Seneplus.com
  • La Une
  • Politique
  • Economie
  • International
  • Sports
  • People
  • Opinions
  • Societe
  • Annonces
  • Culture
  • Medias
  • Diaspora
  • Femmes
  • Développement
  • Santé
  • Éducation
  • SENEPLUS TV
  • Baromètres
  • #SilenceDuTemps
  • NELSON MANDELA
  • LEOPOLD SENGHOR
  • CHEIKH ANTA DIOP
 
12 septembre 2025
FacebookTwitterRSS
Seneplus.com
Opinions
  • La Une
  • Politique
  • Economie
  • International
  • Sports
  • People
  • Opinions
  • Societe
  • Annonces
  • Culture
  • Medias
  • Diaspora
  • Femmes
  • Développement
  • Santé
  • Éducation
  • SENEPLUS TV
  • Baromètres
  • #SilenceDuTemps
  • NELSON MANDELA
  • LEOPOLD SENGHOR
  • CHEIKH ANTA DIOP
par Florian Bobin

VIDEO
THIAROYE 44, UNE PLAIE INEFFAÇABLE

Le révisionnisme historique explique la tuerie par une supposée mutinerie. Ils sont coupables d’avoir refusé l’arbitraire, de s’être indignés face à l’impunité, d’avoir fait valoir leur humanité. Les oublier serait accepter qu’ils meurent une seconde fois

Florian Bobin  |   Publication 01/12/2020

Il est 10h du matin. L’air est suffoquant. Les éclats du soleil n’y peuvent rien. Au loin, un chant : Thiaroye.

Des centaines de corps gisent sur la terre ensanglantée de Thiaroye. 1er décembre 1944.

5h30. A l’aube, l’armée française prépare son crime. L’axe Dakar-Rufisque est bloqué ; les villageois autour ne doivent pas savoir ce qui va s’y passer.

9h20. Les forces armées réunissent, sur une esplanade, plusieurs centaines de tirailleurs. Trois automitrailleuses, un char, deux autochenilles et des voitures équipées de fusils mitrailleurs. L’armement est sophistiqué, le massacre est prémédité.

Au cours de la Seconde Guerre mondiale, ce sont des centaines de milliers de soldats africains qui combattent dans l’armée française. Enrôlés, souvent de force, ils provenaient de tous les territoires sous occupation coloniale française : du Sénégal au Cameroun, du Congo au Togo. Regroupés sous l’appellation de « tirailleurs sénégalais ».

En juin 1940, la France capitule ; jusqu’en 1944, le pays sera sous occupation allemande. Les soldats sont faits prisonniers de guerre, de l’autre côté de la frontière. Mais l’armée du 3ème Reich, animé par un violent racisme qui motive des tueries comme celle de Chasselet du 20 juin 1940, refuse que ces soldats noirs foulent leur sol. Des dizaines de milliers de tirailleurs sont capturés et détenus, non pas en Allemagne mais en France. Et à partir de 1943, par leurs propres officiers, sous les ordres du régime de Vichy.

À partir de l’automne 1944, de nombreuses opérations de rapatriement sont enclenchées. C’est le cas des 1950 tirailleurs rassemblés à Morlaix qui embarquent sur le navire Circasia en direction de Dakar. Environ 300 d’entre eux refusent ; l’intégralité de leurs dûs ne leur a pas été reversée. Le 11 novembre 1944, ils sont transférés au camp de Trévé, emprisonnés pendant deux mois.

Le 21 novembre 1944, le Circasia arrive à Dakar ; les anciens prisonniers de guerre sont immédiatement transférés au camp militaire de Thiaroye. L’objectif est le rapatriement de chacun d’entre eux, au cours de la dizaine de jours suivante, en direction de leur territoire d’origine. Mais il est hors de question de rentrer chez soi sans compensation. Toutes ces promesses auraient donc été un mensonge murement maintenu…                                                                       

Le terrorisme colonial s’y interpose. Marcel Dagnan (responsable de la division Sénégal-Mauritanie) et Yves de Boisboissel (commandant militaire de l’Afrique Occidentale Française) se concertent, la veille du drame. À l’aube du 1er décembre 1944, tout est en place. Dans ses rapports, le général Dagnan évoque tantôt 35 morts, tantôt 70. Mais l’ampleur du drame est largement sous-estimée.                     

