheet. On était tous heureux et contents. On est une équipe, il n’y a pas d’individualité. On essaie tous de se mettre au service de l’équipe. C’est vrai qu’il y a certains matchs où les individualités nous permettent d’arriver à nos objectifs, et c’était le cas face au Burkina Faso. On fera de mieux en mieux pour retrouver cette solidité défensive. Je pense même qu’on la retrouver parce qu’on l’a démontré sur les trois derniers matchs où on a pris zéro but. Ça veut dire que la ligne directrice est déjà là. Et il y a aussi un manque d’efficacité sur les coups de pied arrêtés C’est vrai qu’on obtient beaucoup de coup de pieds arrêté ces derniers moments, mais on n’arrive pas à être assez efficace, moi le premier parce que je n’ai marqué qu’un but en sélection. Mais on y travaille et il faut toujours y croire. Le premier pas pour aller marquer des buts, c’est de croire qu’on est capable de marquer sur des coups de pieds arrêter. Je pense que ça fait longtemps qu’on n’a pas marqué dans ce registre. Il faut qu’on travaille sur ça et que les défenseurs arrivent à débloquer les matchs. Dès fois quand on parle d’inefficacité, on ne parle que des attaquants mais les défenseurs en font partie aussi. Si on n’arrive pas à toucher la balle et à concrétiser nos balles arrêtées, c’est aussi de notre faute à nous, les défenseurs. On va continuer à travailler dessus, à trouver les bonnes combinaisons et les bonnes zones pour pouvoir marquer ces buts qui peuvent délivrer les matchs quelques fois.
Quel bilan pouvez-vous nous faire sur ces qualifications?
Ça se passe bien. On a encore un dernier match, on espère finir par une victoire. Le match nul contre le Burkina nous a directement réveillé, on sait que tous que les matchs en Afrique sont très difficiles, il faut être fort mentalement et physiquement et avoir un état d’esprit irréprochable pour pouvoir gagner les matchs. Depuis que je suis en sélection, on a pas connu de défaites en éliminatoires de la CAN, on a toujours été solide, on arrive à se qualifier avant les deux ou trois dernières journées. Aujourd’hui on voit beaucoup de surprises, beaucoup de nations qui ne vont pas participer. On a conscience qu’on ne veut pas faire partie de ces nations qui perdent des matchs pour qu’on arrive à gagner des places sur le classement FIFA. On a des objectifs qui sont clairs. Si on veut montrer que le Sénégal est une grande nation d’Afrique et du monde, ça se passe par les qualifications. Pour le moment, ça se passe bien parce qu’on arrive aussi à gagner à l’extérieur. C’est très difficile de gagner à l’extérieur en Afrique mais on arrive à le faire. J’espère qu’on finira bien contre le Burundi pour finir sur une note positive et continuer sur les qualifications pour la Coupe du Monde.
Comment trouvez-vous le travail de l’actuel sélectionneur ?
En tant que capitaine de la sélection, c’était un moment difficile quand on a décidé de se séparer d’Aliou Cissé, mais nous sommes des soldats de la nation. Nous sommes à la disposition de l’Equipe nationale et du peuple. Comme on a décidé de mettre Pape Thiaw, tout le monde doit se mettre à sa disposition. Ce n’est pas un coach intérimaire, c’est un coach tout simplement et on est à la disposition de tout ce qu’il veut. On a tous parlé avec lui. On sait ce qu’il veut pour nous, il n’y a pas de différence entre un coach intérimaire ou principal, on doit être tous d’accord que c’est lui qui est notre coach pour l’instant. Et s’il doit y avoir un changement, ce sont les instances qui en décideront. On met tous les dispositifs pour écouter ses conseils. Pour le moment, ça marche bien. On a eu trois matchs et trois victoires avec lui, et j’espère que ça va continuer contre le Burundi et dans le futur. On n’a pas de raison de penser à un autre coach. On a seulement le droit de continuer à travailler pour le peuple sénégalais qui nous regarde. Je pense que les Sénégalais méritent des victoires sur leur terrain, et, pour le moment, ça se passe super bien. C’est super créatif à l’entraînement et les joueurs sont vraiment motivés. On est en train de le montrer sur le terrain. Mais ce n’est pas à nous de décider. On sera à la disposition de l’Etat. En tout cas, pour le moment, on est tous derrière Pape Thiaw et on sera derrière lui jusqu’à la fin.
TERMINER EN BEAUTE
Déjà qualifié pour la phase finale de la CAN 2025, le Sénégal aborde ce mardi au stade Abdoulaye Wade, le Burundi à 19h dans le cadre de la 6e et dernière journée des qualifications.
Déjà qualifié pour la phase finale de la CAN 2025, le Sénégal aborde ce mardi au stade Abdoulaye Wade, le Burundi dans le cadre de la 6e et dernière journée des qualifications. Assurés désormais de terminer à la première place du groupe L, après le second revers concédé par le Burkina Faso face au Malawi (3-0) hier, lundi 18 novembre 2024, à Lilongwe, les Lions joueront sans pression. Mais ces retrouvailles avec le public seront une occasion pour l’équipe de Pape Thiaw de préserver son invincibilité et de terminer en beauté avec une belle communion avec le public.
