CONCERT DE CASSEROLES, LES LEÇONS D'UN FIASCO
Revigoré par le succès du premier concert reconnu même par certains du camp du pouvoir, Ousmane Sonko a voulu rééditer cela hier. Deuxième camouflet après la reculade autour de la manifestation de mercredi

Les populations ont encore répondu à l’appel d'Ousmane Sonko à un concert de casseroles sur l’étendue du territoire national hier pour protester contre l’annulation de la liste des titulaires de Yewwi Askan Wi. Mais contrairement au mercredi dernier, l’appel a été moins suivi.
Pour protester contre le régime de Macky Sall, l’opposant Ousmane Sonko avait demandé aux populations de prendre 10 minutes de leur temps pour faire du bruit avec leurs ustensiles de cuisine. L’appel du leader de Pastef avait été suivi par bon nombre de Sénégalais mercredi dernier. Il y avait eu plusieurs manifestions à Dakar et à l’intérieur du pays. Le concert de casseroles avait retenti pendant de nombreuses minutes à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (UCAD) et dans beaucoup de quartiers de la capitale sénégalaise. Il y avait un bruit indescriptible à Dakar, causé par les crissements de casseroles et de klaxons entre 20 heures et 20 heures 10 minutes.
Revigoré par ce succès reconnu même par certains du camp du pouvoir, Ousmane Sonko a voulu rééditer cela, hier. Deuxième camouflet après la reculade autour de la manifestation d’avant-hier. Les Sénégalais n’ont donc pas répondu massivement à son appel d’organiser un concert de casseroles de trente minutes à partir de 20 heures, ce jeudi. Même si quelques personnes y ont répondu, globalement , ils ont littéralement été ignorés. En attestent les quolibets essuyés par le leader de Pastef sur Facebook. Jusque-là champion sur la toile, il n’était pas à la fête hier. « Sonko Diazakaliser ou encore Sonkoliser» sont entre autres, les néologismes sortis de l’imagination fertile des adversaires du maire de Ziguinchor pour le tourner en dérision. Ne s’avouant pas vaincus ses supporters ont exhibé des images de concerts de casseroles tenus un peu partout dans le pays où l’on voit des jeunes taper sur des ustensiles de cuisines. Pourquoi un tel bémol alors que Sonko caracolait il n’y a guère longtemps ? Les populations visiblement désabusées ont préféré vaquer à leurs préoccupations en cette veille de tabaski où la flambée des prix des denrées, notamment celui du mouton hante leur sommeil. Qui plus est, les opposants sont plus préoccupés par des questions électoralistes que par le bien-être des populations rudement éprouvées par la conjoncture internationale. Quoi qu’il en soit, l’appel a été moins suivi par les Dakarois. Même si des Sénégalais sont sortis sur leur balcon pour taper sur des casseroles ou ont klaxonné dans leurs voitures. Par exemple, le concert de casseroles a été célébré par très peu de personnes à Sacré-Cœur. Dans la commune du maire de la ville de Dakar, Barthélémy Dias, l’ambiance n’a pas été à 100% au rendez-vous. En revanche, l’opposition prétend que le mot d’ordre a été beaucoup plus suivi dans les régions que dans la capitale sénégalaise. En conséquence, ils refusent de parler d’échec.