Plus de 1600 tirailleurs embarquent dans le Circasia ; près de 1300 en débarquent. Selon la version officielle, ce différentiel s’explique par le refus de plus de 300 tirailleurs d’embarquer à nouveau, lors de l’escale de Casablanca. Après les évènements, il est facile de tordre les chiffres. Mais le rapport Carbillet indique que plus de 508 cartouches furent tirées. Depuis 1944, ce sont des centaines de corps qui sont enfouies dans des fosses communes.

Le révisionnisme historique explique la tuerie par une supposée mutinerie. Trois mois après le drame, le 5 mars 1945, 34 rescapés du massacre sont condamnés à des peines allant jusqu’à dix années d’emprisonnement pour « rébellion armée », « refus d’obéissance » et « outrages à des supérieurs ». En 1946 et 1947, ils sont amnistiés, mais juridiquement toujours coupables. Coupables d’avoir refusé l’arbitraire, de s’être indignés face à l’impunité, d’avoir fait valoir leur humanité.

Chaque perte humaine demeure une plaie ineffaçable.

Thiaroye 44 ; Sétif 45 ; Haiphong 46 ; Madagascar 47 ; Casablanca 47 ; Bouaflé-Dimbokro-Séguéla 50… La liste continue.

Les oublier serait accepter qu’ils meurent une seconde fois.

 

Thiaroye 44, an indelible wound

It is 10 in the morning. The air is suffocating. The sun’s beams are helpless. Afar, a scream: Thiaroye.

Hundreds of bodies lay on Thiaroye’s bloodstained soil. December 1, 1944.

5:30. At dawn, the French army is preparing for its crime. The Dakar-Rufisque axis is blocked; the neighbouring villagers mustn’t be aware of what is to happen.

9:20. Armed forces gather, on an esplanade, several hundred ‘tirailleurs.’ Three armoured cars, one tank, two half-tracks and cars equipped with automatic rifles. The armament is sophisticated, the massacre premeditated.

During the Second World War, hundreds of thousands of African soldiers fought in the French army. Enlisted, often by force, they came from all the territories under French colonial occupation: from Senegal to Cameroon, Congo to Togo. Grouped under the label of ‘tirailleurs sénégalais.’

In June 1940, France surrendered; until 1944, the country was under German occupation. Soldiers were captured as war prisoners, on the other side of the border. But the Third Reich’s army, animated by violent racism that motivated killings like the one in Chasselet on June 20, 1940, refused to let these Black soldiers set foot on their soil. Tens of thousands of ‘tirailleurs’ were captured and detained, not in Germany but France. And from 1943, by their officers, under the orders of the Vichy Regime.

In the autumn of 1944, repatriation operations were launched. This included the 1950 ‘tirailleurs’ gathered in Morlaix, who embarked on the Circasia ship bound for Dakar. About 300 of them refused; all of their dues had not been paid to them. On November 11, 1944, they were transferred to the Trevé camp, imprisoned for two months.

On November 21, 1944, the Circasia arrived in Dakar; the former war prisoners were immediately transferred to the Thiaroye military camp. The objective was to repatriate every one of them, within the following ten days, to their territory of origin. But there was no way they would go back home without compensation. All these promises would have been a well-maintained lie, after all...

Colonial terrorism struck. Marcel Dagnan (head of the Senegal-Mauritania division) and Yves de Boisboissel (military commander of French West Africa) met on the eve of the tragedy. At dawn on December 1, 1944, everything was set.

In his reports, General Dagnan sometimes mentioned 35 dead, sometimes 70. But the scale of the tragedy was largely underestimated. Over 1,600 ‘tirailleurs’ boarded the Circasia; nearly 1,300 disembarked. According to the official version, this differential was justified by the refusal of more than 300 ‘tirailleurs’ to board the boat upon transiting through Casablanca. After the events, it is easy to twist the figures. But the Carbillet report indicates that more than 508 rounds of cartridges were fired. Since 1944, hundreds of bodies are still buried in mass graves.

Historical revisionism explains the killing by a supposed mutiny. Three months after the tragedy, on March 5, 1945, 34 survivors of the massacre were sentenced to up to ten years imprisonment for “armed rebellion,” “refusal of obedience” and “insulting superiors.” In 1946 and 1947, they were amnestied but still legally considered guilty. Guilty of refusing arbitrariness, being outraged by impunity, and asserting their humanity.

