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Par Mathiam THIAM

LANGUES NATIONALES ET FRANÇAIS : QUELLE COHABITATION ?

Evitons les enfermements stériles pour dégager des espaces d’altérité cognitive fécondante auxquels nous convie Goethe dans cette diatribe: «Celui qui ne connaît pas les langues étrangères ne connaît rien de sa propre langue.»

Bés Bi le Jour  |   Mathiam THIAM  |   Publication 03/04/2024

Cher Docteur Mbacké Diagne

Permets à ton professeur d’hier, et non moins collègue Inspecteur Général aujourd’hui, de te porter la contradiction par le biais de ton post Facebook sur le projet Pastef et langues.

Tu as parfaitement raison sur la subtilité de la nuance entre des enseignements bi-langue et bilingue, celui-ci étant plus complexe que celuilà. Enseigner en Anglais est différent d’enseigner l’Anglais parallèlement avec une autre langue. Cette concession faite, attaquons le vif du sujet en ce qui concerne le français qui, semble-t-il, «sème tous les germes d’échec pour nos apprenants … langue étrangère et à culture exogène» (sic). J’attribue cette assertion aussi imprécatoire qu’abusive, à une dérive de la plume impulsée par une confusion conceptuelle entre le français langue de communication internationale et le français langue du colonisateur français. Ce Français porteur de «germes d’échecs» que tu voues aux gémonies ne saurait s’appliquer, ni à moi ni à toi qui as brillamment fait tes études jusqu’au doctorat en français bien châtié. Qu’est ce qui a changé ? Toi et moi sommes des anglicistes qui manions le français avec bonheur parce que nous avons été éduqués par des instituteurs très bien formés, ni en six mois, ni recrutés expéditivement par des politiciens en quête de popularité. Dans ces conditions, si vous injectez 5000 enseignants dans le système éducatif, sans compter les dégâts incommensurables infligés vingt-cinq ans auparavant à l’école par les Volontaires, Contractuels et «Ailes de dindes» de l’ajustement structurel des années 80, s’en prendre au français devient un déni de réalité, voire une quête de bouc émissaire (Scapegoating).

Les professeurs Mary Teuw Niane, Sakhir Thiam et Cheikh Anta Diop n’ont pas tracé des tangentes, ni appris les intégrales ou dérivées en Wolof ! Ils maîtrisent le français langue d’acquisition et de transmission de ces connaissances fort complexes ! Quand Samba Diouldé Thiam et Maguette Thiam, tous deux mathématiciens, animaient Andd Soppi en français, chacun de leurs articles était un régal littéraire parce que, comme tout bon scientifique, ils maîtrisent le français. Que dire de Pathé Diagne, héraut des langues nationales et leur transcription, fin connaisseur de la langue française dans toutes ses subtilités esthétiques? Je me souviens encore de la remarquable «Volée de bois vert» (titre de son article) qu’il avait administrée sur les langues nationales à Kader Fall, alors ministre de l’éducation. Ma génération a la légitime nostalgie de ces débats de haute facture en français à cette époque où il était ni étrange ni étranger ! Que s’est-il passé entretemps ? On n’ose point supputer une érosion des intelligences ou une altération génétique générationnelle !

