LA CLASSE POLITIQUE INDEXE L’ETAT ET LA MAJORITÉ
La classe politique se prononce sur le report des élections locale

ALDIOUMA SOW, CHARGE DES QUESTIONS ELECTORALES A PASTEF « Nous appelons les Sénégalais… à faire face à cette énième forfaiture électorale»
«Le ministre de l’Intérieur a tout simplement raté son entrée en la matière car cette sortie montre qu’il ne maîtrise pas le pourquoi il est à ce poste. Sa sortie révèle un grand amateurisme chez lui et une dose d’irresponsabilité inquiétante. Soit, il ne maîtrise pas les approches et outils mis en place pour piloter le processus électoral soit il fait du dilatoire sur un des aspects les plus sacrés dans une démocratie, à savoir le calendrier républicain. Ses propos prouvent qu’il n’a pas pris le soin de consulter tout ce qui a été dit et acté concernant ce point au dialogue politique. S’il avait consulté la documentation, il aurait vu que l’audit du fichier et l’évaluation du processus ont été actés depuis le mois de décembre 2019 et qu’au mois de février 2020, en présence des représentants de la Direction générale des élections qui dépend de son ministère, un courrier a été envoyé au président Famara Ibrahima Sagna, Président du Comité de pilotage du dialogue national, sur lequel est arrimé le dialogue politique pour l’informer de la nécessité de démarrer immédiatement ces deux opérations pour ne pas reporter à nouveau les élections locales à venir. Donc, s’il y a un retard il doit le chercher les responsables dans sa propre administration. Ensuite, bien plus, le processus électoral est une matière régie par la loi à travers le Code électoral et ce code stipule à son article L.63 que c’est au Président de la République qu’il appartient de fixer la date des scrutins électoraux. Donc, la fixation des dates est du domaine réglementaire et non du domaine de la loi comme il l’a dit. Ainsi, le gouvernement à sa tête le président Macky Sall est le seul responsable en cas de nouveau report car les conclusions adoptées dans le cadre du dialogue politique n’ont aucune valeur juridique : elles ne sont pas contraignantes et donc ne peuvent être évoquées pour justifier un énième report. Ces multiples reports renseignent sur la nature des rapports que le régime de Macky Sall entretient avec le calendrier électoral et la conception qu’il se fait de la démocratie. Jamais, le processus électoral n’a été si mal géré au Sénégal que sous Macky Sall. Ne nous y trompons pas, ils reportent juste les élections parce qu’ils se sont rendus compte de leur impopularité structurelle et ils n’ont pas encore achevé leur stratégie de fraude électronique du vote des Sénégalais comme ils l’ont réussi en 2017 et en 2019… Nous appelons tous les Sénégalais, notamment la société civile, les mouvements de jeunesse et toute la classe politique, à faire face à cette énième forfaiture électorale que nous prépare le gouvernement impopulaire de Macky Sall»
SALIOU SARR, CHARGE DES ELECTIONS DE TAXAWU SENEGAL ET NOUVEAU COORDONNATEUR DU POLE DE L’OPPOSITION : «L’Etat et la majorité présidentielle sont les grands responsables de cette situation»
«Au niveau du Front de résistance nationale, nous n’avons pas échangé sur le troisième report des élections locales. Notre position reste donc le respect du calendrier électoral et le maintien de la date des élections. On avait également demandé l’audit du fichier et l’évaluation du processus électoral avant la tenue de toute élection depuis le mois de février dernier mais la pandémie est venue bousculer tout le planning de travail. Et c’est seulement maintenant que le processus devant aboutir au démarrage de l’audit du fichier autour du 22 décembre a été lancé. Et pour faire ce travail, nous nous sommes dit dans le cadre du dialogue politique qu’il fallait au minimum 90 voire 120 jours maximum. Un délai qu’il est impossible de respecter aujourd’hui si nous voulons tenir ces élections avant le 28 mars prochain car au-delà de l’audit et de l’évaluation, il y a également des réformes à mener. Au regard de cette situation, un autre report s’impose. Cependant, il faut préciser que l’Etat du Sénégal notamment la majorité présidentielle est le grand responsable de cette situation. On avait tout fait dans le dialogue politique pour envoyer à temps, les termes de référence relatifs à ce processus depuis le 6 février 2020. Et si le gouvernement avait lancé comme prévu l’appel d’offre au bout de deux à quatre semaines, on aurait choisi un cabinet d’audit pour faire le travail. Mais, il ne l’a pas fait et a préféré attendre jusqu’à la semaine dernière pour relancer l’Usaid qui est chargée de trouver un cabinet d’audit indépendant ».