Every human loss remains an indelible wound.

Thiaroye 44. Setif 45. Haiphong 46. Madagascar 47. Casablanca 47. Bouaflé-Dimbokro-Séguéla 50. The list goes on.

Forgetting them would be accepting that they die a second time.

Articles les plus lus

capture_decran_2025-09-06_a_22.51.55.png
NON, JE NE CÉLÈBRE PAS ABDOU DIOUF
« Célébrons ensemble Abdou Diouf », disent ils ! Pourquoi devrais-je célébrer ...

capture_decran_2025-04-15_a_05.14.23_0_0_0.png
LE MIRAGE DU PANAFRICANISME 2.0
Spectacle numérique et manipulations géopolitiques On nous répète à longueur de journées que ...

capture_decran_2025-09-06_a_19.50.10.png
DORTMUND, L'ÂME DE LA RUHR
« Le BVB, c’est la Ruhr qui vibre, le noir et le jaune qui embrasent les tribunes. » Signal Iduna ...

capture_decran_2025-09-07_a_15.50.03.png
AMADOU LAMINE SALL CONFIRME SA CANDIDATURE AU SECRÉTARIAT GÉNÉRAL DE LA FRANCOPHONIE
Dans l'émission JDD de ce dimanche sur iTV, l'écrivain et poète Amadou Lamine Sall a officialisé ...

bv.png
CRITIQUE DE LA RAISON ORALE DE MAMOUSSÉ DIAGNE, UN OUVRAGE FONDAMENTAL DE LA CONSTRUCTION NARRATIVE AFRICAINE
Notre patrimoine littéraire est un espace dense de créativité et de beauté. La littérature est un ...

Vos articles préférés de la semaine

cecile_t.jpg
ET SI NOS LANGUES MATERNELLES ÉTAIENT HÉRITAGE SILENCIEUX ET FORCE MONTANTE ?
Et si chaque mot transmis devenait une graine de rayonnement ? Au Sénégal comme dans la diaspora, nos ...

sq_vs.jpg
« JUSTICE PAR FORCE », UNE MENACE POUR LA RÉPUBLIQUE
« Justice par force » n’est pas un cri d’équité. C’est un mot d’ordre dangereux, un slogan ...

capture_decran_2025-09-03_a_18.36.45.png
QUAND LA QUÊTE DE MINCEUR MET LA SANTÉ EN DANGER
S’il ne s’agissait que de pratiques commerciales douteuses, nous pourrions nous en remettre uniquement ...

capture_decran_2025-09-03_a_20.57.16.png
LA JUSTICE ENTRE LÉGALITÉ ET MORALE
D’anciens détenus, bénéficiaires d’une inique loi d’amnistie, ont manifesté pour réclamer ...

capture_decran_2025-09-01_a_20.52.02.png
LES INCONGRUITEÉS DE LA PROPOSITION DE LOI DE PAPE DJIBRIL FALL PORTANT GRATUITÉ DU TRANSPORT DES ÉTUDIANTS
La proposition de loi du député Pape Djibril Fall déposée sur la table du président de l’Assemblée ...


La Une

Politique

Economie

International

Sports

Football

Media

People

Opinions

Societe

Annonces

Diaspora

Femmes

Développement

Santé

Éducation

PARTENAIRES DE SENEPLUS

APS
Grand-Place
L'As
L'Enquete
L'Observateur
La Gazette
Le Populaire
Le Quotidien
Le Soleil
Le Témoin
Libération
Nouvel Horizon
Réussir
RFM
RTS
Stades
Sud FM
Sud Quotidien
Sunu Lamb
TFM
Waa Sports

À propos de SenePlus

SenePlus.com est un portail d'informations sur le Sénégal. Nous vous fournissons des articles détaillés, critiques, pertinents sur l'actualité au Sénégal.

Coordonnées

Publicité:
pub@seneplus.com
Informations:
info@seneplus.com
Problèmes techniques:
tech@seneplus.com
Copyright © 2025 SenePlus  |  Publicité  |  Soumettre un Article  |  Nous Contacter  |  Mentions légales  |  Conditions d'utilisation  |  Á propos de nous