Cher collègue, j’ai l’impression que le débat sur le français et les langues nationales est biaisée par l’intrusion furtive de considérations idéologiques surgissant de la mémoire d’un orgueil national meurtri par les canons du colon français qui, selon Cheikh Hamidou Kane, nous a «recensés, répartis, classés, étiquetés, conscrits, administrés.» Il ne faudrait pas enfermer le débat dans une logique de repli identitaire et revanchard tel que le configurent certaines assertions du genre, «aucun pays ne s’est développé dans une langue étrangère !» Soit ! Reprendre à satiété cette assertion péremptoire est révélateur d’un déficit d’historicité et d’approche anthropologique. Ceux qui ont cette posture évoquent de grands pays développés comme la Chine, la Corée et le Japon. La Chine n’a jamais subi une présence coloniale de longue durée comparable à la nôtre. Tout au plus, elle a été brièvement dominée économiquement et militairement par des puissances occidentales qui n’y ont pas laissé leur empreinte linguistique et culturelle ; le même scénario est valable pour la Corée, surtout celle du Sud qui a grassement bénéficié de la présence Américaine pour s’enrichir de la langue anglaise, des dollars et de la technologie des GI’s venus endiguer la déferlante Nord-Coréenne des années cinquante. Comme quoi, les phénomènes d’hybridation sont plus fécondants que les obsessions de la pureté! Quant au Japon, son insularité et sa puissance militaire aidant, il a su préserver son intégrité sociolinguistique. Que dire du Sénégal ? Toute une autre histoire (Another ball game) !

L’histoire coloniale du Sénégal atteste de la présence du français dans notre pays depuis le XVI siècle. En six ou sept cents ans, le français a pensé et structuré l’administration civile et militaire, irrigué le champ éducatif et scientifique de notre pays dont la vulnérabilité était accrue par sa tradition orale. Donc, par un trait de plume, on ne peut ni l’effacer ni le rétrograder au risque de nous heurter au mur épistémologique qui a compromis l’Arabisation dans certains pays arabes. L’adoption accélérée de l’Arabe comme langue de substitution par des revendications nationalistes les a coupés du corpus scientifique universel écrit en français et surtout en Anglais, pour les enfermer dans le ghetto linguistique «d’une métamorphose inachevée» ! Ils ont cessé de maitriser le Français sans acquérir l’arabe classique. De cette impasse est née une nouvelle caste de locuteurs appelés les « Nilingues »! Soyons prudents et opportunistes comme la Grande Royale de Cheikh Amidou Kane. Certes notre rencontre avec l’Occident fut «une naissance qui se fit dans la boue et le sang» (sic); mais par intelligence stratégique écoutons la : «Il faut aller apprendre chez eux l’art de vaincre sans avoir raison… L’école étrangère est la forme de la nouvelle guerre que nous font ceux qui sont venus. Il faut y envoyer notre élite en attendant d’y pousser tout le pays » ! Cette exhortation à assumer son histoire avec réalisme et sans complexe fut le crédo du Japon qui n’hésita pas à envoyer des cohortes d’étudiants en occident pour s’approprier les armes de leur vainqueur !

Cher Collègue, je te félicite pour le travail de pionnier-défenseur de la scolarisation en langues nationales par l’application du Modèle harmonisé d’enseignement bilingue au Sénégal (MOHEBS) qui utilise les langues nationales dans les enseignements-apprentissages en même temps que le français. En didactique de l’Anglais, je prône l’utilisation intelligente des langues nationales et du Français pour faciliter les apprentissages au nom du concept de compétence plurilinguistique qui permet des associations et transferts entre ces langues selon les circonstances. Ma seule crainte est le débat inachevé voire négligé sur la baisse des performances scolaires dues fondamentalement à une mauvaise maitrise du français, aussi bien par les apprenants que les enseignants. Quelle que soit la langue de transmission des connaissances, Mandarin, Anglais, Français ou langue nationale, elle doit être maitrisée. Même si Boileau nous dit que «Ce qui se pense clairement s’énonce clairement et les mots pour le dire arrivent aisément», il faut ajouter à condition que la langue d’énonciation soit maitrisée. Ne pas régler le problème du Français par la formation et le diaboliser pour légitimer d’autres alternatives risque de nous fourvoyer dans des impasses. Langues nationales oui, mais accompagnées par la réhabilitation du Français. Evitons les enfermements stériles pour dégager des espaces d’altérité cognitive fécondante auxquels nous convie Goethe dans cette diatribe: «Celui qui ne connaît pas les langues étrangères ne connaît rien de sa propre langue.»

Mathiam THIAM
Inspecteur Général (Anglais)
Fastef, Département de didactique de l’Anglais

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