Le Sénégal retrouve ce mardi 19 novembre son public du stade Abdoulaye Wade, pour jouer contre le Burundi, son dernier match des qualifications de la CAN 2025. Après avoir décroché, avant terme, la qualification et de s’emparer la première place du groupe L, les Lions seront sans pression à l’heure d’affronter leurs derniers adversaires de la poule L. L’équipe du Sénégal n’en jouera pas moins à fond cette ultime rencontre. Une manière de garder son invincibilité et surtout d’engranger plus de confiance en vue des prochaines échéances, notamment la CAN marocaine et les qualifications du Mondial 2026 qui reprennent en mars 2025. Dans cet élan, le sélectionneur Pape Thiaw aura aussi une bonne opportunité d’avoir plus de certitudes sur son groupe qu’il a hérité depuis le mois d’octobre.
Il s’agira d’abord d’affiner ses options tactiques en attendant le choix des joueurs qui seront retenus pour les phases finales de la CAN qui s’approchent à brefs délais. A titre personnel, l’intérimaire Pape Thiaw prendra le pari de terminer le job et conserver et prouver qu’il a les capacités requises pour diriger l’équipe du Sénégal. Le résultat positif sera tout aussi précieux pour la bande à Kalidou Koulibaly qui aura à cœur de préserver son invincibilité dans ces éliminatoires avec une quatrième victoire de rang. Ce qui aura sans doute une incidence au classement Fifa et sur le choix des chapeaux du prochain tirage au sort du rendez-vous continental.
Ces retrouvailles avec les Burundais ne sera toutefois pas une simple partie de plaisir. Lors de la manche aller Sadio Mané ont déjà pris la mesure de l’adversaire. Les Lions ont dû s’arracher pour venir à bout de cette accrocheuse formation lors de la 2e journée du groupe L des éliminatoires. Il faut noter que la Fédération Burundaise de football avait crié scandale et contesté la victoire du Sénégal (0-1). Elle n’avait pas hésité à déposer une plainte pour réprouver la décision de l’arbitre égyptien de siffler le penalty. Elle estimait qu’aucun contact n’a eu entre Aruna Mussa et Sadio Mané. Quoiqu’il en soit, cette rencontre aura des allures de communion entre les supporters qui voudront assister son équipe terminer en beauté en attendant la campagne au royaume chérifien.
Il faut rappeler qu’après une demande de la Fédération sénégalaise de football auprès de la Confédération africaine de football., cette rencontre, initialement prévue le 17 novembre, a été décalé d’un jour compte tenu des élections législatives afin d'assurer de bonnes conditions de sécurité.
L’INÉLUCTABLE RECOMPOSITION
Derrière la victoire écrasante de Pastef se dessine un paysage partisan plus complexe qu'il n'y paraît. Les vieux clivages ressurgissent tandis que de nouveaux enjeux émergent. Un changement profond qui redéfinit les règles du jeu démocratique
Les Commissions départementales de recensement des votes présentes au sein des six Cours d’appel que compte notre pays livreront ce mardi, au plus tard à minuit, les résultats provisoires des législatives anticipées de dimanche dernier. Si ces résultats confirment les lourdes tendances d’hier, qui donnent la liste du parti au pouvoir, Pastef, largement vainqueur, l’espace politique sénégalais est parti pour connaitre une nouvelle reconfiguration.
Tous les regards sont tournés vers les différentes commissions départementales de recensement des votes. Elles sont hébergées dans les six Cours d’appel que compte notre pays. Il revient à ces commissions départementales de recensement la prérogative, conformément aux dispositions de l’article 88 du Code électoral, de procéder à la publication des résultats provisoires de chaque département. Cela est prévu aujourd’hui, mardi 18 novembre à minuit au plus tard. En attendant ces chiffres officiels mais encore provisoires, l’enseignement que l’on pourrait tirer des différentes tendances qui donnent à la liste du parti au pouvoir, Pastef largement vainqueur, est que ces premières législatives anticipées de l’histoire politique du Sénégal sont parties pour jeter les bases d’une nouvelle configuration de l’espace politique sénégalais.
En effet, les résultats provisoires sortis des urnes ont permis de spécifier le poids électoral réel de certains acteurs politiques, de leurs partis ou de leurs coalitions de partis, notamment ceux de la nouvelle opposition. Réunis autour des coalitions, tous les principaux leaders de l’opposition ont subi la razzia de la liste du parti au pouvoir dirigée par l’actuel Premier ministre, Ousmane Sonko. Que ce soit la coalition dirigée par l’ancien président de la République, celle de l’ancien Premier ministre, Amadou Ba, dans le gouvernement du Président Macky Sall, la liste Sénégal Kesse de Thierno Alassane Sall ou encore celle de l’actuel maire de Dakar, Barthelemy Dias qui a fait coalition avec le leader du mouvement « Geum sa Bopp », Bougane Gueye Dany, toutes ont été battues par Pastef et son chef de file, Ousmane Sonko. Même l’avertissement qu’avait lancé l’ancien chef de l’Etat, Macky Sall qui avait justifié sa participation par son souci de créer une « mobilisation visant à enrayerles dangers qui s’accumulent sur le pays » n’a pas résisté à la rafle de Pastef. Cependant, le Fouta a fait de la résistance, où il a remporté selon les premières tendances 3 départements (Matam, Kanel Ranérou Ferlo). A ceux-là, il faut rajouter le département de Goudiry (région de Tambacounda) et et l’Afrique du centre, un département de la Diaspora. Pastef est donné vainqueur dans 40 départements sur les 46 nationaux et 7 des 8 circonscriptions électorales que compte le Sénégal à l’étranger.