DETHIE FAYE, COORDINATEUR DU POLE DES NON-ALIGNES : « Tout le problème se trouve dans les lenteurs et dilatoire qui ont conduit à cette situation »
« La Commission politique du dialogue national avait demandé assez tôt à l’administration électorale de prendre contact avec l’Usaid pour la prise en charge de la question de l’audit et de l’évaluation. Mais tout cela n’a pas été fait et on a attendu jusqu’après notre réunion avec l’Usaid le 9 novembre dernier pour lancer le processus. Tout ce retard aurait pu être évité si on avait pris les mesures idoines. Maintenant, je pense que la question sur laquelle l’opinion attend une réponse, c’est qu’est ce qui justifie tout ce retard dans la mise en œuvre du consensus que nous avons obtenu depuis le mois d’août 2019 ? Parce que c’est à cette période que nous avions convenu de l’audit du fichier et de l’évaluation du processus électoral. Le 06 février, nous avions terminé les termes de référence. Donc, il restait simplement à lancer la procédure qui devait permettre le recrutement d’experts indépendants. Depuis le 06 février, rien n’a été fait alors que nous sommes aujourd’hui au mois de novembre et c’est maintenant qu’elles (autorités-ndlr) annoncent le lancement de la procédure de sélection des experts. Il est évident que ce retard-là va avoir des implications sur tout le calendrier. Donc, tout le problème se trouve dans les lenteurs, dans les dilatoires qui ont conduit à cette situation. Dès le 08 juin dernier, nous avions saisi le président du comité de pilotage pour lui demander que les bureaux se réunissent pour la reprise des travaux. Parce que, si nous avions repris les travaux au moins de juin, avant le mois de septembre, on aurait déjà terminé certainement l’audit et l’évaluation. Donc, la question qui doit être posée, ce n’est même pas de savoir est-ce qu’on va vers un énième report, mais plutôt pourquoi depuis le 06 février, date de l’adoption des termes de référence et de sa transmission au président du Comité de pilotage, la procédure qui devait nous conduire dans un audit à temps n’a pas été enclenchée »
ABDOU SALAM BASS, CHARGE DES ELECTIONS DE BOKK GIS GIS : « L’Etat n’était pas prêt pour organiser ces élections »
« Les préalables étaient avant d’acter une date pour la tenue de ces élections, de procéder d’abord à l’audit du fichier et faire l’évaluation processus électoral depuis 2016 jusqu’aux élections présidentielles. Maintenant la commission politique avait terminé son travail depuis la fin du mois de février sur cette question et a transmis son rapport avec des termes de référence au président du Comité de pilotage, Famara Ibrahima Sagna…Si aujourd’hui, on attend jusqu’au mois de novembre pour lancer le processus de démarrage d’appel d’offre pour les audits, c’est l’Etat qui a retardé les choses, mais pas la commission politique. C’est l’Etat qui n’était pas prêt pour organiser ces élections. Et, il a bloqué les documents devant permettre au démarrage de ce processus d’audit et d’évaluation qu’il a reçus en mars 2020. Donc c’est une mauvaise volonté de l’Etat qui ne voudrait pas que les élections se tiennent à date échue autrement dit, au plus tard le 28 mars... Qu’est-ce qui a empêché l’administration électorale de lancer le processus d’audit et d’évaluation du processus électoral ? Cette mauvaise foi de ceux qui nous dirigent aujourd’hui ne me surprend guerre surtout après ce qu’ils ont fait lors d’une de nos réunions au sein de la Commission cellulaire en nous présentant un faux document portant sur les termes de référence concernant l’ensemble des griefs à auditer dans le fichier. Donc, tout ça, c’était une stratégie pour retarder les choses».
CHEIKH SARR, COORDINATEUR ADJOINT DU PÔLE DE LA MAJORITÉ : « Ce sont des raisons objectives qui ont fait que le processus … a été retardé »
Je n’appartiens pas à l’administration. Par conséquent, je ne peux pas donner les détails de ce retard. Cependant, en tant que membre du pôle de la majorité, nous pensons que ce sont des raisons objectives qui ont fait que le processus d’audit du fichier et d’évaluation du processus électoral a été retardé. Car, il ne faut pas que nous sortions du contexte mondial et sénégalais. De mars à juin, personne ne pensait à l’organisation des élections à plus forte raison à faire un audit du fichier et l’évaluation du processus électoral surtout lorsqu’il faut respecter les mesures barrières édictées un peu partout par les autorités sanitaires. Les gens étaient plus préoccupés par la lutte contre cette pandémie au point qu’on a annulé toutes les réunions. Je ne pense pas que les conditions de faire le travail d’audit sur pièces et sur place étaient réunies surtout avec la fermeture des frontières puisque l’appel à candidature concernait aussi bien les cabinets sénégalais qu’étrangers. Même si c’est au mois de février dernier qu’on a validé les documents de référence qui devaient servir à l’audit du fichier et à l’évaluation du processus électoral. N’oublions pas également que c’est en début mars que tout s’est arrêté à cause de cette pandémie Covid-19. Donc, de mars à août, il n’y avait pas d’activité, ce qui fait quand même huit mois perdus. En plus, dans le dialogue, on avait prévu de terminer toutes les questions avant de déclencher le processus d’audit et dévaluation. Chose qui a été fait aujourd’hui puisqu’on a tenu une rencontre au mois d’octobre puis deux en novembre et c’est à l’issue de la dernière réunion qu’il a été retenu de lancer les appels d’offres pour le recrutement des experts. Donc, il y a des événements qui nous ont obligés à revoir notre calendrier. Aujourd’hui, le processus a été enclenché et nous osons croire que tout se passera dans les bonnes conditions».