Seneplus.com
  • La Une
  • Politique
  • Economie
  • International
  • Sports
  • People
  • Opinions
  • Societe
  • Annonces
  • Culture
  • Medias
  • Diaspora
  • Femmes
  • Développement
  • Santé
  • Éducation
  • SENEPLUS TV
  • Baromètres
  • #SilenceDuTemps
  • NELSON MANDELA
  • LEOPOLD SENGHOR
  • CHEIKH ANTA DIOP
 
14 mai 2025
FacebookTwitterRSS
Seneplus.com
Opinions
  • La Une
  • Politique
  • Economie
  • International
  • Sports
  • People
  • Opinions
  • Societe
  • Annonces
  • Culture
  • Medias
  • Diaspora
  • Femmes
  • Développement
  • Santé
  • Éducation
  • SENEPLUS TV
  • Baromètres
  • #SilenceDuTemps
  • NELSON MANDELA
  • LEOPOLD SENGHOR
  • CHEIKH ANTA DIOP
PAR Cheikh Ahmadou Bamba Ndiaye

« MORTS POUR LA FRANCE », L’INSULTE MÉMORIELLE À THIAROYE

Nous ne demandons aucune faveur quand nous exigeons de la France qu’elle prenne ses responsabilités dans les massacres de Thiaroye, de Dimbokro ou de Madagascar. Il n’y a qu’une justice qui tarde à être rendue

Cheikh Ahmadou Bamba Ndiaye  |   Publication 15/11/2024

Des relations apaisées entre l’Afrique et la France ne sont pas pour demain, car l’Etat français refuse de sortir du mensonge. A l’image de l’Occident, habitué à nous assujettir et à exercer sur nous son racisme, il conçoit mal que des Africains parlent de douleur, de mémoire, de réparations : de dignité. Autant de considérations réservées aux êtres humains. Des êtres humains qu’ils ne considèrent pas que nous sommes.

Le 18 juin 2024, une décision, presque seigneuriale, est tombée sur le ciel africain. Comme du temps des sombres empires coloniaux. 6 Tirailleurs sénégalais, triés au milieu de cadavres enfouis à Thiaroye, au Sénégal, sont ennoblis par Emmanuel Macron, via l’Office national français des combattants et des victimes de guerre. Il leur accorde l’insigne mention « Morts pour la France ». Avec une promesse tout aussi émouvante, celle de faire sortir de l’anonymat d’autres cadavres enfouis à Thiaroye en leur décernant bientôt, très bientôt, la fameuse mention.

Mensonge ne pouvait aussi être grossier. Hommage, aussi déplacé. Mémoire, autant malmenée. Aucun Tirailleur à Thiaroye n’est « mort pour la France ». Ils ont tous été tués par la France.

Le 1er décembre 1944, ces soldats, revenus des prisons allemandes de la seconde guerre mondiale, ont été criblés de balles. Par des automitrailleuses de l’armée française, l’armée de cette même France qu’ils étaient allés secourir en Europe. Qu’ont-ils fait pour mériter une telle ingratitude ? Oser réclamer leurs arriérés de solde à l’Etat français qui n’a même pas eu honte de s’en prendre à leurs épargnes ainsi qu’aux billets métropolitains en leur possession : échangés à la moitié du taux habituel.

Ces Tirailleurs, qui s’apprêtaient à retourner dans leurs pays respectifs (Bénin, Burkina Faso, Centrafrique, Côte d’Ivoire, Gabon, Mali, Niger, Sénégal, Tchad, Togo), avaient protesté contre cette mesure injuste devant le général Marcel Dagnan. A la place du versement intégral de leurs droits, ils recevront de la France la mort. Et en prime, un mensonge ficelé, déployé, rafistolé, depuis 80 ans.

Mutinerie. Voici le premier prétexte avancé par la France pour justifier son carnage. On le retrouve déjà dans une circulaire du ministère de la Guerre, publiée trois jours plus tard. Dedans, le ministre mentait en affirmant que les Tirailleurs avaient perçu tous leurs droits avant d’embarquer pour l’Afrique. Ces soldats n’étaient donc que des indisciplinés, en plus d’être des Tirailleurs, des colonisés, des Africains. Pourquoi s’embarrasser de mesure, de diplomatie, d’équité, quand on a affaire à des « sujets » pareils, osant défier la « grandeur » de l’empire ? Fusillés indéfiniment, jetés dans trois fosses communes (au moins), ils auront mérité leur sort.

