«IL RISQUE D’Y AVOIR UN LEGER BALLOTAGE ENTRE MADICKE, IDY ET MACKY A PIKINE»
Très actif dans les mouvements associatifs, M. Allé Guèye Diouf enseignant-politologue, décrypte la situation politique en cette période de campagne électorale où la bataille pour le contrôle de la banlieue dakaroise risque d’être épique.

A travers cet entretien, Allé Guèye Diouf se dit convaincu qu’il y aura un léger ballotage entre Macky Sall, Madické Niang et Idrissa Seck dans le département de Pikine polarisant près de 500.000 électeurs répartis 677 lieux de vote. Entretien !
Le Témoin : En cette période de campagne électorale, comment voyez-vous la nouvelle configuration politique dans le département de Pikine ?
Le département de Pikine ? Allé Diouf : Le fait que les libéraux sous la bannière de Karim Wade et les socialistes de Khalifa Sall soient non partants dans la course à la présidentielle a fini par définir une nouvelle configuration politique dans le département de Pikine. Lequel abrite plusieurs poches de résistance libérale c’est-àdire un nid de repli de pas mal de « sopistes » conservateurs. S’ajoutent à cela des problèmes de chômage persistant et récurrent, la pression sociale, l’insécurité etc. Confrontés à tous ces problèmes, les citoyens de cette banlieue dakaroise vont se faire entendre en s’exprimant par la voix des urnes au soir du 24 février prochain.
La bataille de Pikine-Nord, votre commune, aura-t-elle lieu ?
Oui, la bataille pour le contrôle de l’électorat pikinois promet d’être épique ! Donc, elle aura bel et bien lieu…Je suis convaincu qu’il risque d’y avoir un léger ballottage entre Macky Sall, Idrissa Seck et Madické Niang. Bien que le président sortant Macky Sall parte avec un léger avantage, ses challengers Madické Niang et Idrissa Seck pourront se partager les suffrages des libéraux bien présents à Pikine et très engagés pour la cause du Sopi. Sans oublier Ousmane Sonko qui pourrait bénéficier du vote des frustrés, des indécis et, surtout, des jeunes qui vont voter pour la première fois sans s’identifier à aucun parti politique. En tout cas, j’ai constaté qu’à Pikine, la plupart de ces jeunes sont emportés par la « Sonkomania ». Cela dit, au-delà de l’ensemble de la population électorale du département de Pikine, la commune de Pikine-Nord risque de tomber dans l’escarcelle de « Madické 2019 ». Car, dans cette commune, le maire libéral Amadou Diarra et coordinateur régional de la coalition « Madické 2019 » semble être dans le cœur des populations. Des populations qui se sentent frustrées à cause de la proximité de l’Arène nationale favorisant l’insécurité et la violence. D’ailleurs, à chaque combat de lutte, les habitants de Pikine-Nord sont obligés de mettre en place des comités de vigilance et de sécurité pour que nos maisons ne soient pas pillées par des bandes de soi-disant supporteurs qui ne sont autres que des associations de malfaiteurs.
Quelle lecture faites-vous de cette vague de transhumance de dernière minute à laquelle nous assistons ces temps-ci ?
Une lecture de désapprobation ! D’ailleurs, je me demande de qui se moque-t-on au Sénégal ? Depuis quelques semaines, l’une des questions qui brûle toutes les lèvres c’est celle de savoir : A quel politicien, pour ne pas dire homme politique, se fier aujourd’hui dans ce Sénégal jadis pourvoyeur de valeurs et modèle de démocratie. Car, depuis l’ouverture du corps électorale, on assiste à des vagues de transhumance sans précédent sur fond d’alliances contrenature aux allures d’une véritable arnaque électorale au détriment des militants. A l’analyse, force est de constater que le Sénégal est le seul pays au monde où il n’y a plus d’idéologies ou courants de pensées qui devraient être pourtant au cœur de la politique. Malheureusement, ces véritables forces autour desquelles se configure le pouvoir sont affaiblies voire anéanties par des responsables politiques qui ne rament que vers la direction des bancs de poissons.
Donc, de qui se moque-t-on pour reprendre votre question ?
Loin de chercher à répondre à la question ! Aujourd’hui, la préoccupation de tous les Sénégalais épris de justice, de démocratie et de liberté doit être d’essayer de cerner qui est qui dans ce paysage politique ? En tout cas, je ne condamne pas trop les militants puisqu’ils ont essayé de cerner l’homme politique sénégalais. Hélas, l’homme politique sénégalais est difficile à cerner, il est insaisissable à bien des égards.
Après quatre jours de campagne, comment sentez-vous le climat politique ?
Apparemment, le climat politique semble être tendu et celui social donne l’air d’être désespérant. Tout cela parce que des hommes politiques n’ont aucune ambition pour notre cher Sénégal. Ils sont simplement mus par des intérêts partisans et opportunistes. Pour parvenir à leurs fins personnelles, ils tiennent les Sénégalais en haleine ou du moins les déroutent dans le sens de les empêcher de faire un bon choix sur celui qui va diriger le Sénégal au soir du 24 février prochain. Qu’est-ce qu’on voit sur la scène politique ? Des leaders qui se réclament détenteurs de base politique et qui n’en détiennent nullement. Ou encore des leaders se réclamant intègres au point de ne jamais rejoindre le camp au pouvoir pour raison de transhumance et qui tentent à l’heure actuelle de duper le peuple ou d’appâter le parti au pouvoir en bandant les muscles. Ce pour peut-être hériter dans un avenir proche d’un poste ou soutirer de l‘argent auprès du camp au pouvoir. C’est honteux !
Que conseillez-vous aux Sénégalais dans cette période trouble ?
Dans tous les cas, il faut que les Sénégalais soient vigilants devant de telles personnes qui ne sont que des faire-valoir ou qui cherchent à semer la zizanie dans la tête des populations dont la majorité est analphabète. Il s’agit pour ces derniers, même si ces politiciens les prennent pour des ignorants sans culture démocratique, de comprendre l’enjeu d’un vote surtout présidentiel. Puis d’attendre le jour J, aller voter paisiblement et faire le bon choix le 24 Février. Que ceux qui ont la charge de conduire le processus électoral aident le peuple à s’acquitter de ce devoir et que sa victoire ne soit confisquée par aucun parti en quête de suffrages.
Quelle est votre position sur le plan de guerre voire de sabotage de Me Abdoulaye Wade qui arrive à Dakar cet après-midi ?
Ecoutez, il n’y a pas de neutralité en politique ! Si le Pape du Sopi dit qu’il ne soutient aucun candidat, il ouvre un large boulevard à Macky Sall pour gagner ces élections. Compte tenu du préjudice carcéral qu’il avait fait subir à Idrissa Seck, Me Abdoulaye Wade aurait tout à gagner en le soutenant pour réparer ce préjudice politique, moral et physique dans l’affaire des chantiers de Thiès. Quoi qu’il en soit, je lance un appel aux citoyens pour qu’ils aillent voter par conviction. Et que celui qui remportera ces élections soit reconnu par tous !