Quant à Amadou Ba considéré jusqu’ici, comme étant chef de l’opposition du fait sa deuxième place obtenue à l’issue de l’élection présidentielle du 24 mars dernier (35.79%) , derrière l’actuel chef de l’Etat, Bassirou Diomaye Faye (54%), il risque de voir son statut être impacté par cette reconfiguration de l’espace politique qui se dessine. Sa coalition « Diam Ak Njarin » n’a remporté qu’un seul département : celui de Podor selon les tendances.
L’actuel maire de Dakar, Barthelemy Dias, dont on dit qu’il veut prendre Dakar comme ascenseur pour aller à la conquête du pays lors de la prochaine élection présidentielle, a été battu dans son propre bureau de vote. Sa liste, Samm sa kaddu a été battue dans tous les départements y compris celui de Dakar. Si les tendances actuelles sont confirmées par les différentes commissions de recensement des votes puis par la commission nationale, Barthelemy Dias et ses coalisés de Samm sa kaddu ne seront crédités que de 5 députés.
La campagne électorale et les résultats provisoires de ces élections législatives anticipées, ont révélé un nouveau système partisan, beaucoup plus fragmenté et polarisé, qui ont réactivé parfois d’anciens clivages ou portant sur de nouveaux enjeux. Le taux d’abstention non négligeable est également une donnée à étudier qui est peut-être en corrélation avec les nombreuses incertitudes liées à la recomposition du paysage politique. Le changement d’époque est cependant à portée de main.
LE COSCE PRECONISE L’ABROGATION DES DISPOSITIONS DE L’ARTICLE L29
Le Collectif des organisations de la société civile pour les élections (COSCE) recommande la suppression de la dispositions des articles 29 et 30 instaurant une déchéance des droits civiques des personnes condamnées à une peine de prison excédant 5 ans
Le Collectif des organisations de la société civile pour les élections demande la suppression des dispositions qui instaurent une sorte de déchéance des droits civiques des personnes condamnées à une peine de prison excédant 5 ans. Le COSCE formulait cette recommandation hier, lundi 18 novembre, à l’occasion d’une conférence portant sur le partage des résultats de son observation des élections législatives anticipées du 17 novembre 2024.
Le Collectif des organisations de la société civile pour les élections (COSCE) recommande la suppression de la dispositions des articles 29 et 30 qui instaurent une sorte de déchéance des droits civiques des personnes condamnées à une peine de prison excédant 5 ans. Pr Babacar Guèye, chef de mission, déclarera : « Nous préconisons qu’on abroge ces dispositions là, pour que ceux qui perdent leurs droits civiques les perdent parce que c’est à la suite d’une décision du juge qu’ils ont perdu leurs droits civiques. Il faut que la perte des droits civiques proviennent d’une décision d’un juge et non d’une décision administrative. »
Outre l’abrogation de ces dispositions, la mission d’observation tenant compte également des difficultés notées à l’issue de ces élections législatives, avec la pléthore de listes, propose l’instauration du bulletin unique. Cela permettrait, d’après son chef le Pr Guèye, « de faire des économies d’échelle, de lutter contre les achats des consciences et d’avoir une élection beaucoup plus crédible », a-t-il estimé, espérant tout de même que cette vieille doléance sera cette fois-ci prise en compte par les nouvelles autorités.
Dans le même sillage, le COSCE recommande l’inscription automatique des jeunes qui accèdent à l’âge de voter. De l’avis du chef du collectif, « Il faudrait qu’on arrive à un système d’inscription automatique. Dès que vous avez 18 ans, vous bénéficiez de vos droits civiques, vous êtes automatiquement inscrit. » Pour ce qui est du scrutin du dimanche 17 novembre, le COSCE indique de manière globale que le vote s’est bien déroulé à part quelques incidents isolés notés. Selon Pr Babacar Guèye, « le vote a démarré à l’heure dans 52% des bureaux de vote. » Par contre, M. Guèye n’a pas manqué d’occulter certains couacs qui font que des bureaux ont connu un léger retard d’ouverture, en raison du temps nécessaire pour aménager les bureaux, compte tenu du nombre élevé de bulletins. Le COSCE a fait noter également quelques incidents isolés comme un cas de corruption politique signalé à Dakar et à Diourbel où un mandataire a souligné l’absence de bulletins de vote de sa coalition, entrainant ainsi une suspension temporaire du processus.