Silence. Censure totale, voici le deuxième stratagème déployé. Thiaroye était un simple incident, qu’il fallait taire pour ne froisser la France. Il faudra attendre le 30 novembre 2014 pour que François Hollande évoque pour la première fois une « répression sanglante ». Mais, de combien de morts parlons-nous au juste ? Réponse : 35, 70, 191, 350, voyons, ça dépend (notons qu’ils étaient entre 1 200 et plus de 1 600 Tirailleurs à embarquer à Morlaix dans le bateau britannique Circassia). Qui a commandité le massacre ? Réponse : à quoi bon de savoir ? Que dire aux familles des massacrés ?  Réponse : rien à signaler. Comment expliquer à nos enfants l’existence d’un cimetière de Tirailleurs tués par la France ? Réponse : la France et l’Afrique, c’est une histoire d’amour : il arrive qu’il y ait des accrocs.

Victimisation. Cet autre artifice rhétorique a eu ses beaux jours et même ses relais africains. Des esprits venus nous sommer de circuler, de regarder l’avenir, de ne plus parler du passé. Ressassements. Ressentiments. Haine. On aura tout entendu. Comme si réparer les injustices et forger l’avenir étaient des combats contradictoires. Comme s’il y avait une seule once de dignité dans ce qu’ils nous proposent : abandonner ceux qui se sont battus pour notre liberté, sans même savoir comment, où, quand et avec qui ils ont été assassinés.

Dans tout l’Occident impérialiste, des législations ont été dressées comme des murs à l’intérieur desquels les archives ont été classifiées. Pour au moins 50 à 100 ans, en France. Eternité au cours de laquelle tout mensonge est permis. Eternité au terme de laquelle, espèrent-ils, plus personne ne se souviendra. Eternité au cours de laquelle aucun deuil n’est possible.

Là où les Tirailleurs étaient des mutins, jusqu’ici, Larbi Ben M’hidi, dirigeant algérien de la FNL, s’était suicidé en 1957. Ce 1er novembre 2024, Emmanuel Macron vient de reconnaître que l’Etat français l’avait pendu dans la nuit du 3 au 4 mars. Tout comme les Belges, qui ont longtemps présenté l’assassinat de Lumumba comme un règlement de compte africain, viennent de reconnaître, après des décennies de mensonges froids, que leurs soldats l’ont découpé et mis dans l’acide. Comment faire confiance à des Etats qui mentent aussi longtemps, si facilement, sur des choses aussi graves ?

Manipulation. C’est la dernière trouvaille de l’Occident pour délégitimer, étouffer, les exigences africaines de justice. Mais cette manœuvre n’est pas la moins insultante. Nous y sommes présentés comme des éponges, incapables de discernement, gobant toutes les propagandes des Russes et de leurs trolls, présentés comme nos maîtres à penser. Nous n’avons aucun amour-propre, aucune conscience historique, et sommes seulement gavés de sentiment anti-français, anti-occidental, qui disparaîtra vite : dès que l’Union européenne investira, comme la Russie, dans la désinformation en ligne.

Ce manque de respect, cette incapacité de l’Occident à nous considérer comme des pairs, continuera de pourrir nos relations. Incapable de nous entendre, l’Europe fera semblant d’être incomprise. Elle parlera de malentendu, là où nous n’endurerons plus jamais ses injustices et son hypocrisie.

Nous ne demandons aucune faveur quand nous exigeons de la France qu’elle prenne ses responsabilités dans les massacres de Thiaroye, de Dimbokro ou de Madagascar. Quand nous exigeons des musées européens, cavernes d’œuvres africaines spoliées, de restituer notre patrimoine. Quand nous remettons sur la table les réparations de l’esclavage, sachant qu’un pays comme le Royaume-Uni, selon le rapport 2023 de l’Université West Indies, s’est enrichi à hauteur de 18 000 milliards de livres sterling sur le dos de 14 pays des Caraïbes.

Ces combats pour la justice réparatrice ont valu à de nombreuses personnalités à travers le monde des persécutions. En 2004, à Haïti, la France et les Etats-Unis ont fomenté un coup d’Etat contre le président Jean-Bertrand Aristide qui en avait fait une priorité. Mais le temps ne s’arrête pas. La connaissance se répand. Rien ne pourra contenir la voix des peuples brimés, piétinés, résolus à obtenir justice.

L’action des pays du Commonwealth ayant imposé au Royaume-Uni de s’exprimer sur le sujet de l’esclavage lors du sommet d’octobre 2024 est en cela salutaire. Tout comme l’initiative du Sénégal de commémorer les 80 ans du massacre de Thiaroye, et d’avoir mis en place sa propre commission d’enquête pour faire la lumière sur cette injustice.

L’Afrique a aujourd’hui toutes les ressources humaines requises pour mener ce travail, sans être conditionnée par la France ou ses semblables. En laissant le soin à ces derniers de décider des crimes dont ils ont envie de parler, du calendrier fixé selon les opportunismes politiques, de la composition hors-sol des commissions, de la suite à donner à leurs conclusions farfelues (saura-t-on un jour ce que signifient « les responsabilités lourdes et accablantes, mais sans complicité » dans le rapport Duclert sur le génocide des Tutsis ?), ou de reconnaissance au compte-gouttes, nous passerons à côté de la vérité. La mémoire de notre continent n’est pas objet de négoce, de marchandages : une foire à petites concessions.

Que chaque pays, sur financement propre, mobilise ses scientifiques pour mesurer l’ampleur de l’esclavage et de la colonisation sur son territoire. Que chaque pays mette en lumière l’héritage des femmes et hommes qui ont défendu sa dignité. Qu’au niveau du Parlement panafricain, soient adoptées des lois bannissant toute forme de négationnisme de ces périodes tragiques. Que dans nos meilleures universités, soit érigé un classement des pays anciennement colonisateurs ou esclavagistes selon leur engagement en matière de justice réparatrice. Ceux qui refusent de reconnaître leurs crimes, de s’excuser, d’ouvrir l’intégralité des archives, de restituer les biens volés, seront dénoncés sans répit.

Il n’y a aucune guerre des mémoires. Il n’y a qu’une justice qui tarde à être rendue. Et qui le sera tôt ou tard, avec le concours des citoyens véridiques, d’Afrique, d’Europe ou du monde.

Cheikh Ahmadou Bamba Ndiaye est l’auteur du blog Assumer l’Afrique.   

Articles les plus lus

capture_decran_2025-05-12_a_08.41.42.png
TARIQ RAMADAN COMME CHEIKH YERIM, COMME SONKO
Tariq Ramadan est à Dakar dans le cadre de la 13e édition de «Jokkoo», tenue le samedi 10 mai à ...

nicolas.jpg
LE FDR EN ORDRE DISPERSÉ AU DIALOGUE
Le front pour la défense de la démocratie et de la république (Fdr), une entité regroupant plusieurs ...

asarr.jpg
L’EGLISE CATHOLIQUE N’EST PAS PRETE A AVOIR UN PAPE NOIR
Le moment viendra un jour, mais l’Eglise catholique n’est pas prête à avoir un Pape noir, a déclaré, ...

capture_decran_2025-05-04_a_02.13.12.png
UN DIALOGUE DE FAÇADE ?
Invité du Grand Jury de RFM ce dimanche, l'ancien ministre et politologue Yoro Dia n'a pas mâché ses ...

capture_decran_2025-05-12_a_12.49.35.png
QUID DU FCFA/ECO FACE AU DÉFI DE L’INTÉGRATION ÉCONOMIQUE
Une hausse des tarifs douaniers d’une ampleur sans précédent, a été décidée le 2 avril dernier ...

Vos articles préférés de la semaine

capture_decran_2025-05-08_a_18.00.30.png
À L’OMBRE D’UNE ICÔNE FÉMINISTE, FATOU SOW
La nouvelle orientation du quotidien Le Soleil surfe-t-elle sur la bonne vague, en épousant les valeurs ...

psk.jpg
ARRÊTÉ DU MINISTRE DE LA COMMUNICATION, UN RECUL DE QUATRE SIÈCLES
En français facile, voici pourquoi la Cour suprême, le Conseil constitutionnel et tous les démocrates ...

photo-2025-05-07-14-02-27.jpg
FIDÈLE GOULYZIA DÉCROCHE LE GRAND PRIX BERNARD DADIÉ
(SenePlus) - Le journaliste-écrivain ivoirien Fidèle Goulyzia a été sacré lauréat du prestigieux ...

capture_decran_2025-05-02_a_08.57.59.png
LE REVIREMENT DES 'ANTISYSTÈME'
(SenePlus) - Le gouvernement dirigé par Bassirou Diomaye Faye et Ousmane Sonko se retrouve confronté ...

capture_decran_2025-05-03_a_12.57.55.png
LE GRAND BOND SOCIAL DU SÉNÉGAL ?
La décision du ministre chargé de l’Emploi concernant le relèvement des salaires minima des travailleurs ...


La Une

Politique

Economie

International

Sports

Football

Media

People

Opinions

Societe

Annonces

Diaspora

Femmes

Développement

Santé

Éducation

PARTENAIRES DE SENEPLUS

APS
Grand-Place
L'As
L'Enquete
L'Observateur
La Gazette
Le Populaire
Le Quotidien
Le Soleil
Le Témoin
Libération
Nouvel Horizon
Réussir
RFM
RTS
Stades
Sud FM
Sud Quotidien
Sunu Lamb
TFM
Waa Sports

À propos de SenePlus

SenePlus.com est un portail d'informations sur le Sénégal. Nous vous fournissons des articles détaillés, critiques, pertinents sur l'actualité au Sénégal.

Coordonnées

Publicité:
pub@seneplus.com
Informations:
info@seneplus.com
Problèmes techniques:
tech@seneplus.com
Copyright © 2025 SenePlus  |  Publicité  |  Soumettre un Article  |  Nous Contacter  |  Mentions légales  |  Conditions d'utilisation  |  Á propos de nous